Bal de l'Académie (RP terminé)

Evaine Derkan avait parcouru un long chemin pour rallier l'Académie. Son but : venger son père... Il ne fallut pas attendre longtemps pour que la rumeur de la mort du célèbre pirate atteigne ses oreilles. Les roturiers ne connaissaient pas la légende d'Ivan Derkan et parlaient seulement de lui comme le Gardien des clés de l'Académie mort assassiné, mais son nom n'était pas oublié par les Alines. En arrivant à Al-Poll, elle avait entendu parler d'un bal... un bal où le port d'armes était prohibé, mais elle n'en avait cure, son ample cape les dissimulait.

Elle avait pénétré dans l'enceinte de l'Académie par la grande porte et était entrée dans la Grande Salle qui, pour magnifique qu'elle fut, ne tempéra guère l'humeur tempétueuse d'Evaine. C'est alors qu'elle vit cet espèce de laquais en armes, assurément, il devait bien pouvoir la mener auprès du maître des lieux... mais il ne faudrait pas compter sur une douce et agréable requête qui le rendrait fiévreux! Cette Académie ne méritait que son ire, c'est ainsi qu'elle concevait les choses...

Sans y mettre les formes, elle se rua sur l'homme et l'empoigna par le col en lui plaça une dague sous la gorge. Curieusement, il ne semblait pas effrayé et il semblait prendre la chose comme un embarras pour le moins passager. Il faudrait s'en méfier... mais elle n'en changea pas moins d'opinion :

- Conduis-moi prestement à ton maître, crapaud! Ou tu finiras égorgé comme un lapin...

Valen n'avait jamais été confronté à une telle entrée en matière. Se retrouver le couteau sous la gorge et passer pour un homme d'armes au service de l'Académie. Même s'il savait que cette jeune femme rousse était des plus sérieuses et qu'il ne valait mieux pas la contrarier, il ne pouvait néanmoins s'empêcher de s'amuser de la situation. Il aurait pu feindre la peur, il aurait pu jouer une comédie digne d'un grand acteur, mais cela n'était pas digne d'un guerrier. Il reconnut dans les gestes de l'inconnue les gestes d'une Frontalière, ou du moins d'une personne élevée parmi eux, car aucun Frontalier ne se serait jamais exprimé de la sorte.

Cette démarche légèrement chaloupée, cette autorité, et surtout cette insouciance fanfaronne lui rappelèrent Ivan Derkan, mais il était bel et bien mort. En revanche, Valen savait qu'Ivan avait une fille... il l'avait laissé échapper une fois lorsqu'il avait encore bu plus que de raison. Pouvait-il s'agir d'Evaine Derkan? L'avenir le lui apprendrait... Sans se départir de son calme et de son amusement, il désarma la jeune femme dans un mouvement fulgurant et lui plaça à son tour le couteau sous la gorge avec un sourire étrange qu'on ne connaissait pas au Maître d'armes.

- Inutile de chercher, je suis Valen Til' Lleldoryn, Magister de l'Académie par interim en l'absence de Merwyn Ril' Avalon. Au fait, je ne suis pas du genre à me laisser écorcher comme un lapin...

Il dégagea alors la dague qu'il tendait poignée en avant à la jeune inconnue qui le fusillait du regard. Un regard pareil... ce ne pouvait être que la fille d'Ivan ; il était le seul homme que connaissait Valen à avoir un tel regard. Par un regard en coin, il vit que Ena Nel' Atan s'était avancée pour intervenir si nécessaire et qu'elle s'approchait à présent, sans doute pour savoir ce qu'il se passait.

- Evaine, je présume? Laisse-moi te présenter Maître Nel' Atan, Primat de Corbac.

Isaï regardait, amusée, les décorations qui ornaient la salle. parfaitement méconaissable. Alors qu'elle s'amusait, la jeune marchombre aperçut une jeune femme à la longue chevelure rousse, aux pas décidés. Elle s'approcha de Valen, qui se retrouva bientôt avec une lame plaqué sur la gorge. Insensiblement, Ena abandonna sa fille et se rapprocha. Silencieuse. le maitre d'Arme, impassible, presque serein, et limite amusé. Ena surprit la demande de la jeune femme et sourit brièvement. Pourtant, l'apparence ne pouvait tromper. Le demi-Faël était d'une élégance redoutable et il respirait la force et la fierté. Même son arme, portée avec simplicité, semblait faire partie intégrale du costume. En cette soirée non ordinaire, la Primat n'arrivait pas à sentir cet habituel once d'agacement melé de pitié très légère, mais qui ne manquait jamais de danser dans sa gorge quand elle devait le voir.

- Evaine, je présume? Laisse-moi te présenter Maître Nel' Atan, Primat de Corbac.

Calmement, la marchombre se rapprocha. Elle hocha doucement la tête, en guise de salut, et lança un regard interrogateur à Valen. Le visage calme et serein du Magister semblait encore sur de lui. Depuis quelque temps, les airs supérieur et l'ironie habituelle du Maître d'Arme semblaient avoir été délaissé, mis de coté ou réprimé à une utilisation plus rare. Ses yeux se posèrent sur la jeune femme. Ses traits lui rappellaient quelqu'un. Ses yeux aussi. Avec un peu plus de corpulence, et un air moin hagard...Etrange...Pour en avoir le coeur net, elle demanda:

-A qui ai-je l'honneur?

Evaine devait reconnaître que ce Valen Til' Lleldoryn l'avait impressionnée. L'homme était célèbre en Gwendalavir pour ses faits d'armes et sa réputation ne semblait pas volée. Elle ne connaissait personne qui aurait gardé un tel calme en ayant le couteau sous la gorge, pourtant, à son regard, il semblait savoir qu'elle était sérieuse comme la mort. Ensuite, avait débarqué cette Ena Nel' Atan avec sa phrase alambiquée qui avait déclenché le fou rire de la pirate :

- A qui avez-vous l'honneur? Je ne suis pas certaine que vous retiriez un quelconque honneur de ma présence ici, compère! Je suis Evaine Derkan, digne fille de mon père, de la famille des Til' Huryn des Marches frontalières! Bien, puisque vous êtes les huiles du coin, à qui dois-je fouailler les tripailles pour la mort de mon père?!? A vot' place, je répondrais prestement, je ne suis pas ici pour faire des ronds de jambe!

Ce même ton fanfaron que son père, mais en plus agressif... en plus provocateur encore. Sa posture elle-même était des plus mutines et provocantes, même Ivan ne pouvait se montrer aussi insultant. Mais à son regard, on voyait bien que sa colère était prête à éclater... le même caractère épouvantable que son père, un caractère qui n'avait pas été tempéré par son éducation frontalière.

Bon. Certes, c’était le bal de l’Académie. Un grand événement. Important, c’est une certitude. Mais était-ce VRAIMENT une raison pour porter ce…cette…cette CHOSE ?

- Je sais très bien a quoi tu pense ma chérie mais cette chose s’appelle une robe.

Hisae fit volte face brutalement et fusilla l’homme a la haute stature qui lui faisait face du regard.

- Et je suppose que je suis sensée te remercier pour ce…cadeau.

- C’est d’usage, mais vu ton aversion pour ce genre de vêtement, je ne t’en voudrais pas si tu choisit de ne pas le faire.

- Ta générosité me touche grand-père, répliqua la jeune femme d’une voix ironique.

La dessus, elle alla se réfugier derrière un paravent et entreprit de se changer lorsque la voix narquoise du Seigneur des Marches s’éleva a nouveau :

- Tu n’espère tout de même pas porter cela ainsi, sans un corset ?

Hisae hésita un instant entre hurler et renoncer. La deuxième solution l’emporta : elle se fatiguerait pour rien en hurlant. Elle laissa donc la domestique lasser l’objet de torture, résignée.



- Tu es magnifique. Amuse toi bien.

- C’est ça, siffla Hisae.

Le Seigneur des Marches partit d’un grand rire avant de s’éloigner, laissant sa petite fille furieuse sur le pas de la porte. Elle réfléchit un instant, envisageant la fuite. Non. Mieux valait assumer. Cet événement montrait que l’Académie était forte dans les épreuves, et elle avait besoin de tout ces membres pour le montrer. Hisae soupira avant de pousser la porte et d’entrer.

Elle fut époustoufler par la beauté des lieux, décorer du bleu de Lotra, du noir de Corbac –grands gagnants de la coupe-, du rouge de Félixia et du vert de Lupus. La grande salle montrait bien là sa magnificences, encore relevée par les riches parures des convives. Partout ce n’était qu’éclat de couleurs, étincellements de pierres précieuses. La jeune femme baissa les yeux sur sa tenue. Elle devait bien reconnaître que le corset mettait en valeur ses atouts. Elle portait une longue robe d’un vert d’eau magnifique. Un décolleté rond dénudait ses épaules et une large partie de sa gorge tandis que, le long de cette dernière, quelques pierres précieuses ornaient le tissu de même que trois plumes colorées. Les longues manche s’évasaient doucement, s’arrêtant à la naissance des doigts. Un présent magnifique…pour toute autre personne qu’Hisae ! Elle se sentait vraiment mal a l’aise, la robe l’entravait dans ses mouvements, bien que le fendu le long de sa jambe droite la laisse tout de même dans la possibilité de faire ses grandes enjambées habituelles. Elle avait due –à grand regret- consentir a laisser son sabre dans ses appartements mais avait tout de même trouvé moyen de glisser une dague dans une de ses bottes et un petit poignard dans sa manche, deux précautions valant mieux qu’une, en particulier en ces temps troublés.
Dans un geste d’impatience, la frontalière repoussa une boucle châtain. Ses cheveux relevés en chignon laissaient échapper quelques mèches qui allait caresser son cou et parfois son visage. Agaçant, vraiment. Mais joli a en juger par les regards admiratifs (et gourmands…) qui convergeaient dans sa direction. Ils ne s’attardèrent pas beaucoup cependant. Nombre de jolie femme se tenait ici et il n’était pas question d’en louper une pour ses messieurs. Cela promettait…

Dans un coin de la salle, Hisae aperçut soudain Valen en compagnie d’une jeune fille qui ne lui était pas inconnue : Evaine Derkan. La fille de l’ancien concierge de l’Acadèmie.

*Il ne manquait vraiment plus qu’elle a mon bonheur…*

La discussion semblait animée, mais le Maître d’Arme gardait son calme, comme la plupart du temps. Hisae choisit donc de ne pas intervenir et de se concentrer afin de retrouver quelques connaissance. Elle chercha du regard la longue chevelure blanche de son grand père et le trouva en compagnie d’une noble dame, occupé a danser. Il lui adressa un clin d’œil complice avant de s’éloigner, accompagner de sa cavalière. Un éclat de chevelure rose lui apprit que Khélia ne devait pas se trouver bien loin. En effet, la jeune fille était accompagné de son singe, Piki, mais aussi d’Elera et d’Alunia, puis, un peu plus en retrait, d’une élève qu’elle connaissait de vue, Julia. Elle s’approcha du petit groupe et les salua :

-La compagnie d’une vieille camarade ne vous est elle pas dérangeante ?

Pour ne pas changer, Slynn avait revêtu une magnifique robe... noire. Dans sa tenue, elle était de toute beauté, tout en conservant un aspect digne et aristocratique : elle était la Sentinelle d'Al-Poll et personne ne devait l'oublier. Pour l'occasion, elle avait dû se défaire de son épée bâtarde, la convenance l'exigeait, mais elle avait cependant conservé une dague dans chacune de ses bottes. Comme sa robe descendait bien bas, nul ne l'apercevrait.

Ses habituels bracelets complexes en argent étincelaient sur ses bras dénudés, ce qui n'était pas son habitude. Pour elle, la soirée était passablement morne et insipide. Les courtisans se ruaient sur elle et, pour changer, elle devait s'en débarrasser de manière subtile pour ne pas déroger aux convenances. Parfois, son ascendance des plus nobles et sa charge de Sentinelle lui pesaient lourdement, heureusement qu'il existait encore des courtisans habiles qui savaient la distraire de manière originale. Mais ce soir, ils semblaient ne pas être au rendez-vous... il fallait bien avouer que le Bal de l'Académie n'avait rien d'extraordinaire et seuls les nobles locaux étaient présents. Et bien-sûr, les élèves pour la plupart bouffis d'orgueil dans leurs tenues ridicules indignes d'un vulgaire noblion.

A force de déambuler dans la foule pour échapper à ses courtisans, elle le vit... Dolohov Zil' Urain. Cela faisait des années qu'ils ne s'étaient plus revus, finalement la soirée ne serait peut-être pas si mauvaise, ce garçon avait toujours été si intéressant... cela lui rappelait ses années à l'Académie d'Al-Jeit, elle et lui, les plus brillants dessinateurs de leur génération. Ils avait été très proches à l'époque...

- Dolohov Zil' Urain, je n'imaginais pas que je te reverrais, et encore moins ici!

Comme toujours dans ce genre d'occasions, " Blacksad " s'amusait comme un petit fou. Quant il n'était pas occupé par les impératifs du service qu'il déléguait très aisément, il écumait une bande de jeunes minettes prêtes à tomber dans ses bras, surtout quand il se permettait quelques familiarités. Qui plus est, cela lui permettait d'en apprendre beaucoup sur nombre de choses : avec un minimum de compétence, on peut obtenir toutes les informations que l'on veut, et ce, sans éveiller le moindre soupçon. A ce petit jeu-là, l'ancien assassin des Hil' Jilnid se débrouillait pas trop mal.

Ses petites manières efféminées combinées à un physique exotique, et somme toute pas mal du tout, faisait des ravages dans la gens féminine, et aussi auprès de certains marmitons ; mais cela, c'est une toute autre histoire. Au sortir d'une conversation avec un marchand d'Al-Poll pour monter une petite magouille commerciale - pour changer -, voilà t-il pas qu'il vit la jeune Julia se montrer passablement désagréable avec l'un des jeunes valets (que Jehan a qui plus est à la bonne, surtout après un trop bref moment dans un placard à balais entre deux courses). S'approchant alors de la jeune donzelle et l'arrêta en un petit saut bondissant typiquement féminin :

- Et bien, et bien! On se montre désagréable avec les serviteurs maintenant? Qu'est-ce donc que ces manières? Et en plus, vous buvez de l'alcool à votre âge, jeune fille?

A ces mots, dans un geste très délicat, il lui prit le verre des mains en lui caressant la joue de l'autre et se permit d'y boire une gorgée de manière languissante.

- D'autant plus qu'il est excellent cet alcool! Et vous venez le boire comme de la bibine? Vous êtes décevante, Julia. Disparaissez donc de ma vue avant que je ne fasse un malheur!

A ces mots, il prit de nouveau une posture typiquement féminine et se masqua brièvement les yeux en avalant une autre lampée de son verre avant de faire claquer sa langue avec une moue appréciatrice.

- Et bien, si nous en reprenions un verre?

Julia se crispa. Ce n’était pas possible! Un cauchemar cette journée, ou quoi? D'abord cette robe, ensuite ce valet aux préjugés infondés et maintenant ce... ce quoi d'abord, hein? Elle fusilla du regard l'homme qui venait de l'interpeller, et qui détenait son prénom, elle ne savait comment! Pour qui se prenait-il, celui là ?

Julia inspira profondément et s'apprêta à passer son chemin en s'intiment au calme quand l'individu effectua un geste de trop!

Son verre se trouvait aux lèvres de l'inconnue et celui-ci se permis une familiarité exubérante et plus qu'incongrue, que Julia ne laissa pas passer. Tout au long du contacte, qui ne dura en somme qu'à peine quelque secondes, Julia sentit sa peau crépiter et s’irriter fort désagréablement comme une sorte de mini rébellion, qu’elle avait l’habitude de générer sous le contacte d’un corps étranger.
La colère s’empara d’elle et une sorte de bulle invisible semblait vouloir repousser de toutes ses forces les doigts insolents. Elle se contint tout de même.

L'inconnue eue à peine le temps de prononcer sa dernière phrase que déjà les doigts de la jeune fille couraient sur le poignet de l'audacieux, qui avait osé l'effleurer.
Tout d'abord en une faible caresse, puis très rapidement, juste sur le face intérieur du poignet, bien au centre, la jeune fille y enfonça son pouce profondément percevant ce qu'elle voulait trouver: le nerf. D'un petit coup vif elle le pressa, sentant la main de l'individu se ramollir et perdre un usage totale et convenable du bras. Si elle n’avait pas était à l’académie, elle ne savait pas comment elle aurait réagis, mais certainement pas aussi gentiment, et ce même si elle devait à cette personne le respect de l’âge.

Elle lue la surprise sur son regard, mêlée à une légère douleur et dit en lâchant le poignet de l’individu et avec un calme froid qui l’a surprit elle-même :

_Vous allez seulement être engourdie durant plusieurs jours, et je m’excuse d’être arrivée à cette extrémité, mais un conseille, même si je ne vous connaît absolument pas: ne faites plus jamais ça à une personne dont vous ignorez tout, et même si celle-ci s’avère être une femme! C’est la meilleure façon de chercher la mort, surtout ici, où est ouvertement enseigné quelque rudiment. On dirait que vous cherchez votre malheur! Je suis très fâchée, de votre geste, vraiment, c’est l’une des choses que je ne peux absolument pas supporter… si bien que… je ne m’attarderais pas à parlementer avec vous, je m’en excuse. Cela dit vous vouliez pour des raisons qui m’échappent, avoir des explications sur mon légers emportement. Et bien je voulais boire simplement et le monsieur en a fait une histoire. Déjà dans un état qui ne me ressemble pas en arrivant à la table, il n’a fait que m’irriter plus encore que nécessaire, mais à fini par me servir, et sois dit en passant avec beaucoup de talent et d’émérite. Quand à ma façon de boire, je ne vois absolument pas en quoi cela vous amène à faire de telles remarques, étant donné que nous ne nous connaissons pas, je ne vous crois permis, en aucune manière, à ce genre de réflexion ! Et je dois ajouter aussi, que je ne vois pas non plus en quoi cela vous regarde.
Pour ce qui est de l’alcool dans ma région on en bois depuis le berceau, et laissez-moi vous dire, et là vous m’excuserais car je sais, à cet instant, me montrer assez insolente, que ma tante de 70 ans en fait de meilleurs… et de plus fort, ne l’oublions pas. Maintenant vous m’excuserez, mais qui que vous soyez, vos lèvres sur mon verre ont passés mon envie de boire !
Là où j’ai grandit, il n’est pas d’usage que l’on interpelle quelqu’un en s’abstenant de se présenter, en lui subtilisant son verre, en y trempant sciemment et amplement ses lèvres, et en lui disant au et fort ce qui est convenable de faire et ce qui ne l’est pas ! Et moi qui pensais être mal éduquée… De ce qui est de « disparaissez », si vous-même n’auriez pas fait de démarches afin de m’interpeller, vous n’auriez jamais eu à me voir ! Vous ne pouvez vous en prendre qu’à vous, même ! Ce serait donc, en temps normal, à vous de vous éclipser comme vous avez surgit, et non à moi, de disparaître ». Mais à cet instant on m’attend, je n’entrerais donc pas dans cette engrenage.


Sans plus attendre, elle continua le chemin, que l’inconnue avait fâcheusement barré, vers Elera et le petit groupe, ne prêtant même plus la moindre attention à l’individu.

*Il y a des gens de nos jours, je vous jure ! Même dans une académie…*

Eryn se sentait mal, très mal même....
Ayant prévenue sa mère du Bal de l'Académie celle-ci avait absolument voulue la vêtir et la préparer. Eryn n'avait pu s'y opposer. Après un long discours sur "c'est le moment idéal pour rencontrer l'homme de ta vie!" Halynore lui avait fait subir de multiples essayages. Ensembles elle avaient opté pour une robe près du corps, longue et affinant sa taille. De couleur violette elle mettait en valeur ses yeuxet ses cheveux de jais. Refusant le décolté plongeant Eryn choisi un col ras le coup mais accepta de dévoiler ses épaules par des petites fentes de la robes. Les manches de celle-ci lui retombaient gracieusement sur se sbras et se terminaient en longs bouts de tissus. Arriva en suite le problème de maquillage cette fois-ci Eryn dut s'enfuir pour éviter le pot de peinture. Un fois prête elle embrassa sa mère et parti.

Très mal....trop mal....cette robe lui collait trop.....elle mettait ses formes en valeur...et elle n'aimait pas ça. Les gens autours d'elle la regardait marcher jusqu'à l'immense porte de la salle. Elle se sentait épier, mal dans sa peau, l'impression d'être dans une cage......

*Aller souffle Eryn...ce n'est rien...rien qu'un bal.....un bal rempli de personne......*

Sa grenouille se frotta contre sa joue pour l'encourager. Malgré cela Eryn n'avait qu'une seule envie, repartir en courant!

Elle entra dans la salle....et reçue un vent de renfermé...une sensation d'étouffement! Elle fit un pas...un autre....puis se décida. Eryn vint se poser sur un banc dans un coin isolé des autres et prit un verre d'un alcool pas très fort mais de quoi la ressaisir. Elle contempla la piste...depuis quand n'avait-elle pas danser? Depuis lui semblait-il une éternité! La dernière fois c'était avec Lou.....juste avant qu'il ne parte pour le combat...et ne meurt...

Eryn apperçut quelques personnes qu'elle connaissait de ses cours...toutes s'amusaient....

*Je sens que la soirée va être très longue......*

Mais pour qui se prenait-elle! Osait-on parler ainsi à l'Intendant de l'Académie?!? Aucun élève n'avait jamais osé manquer de respect à Jehan depuis la fondation de l'Académie, et ce n'est pas aujourd'hui que cela arrivait. Avisant le jeune marchombre qui venait de renverser " accidentellement " son verre, l'Intendant ne put retenir une pique et vint passer son bras de manière lascive autour des épaules d'Arro :

- Bien-sûr, mon jeune ami, tu es tout pardonné! J'espère en revanche que ta main ne tremblera autant quand tu retourneras auprès de ta jouvencelle!

A ces mots, il s'en alla en flanquant au passage une tape sur les fesses du jeune marchombre, ce qui provoqua l'hilarité des convives aux alentours en voyant la tête d'Arro. Reportant à présent son attention sur Julia, il appuya savamment en divers points de son bras droit et en retrouva instantanément l'usage. Comme si on pouvait jouer à ces petits jeux-là avec un assassin de formation! S'avançant de son pas tranquille, il s'approcha de Julia en arrivant dans son dos et, avec ses habituelles manières, lui tapota l'épaule. Par réflexe, elle se retourna et, avec son sourire le plus désarmant, il porta un toast de la main gauche de la manière la plus excentrique qui soit :

- A votre santé, Julia!

Sans crier gare, il leva et abattit sa main droite avec une rapidité et une force surprenante pour un homme efféminé qui passait pour fuir le travail physique. La claque fut tout particulièrement retentissante et magistrale au point qu'elle fit tomber Julia à genoux. Jehan y était sans doute allé très fort, elle avait une " superbe " marque rouge sur la joue. Il fallait bien reconnaître qu'il détestait qu'on lui manque de respect. De manière beaucoup moins maniérée, il empoigna la jeune fille et la releva :

- Elève-combattante Julia, en plus de votre comportement douteux envers les serviteurs de l'Académie, vous avez manqué de respect à son Intendant. Dès lors, très chère donzelle, la soirée s'arrêtera ici pour vous, vous irez certes danser... dans les cuisines, au rythme que vous donnera le Maître cuisinier pour récurer les chaudrons! Et, petite chanceuse que vous êtes, cela vaudra au moins pour la semaine à venir! Venez donc à présent, votre soupirant le chaudron se languit de vous!

Sa colère parut quitter ses traits presque aussitôt. Reprenant alors ses habituelles manières, il emmena Julia sans ajouter un mot en la prenant par le bras avec fermeté après avoir salué de manière excentrique Elera et les autres élèves présents. A vrai dire, cela devait leur faire un choc, Jehan avait très rarement puni un élève et personne ne l'avait encore jamais vu en colère.

Alatariel s'amusait, c'était un fait rare, mais son sourire n'était qu'un masque, pour changer. Elle aurait voulut expliquer quelques choses à Elera mais le ferait plus tard car pour l'instant le but d'Alatariel était qu'il oublie la jeune Lotra tout en espérant qu'elle comprenne pourquoi. La soirée était animée tous semblaient s'amuser. Tous ? Pas exactement. Par dessus l'épaule du jeunne homme la Sentinelle eut le temps d'apercevoir l'intendant emmener Julia après lui avoir mis une gifle magistrale. Depuis cinq ans qu'elle était dans cette Académie elle avait toujours trouver l'Intendant un peu ... spécial, mais elle ne l'avait jamais vu aussi furieux et l'ex-Corbac s'inquiéta de ce que réservait à Julia l'étrange homme.
Mais bien vite elle fut rappeler à la danse quand le jeune homme la fit tournoyer et rit. C'était la première fois qu'elle l'entendait rire, pas vraiment étonnant en même temps, mais ce rire lui fit comprendre quelque chose.
Il la ramena vers le buffet où ils prirent chacun une boisson et s'assirent tout deux pour boire. Et comme les musicien se remettaient en place Shaïlan l'invita à une nouvelle danse en lui tendant sa main.

- Merci du compliment. Vous êtes un admirable danseur et de ce fait j'accepte volontiers cette nouvelle danse.

Elle prit la main du voleur et le laissa l'entrainer sur la piste de danse où elle reconnut beaucoup de personne tel que Slynn tout à l'opposé de la piste au grand soulagement d'Alatariel car elle était de loin la dernière personne qu'elle voulait voir ce soir là.
Alatariel prenait beaucoup de plaisir à danser avec Shaïlan et aurait aimer ne pas être dérangée pour une fois. Ils semblaient glisser sur la piste et leurs mouvement fluides semblaient caressés la piste.
Le regard de la jeune femme s'attarda sur l'estrade à côté du quel elle aperçut le maître d'arme et eut un pincement au cœur. Il dut sentir son regard car il tourna la tête et leurs regards se croisèrent et du visage de la jeune femme, s'effaça son sourire.
Alatariel s'arrêta de danser en pleine piste et adressa une moue désolée à Shaïlan avant de vouloir s'éloigner et disparaître dans la foule, loin de Valen loin de Shaïlan, loin de Slynn. Mais une main qui attrapa son avant bras l'en empêcha.

[ dsl Khelia d'avoir été aussi longue --']

Alunia croula sous les questions. khelia semblait réellement ravie que la jeune Lotra soit revenu. Celle-ci faillit en pleurer mais elle se retint. Elle répondit néanmoins aux questions de la jeune Félixia :

- Windy va bien, elle est au fauconnier en train de piquer un somme. Pour ce qui est de mon départ, c'est très compliqué, et je préfère t'en parler un autre jour si ça ne te dérange pas.

Alunia fit une mine sombre pendant quelques secondes et son visage joviale revint finalement, quand elle vit Khelia rouspétait sur Piki.

- En tout cas, ton petit singe n'a pas changé. Et Arro je l'ai aperçu mais pas Tifen. Et toi, qu'est-ce que tu deviens? Ta formation de marchombre marche bien?

Blacksad venait de sortir des cuisines et d'y expédier Jullia pour sa sanction quand il aperçut Alatariel qui traversait la Grande Salle de manière inconvenante. Pour ce qu'il savait au sujet de la nouvelle Sentinelle, elle n'était pas du genre à avoir ce genre de comportement sans raisons... mais c'était un grave manquement aux convenances et à la dignité de sa charge.

Sans hésiter, il se lança à sa suite et lui attrapa le bras. Avant qu'elle n'ait pu poser la moindre question ou prononcer la moindre parole, elle était emportée dans une danse menée de manière passionnée par l'Intendant de l'Académie. Comme toujours, il avait ces petits gestes efféminés et déplacés qui faisaient toute son excentricité et sa particularité, sans pour autant passer les bornes. L'art de jouer avec les convenances n'était pas si différent de l'art de jouer avec les lois en fin de compte. Lorsque leurs corps se rapprochèrent de manière très intime, Blacksad en profita pour lui murmurer quelques mots de manière à n'être entendu que d'elle :

- Et bien, et bien, je vous ai connue plus attentive aux convenances. Si je n'étais pas intervenu, votre réputation de Sentinelle en aurait pris un coup, alors que vous êtes à peine nommée!

Bref, on va prendre un verre, ma belle? ajouta-il avec un clin d'oeil charmeur qu'il ponctua d'une brève tape sur les fesses de la jeune femme. Venant de lui, nul ne s'étonnerait jamais d'un geste qui aurait pu être déplacé venant d'un autre. Son excentricité le servait bien en fin de compte!

Et cette main était celle de l'Intendant qui l'attira contre lui manquant de lui faire échapper ses larmes, elle ne put retenir une petit hoquet de surprise. Alatariel fut entrainée dans la danse passionnée de l'homme qui n'était pas beaucoup plus vieux qu'elle au final.

- Et bien, et bien, je vous ai connue plus attentive aux convenances. Si je n'étais pas intervenu, votre réputation de Sentinelle en aurait pris un coup, alors que vous êtes à peine nommée ! ... Bref, on va prendre un verre, ma belle ?

La dernière phrase du l'Intendant ne plut pas beaucoup à la jeune femme et la main qu'il porta à son fessier la contraria encore plus. Cependant elle en savait assez pour ne pas faire remarquer ce geste des plus déplacé aux personnes environnantes. Mais le regard qu'elle lança à Jehan en disait long.

- Je vous remercie de cette attention, Intendant, cependant, sans vouloir vous manquer de respect, je vous priais d'éviter ce genre de paroles et de gestes envers moi... Même si cela fait partie de vos habitudes .

Le ton était léger et aucunement agressif, mais elle était sûre que Jehan avait comprit qu'elle n'accepterait plus une seule fois ça. Tout ce dont elle avait besoins à l'instant, c'était de disparaître, d'être dans un endroit où elle ne les verrais plus.
Elle avait choisi d'être affectée à la Citadelle, au moins la bas ... Alatariel secoua la tête comme pour chasser ses idées de son esprit. La Sentinelle n'essaya même pas de sourire à l'Intendant de l'Académie et de toute manière elle en aurait été incapable. Que faire ? Le prochain écart et elle ne pourrai en supporter plus, pourtant il le fallait, autant qu'elle sorte de cet endroit et malheureusement pour elle, sur le chemin le plus court, se trouvait Valen.
La jeune femme fit semblant d'admirer le décor et après avoir bu une boisson non alcoolisée, elle posa son verre en se relevant dignement.

- Excusez moi, mais je doit m'absenter quelques instants. Merci encore.

La jeune femme, se dirigea d'un pas décider vers la porte. Elle marqua une pause puis reprit sa marche. Cinq mètre, quatre mètres, trois mètres, deux mètres, un mètre. Alatariel passa à côté de Valen qui, si à cet instant là voyait sont regard aurait pu y lire une douleur perçante que personne d'autre n'aurait vu, sauf peut être Gelmir... Elle le dépassa et s'engouffra par la porte avec un discret regard pour lui et disparut derrière la porte fermée. Alatariel, enfin à labrit des regard et des oreilles indiscrètes, se laissa glisser contre un arbre, invisible à l'œil et se recroquevilla, les genoux contre la poitrine, la tête enfouie dans ses bras...