Une journée fantastique dans la vie d'élève fantastiques [Terminé]

Pour une fois dans la vie d’Einar, la cause de son réveil n’était pas un bruit strident, un coup de poing, un seau d’eau glacée ou une météorite écrasée sur l’Académie. Non, pour une fois, il se réveilla tout seul. Enfin, se réveiller était un bien grand mot, et tout le dortoir semblait en souffrir. Le jeune chantelame n’était pas mieux. Il lui fallut quatre essais pour arriver à mettre chaque jambe dans le trou correspondant de son pantalon, et il ne s’était pas rendu compte qu’il avait enfilé sa tunique à l’envers.

Aujourd’hui n’était pas une journée beaucoup plus différente des autres. Y’aurait des cours, y’aurait une visite d’un truc à Al-Poll avec Monsieur Eternit, y’aurait des devoirs à faire à la bibliothèque, y’aurait du temps libre s’il motivait des gens, et y’aurait tous les trucs imprévus qui se passaient toujours dans une journée à l’académie.
Mais d’abord, il fallait affronter le petit déjeuner. Après quelques tentatives échouées pour enfiler ses chaussures, Einar se résolut à descendre dans la salle commune pied nu.

Ce qu’il pouvait détester l’escalier raide qui remontait vers le rez-de-chaussée et la grande salle… c’était un des seuls trucs qu’il détestait chez les Teylus : devoir monter un escalier si tôt le matin.

- ‘Lut, dit-il d’un ton de Siffleur noyé à Ichel qui était parmi les élèves qui se dirigeaient vers la grande salle. ‘va ?

- ‘Faut bien, dit Einar d’un ton fataliste.

Le petit déjeuner fut un énorme brouillard. Ses souvenirs se résumèrent à la seule pensée : brioche. Y’avait pas de brioche. Y’avait des tas de tartes différentes, des pains chauds, du lait, des fruits secs, et tout un tas de trucs pour grandes personnes. Lui, le matin, il mangeait de la brioche, et il tenait à ce petit luxe-là.
M’sieur Krysant dut appeler son nom trois fois avant qu’il émerge – et Ichel dut lui donner un coup de coude pour qu’il pense à répondre « Présent ». S’il avait su que la sortie était là maintenant tout de suite… Il était pieds nus, à moitié pas habillé, sans aucunes affaires, et surtout, il avait pas Bomon. Horreur.

- Ouais euhm… J’suis pas prêt. Tu m’attends ? J’file chercher mes affaires dans le dortoir, pendant ce temps-là tu trouves une excuse pour retenir M’sieur Eternit ? J’ferai pareil pour toi après s’tu veux.

Plans de la journée : chamboulés. C’était pas cet aprèm la visite ? S’il avait su que c’était ce matin, il aurait une excuse pour rester accidentellement au lit. C’est pas qu’il aimait pas Al-Poll hein, mais Al-Poll le matin pour entendre parler de trucs historiques…

- J’reviens ! M’fais pas l’coup d’partir sans moi !

Dévaler les escaliers était un art qu’Einar maitrisait parfaitement. Quand il était crevé le soir après les cours de combat ou les entrainements avec Tifen, il adoptait la technique du Brûleur obèse : se laisser glisser le long des marches sur le flanc d’un air gracieux. C’est à peu près ce qu’il fit, sauf qu’il n’avait pas adopté la position du Brûleur Obèse volontairement : dans sa précipitation, il s’était pris les pieds dans les tapis et avait tout dévalé.
Le Teylus courut jusqu’à son dortoir et se précipita pour enfiler ses vêtements. La précipitation le rendait encore plus maladroit que d’habitude, et si sa chemise était mal boutonnée, il espérait bien le cacher en enfilant son uniforme. Pas question de se peigner, mais ça, ça changeait pas de d’habitude.

Pourquoi ils faisaient la sortie, déjà ?

Aucune idée. Ca compterait pour les devoirs ? Aucune idée. Dans le doute, il prit quelques feuilles parcheminées et des fusains pour pouvoir écrire et prendre des notes. Bomon était introuvable. Après avoir perdu de précieuses minutes à le chercher, Einar laissa tomber, et se précipita, sac en bandoulière, dans le Hall d’entrée. Hors d’haleine, il rejoignit Ichel alors que le groupe était déjà à moitié dans la cour de la Fontaine. M’sieur Eternit était déjà en train de palabrer de son ton docte, et Einar se sentait déjà léthargique.Tandis qu’ils sortaient de l’enceinte de l’Académie, sur la route qui les menait vers Al-Poll, il se tourna vers Ichel :

- C’pour quoi d’jà la sortie ? –illumination- et pourquoi t’es là d’abord ? T’es pas censée avoir des trucs de marchombres dans la journée ?

Einar hocha difficilement de la tête à la question d’Ichel, les dents serrées. Les genoux serrés, en fait, tout le corps raidi par l’effort qu’il faisait pour ne pas tomber. Pourquoi, pourquoi, pourquoi ils y allaient à cheval ? C’était tout aussi bien de marcher, ça faisait du bien à tout le monde, et pt’être que M’sieur Eternit perdrait le bide qu’il commençait à prendre s’il marchait plus souvent.
Ca lui avait pris plus de temps que tout le monde pour monter sur son canasson, parce que M’dame Vornang avait du lui trouver le cheval le plus tranquille de l’Académie pour qu’il accepte de monter.

- J’aime pas les ch’vaux. Et j’crois qu’ils me le rendent bien.

Il avait l’estomac complètement retourné alors même que la journée avait pas commencé. C’était le combo : aller à cheval en ville pour observer des statues… Bon ok, c’était des légendes et pas l’histoire du palais du Seigneur d’Al-Poll avec une généalogie super chiante, mais quand même…

- T’as pas un truc secret pour ça ?

Le plus difficile, c’était de faire aller le cheval tout droit… surtout quand le dada repéra un taillis où poussaient des tas de pissenlits et dévia de la route sans tenir compte des plaintes d’Einar pour aller prendre son deuxième petit déjeuner. M’sieur Eternit, resté à l’arrière du groupe à discuter avec ses élèves préférés, les héla pour les exhorter à retourner sur le droit chemin et s’approcha d’eux avec une aisance qui étonnait beaucoup le Teylus.

- Raaaah, j’peux pas tricher et monter sur ton cheval, dis ? Ou même marcher à côté ? J’suis sûr que j’peux marcher assez vite pour rester à ton niveau.

On va pas rester toute notre vie ici.

Le visage d’Einar se rembrunit un peu, juste un peu. Il savait bien qu’elle disait la vérité. Mais l’Académie, c’était un peu comme un présent continuel, pour lui. Il pourrait rester toute sa vie ici à redoubler et rater ses échelons, s’il en avait la possibilité. C’était là qu’il y avait ses amis, là qu’il était le mieux logé, qu’il avait Tifen…
Mais même Tifen, elle finirait par partir. Elle avait commencé à lui parler d’un projet de voyage qui les emménerait dans un tas de coins de Gwendalavir, et ça le faisait un peu angoisser, parce que dans le ton qu’elle avait, elle n’envisageait pas forcément de revenir après. Est-ce qu’Ichel reviendrait vraiment ? Est-ce que, au final, elle ferait pas sa vie ailleurs, ses trucs de marchombres autrepart ? Quant à ce qu’il voulait faire…

- J’sais pas trop, répondit-il en haussant les épaules. J’suis pas sûr de vouloir devenir soldat, et puis ils voudraient sans doute pas de moi. J’serai chantelame.

Son ton s’illuminait toujours un peu quand il disait ça. Il croyait pas vraiment au fait que Tifen lui donnerait ce titre un jour, mais il aimait quand même bien prononcer « Einar Soham, chantelame ». C’était classe.

- J’pourrai pt’être devenir garde ou quelque chose comme ça. J’ai rencontré un grand noble d’Al-Jeit, une fois, et il m’a trouvé super intéressant. T’imagines ? J’pourrais envoyer plein d’argent à mes parents et j’vivrais avec un prince.

Le rire un peu fêlé qu’il eut en racontant cette anecdote sonnait plus faux qu’il aurait du. Si Einar avait cru mordicus à M’sieur le Prince un jour, c’était un des nombreux rêves auxquels il avait cessé de croire.

Quitter le groupe était tentant. Y’avait pas grand-monde qu’il appréciait à part Ichel, de toute manière, et il trouverait bien le moyen de regarder les légendes tranquillement à la bibliothèque quand il aurait du temps plutôt que de se les geler à entendre du baratin sur des statues dont ils se fichaient. Et puis les interrogations sur l’avenir avaient un peu ruiné l’ambiance. Ils avaient besoin d’une distraction quelconque. Au début, il se sentait un peu coupable de quitter le groupe, mais au bout d’un moment…
Ouais. Un peu de temps libre à Al-Poll avec une amie qu’il ne croisait pas souvent lui ferait plein de bien. Surtout après les derniers jours qui avaient été franchement mauvais.

Les épaules d’Einar se froissèrent quand on les héla alors qu’ils partaient. Un regard par-dessus l’épaule lui permit d’identifier Tihn, un de potes d’Ichel qu’il ne connaissait pas très bien. Et qui ne lui disait de toute manière rien de bon. Quelque chose du male alpha dans sa posture, et son air patibulaire, et puis il était acier. Et Kaelem. Deux raisons pour qu’Einar le trouve antipathique.

- J’ai oublié mes notes là où y’avait la fresque de la Libération, on retourne juste le chercher.

Tihn ne le croyait manifestement pas. Est-ce qu’il allait les dénoncer ? Ils pourraient toujours faire semblant de repasser par la fresque en question, et si on les dénonçait pas entre temps, ils pourraient aller où ils voulaient ensuite. Suffisait juste qu’ils soient de retour au soleil de midi sur la place des marchands, là où M’sieur Eternit ferait son dernier truc.

- Il va nous dénoncer, le roux ? murmura-t-il à Ichel en ayant l’air très absorbé devant la fresque de la Libération. J’crois qu’il nous a suivis. J’l’aime pas trop.

Einar soutint le regard que Tihn lui adressa en repartant de là où il était venu. Tous les deux avaient les yeux plissés, de cet air que les hommes ont de dire « je t’ai à l’œil ». Il était peut-être sympa quand on apprenait à le connaître, mais Einar se mettait surtout à espérer qu’il n’était pas TROP sympa, ou qu’on n’avait pas TROP le temps d’apprendre à le connaître.
Son visage se dérida et il rendit sa bourrade à Ichel. Ca lui faisait quand même vachement du bien de la revoir. Surtout si elle était aussi dans les gens qui allaient partir en voyage scolaire à Al-Chen avec la moitié de son dortoir. Ils s’attardèrent encore un instant à la fresque d’un air détaché et s’en furent dans les ruelles d’un air de connivence. Il savait pas exactement où il avait envie d’aller, même juste marcher dans les rues en discutant pour rattraper le temps perdu lui suffisait. Et c’est ce qu’ils firent d’abord, elle lui racontait un peu son entrainement avec Arro et lui lui racontait celui avec Tifen.
Le fait que leurs maîtres respectifs aient été des vieux amis dès le début à l’Académie ne pouvait pas être une coïncidence, se dit Einar. Ca lui faisait un lien de plus avec Ichel, et il en était plus que ravi.

- Les cours de combat, c’est tellement mieux maintenant. Depuis que Tharön est parti, et Shawna a disparu, j’me sens tellement mieux. Franchement, heureusement que t’es chez les Kaelem, parce que sinon y’aurait personne pour les rattraper.

Se rendant compte que ça sonnait un peu trop comme un compliment, Einar se mit à rougir un peu, puis rit devant sa débilité. C’est pas comme s’ils étaient autre chose que de très bons amis, hein ! Et ça lui allait très bien.

- On a jusqu’à…midi à peu près, il parait qu’il y a une foire ces temps-ci, avec des gens qui viennent du sud. Ca te dit ? On en voit pas tous les jours des gens comme ça.

La foire était fabuleuse. Encore mieux que ce qu’il avait entendu parler. Oh, elle était pas immense, et il paraissait qu’il y en avait des dix fois plus grandes toute l’année à Al-Jeit et dans les villes du Sud. Mais les voir se déplacer alors qu’on était encore en période de Deuil pour M’sieur l’Empereur… Ca donnait de belles couleurs à la ville endeuillée.
Einar et Ichel restèrent un instant fascinés par les acrobates. Ils virevoltaient, sautaient les uns par-dessus les autres, la Kaelem lui expliquait le nom des figures et la manière de les faire, et ça impressionnait Einar. Il ne remettait pas du tout ce qu’elle disait en doute, au contraire. Il la savait parfaitement capable de la pirouette que venait d’accomplir l’artiste dans son costume chatoyant. Par contre, elle ne pouvait sans doute pas effectuer tout seul une pyramide humaine, ça il en était à peu près sûr.
Et il ne tarit pas d’éloge.

- C’est quand même super la classe. Tu fais ça aussi avec ton maître, quand l’autre elle a sauté pour atterrir sur les mains de l’autre ? Dément !

Les tours de magie, il aimait ça aussi, mais ça perdait toujours un peu en émerveillement quand c’était le dessin, et c’était presque tout le temps le cas. Par contre, il resta complètement éberlué devant l’Ours Elastique.
L’Ours Elastique.
Dressé. Qui se baladait sur les pattes avant. Le dresseur d’animaux était un homme impressionnant, qui dirigeait ses animaux avec de petits ordres secs. Très proche des animaux, surtout les animaux domestiques, Einar perçut cependant la sorte de détresse qui émanait des bêtes. L’Ours avait un costume, oui, mais un collier sous son costume. Einar en perdit le sourire. Il se pencha près de l’oreille d’Ichel pour n’être entendu qu’elle, tout en lui désignant furtivement la carriole du dresseur.

- Tu crois qu’on peut faire quelque chose pour les cages ? Pt’êt pas l’ours parce qu’il est dangereux, mais… y’a des chiens, là-dedans. Je les entends.

Le sourire d’Ichel fit écho au clin d’œil que lui envoya Einar avant de se diriger d’un pas assuré vers le dresseur d’Ours qui faisait danser la bête au son d’un accordéon qu’il tenait entre les mains. Les gens alentour mettaient une pièce dans le panier que l’ours tendait de temps en temps. Einar prit son air le plus admiratif et le plus béat – ce n’était pas bien dur, il ressemblait à un béat débile par défaut et rejoignit la foule des curieux tandis qu’Ichel s’éclipsait comme un ninja, telle la marchombre qu’elle était.
Ce spectacle rendait Einar un peu malade à l’intérieur. Les animaux, c’était sacré. L’Académie était bien pour ça, tout le monde prenait toujours très soin des animaux qu’ils gardaient, et la plupart d’entre eux étaient rendus à la nature ou ne l’avaient jamais quittés. Les proies des chasses étaient toujours honorées, et on n’asservissait pas d’animal pour le divertissement de tout le monde.
Einar se mit à profondément détester le dresseur verreux. Certes, c’est comme ça qu’il gagnait sa vie… mais il avait un fouet à la hanche. C’était impardonnable.

- M’sieur, m’sieur ! Il glissa une piécette dans le panier. Vous savez lui faire faire d’autres tours ?

- Pour sûr petit, cet ours est le plus intelligent que j’connaisse !

- Il sait faire des acrobaties ? L’ours, sous l’injonction de son maître, se remit sur les pattes avant, et à déambuler autour d’Einar. Il sait faire la révérence ? L’Ours se dressa sur ses pattes arrières, ce qui était profondément impressionnant à voir, et parvint à ployer l’échine pour imiter la courbette d’un homme de cour. Il tenait même son chapeau de foire entre les griffes.

A chaque tour, Einar demandait toujours quelque chose de plus fabuleux, de sa voix de gamin émerveillé, et les piécettes tombaient dans le panier à vitesse régulière – nul besoin de préciser qu’il s’agissait de bouts de cuivre sans valeur et pas de vraies pièces. Le dresseur était entièrement focalisé sur lui et le reste de l’audience, puisqu’il avait flairé la bonne poire et son affaire de la journée.
Il ne se rendait pas compte de la jeune femme qui s’était glissée dans sa caravane.

- Bientôt, mon grand, murmura le Teylus à l’Ours qui venait de l’adouber chevalier avec une épée en bois.

- Qu’est-ce que tu fais-là, toi ?!

Einar tourna la tête en même temps que le dresseur  quand l’exclamation retentit sur le marché. La plupart des autres spectateurs n’avaient pas fait attention, trop attirés par le spectacle de l’Ours en train de tourner les pages d’un livre avec ses griffes. Mais le dresseur, attentif à ses assistants, et Einar attentif aux mouvements d’Ichel, n’avaient pas laissé passer cette exclamation…
Flûte.

L’assistant du dresseur se tenait, d’un air patibulaire, à l’entrée de la caravane où Ichel se tenait avec un chiot dans les bras. Pas de doute sur l’intention de la gamine, il allait la tirer de là illico presto et l’emmener au poste de gardes pour larçin et tentative de vandalisme. Ca leur arrivait relativement fréquemment que des voleurs tentent de s’octroyer leurs bêtes. Certaines avaient beaucoup de valeur, un bon lignage ou un bon dressage. Mais jamais n’avait-il vu une jeune pimbêche pleine d’idéaux tenter de délivrer les animaux, ça, non… Les gens fermaient les yeux, sur ça, et préféraient profiter du spectacle. Foutus péquenauds du Nord. Avant qu’il ait pu plonger vers elle, cependant, un rugissement éclata sur la grand-place, suivi par des exclamations de terreur.

Einar avait profité du fait que le dresseur était distrait pour déchausser une des vis qui maintenaient le collier de l’Ours. Le reste s’était fait de lui-même. L’ours, en tirant fort, avait réussi à briser la chaine, et c’était la panique sur la grand-place. Le dresseur faisait vainement claquer son fouet pour tenter de calmer son animal, mais c’était peine perdue. Le jeune chantelame profita de la cohue ambiante pour se ruer vers la caravane… seulement pour voir Ichel monter sur le devant et saisir les rennes.

- Faut qu’on conduise loin d'Al-Poll, si on les libère ici, ça va être un vrai massacre ! Fonce !

- La pierre du socle de la statue vient des mines de grès d’Al-Far, et chaque soldat est taillé dans une pierre originaire de chaque région de Gwendalavir, symbolisant l’unité entre les seigneuries pour protéger l’Empire contre les—

Le discours fort instruit de Duncan Cil’ Eternit fut interrompu par un bruit de tonnerre roulant sur l’horizon… non, plutôt, les roues d’une carriole en course effrénée sur les pavés déchaussés. Une caravane fila à toute allure à travers l’allée où ils se tenaient dans un tourbillon de poussière et de vent. Des cavaliers galopaient derrière eux dans un bruit d’orage, cris, injures et hennissements entremélés.

- Mhmh. Comme je le disais avant que les activités journalières de la ville ne nous interrompent, L’unité entre les seigneuries pour protéger l’Empire…

- A droiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiite ! cria Einar dans les oreilles d’Ichel alors qu’ils arrivaient à un croisement où toutes les autres issues étaient bloquées par la foule qu’ils n’allaient pas manquer d’écraser. Ils sont toujours derrière nouuuuuus ![/color]

Sans plus attendre, le Teylus se précipita à l’intérieur de la caravane et redoubla d’effort pour ne pas être éjecté par-dessus les ridelles. Il fallait trouver quelque chose… Ballotant de droite à gauche, il parvint à ouvrir les verrous de deux cages des plus petits chiens, les prit dans ses bras par la peau du cou et les mit temporairement dans les cages des autres. Les cages vide, il s’échina à les lancer dans les jambes des chevaux pour les ralentir et les faire tomber. Ca marcha génialement, sauf pour un. Le dresseur. Le fouet tendu au dessus de sa tête comme une menace. Il évitait avec dextérité tous les projectiles qu’Einar trouvait à lui lancer.

- Ichel, je prends les rennes ! lui hurla-t-il pour se faire entendre alors qu’ils venaient de passer en trombe la porte Nord de la ville. Il en reste un, on arrivera jamais à le semer !

- T’inquiète pas Fouinot, on veut pas te tuer, s’exclama Einar au chiot qui se réfugiait contre lui en couinant à cause de tout le tumulte.

La route était dégagée, beaucoup moins dense que dans les ruelles et de la ville, et en criant suffisamment fort des « Pardoooooooon ! » il parvenait à faire s’écarter les gens de son passage assez facilement. Il aurait été tentant de prendre la route qui remontait vers les terres de l’Académie directement, mais même Einar savait que c’était la pire des idées.. De toute sa force, Einar tirait sur les rennes pour maintenir les chevaux au galop et dirigea la caravane dans une allée terreuse qui s’enfonçait dans les plaines, dans la direction globale d’Eoliane, où les bosquets et les taillis étaient nombreux. Il n’avait aucune idée d’où était Ichel, mais il lui faisait suffisamment confiance pour ne pas se tuer.
Jusqu’à entendre un cri, suivi d’une chute. Einar se dressa debout sur les ridelles et se dévissa le coup pour regarder par-dessus son épaule, le cœur serré à l’idée qu’Ichel ait été piétinée par un cheval… mais non, elle galopait pour se mettre à sa hauteur, et le dernier des poursuivants avait fini sa course dans un buisson dont ils s’éloignaient au pas de course. Le jeune Teylus riait follement.

Ils avaient galopé, puis ralenti pour s’enfoncer dans des bois qu’ils savaient rejoindre l’enceinte de l’Académie. Einar stoppa le chariot dans un fourré de conifères denses. Quand Ichel démonta de cheval à ses côtés, il la prit dans ses bras en riant :

- C’était génial ! Tu lui as bien foutu son compte à cet horrible gens !

Ils en rirent et se réjouirent pendant quelques minutes, jusqu’à ce que la réalité revienne. Ils avaient volé une caravane, un cheval et des bêtes.

- … On peut pas les garder. Tu crois qu’ils pourraient s’en sortir si on les relâchait dans les forêts de l’Académie ? On pourrait s’arranger pour y planquer de la nourriture de temps en temps.