La Coupe des Trois Maisons [Terminé]

Messages : 426 Inscription le : 20/11/2009 Age IRL : 29

[Voila voila, sur la demande de pas mal de monde, ce Rp est ouvert. A vous la suite. Et éditable, bien sur, notamment par rapport à l'absence des Primats et de Jehan, s'ils veulent être là ]

C’était pour ce soir, le résultat que tous attendaient depuis plusieurs semaines déjà.
Lya se réveilla avec cette conviction hantant son esprit, promettant une longue journée jalonnée d’impatience de la part de tous. La bataille, [la guerre ?], avait été dure, très serrée pendant les derniers jours, chacun faisant un maximum d’efforts en permanence afin de rafler le moindre petit point pour sa maison, lui permettant ainsi de peut-être passer devant. D’ailleurs, presque toutes les conversations tournaient sans arrêt autour du sujet. Qui allait gagner ? Qui était en tête, en dernier ? Comment aller chercher encore un peu de points, pour prendre de l’avance ou dépasser les autres ? Cela énervait certains qui ne manquaient pas le crier haut et fort. D’autres criaient aussi, mais parce qu’ils perdaient, ceux-là. Des mauvais joueurs, prenant les choses trop à cœur et estimant que tout ce qui touchait leur maison était une claque pour leur égo. Mais heureusement, la plupart souriaient, plaisantant sur le jeu tout en sachant qu’eux aussi faisaient tout pour gagner.
D’ailleurs, ce matin, le dortoir des Kaelem n’échappait pas à la règle. Tous s’étaient réveillés bien plus tôt que d’habitudes, agités par une frénésie commune. Il régnait dans la grande pièce une agitation inhabituelle. Les portes claquaient sous les coups des allers retours entre la salle d’eau et le dortoir, les draps frémissaient et les matelas grinçaient sous les mouvements de ceux qui se levaient, les vêtements bruissaient lorsqu’ils étaient passés sur les corps, les paroles retentissaient, formant un joyeux brouhaha qui ajoutait de la poudre au feu, participant à l’excitation matinale.

Pour une fois, Lya n’était pas en reste. Elle se coiffait, tout en discutant avec une nouvelle qui avait aménagé dans le lit à côté du sien il y avait une semaine à peine.

-Qui est devant, ce matin ?
-Je sais pas. Hier c’était les Teylus, mais on collait derrière. Les sabliers étaient tellement serrés que je pourrais même pas te dire si on était devant les Aequor ou pas.
-J’vais aller voir. J’peux pas rester là sans savoir.

Il faut dire que les scores étaient extrêmement serrés ces derniers jours, les maisons ne cessant de se passer et se repasser les unes devant les autres. En allant dans la Grande Salle, on était presque sûr de trouver un groupe d’élève devant les sabliers à tenter d’examiner qui gagnait, qui perdait, à faire des pronostics. Lya elle-même, chaque fois qu’elle passait au rez-de-chaussée, ne manquait pas de faire un détour pour aller jeter un rapide coup d’œil à ce qui était le centre de l’attention de tous. Elle passa d’un geste sûr son bandeau dans ses cheveux, et s’apprêtât à quitter la pièce, lorsqu’un garçon déboula dans la pièce. Ignorant les cris perçants que poussèrent certaines, maigre défense face à son arrivée, il lança :

-Ils ont recouvert les sabliers !

Et reparti aussitôt, allant surement propager son message dans les dortoirs des autres maisons. Les conversations repartirent de plus belles après cette nouvelle. Quittant le dortoir avec un signe de la main à la nouvelle, Lya décida d’aller voir par elle-même. Elle descendit les escaliers et prit le chemin de la Grande Salle. Deux ou trois élèves seulement discutaient à voix basse. Lya les rejoignit et fut déçue de constater que la rumeur n’en était pas une. Un tissu noir, totalement opaque, recouvrait les trois sabliers. La Kaelem pensa un instant à le retirer, mais elle s’aperçut qu’il était lié par un ensemble complexe de nœuds à la table qui servait de support aux objets de verre. Haussant les épaules, elle fit demi-tour. Enfin, voulu fait demi-tour, car derrière elle se dressait un mur d’élèves qui venaient constater la nouvelle. La jeune femme parvint à se glisser entre eux, jouant des coudes et des épaules. Elle passa à côté d’Ichel et lui marcha férocement sur le pied avant de disparaitre dans la foule. Elle parvint enfin à en sortir, déjeuna dans le brouhaha en compagnie de la nouvelle dont elle ne connaissait d’ailleurs toujours pas le prénom, et partie en cours.
Equitation… La Coupe des maisons.
Alchimie… La Coupe des maisons.
Midi… La Coupe des maisons.
Légende… La Coupe des maisons.

En fin d’après-midi, la journée lui en avoir durée quatre. Un pour chaque cours et un pour le repas. Elle n’en pouvait plus, avait besoin d’un autre sujet de conversation et en même temps, se sentait galvanisée par l’attente des résultats. Et dire qu’il lui restait encore au moins quatre heures à attendre. Détestant attendre, particulièrement impatiente, Lya ne se sentait pas capable de passer ces quatre heures dans le dortoir où dans les jardins, à attendre encore et à entendre encore toujours les mêmes choses.
Elle partit courir, deux heures, dans le parc et la forêt.
Elle revint détendue, à nouveau prête à écouter les blablatages que tous avaient entendus vingt fois depuis le matin mais continuaient pourtant de répéter. Elle se doucha, rapidement, s’habilla rapidement aussi. Elle ne mit pas l’uniforme de sa maison, qu’elle ne mettait presque jamais d’ailleurs, mais passa au-dessus de son pantalon noir, une tunique rouge Kaelem, et changea son bandeau multicolore pour un autre de la même couleur, acheté pour l’occasion dans une petite boutique d’Al-Poll. Puis elle s’installa avec ses compatriote dans la salle commune, discutant avec eux du sujet de conversation qui était le même pour toute l’académie depuis son réveil. Un peu avant huit heures, ils descendirent en groupe à la Grande Salle et s’installèrent à la table des Kaelems. Beaucoup étaient déjà présents, de leur maison ou des autres. Pour une fois, les maisons ne s’étaient pas mélangées aux différentes tables. Lya remarqua que plusieurs avaient revêtus leurs uniformes en signe de patriotisme. Le repas passa rapidement. Quelques professeurs manquaient. Les trois Primats et l’intendant notamment, terminant surement la préparation de leur discours dans leur bureau respectif. La découverte des sabliers n’allait plus tarder, ils seraient enfin dévoilés.

Messages : 510 Inscription le : 20/07/2010 Age IRL : 29

Ce matin là, Gwëll était complètement ailleurs.
Elle s'était levée en mode automate et n'entendait ni ne voyait rien de ce qui se passait autour d'elle. Elle planait complètement, coincée dans sa bulle opaque.
Elle prit son uniforme, passa à la douche, s'étonna de trouver la salle des eaux aussi peu remplie, s'habilla, coiffa ses cheveux qu'elle natta pour ne pas les avoir dans la figure et descendit prendre son petit déjeuner.

Mais arriver à la grande salle fut plus ardu qu'elle ne l'aurait cru. Des élèves étaient agglutinés en masse dans les couloirs et gênaient sa progression. Mais comme elle était toujours en mode zombie, elle ne fit pas grande attention, ne s'en agaça même pas, elle passa. Plus lentement qu'à son habitude, toutefois, il est vrai.
Dans la salle, il y avait aussi beaucoup de monde, un grand brouhaha dont on ne distinguait aucune conversation en particulier. Ça papotait comme dans une basse cour. Mais Gwëll ne s'en rendit pas vraiment compte. Le nez dans sa tasse de tisane, sa tartine menaçant de répandre sa confiture sur la table, elle dormait encore un peu.

Et puis, elle partit à son cours d'Équitation, où elle croisa vaguement Lya et quelques autres, mais sans y prêter réellement attention. Et puis, elle avait son cours d'Alchimie avec Einar, Halina, Lya et Ichel. Ensuite, elle avait vite englouti son déjeuné et elle était retournée, encore toute zombifiée, à ses cours : Légendes, puis Dessin.
Après, elle était allée étudier un peu à la bibliothèque, lire les livres que Sieur Cil'Eternit leur avait conseillés. Son choix avait fini par se porter sur deux des sept volumes de la liste, qu'elle avait empruntés sur le champ.
Et puis, s'en était retournée les mettre bien à l'abri dans son dortoir.

Elle montait les marches doucement, parce que les livres étaient lourds, et qu'elle ne voulait surtout pas les faire tomber. Et puis, elle dut s'arrêter, parce que juste devant elle, il y avait Einar, qu'elle avait croisé un peu avant, en cours d'Alchimie. Et en cours de Légendes.
Mais il était un peu différent. Là, il était tout bien habillé, et bien coiffé, et parfumé, même. Et, en plus, il la regardait bizarrement.

Était ce parce qu'il aurait voulu emprunter les livres et qu'il en avait pas eu le temps ? Il était sérieux, ça aurait pu être possible, mais il ne lui semblait pas qu'il regarde particulièrement ses livres. Non, il la regardait elle en particulier.
Il y avait un problème avec sa tenue ? Non, elle n'était pas tombée, aujourd'hui, donc pas de boue étalée partout, pas de genoux de pantalons déchirés... Alors quoi, qu'avait il à la regarder ?
Et elle qui ne bougeait pas, ne disait rien. Elle ne savait pas quoi dire, après tout, c'était justifié, et elle était un peu embêtée qu'il ne lui dise pas ce qui n'allait pas.

Et enfin, il ouvrit la bouche. Et baragouina quelque chose à propos d'une maison, dans une grande salle avec des points. Et une histoire de coupe, aussi. Rien de bien cohérent.
Il ne pouvait pas y avoir de maison dans une salle, même grande, d'abord, ça rentrait pas. Et puis, une salle, ça avait rarement des points. Des coins, oui, mais pas des points. Et quand à la coupe, non, en général, les jardiniers taillaient plutôt après la floraison, pour enlever les fleurs fanées.

Je comprends pas, c'est quoi, que tu racontes ?

Et la lumière fut.
La coupe ! Le décompte avant le compte.

Messages : 312 Inscription le : 22/12/2008 Age IRL : 31

Le conseil d’Astragal était en fait assez génial.
Quelle quiétude !
Quel silence !
Quel calme dans les couloirs !
Quelle ambiance paisible, reposante et rassurante !
C’était comme flotter sur un petit nuage en coton, doux comme les bras de maman, voguer sur une mer aussi paisible que la voix de Papa, avancer dans de l’air cotonneux comme les poils de Rust, le chien de Papa et Maman. L’ambiance dans les couloirs de l’Académie était, pour ainsi dire, parfaite.
Merci, Astral, et surtout, merci, merci, MERCI, les bouchons d’oreille en cire confectionnés par Astragal. Pas un seul bruit, pas une seule rumeur, pas même une seule fois le mot Coupe, le mot des, le mot Trois et le mot Maison entendu au cours de cette journée tumultueuse. Le paradis terrestre. A vrai dire, Einar avait beau être extrêmement attaché à la maison Teylus, qui allait gagner, c’était l’évidence-même, il en avait un tout petit peu marre d’en entendre parler. Surtout que depuis quelques jours, il avait complètement décroché. C’était le foutoir en cours, tout le monde se marchait sur les pieds pour participer, répondre aux questions et intervenir, sans que ça soit forcément de manière très pertinente. Et Einar, qui avait toujours besoin de dix minutes pour préparer ce qu’il voulait dire en classe, en était souvent ressorti frustré, parce qu’il n’avait jamais réussi à placer un seul mot.
Pas qu’il soit particulièrement bon élève ou quoi, hein, surtout que généralement ses interventions faisaient rire les professeurs, mais tout de même. Même une attaque de Raïs c’était préférable à une coupe des trois maisons, en fait.
Surtout que bon. C’est pas comme s’ils allaient la voir vraiment, la Coupe, M’sieur Guidjek la voyait déjà reluire et briller dans son bureau sans que les élèves puissent profiter de leur véritable victoire. C’est pas comme si c’était lui qui gagnait les points pour eux, en plus ! La coupe, elle devrait être dans le dortoir des Teylus, c’était sa place légitime, y’avait même une alcove que les élèves avaient préparé tout exprès et tout pour qu’elle soit bien en évidence.

Du coup, Einar avait un peu erré dans la journée, et il fallait avouer que suivre les cours avec des bouchons dans les oreilles, c’était pas super pratique. Mais quand il avait tenté de les enlever en début de matinée pour suivre les instructions du prof, les premiers mots qu’il avait entendus, c’était « Sabliers recouverts » et « points restants », alors il s’était vite fait réfugié dans sa petite boule silencieuse. Tant pis pour la honte devant M’sieur Eternit et devant M’sieur Guidjek et tous les autres.
Restait encore un peu de temps avant la coupe, et lui, il avait terminé le recueil de contes qu’on lui avait conseillé. Ces temps-ci, à vrai dire, il cherchait aussi des livres sur les nobles, histoire de pouvoir se comporter correctement si jamais un jour il recroisait monsieur Rival dans la rue et qu’il l’invitait encore à diner dans un restaurant de nobles avec des couverts de nobles.

- Ben Gwëll, qu’est-ce que tu fais là ? T’es pas à la cérémonie ? Avec tous les points que t’as fait gagner à Aequor ces derniers jours en cours, j’aurais cru que t’étais la première à attendre qu’on dévoile les sabliers !

Zut, il avait oublié d’enlever ses bouchons d’oreille et il entendait absolument rien à ce qu’il disait lui-même. D’un « plop » plus ou moins ragoûtant, il les ôta et les fourra dans sa poche. Fuh, ce que c’était bruyant le monde ! Même leurs bruits de pas et leurs respirations faisaient un vacarme du tonnerre, et puis Gwëll reniflait un peu, ça lui vrillait les tympans. Pour un peu, il lui aurait mis ses bouchons de cire dans les narines pour l’empêcher de renifler..

Devant l’incompréhension de Gwëll, Einar resta interdit. Comment elle avait pu oublier et ne pas savoir de quoi il parlait ! Elle avait du vivre dans un placard pendant trois mois, c’était pas possible. D’autant moins possible qu’elle avait énormément contribué à remettre sa maison en tête l’avant-veille. Mais il lui arrivait quoi ? Il la prit par la main, prit un de ses énormes bouquins dans les bras et la tira en direction du hall. Une pendule dans une salle voisine sonna. Il restait une grosse demi-heure avant la Coupe, et s’ils tardaient trop ils auraient pas de bonne place.

- Allez viens, sinon on va rater la coupe !

Si un de ses camarades de teylus le croisaient dans le couloir en train de discuter avec une Aequor juste avant les résultats, il allait être taillé en rondelles. Mais Gwëll faisait partie de ses amies et il avait pas honte de la dire, flûte de rougoyeur !

- Plus vite ! C’est dans la grande salle et on est super loin !

Bon, ils couraient pas non plus. Et puis ils faisaient à moitié semblant de pas se connaître. Surtout une fois arrivés dans la grande Salle, en fait. Chaque maison avait établi un quartier général autour d’une des tables, et il y avait aucun moyen de rester avec des gens bien qui étaient habillés différemment. Einar murmura une petite excuse à Gwëll et s’en fut vers sa table, où il rejoignit ses noirs préférés, Halina, Astragal. Même leur Général était là.
Par contre, de Grand Siffleur, point trace. Il devait sûrement être en train de chercher la place idéale dans son bureau pour mettre la coupe. Parce que ça faisait pas de doute, Teylus allait gagner !

Teylus triomphera !

- Hé, il est où M’sieur Hil’ Jildwin et m’sieurs Guidjek et Eternit et M’dame Otrin ? Vous croyez qu’ils nous font poireauter exprès pour qu’on souffre ? Ils pourraient avancer l’heure de la remise des points, maintenant que quasi tout le monde est dans la salle. En plus y’en a même qui ont mis leur uniforme moche, alors que personne ne le met jamais.

Environné de gens de Teylus en train de discuter de leur future victoire, Einar fut rapidement gagné par l’allégresse générale. C’était trop cool la coupe en fait !

- Teylus triomphera ! lança-t-il a travers la salle.

Et toute la salle commune de Teylus de reprendre leur cri de guerre en cœur, faisant vibrer les vitres par la force de leur conviction.

Messages : 61 Inscription le : 20/10/2011 Age IRL : 33

L’Académie de Merwyn, c’était avant tout une école de badasses. Astragal avait tendance à l’oublier, lorsqu’elle trainait avec ses amies, qu’elle prenait son bain, qu’elle en aidait l’une ou l’autre à se coiffer, entre deux cours de maniements d’armes où elle pouffait, au dernier rang. Mais en ce moment, chaque jour qui passait lui marquait ces mots en tête : « l’école forme des guerriers ».

Depuis quelques mois, l’Académie était un sublime champ de bataille. Ca avait commencé à la nuit noire des Teylus, leur conseil de guerre qui s’était terminé chez les Raïs. Depuis, Astragal avait régulièrement eu la garde de Cérys. Faut dire qu’elle était grande et costaude, pour une fille, alors elle gérait plutôt bien les crises de rage-nerfs-supériorité de la petite fille, qui n’avait pas fait trop de bêtises. Les Thülls ne craignent pas les petites menaces dans son genre, les thülls savent gérer des enfants. Bref.

Un champ de bataille silencieux, où l’on se jaugeait entre ennemis, par-dessus les gâteaux du matin.
Où les armes les plus terribles étaient orthographiées à la perfection dans de grands livres, et récitées très vite, en écrasant le pied des autres.
Les Teylus avaient leurs armes secrètes. Des élèves taciturnes d’ordinaires, qui se révélaient de véritables machines à tuer. Parmi lesquelles, Astragal avait été surprise de compter Loeva. Cette fille était incroyablement brillante, et en plus, elle avait des cheveux trop jolis.
Lui-même y aurait bien glissé des perles, mais peut-être que la chevelure de Loeva était encore plus jolie sans. Elle avait l’air d’une poupée. Une très très jolie poupée très très parlante. Ca l’avait tellement impressionné qu’il n’avait plus osé lui parler le matin, de peur qu’elle le trouve stupide.

Mais la guerre était acharnée, chaque maison avait ses poupées, et une des plus redoutables, c’était la grande Gwëll. Et en plus, elle était super sympa, et elle partageait volontiers ses bonbons et ses gâteaux. Parfois, Astragal se demandait si ça pouvait s’apparenter à de la corruption.
La rumeur disait aussi qu’elle avait embrassé un garde, un jour. Un des plus beaux gardes, que les Kaelems passaient leur temps à reluquer.
Enfin, comme les autres élèves. Lui aussi, d’ailleurs, il avait des cheveux à tomber par terre. Il faudrait qu’un jour Astragal lui demande quelle huile il utilisait pour les faire briller autant.
Mais jusqu’ à présent, ils n’avaient jamais pu parler, et jamais elle ne l’aurait abordé au cours de combat, même si elle admirait son flegme total.
Les Kaelems, Astra n’en parlerait pas. Elio était tellement musclé qu’elle avait même peur de penser à lui, qu’il le sente, que ça l’énerve. Il était taillé comme un Thüll, et Astragal savait pertinemment à quel point un Thüll en colère faisait très mal.
Bref. La guerre, la pression, le corps à corps, les débats ultra supers soniques, les sourires ironiques. Quelques fois, sa timidité dépassée, sa voix fêlée avaient rapporté quelques points à sa maison. Mais globalement, comme Einar, la rouquine s'était laissé emporter.
La coupe amplissait tellement ses pensées qu’elle se prenait à être studieuse en cours de combat. Grand siffleur l’avait même félicité un matin. C’était la guerre.
Mais Astragal, en y réfléchissant, ne voulait pas être une guerrière. Elle voulait juste être elle, tout simplement.

Quand Einar vint la trouver à bout de nerf, elle avait la solution à ses soucis. Quand Kloa s’approcha d’elle d’un air décidé à lui parler, elle s’était encourrue en prétextant un travail à la bibliothèque. Cette fille la terrifiait, mais peut-être serait-elle obligée d’éclaircir la situation… un jour.

Bref.
Astragal avait passé la journée à se demander ce qu’il convenait de mettre, pour une occasion comme la coupe. Elle n’avait pas de robe de princesse. Elle n’était pas une jolie poupée. Et attacher ses cheveux, ce serait revendiquer son cou d’homme, sa pomme d’adam.
En fait, elle n’avait qu’une robe, et le reste du temps, elle portait le pantalon de toile pas cher, plein de tâches de boues et de trous d’usures au niveau des genoux. Un peu de shopping n’aurait pas été de trop. Mais elle n’osait pas sortir. Pas avec le souvenir du regard des Itinérants, pas après Einar et ses histoires de princes charmants qui vous enlevaient pour vous faire goûter à un truc qui n’existe même pas pour les gens comme eux.

Quand elle l’avait croisé, elle avait demandé à Einar ce qu’il convenait de mettre, toussa, s’il connaissait des friperies pas chères. Mais il n’avait pas dû entendre. Et puis, Einar, c’était un peu comme m’sieur Cil : quelqu’un de trop chouette, mais pas tout à fait « là ».
Ses yeux avient glissé du côté du général, avec espoir, quand, ayant choisi la robe, il avait dévalé l’escalier du dortoir.
Mais le général semblait avoir de la cire jusque dans les yeux ; un bonjour, et puis, voilà. Bref.

Astragal partageait avec ses frères et sœurs de Teylus une bonne part de la salle commune. A la fois fière d’avoir combattu par mieux pour sa maison, et heureuse que tout se finisse bientôt. Son cœur battait au rythme des « Teylus vaincra » et elle décrivait à Lohan en hurlant tout ce qu’elle voyait, c’était à dire : les sabliers toujours recouverts, plein de têtes, et de cheveux, plus ou moins jolis. Dont ceux du garde qui séduisait tout le monde, et qui empêchait pour l’heure les plus curieux de spoiler les résultats. Ce serait Teylus, ça devait l’être, ils étaient les plus assidus, les plus surprenants, les plus warriors.

Mais Astragal espérait vraiment qu’ils n’auraient plus à le prouver, et que ça n’énerverait pas trop les Kaelems, parce que franchement, même les filles de leur maison pouvaient faire peur. Et Astra n’était pas faite pour la guerre, mais sa voix participait comme les autres au rugissement de Teylus, son nouveau clan.

Messages : 603 Inscription le : 06/08/2009 Age IRL : 30

La Coupe des Trois Maisons. Aujourd'hui enfin, ils sauraient laquelle avait gagné.

Enelyë faisait semblant de ne pas s'y intéresser, et haussait les épaules négligemment chaque fois que Shana ou Elyan lui en parlait. Mais en réalité, elle suivait de très près chaque progression, notamment pour suivre les progrès de Gwëll et de Loeva dans leur quêtes de points. Ses amies avaient en effet décidé que leurs maisons devaient gagner, et que de toutes façons c'était l'évidence même. Alors, elle écoutait attentivement les gens, dire que telle ou telle maison gagnait ou dépassait une autre. Chaque jour, en fin de journée, elle avait droit à un classement extrêmement pointilleux, déclamé par Lucyan, qui à chaque fois était acclamé par la foule des Kaelems.

Seulement, lorsqu'elle se réveilla ce matin, un pressentiment de mauvais augure lui serrait le ventre. Elle s'était réveillée, bien avant les autres, un cauchemar en tête. Ce mauvais rêve qu'elle avait souvent fait après la mort de son père, qui s'était peu à peu envolé. Elle se perdait dans un labyrinthe, et se réveillait juste au moment où elle comprenait qu'il était sans issues. Puis elle s'était assise, le regard dans le vague. Son chat était venu se frotter à elle, et elle avait joué avec lui un peu, dessinant divers jouets pour lui. Puis, peu à peu, les autres se réveillaient. Elle sentait bien toute l'excitation que provoquait l'annonce des gagnants.

Lorsqu'elle passa dans sa salle commune pour se rendre à la salle d'eau, elle remarqua que plusieurs Kaelems avaient joué la carte du « patriotisme » : leurs habits étaient d'un rouge éclatant, ce qui était notamment le cas de Lya ; ou bien ils portaient fièrement leurs uniformes. La dessinatrice hésita un instant, puis retourna dans le dortoir. Elle posa sa robe noire sur son lit, puis se baissa pour récupérer son uniforme. Il était couvert de poussière et … de poils de chat ? Bah tiens, c'était apparemment le nouveau nid de son petit animal. Tant pis, elle ne porterait pas l'uniforme. Mais avait-elle quelque chose de rouge ? Elle réfléchit un instant, chercha dans les habits qu'elle avait. Une cape rouge, c'était tout ce qu'elle avait. Alors, elle prit sa robe noire, le joli vêtement rouge qu'elle venait de dénicher et partit vers la salle des eaux, se laver et s'habiller.

Shana, comme à son habitude, proposa à Enelyë de la coiffer, et pour une fois, elle accepta de bon cœur. Elles parlèrent un peu de la coupe, se demandant qui allait gagner, quand l'un de leur camarade Kaelem débarqua dans la salle commune en criant que les Sabliers avaient été voilés. Lya, que la dessinatrice gardait au coin de l’œil pour la suite de la journée, s'était soudain volatilisée. Tant pis. Elle voulait lui demander où se trouvait la salle d'alchimie, histoire de remplir un peu plus ses journées qu'elle trouvait désespérément vides, mais elle n'avait pas eu le temps. Elle avait pourtant elle aussi amorcé un mouvement pour se lever, mais Shana tenait encore ses cheveux. Tant pis, elle irait voir ensuite.

Lorsque Elyan se fut extasiée devant la coiffure d'Enelyë et demandé à Shana qu'elle coiffe sa chevelure, la dessinatrice en avait profité pour fuir vers les Sabliers. En effet, ils étaient recouvert d'un épais voile noir. Elle eut une moue agacée, puis aperçut l'un des Kaelems qui pensait qu'elle s'en fichait de la coupe, alors elle effaça sa moue et repartit comme elle était venue.

*

La journée avait été éreintante, finalement. Elle avait réussi à trouver la salle d'alchimie, avait trouvé le cours très intéressant. Puis s'était promené toute la journée dans le jardin, en compagnie de Shana qu'elle commençait à apprécier, malgré ses grands airs exagérés et la façon qu'elle avait de parler pendant une demi-heure sans interruptions. Un peu avant sept heures, elles retournèrent à leur salle commune, histoire de recommencer à se pomponner. Enelyë aimait bien ça finalement, et elle songeait que si Shana le faisait, c'était parce qu'elle était noble, non ?

Avant huit heures, les Kaelems se déplacèrent en masse vers la Grande Salle où seraient annoncés les résultats. D'un bloc, ils se tournèrent vers l'une des tables. Aujourd'hui, il n'était pas question de mélanger les élèves aux tables. Elle adressa tout de même un sourire à ceux des autres maisons : Gwëll, Loeva, Halina, même Einar, qu'elle reconnut rapidement. Elle avait entendu dire qu'il avait raté son passage, et malgré le fait qu'il ne soit pas vraiment son ami, elle en avait eu un pincement au cœur.

A la table, quelques cris traversèrent la salle. Kaelem vaincra ! Les Teylus avaient choisi le verbe « triompher » et les Aequors … en fait, on entendait pas trop les Aequors. Mais il devait utiliser un synonyme, de toutes façons.

Le dîner passa, relativement rapidement. Enelyê avait encore ce nœud qui serrait son estomac, et elle ne mangea pas beaucoup.

Allez, soulevez les voiles, qu'on sache enfin !

Messages : 101 Inscription le : 31/08/2010 Age IRL : 32

Ewall sortit de son dortoir un peu bougon. Mais beaucoup bougon, en fait. Tellement qu’il ne prit même pas à garde au coup d’œil d’Astragal qui demandait à qui voulait entendre quelle tenue il fallait bien mettre. L’apprenti était habillé de vêtement de cuir sombre, comme s’il allait s’entrainer avec Anaïel. D’ailleurs cette journée de Coupe des Maison lui bouffait un jour d’entrainement, et il n’aimait pas ça. Sitôt terminé, il irait grimper deux trois montages ou courir à travers les plaines avec son maître. Ou voler tiens. Il aimait tellement voler avec elle.
Noukas, lui, semblait aussi excité que les autres élèves et ne cessait de sautiller sur son épaule.

-Cesses-donc, tu veux ?! Lui reprocha Ewall, fatigué de ce trop plein de joie.

Le chuchoteur grogna contre la mauvaise humeur de son maitre, qui était décidemment trop susceptible. Il gardait encore en travers de la gorge l’insulte d’Einar et s’était refusé de lui adresser la parole depuis. Il avait même prit beaucoup de recul par rapport à Teylus, demandant plus d’entrainement à Anaïel, pour éviter de passer du temps avec la troupe qui hurlait en tout sens et faisait tout et n’importe quoi pour gagner des points. Il était également terriblement vexé que son plan de faire rentrer la troupe Fillibulle ne se soit pas fait. Il aurait tant voulu revoir Dofenn, Galou et les autres !
Tu parles d’un général. Tout ce qu’il avait proposé était tombé à l’eau, et les tensions étaient restées avec la garce de Cérys. Alors zut, quoi.
Et puis il y avait sa sœur aussi, qui parait-il voulait le voir. Et s’il s’était décidé à ne plus l’ignorer, il n’avait pour autant pas forcément envie de la voir. Que lui dirait-il du faux mariage avec la Naeëlios ? Et de sa nouvelle relation avec Anaïel ?
En fait, il ne se sentait pas des masses bien ici. Il regrettait ses anciens amis saltimbanque Ils étaient bien moins prise de tête que les élèves ici. Ce n’était vraiment pas le même monde. Il ne se sentait bien qu’avec Anaïel, et aurait voulu passer plus de temps avec elle, ne pas dépendre de l’Académie.

-Eh l’général !

Il se retourna, faisant toujours une gueule de dix pieds de long, dévisageant un teylus nommé Willow.

-Je ne suis pas un général. Bougonna-t-il.

Willow fronça des sourcils, tandis que Noukas levait les yeux au ciel.

-Pourquoi tu fais toujours la tête, Ewall ? On t’aime bien, nous, c’pas méchant de t’appeler général, au contraire !

Ewall ne répondit pas, gardant la même expression de « laissez-moi tranquille, si j’ai envie de faire la gueule, je la fais, ok ? »

-T’sais, faut pas lui en vouloir à Einar. Il s’emporte souvent pour rien, mais ça veut rien dire ! Allez, viens faire la fête avec nous ! S’teuplait !

Le marchombre n’avait pas du tout, mais alors pas du tout du tout envie de faire la fête. Mais bon, il haussa les épaules et suivit Willow jusqu’à la grande salle où les attendait le résultat de la Coupe des Trois Maisons. Les cris, protestations des sabliers recouverts, résonnaient à en faire mal au crâne, mais l’unique chose qui revenait en tête pour le jeune homme était la question du teylus « pourquoi tu fais toujours la tête ? ».
Une autre personne lui avait posé exactement la même question quelques années plus tôt. Et cette autre personne n’était autre que Dofenn, alors qu’Ewall venait tout juste d’intégrer la troupe et était en phase de dépression chronique et sévère.
Il trembla légèrement, prenant soudainement conscience qu’il ne fallait surtout pas qu’il retombe dans la dépression. Elle était revenue bien trop de fois, et il avait juré que tout cela était terminé avec Anaïel. Alors non, elle ne referait pas surface !
Il se força donc à se détendre et tenta d’effacer sa moue boudeuse lorsqu’il s’assit à côté d’Astragal.

-Tu...Tu es très jolie comme ça, Astra. C'est pile la tenue qui convient ! Sourit-il timidement en guise d’excuse.

Et lorsqu’ Einar hurla à plein poumons leur hymne, il leva un bras en l’air pour scander avec lui :

-TEYLUS TRIOMPHERA !

Messages : 352 Inscription le : 04/12/2011 Age IRL : 26

Évidemment qu'elle n'avait pas oublié la Coupe. Évidemment qu'elle avait envie que sa Maison la remporte. Évidemment qu'elle était allée voir les Sabliers recouverts. Évidemment qu'elle avait tentée, jusqu'à la dernière minute, de grappiller quelques points.

C'était ce que se répétait Attalys en se dirigeant à grandes enjambées vers la Grande Salle, essayant de jouer des coudes parmi la masse mouvante et surexcitée des élèves qui arboraient tous ou presque, une fois n'est pas coutume, les couleurs de leur Maison. Elle-même avait juste eu le temps d'enfiler une ample tunique azurée avant de se précipiter hors de son dortoir, stupéfaite d'avoir pu oublier un évènement d'une telle importance.

Et pourtant, ils en avaient parlé, la veille, dans la Salle Commune, toute la journée, et même toute la semaine. Mais peut-être qu'à force d'entendre les mêmes paroles, les mêmes phrases, les mêmes mots dans toutes les bouches de l'Académie, tout cela avait fini par lui passer par-dessus la tête. Cas de légitime défense.

Lorsqu'enfin elle arriva à bon port, elle faillit ne pas reconnaître les lieux tant ils étaient bondés. Et bruyants. Partout, ce n'était que cris de joie et virils hurlements. Ici, c'était une écharpe noire qu'on agitait, là un drapeau rougeoyant. Kaelem vaincra, clamaient les uns, Teylus triomphera, rétorquaient les autres de toute la puissance de leurs poumons. Seuls les Aequors demeuraient étonnamment discrets. Mais de toute manière, qu'auraient-ils pu dire ? Aequor gagnera ?

La jeune fille allait tout simplement s'installer dans un coin en attendant que ça se passe quand elle aperçut un visage connu dans la foule colorée. Aussitôt, elle se propulsa en avant et, le regard décidé, commença sa périlleuse traversée de l'immense pièce prise d'assaut par les élèves, toute entière tournée vers son objectif qui était d'atteindre Gwëll dans la cohue sans y laisser de pieds ou de doigts. Et lorsqu'elle parvint finalement à sa hauteur, ce fut un avec sourire éclatant qu'elle la salua, l'air bien plus confiant qu'elle ne l'était en réalité. Par les yeux de la Dame, était-elle tombée chez les fous ?

Messages : 166 Inscription le : 08/02/2012 Age IRL : 26

C'était en début de semaine qu'elle avait pris sa résolution. Elle s'était habillée, était allée faire un tour à la salle d'armes pour s'échauffer, s'était rafraîchie à la salle des eaux de l'aile ouest, puis avait marché d'un pas décidé en direction du dortoir de sa maison. Et elle avait attendu. Oh, pas très longtemps, quelques minutes tout au plus ; mais, n'étant pas de nature très patiente, elle avait manqué, et à plus d'une reprise, rentrer dans la salle commune pour y extirper par une oreille celle pour laquelle elle faisait le pied de grue et se ridiculisait devant les autres Teylus, qui lui jetaient des coups d'oeil surpris par-dessus leur épaule, sans oser toutefois l'interroger sur son occupation. C'est dire si celle-ci l'intéressait ! Elle avait bien essayé de l'aborder après des cours ou dans les couloirs, mais elle avait à chaque fois réussi à se volatiliser avant qu'elle n'ait eu simplement le temps de s'avancer vers elle. Alors, cette fois-ci, elle était bien décidée à ne pas la rater. Car, ne l'ayant vue ni à l'entraînement, ni en train de petit-déjeuner, ni à l'extérieur à traîner avec ses amies, elle en avait conclu qu'elle ne pouvait se trouver qu'ici.

Alors, finalement, Astragal était sortie. Kloa avait failli ne pas la reconnaître tant elle avait scruté la porte désespérément close mais, dès elle eut été certaine que cette chevelure flamboyante et ces grands yeux clairs lui appartenaient bien, elle s'était ruée vers elle. Cette fois, elle ne lui échapperait pas. Eh bien, si. Aussi incroyable que cela puisse paraître, dès que le regard de la jeune femme avait croisé le sien, son visage avait changé de couleur - si si, vraiment - et elle avait bredouillé quelque chose à propos de travail et de bibliothèque avant de prendre la poudre d’escampette. Ronhtudju. Encore raté. Pour un peu, elle aurait presque cru qu'elle avait peur d'elle, et ça... ça l'embêtait un tout petit peu. Pourtant, il y a quelques temps, cela ne l'aurait pas affectée le moins du monde ; cependant, elle avait des questions à lui poser, et elle entendait bien avoir des réponses.

Après ce malheureux épisode, Kloa n'avait plus guère cherché à nouer un quelconque contact avec cette étrange fille, ni même avec quelqu'un d'autre de sa maison. Elle savait bien que la Coupe approchait, qu'il fallait se montrer unis, solidaires et blablabla, mais elle se sentait lasse de toute cette agitation pour un évènement qui, lui semblait-il, n'en valait pas vraiment la peine. Ce n'était pas qu'elle n'aimait pas sa maison, mais les mouvements de groupe, c'était très peu pour elle. Elle n'avait jamais été habituée à la foule et aux espaces clos, et n'appréciait que très moyennement l'excitation excessive dont étaient victimes les Teylus. On aurait dit des puces, à sauter partout et à parler tous en même temps, des puces atteintes de la vache folle ou d'une autre maladie du même acabit - et, par-dessus le marché, hautement contagieuse. Enfin, elle avait tout de même réussi à identifier, sans compter Astragal, la petite Cérys qui avait le don de l'énerver prodigieusement par sa ressemblance avec le moustique tigre ~~porteur de la dingue et du chikungunya~~, le garçon qui lui avait écrasé le nez et auquel elle avait renoncé à demander des comptes, un autre, que tout le monde appelait "le Général" mais qui se nommait en fait Ewall, et pis... pas mal de monde, en fait. Déjà de vue, mais dont elle commençait aussi à mémoriser les prénoms. Lohan, Halina, Loeva... Et il y avait Elleira, aussi. Elle ne l'avait pas souvent recroisée depuis son installation, mais elle était l'une des seules à laquelle elle accordait ses rares sourires. Elle ne savait pas pourquoi mais elle l'aimait bien et ne la classait plus dans la catégorie des simples connaissances. Elle appréciait son regard brillant, ses cheveux acajou, son visage avenant, ses yeux et son sourire. Elle l'appréciait, tout simplement.

Et puis il y eut la Coupe des Trois Maisons.

Ce matin-là, Kloa se prépara à son habitude. Enfin, pas tout à fait tout de même. Elle qui avait pris l'habitude de vêtir presque constamment l'uniforme de Teylus par souci d'économie de vêtements, elle prit une soudaine résolution : aujourd'hui, elle s'habillerait autrement. Pas par coquetterie, au contraire. Il s'agissait juste qu'aujourd'hui était le fameux jour tant attendu durant lequel la plupart des élèves se sentiraient pris d'un accès de patriotisme flagrant, et qu'elle ne voulait surtout pas faire comme tout le monde. En plus, elle ne souhaitait pour rien au monde que l'on attribue sa sobriété à un message d'amour pour sa maison. Alors, ce jour-là, son uniforme resterait dans son armoire, un point c'est tout. Et son seul signe d'appartenance à Teylus fut la chaude cape couleur aile de corbeau qu'elle consentit à revêtir sur les injonctions du ciel bas et nuageux.

Quand elle arriva à la Grande Salle, elle fut surtout impressionnée par le fait qu'elle puisse contenir autant d'Académiciens - élèves et professeurs confondus. Parce qu'il devait aussi y avoir les Primats de chacune des Maisons, forcément. Elle chercha durant plusieurs secondes le grand Locktar du regard - d'ailleurs, elle n'avait toujours pas compris d'où lui venait le surnom de "Grand Siffleur" - avant de baisser les yeux en se sentant oppressée de tous les côtés. Il fallait qu'elle bouge si elle ne voulait pas mourir étouffée.

Et puis, elle se rendit compte qu'il y avait une certaine logique dans les agglutinements des élèves. Il y avait un côté rouge, un peu sur la gauche, un côté bleu, plus sur la droite, et un côté noir, dans le fond. C'est là qu'elle choisit de se diriger en louvoyant entre les obstacles, essayant vainement de ne plus faire attention à ceux qui scandaient "Kaelem" d'un côté et "Teylus" de l'autre. Après avoir écrasé cinq ou six orteils et s'être attirée le regard courroucé de leurs propriétaires, elle arriva enfin à destination. Et là, enfin, elle s'autorisa un immense sourire. Il y avait tout le monde ! Bon, c'était pas comme s'ils vivaient sur une île déserte au beau milieu des cocotiers et des cachalots, mais il y avait tout le monde, vraiment tout le monde ! Tous étaient là, Ewall, Einar, Lohan, Halina, pis Astragal, aussi, en robe avec des perles accrochées un peu partout. Et ils rugissaient ensemble, à l'unisson, bras levé et poing brandi. Ca faisait un vacarme du tonnerre, mais la jeune fille se laissa vite gagnée par l'allégresse générale. Alors, oubliant les points, les Sabliers et la table couverte de victuailles, et même son aversion pour le bruit, elle participa de toute sa voix, de tout son coeur, au chant de victoire et de triomphe de leur Maison.

Messages : 250 Inscription le : 13/07/2008 Age IRL : 31

How rude.
Voilà plusieurs jours que Jehan était cloîtré dans son bureau en refusant de le recevoir, ou même de partager le thé qu’ils buvaient toujours ensemble en discutant des élèves ou des nouvelles acquisitions intrigantes de l’Intendant.
Mais non, depuis quelques jours, son collègue, son ami, lui concédait à peine quelques mots, regardant d’un œil vague une pile de papiers tous plus barbants les uns que les autres. A croire qu’il recomptait toutes les heures les comptes des sabliers pour le Tournoi des Trois Maisons pour s’assurer qu’aucun élève n’ait réussi à frauder. C’était presque ridicule, mais Duncan Cil’ Eternit, dans sa grande patience, repartait des appartements de Jehan sans trop d’amertume.
Après la cérémonie de ce soir, les choses reviendraient à la normale, et Jehan aurait peut-être le temps de dormir un peu. Les cernes ne lui allaient pas et lui assombrissaient le teint. Il pourrait peut-être lui préparer une tisane apaisante après la cérémonie, pour que son ami se détende.

Il fallait dire que les élèves étaient agités comme des siffleurs qui étaient atteints du Siffleur fou, aussi appelé Ash Sinquénin, du nom du premier fermier à remarquer cette épidémie. Le cours de légendes de la journée fut des plus pénibles pour Duncan, tant ils étaient dissipés. Il aurait volontiers enlevé des points aux élèves qui faisaient le moins semblant de s’intéresser à l’art traditionnel des poteries alines, mais il avait peur de créer une émeute. Ôter des points alors que le vainqueur devait être annoncé ce soir et que les sabliers étaient recouverts, c’eut été un acte de suicide.
Et Duncan Cil’ Eternit tenait encore un peu à la vie, il venait de trouver une nouvelle herbe à thé et n’avait pas encore eu le temps de la raffiner.

Le soir arriva bien plus rapidement que prévu. Duncan avait passé le reste de sa journée dans ses appartements, Myra était passée et ils s’étaient plaints ensemble de la déconcentration des élèves, en plaisantant sur leur rivalité, puisqu’ils étaient tous les deux Primats. Locktar aussi, pour lui rappeler que le professeur de légendes était le bienvenu dans son bureau pour venir admirer la coupe reluisante.
Cet esprit joueur même chez les Primats le faisait sourire.

La Grande Salle était plus bruyante qu’une ruche d’abeilles enfumée, et pourtant il n’y avait pas de fumée. Duncan jeta un coup d’œil par les fenêtres à la lune.
Il était l’heure.
Et Jehan n’était toujours pas apparu sur l’estrade. Allons bon. Le connaissant, il s’était sans doute endormi sur ses listes et ses calculs après avoir passé la semaine à faire des nuits blanches, et il ne serait pas là pour l’évènement crucial. L’Intendant était bien assez lunatique pour ça.
Ce qu’il ne savait pas en revanche, c’est qu’un tsunami d’élèves allait bientôt engloutir les professeurs. En effet, le retard faisait protester les élèves qui ne se battaient plus à coup de slogans et de phrases patriotiques, mais s’indignaient parce que le résultat aurait du être annoncé depuis deux minutes et vingt-neuf secondes.
Gêné, Duncan s’approcha de l’estrade et du pupitre qui servait à prononcer les discours et les phrases solennelles.

- Allons allons, un peu de calme. S’il vous plait, du calme ! tonna-t-il de sa voix professorale, et le vacarme diminua de moitié.

Il reprit d’un ton d’excuse :

- Veuillez nous excuser pour ce petit retard imprévu. Je ne suis pas en mesure de vous dire précisément ce qui retarde notre bien-aimé Intendant, mais ça ne devrait plus être long. Je l’ai vu ce matin et il semblait en pleine forme. Allons, un peu de patience !

Il venait de mentir pour sauver le calme dans la salle. En réalité, il n’avait pas croisé Jehan de la journée et n’avait pas posé le déranger, puisque la porte de son bureau était fermée à clef, ce qui n’arrivait que très rarement. Et ça n’arrivait que quand Jehan ne voulait SURTOUT pas être dérangé. Par exemple, quand il apprenait laborieusement les pas d’une chorégraphie complexe mais qui ne seyait pas au sérieux que devait avoir un Intendant en public.

- Je suis aussi incertain que vous quant au résultat de cette Coupe et je l’attends avec autant d’impatience que vous. Nous voyez-vous caqueter comme des perdrix, nous, les Primats ? Non. S’il vous plait, prenez exemple et un peu de calme, ça ne sera plus long !

Il sourit, et en tournant le regard vers ses Aequor, dont il était le Primat depuis quelques semaines :

- Et puis, le résultat ne fait aucun doute, n’est-ce pas ? termina-t-il d’un clin d’œil à sa maison.

Toujours debout près du pupitre, il attendit ensuite en silence aux côtés des Primats et des autres professeurs.
Le brouhaha reprit, graduellement, les élèves étaient énervés et le retard aggravait leur impatience.
Vivement que Jehan Hil’ Jildwin pointe le bout de son nez par la porte, avant que l’Académie soit démolie pierre par pierre par des élèves enragés, atteints de la maladie de l’élève fou.

Messages : 34 Inscription le : 11/11/2011 Age IRL : 111

Depuis leur stupide réunion de débiles niais, ils ne l'avaient plus laissée respirer. À croire qu'ils avaient peur qu'elle s'échappe pour aller faire des sottises devant les primats des maisons adverses. Stupide. Vraiment stupide, d'autant plus que, du coup, elle ne pouvait pas s'échapper et aller gâcher la journée de ses petits camarades juste quand les primats passaient dans les couloirs. Ou Jehan, d'ailleurs. Parce que c'était lui, sans contestes, qui s'énervait le mieux.

Mais du coup, rien. Garde rapprochée, fermeture de la porte du dortoir à clé quand elle y était, avec cachage de la clé, surveillance vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Le bagne. Et avec tout ça, elle avait l'impression d'être le siffleur de la farce et d'être promenée comme un petit chien. Pas moyen de faire des conneries.

Bande de niais. Alors, elle en profitait pour les insulter. Parce que ça, ils ne pouvaient pas s'en rendre compte, puisqu'elle le pensait juste très fort ou alors, elle le persiflait entre ses dents pour qu'ils puissent à peine entendre et que ça les agace au mieux possible.

Et puis, la cerise sur le gâteau, ça avait été Astragal. C'était elle qui s'occupait le plus souvent de Cérys, et elle avait le don de l'énerver. Parce qu'elle était trop zen, blasée, presque. Et puis aussi, parce que c'était une fille. Vraie de vraie. Et elle passait son temps à se recoiffer, à choisir ses robes, à marcher comme une dinde. Une quiche, vraie de vraie.

Enfin, le pire du pire du pire du pire (parce qu'il y avait toujours, en général un truc pire que le pire précédent, et là, c'était encore bien plus nul), ça avait été le jour de la remise de la coupe. Cérys avait pas compté les jours -parce qu'elle n'avait pas la moindre envie et que compter aurait voulu dire s'y intéresser et qu'elle ne voulait surtout pas s'y intéresser, sauf si c'était pour faire perdre des points- mais elle avait vite compris que le jour J était arrivé. Parce que ça piaillait dans la salle commune, qu'elle entendait les filles quiches de quiches se demander comment elles devraient s'habiller. Ah, et puis aussi parce que ce matin là, Astragal n'avait pas pris la peine de la sortir en cours et qu'on l'avait amenée dans une espèce de placard à balais un peu noir et tout sale, avec juste un peu de pain et un broc d'eau, et qu'on l'avait laissée enfermée toute la journée.
Ça, c'était révélateur.

Teylus devait être en tête.
Alors, au moment même où elle avait compris qu'on la mettait là pour pas qu'elle n'ait envie d'aller faire le moindre tour à la petite fête, elle avait comprit qu'elle avait encore plus envie d'y aller. Et ce que peste veut, peste fait.
Alors, avec un petit bout de bois qu'elle avait récupéré sur le sol, elle avait forcé la porte. Qui avait cédé. C'était pas un coffre fort, mais un placard à balais. Tant mieux.

Elle était sortie, il n'y avait personne dans la salle commune, ils devaient tous être déjà en bas. Tant mieux. Elle s'en alla dans son dortoir et ouvrit son armoire bien en grand. Que mettrait elle ? La tenue était de la plus grande importance.
Elle opta pour son uniforme, pour prouver son appartenance à sa maison, histoire de se fondre un peu dans la foule, et une mante rouge et des chaussures bleues, pour semer la discorde.
Et puis, elle descendit les escaliers et croisa un primat. Elle se cacha, et puis elle arriva au rez de chaussée. Elle avisa les sabliers recouverts et entra dans la salle.

Le prof de civi, c'lui avec ses histoires niaises, était en train de devenir tout rouge en essayant de calmer le brouhaha qui régnait dans la salle. Au bout d'un certain temps, et d'un certain degré d'étouffement, il parvint à ses fins, et la salle se tut.
Et c'était là qu'elle arrivait. Tout sourire.
Elle s'approcha de la table destinée aux Teylus, à sa maison, semblait il, et elle distilla son venin.

Désolée d'arriver si tard, j'ai été retardée -elle jeta un regard sournois à Astragal- par une conversation entre primats que j'ai surprise... Jehan refaisait bien les comptes et... et comme on gagnait, et que le gros siffleur était occupé à autre chose et donc pas là... -elle se tut, laissa le silence planer quelques secondes, histoire de laisser l'imagination déborder un peu et les inquiétudes se créer- Donc, la primat, là, la femme... Eh bien, elle a dit à Jehan de rajouter cent points à Kaelem. Elle a trouvé une excuse bidon, bien sûr, mais du coup, ils sont en tête. Et les comptes sont en passe d'être clos.
...Donc on a perdu. Parce qu'ils ont triché.

Les vils. Ne nous laissons pas faire, je suis patriote avec vous, mes amis, vengeons nous ! Ne nous laissons pas marcher sur les pieds, on est forts, nous, dignes. Et on n'aime pas perdre.
Tapez leur sur la chetron, que je me marre.

Messages : 897 Inscription le : 26/05/2009 Age IRL : 30

Nuit et silence, cependant, deux souffles. Deux coeurs qui se taisent derrière le vent. Deux corps courant dans les arbres, sautant de branche en branche, de tronc en tronc. Sans aucun bruit. Simplement le silence de la nuit.
La nuit entière d'Ichel s'était résumée à des leçons, encore et encore. Des exercices dont Arro avait le secret. Elle était éreintée et fut presque heureuse de savoir que le soleil se levait enfin. Presque, parce qu'elle aimait ces nuits qu'elle passait avec son maître, en silence, à apprendre. Ces nuits durant lesquelles elle progressait sur la voie.
Sauf que c'était tout pour cette nuit, les rayons du dieu lumière faisaient leur apparition et le garde mit fin à leur entrainement en conseillant à son apprentie d'aller prendre une douche, puis de se reposer. Elle lui adressa un sourire, une dernière petite vanne de la journée qu'il lui rendit avec plaisir et elle s'en alla presque en sautillant. Malgré la nuit blanche qu'elle venait de passer, elle était fraiche et prête à tout pour s'entrainer encore. Peut-être était-ce se qu'elle allait faire après tout.
Elle commença à courir dans les plaines en direction de l'Académie. Elle n'était pas fatiguée et ne se poserait pas dans un lit avant que celle-ci ne la rattrape. Elle ne passa même pas les portes de l'Académie et siffla un son strident en direction de la tour où se trouvait la volière. Deux minutes s'écoulèrent avant qu'un bruit d'ailes ne lui réponde et qu'une silhouette plumée n’apparaisse dans les airs. Oeil-de-Tigre se posa délicatement sur le gant que la marchombre venait de mettre et cette dernière le caressa avec bonheur.
Elle avouait tout de même ressentir un petit pincement au coeur en voyant les yeux jaunes de l'aigle et en sentant les souvenirs affluer. Elle savait à qui s'associait l'oiseau et savait se qu'elle ressentait pour lui. Il l'avait déçu, il l'avait blessé. Elle ne lui pardonnerait jamais se qu'il avait fait, se qu'il était devenu. Elle aurait dû se jeter à sa suite, le suivre et lui demander des explications. Elle ne l'avait pas fait.

Elle quitta le regard de son aigle afin de l'élancer dans les airs. Comme dit précédemment, elle n'était pas fatiguée et comptait bien rester dehors encore un bon moment. Elle se posa dans les herbes au beau milieu des plaines et observa Oeil-de-Tigre voler dans les airs. Une heures passa durant laquelle elle ne fit que regarder les alentours, écoutant chaque son, chaque note. Elle se leva et l'aigle vint se poser à terre.
Une gestuelle marchombre ? Pourquoi pas.
Elle débuta l'exercice, bien qu'elle ne le considérait plus comme tel, et des gestes rodés à la perfection s’alignèrent pour former la gestuelle de la guilde. Mains tendues remontant vers le haut, mains qui s'écartent, redescendent. Des gestes précis, appris par coeur, devenant au fil des jours, des semaines, des mois, un réflexe. Elle ne réfléchissait plus, elle la faisait. Simplement. Deux heures se déroulèrent sans qu'elle ne s'en aperçoive et le premier bâillement intercepta une partie de la gestuelle à cause de la main polie qui remontait afin de cacher la bouche béante et ses amygdales.
Elle finit la fin de la gestuelle et se stoppa net. Oeil-de-Tigre avait disparu, elle ne le voyait plus. Il ne devait pourtant pas être loin et elle savait qu'il n'était pas du genre à partir trop loin d'elle.
C'était donc ainsi qu'elle commença à repartir vers les murs de l'Académie, lentement. Elle avait toute la journée et n'était donc pas pressé le moins du monde. Un bruissement résonna soudain dans son dos ; elle savait qu'il ne résisterait pas. Se retournant d'un bond lorsque le son fut au plus proche, elle se retrouva nez à nez avec l'aigle qui eut la peur de sa vie en découvrant le regard de sa maîtresse. Il recula d'un puissant battement d'ailes en piaillant comme jamais. Quelques secondes s'écoulèrent avant qu'il ne se rendre compte que c'était bien la marchombre, son amie. Cette dernière pouffait derrière ses mains.

- Eh bien, t'es pas un dur à cuir mon pauvre !

Il s'envola jusqu'à elle afin de se poser sur le gant et demanda des caresses d'un coup de bec amical. Elle s'exécuta tout en se mettant en route. Là, elle avait envie de dormir un peu. Il fallait avouer qu'une nuit blanche ne réussissait personne, même elle.
Elle passa par le hall d'entrée et fut surprise de découvrir un amas indescriptible d'élèves qui s’agglutinait devant les sabliers. Mais que venaient-ils tous faire ici bon sang, ils pouvaient laisser le passage libre tout de même ! Et pourquoi aujourd'hui d'abord, rien de particulier ne se présentait aujourd'hui, ce n'était qu'un jour comme les autres !
La kaelem entendit soudain un mot, celui qui à lui seul expliquait toute cette agitation grotesque et énervante. La coupe. Oui, elle s'en souvenait à présent, c'était le jour de la coupe des trois maisons, ils sauraient enfin de qui entre Kaelem, Teylus et Aequor avait gagné un foutu bout de métal reluisant. Ichel n'aimait pas particulièrement toute cette agitation qu'avait crée l'événement et surtout cette bataille grotesque qui l'avait précédée. Elle ne savait même pas si elle avait contribué à gagner ou perdre des points, elle ne s'en souvenait pas. Et puis de toute manière, elle ne courrait pas après. Elle n'en avait que faire de ces points, elle était simplement amusée de voir les têtes des élèves lorsque le sablier changeait de gagnant. Ils se battaient tous et elle, elle profitait du spectacle, assise dans son coin avec une nouvelle façon de cuisiner les racines de niam. Le cuisinier appelait cela des Pop-niam. Elle trouvait cela assez excellent après réflexion.

Ichel décida donc de tenter une traversée afin d'atteindre, peut-être, les escaliers qui menaient vers les dortoirs Kaelem. Elle dû en pousser certains, en tirer d'autre pou au final se faire éclater le pied d'une force légendaire. L'imbécile y avait mis tout son coeur, il... Ah non, pas il. La marchombre aurait reconnu ce bandeau entre milles. Même si elle disparu rapidement, elle l'avait reconnu. La folle. Lya.
Malheureusement pour elle, la foule était bien trop dense pour qu'elle la suive. Et puis elle était fatiguée et le sommeil l'appelait bien plus fortement que la vengeance. Cette dernière était meilleure froide aussi, donc elle réserverait un petit quelque chose pour l'autre kaelem plus tard. Pour l'instant, elle venait enfin de finir sa traversée chaotique de la foule surexcitée et montait enfin les escaliers, presque avec plaisir.
Une fois dans les dortoirs, elle s'écroula dans son lit, Oeil-de-Tigre sur le bord de son lit. Ce dernier ferma aussi les yeux et tous deux s'endormirent. Quel beau principe que celui d'élève marchombre à l'Académie de Merwyn ! Ils pouvaient dormir lorsque les autres avaient leurs cours et étaient bien tranquilles. Bon, lorsqu'ils n'étaient pas eux-même en plein entraînement intensif concocté par un maître qui se montrait de plus en plus inventif dans ses tortures.

Ichel sentit un souffle chaud sur son visage, des coups sur son front. Son rêve venait d'être coupé par un trouble-fête qui n'était nul autre que... Oeil-de-Tigre. Comme c'était surprenant ! L'envoyant balader avec la gentillesse dont lui-seul avait le droit dans ces moments-là, elle se releva. Le matin avait cédé la place à l'après-midi et le soleil déclinait déjà à l'horizon. Posant enfin les pieds à terre, elle s'étira langoureusement et se prépara à la suite de sa journée bien vide.
Vide ? Une pensée traversa l'esprit de la kaelem. Son après-midi n'était pas vide, elle avait cours d'alchimie et elle risquait d'être en retard ! Courant vers la porte des dortoirs, elle faillit oublier l'aigle. Elle ouvrit une fenêtre et le fit sortir. Elle le laissait souvent vagabonder ainsi, elle savait qu'il n'irait pas loin, ou si c'était le cas, qu'il reviendrait toujours.
Elle descendit donc les escaliers à toute jambe et rejoignit le lieu du cours, arrivant juste à l'heure. Pile dans les temps. Elle repéra quelques visages connus des yeux comme Einar, Halina ou encore Gwëll avec qui elle avait dû parler une ou deux fois. Et Lya aussi, dans un coin. Elle aurait tant voulu lui en coller une pour le pied de tout à l'heure, mais elle s'assit. Une vengeance se mange, que dis-je se mange, se dévore froide ! Elle laissa donc passer le cours et se concentra sur les paroles du professeur. Ichel riait intérieurement de voir tous les élèves se tenir à carreau pour ne pas faire perdre des points à leur maison respective, de peur de s'attirer les foudres des autres.
Le cours terminé, elle fut la première à sortir de la salle de cours et se retrouva tout aussi rapidement à l'extérieur. Un sifflement, des battements d'ailes. La kaelem ne sortait pas souvent sans son ami, elle l'emmenait partout avec elle, dans la mesure du possible.
Elle se dirigea vers la cascade, un but en tête. Nager, simplement nager. Et elle l'accomplit bien vite. Retirant ses vêtements, elle plongea tête la première dans le lac alors qu'Oeil-de-Tigre faisait sa petite promenade.
Un silence aquatique l'engloba et une sérénité sans nom la submergea. Elle fit quelques brasses sous l'eau et remonta à la surface, prenant l'air salvateur avec délice. Elle commença à nager en direction de la cascade, espérant entendre une bonne fois pour toute le murmure de l'eau. Celui dont Arro lui avait parlé, celui qu'il avait tenté de lui faire écouter. Mais rien. Fronçant les sourcils, elle se demanda si... Non, elle n'avait pas de corde, c'était imprudent. Si elle se noyait, son maître serait capable de la ramener à la vie afin de la renvoyer dans les enfers de ses propres mains. Non, elle ne pouvait pas défier la cascade sans sécurité. Arro le pouvait, mais pas elle. Pas encore.
Elle décida donc de ne pas tenter les démons et de se contenter du silence qui l'engloutissait lorsqu'elle se trouvait coincée entre les eaux.

Après une bonne heure, elle sortit trempée et gelée jusqu'aux os. Elle enfila ses vêtements sans attendre une seconde, se qui eut pour effet de les emplir d'eau eux aussi. Pas très malin certes, mais elle voulait rentrer et se faufiler sous une douche brûlante. Laissant l'aigle rejoindre la volière seul, elle retourna à l'Académie, ses cheveux dégoulinant sur le sol et ses vêtements. Elle courra donc jusque dans le hall, encore plein d'élèves curieux. Mais combien étaient-ils entre ces murs ? Ou était-ce encore les mêmes ? Elle laissa tomber ses questions pour le moins inintéressantes et gravit les escaliers à vitesse éclair.
Une douche brûlante, elle enfila un pantalon de cuir noir et une ample chemise blanche. Elle entendit des filles glousser et remarqua qu'elles avaient toute des assortiments du rouge kaelem sur elles. Ah bah oui, c'était la remise de la coupe. Chacun se donnait la peine d'arborer ses couleurs avec fierté.
Que l'on soit d'accord, Ichel aimait bien sa maison et était fière d'y être. Seulement, elle ne faisait pas tout pour gagner une coupe qui finirait sans doute sur une étagère à prendre la poussière. Mais bon, il fallait tout de même être solidaire, patriote comme diraient certains, et elle alla chercher un foulard rouge kaelem dans sa malle. Ses cheveux brun sombre bouclés qui étaient enfin secs, elle les noua grâce au foulard. Bien, son devoir accompli, elle pouvait enfin descendre pour manger. C'était qu'elle avait une faim de loup !

La marchombre arriva dans la grande salle et fut sourde en un rien de temps. Un brouhaha monstre faisait rage et les primats étaient absents, tout comme l'Intendant. Sans doute en train de recompter les points ou un truc dans le genre.
Et puis, ce n'était pas tout malheureusement. Les élèves avaient décidés de faire bande à part et de se classer par maison. Elle entendit soudain des slogans qui venaient d'un peu partout, mais en particulier celui des teylus, scander en premier par Einar. Ah, cet esprit de compétition ! Ichel décida donc de leur montrer se que c'était que le savoir vivre.
Elle se dirigea tout d'abord vers la table occupée par les teylus et leur fit un signe de la main.

- Tcho Einar ! Ca va Hal' ?... Kloa, ravie de te revoir ! Ah, même la petite Cérys est là, tenez-la bien en laisse !

Leur assénant un sourire digne d'elle, la kaelem les salua tous à tour de rôle, dans tous les cas ceux qu'elle connaissait.

- Eh ben, vous avez l'air tendus, souriez un peu, ça vous fera pas de mal, je vous assure !

Un petit rire et elle s'en alla vers les aequors, un peu plus tranquilles quand à eux. Elle repéra des visages et fit de même pour les salutations.

- Gwëll, t'es en forme aujourd'hui, comme tous les autres jours tu me diras.

Un petit clin d'oeil à la grande blonde. Après un tour de tablée plus ou moins complet, elle leur sourit tout autant qu'aux teylus. Ca, c'était du fairplay ! Mais après tout ça, elle avait intérêt à se placer à la table des rouges. Se qu'il fit bien entendu, sous leur regards ahuris. Elle les observa un instant, puis leur sourit.

- Eh bien quoi ? Vous avez jamais vu quelqu'un dire bonjour ?

Elle avait tout de même fait un effort et mit un foulard rouge, qu'ils ne lui demandent pas d'être comme eux non plus. Un salut et elle repéra tous ses amis kaelems – ou presque amis, voir pas du tout – . Car il y avait Lya à cette tablée, et bien oui. Une folle qui allait regretté de lui avoir si sauvagement arraché un orteil.
Les trois primats se montrèrent enfin et Cil'Eternit s'avança sur l'estrade avant de proférer un discours digne de lui. Un discours pas très écouté des élèves, car les cris n'allèrent pas en diminuant. Et puis, la folie était contagieuse. Des kaelems scandèrent un slogan que la marchombre ne put s'empêcher de répéter en coeur avec d'autres.

- KAELEM VAINCRA !

En réalité, elle aimait par dessus tout attisé l'excitation des autres, elle hurlait cela simplement dans le but d'anéantir les paroles du maître de légendes, afin que les élèves redoublent de cris, de slogans.

Jehan Hil'Jildwin, apparaissez dans un nuage de fumée, avec des cotillons, comme vous savez si bien le faire et dites nous les résultats !

Messages : 195 Inscription le : 27/05/2008 Age IRL : 32

Il y avait du bruit dans la grande salle , mais un bruit " adrénalyque' qui se répendait comme une trainée de poudre au dessus des tables, des odeurs de plats, qui embaumaient toujours l’immense salle. Un bruit qui revigorait tout son petit être léthargique et peu enclin d’habitude à l’agitation et à l’euphorie. Elle se sentait bien là , au milieu de Kloa, d’Einar, d’Astra, d’Ewall, d‘Einar …Elle les remerciait au fond de ce qu’ils avaient fait de ce qu’ils avaient réussi à créer, entre eux, comme cette sorte unité invulnérable. Si on gagne, c’est ensemble, et si on perd, tant pis. Il y a quand même des brioches dans le dortoir, amassé patiemment tout au long de la journée par des Teylus qui passait furtivement en cuisine et des bouteilles de ces jus qui sentaient l’alcool fort et qu’un de ses camarades avaient décrit comme verts pales colorés. On les avait ammener du marché d’All-Poll,c’est le vendeur de galette de niam, qui faisait ses propres alcools, et qui les marchandaient aux étudiants contre quelques bonnes bouteilles de la cave Merwynienne.

Elle avait mis son uniforme moche, comme disait Einar, un peu conveunu mais qui finalement était ce qu’elle avait de plus en état à ce mettre, et qui était n’en déplaise à certain, le vetement le plus approprié à la situation .

Cette engouement l’avait inciter à mettre la main à la pate, et avec quelques filles Teylus, elle avait teinté de long tissus en noir, laissant en blanc, avec l’aide d’un pochoir créer par un Teylus particulièrement habile de sess mains, les armoiries de Teylus: Le grand arbre et le grand T. Le tissus avait eut du mal à secher mais l’intendant n’était toujours pas arrivé et tout était fin pres. Elle distribuait frénétiquement à chacun un grand carré de Tissu. Le sien était déjà accomodé en étole, sur ses épaules, certains devait déjà l’agiter au dessus de leurs tête.

Teylus Vainc…

Ah non c’était pour les Kaelems, elle devait s’être attiré quelques regard noir de ci de là et elle sourit en guise d’excuse.

Teylus tri..(rasesdechets-Cerys à la poubelle) Aïe mon pieds…

Elle n’en voulu pas à Kloa et lui tendit le le tissus en reprenant la clameur des autres.

Teylus Triompheraaa

Tiens Cerys, c’était son odeur de petite peste, mais surtout sa voix qui vint heurter ses Tympans. Elle avait entendu qu’on l’avait enfermer dans le placard elle n’avait absolument rien fait pour aller la délivrér. Elle hésita avant de lui tendre le tissus, mais c’était jour de fête et de rédemption : Elle aurait droit à son drapeau .

« Faut pas te décourager comme ça la môme, fit elle gentiment, Tout le monde est fébrile ici, si ça se trouve grand Siffleur va passer dans deux minutes et va faire pareil, rien n’est joué, jusqu’à ce que Jehan entre dans la grande salle. Allez, crois en nous pour une fois. » fit elle en lui remettant un bout de tissus noir dans les mains.

Et elle continua de s’ateller à la distribution de drapeaux.

« Astra...tiens, n'oublie pas de rajoute ça à ta tenue, Ewall..Ah tu en as déjà hein : Tant mieux ... Tiens Einar, c’est le plus beau, comme c’est toi qu’ à fait le cercle et qu’à crier le premier pour les Teylus et ben..je me suis dit qu’il te revenait. »

Elle le sentait tendu, elle n’était pas sur qu’il l’écoutait vraiment. Jehan savait se faire attendre, tous était dans un état de tension euphorique. Beaucoup criaient à pleine voix, d’autre retenaient leurs souffles . Elle se retourna vers Cerys.

« Toi qui te faufile partout, tu ne sais pas ce qu’il fiche, l’intendant ? »

Messages : 59 Inscription le : 07/02/2012 Age IRL : 35

Un, deux, un, deux, un, deux.

Non, Shaokys n'était pas en train de faire des pompes matinales. Et pourtant, il faisait un sport intensif. Le très compliqué sport du réveil après une courte nuit. Car oui, Shaokys n'avait pas dormit beaucoup, deux ou trois heures grand maximum. Qu'avait-il donc fait pour ne pas dormir? Voyons, dois-je vraiment le dire? Petite indice: il se réveillait nu à côté d'une femme nue elle aussi. Vous voyez pas? Vous voulez un dessin?

Donc Shaokys se réveillait et il faisait son sport.

Un. Il levait sa paupière droite. Deux. Il la refermait.

Un. Il levait sa paupière gauche. Deux. Il la refermait.

Un. Il levait les deux paupières. Deux. Il les refermait.

Et ainsi de suite.

Et oui, c'était du sport de haut niveau. A tout moment, il risquait de voir son corps se pencher vers le lit et de se rendormir. Très dangereux comme sport. Heureusement, ce matin-là, Shaokys parvint à se maintenir en position assise et il parvint même à se relever rapidement. Une fois debout, c'était bon. Il s'étira, tentant de chasser le sommeil qui avait encore des prises sur son corps. Quand ce fut fait, il s'habilla. Ce fut assez compliqué. Ses habits étaient éparpillés un peu partout dans la salle des loisirs, son lieu à lui dans l'académie.

Depuis qu'il y avait organisé sa fête, Shaokys se plaisait à la salle des loisirs. Elle était grande et les fauteuils étaient confortables. Elle n'avait que le scriptorium et la salle des maîtres pour voisins. La salle des loisirs était donc devenue un lieu de refuge pour Shaokys. Il avait subtilisé un double des clés et depuis, il venait à la salle des loisirs pour échapper aux cours. Mais pas seulement. La nuit, la salle des maîtres et le scriptorium étaient inoccupés et donc le bruit dérangeait moins que dans d'autres salles, le dortoir des Kaelems par exemple. Du coup, Shaokys avait pris l'habitude de ramener ses conquêtes dans la salle des loisirs. Il laissait son double des clés dans la serrure et du coup, ils n'étaient pas dérangés.

Une fois habillé, il se pencha vers sa conquête de la nuit précédente. Une teylus. Pas la plus moche évidemment. Shaokys ne choisissait que les plus belles. Il faut dire qu'il avait l'embarras du choix dans cette académie. Les élèves étaient nombreux et les filles étaient très jolies. Et le jeune arnaqueur recevait de moins en moins de râteau depuis qu'il avait organisé sa fête. Dès le lendemain, il avait sentit que sa popularité avait augmenté. Ceux qui avaient participé à la fête le remerciaient de l'excellente soirée et lui demandaient quand il comptait en organiser une autre. Ceux qui n'avaient pas participé s'étaient rapproché de lui pour espérer ne pas louper la prochaine. Shaokys avait alors eu une idée. Il avait annoncé que les places pour la future fête sera limitée et qu'il faudrait coucher avec lui pour être sûr de pouvoir participer. Au début, ça avait bien marché, mais le jeune arnaqueur avait finalement changé de façon quand un garçon s'était approché de lui et lui avait mis la main sur l'épaule en lui annonçant qu'il voulait lui aussi avoir sa place réservée.

- Hey, Joséphine? Gertrude? Alicia? Mince.... il avait oublié le prénom de la donzelle. Tant pis, on évite le prénom. C'est le matin, réveille toi.

Sa dulcinée de la nuit s'éveilla doucement. Elle s'habilla lentement et ils sortirent l'un après l'autre.

Shaokys croisa un Kaelem dont il avait oublié le nom, mais qui visiblement le connaissait lui vu qu'il l'aborda.

- Shao, t'as vu, les sabliers, ils sont recouverts! C'est aujourd'hui, le grand jour!!

L'esprit encore embrumé par la nuit, Shaokys ne capta pas tout de suite. Des sabliers? Un grand jour? Et soudain, la connexion se fit dans son cerveau fatigué. Mais oui, les sabliers qui trônent dans le hall d'entrée et aujourd'hui, c'était la remise de la coupe. Comment vous dire? Tout cela passait au dessus de Shaokys. Il s'en moquait de cette coupe. Lui, il avait jamais cherché à faire le beau devant les professeurs pour gagner des points. Bon par contre, il avait fait en sorte de pas en perdre. Pour sa maison? Non. Juste pour éviter de se faire assassiner pendant son sommeil.

- Bah alors? t'es pas content? C'est aujourd'hui que la coupe est remise. Je suis sûr que Kaelem va gagner.

Et tu feras quoi si on perds? Tu te jettes par la fenêtre? Non mais franchement, calme toi hein, c'est un simple verre plus gros que les autres. Et que ça t'apporte de gagner? L'année prochaine, tu vas devoir recommencer tes pitreries devant les professeurs pour espérer récupérer ta grosse timbale. Je m'en fous de ta coupe alors laisse moi tranquille.

Il aurait aimé dire cela, mais il se contenta de répondre.

- Oui, bien sûr, c'est évident qu'on va gagner. Mais excuse moi, je vais aller manger un peu.

Shaokys ne put être tranquille ce jour-là. Dans chaque couloir qu'il traversait, on l'abordait pour parler de cette maudite coupe. Vivement le lendemain que le gagnant récupère son trophée et que les autres l'envient, comme ça lui au moins, il serait tranquille.

Le soir venu, il se dirigea tout de même vers la Grande salle. Bah oui, il s'en foutait de qui gagnait mais il était curieux de savoir qui gagnait quand même. A peine entré dans la salle, il regretta presque. Les trois maisons étaient réunies en clan et discutaient entre eux ou se jetaient des regards noirs entre maisons. Et surtout, ça criait. Teylus triomphera chez les noirs. Kaelem vaincra chez les rouges. Aequor gagnera chez les bleus. Ridicules les bleus, c'était d'ailleurs les moins bruyants. Heureusement qu'il avait pas finit chez eux, il se serait ennuyé.

Shaokys se dirigea vers le "clan" Kaelem et il sortit un dé avec lequel il joua. Allez magne toi, l'intendant, j'ai autre chose à faire.

Messages : 139 Inscription le : 09/08/2009 Age IRL : 29

C'était l'effervescence ce jour-là dans l'Académie. Une véritable bataille humaine, sans grave dégâts heureusement. Les maisons ressemblaient fortement à des sectes qui défendaient leurs valeurs et se combattaient pour savoir qui serait la meilleure, qui gagnerait la coupe. La Coupe. Ah, la fameuse Coupe. Celle pour qui il y avait eu tant d'action dernièrement. Cette action qui avait étonnée la jeune dessinatrice. Elle ne se souvenait pas que l'Académie était si... Active, bruyante, peuplée. Elle avait cru s'être trompée, s'être absentée bien plus longtemps qu'elle ne le pensait. Elle n'en reconnaissait presque pas l'Académie. Ça l'avait presque découragée. Elle ne connaissait déjà pas grand monde à la base, mais dans une ébullition pareil, elle aurait du mal à connaître plus de monde. Et puis elle avait vu que la Vigie était toujours identique.

She's my priestess, I'm your priest.

Et puis, elle avait été entraînée par le climat ambiant. Par la Coupe, et cette compétition, qu'au final, elle aimait tant. Elle avait contribué à en rapporter pas mal de point à sa maison. A ses chers Teylus qu'elle ne connaissait qu'à peine. Ça avait au moins eu le mérite de lui donner de quoi s'occuper, et de se réintégrer peu à peu, même s'il restait beaucoup à faire pour qu'elle se sente réellement chez elle.

She's a lover, baby and a fighter

Ce matin-là elle s'était réveillée dans un lit qu'elle ne connaissait pas. Aux côtés d'un homme qu'elle avait oublié. Tiens, ça faisait longtemps qu'elle n'avait pas été réveillée par une main d'homme posée sur son épaule. Elle ouvrit les yeux et tourna la tête vers...

Mais t'es qui toi ?

Elle se retint de le dire. Elle n'avait pas besoin de savoir son nom. Mais que faisait-elle là déjà ? Et puis, où elle était ? Ah oui, l'académie. Besoin de se changer les idées. Elle était tombée sur lui. Et puis tout s'était enchaîné. Ah oui, ils étaient dans la salle des loisirs. Mais c'était quoi son nom déjà ? Et puis il était quelle heure ? Et quel jour. Tout en se posant ces questions silencieusement, Loeva se ramassa ses habits , les enfila et sorti de la salle à la suite du Kaelem. Elle se dirigea ensuite vers les dortoirs des Teylus, apparemment elle avait encore le temps d'y passer avant le début des cours. Et puis, de toute façon, il fallait qu'elle se réveille un peu plus avant d'aller en cours. Elle avait déjà oublié le visage de cet homme.

Should have seen it coming when it got a little brighter

On se rhabille, on essaie de faire quelque chose avec cet amas de cheveux blonds qui traînent, et hop, en cours.

Who knew the other side of you.

Et on se réveille.

Elle aurait peut-être du dormir un peu plus cette nuit, vu le temps qu'elle mit à capter que c'était aujourd'hui la fin de la Coupe des Trois Maisons. Elle laissa sa journée se passer de façon habituelle, puis, dès la fin des cours, se pressa vers le dortoir des Teylus. Pour la Coupe, elle aimerait autant éviter de se ramener en mode « j'ai pas dormi ». Et puis, pour la Coupe, elle pouvait mettre autre chose que cet affreux uniforme. Elle choisit une jolie robe, aux couleurs de Teylus, où elle s'était amusée, un soir, à y broder les symboles. L'arbre et le T. Et puis elle avait croisée Lohan, qui lui avait donnée un bout de tissu du même style. Tiens, ça tombait bien, elle se demandait si elle ne risquait pas d'avoir froid ce soir.

Après s'être occupée de ses cheveux, comme elle le faisait avant, de manière à ce que ce soit la cerise sur le gâteau de sa beauté, elle descendit à la Grande Salle. Il y avait déjà beaucoup de monde. Elle aperçue Astragal, et vit alors l'amas de Teylus, elle se rapprocha. Les rejoignant juste à temps.

- Teylus triomphera !

Elle sourit. Peu importait qu'elle ai été absente si longtemps. Elle s'y plairait sûrement, dans sa chère maison.

Messages : 634 Inscription le : 26/11/2008 Age IRL : 35

Et voilà, c'était le grand jour. Celui de la remise de la coupe. Locktar avait été nerveux toute la veille. La même peur que les veilles de grandes batailles lui avait pris les entrailles. Mais cette fois-ci, ce n'était pas la peur de mourir qui l'avait pris, c'était celle d'échouer. Remporter la coupe, c'était, pour Locktar, une preuve qu'il avait réussit dans son rôle de Primat. Dans un sens, il avait réussit. Les Teylus s'étaient rassemblés quand Kaelem avait pris une large avance et ils étaient revenus doucement pour finalement basculer en tête depuis quelques jours. La veille, quand Locktar était passé devant les sabliers, il y avait une trentaine de points d'écarts. Pourquoi paniquait-il alors? Avec une telle avance, Teylus gagnait c'était évident! Et bah non, Locktar avait peur que Jehalbus Hil'Dumblewin ne s'amuse à rajouter des points déterminants pendant le banquet de clôture de la coupe. Le Primat des Teylus avait la mauvaise impression que l'intendant allait arriver grand sourire et annoncer qu'il offrait 50 points à tel Kaelem car il lui avait apporté une délicieuse tarte au citron faite maison, ou que un gentil Aequor lui avait préparé son café toute la semaine et que du coup, il lui offrait 10 points par jour, ce qui faisait donc 70 points en plus.

Et oui, tout était encore possible. L'avance des Teylus était confortable la veille mais pas assez pour ne pas être rattrapée. En plus, Jehan avait fait passé le message auprès des Primats et professeurs que les sabliers seraient masqués pendant toute la journée pour que le suspense soit conservé jusqu'au moment où il annoncerait l'heureuse maison gagnante.

Les inquiétudes de Locktar ne l'avaient pas empêché de plaisanter avec les autres Primats. Il avait notamment invité Duncan à venir dans son bureau le lendemain de la remise de la coupe pour l'admirer sur son étagère. Le maître des écrits lui avait répondu en rigolant qu'il irait bien observer la coupe mais qu'il devrait aller dans la salle commune des Aequor pour cela. Le Primat des Teylus lui avait sourit en retour. Ainsi, si sa maison gagnait, Duncan laissait la coupe à ses élèves? Ridicule. Il y avait tellement de terreurs dans cette académie qu'elle risquait d'être abîmée dans une bagarre dans la salle commune. Bon, avec les Aequor, il fallait dire qu'il y avait moins de risques. La maison était relativement épargnée par les terreurs. Mais chez Teylus, il y en avait notamment une. Cérys. Avec elle, une bagarre était vite déclenchée. Non, il était vraiment préférable que la coupe soit à l'abri dans le bureau du Maître d'armes plutôt que dans la salle commune des Teylus, laissée à la merci du Diable des Teylus.

L'ambiance de fin de coupe était tellement intense que Locktar libéra les élèves tôt dans l'après-midi, lors de son dernier cours de la journée. Il n'y avait rien à tirer des élèves, sauf du léchage de pompes pour tenter de récupérer des points bienvenus en ce dernier jour de compétition. Peine perdue. Locktar avait pris la décision de ne plus offrir de points aux élèves, peu importe la maison à laquelle il se trouvait. Teylus était en tête donc Locktar s'arrangeait pour que les points ne bougent plus, me direz-vous? Et bien non, car il ne savait pas si ses collègues avaient pris la même décision que lui. Par exemple, si Myra Ril'Otrin offrait encore des points à ses élèves, Teylus en pâtirait, la maison noire n'ayant que peu d'élèves dessinateurs en son sein. Donc non, ce n'était pas une manière de laisser Teylus en tête, juste une décision personnelle.

Donc Locktar s'était libéré de bonne heure et il était rentré dans ses appartements. Edel n'était pas là, évidemment. Depuis quelques jours, les élèves rebelles étaient eux aussi entré en action. Leur but? Faire en sorte de faire des conneries faisant perdre des points et s'échapper avant qu'on les attrape pour que ça soit les autres maisons qui soient perdantes. Et oui, tout le monde avait mis ses atouts dans la lutte des Trois Maisons. Du coup, Edel et ses gardes avaient été obligés de doubler leurs gardes pour éviter ce genre de débordements. Donc, Locktar s'attendait à ne pas voir sa femme avant le banquet. Le Maître d'armes avait donc pris les quelques heures qui lui restait pour se reposer un peu.

Le soir venur, il avait rejoint la Grande Salle puis la table des professeurs. Les élèves étaient déjà là, attendant avec impatience le verdict. Le chahut était de mesure. Duncan se leva et il fit un discours pour calmer les ardeurs des élèves.

- Bien sûr que le résultat ne fait aucun doute, Teylus gagne, personne n'en doute, lança Locktar d'une voix forte.

Duncan se retourna dans sa direction et Locktar lui présenta son verre comme s'il trinquait avec lui avant d'en boire une gorgée. Son intervention avait déclenché un tonnerre de hourra et d'applaudissements du côté des Teylus.

- Teylus triomphera mon ami, ajouta Locktar a l'attention de Duncan.

Le maître des légendes lui offrit un sourire.

Messages : 571 Inscription le : 03/07/2009 Age IRL : 31

Halina avait la furieuse impression qu’elle allait arriver à la bourre à ceux certains appelaient l’évènement de l’année. Et pourtant, ce n’était pas faute de s’y être préparée. Elle avait aidé Lohan et les autres filles du dortoir à confectionner des banderoles, enfin, dans la mesure de ses médiocres aptitudes en art. Elle avait aussi participé à tous les cours, et tenté de faire gagner pleins de points à sa Maison, elle n’avait pas traîner trop tôt ou tard dehors en pleine nuit comme elle le faisait avant le rush des points pour éviter qu’un Primat un peu trop pointilleux ne lui fasse perdre des points, sans se soucier de ses insomnies. Mais ce qui avait été le plus dur ces derniers temps, c’était supporter l’ensemble de l’Académie qui ne parlait que de points, de gagnants et de la Coupe. Halina devait avouer qu’elle avait bien participé à cette tension dramatique de cette dernière journée. En effet, étant, comme d’habitude, la première levée de son dortoir, elle avait filé en bas, comme tous les jours, avait été voir où en étaient les Sabliers. Mais ils étaient recouverts. L’information s’était ensuite répandue comme une traînée de poudre.

La veille à la même heure, il lui semblait que c’étaient les Aequor et surtout Gwëll qui était en tête. Toute l’Académie connaissait son prénom maintenant. Celle qui avait sorti la Maison de l’eau calme de sa torpeur en raflant de plus en plus de points. Et pour ça, elle avait attiré le respect – et parfois la colère – de bon nombre d’élèves. La guerrière admirait comment la petite blonde avait tiré toute sa Maison dans la plus grande discrétion vers le haut jusqu’à dépasser les Teylus et les Kaelems. Enfin, les trois Maisons se trouvaient dans un mouchoir de poche et tout pouvait encore changer. Ce qui était des plus stressants pour tous les élèves. Et donc très dur pour les nerfs de l’ensemble des gens à Al-Poll. Et courrait partout, et ça piapiatait, et ça préparait à sa manière la fête de la victoire ou la déception d’avoir perdu –avec de l’alcool pour les Teylus. Il y avait ceux aussi qui semblaient fuir l’ambiance survoltée de la Salle commune, qui restaient calmes. Il y avait Ewall entre autres. Et, cas à part, il y avait Cérys. Mais, ne parlons pas des sujets qui fâchent.

-Arrête de rêvasser Hal’, lui cria une voix qui sortait du dortoir, et prépare toi ! On va encore t’attendre !

Halina était donc à la bourre oui. Elle avait été courrir pour se vider la tête et oublier tous les blablas de cette journée à rallonge. Puis elle avait fait la queue pour pouvoir prendre une douche. Elle était la dernière de l’étage. Puis, il avait fallu trouver une tenue, retrouver son petit fanion en l’honneur de Teylus et se coiffer. Elle n’avait pas mis son vieil uniforme. Ca elle le réservait pour certains profs qui affectionnaient tout particulièrement le règlement. Elle s’habilla plutôt bien, c’est-à-dire qu’elle évita la tenue de guerrière ou de course et enfila une jolie petite robe noir que Loeva ou Astragal lui avait conseillée quand les Teylus avaient été en ville pour faire des emplettes. Puis elle passa pas mal de temps à se brosser son amas de cheveux pour qu’une fois lâchés, ils soient tout beaux et brillants. Et le résultat en valait la chandelle. Il y aurait certainement Kirfdéin ce soir et bon, ça faisait un moment qu’ils n’avaient pas eu du temps pour eux.

La jeune femme, finit par dévaler les escaliers quatre à quatre, entrer dans la Grande Salle à l’ambiance surchauffée et réaliser que, même si les Primats étaient présents, l’Intendant n’était pas encore arrivé et du coup, les résultats non plus. Retirant le drapeau de ses épaules, elle l’agita en l’aire en arrivant près des Kaelems, elle tira la langue à Lya, sourit à Enelyë et aux autres qu’elle connaissait avant de crier, toute sourire :

-TEYLUS TRIOMPHERAAAAA !!

Elle rejoignit ensuite les rangs de sa Maison, salua tout le monde et se laissa guidée par l’euphorie générale. Ca chanta, hurla, acclamait les déclarations des différents profs. La peste, qui était apparue comme par magie, déclara un truc qui commença à faire réagir les Teylus. Halina fut devancée puis déclara :

-Elle a raison Lohan, Cérys, faut te détendre un peu quoi ! Profites donc de l’ambiance !

Et elle de recommencer à chanter. Elle savourait cette soirée. Aux Teylus la victoiiiire !

Messages : 238 Inscription le : 17/07/2009 Age IRL : 30

Le soleil était levé depuis quelques heures alors que Myra passait la porte de la vigie. Pourquoi venait-elle ici ? Peut-être pour se rassurer, pour être sûr qu'elle était dessinatrice. Depuis qu'elle avait découvert qu'elle pouvait toujours accéder à la vigie, elle venait souvent sous la coupole.
Cependant, depuis quelques jours, elle en était certaine. Son Don avait toujours été présent, il ne l'avait jamais quitté. Elle l'avait récupéré ! L'Imagination lui était à nouveau ouverte ! Son coeur dansait le rock dans sa poitrine et elle avait l'impression qu'une nouvelle vie se profilait devant elle.
Elle était donc dans la vigie, à observer le ciel, à jeter un oeil contre les falaises des montagnes et à lorgner la liberté des plaines. Elle aurait tant voulu aller se promener durant toute la journée dans les plaines, pouvoir se laisser porter par le vent et oublier les cours rien qu'un instant. Eh bien oui, elle devait donner cours dans quelques minutes et ne se trouvait toujours pas dans la salle de Dessin. Cela allait être compliqué d'être à l'heure, mais bon, elle était la professeur, elle pouvait arriver au moment qu'elle choisissait et les élèves étaient bien forcés d'attendre son apparition. Sauf qu'elle n'était pas comme cela et qu'elle quitta à contre-coeur la vision panoramique des montagnes du Nord.

Elle descendit les escaliers et se rendit dans la salle de Dessin. Il faudrait qu'elle pense un jour à changer un peu d'horizon et à faire cours ailleurs qu'ici, c'était répétitif à la longue. Et puis, ils pouvaient dessiner partout, l'Imagination n'avait pas de limites. Sauf dans certains lieux et en présence de gommeurs. Mais bon, cela restait quelques menus détails.
Elle arriva devant la salle alors que le cours aurait dû commencer depuis bien dix bonnes minutes. Eh bien qu'ils se plaignent, ils n'avaient rien à dire ! Elle commença les exercices, mais les élèves étaient particulièrement dissipés ce matin-là. C'était compréhensible, aujourd'hui était le jour de la remise de la coupe des trois maisons. Ils essayaient de grappiller des points de dernière minute, tentaient de ne pas s'en faire enlever. Parce qu'il fallait préciser que les professeurs avaient bien entendu caché aux yeux des élèves les sabliers afin que la surprise soit de mise. Jehan n'avait pas quitté son bureau depuis la veille et gérait les comptes avec minutie. Tout était presque fin prêt pour la soirée qui allait être haute en couleurs.
Myra avait bien envie que sa maison gagne, mais en doutait fort. Elle les savait très dissipés et habiles pour perdre des points. Et les deux autres maisons étaient redoutables. Enfin, les élèves quoi.
Des cris ramenèrent la dessinatrice à la réalité. Un kaelem et un teylus se hurlaient dessus comme pas possible. L'un et l'autre défendaient leur maison avec passion, mais peut-être trop. De la colère parfois aussi.
La primat s'était alors approchée et leur avait donné un coup sur la tête, chacun. Elle n'était jamais en colère, mais lorsqu'elle l'était, cela faisait mal. Et là, elle l'était. La coupe commençait à la fatiguer, car elle devait sans cesse hurler sur ses élèves pour les remettre en place. Ils devenaient fous.

- Calmez-vous ou j'enlève cent points à vos maisons respectives !

Elle fronçait les sourcils et ses yeux flammes jetaient des éclairs. Plus personne n'osa émettre un seul son après son intervention. Le cours se termina en silence et Myra fulminait encore.
Après avoir fermé la porte derrière le dernier élève, elle se rendit dans les appartements de Duncan afin de prendre un thé avec son ami. Ils parlèrent de tout et de rien, surtout de la coupe à vrai dire. Il y avait une petite rivalité, certes amicale, mais chacun voulait voir sa maison gagner. Locktar aussi, ils se chamaillaient avec entrain et gentillesse. De vrais petits primats qui chérissent leurs élèves. Kaelems pour sa part.
Leur rendez-vous fini, elle passa le reste de la journée assise dans ses appartements à lire de lourds ouvrages.

L'heure du diner était enfin arrivée et Myra descendit dans la grande salle. Un brouhaha du tonnerre se faisait entendre et la dessinatrice allait presque rentrer dans ses appartements tant le bruit lui brouillait déjà l'esprit. Non, c'était la coupe, elle se devait d'être là, pour ses élèves. Elle rentra donc et traversa la grande salle afin de se diriger vers la table des professeurs. Elle s'attendait à se que les élèves se mettent par maison, mais pas à se qu'ils scandent toute sorte de slogans à travers les tables.
Par un miracle, Duncan se leva et s'approcha de l'estrade afin de calmer les ardeurs des élèves. Sauf qu'il finit son discours en émettant l'idée, presque définitive pour lui, que les aequors étaient les vainqueurs. Ce qui empira les choses restait à venir, bien entendu. Locktar se leva à son tour et, avec un sourire, dit quand à lui, que les teylus allaient gagner.
Myra ne put résister à la tentation.

- Vous vous fourvoyez chers amis, Kaelem vaincra, comme le dit si bien ceux-ci.

Un large sourire barra son visage et elle se tourna vers les élèves qui recommençaient à hurler.

- Montrer votre enthousiasme, Jehan ne tardera pas !

Elle avait raison. Il arriva dans les secondes qui suivirent sa tirade.

Messages : 62 Inscription le : 14/09/2012 Age IRL : 53

- Silence !

La voix, sèche et grave, avait retenti depuis l’estrade des professeurs. Une silhouette se profila dans l’embrasure de la porte qui permettait aux professeurs de sortir de la salle sans passer par la grande porte toujours encombrée par de nombreux élèves. Cette silhouette était grande, maigre, drapée de pourpre. Ses bottes claquèrent sur l’estrade lorsqu’il s’avança depuis l’ombre jusqu’au pupitre où se tenait encore le professeur de lettres et civilisation. Celui-ci le regardait d’un air à la fois ébahi et profondément contrarié auquel il ne fit pas attention, et il l’écarta d’un geste de la main. Le primat des Aequor s’écarta, sous le coup de la surprise.
Aziel Ril’ Krysant promena son regard dur sur l’ensemble de la salle. Les élèves, debout, assis, en groupe ou bien seuls, tous éparpillés le long des bancs désordonnés, autour de tables qui avaient été regroupées pour les différentes… comment les appelait-on déjà ? Ah, oui, ces fameuses « maisons » de l’Académie. Ses sourcils grisonnants se froncèrent.
Le brouhaha n’avait baissé que pour reprendre de plus belle, et tous les regards, professeurs et élèves compris, étaient posés sur lui. Bien.

- Silence dans les rangs ! Sans crier, l’homme coiffé d’une calotte du même rouge que sa cape avait élevé la voix, que les hauts murs de la Grande Salle avait réverbéré.
Il put, cette fois-ci, entendre les échos de son ordre. Le silence s’était installé rapidement dans cette salle grouillante de petits imbéciles. Les professeurs, qui se concertaient à voix basse, avaient également fait silence, ce qui n’était pas un mal. Ses mains jaunes de part et d’autre du pupitre de bois, il reprit, de cette même voix sèche et claquante qui le caractérisait depuis de nombreuses années :

- Assis.

Il fut obéi. Sous le coup de la surprise et du désarroi, les élèves s’assirent avec trop inquiétés par cette figure longue et osseuse pour se rebeller. Les bancs râclèrent et les tables grincèrent, leurs vêtements –dépareillés, d’un ridicule achevé et sales pour la plupart- claquèrent, puis à nouveau, ils firent silence. Le nouveau venu le laissa durer quelques secondes, le temps d’inspecter chaque visage de son regard scrutateur. Puis avec les gestes lents de l’habitude consommée, des tréfonds de ses habits de tissu raide, Aziel Ril’ Krysant sortit un petit micelle à la couverture de cuir usé. Il l’ouvrit à l’emplacement où se trouvait le ruban déteint, et posa ses yeux ternes sur les pages de papier jauni.
Sous les regards inquiets et perdus, il commença à réciter de sa voix profonde et râpeuse, autant pour son auditoire que pour son âme pieuse :

- « Fuis les passions de la jeunesse, et recherche la justice, la foi, la charité, la paix avec ceux qui invoquent la Dame d’un cœur pur ; repousse les discussions folles et inutiles, sachant qu’elles font naître des querelles. Or, il ne faut pas qu’un serviteur du Héros de la Dame ait des querelles ; il doit, au contraire, avoir de la condescendance pour tous, être propre à enseigner, doué de patience ; il doit redresser avec douceur les indigents, dans l’espérance que la grande Dame et le divin Dragon leur donnera la repentance pour arriver à la connaissance de la vérité. »

L’homme se recueillit l’espace d’une seconde, le menton baissé, puis fermé son livre d’un claquement sec, et reposa son regard sur l’assemblée. Pas un seul, évidemment, n’avait été capable de suivre cette prière pourtant connue dans le reste de l’Empire. Ca ne l’étonnait pas. Après tout, en venant si loin dans le Nord, il s’était préparé à leur rustre barbarie, et avait relevé le défi avec une pieuse assiduité.

- Je suis Aziel Ril’ Krysant, chancelier des Comptes de l’Empereur, membre tutélaire de la Cour de Justice suprême, ancien Intendant de l’Académie d’Al-Jeit… et Intendant de l’Académie d’Al-Poll, dite l’Académie de Merwyn.

De très nombreux murmures éclatèrent dans la salle à cette annonce, les élèves, fébriles, remuaient sur leurs sièges, les professeurs le regardaient d’un air interloqué.

- Mon prédécesseur, le sire Hil’ Jildwin, a reçu l’insigne honneur de se voir attribuer un poste de très haute responsabilité au sein des institutions impériales. Il a donc posé sa démission hier soir et est parti séance tenante pour la capitale afin de répondre au plus vite à cette demande émanant de l’Empereur en personne. Je suis son remplaçant.

Des tréfonds de ses poches qui semblaient sans fond, Aziel sortit un parchemin à l’allure officielle, retenu par un cachet de cire dorée. Il en rompit le cachet et déroula précieusement le rouleau, afin de le montrer à la multitude. C’était un décret officiel qui le plaçait à la tête de l’Académie, et le sceau de l’Empereur apposé à la fin attestait de sa véracité. Il le tendit au professeur le plus proche, une espèce d’armoire à glace à l’air patibulaire, afin qu’ils puissent lire pour eux-mêmes. Sans attendre, il reprit, ses mains posées à nouveau comme des serres sur le pupitre :

- N’espérez pas que je sois un homme aux mœurs aussi négligés que mon indigne prédécesseur. Depuis l’arrivée de cet homme excentrique à la tête d’une institution aussi prestigieuse, les choses n’ont cessé d’empirer, et je ne peux que le constater moi-même en vous regardant.

En effet, l’air négligé et débraillé de la plupart des élèves ne trompait pas. Il connaissait Jehan Hil’ Jildwin de réputation et le méprisait profondément, tout autant que son œuvre. Un nombre ridiculement bas d’élèves portait l’uniforme, pourtant obligatoire, et la plupart portait une arme à la ceinture. Sans parler de tous ces accessoires excentriques et ces cheveux longs ! Une catastrophe, une véritable catastrophe, et ce constat lui donnait le vertige. Que de travail, pour redonner son lustre à cette école délabrée, que de travail..

- Dès demain matin, le Code Merwynien sera de nouveau appliqué avec la plus grande application par tous les élèves. Je compte sur vous pour ne pas me décevoir… poursuivit-il d’un air extrêmement hautain. J’entends que les valeurs du grand et regretté Merwyn Ril’ Avalon soient à nouveau l’apanage de notre élite, et je ne reculerai devant aucune méthode pour les faire respecter. Quant à cette petite « Coupe des trois maisons »…

Il jeta un œil sur les sabliers qui se trouvaient sur sa gauche, recouvert d’un drap aussi noir que son regard. Ridicule. Du ridicule le plus achevé. Qu’aurait dit la noblesse d’Al-Jeit s’il s’était amusé à ces petites compétitions idiotes lorsqu’il était Intendant de leur glorieuse Académie ? Où Merwyn avait-il la tête, lui, ce génie illustre ? Ou bien c’était encore un de ces petites traditions organisées par cet incapable d’Hil’Jildwin. Bon débarras.

- Quant à cette petite « Coupe des trois Maisons », elle est reportée jusqu’à nouvel ordre.

Il lui sembla que la salle explosait de toutes parts. Des cris accompagnèrent son annonce, quelques injures, qu’il laissa glisser sur lui sans qu’elles ne l’atteignent. En revanche, il repéra avec minutie les visages des plus insolents et les grava dans sa mémoire. Le brouhaha général mit plusieurs minutes à s’essouffler, voyant qu’il n’y réagissait pas autrement qu’en attendant patiemment, le visage de marbre. Lorsque le niveau sonore fut redescendu à un niveau acceptable, il frappa du plat de ses deux mains sur le pupitre.
Ce geste autoritaire eut pour effet immédiat de rétablir le silence dans la salle.

- Je n’ai, pour l’instant, pas le pouvoir de supprimer cette tradition pourtant infantile de l’institution de Merwyn. Puisqu’il faut la souffrir encore quelques temps, il serait incorrect de rendre un verdict maintenant sur la « Maison » la plus digne de remporter les honneurs. Pas tant, du moins, que les vices et les décrépitudes de cette école n’auront pas été redressé dans la plus pure tradition merwynienne. Je ne suis pas un homme cruel, aussi n’aurez-vous pas à recommencer de rien pour tenter de vaincre les autres.

Non, c’était bien mieux de les laisser surnager dans leur passé vicié, avec des écarts de points correspondant à leurs propres écarts de conduite qu’il leur faudrait rattraper par la plus grande droiture d’esprit et de corps.

- Cependant, les draps resteront en place sur les sabliers tout au long de ce petit jeu. Nous ne voudrions pas que vous travailliez uniquement pour combler un retard ou creuser une avance, cela ne serait pas vous enseigner les meilleurs principes de justice et d’égalité.

Son regard se promena encore une fois sur la salle muette.

- Ai-je été bien clair ?

Messages : 634 Inscription le : 26/11/2008 Age IRL : 35

La fête semblait bien engagée. Myra lui avait répondu du tact au tact en misant sur sa maison à elle. Logique. Il ne restait plus que l'intendant pour clore cette compétition amicale de la meilleure des manières.... Intendant qui ne vint jamais.... En vérité, si, mais pas celui qu'on attendait. A la place de Jehan Hil'Jidwin, ce fut une espèce de pantin vêtu de rouge qui se présenta. Au départ, au vu de la couleur, Locktar avait pensé que c'était Jehan qui s'était vêtu ainsi pour annoncer la victoire de Kaelem. Mais ce n'était pas Jehan. C'était un homme totalement inconnu pour Locktar. L'homme se présenta. Aziel Ril'Krysant. Suivi d'une multitude de titres aussi pompeux les uns que les autres. Au premier regard, le maître d'armes jugea qu'il n'aimait pas cet homme, et cet avis fut aggravé à la suite du discours du nouvel intendant puisqu'il avait apparemment ce rôle désormais.

Oh non, ça ne lui plaisait pas du tout de devoir suivre le code Merwynien. Il avait déjà eu à le respecter quand il était un élève chez Corbac. A cause du trop grand respect des règles de Valen. Locktar avait été bien content que Jehan le mette de côté et ne pénalise plus les élèves qui ne le respectaient pas. Son retour ne plaisait pas au maître d'armes mais alors pas du tout.

- Parfaitement clair, lança Locktar en se levant de sa chaise.

Il rageait. Ses poings étaient fermés et son regard était fixé sur le nouvel intendant. Jamais il n'avait supporté de se faire diriger de la sorte. C'était ce qui lui avait causé des problèmes quand il était dans l'armée. Ce que proposait cet homme n'était pas acceptable pour lui.

- Il est parfaitement clair que vous ne devez pas surveillez grand chose des affaires de cette académie. Le véritable intendant de cette académie faisait parfaitement son travail. Avez-vous seulement une chose à dire des élèves qui sont sortit de cette académie? Ne font-ils pas partit des plus éminents membres de l'empire? Sentinelles, Légion Noire, Généraux de l'Armée.

Locktar s'était déplacé. La table des professeurs était désormais derrière lui.

- C'est cela qui ne vous plait pas dans les méthodes de Jehan Hil'Jidwin? Vous auriez préféré qu'on vous fournisse des soldats de piètre rang? Ceux qui sont envoyés en première ligne pour essuyer les premiers coups portés par l'ennemi?

Du coin de l'oeil, le maître d'armes voyait que Duncan tentait de s'interposer, mais il n'y faisait pas attention.

- En plus de cela, vous venez chambouler ce qui a été mis en place. Peu importe ce que vous décidez, pour moi la coupe existera toujours. Vous ne remettez pas la coupe tout de suite? Tant pis, elle n'en sera que repoussez, je continuerais à offrir des points aux plus méritants de mes élèves.

Il pointa son index en direction d'Aziel.

- Et votre code, vous pouvez vous le mettre où je pense. Je ne suivrais pas les règles qui sont écrites dedans. Je m'en moque éperdument.

Il était tout proche d'Aziel qui n'avait pas bougé ni parlé.

- Voyons, calmez-vous, pensez à Edel

Duncan essayait de le calmer mais c'était peine perdue. Pas avant d'avoir tout dit au nouvel intendant.

- Je continuerais à faire mes cours comme si vous n'aviez jamais pointé votre visage de courtisan de l'empereur dans cette salle. Et si jamais l'empereur y trouve des choses à redire, qu'il vienne lui-même frapper à ma porte. Si c'est votre calotte rouge que je vois, je vous referme la porte au nez. "Ais-je bien été clair?"

Pour cette dernière phrase, il avait imité le ton d'Aziel.

Il tourna les talons mais avant de quitter la salle, il lança à l'attention des élèves:

- Cours de combat demain à la première heure, comme d'habitude.

Messages : 195 Inscription le : 27/05/2008 Age IRL : 32

Quel était cet homme en rouge qui avait cassé l’euphorie de la fête ? Les sons n’étaient plus les mêmes, plus de joies dans les voix, plus cette adrénaline qui les gagnait tous au début. Plus que des raclements de chaises, et cette voix, cette voix inconnue qui avait traversait la salle, aigre, sonnant un assourdissant silence. Elle avait ecarquillé les yeux comme tous les autres . Mais l’intendant, ou était l’Intendant ? Connaissant Jehan, il aurait soigné sa sortie, tout en ruban et en dentelles, avec de longues formules alambiqués une fête donnée en son honneur…mais pas un …un, un départ si sobre ? Le silence était atterré, les professeurs eux même ne bronchaient pas , et leurs remarques, avant cette entrée fracassante signalaient qu’ils ne semblaient pas au courant des événements.

Cétait une farce, une farce de Jehan.

Sort de derrière les sabliers, avec ta voix tellement extensible, celle qui monte et qui descends comme les grains de sable de Kaelems et Teylus, la farce était bonne, très bonne mais…

Grand Siffleur se leva , s'indigna et les espoirs de Lohan furent anéantis. Le grand Siffleur ne s’énervait pas pour rien et Jehan n’aurait jamais laisser la farce durer aussi longtemps.

Au moment de la sortie de Locktar, elle entendit une voix derrière elle qui lança bravement un :

Pour grand siffleur hiphiphip- auquel elle répondit un hourra peu convaincu, très faible, il faisait peur cet homme, il était imposant avec cette voix qui tombait comme une pierre, une lourde stele à travers l’assemblée. Elle n’avait pas droit à l’habit, ni à son aspect qui transpirait la rigidité, mais la voix, la voix seule la tenait en place, bien assise sur son banc.

Elle pensa au code Merwynnien, ché code ? Elle ne se souvenait pas vraiment des articles, l’inconnu n’avait pas tort au fond, Jehan les laissait faire un peu ce qu’ils voulaient, mais était-ce pour autant répréhensible? Il y avait beaucoup moins de traitres, de coups de fouet, de violence que lorsque les anciennes regles étaient en vigueur, ce laisser-vivre avait quelque chose de tranquillisant, pour chacun… pour tous . En tout cas, cet homme qui affirmait mettre un terme à 5 ans de vie presque paisible lui déplaisait fortement....cette façon de faire référence à la Dame et par le Dragon, il lui rappelait la doyenne de son village, qui ne jurait que par de vieilles superstitions.

Rha, cet empereur, toujours à prendre les mauvaises décision. il était loin, loin de ses sujets, dans son petit bijoux d’Aljeit et jamais il ne s’était rendu compte de la réalité, ou par ouïe dire. L’homme qui s’était imposé devant eux n’était pas né pour être magister, il n’avait aucune force de conviction, aucun charisme rien, seulement le poids de cette rigidité implacable, et voilà qu’on l’envoyait ici, faire la loi dans l’académie qui avait ses règles propres.

Il se serait fait manger, avalé tout cru s'il n'y avait pas cet ordre de l'empereur.

Elle sentit son voisin se raidir, prêt à lancer quelque chose alors elle lui pris le bras, le serrant un peu, gentiment, lui intimant de renoncer à réagir… C’était peine perdu, elle pouvait le voir d’ici. Quelques insultes ne servirait qu’à faire baisser les points aux sabliers.

« Inutile, garde ta salive pour la réunion de ce soir, au cercle..." chuchota-t-elle...puis soupirant, plus bas "je sens qu'on va s'amuser"....

Messages : 139 Inscription le : 24/11/2009 Age IRL : 33

Edel était contrariée, ce que lui murmurait Amir ne lui plaisait guère. Elle n’avait été prévenue que ce matin de l’arriver d’une diligence impériale et qu’à cet instant le rapport fait par les gardes de postes avancés. Jehan semblait avoir été aperçu quittant les terres de l’Académie.

D’agacement la Première Gardienne secoua une main autoritaire pour faire taire son bras droit surpris de sa mauvaise humeur. Enfin surpris… pas totalement, il était vrai qu’il aurait peut-être dû la réveiller pour des tels informations, mais lui-même n’était au courant qu’il y avait à peine deux heures le temps qu’il prenne connaissance de tout cela. Il avait failli à l’une des demandes de sa supérieure, à savoir de la mettre au courant de tout faits majeurs, mais cette histoire d’Intendant n’était qu’une rumeur et la venue de cette diligence…

_Madame, excusez mon incompétence – ajoutât-il précipitement en baissant respectueusement la tête – cette diligence impériale… je pensais que vous en étiez informé, les secrets font parti de vos…
_Il suffit Amir ! – la voix autoritaire de la première Gardienne claqua dans le couloir, si bien que les élèves s’y trouvant encore, se pressèrent d’avantage pour entrer dans la grande salle. Ils furent bientôt seuls. La jeune femme s’arrêta brusquement pour se tourner vers son bras droit – Toute cette histoire m’agace au plus haut point ! L’empeureur n’a pas eu l’obligence de nous informer de cette visite visiblement secrète jusqu’à un moment dont nous ignorons également tout ! Cette rumeur sur J… - regard furtif tout autour d’eux - cette rumeure est absurde ! C’est une catastrophe ! Comment une diligence impériale, une diligence impériale Amir !!! Peut-elle seulement traverser la frontière de ces terres sans que je n’en sois informée en priorité ? Même si cela signifie venir m’arracher à mon lit ! - la jeune femme serra poings et dents en foudroyant son bras droit du regard. Pourtant ce n’était pas après lui qu’elle en avait. Pas seulement. - Peste soit de l’Empeureur ! Voilà qu’il me faudra encore l’écrire alors que je pensais que nos rapports avec lui n’avaient jamais été aussi bons !

Se murant dans un mutisme résigné et honteux, Amir ne dit mot, tête baissé. C’était le mieux qu’il avait à faire. Ce n’était pas une belle journée.

_Quelle indécence. Quel affront. C’est intolérable… - Edel inspira profondément en fermant les yeux et en serrant les doitgs sur la dague passé à sa ceinture. Puis soudainement aussi calme que les eaux d’un lac elle repris – Amir, faites-moi le plaisir de mettre tout cela au clair dans les plus brefs délais. Je veux entendre moi-même ces hommes qui on rapporté la fameuse « rumeur » surtout. Quand je sortirais de cette salle je ne veux entendre que de bonnes nouvelles. – regard insistant – Est-ce bien clair ? – Amir acquieça et dans un instant de faiblesse elle se dit qu’elle était peut-être dûr, et puis… non ! Elle était à sa place c’était tout ! – Comment suis-je ?

Déconcerté, le soldat ne sembla pas comprendre tout de suite, puis comme sa supérieure rajustait son baudrier, bredouilla quelque chose de positif. Edel acquieça distraitement, si elle était présentable alors elle pouvait y aller.

La Première Gardienne poussa la porte alors qu’Amir et les deux gardes avec lui s’en allaient dans la direction opposée. Sans un regard pour personne, murée dans ses pensées et réflexions qui se donnaient à cœur joie, Edel alla prendre sa place à la grande table où siégeaient déjà quelques professeurs.
Un sourire aimable de Duncan l’apaisa et le stresse de Locktar déjà assis éclipsa un instant ses soucis par un certain amusement. Depuis quelques jours le guerrier semblait en proie à un suspens qu’il vivait corps et âme. Un fait plutôt amusant, il s’amusait au moins lui…
Cependant l’absence flagrante de l’intendant lui serra le cœur.

S’assayant en silence, Edel notifia quelques regards curieux vers elle auxquels elle répondit par un sourire aimable. Il était vrai que les élèves avaient très peu l’occasion de la voir et que sa présence à la grande table se faisant rare. Elle était ainsi parfois le sujet de certaines observations semblant dire « Ha c’est elle la Première Gardienne c’est vrai » ou même parfois « C’est qui celle là? ».
L’anneau d’argent serti d’un béryl à son doigt, dissipait généralement très vite cette dernière question.
Posant une main apaisante sur le bras de Lockart qui envoyait une pique faussement provocatrice à Duncan quand à l’issus des résultats, Edel lui sourit. Espérant que cela attenus au moins un peu le stresse de son époux. Il était comme différent avec cette histoire de coupe. Un vrai joueur dans l’âme. Quand il lui rendit son sourire, Edel retira sa main avant de se focaliser sur la personne qui venait d’entrer.

Et puis tout s’enchaina. Le rapport des gardes au sujet de Jehan, devenu « rumeurs » se révélait être la vérité, la diligence impériale transportait ce Aziel Ril’Krysant qui remplaçait Jehan parti sans mots dire. Etrange…
Après un regard à Duncan visiblement aussi surpris que le reste de la salle et qu’elle-même, la jeune femme s’appuya sur le dossier de siège. D’un calme qui l’inquiétait elle-même, Edel porta les doigts nus de sa main dégantée à sa lèvre inférieure, méditative…

Quel retournement de situation ! L’agitation de Locktar sur son siège à côté d’elle l’alerta par avance de ce qui allait suivre. Elle tenta de l’apaiser en posant de nouveau une main ferme cette foi sur son bras, mais c’était déjà trop tard. Cela ne suffit pas à faire reculer le rebel qui se leva même pour aller balancer ces quatres vérités à l’homme envoyé par l’empeureur.
Duncan tenta à son tour, mais sans succès et avant que quelqu’un y comprenne tout à fait quelque chose Locktar furieux avait quitté la salle qui s’embrasait à nouveau.

Il fallait toujours qu’il soit impulsif !
On n'attaquait jamais de front une situation dont on ignorait tout! Cela se voyait pourtant comme le nez au milieu d’un visage que cet individu n’était pas fait de la même trempe que Jehan ! Locktar s’attirait déjà ses foudres avant même que ce Aziel n’est posé le pied à l’Académie. Il n’était pas bon du tout de se dresser contre un représentant de l’Empereur.
Le front plissé, Edel souffla un instant avant de reprendre un visage dénué d’expression.
La Première Gardienne se leva et des centaines de paires d’yeux se focalisèrent sur elle.

_Sir Ril’Krysant, - dit-elle d'un ton neutre – Veuillez je vous pris, excuser le caractère enflammé du Maître d’Arme Hil’Guidjeck, très engagé aurpès de ses élèves et de l’Académie. Et la surprise de l'événement... ainsi que la nouvelle en elle-même, a... quelque peu embrasé son humeur, rien de bien inquiétant. – elle leva son verre en direction du nouvel Intendant – Votre présence ici étant le souhait de notre Empeureur – la jeune femme parcouru la salle de son regard océan afin d’appuyer plus encore ce fait, avant de revenir au principal intéressé qui n’avait encore dit mot – Nous vous souhaitons la bienvenue dans cette académie. Puisse la justice et la tolérance vous guider dans votre tâche. – silence – Je vous en pris, poursuivez votre discourt.

Sans même se demander si son geste était suivit par les professeurs, Edel but à sa coupe sans quitter le nouvel Intendant des yeux. Un léger brouhaha naquit comme elle se rassayait avec calme. Elle venait sans doute de se mettre à dos plus de la moitier de l’Académie, mais au contraire de la plupart des personnes présentes dans cette salle, elle serait ammené à travailler peut-être tous les jours auprès de cet homme, elle. Tout ce qui allait suivre était donc bon à prendre, quand à se faire une vision plus nette de ce qu’elle allait devoir se coltiner tous les jours. Et d’après le premier discourt ça n’allait pas être de tout repos. Tout le monde était visiblement presque proche de la panique.
De plus, l’intervention de Locktar tout à fait hostile allait semer la pagaille dans les rapports qu’elle tentait d’entretenir avec l’Empereur. Et puis quel exemple donnait-il à ses élèves ? Que lui était-il passé par la tête ?

Et cet homme…- elle étudia le nouveau venu vêtu de rouge avec attention alors qu’elle faisait disparaître sa main gantées sous la table – n’allait certainement pas lui faciliter les choses, pourtant déjà d’une complexité à lui en faire des nœuds douloureux dans la tête.

Tout était bien trop tranquil jusque là, il fallait qu’un tel événement vienne boulverser plus encore le cour des choses. Et qu’était-il advenu de Jehan ?
Edel serra les dents comme le silence s'éternisait péniblement. Tout cela ne lui plaisait pas du tout.

Messages : 1576 Inscription le : 12/08/2007

Elera était restée discrète – à regarder l’activité des apprentis, leur enthousiasme, leur force, leur énergie, un petit sourire au coin ; et puis les professeurs, les draps sur les sabliers… Elle avait quelque chose, cette Académie ; ils étaient tous tellement soudés, ils avaient tous tellement envie d’apprendre, tellement envie d’aller plus loin tous ensemble. Dans leurs maisons respectives, certes – mais tous ensemble tout de même, et elle ne doutait pas que les mauvais perdants seraient d’un nombre restreints. « La prochaine fois, ce sera nous ! », ils diraient plutôt. Elle se souvenait des siennes – la victoire des Corbac, malgré Locktar qui perdait des points en permanence, la réputation de générosité et de gentillesse des Lotra, la victoire des Lupus aussi qui étaient si amicaux.

Mais ce n’était pas pour ça qu’elle était là ; elle souhaitait, simplement, profiter de la cérémonie pour quitter officiellement l’Académie, et pour annoncer que ses deux apprentis étaient maintenant maîtres – même si, pour Kirfdéin, chacun le savait depuis longtemps.

Elle attendait, avec plus de patience que beaucoup dans la salle, jusqu’à ce que la voix tonne – le silence se fit immédiatement. Elle étant déjà assise et silencieuse, se contenta de glisser son regard sur l’homme. Un inconnu – et qui, pourtant, agissait comme si les lieux lui appartenaient, comme s’il était là depuis longtemps.

Ce qu’il expliqua bientôt.

Son sang se glaça lorsqu’elle entendit que le Code Merwynien serait remis en place.

Cet homme voulait faire le bien – elle n’en doutait pas un instant. Il voulait améliorer l’Académie, y instaurer la justice. Mais le Code Merwynien était porteur de Chaos – Marlyn en était la preuve vivante. Le Code Merwynien était porteur de frustration, porteur de limites à l’être et à la liberté, porteur d’intolérance. Et, si c’était l’Empereur qui envoyait cet homme, les lois qu’il apportait avec lui n’avaient rien à voir avec l’esprit de Merwyn – Merwyn avait voulu l’épanouissement de ses apprentis, et semait des éléphants à pois roses dans ses cours…

Le discours ne tarda pas à faire ses effets – et, c’est sans surprise qu’Elera vit Locktar se lever pour protester. Locktar aussi avait de forts principes, des principes de justice et d’équité ; mais il avait été le Brûleur des Corbacs, et détestait tout autant devoir se plier à une discipline injuste.

Mauvaise idée, Locktar, mauvaise idée – tu lui prouves tout simplement que les enseignants sont aussi insoumis que les apprentis.

Ce fut la première gardienne, ensuite, qui tenta d’apaiser le jeu.

Elera laissa son regard se perdre, un instant, dans le vide. Il lui fallait se décider – vite. Cela faisait des mois qu’elle n’avait pas été officiellement à l’Académie ; et, si elle avait eu une entrevue avec Jehan pour convenir de son départ officiel, et qu’il avait été prévu qu’elle rende sa bague d’enseignant aujourd’hui, il lui semblait peu judicieux de se faire connaître maintenant. Elle profita des portes laissées grande ouverte par Locktar, et des regards tournés vers Edel, pour s’échapper discrètement.

Elle ferait un crochet par l’ancien bureau de Jehan, avant de partir, afin de vérifier que son nom avait bien été rayé des registres ; Jehan avait dit qu’elle n’y figurait plus, mais sait-on jamais. Elle s’en souvenait bien, du Code Merwynien – il était hors de question qu’elle se fasse fouetter sur la place publique pour avoir quitté l’Académie sans autorisation. Elle était Marchombre, nom d’un Ts’lich. Alors autant faire en sorte que, sur papier du moins, elle en ait eu l’autorisation depuis le début, et ait annoncé son départ il y a longtemps… Il était hors de question de se retrouver prisonnière une deuxième fois.

Hors de question de se retrouver de nouveau dans l’incapacité d’aider ceux en qui elle tenait, en étant retenue par les mêmes chaînes qu’eux.

Messages : 166 Inscription le : 08/02/2012 Age IRL : 26

C'était si bon d'être fou. Ca sautait, ça riait, ça chantait de partout, et Kloa baignait dans l'ivresse générale avec une énergie et un bonheur farouches. Alors que les langues se déliaient, elle songeait à la Coupe, à leur Coupe, car Teylus allait gagner, cela ne faisait aucun doute. Serait-elle noire, de la couleur de la Maison vainqueur ? Et elle agitait au-dessus de sa tête la bannière que lui avait remis Lohan après qu'elle lui eut écrasé le pied, défiant de son regard lumineux les yeux adverses qu'elle croisait. À propos d'adversaires, Ichel était venue les saluer, ce qui n'avait pas manqué de la surprendre. Elle avait tout de suite reconnu la jeune fille à côté de laquelle elle était assise durant la soirée organisée par Shaokys, et n'ignorait plus son appartenance aux Kaelem. Était-ce une sorte de coutume chez eux que d'aller voir les différents élèves ou une étonnante initiative ? Elle opta plutôt pour cette seconde solution, n'ayant pas aperçu d'autres rouges se risquer dans leurs parages, et la jeune femme ne reçut finalement pour toute réponse qu'un infime sourire légèrement crispé. Ce fut alors que Cérys fit son entrée dans la Grande Salle pour annoncer théâtralement que Jehan était en train d'ajouter une centaine de points aux Kaelems en question. Aussitôt, la combattante sentit son sang bouillonner dans ses veines, et elle se serait aussitôt jetée dans la mêlée si l'affirmation du microbe provoquait une émeute chez les élèves, ou quelque chose dans ce goût-là. Mais, apparemment, sa réputation l'avait précédée, car pas un ne modifia son comportement initial. Hormis, peut-être, certains Teylus qui s'immobilisèrent tout à coup, craignant sans doute que leur camarade ne révèle sa détention forcée dans un placard à balais.

Puis les Primats s'avancèrent tour à tour, autant pour rassurer les élèves que pour encourager leur Maison respective. Le discours de Locktar fit sourire Kloa, soulagée de constater combien sa confiance en eux paraissait intacte. En tout cas, il semblait de bien meilleure humeur que lors de leur dernier cours.

- Silence !

Son premier réflexe fut de lancer un coup d'oeil vers Grand Siffleur. Elle avait en effet remarqué qu'il débutait souvent un cours par cette injonction, à la fois pénible et familière, qui l'agaçait autrefois mais qui, à présent, la laissait souverainement indifférente. Cependant, la voix qui avait claqué était fort différente de celle du Maître d'Armes. Elle ne tarda pas en voir le propriétaire en la personne d'un homme sévère et grisonnant, tout de rouge vêtu, ce qui ne manqua pas de la hérisser. Il lui fut aussitôt désagréable, et son aversion pour lui ne fit que s'accroître encore un petit peu plus lorsqu'il leur donna l'ordre de s'assoir. Trop stupéfaite pour réagir, Kloa se laissa tomba sur le banc avec un hoquet de stupeur, bouche bée. La fin de son discours la plongea dans un gouffre de désarroi et de totale incompréhension. Quoi, il voulait supprimer la Coupe des Trois Maisons, alors qu'ils étaient en train de la remporter haut la main ? Et quelle était cette histoire de Code Merwynien - elle avait senti les majuscules dans son ton ? D'ailleurs, où était-passé Jehan ? Pourquoi était-il parti pour laisser la place à cet imposteur écarlate ?

Visiblement, tous les élèves étaient en proie aux mêmes questions qu'elle, à en juger par les regards troublés qu'ils échangeaient. Mais dans ses yeux brillait une flamme de plus, une rage froide et brûlante qui l'aurait sans doute poussée à se lever d'un bond si Locktar ne s'était pas redressé vivement en un concentré de haine tangible et vibrante. Elle écouta ses paroles avec attention, se délectant de ses poings et de ses dents serrés. Elle qui pensait jusqu'alors que le guerrier jugeait que la discipline et l'obéissance étaient des valeurs indispensables, elle se rendait compte qu'elle s'était trompée lourdement. Cet homme n'appréciait certes pas que l'on lui donne des ordres. Néanmoins, son départ impulsif suscita une nette réprobation chez la plupart des enseignants, comme elle put le constater devant la moue pincée du prof de légendes et une mimique qu'elle ne parvint pas à interpréter de la part de la blonde Primat des Kaelem. Une petite voix se fit alors entendre :

- Pour Grand Siffleur, hip hip hip...

Kloa haussa les épaules. De toute manière, l'indignation et l'énervement de Locktar ne servaient à rien, rien ne pourrait ébranler cet homme dont elle n'avait même pas retenu le nom. Ce qu'il fallait, c'était le hacher-menu ou signer une pétition pour le retour de leur Intendant adoré-chéri. Peut-être restait-il un peu de place dans le placard à balais de Cérys.

Messages : 59 Inscription le : 07/02/2012 Age IRL : 35

Aaaaaaaaaah! Enfer, damnation, et tout ce qui va avec! C'était qui ce mec qui venait pour tout reformer dans l'académie? C'était pas bon, mais alors pas bon du tout. Déjà que Shaokys trouvait qu'il y avait trop de règles à son goût.... Et voilà que l'autre là, Rackham le rouge, il arrivait en annonçant que Jehan, c'était qu'un imbécile qui leur laissait trop de libertés. Mais non! Il se trompait! Y en avait pas assez de libertés!

Shaokys imaginait déjà tout ce que ça impliquait. Fini les libertés donc fini son petit nid douillet qu'était devenu la salle des loisirs. Fini les soirées. Fini les sorties à Al-Poll et..... FINI LES COUCHERIES AVEC LES ELEVES!!!!! Un enfer! Et tout ça à cause d'un vieux chnoque qui, frustré de ne plus avoir assez de vigueur sexuelle, empêchait pour le même coup des élèves plus jeunes, Shaokys en tête, à le faire. Imbécile! Retourne dans la capitale et rends nous Monsieur Béquilles-qui-en-a-plus-besoin! En plus de ça, si Rackham gardait ce que Jehan avait fait de lui, Shaokys allait devoir rester son "larbin". Larbin de Monsieur Je-vous-donne-aucune-liberté . Au secours! Rappelez les gardes, je veux retourner en prison avec mon père!

Le Primat des Teylus se leva d'un bond comme s'il était monté sur ressort. Vu sa tête, il était hyper en colère. Si Shaokys était à la place de Rackham le rouge, il se barrerait vite fait parce que l'autre Primat-là, c'était un ours croisé avec une montagne et donc c'était hyper dangereux même quand c'était pas en colère. Ah mais attends, si l'ours le bouffait, ça voulait dire plus de Rackham le rouge? Ouais vas-y l'ours, je l'ai vu, c'est lui qui t'a piqué ton pot de miel. Arrache lui la tête! Quoi? Il tournait les talons sans lui avoir balancé un coup de griffes? Espèce de Winnie l'ourson! Tu fais honte aux grizzlis, va te cacher c'est mieux!

Bon repli défensif obligatoire! Fuite de l'académie activée! Shaokys glissa sous la table et il marcha à quatre pattes.

- Shao? Qu'est ce que tu fous?

Shaokys se retourna pour voir un Kaelem qui regardait sous la table.

- Je me casse, laisse moi tranquille, regarde ailleurs, tu vas me faire repérer.

Trop tard, plusieurs Kaelems regardaient déjà sous la table. Fuite impossible. Après avoir poussé un soupir, le jeune arnaqueur rebroussa chemin. En se remettant à sa place, il montra son dé. Genre "il était tombé, j'étais à la ramasser".

- Abruti, glissa-t-il entre ses dents à son voisin qui l'avait vendu, t'aurais pas pu fermer ta gueule pour une fois?

Pour passer le temps, Shaokys faisait tourner son dé sur la table. Dire qu'il commençait à trouver l'académie sympa....

Messages : 62 Inscription le : 14/09/2012 Age IRL : 53

L’homme aux capes rouges porta son regard gris sur le Primat des Teylus et professeur de combat, les mains de part et d’autres du pupitre. Seule l’étincelle de son regard indiquait qu’il écoutait avec attention ce que l’homme frustre pérorait, car sa mine restait grave et impassible.
Depuis longtemps, le juste avait appris à laisser glisser les vésanies des roturiers – car cet homme avait clairement le manque de manières et les expressions du commun, malgré sa particule achetée par les noces. Bien sûr, Aziel s’attendait à de la résistance de la part de certains membres de cette équipe pédagogique pour le moins hétéroclite. Il ne serait pas venu ici s’il n’y avait eu aucun défi à relever. Redresser une Académie si loin enfoncée dans l’irraison serait la clef de voûte de sa carrière, le joyau de sa vie qui ferait de lui l’Intendant le plus respecté de l’Empire, et un modèle de justesse et d’équité pour les générations futures.

Cet homme était tout ce qu’il méprisait : la colère, l’impétuosité, un manque flagrant de contrôle sur lui-même qui ramenait l’être humain civilisé à son état de bête primaire. Il était manifestement peu instruit, en dehors des arts du combat, et sa stature indiquait clairement qu’il préférait la force brute au raffinement de l’agilité. Et s’il n’était pas capable de se tenir correctement dans son propre intérêt ainsi que dans l’intérêt des élèves de sa propre… « maison », Aziel ne manquait pas de connaissances pouvant faire des maîtres d’armes idéaux.

A la sortie furibonde du futur ex-maître d’armes, Aziel souleva un sourcil mi-réprobateur mi-narquois.

- Vous avez tous entendu votre Maître d’Armes ? Vous avez cours de combat demain matin à la première heure, je vous conseille à tous de ne pas être en retard, il risque selon toute probabilité de ne pas l’apprécier.

Sa remarque déconcerta la plupart des personnes présentes dans la salle, qui s’attendaient sûrement à le voir réagir avec la même fureur que le Primat de Teylus. Bande de petits imbéciles, qui ne savez répondre à la violence que par la violence… mais cela changera, désormais, vous aurez enfin le droit à la meilleure éducation dont puisse rêver l’Empire et que l’on vous cache depuis si longtemps.

Heureusement, toutes les personnes de cette Académie n’étaient pas des rustres. La fille des Marches en personne prit la parole, qu’Aziel respectait pour son rang et méprisait pour son rôle également. Néanmoins, elle eut l’intelligence de se ranger de son côté et d’inciter les élèves à en faire de même.

- Puisse la tolérance et la justice nous guider dans notre tâche, répondit-il en écho à Edel Hil’ Guidjek en lui adressant un signe de tête. Manifestement, elle avait rallié plusieurs personnes derrière elle, notamment les membres du personnel. Le professeur de lettres souffreteux s’était rassi, la mine grisâtre et le teint songeur, mais silencieux. Les élèves semblaient divisés, à en juger par le capharnaüm.
Aziel ne doutait pas que la bonne volonté de ceux qui le comprenaient ne tarderaient pas à ramener les autres dans les rangs. Quant aux éléments perturbateurs, ils découvriraient bientôt que l’Académie de Merwyn se méritait par un comportement convenable, ou se quittait.

En parlant des éléments perturbateurs… son regard gris se planta dans l’imbécile de Teylus qui avait eu l’outrecuidance de proférer une ovation à son Primat. Un petit imbécile aux cheveux bruns, à l’aspect débraillé et au regard hagard. Il fut heureusement rapidement rassis par ses congénères, qui le contraignirent au calme. Aziel Ril’ Krysant n’oubliait jamais un visage. Et ce visage-là, il ne l’oublierait pas non plus, s’il venait à redevenir insolent.

Quelques personnes étaient parties de la Grande Salle ; il n’en avait cure. Qu’elles soient responsables de leurs actes, et partent d’elles-même avant qu’il ne décide de les faire partir. Lorsque le flot se fut apaisé, Aziel monta dans ses Spires basses, si parfaitement contrôlées qu’il les arpentait sans l’ombre d’un souci, et construit minutieusement un souffle de vent.
Ce souffle de vent referma les portes de la grande salle laissées grandes ouvertes par le fameux « Grand Siffleur ». Les nerfs d’Aziel se dénouèrent légèrement.

- Je ne peux que remercier mes deux futurs collègues pour compléter ce que je viens de dire à l’aide d’exemples concrets. Suivez l’exemple de Dame Hil’ Guidjek, et nous pourrons bâtir ensemble le futur de notre grand Empire dans le respect mutuel et la bonne entente. Néanmoins, vous comprenez sans doute comme moi qu’un comportement comparable à celui de votre Primat ne saurait être toléré de la part d’un élève.

Pas plus qu’elle n’est tolérée de la part d’un professeur censément adulte et responsable, mais il garda cette remarque pour lui. Il lui importait de ne pas tourner les élèves contre lui dès le départ. Puis, se tournant vers l’équipe des professeurs désormais silencieuse :

- Puisque nous devons désormais travailler ensemble par la volonté de notre grand Empereur, je vous enjoint, chers professeurs, de suivre l’exemple de notre Première Gardienne et de diffuser cet exemple auprès de vos élèves quelques peu… agités.

Et le terme était faible. Néanmoins, certains élèves avaient la présence d’esprit de calmer leurs congénères. Cela valait mieux pour tout le monde. Aziel laissait passer les insolences ce soir, mais dès le lendemain, lorsqu’il disposerait de tous les pouvoirs en sa disposition, il entendait faire régner l’ordre. L’ordre parfait.

- La Dame et le Dragon sont des êtres magnanimes, et je suis leur humble serviteur. Pour ce soir, les écarts au Code Merwynien ne seront pas sanctionnés, puisque manifestement, peu d’entre vous semblent l’avoir lu. Mais je ne tolérerai aucun, et j’entends bien, AUCUN, écart, dès demain matin, à savoir dès votre cours de combat, ou autre cours pour les élèves non-combattants.

Son teint se durcit.

- Pour ceux d’entre vous qui ne prendraient pas la peine de se rappeler les règles… je rappellerai que l’uniforme de l’Académie doit être formellement porté dès l’instant que vous quittez votre dortoir et jusqu’à ce que vous y retourniez, et cela s’applique également aux professeurs, résidents et gardes de l’Académie de Merwyn.

Des protestations fusèrent de toutes parts. Ceux qui portaient l’uniforme se désolaient de devoir continuer, et ceux qui ne le portaient pas s’offusquaient de devoir commencer.

- De plus, l’annexe de la loi XIII du code merwynien stipule que tous les objets, vêtements, animaux et signes distinctifs sont interdits dès que vous quittez votre dortoir et jusqu’à ce que vous y retourniez. Cela inclut bijoux –des cris fusèrent- vêtements autres que l’uniforme –ils redoublèrent-ainsi que tous vos instruments et vos armes personnelles.

Le brouhaha était tel qu’il s’interrompit, attendant patiemment qu’il se tarisse. Qu’ils protestent, qu’ils protestent donc tant que cela leur était permis… On permet au cheval sauvage de ruer une fois, peut-être deux, mais au final, il finit par se plier au licou et à l’homme qui souhaite l’enfourcher.

- Quelqu’un d’autre souhaite-il soulever des réclamations ? termina-t-il d’un ton semi-ironique.

Que les insolents se lèvent maintenant et se mettent à jour, et il les aurait tous expulsés aux côtés de leur maître d’armes avant la nouvelle lune.

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