Une journée qui commence mal [Terminé]

Gwell était arrivée depuis peu de temps à l'académie, et le sens de l'orientation lui faisant défaut, elle passait ses journées à se promener au hasard des couloirs, chemins, et parfois même sentiers qui croisaient sa route. Elle avait ainsi tombée, accidentellement il s'entend, sur les jardins, enfin plutôt sur un drôle de garçon dans les jardins,et ensuite, toujours accidentellement, sur une porte dans les sous sols, qui était celle du bureau d’un alchimiste (Waou ! Il y avait vraiment des gens qui transforment des cailloux en or ?).
Aujourd’hui, elle avait été guidée, non par un sentier, mais plutôt, comme un animal, par une odeur bien connue de son nez...


Gwell a six ans, et aujourd'hui, elle a décidé qu’elle apprendrait à monter à cheval. Aujourd'hui. Elle l’a décidé, et il en sera ainsi. Elle est allée, en cachette, prendre un des nombreux destriers de ses parents, elle l’a sellé, comme elle l’a vu faire des centaines de fois, puis elle l’a emmené dans un pré aux abords de sa demeure. Là, elle l’a attaché à une branche, et elle a grimpé sur le rocher à coté. Il souffle en elle un vent de fierté.

Gwell a six ans, elle s’est débrouillée toute seule, avec un savoir rudimentaire, et a préparé le cheval sur lequel elle s’est juchée. Elle galope maintenant à une allure impressionnante, et sent le vent dans ses cheveux. Elle le sait, c’est un doux vent de liberté.

Gwell a six ans, elle est sur le dos d’un cheval fougueux, lancé à pleine vitesse, qui se dirige vers un tronc, allongeant les foulées afin de mieux sauter. La selle, mal sanglée glisse peu à peu, et Gwell commence à regretter ses imprudences. Il est trop tard. Déjà, un vent de panique souffle sur le pré.

Gwell a six ans, elle est allongée sur le sol, le souffle coupé par un choc assez brutal. Son bras droit la fait horriblement souffrir. C’est lui qui a absorbé une grande partie du choc. Autour d’elle, le cheval de débat avec la selle qui a glissé et qui le blesse. Aucun son ne sort de sa bouche et ses yeux se ferment peu à peu. Gwell est terrorisée. Un affreux vent glacial s’insinue sous ses vêtements.

Gwell a toujours six ans, une atèle protège son bras droit. Elle est consignée dans sa chambre. Elle ne peut qu'observer avec envie le pré, depuis sa fenetre. Un vent d’injustice a réussi à franchir les cloisons de sa chambre, et y souffle en rafales violentes.

Gwell a dix sept ans, elle reconnaît avec délice cette odeur qui, pourtant, a longtemps été associée à une peur terrible. Elle sourit et accélère le pas, de peur qu’elle ne s'échappe.
Elle arriva, toujours grâce à cette odeur à double tranchant, devant un grand bâtiment, qui lui fit penser à cette première grosse bêtise qu’elle avait faite. Mais c’était il y a longtemps !

La jeune fille entra. Tout d’abord, elle ne vit rien, mais ce ne fut pas grave, son odorat lui confirma ce que ces yeux ne voyaient pas encore. Elle jubila. Puis, une fois sa vision adaptée à la semi-obscurité ambiante, elle découvrit avec étonnement, un étrange animal, qui occupé à sa tache ne l’avait pas vu entrer.
Certainement, puisqu’il se permit un commentaire fort injurieux en présence d’une jeune fille.

Fait chier, en plus avec ma chance, tous les autres doivent être au courant, aucun moyen de refiler ca à quelqu'un d' autre, et si je le fait pas sous prétexte que ce bon à rien n' est pas, j'me fait tuer par Edel. Vie de merde.

"Je peux vous aider ? Ce sera plus rapide à deux !"

L’autre se retourne surpris. En effet, il n’avait pas du l’entendre arriver !

Dès que les yeux de Gwell furent accoutumés à l’obscurité, elle remarqua que le jeune homme l’observait en silence. Elle décida donc de se prêter, elle aussi, au même jeu, et le détailla de la tête au pieds.
Il était plutôt mignon, brun-roux, un visage plutôt fin, un corps d’athlète et un adorable sourire aux lèvres.
Il avait l’air surpris de sa proposition, mais garda quand même son air désinvolte, lui désignant un recoin sombre où étaient entassées des fourches. Quand elle revint, dûment équipée, il lui annonça, l’air plutôt gêné (ce qui, selon les critères féminins de Gwell, le rendait encore plus mignon), se passant la main derrière la tête (là, il devenait carrément craquant), qu’elle n’était pas sensée l’aider dans son travail (et sympa en plus !).

‘Bah, autant t’aider, ça sera plus sympa que de te regarder travailler seul, lui répondit elle, un sourire aux lèvres elle aussi, en plus, tu ne me dis ça que maintenant que je suis prête !’

Elle se remit donc à fourcher la paille sale, rapidement imité par le jeune homme au corps d’athlète.
Ils allaient vite, fourchant et jetant la paille avec une grande fluidité et une rapidité tout aussi grande.
Quand Gwell, s’étant avancée pour accéder à la paille du fond de l’écurie, s’étala de tout son long. En effet, étant concentrée à l’extrême pour être efficace et garder un minimum de dignité en même temps, elle n’avait pas vu la petite marche qui, bien que restreinte, la fit trébucher et tomber. Heureusement pour ses habits, mais malheureusement pour ses coudes, elle atterrit sur la partie propre et donc non recouverte de paille, du sol.

‘paf’ firent ses coudes en rencontrant le sol nu et dur de l’écurie.
‘clang’ fit la fourche quand le jeune garde la lâcha afin de s’empresser de vérifier l’état de Gwell.

‘Ça va ? Demanda t-il délicatement, tu ne t’es pas fait trop mal ?’

Elle se releva, le plus gracieusement possible, s’épousseta les coudes, lui assurant calmement que tout allait pour le mieux, tout en lui lançant un sourire qu’elle voulait angélique.

Elle reprenait sa fourche quand elle se rendit compte qu’il la regardait bizarrement et avec insistance...

Plutôt timide, elle n'osa pas lui demander quel était le problème, et attendit patiemment que quelque chose rompe le silence qui s’était alors installé. Le quelque chose en question n’arriva pas, et au bout de dix longues minutes qui lui parurent une éternité, elle se décida, et se lança.

‘Euh c’est quoi ton nom déjà ? Je suis pas sure que tu me l’aies dit !’

Cette tentative n’obtint pas un grand succès, puisqu’il continua à l’observer en silence. La seule différence qui eut lieu, se déroula au niveau de sa vision, en effet, peu à peu, elle se brouilla, et Gwell finit par ne plus rien voir.

‘Ben zut alors, j’y vois plus rien !’

Puis elle tomba, un léger filet de sang s'écoulant de sa paumette droite.
Mais cette fois ci, pas de choc, pas de paille, pas de coudes endoloris, juste un contact chaud et apaisant, celui d’un corps.

Elle s’autorisa à s'évanouir, enfouie dans ces bras puissants et protecteurs.

Il faisait vraiment noir derrière les yeux fermés de Gwell, et dans sa tête, régnait un désordre absolu.
Comme elle sentait que son bras ne touchait pas le sol, mais que sa tête si, elle tenta d’ouvrir les yeux. Elle finit par y arriver, mais ce fut au prix de maints efforts. Là, à sa plus grande surprise, elle se rendit compte que son bras ne reposait pas par terre car une personne -elle était incapable de distinguer qui- nettoyait ses coudes, blessés par sa chute dans la stalle.
Rassurée, elle referma les yeux.
Elle pestait intérieurement contre elle-même et surtout contre sa maladresse. Était elle destinée à passer sa vie à tomber, s’évanouir, et être sauvée par un jeune homme ? Ce dernier point ne la dérangeait pas, mais les autre étaient tout de même énervants à la longue ! Et si un jour ça lui arrivait alors qu’elle était seule ? Comment ferait elle ? Il fallait vraiment qu’elle fasse quelque chose pour que cela cesse !

Au bout d’un certain temps, le jeune garde athlétique (car c’était lui son ange gardien), ayant fini son travail de bandage, se tourna vers elle, afin de vérifier son état.
La demoiselle précédemment assommée, sentant un souffle calme et chaud sur son visage, rouvrit les yeux. Elle se retrouva alors nez à nez avec son jeune sauveteur, et effrayée de tant de proximité, tenta de se relever.
Seulement, elle avait oublié que le jeune garde était penché sur elle et lui donna malencontreusement un coup de tête. Ce ne fut pas un choc énorme, mais cela réveilla le mal de crane de la jeune dessinatrice.

‘Aïe ! Ça fait mal !’ gémit la blessée.

Elle se réinstalla confortablement, la tête sur la paille fraiche. Et entreprit de s’excuser de sa maladresse auprès du jeune homme auquel elle avait quand même, rappelons le, donné un coup de tête.
Après s'être excusée une bonne dizaine de fois, elle se releva, sans, cette fois-ci, oublier de le prévenir au préalable. Et ce fut très galamment qu’il l’aida à se remettre debout, puis à aller s’assoir sur une botte de paille à l’autre bout de l’écurie.
Il retourna ensuite à sa tache, non sans veiller sur elle de loin.

‘Tu sais, je vais mieux, je devrais pouvoir me lever et retourner au travail !’ lui annonça t elle joyeusement, avec un grand sourire lumineux en guise de preuve.

Au vu du regard qu’il qu’il lui lança, il ne devait pas en être aussi certain, et ses paroles confirmèrent ce que ses yeux disaient : il était inconcevable qu’elle bouge ne serait ce que le petit doigt de pied pour venir l’aider.
Gwell se sentit alors inutile, encombrante, et s’en voulut. Si au moins elle avait pu attendre d’avoir fini son travail... Mais elle ne se découragea pas pour autant, et se dit que tant qu’à être là, autant se montrer sympathique, et ne pas juste être un boulet pour ce jeune homme qui s’était montré si utile, et qu’elle trouvait de plus en plus adorable.

Armée de son sourire, elle entama une discution avec le jeune garde, sympathisant avec quelqu’un qui pourrait, dans cette académie, se révéler être un allié fort utile et un camarade agréable, voir plus.

Ils parlèrent longtemps, lui nettoyant les écuries, elle l'observant et appréciant ses traits fins, son corps gracile et le mouvement répétitif de ses muscles. C'était vraiment un beau garçon.

- Non non non , je ne te crois plus ! Tu restes sur ta botte de paille jusqu' à ce que j' en ait décidé autrement ! Me suis-je bien fait comprendre ?

Au ton du jeune garde, Gwell avait bien compris que ce ne serait pas la peine de discuter... ou plutôt, qu’il n’accepterait d’elle que la parole et non l’aide. Elle ne se fit donc pas prier, et ils parlèrent.
Ils bavardèrent ainsi, apprenant peu à peu l’un sur l’autre. Quand il arriva à sa hauteur, il s’assit à coté d’elle, sur la botte de foin. Il poussa un soupir de fatigue, s'essuyant le front, afin de lui montrer qu’il était épuisé.

-Pfouuuu j' en peux plus ! lui glissa t-il, un sourire de contentement aux lèvres.

Elle lui répondit elle aussi par un sourire. Ils restèrent un moment silencieux, écoutant le doux bruit du vent dans les feuilles. Puis ce bruit lui rappela quelque chose de nettement moins doux, elle avait froid, et grelottait. Il s’en rendit vite compte, à l’entendre éternuer, et le gentleman qu’il était se rapprocha d’elle, partageant ainsi sa chaleur.

Elle était bien, entourée par ces bras protecteurs, au chaud, malgré le vent glacé qui soufflait au dehors... elle aurait pu rester ainsi longtemps. Mais Kylian (elle connaissait désormais son nom), devait terminer sa tache avant la tombée de la nuit, et celle ci était proche. Il s’arracha donc à ce calme et cette proximité, le temps de trouver de quoi protéger la jeune fille du froid, puis, plus longuement, pour achever sa tache de nettoyage. Celle-ci, ne lui prit tout de même pas trop de temps, il ne lui restait presque plus rien à faire, et il expédia le nettoyage des derniers boxes en moins de temps qu’il ne fallait à Gwell pour dire ‘‘Supercalifragilistiquexpialidosyous’’ sans se tromper.

Quand il eut fini, il retourna s’asseoir auprès de la jeune fille, remplaçant la vieille couverture mitée par la bouillotte qu’il était, et c’était nettement plus agréable ! Quoi de mieux qu’un jeune homme pour réchauffer la demoiselle transie de froid qu’elle était ?
Elle se sentait parfaitement bien, avec ce jeune garde, mais elle du tout de même se lever quand elle entendit du raffut en provenance du paddock. Elle sortit donc de son petit cocon protecteur afin d’aller vérifier que tout allait bien.
Quand elle arriva dehors la première chose qu’elle vit fut que les chevaux était regroupés, près d’un mur, certainement afin de se protéger du froid. Il fallait les rentrer.
Ce fut pour cette raison que, d’un bon agile, elle franchit la clôture du pré où étaient parqués les chevaux. Si le jeune garde ne l’aidait pas, elle risquait d’en avoir pour un bon bout de temps. Elle préféra se renseigner sur ses aptitudes :

‘‘Tu sais monter ?’’

Il lui répondit heureusement par l’affirmative.
Soulagée, elle s’empara dans la sellerie de brides et de tapis de selle, tant pis pour le protocole, elle monterait à cru. Elle commença par les chevaux de l’Académie, qu’elle était autorisée à monter, prenant en licol les autres, deux par deux. Les monture, plutôt heureuses à l’idée de rentrer se mettre à l’abri, n’opposèrent pas de résistance, et bientôt, tout rentra dans l’ordre, il ne restait plus que Jingle, son gentil destrier. Il vint comme à son habitude lover sa tête dans les bras de sa maitresse, se faisant en retour caresser délicatement les naseaux. Elle en profita pour grimper sur son dos, et s’élancer vers le fond du pré, les yeux rivée sur un tronc d’arbre couché sur le sol.

Ce qui plaisait le plus à la cavalière expérimentée qu’elle était, c’était la sensation de liberté qu’elle ne ressentait qu’en galopant, cheveux au vent et libre comme l’air... Elle avait aimé, dès sa première expérience, ce calme, malgré les secousses, cette douceur, malgré les chutes, mais surtout, ce moment, comme si le temps s’était ralenti, juste avant que les sabots du cheval ne touchent le sol, cette ivresse qui était sienne quand rien ne la reliait plus à la terre... Pour rien au monde elle n’aurait voulu que cela s'arrête, que le temps reprenne son cours. Elle aimait voler...et elle volait ! À l’instant même, elle était comme soulevée de terre par des liens invisibles, mais si doux, si agréables...

Ce moment eut une fin, comme tous les moments de joie, et elle revint à l’écurie, auprès de Kylian, au chaud, à l’abri contre son corps chaud et bien plus réel, bien plus présent.

La jeune fille répondit à son soufflement par un sourire identique au sien, sinon plus vrai et sincère.
Ils se sourirent mutuellement, quelques secondes durant; se fixant profondément, comme pour essayer de déceler les pensées secrètes que l' autre taisait. Kylian mit fin à leur échange en s' allongeant un peu plus sur la botte de foin, se surélevant le buste en posant ses deux avant bras au sol, bien calé. Si, précédemment l' heure avait été aux bavardages aussi futiles qu' amusants, ils faisaient désormais place au calme plat. La jeune fille ne pipait mot et Kylian ne semblait pas vraiment décidé à engager la conversation. Ce fut donc d' un commun accord qu' ils laissèrent le bruit du vent et les machouillement des chevaux combler le vide qui c' était installé.

Le temps s' écoulait lentement.
Kylian perdu dans ses pensées ne songeait pas vraiment à l' instant présent. Le jeune homme laissait son esprit voleter ci et la et réveiller quelques souvenirs ou quelques interrogations internes qui n' avaient pas encore trouvé réponse. Il demeura dans cette situation de torpeur jusqu' a ce que la jeune fille n' éternue, lui rappelant que la température décroissait avec le soleil et que, les jeunes filles y étaient particulièrement sensibles.
Kylian se redressa alors sans un mot et glissa son bras droit autour d' elle dans le but de lui faire partager sa chaleur corporel et ainsi pouvoir la réchauffer un peu et lui éviter les éternuement incessant. Son geste sembla faire effet et la jeune fille cessa vite de trembler, acceptant bien vite ses bras qu' il lui avait pourtant imposé. Un petit sourire se peignit sur le visage du jeune homme sans que Gwëll ne puisse l' apercevoir. C' était vraiment trop facile...

Ils restèrent ainsi plusieurs minutes avant que Kylian ne se décide enfin à se rétracter et à s' écarter de la jeune fille. Oui il avait quand même du boulot et c' était bien beau de flâner mais s' il continuait comme ca il n' aurait jamais finit avant la nuit ! Avant de s' atteler à sa difficile tache, le jeune homme prit soin de recouvrir les épaules de sa prétendante d' une couverture trouvée dans la sellerie. Certes ca ne réchauffait pas des masses mais ca avait toutefois le mérite de conserver la chaleur et comme actuellement elle ne semblait pas souffrir du froid...
Il lui sourit de nouveau et, sans un mot se remit à la tache.
Nettoyer-Racler-Pailler, Nettoyer-Racler-Pailler, Nettoyer-Racler-Pailler. Cela n' avait l' air de rien mais c' était franchement fatiguant ! Le travail que nécessitait un seul box était déjà plutôt long à achever alors toute une écurie, je vous laisse imaginer. Il ne lui restait toutefois pas tellement de boxes à s' occuper et le jeune homme redoubla d' effort histoire de finir vite et d' impressionner,peut être, la blondinette toujours perchée sur la botte de paille.
toujours est-il qu' il n' eu pas vraiment le loisirs de le vérifier, bien trop prit dans son travail qui nécessitait une attention constante.

Au dernier coup de fourche achevé, Kylian poussa un énorme soupire de soulagement, bien content d' être enfin déchargé de cette lourde tâche qu' il lui incombait de faire. Il se tourna vers la jeune Lotra, un grand sourire au lèvres et les bras en forme de V de la victoire lui faisant partagé par ce geste son allégresse. Tout heureux, il sautilla jusqu' a la jeune fille avant de reprendre la place qu' il occupait à ses cotés. Elle se lova instantanément dans ses bras, apparemment heureuse de pouvoir retrouver la douce chaleur qui l' entourait. Kylian ressera, l' air de rien, son étreinte mais la jeune fille s' en degagea bien vite, se dirigeant vers les paddock devant l' incomprehension su jeune garde.
Merde, elle avait grillé qu' il.. ?
Non. Il ne semblait pas vraiment puisqu'elle sauta à sa grande surprise -coté chevaux. Ah oui... les équidés c' étaient regroupés contre la barrière un peu plus loin. Ils avaient froid ? Rhaaa il se serait bien passé de ce travail supplémentaire mais puisque la jeune fille semblait très motivée, le jeune garde se dit qu' il devait au moins faire bonne figure face à elle.

Heuu... attend deux secondes... Mais mais... mais pourquoi prenait-elle les filets des chevaux ? Elle ne comptait pas les monter quand même ?
Gwëll bondit souplement sur le dos d' une vieille justement après l' avoir arnacher.
Ah, il semblerait que si... Bon, c' était fou et carrément dangereux mais le jeune homme fut prit de lassitude et la laissa agir à sa guise.

* Au pire, elle meurt. Au mieux elle meurt pas.*
instant de réflexion...
* Putain Kylian tu es vraiment sans cœur ! *

Le jeune homme s' empara des licols des chevaux qui trainaient non loin de l' entrée de leur pré avant de s' avancer, a pied, dans leur direction. Il les enfila rapidement aux chevaux les plus proches avant de les entrainer vers l' écurie où il les rentra, accompagné de la jeune fille.

*Je monte pas à cru moi ! Oh je suis homme je tiens à ma virilité quoi *

Très vite, il ne resta plus qu' un seul cheval à rentrer, Kylian s' apprêtait à entrer pour la dernière fois dans le paddock lorsqu' il vit que Gwëll y était déjà et semblait partager un instant de tendresse avec l' équidé. Ah, elle avait donc un cheval ?
Sans plus s' attarder il repartit en direction de l' écurie. Il se retourna toutefois avant d' y entrer. La jeune fille galopait face au vent, sourire au lèvres vers le fond du pré qui se trouvait malheureusement hors de sa vue. De souvenir, s' y trouvait un tronc d' arbre, couché par une ancienne tempête...
Kylian ne pu empêcher un petit sourire étrange d' éclairer son visage.
Elle était son parfait opposé.
Franche, jovial, agréable, attentionné,un brin naïve et elle adorait les chevaux.
Oui, son parfait contraire.

Le jeune homme s' allongea sur leur botte de foin en soupirant. Elle allait revenir, bientôt, il en était certain. Et ca ne loupa pas. Quelques minutes plus tard, elle le rejoignit, cheveux emmêles par le vent et grand sourire au lèvre.
Le jeune garde l' accueillit en souriant et enroula de nouveaux ses bras autour de son corps menue. La jeune fille se colla à lui, profitant de la chaleur qu' il procurait lorsque, brusquement, la jeune homme l' obligea à se tourner vers lui et fixa ses yeux envoutant dans les siens, un petit sourire mystérieux et hypnotisant au lèvres. Il glissa avec volupté sa main gauche dans les cheveux fou de la jeune fille.

-Au fait, tu as un très beau cheval...

Ils étaient proches, très proches, surement trop proche. L' étau c' était resserré sans que la jeune fille n' ai pu le remarquer. Ses intentions étaient claires et pourtant il se plaisait à faire douter la jeune fille par ses paroles sans grands rapport avec son attitude prédatrice.

Gwell venait de s’envoler, perchée sur le dos de Jingle, qui toujours égal à lui même avait foncé à brides abattues vers le seul tronc d’arbre du champ. Il connaissait l’ivresse que ce moment de liberté, bien que court, avait procuré à sa cavalière et c’est pour cela qu’il ne manquait jamais une occasion.
Puis, elle était retournée au chaud dans un bâtiment qui sentait bon la paille fraiche, se blottir contre le jeune garde avec qui elle avait passé l’après-midi.

Elle pensait à tout ça quand le jeune garde lui fit tourner le regard dans sa direction, plongeant son regard d’un or intense dans celui noisette de la jeune fille.

-Au fait, tu as un très beau cheval...

Tout ça seulement pour lui dire ça ? En temps normal, Gwell se serait doutée qu’il y avait anguille sous roche, mais elle était ailleurs. Était-ce sa chute ? Était-ce son escapade équestre ? Ou était-ce simplement parce qu’il avait délicatement passé sa main dans les cheveux de la jeune fille ? Il n’y avait aucun moyen de le savoir, à part être devin...
Le fait est que Gwell, troublée, se mit en tête de lui parler de ce qui lui tenait à cœur au lieu de se méfier de lui...

‘‘Je l’ai récupéré dans les écuries de mes parents, personne ne le montait et moi j’avais besoin d’un ami comme lui... Il est vraiment compréhensif ! Des fois, je me demande si il ne serrait pas capable, au prix d’un infime effort, de parler...’’

Elle s’était confiée à lui, comme à un ami proche, lui prouvant une confiance inébranlable. Elle n’aurait pas du, il faut toujours se méfier de l’eau qui dort, comme le dit si bien le dicton. Mais elle se sentait bien, et n’aurait pas imaginé une seconde qu’il aurait pu lui jouer un mauvais tour, et encore moins se servir d’elle. Il paraissait si gentil, si attentionné, si franc... mais malheureusement, ce n’est pas l’habit qui fait le rêveur et la question est de savoir si on est ou si l’on n’est pas !
Gwell était donc à cent milles lieues de se douter de ce qui l’attendait, et était comme ‘aspirée’ par l’or en fusion des yeux de son interlocuteur.

Encore une fois, si elle avait un temps soit peu observé les reflets mystérieux et malicieux des yeux d’or du jeune garde, elle aurait remarqué qu’il s'apprêtait à agir d’une manière ou d’une autre. Mais Gwell, n’avait toujours rien remarqué mis à par le reflet envoutant et de plus en plus proche de ses pupilles.

Et si Gwell avait prêté la moindre intention au visage fin et gracieux de son interlocuteur, elle aurait remarqué le sourire mystérieux qui était peint sur les lèvres de Kylian et qui signifiait qu’il n’allait pas tarder à passer à l’acte.

Et si Gwell, pour finir, n’avait pas été absorbée par un détail futile, elle aurait perçu le lent mouvement exercé par Kylian dans sa direction.

Bref, si Gwell avait eu un peu plus les pieds sur terre, elle se serait rendu compte du changement de comportement du jeune homme qui lui faisait face.
Mais Gwell était dans la lune...

Gwëll avait donc répondu au baiser gêné du jeune garde par un autre plus franc, puis par un troisième encore plus passionné.

La jeune dessinatrice avait profité de ces premiers moments partagés pour répondre à la question qu’elle s’était posée auparavant quant à savoir si la magie qu’elle avait ressentie lors de leur premier baiser durait indéfiniment ou si elle disparaissait après quelques fois. La réponse lui était parvenue, claire, évidente, cette sensation était éternelle.

Quant au jeune homme, il s’était employé, en ce moment privilégié, à se rapprocher d’elle. Il avait, tout d’abord, délicatement posé sa main sur la hanche de la jeune fille. Puis, petit à petit, il avait raffermi son étreinte, la serrant plus fort dans ses bras puissants. Enfin il avait profité de leur troisième échange pour se rapprocher encore plus près d’elle, se penchant vers la jeune dessinatrice, la forçant à s’allonger sur leur botte de paille.

Soudainement, il interrompit leur baiser, sans rompre pour autant leur étreinte, et la fixa.

Pour la première fois de la journée, Gwëll éprouva un certain malaise. Elle ne comprenait pas les intentions du jeune homme, et ne savait pas quoi faire, ni comment réagir. Elle ne bougeait donc pas, se laissant observer en silence et laissant son esprit divaguer sur les causes de cette interruption.
Peut être le jeune homme avait il mal pris sa réaction ? Ce serait étonnant, il s’était pleinement investi dans cet échange et n’avait pas paru le moins du monde gêné... Peut être était-ce le contrecoup de sa précédente gêne, du baiser qu’il lui avait donné sans son consentement ? Certainement pas, il avait bien vu qu’elle ne lui en voulait pas ! Mais quoi alors ?

Laissant cette interrogation intérieure en suspend, elle fixa son regard dans l’or en fusion des yeux du jeune garde. Il l’observait toujours, et Gwell avait l’impression qu’il lisait en elle comme en un livre ouvert. Elle en était quelque peu embarrassée.

Elle prit peu à peu conscience du silence alentour, rien ne bougeait, il n’y avait aucun bruit, c’était pour le moins... étrange.
Gwëll n’aimait pas le silence, elle aurait aimé qu’il parle, qu’il lui explique ce qu’il faisait, ou même encore qu’il la ré-embrasse, mais il se bornait au silence, immobile, ses yeux rivés dans ceux de la dessinatrice, une main toujours glissée dans ses cheveux.

Ne sachant toujours pas quoi faire, elle entreprit de promener ses doigts fins sur le doux visage du jeune rouquin. Elle passait lentement, délicatement du haut de son front au bas de son menton, s'arettant sur le contour de ses lèvres si douces... Elle ne vit aucune différence au niveau du comportement du jeune homme, mais comme elle trouvait cela agréable, elle ne s'arreta pas. Au bout d'un certain temps, elle mit tout de meme un terme à ce petit manège et laissa sa main se reposer, la calant près de celle de Kylian.

Puis elle attendit qu’il se décide à bouger, fermant les yeux et laissant à ses autres sens la direction de son esprit.
Elle espérait que maintenant qu'elle avait rompu le contact visuel qui les unissait, il reprendrait ses esprits et agirait.

[je suis désolée, ça n'a pas fait beaucoup avancer le rp, mais je ne savais pas ce que tu voulais faire...]

La jeune fille n' avait pas résisté le moins du monde. Elle c' était laissée faire sans bouger et sans témoigner du moindre désaccord avec ses gestes pourtant explicites. Avait-elle réellement comprit la ou il voulait en venir ? Il en doutait serieusement et pourtant, pourtant elle se laissait faire sans rien dire, sans emmètre d' opposition. Il y avait de quoi le troubler un peu. Son instinct lui criait qu' elle ne comprenait pas et qu' elle acceptait ses gestes un peu naïvement. Néanmoins était-il encore possible de ne pas comprendre à ce stade avancé de rapprochement ?
La raison l' emporta sur l' instinct et Kylian finit par opter pour la seconde option : Elle avait finit par se rendre compte de ces attentions.
Son instinct ne l' avait encore jamais trahi, il semblerait que ce fût la première fois, ou du moins le crut-il.

Et il la fixait toujours, intensément, décryptant à travers ses yeux d' ambre le moindre de ses ressentis actuel. Il y percevait le malaise et une certaine gêne depuis que leur lèvres ne communiquaient plus.
On dit souvent que le regard est l'ouverture de l' âme. C' était vrai. Observer quelqu'un dans les yeux est le meilleur moyen de découvrir ses pensées les plus secrètes en un tour de main. Et, même si on est entrainé à ne rien laisser entrevoir, il est difficile de lutter contre le pouvoir du regard.
Kylian était entrainé et par dessus tout il était le maitre du jeu. Le maitre de son jeu dont elle était la marionnette depuis le début. Il lui montrait ce qu' elle désirait voir, il lui ferait donc sentir ce qu' elle désirait ressentir.
Tricher, mentir, faire semblant et embrouiller les esprits était surement les armes les plus cruelles et les plus destructrices qu' il possédait.
Il les maniait avec la finesse d' un maitre escrimeur et jouait de ses cibles comme de figurants, à la manière d' une pièce de théâtre dont il était le scénariste et le personnage principal à la fois.
Jusqu' alors, rien n' avait été laissé au hasard excepté l' hésitation qu' il avait ressentit quelques instant plus tôt. Une petite bavure qu' il avait vite fait d'essuyer et dont il avait habillement réussit à tirer profit.
Non rien, vraiment rien n' était désormais hors de son contrôle.

Le silence c' était installé tel la brume. Rapide, imperceptible et fourbe jusqu' a en devenir lourd, presque étouffant. Ce qui n' était pas sans faire augmenter l' embarras de la jeune fille. Elle ne savait que faire et, surement pour combler autant leur immobilité que le silence écrasant dans laquelle l' écurie se trouvait, elle bougea, devenant presque entreprenante. La jolie blondinette glissa doucement ses doigts sur son visage, comme pour en découvrir les traits. Elle traça le contour de son profil, descendit le long de son menton, fit avec lenteur le contour de ses lèvres avant de redescendre se poser calmement aux cotés de sa propre mains. Kylian la laissa faire, évasif. Il n' avait aucune raison de la stopper, d' autant plus que c' était plutôt agréable.
Elle prenant les devants ? parfait, c' était parfait, sans le savoir elle refermait elle même le piège dans lequel elle se trouvait.

Kylian lui sourit finalement, d' un sourire tendre et rassurant qu' il accompagna d' un regard doux et amoureux. Il l' admira quelques secondes et sentit presque le cœur de la jeune fille battre un peu plus fort dans sa poitrine.
Il était tant de débuter la scène finale, l' apothéose, la conclusion à toute cette mascarade.
Kylian se pencha doucement sur elle et l' embrassa tendrement tandis qu' il glissait sa main gauche dans son dos..

[ Mp ! ]

[Désolée, c'est pas très long, mais j'avais pas trop d'inspi ^^]

Bam. Bam. Bam. Bam...
Un rythme lent, répétitif, apaisant. Là, contre l’oreille de Gwëll, battait ce muscle vital. Alors que le détenteur de ce mélodieux instrument réfléchissait (ou du moins faisait mine de réfléchir), la jeune fille comptait les battement.

Bam. Bam. Bam...
Les battements réguliers du cœur de Kylian berçaient peu à peu la jeune fille. Kylian ouvrit la bouche et annonça le fruit de sa longue réflexion.

Babam. Bam. Bam.
Les chevaux. Il aimait les chevaux. Mensonge. Son cœur l’avait trahi.
Mais pourquoi ? Pourquoi lui avoir menti ? Elle avait bien vu qu’il n’appréciait pas tant que ça les équidés, elle avait bien vu le regard qu’il leur avait lancé.
Mais pourquoi alors ? Elle ne lui en aurait pourtant pas voulu si il avait dit ne pas avoir les même gouts qu’elle. Elle n’était pas rancunière pour aussi peu...

Se soulevant sur son coude, elle fit volt face et fixa le jeune homme de ses yeux assombris par cette découverte. Tenta de déceler le mensonge dans son visage. Échoua. Il était doué, le garde ! Mais aussi futé qu’il soit, il ne savait pas masquer son cœur. Et son cœur l’avait trahi.
Mais pourquoi ? Pourquoi lui mentir ? Cette question taraudait Gwëll, l’obnubilait même, pour être précise. Et, préoccupée comme elle l’était pas cette ‘’affaire d’état’’, elle n’entendit pas l’interrogation du jeune homme. Du menteur. Car il lui avait menti.

*Mais pourquoi, pourquoi mens tu ? Pourquoi ? Dis moi ce que ça t’apporte.*

Elle ne prononça pas ces mots, ni d’autres d’ailleurs, se contentant de les lui envoyer par le biais de son regard. Regard noir, soit dit en passant. Le jeune homme parut surpris, apparemment, il ne s’attendait pas à ce qu’elle réplique de la sorte, ou plutôt à ce qu’elle taise et lui ne donne pour toute réponse qu’un regard assassin injustifié. Quoique, pas si injustifié que ça, après tout, il lui avait menti ! Il lui avait menti, et elle voulait savoir pourquoi. Et elle le saurait.
Bien que timide, Gwëll avait toujours été très déterminée, presque bornée des fois. Elle savait ce qu’elle voulait, et tous les moyens étaient bons pour y parvenir.

Bambam. Bambam. Percé à jour, le jeune homme s’affola, du moins intérieurement, car en apparence, rien n’avait changé, il restait imperturbable, se contentant d’afficher une mine surprise. Mais elle savait, elle savait qu’il avait menti. Son cœur lui avait dit, elle ne pouvait se tromper. Elle en était certaine... enfin, presque certaine. qu’est ce qui lui prouvait après tout que ce qu’elle soupçonnait était vrai ? Le cœur de l’accusé ? Et si ces battements avaient été le fruit du hasard ? Et si elle s’était trompée dans son interprétation ? Et si...? Et si...? Avec des si, affirmait la grand mère de la jeune fille, on pourrait mettre le monde en bouteille. Évidemment, Gwëll était parfaitement d’accord avec ce petit dicton, mais en l’occurrence, elle n’était pas d’humeur à y songer. Ses certitudes venaient de s’effondrer telles un château de cartes et ça avait le don de l’effrayer. Sa colère s’était mue en regrets.
Regrets d’avoir eu des soupçons à l’égard du jeune homme. Regrets de s’être trompée. Regrets d’avoir vu juste. Regrets de douter d’elle même. Regrets d’avoir fixé son regard dans celui du jeune homme. Regrets de s’être encore fait piéger par ces yeux brulants. Regrets de regretter autant. Regrets d’avoir voulu savoir.

*Non, en fait, je ne veux pas savoir, ne me dis rien, je n’en ai pas besoin.*

Non, elle n’avait pas besoin de le savoir, elle préférait même l’ignorer. Tout ignorer. Ne plus rien savoir. Elle voulait redevenir insouciante.
Elle se retourna vers le soleil, libérant le jeune homme de l’étau de son regard. Après tout, il faisait comme bon lui semblait, si il voulait mentir, il mentait, après tout, quelle importance ? Elle avait personnellement choisi de dire la vérité, mais rien n’obligeait Kylian à en faire de même.

Bam. Bam. Le cœur avait retrouvé sa régularité, son rythme. Gwëll était de nouveau sereine. Comme si rien ne s’était passé.

‘’Moi j’aime ma liberté.’'

C’était sorti tout seul, naturellement, répondant ainsi à une question qui ne lui avait peut être même pas été posée. Mais tant pis, au moins il n’y aurait pas besoin de le faire.
Bam. Bam. Bam. La mélodie, toujours la même. Ça, au moins, ça restait quelque chose de sûr, de rassurant même.

‘’Dis tu sais nager ?’’

Étonnée de l’incongruité de cette question, Gwëll s’apprêta néanmoins à y répondre. Puis, elle se rendit compte que cette question ne lui avait pas été destinée. Non, elle ne lui était pas posée, puisque c’était elle qui l’avait imaginée. Étrangement, elle ne se souvenait pas d’avoir pensé à de l’eau et, encore plus étonnant, elle se rappelait encore moins l’avoir prononcée.
Ah, quelle riche invention que l’art de passer inconsciemment du coq à l’âne !