Négociations à risques... (RP terminé)

Ivan venait d'arriver à Al-Poll. Comme il l'espérait, le voyage lui avait pris peu de temps et tout se passait comme escompté. Il ne lui restait plus qu'à rencontrer ce mystérieux maître que Valen Til' Lleldoryn cherchait tant à démasquer. L'Auberge du Siffleur avait-elle dit...

Il connaissait l'endroit de réputation. Bientôt, il parvint devant la porte lugubre de l'auberge. Le temps d'aller installer et attacher sa monture dans l'écurie de l'auberge, et il était à l'intérieur. L'atmosphère était plutôt sombre et débraillée, mais cela ne dérangeait pas le pirate. Cela lui rappelait même l'époque où il descendait dans les cales de son navire pour réveiller son équipage de forbans et d'ivrognes. Il avisa une table qui lui semblait placée dans un endroit visible et il s'y installa après l'avoir débarrassée de l'ivrogne qui s'y était endormi. Les jambes allongées sous la table, il héla l'aubergiste en plantant la dague sur la table, de manière à ce qu'elle soit vue par l'homme qu'il cherchait à rencontrer :

- Aubergiste, une bouteille de rhum!

L'attente commençait... mais cette fois, il ne serait pas ivre. Il devrait peut-être recourir à la plénitude de ses réflexes...

[Dijuuuuu pas moyen de trouver de l'inspi pour ce fihu post ><' je suis vraiment désolée pour l'attente ]

Sur le toit de l'habitation qui faisait face à l'auberge du siffleur se tenait, accroupie, une ombree dans la nuit. Ses cheveux blonds reflétaient l'éclat de la lune, alors que ses yeux, aussi sombre qu'un ciel de tempête restaient fixé sur la rue...
Etrangement, l'homme était habillé sobrement, sans tous ces habituels bijou, les tissus de brocard et autres bourses sonantes... Plus etrange encore, il ne portait pas non plus ses vêtements de cuir souple, aussi moulantes qu'une deuxième peau, où se dissimulaient dans tout un tas d'interstices des armes en tous genre... Rien de cela. Aujourd'hui, Dolohov Zil' Urain n'avait qu'une ambition. Voir sans être vu, et en cas de raté, passer simplement pour un homme de norme. Ca ne devrait pas être plus compliqué à porter que son masque habituel...

Le mentaï en effet était plus que nerveux ce soir. Depuis peu, les évènements échappaient totalement à son contrôle. Le démon lisait dans les pensées, ce qui était probablement la pire chose qui avait pu se passer. Shaïlan était de retour dans sa vie, pour le meilleur et pour le pire. Il sentait plâner au dessus de sa tête les questions des grands maîtres, des plus anciens et vieux renards de cette fichue gilde... Et il savait que son salut, s'il l'obtenait, ne serait dû qu'à ses talents de manipulateurs et à sa ruse.
Pire... Marlyn ne s'était pas présentée, la veille, à sa troisième leçon.
Pour résumer la situation, ça signifiait:
1) Qu'elle l'avait trahi
2) Qu'elle s'était fait attraper
3) Qu'elle était morte.

Ce qui n'était absolument pas réjouissant. Qu'elle l'ait trahi, surtout, aurait été dangereux... Son visage était connu, en ville... Quant à disparaître, ça ne poserait pas vraiment de problèmes, il avait -comme tout mentaï prévoyant- prévu quelques cordes à son arc... Mais il n'en avait pas du tout envie. Disparaître, c'était perdre son panache, son anonymat et surtout, surtout, assumer publiquement un échec des plus catastrophiques pour sa guilde.
... Et puis notre blond savait que dans ces conditions, il ne vivrait pas vieux. Lindörm voulait Marlyn, vivante et dans son camp, et Dolohov savait à quoi ressemblaient ses colères.
Qu'elle se soit fait attraper, il l'envisageait à peine. Après tout, si elle avait été véritablement découverte, cela impliquait sa mort future, après torture et donc, un grand risque de trahison.

Le mentaï cilla, tâchant de ne pas se mettre en colère maintenant. La colère gênait la concentration. Il avait toujours eu une très haute idée de lui-même. C'est pour cette raison qu'il avait choisi de défier la norme, en prenant Marlyn pour apprentie. Les mercenaires prenaient toujours à leur côté des solitaires, des caluculateurs froid, qui restaient des esprits maléables une fois.. étudiés.
Lui, il avait choisi une fille, à l'image d'un incendie. Elle attirait tous les regards, de part son immense pouvoir et son physique si particulier. Elle avait un caractère trempé, et pourtant, son esprit était si faible.. Si facile à détourner...
Il avait visé trop haut. Elle avait surement été découverte. Elle était trop en vue. Il s'était produit trop de choses en rapport avec elle... Trop de détails.
Les lèvres de l'ombre se serrèrent davantage en repensant à Lindörm, qui décidément avait la patience d'un jeune chien fou, et qui le croyait capable, en seulement deux leçons, d'enseigner les subtilités de l'art des mercenaires...

Tout ça n'avait que peu d'importance. Si le mentaï n'avait pas encore fui, et se trouvait ce soir là perché sur ce toit, outre son orgueil démesuré, c'était à cause de ce message étrange, perçu il y avait quelques temps maintenant... Murmure, caresse mentale de sa chère apprentie pour lui.

Elle n'était donc pas morte. Ce qui bornait les option à une trahison dans les règles. Ou un emprisonnement raté. Quoique la deuxième perspective était peu probable... Ce n'était pas Alasa qui aurait été l'aider. Non, son autre apprentie, la sauvage, ne pensait qu'à sa survie, et ne s'intéressait que peu aux humains... Si peu..
Mais. Dolohov refusait de croire que "son ange" l'avait trahi, berné, écrabouillé derrière ses manèges. Alors il était venu, à l'instant même ou le message était parvenu, il avait contacté son réseau, évitant le tenancier de l'Auberge, qui avait des comportements étranges en ces temps troublés.
Et comme eux, qui guettaient, à l'intérieur, sous un porche, ou sous leur couvertures habituelles et insoupçonnables, il attendait.

Personne à l'intérieur, ni garde, ni académicien, ni même professeurs. Ce guet apens, si c'en était un, avait quelque chose d'amateur, de balourd, qui aurait pu tâcher la réputation du maître d'arme.
Personne à l'extérieur, il pouvait le confirmer. Puis, au bout de quelques temps, un passant attira le regard de la vieille indicatrice. A cheval. Il cherchait le nom des enseignes des yeux. Ses vêtements étaient atypiques. Le mentaï attendit, repéra la silhouette et ne put retenir une moue surprise.
Lui.
Qui descendait de cheval, prêt à rentrer dans l'auberge une fois son cheval attaché.
Lui. Le chien galeux qu'il avait promis à la jeune fille de tuer. Derkan. Sa démarche chaloupée d'homme de mer, son air goguenard, fier, ridiculement prétencieux... L'éclat argenté d'une dague ceinte à sa taille.
Un des "ivrognes" lui transmi par imagination une image plus nette de la dague, que le nouveau venu avait planté dans la table... Signe de menace pour ses congénères ou signe tout court?
"Sareyn" était gravé sur le poignard. Le mentaï sourit. Son interlocuteur était donc bien là, et envoyé par sa chère élève.
Etrange, le contact transmi que la dague avait quelque chose d'anormal, comme un dessin mal assuré.
"Va le voir", ordonna t'il a l'homme. "Si tu suis mes indications jusqu'au bout, ta dette pour moi sera payée"

Il bougea quelque peu, jusqu'à avoir une vue sur l'intérieur de la salle, par une fenêtre sale. Son homme s'asit face au pirate, l'air faussement émeché, la dague prompte à partir.

"Dis-lui qu'ici, un homme ne boit jamais seul. Et qu'il est étrange qu'un homme de sa prestance ne soit pas accompagné d'une charmante demoiselle."

Et j'aviserai, acheva mentalement le mentaï, tous les sens aux aguets.

[tant qu'à faire, (et te connaissant un minimum, je me dis que l'éventualité est probable) j'aimerais que tu ne me repères pas ou au moins, pas tout de suite. Ca le fairait, non, un duel sur les toits? XD ]

L'homme qui vint parler à Ivan n'était assurément pas aussi ivre qu'il ne le prétendait, le pirate avait participé à trop d'orgies en tous genres pour ne pas savoir reconnaître un homme quand il est véritablement ivre. Assurément, l'inconnu savait y faire, mais Ivan doutait qu'il s'agisse de l'obscur maître de Marlyn... le faux ivrogne manquait passablement de charisme et seul un homme charismatique aurait véritablement pu enflammer Marlyn à suivre la voie des mercenaires du Chaos. La jeune fille avait un caractère trop bien trempé pour suivre n'importe qui.

Quand son interlocuteur lui fit cette remarque étrange, le pirate comprit qu'il s'agissait bien d'un envoyé de ce mystérieux maître, un envoyé prêt à se défendre en cas de besoin. D'une railleuse, Ivan rétorqua :

- La charmante demoiselle qui devrait accompagner un homme de ma prestance a passé une mauvaise journée et m'aurait incommodé à force de tomber en syncope! Mais, compère, sois rassuré, elle m'accompagnera la prochaine fois et je te laisserai même en profiter!

Ivan s'était exprimé à la manière d'un homme passablement ivre et, d'un grand geste ample, il asséna une grande claque dans le dos à son interlocuteur qui vint buter contre la table et qui perdit la dague qu'il avait préparée en cas de besoin. Ensuite, faisant semblant d'essuyer le rhum qu'il avait renversé sur les vêtements de l'inconnu, il lui dit à voix basse, en remuant à peine des lèvres :

- Dis à ton maître que je lui remettrai personnellement sa donzelle, mais, auparavant, il devra me parler pour régler certains détails pratiques. Sinon, il y a de grandes chances pour qu'il ne la revoie jamais...

Le mentaï retint un soupir d'agacement, relevant mentalement les imperfections du comédien qui était son indicateur. C'était toujours le problème, lorsqu'on exécutait pas une tâche soi-même: les autres bâclaient.
Ses yeux s'étrécirent, entre fureur et amusement. Derkan avait beau posséder tous les vices et immondices que le mentaï pouvait imaginer était et restait... un être cérébré. Et visiblement, il comptait juste, lui aussi.
Un imbécile n'aurait vu dans ses gestes que ceux d'un ivrogne.
Un ivrogne qui venait de désarmer son indicateur.
Un ivrogne à peine attablé.
Un sourire apparu sous la cagoule, et Dolohov reçut la première réponse. Ironie...

En d'autres circonstances, il aurait peut-être pu s'entendre avec le loup de mer. Au moins assez pour l'utiliser.

Ses pensées partirent, et l'indicateur les délivra, à voix haute. On se méfiait des chuchotteur, et notre blond refusait, pour une fois, que son tenancier préféré ne soit au courrant de quoi que ce soit. Trop risqué. Trop de bruissements parmi les mercenaires.

Il vit son indicateur rendre sa claque à Ivan, dans un mouvement naturel.
Son rire éclater... Il lut sur ses lèvres les mots créés:

Quel maladroit tu fais, vieux phoque! Un peu de prudence, que diable, ou je t'enverrai la note de mon teinturier... Il sait se montrer bien plus menaçant que moi, et est très pointilleux sur ce qui touche aux dettes. Mais bref, je me ferais une joie de rencontrer ta donzelle, l'ami. Mais tu comprends, j'ai besoin d'être.. convaincu que je ne bougerais pas pour rien...

Ivan éclata d'un rire paillard et répondit aussi sec dans une parfaite imitation d'ivrogne :

- Tu ne bougerais pas pour rien, compère! Passer la nuit avec elle, c'est inoubliable! Mais, méfie-toi de ses couteaux, elle les cache un peu partout et ne se gênerait pas pour t'émasculer si tu as le malheur de lui déplaire! Aussi sec!

A ces mots, le pirate empoigna le couteau dessiné par Marlyn dans un geste fulgurant et le planta entre l'index et le majeur de la main droite de son interlocuteur sans qu'il puisse réagir. La lame vibrait encore quand Ivan se rassit confortablement.

- Elle est aussi vive qu'un serpent et laisse sa signature sur chacune de ses dagues! Tu aimerais partager la couche de cette tigresse, compère! J'en suis certain! Tout ça, ça n'est plus de mon âge... elle est trop difficile à dompter pour un vieux loup de mer comme moi. Mais pour un jeunot comme toi, ça en vaut la peine!

A ces mots, le pirate empoigna son verre et but une longue gorgée. Il savait que son interlocuteur comprenait le message sous-entendu dans ses paroles tellement anodines. L'inconnu sembla examiner l'arme tandis qu'il buvait à son tour. Aucun des deux n'était dupe de la comédie de l'autre, mais les gens aux alentours n'y voyaient que du feu et c'était ce qui importait. A la façon des ivrognes qui ont une rumeur croustillante à raconter, il amena la tête de l'inconnu plus près de lui en l'attirant de la main et parla sur un faux ton de comploteur :

- Moi, je veux juste retrouver la mer, l'ami. C'est la seule compagne que j'ai aimée! Amène-moi donc à ton teinturier que je règle ta note avant que je ne reprenne la mer. Ensuite, la donzelle sera toute à toi!

L'ultimatum dissimulé sous ces paroles délirantes ne laissait aucun doute à l'interlocuteur. Ivan refuserait d'amener l'homme à Marlyn, pas avant qu'il n'ait conclu son affaire avec l'obscur maître de l'élève en fuite.

Le mentaï eut un sourire mauvais, en entendant l'autre parler. Pas exactement par sympathie, plutôt en imaginant les perspectives qu'il avait pour amener cet espèce de cachalot putride dans le viseur de ses harpons.
Et bon sang, la peau de la créature semblait plus glissante qu'on ne le pensait... Il maniait bien les mots, pour un vulgaire roturier sans manières...
Peut-être était-ce le panache des fils de l'Océan...
Peut-être était-ce un hasard des plus amusants pour le chasseur, dont la haine croissait de secondes en secondes...

Parce que ce pirate était une insulte à l'humanité toute entière.
Parce que ce pourri était une tâche sur son palmarès des plus envieux.
Parce qu'à l'instant où il parlait d'elle, le mentaï lisait sur ses traits qu'il croyait à tout ce qu'il avançait.
Qu'elle avait vraiment ce côté fauve. Et qu'il était vraiment trop vieux, sans quoi...
Parce que pour la première fois de toute sa vie, Dolohov avait envie d'assassiner lui-même celui qu'il appelait déjà "chien".
Son indicateur s'inquiétait.. Normal.
Derkan, il fallait bien lui laisser cela, n'était pas un homme stupides... Ses réparties étaient tout aussi bien pensées que celles du mentaï, et il frappait là où ça faisait mal.

"Une main blessée... Et je suis désarmé... "
"Accomplis ta mission. Tu seras libre et payé. Deux gemmes par blessures supplémentaires qu'il te causeras."
"Mais..."
"Ou tu quittes l'auberges. Et je t'attendrai dehors"
"Vous me menacez?! Je lui dirai où vous vous trouvez!"
Un petit rire lui échappa.
"Là où j'aurais enfermé ton corps mutilé pour la peine, je jeterai son cadavre puant, que ce ne soit pas de faim que ta vie se finisse... Insignifiant, je t'interdits le moindre écart. Ou crains ma colère..."

L'autre se tut, et hocha la tête en finissant son rhum. Le mentaï blond pensait à présent à la façon d'entuber le pirate dans les règles de l'art, ce qui impliquait forcément... d'éloigner le tenancier très vite.
Décidément, parmi les membres de la guilde du chaos, les temps changeaient... dommage.

"Commande un tonneau de rhum, pour fêter ta rencontre avec lui. Offre, tu seras remboursé. Bien... Quand le tenancier se sera éloigné, tu éclateras de rire. L'homme assis trois places à ta droite va s'éfondrer. C'est un allié du tenancier, si ça tête tombe vers ta chaise, débrouille-toi pour l'éliminer. Personne n'a à comprendre cette affaire. Bien. Maintenant, ouvre grand tes pavillons, mon enfant, le message a transmettre est simple:
Mon teinturier n'a pas pour habitude de s'occuper de la voilure des navires sans que les capitaines n'aient versés d'accomptes importants. Plus le ravail est important, plus il doit être motivé. Sinon, mon coeur, tu resteras sur les quais à dompter ta tigresse jusqu'à ce que ton coeur épuisé ne lâche au loin. Dommage pour moi, si je ne la rencontre jamais, compère, mais j'ai touché la peau de bien d'autre. Sois sans craintes, j'ai de la réserve avant de m'ennuyer."

Il s'interrompit, étudiant le profil de son indicateur. Cette fois encore le message était passé. Et le mouchard voisin neutralisé. Le tenancier revenait, et se faisait remballer aussi sec par son homme de main, qui souhaitait à présent un cru d'exception.
Dolohov cilla. Les masques tomberaient très bientôt...

Ces négociations masquées ennuyaient Ivan. Le pirate avait été parfaitement clair. Puisque ce fameux maître persistait sur cette voie, il ne lui restait plus qu'à faire avancer les choses à sa manière.
Alors qu'il s'apprêtait à sortir la dague qu'il dissimulait dans sa manche, son interlocuteur eut un geste plutôt bizarre au vu des circonstances. Il se leva, et se plaça dos à la fenêtre, puis, comme un de ces ivrognes qui commèrent entre eux, il s'approcha de l'oreille d'Ivan, et lui murmura:

-Compère, si tu veux voir mon teinturier, sors d'ici, et va sur le toit d'en face. Arrange-toi pour ne pas me mêler à cette affaire.

Le sourire du pirate s'accentua encore. On lui livrait pratiquement le maître sur un plateau ! Et, autour d'eux, personne ne se doutait un temps soit peu de ce que les deux hommes complotaient, entre leur chope de rhum. Se saisissant de la dague que Marlyn lui avait si gracieusement donnée, Ivan se leva, le regard vers la fenêtre. Le teinturier était là, en effet, à peine visible...

-Très bien, et bien je m'en vais de ce pas apporter son acompte au teinturier !

Il sortit de l'auberge, et avec une souplesse innatendue pour un homme de son âge, il se hissa sur le toit voisin. Le mystérieux Maître de la donzelle se tenait là. Et il ne s'était pas trompé. Seul un homme aussi charismatique aurait sû attirer la jeune tigresse. Le pirate se tint sur ses gardes, conscient du danger, et lança, la voix railleuse :

-Voici donc le teinturier ! Je viens t'apporter ta donzelle, Mentaï, mais avant cela, si nous discutions prix et affaires ?

Ce saligaud avait osé s'infiltrer dans ses pensées! Ivan l'avait senti... ce n'était pas la première fois qu'on lui faisait le coup, la différence... c'est qu'il s'y était attendu les autres fois. Tout avait été si vite. Peu importe, il savait ce qu'il lui restait à faire pour que l'inconnu n'ait pas l'occasion d'en profiter une seconde fois. Focaliser fanatiquement ses pensées sur une chose en particulier gênait toujours les dessinateurs, surtout quand c'est une chose qui les blesse.

Ivan dégaina son sabre et se jeta comme un lion sur Dolohov. Au bout de quelques passes d'armes enragées dont le pirate parvint à se sortir indemne, et de peu, il comprit qu'il n'aurait pas le dessus en combattant loyalement. Une chance pour lui, le combat déloyal, ça le connaissait! Depuis qu'il a fait ses premiers pas comme mousse sur un navire, il utilisa fréquemment toute sa ruse et sa fourberie pour sauver sa peau, et c'est un art dans lequel il se révéla être un maître. Aussi, tout en montant pour rencontrer l'obscur maître de Marlyn, le pirate s'était emparé de divers objets qu'il avait glissé dans ses vêtements. Cela faisait fort longtemps qu'il avait retenu la leçon : tout objet pouvait devenir une arme...

Subitement, quand l'inconnu menaçait de le déséquilibrer et de l'estoquer, Ivan sortit un jambon de son dos et le projeta violemment sur son adversaire qui le reçut en pleine tête, le déconcentrant ainsi un bref instant que le pirate mit à partie pour prendre le dessus et tenter de se débarasser de son adversaire.

- Un peu de jambon, compère? S'était-il exclamé lorsqu'il avait lancé le projectile peu catholique.

Le vent souleva les cheveux du mentaï, qui feinta vers la gauche pour éviter un premier coup de son assaillant, donc le sabre était aussi aiguisé que ses coups maîtrisés.
Le combat commença, les lames vibrantes de la mort approchante...
Rares étaient les occasions où Dolohov avait pu disputer en duel un roturier capable de tenir le rythme...
Il s'enorgueillissait d'avance de mettre à terre un adversaire aussi bon au sabre.
Car il allait le battre, évidemment. Il ne pouvait en être autrement.

La première surprise vint quand le cachalot lança au visage de son adversaire ce qui ressemblait à une collation non entamée, qui lui heurta violemment la joue.
Voilà maintenant que le pirate prenait le dessus, fier de sa traîtrise.
Du jambon...?! Le mentaï sentit la colère monter, l'endigua comme il put, se concentrant davantage sur les actions à venir.
Une saloperie de jambon dure comme une pierre, qui roula du toit jusqu'au sol. Même un chien errant n'en aurait voulu! Et quelle insulte... Même en cas de situation, un dueliste correct se devait de respecter un temps soit peu le rang de celui qui l'affrontait. Être dans les plus puissants de la guilde occulte, ce n'était pas rien, tout de même...
Un coup de pied bien placé lui permit un retournement, et accessoirement de récupérer le dessus. Non mais.

-Je me satisferai de ta tête, au dessus de ma cheminée, que je placerai entre la hyène et le chacal, cracha-t'il, parvenant à blesser le pirate au genou, par un coup particulièrement traître.

[scuse moi... les rps de combat, je crois pouvoir affirmer que ce n'est pas mon truc =.=' Vivement ta prochaine idée :lol: ]

En une contorsion vigoureuse, Ivan se releva en flaquant au passage ses deux pieds dans l'abdomen de Dolohov qui recula en se pliant en deux. Dégainant alors sa hachette, il le projeta sur le Mentaï qui dévia le projectile de peu pendant que le pirate s'était rué sur son sabre en plongeant et roulant au sol pour se relever dans la foulée.

Les deux protagonistes se ruèrent dessus une fois de plus avec violence. Bien que boitant, Ivan résistait toujours à son opposant avec une fourberie inégalée. Au terme d'une passe, le Mentaï parvint pourtant à le désarmer adroitement et le pirate esquiva alors l'attaque suivante en venant se coller à Dolohov. Lui mettant un coup de genou violent à l'entrejambe, Ivan en profita rapidement pour enlever la ceinture de Dolohov de la main gauche alors qu'il préservait sa gorge du fil du sabre de son adversaire en luttant à la force du bras droit. Menacé de perdre cette épreuve de force, il se laissa alors tomber en arrière en entraînant le Mentaï avec lui tout en le projetant par une habile ruade.

Passablement sonné par le choc de la chute, Dolohov se releva moins rapidement qu'Ivan et le pirate se servit alors de la ceinture prise à son adversaire comme un fouet, la faisant s'enrouler autour du mollet droit du noble furieux qui retomba sur ses fesses suite à la traction qu'exerça Ivan vers l'avant. Se ruant sur son adversaire, le pirate sortit une bouteille de rhum de la poche de son ample manteau qui avait été miraculeusement préservée et la brisa sur la tête du Mentaï en s'exclamant :

- De la bière pour le dessert, compère!

D'un coup de manchette au poignet, il désarma alors Dolohov avant d'enrouler la ceinture de ce dernier autour de son cou pour l'étrangler. Le Mentaï, pour le moins étourdi par cette répétition de chocs violents, ne se défendait évidemment plus avec son efficacité coutumière et tentait dans un sursaut de volonté de se débarrasser du pirate qui était aussi collant qu'une sangsue. Maintenant la pression, et même l'intensifiant, Ivan plongeait son regard implacable et sadique dans celui de Dolohov :

- Cela fait quoi d'être cravaté, p'tit père?!? Tu m'en diras des nouvelles de ta jolie cravate, nouée avec amour!

Le pirate triomphait. Le visage de Dolohov prenait une teinte violacée et le Mentaï se débattait en vain, Ivan savait que c'en était fini. Mais il ne pouvait pas voir la dague que le Mentaï tirait de sa botte...

Les chocs, et à présent, l'asphixie.
Le sang qui ne montait plus, la peau qui brûlait...
Et le regard du cachalot, goguenard, penché au dessus de lui, savourant cette sensation de pouvoir qu'offrait le fouet de fortune...
Il ironisait, alors que la vue du mentaï se brouillait doucement.
Dolohov, d'un mouvement qui parassait naturel pour un homme qui se débatait, approcha sa jambe gauche, se saisit du poignard que dissimulait sa botte, et frappa un grand coup, précis, dans l'haine du mentaï, qui poussa un glapissement des plus disgracieux, et profitant de sa déconcentration momentannée, il lui envoya un bon coup de pied "là où la douleur était plus cuisante que n'importe quelle brûlure" en brisant la pièce de cuir étrangleuse d'un revers du poignard. Ivan vacilla, blessé et déséquilibré...
Le verre jeté à terre luisait doucement sur la lune, et en reprenant doucement une couleur normale, Dolohov remercia l'inventeur de la cagoule de cuir, qui lui avait évité d'être sérieusement défiguré... Et se redressa.
Les deux adversaires se firent face.
Ivan n'avait été blessé qu'à un endroit, mais bien plus gravement que le mentaï blond. Lui, par exemple, possédait toujours le moyen de se déplacer avec une agilité non pas maximale, mais toujours correcte, et à une vitesse importante. Tandis que chaque pas que ferait le pirate accentuerait la gravité de la plaie...
Et comme pour prouver ses pensées, Ivan tenta un pas dans sa direction, couina, surpris.
Un sourire étira les lèvres masquées de son adversaire, qui recula encore.
Le pire lui lança une invective toujours aussi imagée que les précedentes, qui signifiait clairement qu'il était un lâche, et qu'il n'avait qu'à venir voir ce que c'était un "vrai combattant".
Le verre étincelait, et le manipulateur en choisit un morceau encore fort long et dont la poite était éfilée.
Il joua avec elle un moment, autant pour reprendre pleinement son souffle complètement que pour laisser au pirate qu'il allait gagner quelles que soient ses mesquineries.
Le verre retrouva sa position correcte dans les mains du mercenaire, qui le lança comme une fléchette et coupa superficiellement le bras gauche d'Ivan qui avait sauté dans un effort de volonté aussi désespéré que farouche.
Le mentaï hésita...
Le maître disait souvent, aller à l'efficacité. Un bon mercenaire était un mercenaires qui ne laissait derrière lui que des souvenirs imprécis et terrorisés, des cadavres amoncélés, parce que les cadavres ne parlaient pas. Les cadavres étaient même incapables de raconter la manière dont ils avaient franchi la dernière frontière. Il n'y avait aucun scrupule à avoir à utiliser toutes les armes.

Mais Dolohov avait pour défaut l'orgueil. Et si le cadavre d'Ivan ne pourrait conter à ceux qui le trouveraient si son agresseur avait ou non utilisé le Don pour l'achever, lui, le mentaï, le saurait.
Et utiliser toutes ses armes contre ce qu'il n'estimait pas plus qu'une fiente de mouette était dégradent pour l'image qu'il avait de lui-même.
Alors il s'élança, sachant pertinnement que cet assaut serait le dernier, et que si Derkan parvenait à éviter le coup de poignard fatal, il ne résisterait pas à celui de l'arme sortie de l'imagination du "teinturier", qui se ficherait directement dans son dos.
Dolohov bondit, retenant un éclat de rire dû à l'adrénaline...
Il ne lui restait probablement plus d'armes... si?

[Boui. On ne fera pas de commentaires, hein ]

La chance avait abandonné Ivan. Pour la première fois de sa vie, le pirate devait reconnaître qu'il était défait, sans espoir d'y échapper cette fois. La blessure qu'il avait reçue était plus grave encore qu'il n'y paraissait, il le sentait... ce n'était pas la première fois qu'il était blessé, mais ce serait sans doute la dernière.

Sa blessure l'affaiblissait et l'empêchait de se battre efficacement. Face à un adversaire qu'il présumait être l'un de ces mercenaires du Chaos, en raison de son habileté, il était désormais totalement impuissant. Tuer un homme surentraîné, probablement plus jeune comme le laissait entendre son timbre de voix, et moins gravement blessé, cela tenait de la pure chance. Et voilà que son adversaire le chargeait à nouveau! Ivan se savait déjà mort, mais ce n'était pas cette ordure qui lui imposerait la manière de mourir! Le pirate retournerait les choses à sa manière... une mort digne!

Quand Dolohov arriva au contact, Ivan dévia le bras de son adversaire au dernier moment en se laissant choir, entraînant le jeune noble avec lui. La dague du mercenaire s'était plantée dans son côté gauche... mais le pirate, en acceptant d'encaisser l'attaque, avait pu aveugler son adversaire en lui enfonçant ses doigts dans les yeux. Dégageant sa propre dague de sa manche, il le frappa violemment au crâne du pommeau de l'arme en poussant un cri de douleur sous l'effort. La main droite de Dolohov se tendait maladroitement pour lui enserrer le cou, mais le pirate appuya sur un bouton à la base de la garde de sa dague, actionnant ainsi un mécanisme qui sépara la lame en trois fines lames distinctes et acérées. On s'en servait habituellement pour bloquer l'arme d'un adversaire, mais le pirate avait d'autres projets...

Il frappa de toute ses forces la main droite qui lui enserrait à présent le cou, perçant la paume de part en part. Ivan avait bien failli se tuer lui-même sur ce coup-là... Dégageant l'arme, il repoussa de toutes ses forces le corps de son adversaire qui criait de douleur... lui-même hurlant à cause de la douleur que provoqua ce violent effort. Le Gardien des clés de l'Académie de Merwyn avait compris ce que Valen Til' Lledoryn attendait de lui, il avait compris que le demi-Faël l'avait manipulé... mais personne ne le saurait jamais, c'était une certitude. Se relevant à grand-peine, il marcha péniblement vers le rebord du toit avant de se redresser fièrement en serrant les dents et en pointant sa dague vers le ciel avant de pousser un ultime cri de guerre :

- Mort, je suis Ivan Derkan et je viens te rejoindre!

Son cri résonnait encore dans Al-Poll lorsque se laissa tomber en avant, basculant dans le vide...