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 Victoire, défaite, détresse... [Terminé]

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Myra Ril'Otrin
Myra Ril'Otrin

Primat de Kaelem et Maître dessinateur
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MessageSujet: Victoire, défaite, détresse... [Terminé]   Victoire, défaite, détresse... [Terminé] Icon_minitimeLun 4 Avr 2011 - 19:56

Une journée parfaite commençait. Quand Myra ouvrit les rideaux, sa chambre fut envahie des rayons du soleil. Déjà haut dans le ciel, vu la grasse matinée qu'elle s'était permise n'ayant aucun cours à donner. Quelques nuages venaient cependant troubler l'immensité du bleu azur, sans alourdir les ombres. Elle se retourna vers son ami le rongeur et afficha un sourire radieux. Enfin elle pouvait souffler et se reposer, car toutes ces démonstrations durant ses cours l'épuisaient. Elle n'avait pas énormément de temps pour elle, même si le nombre d'élève qu'elle avait était restreint à cause de l'Académie d'Al-Jeit. Plus célèbre et surtout ne formant pratiquement que des dessinateurs, elle était beaucoup plus sollicité que l'Académie de Merwyn pourtant très réputée. Les professeurs étaient tous connus, doués et impressionnants. Les jeunes dessinateurs choisissaient alors plus par précaution pour le développement de leur don, l'Académie d'Al-Jeit. Myra n'avait cependant jamais supporté les caractères hautains des maîtres dessinateurs d'Al-Jeit et avait préféré déposer sa candidature dans cette Académie. Elle voulait montrer qu'il n'y avait pas que ces prétentieux qui arrivaient à former des dessinateurs de bons niveaux et des sentinelles. Son but était surtout apprendre aux élèves la beauté des spires et même combattants, à utiliser leur don avec tout leur potentiel. Un jour, ces hommes et femmes ayant un balai dans leur cul fesses, allaient s'apercevoir que les élèves qu'elle formaient étaient tout aussi compétant, voir plus que les leurs. Pour cela, elle devait être la meilleure dans son domaine. C'était pour cela qu'aujourd'hui elle avait énormément dormi. Elle voulait être en grande forme afin de se perfectionner en profitant de l'absence de cours.

La dessinatrice prit une douche froide, comme à ses habitudes, et s'habilla d'un pantalon en toile brun, d'une chemise blanche et de sa veste chétif. Elle offrit un bout de pain dur à sa souris et sorti de ses appartements en fermant la porte à clé derrière elle. Elle prit un léger déjeuner en papotant avec quelques professeurs et en saluant des élèves qui passaient par-là. La salle était presque déserte vu l'heure avancée de la journée. Elle se leva enfin et se dirigea vers le premier étage de l'aile ouest de l'Académie afin d'atteindre la salle de dessin, déserte, pour elle seule aujourd'hui. Elle passa devant la salle des légendes, apparemment occupée. Le maître des légendes devait tenir un cours ou s'occuper comme elle. Ou alors un domestique qui rangeait ? Elle n'avait pas le temps d'aller voir, même avec sa curiosité insatiable. Enfin elle arriva devant la porte. Dès qu'elle fut entrée, elle se mit à l'aise, ouvrit la fenêtre et commença une petite méditation qui aidait toujours pour se concentrer.

Inspiration, expiration. La primat continua un moment comme cela. L'air de l'extérieur entrait en sifflant dans la pièce, la faisant frissonner de temps à autre. L'air froid s'introduisait dans tout son corps et rafraichissait son cœur. Inspiration, expiration. Se sentant mieux, elle rouvrit ses yeux orangés et inspira une dernière fois. Elle posa sur la table se trouvant derrière elle les quelques objets qui trainaient dans ses poches et remit ses pensées sur l'objectif qu'elle fixait depuis presque deux semaines sans jamais y parvenir. Monter encore plus haut dans les spires afin de pouvoir un jour, y rester un moment pour créer des objets plus complexes encore. Plusieurs simultanément peut-être ?

La dessinatrice entra alors dans l'Imagination. Comme à chaque fois, elle fut bouleversée par se qu'elle y trouva. Que de beauté. Aucunes traces du passages des autres chanceux qui pouvaient parcourir ces chemins, les routes étaient vierges de traces et ne faisaient que de l'attirer dans leurs tournants. Se trouvant des les basses spires, elle put y rester autant qu'elle voulait pour observer et réfléchir à se qu'elle voulait créer pour la première fois dans les endroits clos que seuls les dessinateurs de haut niveaux atteignaient. Dont le grand Merwyn Ril'Avalon. Et les maîtres hautains d'Al-Jeit malheureusement. C'était bon, elle avait trouvé. Elle avait toujours désirer faire ce dessin. Jamais elle n'avait réussi à le créer parfaitement, elle en avait donc déduit qu'elle n'avait pas atteint le niveau qu'il lui fallait.
Elle monta rapidement les spires, créa la base, tout d'abord en bois brun fade, puis elle le modela pour en faire du métal gris acier et fini par le rendre comme elle le voulait. Diamant orangé. Presque aussi dur que la vargelite des armures de la légion noire de l'Empire. Presque. Elle ne voulais pas d'un dessin éternel. Elle monta encore avec facilité et commença à sculpter le diamant avec la forme qu'elle espérait obtenir. Quoique petite, la statue de diamant prenait forme avec une certaine lenteur. Elle ne pensait pas que cette partie là allait durer aussi longtemps. Plus elle s'approchait des hautes spires, plus son esprit se retirait de la réalité et plus son allure ralentissait. Elle montait encore et avait presque fini la forme finale. Le bec se forma alors et il ne lui restait que quelques détails à régler. Myra dépassa enfin le seuil le plus haut qu'elle avait réussit à atteindre jusqu'à présent. Elle ne ressentait rien, alors elle continua son œuvre en se concentrant sur les couleurs. Elle était plus lente qu'au départ, mais ne se découragea pas. Un orange de base prit place sur tout le dessin, puis rajoutant du rouge feu, rouge pomme, rouge ambré, orange foncé, jaune soleil, jaune or, jaune poussin. Un mélange d'aube automnal prit forme sur la statue. Enfin terminé. Magnifique.
Le splendide phénix rouge-orange était là, devant elle, devant son esprit au milieu de l'Imagination. Dans les hautes spires. Enfin, elle avait réussi. Elle s'était énormément épuisée et n'allait pas tarder à s'écrouler sur place, mais sa volonté la tenait éveillée dans les spires. Elle n'aurait pas pu aller plus haut sans repos.
Non, il manquait un détail. La petite touche qui faisait de ce dessin un chef-d'œuvre. Elle oublia rapidement sa fatigue, alors elle monta encore, cherchant en vain se qu'elle désirait. Elle se sentait lente dans ses chemins-ci, depuis peu. Elle avançait comme une tortue, voir plus lente encore. Après avoir chercher un certain temps, elle aperçut enfin de loin la porte qu'elle cherchait. Elle allait l'atteindre quand soudain, une ombre la fit s'immobiliser sur place. Immense, elle se dressait de tout son long et était passé en vitesse au-dessus d'elle et continuait sa route vers des spires jamais atteintes depuis le tout premier dessinateur. Elle fit un nouveau pas, ses yeux se troublèrent, mais elle força. Un pas, deux, quatre, puis elle sombra. Elle se senti tomber dans un gouffre sans fond, puis tomba réellement sur un plateau dur comme du bois. C'était la table en bois se trouvant derrière elle. Ses affaires personnelles s'éparpillèrent alors partout autour d'elle. Myra n'eut pas le temps de savoir si son dessin avait basculé dans la réalité, qu'elle tomba dans les pommes racines de niams Very Happy


Duncan Cil' Eternit
Duncan Cil' Eternit

Maître des légendes et d'animisme et primat d'Aequor
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MessageSujet: Re: Victoire, défaite, détresse... [Terminé]   Victoire, défaite, détresse... [Terminé] Icon_minitimeDim 10 Avr 2011 - 23:38

[Mea Culpa, semaine de m***e = Pas l’occasion de poster]

Calme. Rester calme. Et équilibré. Toujours. Jamais renverser l’équilibre.
Duncan se passa lentement de l’eau sur le visage, massant ses tempes douloureuses avec ses doigts. Il répéta l’opération plusieurs fois, puis se massa lentement les épaules et s’étira, en rythme avec sa respiration profonde. Puis aller s’accouder à la fenêtre de ses appartements, grandes ouvertes pour laisser passer l’air estival, et regarder l’eau du lac, en contrebas, bercée paresseusement par une légère brise. L’univers était calme, et paisible. Et lui aussi, il le redeviendrait. Il retrouverait cet état de bien-être, même artificiel, qui lui permettait de garder le sourire tous les jours.
Il connaissait une phase très difficile, depuis la reprise de l’Académie. Oh, pas aussi spectaculaire et mélodramatique que d’autres personnes, des élèves dont les nerfs lâchaient en cours, ou des adultes qui se laissaient aller à maltraiter leur corps comme la maître rêveuse. Non, rien de tout ça, il était bien trop commun pour avoir autre chose que des rides un peu plus creusées, et une nostalgie doucereuse. L’envie lui manquait, et la motivation aussi, et c’est pour ça que son emploi du temps était toujours aussi vide. Il fallait dire que peu d’élèves se seraient inscrits à ses cours, ou présentés. L’engouement était pour le combat maintenant que tout était libéré, et que l’été permettait beaucoup d’activités extérieures. Il avait beaucoup de temps pour lui, pour soupirer à son aise avant de se reprendre.

En manches de chemise, il sortit de ses appartements en début d’après-midi, la veste sur l’épaule, pour sa promenade quotidienne autour du lac. Il aimait bien ce sentier, qui longeait tortueusement les rives et entrait un peu dans la forêt, juste de quoi lui permettre de ramasser les herbes qu’il voulait. Il était donc dans le couloir, à marcher tranquillement sans penser à rien, souriant poliment aux élèves qu’il croisait et qui le saluaient. Il était non loin de la Salle qui lui avait été assignée pour faire certains de ses cours, d’ailleurs. Ca faisait longtemps qu’il n’y était plus entré, et qu’il n’en avait plus vraiment envie. Il n’était pas utile, pourquoi continuer ? Et puis il n’était pas le seul professeur à officier dans ce couloir, il y avait aussi la Salle de Dessin, et l’infirmerie, toute proche, ce qui était indéniablement pratique puisque la plupart des dessinateurs tombaient dans la pommes tous les quatre matins.

Alors qu’il allait descendre les escaliers qui menaient au rez-de-chaussée, un grand bruit le fit sursauter et se retourner brusquement. C’était comme une table dont on renversait tous les objets, plusieurs fenêtres que l’on brise, ou alors un vase que l’on fracasse contre le sol. Et ça provenait de la Salle de Dessin. Qui était censée être vide à cette heure de la journée. Duncan accourut, craignant quelque accident grave d’élèves qui se seraient amusés à quelque chose d’irresponsable –ENCORE- , et fit irruption dans la salle, alarmé.
Myra Ril’Otrin, la Maître Dessinatrice avec laquelle il lui arrivait de discuter parfois dans la salle des professeurs, était allongée sur le sol, évanouie –ou pire ?-, dans un capharnaum d’objets brisés et renversés. Mon dieu, mais qu’était-il arrivé ici ? D’où venait la quantité assez phénoménale de bouts de verre brisés, de couleurs assez étranges allant du rouge sang au feu orangé, et qui jonchaient le sol dans toute la pièce ?
En panique, le professeur se dirigea vers la jeune femme évanouie, et lâcha un soupir de soulagement en sentant sa respiration sous ses doigts. Pourquoi fallait-il qu’un accident pareil arrive le jour où la guérisseuse de l’Académie s’était absentée à Al-Poll pour urgence médicale de la part d’un villageois ? Il y connaissait rien en médecine avancée, juste quelques remèdes pour les courbatures, les bleus et la déprime. Surtout s’il s’agissait d’un accident de dessin.. Fébrilement, il se releva et débarrassa le divan le plus proche des parchemins qui s’y étaient répandus et des fragments brisés du verre bizarre-orangé, en évitant de se couper les mains dessus. Puis il souleva le corps inerte de la jeune femme, avec peine puisqu’il n’était pas bâti comme un athlète ni comme ce Locktar Guidjek qui dirigeait maintenant les combattants néophytes. Il réussit à l’étendre, proche de la fenêtre, en faisant attention de l’adosser correctement. Il ne pouvait rien faire d’autre qu’attendre, dans des conditions pareilles. Le Dessin était un domaine dans lequel il était complètement inculte, en dehors des nombreux livres qu’il avait lus sur la théorie. Comment comprendre un art aussi mystique quand on possède pour sa part autant de Don qu’une louche ? Il prit une chaise proche et attendit au chevet de sa collègue, inquiet comme jamais qu’une autre tragédie arrive dans l’enceinte de l’établissement alors que tout revenait à la normale, et que, comme toujours, il serait inutile pour l’en empêcher.

- Oh dame Ril'Otrin, je vous en prie, réveillez-vous... Dame, faites que rien ne soit arrivé !

Il se sentait mortifié, et manqua de tomber de sa chaise, fut-ce de surprise ou de joie, quand il crut la voir ciller. Etait-ce un mirage créé par le soleil qui entrait à flots dans la pièce ?


- Dame Ril'Otrin, vous m'entendez ?


Myra Ril'Otrin
Myra Ril'Otrin

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MessageSujet: Re: Victoire, défaite, détresse... [Terminé]   Victoire, défaite, détresse... [Terminé] Icon_minitimeSam 23 Avr 2011 - 16:53

[ Excuse moi également pour le retard un temps soit peu plus long que le tiens :oups: ]


Noir. Un noir intense s'était installé devant les yeux de Myra. Les couleurs avaient toutes disparues laissant la place à l'obscurité, à un noir total qui fit naître la peur, l'angoisse et la crainte en Myra.
Silence. Elle n'entendait plus le bruit de la pendule ni le léger sifflement du vent extérieur. Elle ne sentait plus ses membres sûrement endoloris par le choc de la chute sur le bois de la table. Le silence pesant qui régnait dans sa tête s'accentuait de plus en plus.
Ses pensées lui échappaient, elle ne réfléchissait plus. Tout se qu'elle savait était qu'elle ne ressentait plus rien. Rien du tout.
Son esprit commença alors à s'évader, à lui échapper.
*Non !!* cria-t-elle mentalement. *Non, ce n'est pas possible !* Depuis bien longtemps elle avait étudier le dessin, lu énormément de livres à ce sujet et questionné bon nombre d'arpenteurs des spires. Jamais personne ne lui avait dit que l'on pouvait se blesser gravement ou... mourir dans l'Imagination, jamais elle n'avait eu connaissance d'un cas tel que celui là. Surtout étant seule à évoluer dans les spires. Non, elle n'avait pas été seule.
Un souvenir lui échappait. Elle commençait à s'en rappeler, une vague image, récente. Énorme et importante. Des bribes du souvenir ne voulaient pas lui revenir en mémoire, lui échappant toujours de justesse. Une personne ou plutôt... un être. Oui, ça y est ! Elle enleva enfin le voile dissimulant l'image à son esprit. Incroyable ! C'était tout simplement impossible, in-envisageable, irréalisable, impensable. Jamais au grand jamais, on avait vu cela de mémoire de dessinateur. Jamais !
*Comment... c'est... impossible.* pensa-t-elle en frissonnant. *Un être vivant ne peut... ne peut se déplacer seulement en esprit dans les spires. Non, j'ai dû rêver, je ne...*

La femme entendit soudain une voix. Lointaine, quoique perceptive. Un infime timbre qu'elle avait déjà entendu, discuter avec plusieurs fois. Rauque et tendue, elle l'appelait. Myra revenait petit à petit à la réalité et réalisa soudain qu'elle ne se trouvait plus sur le dur sol de sa salle de cours, mais sur une matière moelleuse et agréable. La voix retentit à nouveau après un bref silence. Elle s'accrocha à celle-ci comme à sa dernière chance et se sentit bientôt remonter de son sommeil. Une odeur de fleur s'insinua dans ses narines, entendit le son du tic tac d'une pendule et sentit la douceur du divan de la salle de dessin. Ses sens commençaient à revenir doucement. Myra cligna des yeux une fois et éblouie par la lumière les referma aussi vite. Encore la voix. Plus clair cette fois, on pouvait ressentir de la joie et du soulagement à l'intérieur. Lorsque la dessinatrice ouvrit enfin ses yeux en grand, elle ne vit d'abord que des ombres. Une ombre, penchée sur elle qui lui parlait. Elle ne comprenait aucuns des mots prononcés, étant encore dans les vapes. Les tons se précisèrent et elle put enfin découvrir l'identité de l'homme qui l'avait découvert.
Duncan Cil'Eternit ?! Le maître des légendes. Il se tenait au-dessus d'elle, apparemment soulagé vu le demi-sourire qu'il affichait. Elle avait déjà eu l'occasion de lui parler dans la salle des maîtres et dans les couloirs, étant donné la proximité de leur salle de cours respective. Dès leur première rencontre, elle l'avait trouvé passionné, sympathique et enclin à la conversation tant que l'on ne parlait pas de guerriers ou autres. Un homme assez discret, ayant tout de même du caractère. Myra l'appréciait, le respectait. Elle se sentit soudain honteuse, couchée sur ce divan avec son collègue qui essayait de la ramener à la réalité. Elle lui offrait un spectacle assez pathétique d'elle-même. Elle essaya donc de se lever ou du moins de s'assoir, se qu'elle eu toute les difficultés du monde à faire.
Elle regarda enfin Duncan dans les yeux pour y lire de l'inquiétude, et elle ne tarda pas à prendre la parole d'une voix rauque trahissant sa fatigue afin de le rassurer.


- Merci Duncan. Je vais bien maintenant...

Mensonge. Elle sentait que quelque chose ne tournait pas rond. Son visage anxieux et tirer trahissaient ses dires.




Duncan Cil' Eternit
Duncan Cil' Eternit

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MessageSujet: Re: Victoire, défaite, détresse... [Terminé]   Victoire, défaite, détresse... [Terminé] Icon_minitimeLun 2 Mai 2011 - 2:24

Il était inquiet. Mortellement inquiet. On ne s’évanouissait pas sans raison, dans une salle où ne rôdait aucun monstre grouillant et baveux. Et les raisons pour ce genre d’incidents n’étaient jamais amusantes. Jamais. Il le savait peut-être mieux que personne, que des petits détails, une toux, une faiblesse, pouvait cacher le drame. Ca, il l’avait appris..
Mais ce n’était pas le problème. Le dessin était quelque chose d’encore plus mystérieux, et cet évanouissement soudain avait sans doute un rapport avec les nébuleuses Spires, et non un symptome quelconque de maladie mortelle. Il se dressa à demi quand Myra Ril’ Otrin ouvrit complètement les yeux, et une vague de soulagement l’envahit. Elle le fixait, signe qu’elle arrivait à distinguer correctement les formes et les couleurs, et elle semblait aussi le reconnaitre, signe qu’elle avait tous ses sens. Ou au moins sa mémoire. Avec une inquiétude non feinte, il l’aida à s’adosser à la banquette, et ne quitta pas son chevet une seconde après s’être lui-même rassis. Elle ne se lèverait pas tout de suite, et si elle tentait, il l’en empêcherait. La Dame savait ce que les vertiges pouvaient provoquer, et il n’avait aucune envie de la voir s’en aller de nouveau, et tomber.

Elle avait l’air extrêmement faible. Ou au moins très faible. Ca se voyait dans ses yeux encore légèrement hagards, et la grimace que Myra fit en tentant de se redresser en position assise. Ils savaient tous les deux qu’elle mentait, mais après tout, quoi dire d’autre à quelqu’un qui vous éveillait avec un air inquiet comme celui du professeur en ce moment-même ? Elle voulait faire croire que tout allait bien, ce qui n’était évidemment pas le cas, mais était la preuve malgré tout d’une grande bonté. Le professeur posa la main sur son épaule, autant pour l’empêcher de se lever que pour la rassurer à son tour –et se rassurer lui-même avec ce contact chaleureux. Elle avait une voix extrêmement rauque et rapée.
Le digne professeur de légendes saisit une fiasque qui se trouvait sur une commode proche, et s’affaira à lui remplir un verre d’eau fraiche. Qu’il lui ferait boire même si elle ne voulait pas, c’était important. Sa voix s’adoucit considérablement quand il reprit la parole, et l’inquiétude perça de nouveau, malgré le confort qu’il essayait de prodiguer :

- Bien sûr que non, vous n’allez pas bien, Dame Ril’ Otrin. Vous venez de vous évanouir, de vous cogner contre plusieurs meubles et vous semblez extrêmement faible.

Il l’invita à boire, et se prit un verre d’eau pour lui-même, autant pour débloquer le nœud qui s’était formé dans sa gorge que pour décoller ses lèvres serrées par l’anxiété et l’adrénaline d’avoir trouvé une collègue inconsciente. Au milieu d’une pièce jonchée de bris de verre étranges. Et sans raison apparente. Mais si elle lui répétait que tout allait bien, cela signifiait qu’elle savait ce qui allait mal. Duncan reprit la parole, attentif à tout signe de faiblesse de la part de sa collègue :

- Je vous emmènerais bien à l’infirmerie, elle est toute proche, mais vous n’êtes pas en état de vous lever, encore moins de marcher.

Les bouts de verre étranges, il pouvait déduire tout seul que ça devait provenir de l’Imagination. Même s’il était aussi incapable de percevoir les Spires que le buffet normand moyen ; il suffisait d’avoir un peu de bon sens pour comprendre qu’une Dessinatrice aussi puissante et intéressée que Myra Ril’ Otrin avait du faire usage de l’Imagination. Quant à savoir exactement quoi, ce n’était pas de son ressort…

- Que s’est-il passé ? Vous en souvenez vous ? …Vous avez l’air inquiète, Dame Ril’ Otrin, se passe-t-il quelque chose de grave ?


Myra Ril'Otrin
Myra Ril'Otrin

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MessageSujet: Re: Victoire, défaite, détresse... [Terminé]   Victoire, défaite, détresse... [Terminé] Icon_minitimeSam 14 Mai 2011 - 20:40

Duncan Cil' Eternit avait raison, elle était faible. Son cerveau lui donnait l'impression de s'être fait piétiné par un chariot de plusieurs tonnes et elle ressentait la présence de bleus qui allaient sûrement la faire souffrir durant les prochains jours. Elle détourna le regard lorsque celui-ci atterri sur les décombres de la table jonchant le sol. Au milieu de tous ses débris de bois se trouvait ses affaires personnelles, certaines cassées par le choc ou à peine contorsionnés ou d'autres indemne. Elle allait répondre au maître des légendes lorsque un éclat orangé attira son attention à quelques pas de la table en morceaux. L'éclat en question n'était pas le seul. Un autre un peu plus loin et encore d'autres dans toute la pièce. Ses pensées se remettaient petit à petit à fonctionner normalement et elle ne tarda pas à connaître l'identité de l'objet morcelé qui jonchait le sol. Ses yeux s'arrondir et la stupéfaction se peignit alors sur son visage. *Alors j'ai réussi...* pensa-t-elle. *Je l'ai fait... dommage qu'il se soit brisé.*
Tous lui revint alors en mémoire, tous ce qui c'était passé dans les spires la submergea comme la vague inonde le sable blanc de la plage. L'étrange immense silhouette qu'elle avait aperçut loin au-dessus d'elle, son dessin si compliqué qui était sa meilleure création et sa chute qui avait paru interminable. Son cœur commença alors à battre la chamade quand Duncan Cil' Eternit lui offrit un verre d'eau. Sa gorge sèche bu une longue gorgée du liquide. Myra se sentait un peu mieux à présent, mais le maître des légendes avait raison, elle était incapable de se lever pour l'instant. Ses jambes flageolantes étaient encore trop faibles pour supporter son poids.

Elle se devait de rassurer le professeur, mais lorsqu'elle ouvrit la bouche pour parler, une pensée absorba son attention. Horrible pensée, impensable pour elle, pour une dessinatrice. Non, c'était impossible que cela lui arrive, pas à elle. Elle avait pensé à cela, car depuis que ses yeux s'étaient rouverts, elle avait l'impression de n'être revenu qu'à moitié. Elle n'était pas entière, une partie d'elle-même était resté dans le noir. Celle qui faisait tout son être, qui était la souche de sa personnalité. La base de toute sa vie.
Impensable.
Elle fronça les sourcils, réfléchissant à toute vitesse. Comment cela aurait-t-il pu se passer ? Non, cela ne s'était pas passé. Myra, voulant en avoir le cœur net, inspira profondément. Elle n'avait aucunes envie d'attendre de se remettre de sa chute, elle voulait savoir. Juste savoir afin d'enlever un poids de son cœur ou pire, d'en rajouter un plus lourd encore. Elle but la fin du verre d'eau que lui avait tendu Duncan et après quelques minutes, se propulsa doucement dans l'Imagination. Elle fut frappée de plein fouet par la déception, car elle ne réussit pas à franchir la frontière entre le monde et les spires.
*Je dois encore être trop fatiguée.* pensa-t-elle pour se donner du courage.
Impensable.
Elle ferma les yeux et recommença une seconde fois. Rien. Son caractère persévérant la fit ignorer tous ses échecs et elle recommença jusqu'à n'en plus pouvoir. Elle n'en croyait pas ses yeux, l'Imagination lui avait fermé ses spires. Ses mains devinrent tout à coup moites, son corps commença à trembler de toute part et ses yeux voulant pleurer, n'y parvenaient pas. Le choc fit battre son cœur encore plus fort et le sang frappait dans ses oreilles.
Elle entendit la voix inquiète du maître des légendes lui poser plusieurs questions. Il n'était pas idiot, il avait bien compris que quelque chose n'allait pas. Elle leva la tête et le regarda les yeux rempli d'une lueur de détresse. Comment annoncer que le maître dessinateur de l'Académie venait de perdre son don à cause de son insouciance ? Elle ne pouvait pas rajouter des soucis aux habitants de l'Académie qui avaient déjà assez soufferts de l'attaque et surtout des pertes. Elle n'avait pas le droit de rajouter un problème comme celui-là, mais sa raison lui disait tout le contraire. Cacher quelque chose d'aussi primordial ne réparerait pas les choses.


- Je... Je ne sais pas.

Duncan était un homme de confiance, elle pouvait le lui avouer. Mais comprendrait-il qu'elle ne voudrait pas le dire à tous les résidents pour l'instant ? Une larme coula sur sa joue et alla se jeter sur son pantalon. Pourquoi à elle ? Pourquoi maintenant ? Elle concentra son attention sur les yeux vert de son collègue afin de ne pas craquer. Elle chuchota d'une voix encore rauque et perdu entre les larmes et l'angoisse.

- Je pense que... que j'ai perdu mon don.


Avant que le professeur ne s'affole ou qu'il ne crie, elle continua.

- J'ai partiellement perdu mon don, sans doute... sans doute pour une durée indéterminée.

Elle hésitait à chaque mots prononcés, car elle n'avait aucune idée de combien de temps elle allait être privée de l'Imagination. Partiellement ou à jamais.



Duncan Cil' Eternit
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MessageSujet: Re: Victoire, défaite, détresse... [Terminé]   Victoire, défaite, détresse... [Terminé] Icon_minitimeJeu 19 Mai 2011 - 22:41

Perdre son Don.
C’était possible, ça ? Ca lui semblait tellement improbable, tellement invraisemblable, tellement irréaliste. Le Don du Dessin était un pouvoir infini, le garant de la liberté des hommes, il ne pouvait pas être détruit d’un battement de cils, comme ça. Duncan n’était pas né quand Merwyn avait libéré les alaviriens du joug Ts’lich, mais les évènements étaient encore récents, et dans l’esprit de tout le monde, les Spires étaient inébranlables. Et que quelqu’un d’aussi puissant et d’aussi savant que Myra Ril’ Otrin ne puisse plus avoir accès à l’Imagination, c’était tout simplement mortifiant. Elle était aussi puissante que ceux qui avaient créé Al-Jeit, qui avaient dessiné l’Arch et transcendé Gwendalavir. Si la Dame la privait ELLE de son Don, que deviendrait l’Académie ? Et si ça se savait, ça pourrait causer une grande inquiétude dans le milieu des Dessinateurs, même parmi les élites d’Al-Jeit. Les pensées rapides et la panique intellectuelle devaient se lire sur son visage, puisque Myra modérait son propos, tentant de le rassurer, et de se rassurer elle-même. Il essaya de rationnaliser, malgré la connaissance purement théorique qu’il avait des Spires. Mais sa voix restait blanche, ses gestes un peu précipités, quand il s’humecta les lèvres et reprit :

- Oui, ça ne peut être que temporaire, c’est impossible de predre l’accès aux Spires de manière définitive, n’est-ce pas ? Je n’ai jamais entendu parler de ça dans les archives historiques, en tout cas…

Il s’arrêta et reprit un verre d’eau. Myra n‘avait pas fini le sien, et il ne voulut pas lui forcer la main, aussi reposa-t-il le pichet. Les archives historiques étaient certes assez incomplètes, en particulier pour ce qui concernait les arcanes un peu plus mystérieuses et secrètes du Dessin, mais c’était tout ce sur quoi il pouvait se fier. Un silence gêné s’ensuivit. Pour s’occuper et laisser à Myra le loisir d’essuyer ses larmes pendant qu’il avait le dos tourné (car c’était bien connu, il était trop lâche pour supporter la vue des larmes), le professeur de lettres et civilisations se leva, et commença à ranger la pièce. Il redressa la table de travail qui avait un pied légèrement déchaussé, puis rassembla les papiers, les bibelots, les plumes cassées et toutes les affaires de Myra qui s’étaient répandues. Heureusement, l’encre n’avait pas trop tâché les parchemins. Il finit de replacer les chaises, puis s’attaqua à ce qui l’intriguait le plus : les bris de verre couleur incarnat. Il les rassembla tous sur un guéridon proche, les sourcils froncés. Puis il fit de nouveau attention à Myra, ses yeux voilés par leur éternelle sollicitude inquiète.

- Myra, puis-je me permettre de vous demander si vous vous rappelez ce qu’il s’est passé avant que vous ne tombiez ? Peut-être qu’on aurait des indices, une lueur d’espoir… C’est peut-être tout simplement la fatigue d’avoir créé un dessin trop difficile pour vous ? J’ai entendu dans les livres certains cas de dessinateurs qui ont manqué de se vider complètement de leur énergie par trop grande avidité… Non pas que je vous considère comme quelqu’un d’avide, bien au contraire…

Sa voix se perdit dans des murmures réflexifs alors qu’il faisait les cent pas, en jetant des coups d’œil fréquents aux éclats de verre inconnus. Il saisit un morceaux parmi les plus petits et commença à jouer avec, distraitement, en le faisant rouler entre ses doigts. L’énigme lui permettait de se calmer, et il ne se rendait absolument pas compte que ce faisant, il mettait un peu de distance entre lui et Myra, alors même que la jeune femme avait probablement encore besoin de son confort.


Myra Ril'Otrin
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MessageSujet: Re: Victoire, défaite, détresse... [Terminé]   Victoire, défaite, détresse... [Terminé] Icon_minitimeVen 20 Mai 2011 - 20:55

La dessinatrice reprit soudain l'habitude de son enfance de se mordre la lèvre. Ses parents avaient désespérément essayé de lui ôter cette manie et avaient finalement réussit après maintes tentatives. Lorsqu'elle était petite, cela montrait son impatience, mais là c'était différent. Elle attendait, peureuse, la réaction de Duncan Cil' Eternit. Il paraissait être resté dans ses pensées et par dessus tout, il paraissait horrifié par l'idée que la maître dessinatrice de l'Académie ait perdu son don. Soudain, le professeur de lettres et civilisations prit la parole, peu assuré.
Impossible ? Myra le croyait également. L'avait cru. Depuis qu'elle avait commencé à étudier l'art du dessin, ses professeurs ne parlaient que des aspects positifs de l'Imagination et des spires. Jamais des problèmes qu'ils pouvaient rencontrer. Progresser était tout se que les maîtres dessinateurs apprenaient à leurs apprentis. Faire du feu, un dessin, un pas sur le côté ou encore communiquer par les spires. Jamais mettre en garde les élèves des dangers encourus dans les spires leur était venu à l'esprit. Former des sentinelles afin de protéger l'Empire, voilà leur objectif principal.
Les larmes glissaient encore le long de ses joues et pour reprendre contenance, elle essaya de les essuyer d'un revers de manche. Duncan parut gêné et s'en alla ranger les objets jonchant le sol. Apparemment Myra allait devoir se procurer une nouvelle table, car celle-ci était maintenant un peu branlante. Ses affaires n'avaient pas trop soufferts du choc, mais ce qu'elle craignait le plus était d'avoir peut-être abîmé les parchemins qu'elle avait posé sur la table dans l'intention de les consulter plus tard. Précieux, ils étaient rares et la bibliothécaire Khelia Talan les avait sorti des archives en sachant que la dessinatrice y ferait attention. De premier abord, ils paraissaient en bon état, mais les apparences peuvent être trompeuses. Duncan avait replacé la table et les chaises, puis il s'intéressa aux bris de verres. Myra aurait préféré qu'il ne les voit pas, mais il y en avait trop pour qu'il n'en aperçoive pas un seul. La dessinatrice l'observait intensément lorsqu'il se retourna vers elle et qu'il reprit la parole.

La fatigue ? Oui, elle se rappelait s'être trouvée un peu faible, mais elle avait eu encore assez d'énergie pour tenir sans s'effondrer. Cette option lui paraissait absurde, car elle c'était reposée durant plus de dix heures avant d'entreprendre ce dessin aussi complexe, il ne fallait tout de même pas plus de repos. Trop difficile ? Non, sûrement pas, elle avait la preuve devant ses yeux ! Mais Duncan ignorait ce que les bris de verres étaient en réalité, il était donc normal qu'il pense à cette possibilité. Mais Myra le savait, ce ne pouvait être cela. Il essaya de se rattraper sur la fin en murmurant des phrases que la dessinatrice ne put comprendre. Mais lorsque le professeur prit un bout du dessin brisé et qu'il commença à jouer avec entre ses doigts, les souvenirs refluèrent.

- J'étais dans une partie des spires que je n'avais que aperçu de loin jusqu'à aujourd'hui lorsque j'ai ressentit la fatigue. J'ai posé mon esprit quelques secondes, puis une ombre gigantesque s'est déplacée loin au-dessus de moi. Je n'en croit pas mes yeux...

Sa dernière phrase se perdit dans le silence. Comme conscient que le récit n'était pas achevé, le professeur n'intervint pas. Elle n'y croyait pas. Un corps, énorme et imposant, était passé au-dessus de sa tête. Impossible et improbable. Elle ne l'avait aperçut que quelques secondes avant qu'il ne disparaisse, mais elle avait cru voir une queue et des ailes. Non, aucun animal ne savait dessiner. Même les Ts'Liches qu'elle considérait comme des bêtes, savaient parler. Non, c'était impossible et pourtant... ses yeux ne la trompaient que rarement. Une prestance incroyable, une majesté insoupçonnée, une force démesurée et un charisme inimaginable s'étaient dégagés de l'ombre qu'elle avait aperçut dans les hautes spires. Magnifique. Une image cachée rejaillit du néant de ses pensées. Comme un œil qui se tournait vers elle et qui l'observait avec désintérêt, comme l'homme regardant un oiseau sur le rebord d'une fenêtre. Rouge intense et profond. Inoubliable.

- J'ai cru avoir rêvé, alors j'ai fais un nouveau pas. Mais juste au moment où j'allais finaliser mon dessin, entre ce pas et le suivant, je me sentit aspirer par un je ne sais quoi. Ensuite, c'est le trou noir jusqu'à ce que je me réveille.

Son récit achevé, elle plongea son regard dans les débris de verres posés non loin d'eux. Une question lui vint à l'esprit, mais pourtant elle n'osait la formuler. Son courage prit à deux mains, elle se lança. Elle en avait de toute manière déjà trop dit.

- Croyez-vous que cet forme était réelle ?



Duncan Cil' Eternit
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MessageSujet: Re: Victoire, défaite, détresse... [Terminé]   Victoire, défaite, détresse... [Terminé] Icon_minitimeLun 20 Juin 2011 - 1:45

[ Je n'aime décidément pas les périodes d'examen. ]

Une ombre géante dans les Spires, c’était possible, ça aussi ? Il n’avait décidément pas passé assez de temps à étudier les manuscrits et les rouleaux traitants des cas étranges et uniques du dessin. Dans un coin de son esprit fortement chamboulé par toutes ces révélations ainsi que l’inquiétude croissante de sa collègue, il nota qu’il devrait y remédier. Ce n’était pas le temps qui lui manquait ces derniers temps de toute manière, n’est-ce pas ?
Mais de quoi étaient possibles la Dame et le Dragon ? C’était des divinités, après tout, de celles qui faisaient trembler la colonne vertébrale d’un homme dès qu’il les évoquait, ou mettait à genoux les plus grands et les plus inébranlables des guerriers qui imploraient leurs faveurs. Il n’y avait que les deux entités divines pour pouvoir ainsi jeter le trouble dans ce monde onirique qu’étaient les Spires. Ca ne pouvait être que ça. Imaginer une troisième divinité ombresque qui saturait les Spires et en dépouillaient quelqu’un d’aussi puissant que Myra… ça lui faisait froid dans le dos rien qu’à y penser.

Il posa les yeux sur Myra pour ne rater aucune de ses paroles, espérant plus qu’attendant un nouvel élément qui lui permettrait de dissiper ses craintes. Cette entité avait exercé un pouvoir d’attraction sur elle au point qu’elle se détourne de son dessin –était-ce pour cela qu’il était réduit à de vulgaires bris de verre aux couleurs surréalistes ? Etait-on seulement capable d’interagir avec quelqu’un d’autre que soi-même dans les Spires ? Il avait entendu qu’on pouvait, avec beaucoup de pouvoir, détourner le dessin d’un autre dessinateur, et lui donner la forme que l’on veut à la place. Ah, qu’il aurait aimé posséder l’accès aux Spires, en cet instant même ! Quelle frustration de ne pouvoir que spéculer sur les mots que Myra arrivait à associer à un pouvoir tellement vaste et tellement mystérieux que chaque pas était une découverte ?

La question de la jeune femme coupa court à ses réflexions, et il eut une brève inspiration. Duncan Cil’ Eternit n’osait accentuer les craintes de la jeune femme, mais cependant, il détestait mentir, surtout quand il n’avait pas lieu de mentir.

- Je ne peux qu’espérer que la forme mystérieuse que vous avez aperçu était, sous quelque forme que ça soit, une incarnation de la divine Dame ou de notre puissant Dragon. Que devons-nous craindre s’il ne s’agit pas d’eux ?

Il avait posé la question à part lui, marmonnée dans son bouc, en essayant de faire disparaître toute blancheur de sa voix. Lui aussi commençait à sentir des tremblements le gagner à devoir approfondir la question de la Dame. Il avait toujours été fervent croyant. Et avait détesté la Dame pendant dix ans, par chagrin. Mais il devait se concentrer sur Myra. C’était elle qu’il fallait rassurait. Cil’ Eternit, mon vieux, reprends toi.

- Cela fait à peine quelques générations que Merwyn a libéré Gwendalavir du joug des Ts’lichs. Qui sait les découvertes que nous n’avons pas encore faites ? Sommes-nous en mesure de dire que nous connaissons le monde ? Et les Spires ? Les Spires sont gorgées de mystères, et vous devez être la première à avoir approché de celui-là en particulier…

Il reprit sa respiration, collecta quelques bouts de verre entre ses mains qui commençaient à se strier de tâches brunes, signe qu’il vieillissait, et reprit :

- Mais un être vivant ne peut pas vivre dans les Spires et dans la réalité, n’est-ce pas ? C’est forcément une illusion, ça ne peut être qu’une illusion, une sorte de fantôme de verrou dans les Spires. Oh Myra, je vous en prie, si vous avez souvenir d’un détail qui pourrait nous aider à percer ce mystère, partagez-le-moi…


Myra Ril'Otrin
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MessageSujet: Re: Victoire, défaite, détresse... [Terminé]   Victoire, défaite, détresse... [Terminé] Icon_minitimeJeu 21 Juil 2011 - 14:31

[ aaaarg, excuse moi du retard et ce n'était même pas à cause des exams. honte à moi --'
dis moi si ça ne te va pas et j'édite sans problème =) ]


Une incarnation de la divine Dame ou du puissant Dragon. Balivernes. De simples contes pour enfants, oui ! Deux divinités crées afin de faire trembler les plus solides guerriers et pour donner deux créatures à vénérées aux pauvres paysans. Lorsqu'elle était petite, Myra croyait en la Dame et son Héros. Mais comment peut-on encore croire en l'existence de quelque chose lorsqu'on en obtient jamais la preuve ? La dessinatrice croyait que bien avant l'existence de l'Empire, peut-être, la Dame et son Héros avaient vécu sur ces terres, mais plus maintenant. Ils erraient sans doute ensemble dans les cieux, mais ne surveillaient pas les alaviriens. Non. Seulement, une voix dans un coin de sa tête ne pouvait s'empêcher de reconsidérer l'idée de Duncan, car elle le savait, elle n'avait pas rêvé. Elle savait se qu'elle avait vu. Cependant, si elle considérait un instant que ces divinités étaient bien derrière tout cela... Cela lui faisait froid dans le dos. Si c'était possible, pourquoi avait-elle perdu son don ? Pourquoi elle ? Qu'avait-elle fait ? Tant de questions qui commençaient seulement à la tarauder et qui ne s'arrêteraient sans doute jamais.
Myra entendit tout de même la dernière phrase de son collègue malgré son marmonnement. Craindre. S'il ne s'agissait pas d'eux, un seul mot lui venait à l'esprit. Le pire. Car plus elle y réfléchissait, plus une idée prenait place en elle. Le corps qu'elle avait croisé était réellement dans les spires. Non en esprit, mais en corps. Si ce n'était eux, alors la personne ou la chose qui s'y trouvait pouvait bien être plus puissante que Merwyn en personne. Si son corps se trouvait dans les spires, ils pourrait bien être intouchable. Un drame plus intense que le verrou Ts'Liches. Que l'âge de mort.


- C'est vrai, nous avons encore beaucoup à apprendre de l'Imagination et nous sommes loin de connaître toute l'étendue du monde, mais ce mystère est de loin le plus incompréhensible. Et... j'ai bien peur de se que l'on pourrait trouver.

La dessinatrice n'en pouvait plus. Son cerveau fonctionnait à toute allure et son cœur était en mille morceaux. Elle ne pouvait plus dessiner. L'accès aux spires, à ses étendues de possibles lui était interdit. Elle avait entendu parler d'un cas presque identique d'un jeune homme, il avait pu récupérer son don par la suite, mais comme l'avait dit le maître des Légendes, les spires sont gorgées de mystères. L'idée atroce qu'elle ne pourrait peut-être plus les voir lui glaçait le sang. Ses mains tremblaient encore du choc et pour les occuper, elle refit tant bien que mal sa tresse défaite par la chute.

Ses yeux tombèrent une seconde fois sur les bris de verres que le professeur venait de ramasser. Ils vieillissaient. Tant mieux, elle n'avait pas envie de garder son œuvre. De toute façon elle était fichue.


- Vous avez raison, d'après se que l'on sait de mémoire d'homme, il est impossible de vivre dans les spires et dans la réalité. Il est impossible de vivre dans l'Imagination. J'aimerais vous rassurer et vous dire que tout va bien, mais se serait mentir. Je ne pense pas que se soit une illusion, un dessinateur tel que Merwyn n'aurait pas pu laisser la moindre trace d'un quelconque verrou dans les spires. Il était bien trop méticuleux. Mais on se doit de passer par toutes les possibilités.

Silence. Son cerveau reparti de plus belle, réfléchissant à toute allure, tentant de se souvenir d'un détail quelconque. D'un détail qui pourrait résoudre ce mystère et qui rassurerait son collègue. Mais rien. Toujours rien. Sûrement le choc. Quelque chose lui vint soudain en tête et se levant d'un bond, elle se dirigea vers ses étagères de parchemins. Regardant tous les titres qu'elle croisait, écartant quelques livres, déposant d'autres dans un coin et cherchant encore et toujours celui ou ceux qu'elle désirait trouver. Ses doigts tremblants tombèrent soudain sur l'ouvrage recherché avec tant d'ardeur. "L'Imagination et les Légendes". Un ouvrage qu'elle avait vaguement parcouru en élaborant un cours pour les premières années. Un ouvrage qu'elle trouvait sans intérêt quelconque pour le dit cours. Mais à présent qu'elle y repensait, elle comprenait ce que l'auteur essayait de dire. D'ailleurs, après avoir jeter un coup d’œil rapide, elle remarqua que le nom manquait. La date non plus n'était pas annoncée. Étrange. La dessinatrice l'emporta vers la table branlante, l'y déposa délicatement et commença à parcourir les pages en quête de celle qu'elle avait lu récemment. Elle y parvint enfin. Une reliure d'or et d'argent représentant la Dame et son Héros avec un texte dactylographié racontant une millième histoire des deux divinités. Mais cette fois-ci, pas de bavardages inutiles. Pas de beaux mots autour de la légende. Simplement la légende. Myra se retourna vers Duncan avec un sourire aux lèvres. Certes, tirant sur la fatigue, mais un sourire tout de même. Il paru comprendre se qu'il voulait dire et se leva pour la rejoindre. Elle le laissa se délecter de la reliure, puis elle prit la parole afin de lui expliquer le fond de sa pensée.

- Vous voyez, il y a de cela quelques semaines, j'avais vaguement parcouru cet ouvrage afin d'expliquer à mes élèves quelques diverses choses concernant l'art du Dessin. Je n'avais pas donner grande attention à ce passage, mais à présent je le comprend un peu mieux.

Elle lui montra plus en détail la reliure qui était sans aucun doute le point le plus important du manuscrit. Des chemins éparses défilaient derrières les deux divinités, des chemins lumineux qui lui faisaient vaguement penser aux spires.

- Là. Je sais que vous ne possédez pas le don, mais je vous assure que ces chemins ressemblent étrangement aux spires. Peut-être avez-vous raison, peut-être que le Dragon et la Dame peuvent se rendre en corps et en esprit dans l'Imagination. Mais je ne sais pas, peut-être ma vision me jouerait-elle des tours, mais la forme que j'ai entre-aperçue, était bien plus sombre. Regardez, là. Des ombres éparses sont représentées autour d'eux. Se pourrait-il qu'il existe d'autres divinités dont nous ignorerions la présence ? Existeraient-ils vraiment ?





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MessageSujet: Re: Victoire, défaite, détresse... [Terminé]   Victoire, défaite, détresse... [Terminé] Icon_minitimeDim 4 Sep 2011 - 17:52

Les considérations de Myra Ril’ Otrin allaient bien au-delà d’une simple discussion théologique que Duncan aurait pu suivre jusqu’au bout. Il avait réussi jusqu’alors, dans son raisonnement entremêlé d’inquiétude pour sa collègue, à raisonner sur le dessin et les divinités, en se basant sur sa seule connaissance théorique, et ses seules convictions religieuses, lesquelles au demeurant étaient parfois plus convaincues que la plupart des alaviriens que la religion désintéressait. Duncan donc, il fallait l’avouer, ne comprenait plus grand-chose à ce que lui disait Myra. Comment pouvait-il, en effet ? Il n’arrivait que difficilement à se représenter les Spires dans l’espace et dans l’infini des possibilités, mais ça restait une représentation froide, théorique. Il ne pourrait jamais sentir les nuances des Spires, il ne pourrait jamais ressentir la personnalité propre de l’Imagination. Il ne pourrait jamais ressentir le dessin.
Il n’y avait rien de triste, de jaloux ou de frustré dans cette considération. Il avait toujours vécu sans les Spires, et il n’avait jamais éprouvé une soif particulière vis-à-vis de l’Imagination. Il ne pouvait pas les comprendre, mais ça ne l’attristait pas ; d’autres s’en chargeaient. Seulement, confronté aux connaissances particulières de Myra, il se retrouvait dans une situation d’ignorance telle qu’il n’avait plus grand-chose à répondre à ses questions, à ses inquiétudes…
Et d’ailleurs, y avait-il vraiment quelque chose à en dire ? Il n’en était pas vraiment convaincu. Elle avait juste besoin de verbaliser. D’ailleurs, d’après ce qu’il pouvait observer, la jeune femme commençait à se sentir regaillardi ; comme si le fait de discuter ses inquiétudes, ou de les verbaliser dans l’espace lui permettait de s’en détacher et de ne pas sombrer dans l’abîme des questionnements intérieurs particulièrement destructeurs.

Elle s’était levée, et le gentilhomme manqua de se lever à son tour pour accompagner ses mouvements, s’assurer que le vertige ne la reprendrait pas, bref être là si quelque chose se passait mal. Duncan n’en eut cependant pas le temps ni l’occasion, car elle semblait parfaitement capable de bouger toute seule. Le temps qu’elle cherche ce qu’elle voulait lui apporter, Duncan finit de rassembler des morceaux de verre sur un petit guéridon, et s’amusa à tenter d’assembler les éclats entre eux, autant pour s’occuper les mains et l’esprit que par curiosité ; quelle merveille avait failli être amenée à la vie par sa collègue ?
Un livre. Il n’aurait pas du s’en étonner, après tout, ils se trouvaient dans une salle dont trois des quatre murs étaient bordés par des bibliothèque croûlant sous les anciens volumes et les parchemins effrités. Il n’aurait pas du s’étonner de ne l’avoir jamais vu non plus, il n’aurait pas du être étonné de ne pas reconnaître la couverture, ou les enluminures et les gravures. Pourtant, Duncan Cil’ Eternit, professeur de légendes et de lettres, s’en trouva légèrement vexé. L’empire de Gwendalavir était encore jeune, et la bibliothèque d’Al-Jeit contenait à sa connaissance presque tout ce qui avait été écrit, rédigé, ou raconté pendant ces premières générations d’humanité libre. Il se targuait même d’en avoir lu une très grande majorité.
Mais voilà qu’on lui apportait un livre concernant des détails cruciaux sur la théorie et les légendes qui entourent le Don du Dessin, et il n’en avait jamais entendu parler. Sa jalousie se transforma heureusement rapidement en un vif intérêt de littéraire, et il ne put s’empêcher de lui prendre des mains pour observer la finesse de la couverture de cuir, les legers accrocs là où des pages avaient été chiffonnées, sentir l’odeur caractéristique de la poussière insérée dans la reliure…
L’enluminure qui les intéressait était d’ailleurs très particulière. Elle ne regorgeait pas de motifs alambiqués ou d’arabesques complexes comme la plupart des illustrations destinées à la décoration. Elle possédait plutôt cette beauté sobre des dessins dont on doute, que l’on sait être hypothétique, que l’on voudrait presque faire oublier dans la beauté créative des lettrines de la page d’en-face.
Alors il existait des théories anciennes concernant la présence de la Dame et du Dragon dans les Spires… Et les deux professeurs de l’Académie n’étaient pas les seuls à en faire l’assomption. Cela conforta beaucoup Duncan ; la théorie des livres rejoignait leurs supputations personnelles. Ca ne pouvait être que ça, n’est-ce pas ?
Il poussa un léger soupir de réflexion.

- J’aimerais tellement pouvoir m’accrocher à cette ancienne illustration, Dame Ril’ Otrin. Et je choisis de le faire, car rien ne sert de supposer que vous avez rencontré une présence maligne dans les spires. Ca vous paniquerait, et ça n’avancerait pas à grand-chose. Penser que vous avez pu frôler la présence de la divine Dame avec votre esprit...

Son ton se fit un peu plus rêveur. Mais il chassa vite ses pensées d’un coup de tête négligent.

- C’est tout ce que nous pouvons supposer pour aujourd’hui, je le crains… Je ne peux plus vous être d’aucune aide, et nous n’avons pas assez de certitudes pour révolutionner la compréhension des Spires.

Quant à la perte effective de son don… Il sentait un abime de désespoir environner Myra rien qu’à cette pensée et il ne pouvait que la partager. Mais, et ça lui déchirait à nouveau le cœur de le dire, il ne pouvait pas l’aider. Du moins, autrement qu’en étant une présence amicale à ses côtés lors de la traversée de cette épreuve. Il aurait pu se lever, murmurer quelques politesses, et partir en lui conjurant de consulter quelqu’un de plus spécialisé que lui, mais voilà, il n’était pas de cette trempe-là. Et la reprise de l’Académie avait accru son sentiment d’inutilité et de non-ingérence à un point où il aurait saisi n’importe quelle occasion d’améliorer les choses. Quelque chose.

- Et en réessayant maintenant, ou après avoir retrouvé un certain équilibre, vous pensez que les Spires vous sont toujours innaccessibles ? Si vous souhaitez que je parte, je m’éxécuterai. Je peux rester à vos côtés lors de cette épreuve, même à titre de présence amie. Si vous le souhaitez, je connais certains exercices pour trouver une certaine quiétude, même si ce n’est pas vraiment pris au sérieux par la plupart des populations.

C’était à elle, fondamentalement, que revenait la décision. De réessayer ou pas, de rester seule ou pas, de vouloir une présence pour combattre la solitude, de retrouver une certaine intimité… Il ne gloserait sur aucune de ses décisions. Il était bien trop altruiste pour ça.


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MessageSujet: Re: Victoire, défaite, détresse... [Terminé]   Victoire, défaite, détresse... [Terminé] Icon_minitimeDim 13 Nov 2011 - 22:27

Le regard fixé dans le vague et les lèvres fermées, Myra avait peur. Une peur irraisonnée du vide qui venait à peine de s’ouvrir sous elle. Un vide si profond, si intense, si noir, qu’elle ne pouvait espérer qu’une seule chose. Sortir le plus rapidement de cet enfer. L’enfer était un bien petit mot pour décrire l’état dans lequel elle venait à peine de plonger. Des abymes l’entouraient, se rapprochant de plus en plus pour tenter de la faire entendre raison, pour tenter de lui imposer la vérité si dure à entendre. La vérité tant voulue éloignée. Elle se battait depuis sa chute pour ne pas sombrer comme certains l’auraient fait si rapidement, mais elle sentait les murs se rapprocher d’elle jusqu’à l’écraser. Elle ne pourrait plus tenir très longtemps. Sa volonté avait beau être grande, elle n’était pas inflexible. Elle appréciait plus que tout l’art si subtil du Dessin et son don était hors de sa maigre portée humaine. Elle ne pouvait l’atteindre, lui dans sa lumière, et elle s’enfonçant irrémédiablement dans l’ombre.

La dessinatrice ne se sentait pas bien. Un relent monta dans sa gorge, mais avant qu’il ne se présente, elle réussit à le contenir. Son ventre criait au supplice et elle souffrait le martyr. Son esprit, pourtant étrangement calme jusqu’alors, commençait à s’affoler. Il ne comprenait plus le sens des événements. Toutes ces idées pénétrant dans ses pensées étaient à la limite du supportable. Sa volonté vacillait. Elle se retint à la table et, de peur que le maître des légendes ne le remarque, elle alla se poster devant la fenêtre. Elle respira et se concentra sur les paroles de Duncan Cil’Eternit.

Révolutionner la compréhension des spires. Mais est-ce que eux, alaviriens, simples hommes, comprenaient-ils déjà ne serait-ce que la moitié de l’art si intense et mystérieux qu’était le Dessin ? Elle ne le croyait pas. Ils avaient encore tant à apprendre, eux, simples insectes aux côtés de l’Imagination.
Simples initiés.
Simples mortels.
L’art de parcourir les spires était tellement plus que cela, que de faire apparaître quelques objets que se soit dans la réalité. Bien plus. Tout un autre univers se cachait derrière ces possibles infinis. Mais elle ne pensait pas qu’un jour elle les verrait. Ou reverrait. Peut-être plus jamais. La femme sentait dans la voix de son ami qu’il n’était pas sûr de se qu’il disait, qu’il ne comprenait pas se qu’elle essayait de lui dire. Il n’était pas dessinateur, les spires ne lui avaient donc jamais été présentées. Elle ne pouvait pas parler librement de cela avec lui, même si elle ne doutait pas qu’il ferait tous les efforts du monde pour réussir à la comprendre.
Son collègue s’était arrêté de parler. Le silence régnait alors et l’on pouvait presque distinguer le cliquetis des armes utilisées par les élèves du maître d’armes quelques étages plus loin. Les feuilles tombaient au dehors, le ciel devenait gris de jour en jour et l’odeur de la pluie s’introduisait peu à peu dans chaque pièce jusqu’à s’imprégner dans la pierre. L’automne prenait place et une nouvelle année avait débuté depuis peu. Le calme était revenu sur l’Académie et les cours redémarraient en douceur. Les cours. Elle failli hurler de colère lorsqu’elle comprit un infime détail qu’elle avait oublié de prendre en compte. Un détail pourtant si primordial. Comment allait-elle pouvoir assurer les cours de Dessin sans son don ? Tâche déjà si ardue l’ayant à ses côtés, mais à présent encore plus complexe. Elle pouvait laisser les rênes à sa nouvelle assistante, mais là était bien le problème ; Ciléa débutait dans le rôle de professeur. Myra n’avait pas le droit de la laisser seule face à une telle charge. La jeune professeur avait à peine eu le temps de présenter son premier cours. Cependant, la chose qui lui faisait le plus de peine était qu’elle n’avait pas le droit d’abandonner ses élèves. Pas maintenant. Pas après toutes les épreuves qu’ils avaient endurés, pas après toutes les pertes. Elle n’avait pas le droit de partir loin de l’Académie alors que certains de ces enfants souffraient encore. Elle ne voulait pas leur rajouter une perte de plus, même infime. Elle ne s’en sentait pas le courage. Elle se haïssait de s’être plainte de son sort avant de penser aux élèves qu’elle devait former. Elle devait rester. Elle hésitait cependant, car elle n’aimait pas trop mentir à l’Intendant. Il ne voudrait sûrement pas d’un maître dessinateur estropié de son don. Il tenait trop à tenir en ordre la prestigieuse école dans laquelle Merwyn Ril’Avalon avait mis tous ses efforts. Il fallait qu’elle ne parle à personne de sa perte, mais Duncan était au courant. Pouvait-elle lui faire confiance ? Oui, sans doute, mais saurait-il se taire ?

La dessinatrice se retourna et fit face au professeur. Il commença un nouveau discours. D’un tempérament plutôt agréable, il tentait en vain de la rassurer, de l’aider. Il ne pouvait rien pour elle, la femme le savait. Le petit homme était d’une bonté incroyable. Lorsque d’autres se seraient contenté de demander si cela allait avant de s’éclipser pour retourner à leurs précédentes occupations, lui, il était resté encore et encore, tentant de comprendre et d’aider du mieux qu’il pouvait. Elle voyait dans son regard l’inquiétude qui l’habitait. Elle l'aimait bien.


- Je vous remercie, vous avez déjà beaucoup fait pour moi, mais je crois que j'ai besoin d'un peu de tranquillité. Je suis fatiguée et je ne me sens pas la force pour une nouvelle tentative.

La voix de Myra vacillait. Elle lui adressa un sourire avant de s'approcher de lui pour lui baiser la joue en signe de remerciement. Elle ne lui enjoignait pas de la laisser seule simplement parce qu'elle était exténuée ; elle avait seulement peur de lui avouer la vérité. Elle avait peur. Peur de se voir bloquer une seconde fois le passage, peur de se heurter à un mur plus solide que la vargelite des armures de la Légion Noire. Pour l'instant, elle ne voulait pas savoir.
Duncan répondit à la jeune femme avant de se détourner en direction de la porte, mais avant qu'il ne franchisse le seuil, la dessinatrice l'interpella une dernière fois.


- Encore merci. Votre compagnie m'a été fort agréable.

Il sortit, ferma la porte derrière lui et elle se retrouva seule au milieu de la grande salle vide. Au milieu de la grande salle silencieuse et terne. Fade. Son regard plongé dans le vide, elle pensait. Elle pensait beaucoup trop et ses yeux commençaient à la démanger. Une larme perla sur sa joue, la parcourant tout du long avant de s'écraser sur le sol froid. La jeune femme s'effondra à terre, le visage enfouit dans ses mains. Une sensation si inhabituelle la déstabilisait. Une sensation qu'elle n'avait jamais ressenti jusqu'alors. Une sensation qu'elle aurait préféré ne jamais ressentir. Elle ne distinguait plus la frontière entre les spires et le monde réel. Le gouffre dans lequel elle venait de pénétrer s'était soudain élargi. Un désespoir immense commença alors à l'envahir. S’allongeant sur le sol, elle replia ses genoux vers elle et elle laissait couler toutes les larmes qui le désiraient. Elle entendait les pas de Duncan dans le large couloir de pierre et le son du vide ouvert dans son âme.




[excuse moi du retard, je suis nulle. J'ai toujours pas d'excuse, simplement que j'aime prendre du temps pour écrire les posts que j'aime ^^
Bref, voilà, j'ai pris la peine de clore notre beau rp parce qu'il est là depuis pas mal de temps et ça sert à rien de s'éterniser même si c'est sympa =) ]


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