Deux rouleaux de parchemins dans la main gauche, un encrier à demi renversé dans la droite, la marchombre donna un coup de pied un peu plus violent que nécessaire dans la porte, qui s'ouvrit à la volée. A cet instant, plusieurs choses se produisirent. D'abord, une douleur vivace pointa le bout de son nez au niveau de ses orteils et se mit à hurler jusque dans sa cheville. En même temps, la porte rencontra quelque chose, de manifestement assez grand, et sans doute plus lourd qu'un simple chat. La lourd battant ronchonna contre les mauvais traitements qu'on lui infligeait, la marchombre garda le silence, et peut-être que la masse derrière la porte gémit. La jeune femme lâcha un bref soupir en regardant ses bras et sa tunique imbibés d'encre, mais aussi parce qu'elle avait entendu le discret ricanement de la personne qui la suivait sans cesse. Elle intégra le bureau, tenta de refermer la porte, qui buta évidemment contre le pied de son < surveillant >. Elle adressa un regard au jeune homme qui se tenait là, et mis quelques longues minutes à se souvenir des mots qu'elle était supposée prononcer en pareil cas, mots qu'elle hoqueta sans ordre. Pâle marchombre en ces sombres heures.
- Veuillez m'excusez, entre, installez-vous. J'imagine que vous êtes nouveau ? Ena Nel'Atan, Primat de Corbac, et voici un des Gardes de l'Académie. Elle cacha un rictus écœuré et continua:
- J'imagine que tu es nouveau ? Puis-je avoir ton nom ? Elle s'installa de l'autre côté du bureau, posa enfin l'encrier et fouilla les papiers que Jehan avaient, comme à son habitude, laissé trainer sans ordre. Elle trouva enfin ceux concernant les Trois Défis et s'essuya les doigts sur un pan usité de sa tunique.