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Varsgorn Ril'Enflazio
Varsgorn Ril'Enflazio

Trésorier de l'Académie
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MessageSujet: Retour au bercail [Terminé]   Retour au bercail [Terminé] Icon_minitimeMar 27 Déc 2011 - 6:55

Le voyage vers Al-Vor avait débuté sans trop de problèmes. Le destrier, que Varsgorn avait acheté à Al-Poll, était chargé de quelques victuailles. Même si le trésorier comptait dormir dans des auberges la plupart du temps, il avait tout de même choisit de prendre des provisions et des couvertures chaudes. On était jamais trop prudent. La monture choisie par l'ancien mercenaire était donc puissante et solide car en plus du paquetage et de Varsgorn, elle devait porter Miaelle sur son dos.

Varsgorn n'avait jamais trouvé d'interet dans la possession d'un cheval personnel. C'est vrai qu'une monture était bien pratique quand on avait besoin de se déplacer sur de longues distances mais quand on restait au même endroit pendant de longues périodes, un destrier, ça devenait vite un fardeau. Il fallait s'en occuper, le sortir régulièrement pour ne pas qu'il devienne insupportable dans son box, etc.... Le père du trésorier, lui, possédait son propre cheval mais il payait un palefrenier s'occuper de ses tâches "ingrates". Il faut dire que le manoir familial d'Al-Vor était pourvu de magnifiques écuries. Varsgorn, quand à lui, changeait régulièrement d'endroits et ses "missions" ne lui accordaient pas le luxe de se déplacer avec un palefrenier attaché à ses basques. Quand l'ancien mercenaire avait besoin de changer de ville, il s'achetait un cheval qu'il ne tardait pas à revendre s'il devait rester plusieurs semaines dans un même endroit. Il perdait certes un peu d'argent à chaque fois mais pas beaucoup plus que s'il devait entretenir à plein temps sa monture ou s'il payait une place dans un fiacre. Et vu que les voyages en fiacre étaient désespéremment lent, le choix de l'ancien mercenaire était rapidement fait. Mais cette fois-ci, peut-être qu'il garderait le cheval. A l'académie, il y avait un maître des écuries qui s'occupaient des chevaux résidents dans les écuries. C'était donc une plaie en moins pour Varsgorn. En tout cas, il faudrait qu'il y réfléchisse quand ils rentreraient à Al-Poll.

Le voyage les conduisait à Al-Vor, ville où Varsgorn était né et endroit où était bâti le manoir des Ril'Enflazio. Le trésorier était bien entendu toujours propriétaire de cette demeure mais il y habitait peu. Il n'y était pas retourné depuis qu'il était à l'académie. Cela faisait donc plusieurs années qu'il n'avait pas mis les pieds dans sa maison. Pourtant, le manoir était toujours habité. Un intendant y vivait et il s'occupait de tous les domestiques de la demeure ainsi que les gardes qui étaient chargés de protéger la fortune enfermée dans les murs de la bâtisse. Autant dire que Varsgorn était sûr de retrouver le manoir dans un superbe état, sans poussière et sans herbes folles régnant sur les jardins. Comme s'il l'avait quitté la veille. Habituellement, Varsgorn n'accordait que très peu sa confiance aux autres, mais pour ceux qui travaillaient dans sa maison, c'était différent. Il avait volontairement grossit leur salaire afin de s'assurer de leur fidélité. Et surtout, il connaissait tout d'eux. En cas de trahison, Varsgorn s'arrangerait pour se venger dans les plus brefs délais, les envoyant tout droit rejoindre leurs ancêtres. Etrangement, de tous les objets qui se trouvaient dans le manoir, ce n'était pas ceux qui valaient le plus cher qui tenait le plus à coeur à Varsgorn. Non, ce qu'il adorait le plus dans cette maison, c'était deux portraits à valeur sentimentale: celui de son père et celui de sa mère, tout deux exposés dans la chambre qu'il occupait quand il venait séjourner dans son manoir. Tous les autres objets avaient été achetés par le père de Varsgorn qui aimait collectionner des oeuvres d'art. Ses oeuvres étaient très peu observées depuis que le trésorier avait hérité de la demeure. Peut-être qu'un jour, l'ancien mercenaire finirait par retourner vivre pour de bon dans le manoir, quand son corps lui demanderait un repos bien mérité. Mais pour l'instant, il avait encore de belles années avant de penser à la retraite.

La petite Miaelle n'avait pas dit grand chose depuis le départ. Elle semblait perdue dans ses pensées, comme si son esprit était dans un monde différent de celui de Varsgorn. Le trésorier se rendait bien compte que la vie de la gamine n'avait pas été rose tous les jours. Elle n'avait qu'une dizaine d'années et pourtant, elle avait déjà enduré beaucoup de malheurs, parfois plus que certains adultes. Malgré la peur que l'ancien mercenaire ressentait en elle quand il posait son regard sur elle, Varsgorn sentait un fort caractère qui ne demandait qu'à être travaillé. Il espérait vivement qu'il arriverait à en faire une mercenaire sans foi ni loi, qui n'aurait pas peur de risquer sa vie et encore moins de prendre celle des autres. Une digne descendante de Fantôme. Varsgorn s'était fait de nombreux ennemis au cours de sa vie et il savait qu'un jour ou l'autre, il faudrait qu'il affronte son passé. Comme quand la petite Ril'Morienval lui avait demandé des comptes sur l'assassinat de sa famille. Le trésorier allait bientôt avoir 40 ans et ses aptitudes physiques iraient forcément en se dégradant. Un jour, il aurait certainement besoin qu'on protége sa vie et il espérait que ce "on" se nommerait Miaelle. Mais pour cela, il aurait besoin de l'entière dévotion de la petite. Il fallait qu'il transforme la peur qu'il lui inspirait en profond respect. Lui faire comprendre subtilement qu'un jour, il faudrait qu'elle paye la dette qu'elle aurait envers lui à la fin de son apprentissage.

Alors que le soleil colorait la plaine de reflets orangés, signes clairement visibles que la nuit approchait, Varsgorn stoppa son cheval. Au loin, on apercevait le petit village dans lequel le trésorier comptait passer la nuit. Mais, ce n'était pas encore l'heure de se reposer en dégustant un bon repas dans une taverne, ni celui de se rouler dans des couvertures. Pour l'instant, l'ancien mercenaire voulait donner un premier cours à la petite. Voir ce dont elle était capable. Varsgorn descendit de la monture et il aida Miaelle à l'imiter. Il attacha ensuite le cheval à un arbre afin que ce dernier ne se sauve pas. L'ancien mercenaire détacha sa cape qu'il plia soigneusement avant dans la poser sur la selle de la monture. Il se tourna ensuite vers Miaelle.

- Prends le couteau que je t'ai offert. Tu vas essayer de me poignarder. Je pourrais ainsi juger ce que tu sais déjà faire en matière de combat au corps à corps.

Varsgorn n'avait pas peur que la petite ne le tue. Il avait derrière lui plus de 20 ans d'expérience. Si Miaelle arrivait à planter son couteau dans le corps du trésorier, c'était vraiment que ce dernier avait perdu toutes ses capacités. Autant dire que ce cas-là était impossible. Bien entendu, l'ancien mercenaire n'excluait pas la possibilité que Miaelle parvienne à le toucher et donc à lui faire verser du sang. Si la petite y parvenait, Varsgorn n'en serait que plus content.



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Miaelle Campbelle
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MessageSujet: Re: Retour au bercail [Terminé]   Retour au bercail [Terminé] Icon_minitimeJeu 5 Jan 2012 - 21:26

Il y avait eu plusieurs éléments insolites à ce voyage, tous espacés de périodes plus ou moins noir/blanches où les souvenirs s’engluaient autour de la forteresse qu’elle avait érigée le long de son esprit.

Mia n’avait pas vraiment récupéré depuis l’épisode des chaussures, et cela la chagrinait un peu, inconsciemment, derrière la couche soigneusement peinte qui drapait toute chose, l’éloignant de la réalité pour ne plus se faire attaquer par elle. Il y avait certes beaucoup de choses sujette à sa curiosité, des couleurs et des arbres, des fleurs qu’elle n’avait vu que rarement, des paysages grandioses, verts de vie, et le ciel qui changeait d’allure, au gré des nuages effilochés. Il y avait Varsgorn, avec ces yeux obscurs, sa manière de scruter tout ce qui l’entourait avec cette secrète satisfaction, née de sa confiance en sa propre puissance, alliée à une prudence parfaitement contrôlée. Et enfin, il y avait Globule Ronön, le cheval qu’avait acquis son maître.

Finalement, ce fut ce cheval qui, le premier, déterra la petite de sa léthargie, gommant doucement, petit à petit, la substance qui l’engluait en elle-même. Au moment même où elle l’avait vu, elle avait été séduite par ses grands yeux mouillés, couleur noisette, qui la fixait en frémissant –de crainte ? de colère ?-. Elle avait certes déjà vu des chevaux, mais toujours de loin, son Papa n’ayant pas les moyens de s’en octroyer un.

Elle aimait toutes choses, Miaelle, elle aimait les animaux, la nature et la vie en général, elle aimait cette force obscure qui régissait toute chose, et elle aimait cette impression de petitesse que lui procurait le ciel au-dessus de sa tête. Elle aimait cette sensation d’être minuscule dans un monde qui n’avait pas besoin d’elle pour tourner rond. Elle aimait être inutile, parce que, somme toute, c’était le meilleur moyen de ne pas attirer l’attention et de rester en vie. C’est donc une empathie teintée de la plus profonde humilité qui l’unissait à toute chose, comme si chaque brin d’herbe qu’elle rencontrait valait un millions de fois plus qu’elle, comme si la vie de toute chose était plus importante que la sienne. C’était cette certitude inébranlable qui régissait sa propre vie, la dotant d’une spontanéité tirée de sa propre absence de valeur, qu’elle croyait acquise et inchangeable. Ainsi, sa vision des choses n’était-elle motivée par aucune volonté propre, tout du moins avant que son Papa ne meure. Elle avait donc dû changer, en profondeur, et se trouver un but, parce que, malgré la forte intuition qui lui dictait qu’elle ne valait rien, elle était dotée du plus élémentaire des instincts de survie. En elle-même, elle avait commencé à agir pour s’élever au-dessus de la misérable condition qu’elle s’octroyait. Et cela lui en coûtait, bien plus que ce à quoi elle s’était attendue. Devenue le jouet du trésorier, elle n’avait plus d’autres ambitions que de devenir forte à ses côtés, et de le servir fidèlement.

Et lorsqu’elle s’était retrouvée face à l’imposant animal, elle avait été frappée, profondément, par leur semblable situation. C’est en plongeant dans son regard, dans l’abîme de ses prunelles, qu’elle avait décidé de prendre soin de lui. Elle ne connaissait absolument pas la manière de s’occuper d’un cheval, mais sa bonne volonté transcendait le langage et il lui semblait bien que l’animal exhalait des ondes de sympathies.

Naïve, elle imaginait en lui une conscience éveillée, des pensées bariolées d’ombres virides, d’éclats mordorés, ceux du soleil et du foin qu’il semblait apprécier, des questions et des peurs, que seule la barrière de ses cordes vocales atrophiées semblait empêcher de formuler. Elle communiquait donc avec lui par chuchotements, quelques fois, le plus souvent par des gestes empreints de douceur et d’attention, tout en prenant garde à chaque fois au regard de Varsgorn. Ce n’était pas franchement de l’amour, non, loin de là, plutôt une sorte d’attachement primitif à l’égard d’un être méritant, dont la condition était dictée par la forme et l’héritage de ses ancêtres : la servitude ancrée à l’égard des humains. En cela elle avait trouvé le miroir de sa propre existence, elle, la petite fille orpheline au service du trésorier de l’Académie. L’un et l’autre n’avait pour simple but que la servitude, et peut-être le rêve d’être un jour libre d’entrave, l’un parcourant les plaines la crinière au vent, l’autre assez forte pour survivre sans la peur au ventre, ce qui était difficilement envisageable.

Mais son état d’esprit restait tout de même éloigné de toute choses, surtout lorsque le garde était là. En sa présence, la forteresse de ses pensées s’érigeait, et le coton ouatait sa conscience, pour la protéger essentiellement de tout ce que sa condition pouvait avoir de sombre, notamment l’absence de son Papa, remplacé par cet homme dont, au fond d’elle-même, elle avait une peur bleue. Petit à petit, cependant, elle reprenait goût à la vie, pendant ces instants volés où elle s’occupait du cheval. Inconsciemment, elle prenait l’habitude que plus tard Varsgorn voudrait probablement lui inculquer : l’art de mener une double vie.

Le voyage passa ainsi, dans le silence la plupart du temps, le silence que venait seulement percer les quelques ordres que Varsgorn pouvait lui imposer, comme le ramassage du bois ou l’ajustement de sa position sur le cheval.

Plus que quelque chose d’involontaire, son comportement changea de telle manière que les instants passés avec Varsgorn devinrent quelque chose de plus contrôlé. Ces changements inconscients d’état d’esprit pendant lesquels elle n’avait plus goût en rien devinrent petit à petit une nécessité pour préserver l’anonymat de ses attentions envers le cheval. Elle n’en était pas encore à jouir de cette situation, elle n’y prenait somme toute aucun véritable plaisir, mais une secrète satisfaction commençait à poindre, à la limite de sa conscience, lorsqu’elle parvenait à transiter d’un caractère à l’autre, de plus en plus facilement.


Ainsi passa le voyage, entre terre et ciel, ponctué de quelques haltes, de moins en moins nécessaire. Miaelle devenait plus solide, même si sa frêle constitution ne lui permettait pas de faire des folies physiques. Le cheval semblait apprécier sa présence, en particulier les moments où le trésorier ordonnait à Mia de le brosser et de curer ses sabots, ce qu’elle faisait avec un zèle touchant.

Un soir, alors qu’ils approchaient d’un petit village tout en rondeur et paille de chaume, Varsgorn fit arrêter la monture dans un recoin herbu. Sans un mot, il la prit dans ses bras pour l’aider à descendre de cheval, puis il s’éloigna avec. Un instant, Mia eut la folle certitude qu’il l’abandonnait au milieu de nulle part et qu’elle allait devoir se débrouiller toute seule. Ce dernier point n’était pas très important, elle se savait capable de se nourrir dans les environs, mais les bêtes fauves qui hantaient les lieux sauvages seraient eux aussi capable de trouver à manger, surtout en la voyant.

Puis la lucidité reprit sa tête, et elle se dit que de toute manière il y avait un village non loin. Enfin, son maître revint et lui proposa de l’attaquer avec un poignard. Avec son poignard. Cette arme étrange avec laquelle elle s’était déjà blessée plusieurs fois en essayant de la manipuler. Qu’est ce qui pouvait faire croire à Varsgorn que cette fois elle pourrait faire quelque chose avec, alors qu’il ne lui avait jamais expliqué comment s’en servir ?

Avec un air sceptique et résigné, elle le sortit prudemment de sa sacoche. Le trésorier attendait tranquillement, sans qu’aucune émotion ne se peigne sur son visage. Elle le regarda un moment, attendant un signe quelconque, mais rien ne vint brouiller le silence. Gênée, elle baissa les yeux sur la poignée qui dépassait un peu trop de sa petite main. Lentement, elle fit décrire à la pointe un petit cercle, puis lança son bras en avant pour voir la maîtrise qu’elle avait de l’objet. Mais elle avait mésestimé le poids de l’acier, et c’est du bout des doigts qu’elle parvint à rattraper le poignard, avant qu’il ne tombe par terre. Elle lança un regard d’excuse au garde et, voyant son air impénétrable, en conçut une peine vive, comme si sous son visage de glace, il cachait les flammes d’un mépris hautain.

Incapable.

Sa lèvre trembla, mais elle repensa à Shawna. Qu’y pouvait-elle si elle ne savait pas se battre ? Jamais personne ne lui avait appris, c’était la première fois qu’elle tenait une arme ! Son Papa le lui avait même formellement interdit. Un malaise s’insinua en elle à cette pensée, mais elle la repoussa rageusement : son Papa n’était plus là pour la protéger, elle devait donc trouver la force de le faire toute seule.

Elle se précipita en avant, le couteau pointé devant elle, d’une manière tellement maladroite qu’elle en était risible. Varsgorn n’eut qu’à se décaler d’un pas pour qu’elle trébuche et s’étale toute seule dans la terre, sans même qu’il n’eut besoin de la toucher. Elle recracha une touffe d’herbe et se remit debout après avoir ramassé son couteau. Derechef, elle se précipita sur lui, et à nouveau il esquiva sans aucune difficulté. Plusieurs fois d’affilé, elle se retrouva à terre, la plupart du temps du simple fait de ses pieds s’emmêlant au sol sans aucune aide extérieur. Une fois, elle tentât de se retourner, une fois qu’il eut esquivé, mais son poignard lui échappa des mains avant même qu’elle eut cligné des yeux.

Finalement, rageuse devant l’inutilité flagrante de cette démarche, elle le jeta par terre, la lame s’enfonçant tout droit dans l’herbe piétinée. D’une voix acide et tremblotante, elle cria :

- Comment voulez-vous que j’arrive à vous toucher, je sais même pas comment tenir ce truc ! J’veux bien faire des efforts mais vous devez au moins me donner des bases, je n’ai jamais tenu d’arme avant moi !

Elle shoota dans un caillou et fourra ses mains dans ses poches, et ses yeux tombèrent sur ses chaussures. Elles lui rappelèrent son dévouement total envers l’homme sensé lui apprendre à se battre. Bon, c’était peut-être un exercice utile, de son point de vue, mais elle n’avait aucune base sur laquelle travailler ! Fallait pas pousser mémé dans les orties non plus ! Cependant, malgré toutes les récriminations qu’elle pouvait avoir envers lui, elle lui devait obéissance. Et il lui avait ordonné de l’attaquer, et d’essayer de le poignarder. « Par tous les moyens » suggérait son expression.

A nouveau, elle regarda ses chaussures. Ces prisons de pieds, ces bouts de cuirs inutiles. Après une hésitation elle s’assit par terre et entreprit de délacer les lacets. Ils n’étaient en aucune manière entourés de tiers, sa volonté d’empêcher que son nom ne soit associé à une souillon n’avait donc aucun sens ici. Une fois pieds nus, elle soupira d’aise en sentant ses orteils fouirent l’herbe et la terre. Elle saisit le poignard à deux mains, le tendit haut devant elle et s’élança à nouveau tout droit sur le mercenaire. Elle s’attendait à nouveau à son esquive habituelle, mais elle parvint à freiner juste à temps pour ne pas trébucher sur sa cheville vicieusement placée près de ses jambes. Elle se recula d’un pas, cherchant une faille pour attaquer. Sa manière de se déplacer pieds nus était surprenante. Envolée la gaucherie de ses chevilles, l’instabilité de ses appuis : elle marchait avec aise, jouant de son poids qu’elle répartissait bien mieux sur ses deux jambes. Sa démarche en était assouplie, et reflétait une habitude profonde à se servir de ses pieds. Maintenant, elle ne pensait plus à ne pas trébucher, elle cherchait simplement la meilleure manière d’attaquer son adversaire.

Sa faible taille aurait pu constituer un atout, et lui accorderaient un fort avantage plus tard lorsqu’elle saurait se battre, si elle ne grandissait pas trop d’ici là. En effet, elle voyait bien que Varsgorn était obligé de se baisser, de déplacer son centre de gravité en avant pour se mettre à la taille de la petite. Mais elle était encore trop novice pour avoir conscience de toutes ces choses.

En revanche, elle était très consciente de ces gros nuages noirs qui arrivaient à l’horizon. Cela faisait plusieurs heures qu’elle avait la certitude que la pluie viendrait tremper la fin d’après-midi, mais elle n’avait pas juger bon d’en avertir son maître. Son étude du ciel, des nuages et de leurs mouvements était un petit secret, pour quelques temps encore. Elle n’attaqua donc pas tout de suite, et resta 5 bonnes minutes à l’observer. Le cheval renâcla au loin. Le ciel s’assombrissait dangereusement. Plus que quelques minutes.

Soudain, la voute céleste s’ouvrit en deux, vomissant un éclair flamboyant qui piqua jusqu’à l’horizon. Le grondement sourd vint faire trembler le sol, et c’est de ce moment où l’attention de Varsgorn fut détournée qu’elle profita pour passer à l’action. Elle eut le temps de parcourir les trois quarts de la distance qui les séparaient avant qu’il ne se rende compte de ce qu’il passait, mais la petite était encore trop maladroite. Elle réussit à s’approcher de ses jambes, le forçant à se courber en deux, mais la vivacité de son maître était traître. Pour la première fois, il se défendit et l’envoya bouler quelques mètres plus loin, le poignard s’échappant en voltigeant de ses mains.

Un caillou avait entaillé son genou droit. Elle frotta la plaie avec une grimace et se releva pour aller chercher son couteau. La pluie viendrait en son heure, mais pour l’instant seuls les éclairs de plus en plus menaçants témoignaient de la tempête qui se rapprochait. Elle ramassa le poignard et débarrassa la garde de l’herbe collée dessus. Puis elle se retourna vers Varsgorn et demanda :

- Ça se tient comment ce machin-là ? Vous z’avez pas une technique, quelque chose pour qu’il arrête de s’échapper de mes mains ?


Varsgorn Ril'Enflazio
Varsgorn Ril'Enflazio

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MessageSujet: Re: Retour au bercail [Terminé]   Retour au bercail [Terminé] Icon_minitimeJeu 12 Jan 2012 - 14:36

Miaelle avait mis du temps avant de réagir. Varsgorn l’avait vu « jouer » avec son couteau pendant quelques instants. Elle avait l’air de tester l’arme. C’était très certainement la première fois qu’elle en voyait un poignard. Et vu qu’elle mangeait avec les mains, elle n’avait peut-être jamais utilisé un couteau pour couper sa viande. Donc le trésorier ne s’étonna pas que la petite soit impressionnée par cette arme qu’elle tenait la main. Mais bientôt, avec l’entrainement de Varsgorn, le couteau deviendra un nouveau « jouet » pour Miaelle.

Jeune, l’ancien mercenaire n’avait jamais été étonné par les armes. Il les cotoyait en effet depuis son plus jeune âge, étant donné que les gardes de son père ne quittait jamais leur lame. La première qu’il toucha, ce fut vers l’âge de 8 ans. Il avait volé le poignard d’un des gardes et il s’était enfuit dans une pièce déserte de la demeure des Ril’Enflazio. Il s’était entraîné mais le couteau lui tomba des mains et lui entailla une partie de la cuisse. Réflexe stupide, Varsgorn avait avancé la jambe pour retenir la chute du poignard. Le petit garçon avait été retrouvé en sang par la gouvernante. Il avait été soigné et ramené auprès de sa mère. Varsgorn ne reçu aucune punition. Il ne fut même pas engueulé. Rien, pas même une petite remontrance. L’enfant était l’unique fils des Ril’Enflazio et il était un véritable roi dans la demeure. Ce fut donc le garde qui reçut la sentence à cause de son manque d’attention qui a permit le vol de l’arme. Il fut viré et remplacé rapidement et plus personne ne parla du problème. Même Varsgorn se fit discret, ne se plaignant pas quand il souffrait de sa blessure, de peur que ses parents décident de revenir sur leur décision et de quand même sermonner le petit garçon.

Miaelle se décida finalement à attaquer, après plusieurs minutes à contempler l’arme qu’elle tenait dans sa main. Attaque stupide. Attaque lente. Attaque sans conviction. Certainement première attaque de la vie de la petite. Le trésorier de l’académie de Merwyn se déplaça d’un pas sur le côté et la petite le dépassa avant de s’étaler par terre de tout son long. Ridicule. Mais Varsgorn ne fit aucun commentaire. Miaelle était encore jeune et elle était encore plus qu’une débutante car elle découvrait ce « mode de vie ». Elle avait tout à apprendre et donc même si cet échec était ridicule, il n’en restait pas moins logique. En temps normal, face à un véritable adversaire, l’ancien mercenaire aurait provoqué la chute afin de pouvoir sauter sur le dos de son ennemi et mettre un terme à sa vie, mais là, il n’en avait pas eu besoin. Non seulement, il n’avait pas voulu que Miaelle chute, mais surtout, la petite s’était débrouillée seule pour se retrouver le nez dans l’herbe.

Malgré cet échec, l’apprentie du trésorier se releva et retenta l’attaque. Une fois, deux fois, trois fois. A chaque fois, elle échoua mais à chaque fois, elle retentait. Impressionnant acharnement. Beaucoup auraient déjà abandonné depuis longtemps mais Miaelle continuait. Un bon point pour la petite. Ne jamais renoncer. Une grande règle que Varsgorn aimait suivre, surtout quand il s’agissait de poursuivre qui s’avérait plus rusée que les autres et donc plus difficile à débusquer.

Pourtant, Miaelle en a arriva à protester, confirmant par la même occasion ce que Varsgorn avait supposé sur le fait qu’elle n’avait jamais utilisé de couteau avant ce jour. Pourtant, le trésorier n’eut l’occasion de répondre à sa nouvelle apprentie. Il vit la petite délacer ses chaussures afin de se mettre pieds nus. Une nouvelle fois, l’ancien mercenaire garda le silence, il voulait voir la suite des évènements avant d’ouvrir la bouche.

Miaelle reprit sa position d’attaque et elle relança le combat. Combat différent cette fois-ci. La petite tenait bien mieux sur ses pieds quand il était à l’air libre, ça ne faisait aucun doute. Pas une seule fois elle ne chuta. Ses attaques étaient plus précises et bien moins gauches. C’était une tout autre assaillante que Varsgorn avait devant ses yeux. Mais, malgré sa nouvelle technique, la petite ne toucha pas le trésorier.

Soudain, la foudre gronda. Un éclair pointa le bout de son nez. Varsgorn tourna le regard vers cette lumière offerte par le ciel avant de reporter son attention sur Miaelle… qui avait bougée. La petite peste avait profité de l’inattention de son adversaire pour attaquer. Et vu la distance qu’elle avait parcourut, elle n’avait certainement pas été attirée par l’éclair. L’avait-elle prévu ou était-ce simplement un coup de chance ? En tout cas, l’ancien mercenaire fut impressionné de la ruse de l’attaque de la petite. Son corps n’était pas encore celui d’une grande guerrière mais elle avait déjà le cerveau qu’il fallait. C’était un grand gain de temps de voir qu’elle avait la présence d’esprit de profiter de l’inattention de son adversaire.

Lors de cette attaque, étant donné que la petite était trop proche pour que Varsgorn se déplace et esquive l’attaque sans dommage, l’ancien mercenaire du opter pour l’option défense. Il attrapa Miaelle fermement et il l’envoya valser un peu plus loin, le couteau s’échappant des petites mains de la gamine.

- Ce machin-là, comme tu dis, s’appelle un couteau et il n’y a pas véritablement de « technique » pour l’avoir toujours en main, mis-à-part de bien serrer ton poing. Par réflexe, quand tu chutes, tu ouvres ton poing et ainsi tu lâches ton arme. C’est un réflexe et pour l’instant, tu ne peux rien y faire. Mais en t’entrainant, tu arriveras à maîtriser ce réflexe afin que ton poing reste fermé à tout moment et que ton bras reste solide pour que tu ne sois plus désarmée.

Il y avait bien longtemps que Varsgorn n’avait plus était désarmé en combat.

- Tu es douée pour un premier combat. Ta technique avec tes chaussures laisse quelque peu à désirer mais pieds nus, tu possèdes de belles bases. Et surtout, tu as été admirable au moment de l’éclair. Profiter de l’instant où je ne te regardais plus pour porter ton attaque était une très bonne idée. Si tu avais un peu plus d’entrainement ou si moi, j’en avais moins, tu aurais certainement eu l’occasion de me tuer.

Varsgorn jeta un coup d’œil au ciel avant de poursuivre.

- Mais pour l’instant, ce n’est plus l’heure de l’entrainement. Le ciel a décidé de nous prévenir qu’il était temps de se mettre à l’abri. Nous trouverons certainement une chambre dans une auberge du village là-bas. Allez viens, si tu ne veux pas finir trempée jusqu’aux os.

[Edition à volonté. Si tu souhaites poursuivre le rp avec une ellipse temporelle, n'hésite pas, sache par contre que Vars compte répéter l'exercice plusieurs fois pendant le voyage. Mp si souci]

Miaelle Campbelle
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MessageSujet: Re: Retour au bercail [Terminé]   Retour au bercail [Terminé] Icon_minitimeVen 27 Jan 2012 - 19:19

[ Je te laisse l'entière liberté pour le sort de l'homme, et sur ce que tu feras après. Si tu trouve que c'est trop "gros" je peux éditer, même si j'ai fait en sorte que ce ne soit que hasard et stupeur. En espérant que ça te plaise =) ]


Elle baissa les yeux sur le poignard, après le premier conseil de Varsgorn. Ne pas le lâcher, tout simplement ? Etait-ce donc aussi simple ? Elle serra les doigts le plus fort possible, au point que ses jointures blanchirent et que tout le sang se retira des doigts. Même ainsi, alors que sa main se mettait à trembler sous l’effort, que ses muscles tressaillaient à leur extrême limite, elle savait que sa poigne demeurait bien trop faible. Ayant quelques notions d’anatomies, notamment sur l’action des muscles et leur emplacement, elle prit la résolution de s’entrainer, de reproduire le mouvement de pince sur quelque chose de dur, jusqu’à ce que ses poignets ne soient plus aussi frêles.

Les compliments de son maître la touchèrent plus que ce qu’elle voulait laisser paraitre. Ce n’était pas d’attirer l’attention de la personne, Varsgorn en lui-même, de lui procurer de la fierté, puisque pour l’instant elle ne ressentait pour lui qu’une totale obéissance qui n’allait pas de pair avec l’amour et l’envie de plaire. Non, simplement, son avis était important puisque par essence il était son maître et qu’il avait cette supériorité physique et intellectuelle pour lesquelles elle l’avait choisi (même si dans sa tête toute chose possédait plus d’importance qu’elle). Ainsi, de par ses mots, il rendait hommage à ses capacités, à son début d’entrainement, et lui prouvait qu’elle était sur la bonne voie. C’était tout ce qui lui fallait. L’orientation, des rails de savoirs, comme un destin qu’on forge grâce à la trempe des regards que l’on y dépose.

Le rouge lui monta aux joues. Un pas en avant, puis l’autre, et c’est son destin qu’elle traçait dans la poussière et la sueur collé à ses tempes.

Elle ne pipa mot, écoutant sereinement les paroles de son maître, s’en imprégnant le plus possible, les gravant dans sa mémoire. Cependant, pour l’histoire des chaussures, elle savait qu’elle n’y pouvait rien. Le sol sous ses orteils était quelque chose qu’elle avait toujours connu, c’était sa façon d’être, de se mouvoir, de vivre en relation avec ce qui l’entourait. C’était une forme de liberté puérile, mais extrêmement importante pour la petite fille sans importance qu’elle représentait. Aussi hocha-t-elle la tête, à ses propos, tout en étant intrinsèquement dubitative devant le fait d’arriver un jour à marcher correctement avec des chaussures. Qu’importe, elle se débrouillerait toujours.

Elle jeta un coup d’œil au ciel qui se marbrait de noir, et les éclairs violacés qui éclairait par le dessus le roulement des cumulonimbus qui se dirigeaient vers eux à toute vitesse. Par expérience, elle savait que la pluie ne viendrait pas tout de suite, mais qu’elle tomberait d’un coup, violemment. Elle se détourna alors, sans hâte excessive, mais sans trainasser, et entreprit de calmer son cheval par quelques caresses et chuchotements sereins.

Ils se dirigèrent vers le village, la tête rentrée dans les épaules, comme écrasés par l’air lourd qui grondait et hérissait les poils de leurs avant-bras. Miaelle releva la tête, fascinée par le spectacle du ciel qui se déchainait au loin, lui renvoyant dans les prunelles les mêmes éclairs d’émerveillement que ceux qui tranchaient le ciel de leur puissance. Un tourbillon de joie sereine lui réchauffa le cœur, d’être simplement sur les routes, dans son éléments, en mouvement constant, avec le ciel changeant au-dessus de sa tête brune, avec entre les jambes un cheval pour lequel elle éprouvait de la tendresse et qui le lui rendait bien.

Finalement, Varsgorn dénicha une auberge qui semblait assez luxueuse, et qui possédait en outre une écurie spacieuse pour les chevaux. La soirée se passa dans un silence qui n’était pas pesant, simplement ni lui ni Mia n’avait envie de s’épancher sur quoi que se soit. Ils restèrent donc dans leurs pensées, ce qui ne sembla pas déranger son maître. Miaelle mangea tout ce que lui commanda le trésorier, bien décidée à devenir plus musclée. Et pour cela il lui fallait des protéines, et donc beaucoup de viande. Bon, les portions n’étaient jamais très importantes, de toute manière elle n’aurait pu manger autant qu’une petite fille normale de son âge. Sa constitution était chétive de base, et il était presque sûr que cela ne changerait pas avec l’âge. Elle craignait un peu de demeurer toute petite, en même temps que cela la rassurait : ses repères ne changeraient pas, et il était évident qu’elle aurait l’avantage de la discrétion, qui lui serait refusée en cas de croissance trop importante.

Après mangé, ils décidèrent d’aller se coucher. Varsgorn avait insisté pour qu’elle garde toujours son poignard sur elle « principe de précaution » disait-il, et elle lui avait obéit, le callant dans une boucle de sa sacoche qui servait de fourreau, et qu’elle ne quittait jamais, même pour dormir.

Il n’y avait rien pour lequel s’alarmer. L’orage grondait au dehors et la pluie tambourinait contre les carreaux, et cela poussait à la somnolence. La couette pesait lourd sur son petit corps, et elle entendait la respiration de Varsgorn à côté d’elle, sans qu’elle puisse déterminer s’il dormait ou pas. Pourtant, malgré l’ambiance sereine de la soirée, quelque chose titillait son esprit. Elle ne parvenait pas à trouver le sommeil, et cela l’ennuyait : elle se devait d’être reposée et en forme pour continuer son apprentissage. L’énervement gagna ses nerfs, et elle se mit à gigoter doucement dans son lit, en tentant de trouver une position confortable dans ce lit trop mou. Finalement, au comble de l’exaspération, elle se leva le plus doucement possible, et le contact du plancher froid sous la plante de ses pieds lui fit du bien. Elle resta une minute immobile, ne voulant pas réveiller son maître, puis décida d’aller faire un tour en bas pour rapiner un verre d’eau. La pluie avait perdu sa virulence, et goutait simplement dans la gouttière. Les rongeurs devaient avoir trouvé refuge dans la maison, car de l’autre côté de la porte elle entendait des grattements et des petits pas légers. Et un craquement.

Un craquement ? Les rats ça craquait, mais le son ne pouvait pas s’entendre, c’était trop petit un rat ! Mia fronça les sourcils et se dirigea vers la porte. Sa main farfouilla dans son sac, à la recherche de graines à donner aux rongeurs. Au moment où elle tendit la main vers la poignée, celle-ci tourna d’elle-même avant qu’elle ne l’eut touchée. Au moment où elle se retrouvait devant la présence d’un homme encapuchonné, sa main se referma comme par hasard sur la garde de son poignard, au milieu des sachets de graines et de plantes. Pendant une seconde, il ne se passa rien. L’autre semblait aussi surpris de la trouver là qu’elle de se retrouver face à face avec un bandit.

Car c’était bien un bandit, elle n’en doutait pas. Qui se permettrait de rentrer doucement dans une chambre au beau milieu de la nuit, le visage plongé dans l’ombre d’une large capuche ? Elle n’eut pas le temps de réfléchir. L’inconnu fit un pas en avant, et tendit une main au bout de laquelle brillait un éclat métallique. La terreur s’empara d’elle, alors même que ses muscles tétanisés par les efforts de la journée ne lui obéissaient plus. Sa chemise de nuit s’enroulait autour de ses chevilles, et elle savait que si elle faisait un pas en arrière, elle trébucherait et s’offrirait toute entière à l’inconnu. Il ne lui restait qu’une solution. Avec toute la force qu’elle put mettre dans son mouvement, elle sauta sur l’homme, de tout son petit poids, les bras en avant, les poings aussi serrés que possible. La bousculade ne le fit qu’à peine reculer, tandis que sa capuche retombait en arrière et que la stupéfaction se peignait sur ses traits.

C’est alors qu’elle vit le sang.

Le sang qui tachait la chemise sombre, qui suintait autour de la lame du couteau planté dans l’abdomen de l’homme. Le couteau dont Mia avait oublié la présence, alors même qu’il était serré entre ses doigts.

Sa gorge s’ouvrit, et son cri strident perfora l’atmosphère. Elle se rejeta en arrière, la poignée toujours au creux de sa main, tandis qu’une giclée de sang lui trissa en plein milieu du visage, salissant ses vêtements, tâchant ses joues, souillant ses yeux, elle en eut jusque dans la bouche. Impossible de savoir si l’homme était gravement blessé, ou si ce n’était qu’une égratignure. Sa force était maigrelette, il était très probable que seule la pointe du couteau avait pénétré la chaire. Mais elle ne appesantie pas sur la question. Elle avait fait couler le sang. Pour la première fois de sa vie.

L'exploit en soit n'avait rien de glorieux. Le hasard seul lui avait permis de se porter en avant au lieu de reculer, et l'autre ne devait vraiment pas s'attendre à ce qu'une silhouette haute comme trois pommes ait à la main un poignard assez effilé pour lui trouer la peau. Soit. Mais cela avait tout de même sauvé la vie de Mia. Ce dont elle n'avait présentement pas conscience. Il fallait que Varsgorn se réveil. Qu'il lui vienne en aide. Qu'il ramasse les morceaux de son coeur troué. Ses brindilles de souffrance qui tâchaient le bois, et son ventre qui grouillait d’horreur.

Dans une dernière torsion affreuse, son estomac se retourna tout à fait, et se vida sur le plancher de la chambre.



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MessageSujet: Re: Retour au bercail [Terminé]   Retour au bercail [Terminé] Icon_minitimeLun 6 Fév 2012 - 22:21

Le ciel s'était rapidement obscurcit. Varsgorn conduisit rapidement Miaelle vers le village où il y trouva une auberge qui n'avait pas l'air trop miteuse. Varsgorn en avait connu des plus luxueuses, c'était évident mais il y avait bien pire. Le trésorier était le plus richement vêtu de toutes les personnes présentes quand ils entrèrent. Des yeux avides se posèrent sur la bourse bien remplie de l'ancien mercenaire. Varsgorn les remarqua et il écarta sa cape pour dévoiler son épée, faisant ainsi comprendre qu'ils trouveraient à qui parler si les clients se décider à venir le voler. Il était une dizaine. Le trésorier n'avait pas peur d'eux. Il se savait capable de leur venir à bout, surtout si leurs réflexes étaient émoussés par l'alcool qu'ils avaient tous visiblement consommés. Et puis, quand il s'agit d'obtenir une bourse d'or, c'était rare quand les voleurs s'associaient, car qui disait association, disait aussi partage du butin. Varsgorn avait longtemps était un de ses voleurs, bien plus talentueux évidemment, il connaissait donc les techniques utilisées par la plupart d'entre eux. Il n'avait rien à craindre d'eux.

Varsgorn commanda un repas pour deux. Pas de la grande cuisine mais mangeable tout de même. Vivement qu'ils arrivent à Al-Vor. Ils pourraient au moins bénéficier des bons repas de ses domestiques. Voilà plusieurs années qu'il ne vivait plus dans son manoir d'Al-Vor. Il y passait régulièrement afin de s'assurer que la demeure était encore bien géré par l'intendant. Mais il n'y restait pas bien longtemps. Quelques jours maximum. A chaque fois, le manoir était magnifiquement entretenu. Quand le temps serait venu, il se retirerait dans ce manoir pour y finir sa vie. Dans une dizaine d'années, certainement. De plus, quand l'heure de la retraite serait venue, il pourrait se tourner les pouces. Ses magasins fonctionnaient sans lui, il n'aurait qu'à compter les pièces arrivant chez lui.

Après le repas, ils grimpèrent dans la chambre que Varsgorn avait loué pour la nuit. Chacun dans son lit bien entendu. Le trésorier s'endormit immédiatement. Il ne dormait jamais vraiment bien quand il n'était pas dans un vrai lit. Celui de cette chambre d'auberge était parfait et l'ancien mercenaire était épuisé par la journée à dos de cheval. Ce fut une nuit sans rêve et reposante..... jusqu'à ce qu'un bruit le tira de son sommeil. Par réflexe, ses lames sortirent de ses poignets. Varsgorn ouvrit les yeux et il sauta de son lit, prêt à l'attaque. Ses yeux mirent un temps à s'habituer à l'obscurité mais quand ce fut fait il vit le petit corps de Miaelle à terre et une ombre à la porte. Immédiatement, le mot Menace s'imprima dans l'esprit du mercenaire. Varsgorn sauta sur la silhouette, la main en avant. La silhouette, celle d'un homme, réagit au quart de tour. Varsgorn sentit un poignard se ficher dans ses côtes à l'instant où sa lame trouva le coeur de l'inconnu. Dans un râle sourd, l'inconnu s'effondra alors que le trésorier rétractait ses lames pour se tenir la blessure. Bon sang, ses réflexes de mercenaires avaient faiblis. Se tenant toujours le côté pour faiblir l'hémorragie, il tira le corps de l'inconnu dans la chambre dont il ferma la porte. Il éclaira la chambre et il se pencha vers Miaelle qui sanglotait mais qui n'avait pas l'air blessée.

-
Calme toi, tout va bien. Je me suis occupé de lui. Il est mort, il ne te fera plus de mal.

La petite se relevait, les yeux embrumés de larmes. Varsgorn se retourna vers le corps étendu sur le sol de la chambre. Il repoussa la capuche qui dissimulait le visage. Il reconnut l'un des regards qui l'avait fixé quand il était entré quelques heures auparavant. Un voleur qui avait profité de la nuit pour tenter de dérober la bourse du trésorier. Il l'avait payé de sa vie.

Varsgorn grimaça. L'homme ne l'avait pas raté. Le sang avait déjà teinté sa tunique. Ses yeux tombèrent sur le poignard de Miaelle qui était tombé à terre. Du sang sur la lame. La petite avait été la première a attaquer l'inconnu. Sans elle, Varsgorn aurait peut-être été tué dans son sommeil.

- Miaelle, il faut qu'on parte. Si ce corps est retrouvé à nos côtés, c'est à la garde qu'on aura affaire. Cet imbécile m'a touché, je ne pourrais pas te défendre si on est attaqué.

La fuite plutôt que l'héroïsme. Les plus grands héros étaient morts. Une belle bêtise. "Ah il était un grand homme", "quel courage", etc... De belles paroles pour récompenser un sacrifice. Varsgorn, lui, préférait être jugé comme un couard mais rester en vie. Combien de ses compagnons mercenaires étaient morts après des actes de bêtise qui les a menés à la tombe? Oui, c'était ça, les héros avaient leur chemin tout tracé vers la tombe. Chemin court qui plus ait. Varsgorn survivait depuis bientôt quarante ans maintenant et il espérait que ça ne finisse pas de sitôt.

Enfin, là, c'était pas gagné, étant donné qu'il était assez lourdement blessé.

- Allez, dépêche toi, on a pas toute la nuit. Si ce voleur a des copains qui l'attendent ou si un autre client de cette auberge se décide à nous délester de notre argent, on va avoir bientôt de la visite. Comme tu le vois, je ne suis pas en état pour un nouveau combat.

Pas de témoins! C'était ainsi qu'il fonctionnait quand il était un mercenaire plus jeune. Soit le butin était dérobé en silence, soit le propriétaire mourrait. Et vu qu'ils étaient tout deux réveillés, autant dire que les voleurs se feraient un plaisir de l'achever, surtout qu'il était incapable de se défendre correctement avec cette blessure au flanc.



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MessageSujet: Re: Retour au bercail [Terminé]   Retour au bercail [Terminé] Icon_minitimeDim 12 Fév 2012 - 14:22

Elle était choquée, la petite, profondément chamboulée par ce qui venait de se passer. Ses yeux vides fixaient le sol sur lequel flaquait un liquide grumeleux tout droit sorti de son estomac révolté. Et aux commissures, à la limite de perception, il y avait une lumière pourpre qui menaçait de tout engloutir – sa raison et l’univers tout entier. Elle n’avait pas conscience de ses mains qui tremblaient violement, sur ses cuisses, non plus des larmes qui coulaient en torrent sur ses joues, délavant le sang dans cette rigole improvisée. Rose, celui-ci teintait le haut de ses épaules et goutait sur le sol, se mélangeant au magma informe qui ne faisait plus partie d’elle.

Son Papa flottait – tout flottait en bas. « ça » pour ceux qui ne saurait pas ^^

Elle avait tué un homme. De la simple défense aurait-on pu dire, puisqu’il devait sans nul doute avoir l’intention de la faire taire également, mais qu’importe. Dans son monde à elle, dans cette vision de l’univers qu’ont seuls ou presque les enfants, elle ne se visualisait presque pas – sauf effort. Elle n’était qu’une brindille, quelque chose de lancé au vent avec nonchalance, qu’on rattrapait de temps en temps pour planter, dont les bases n’étaient jamais assez solide pour qu’elle ne s’envole pas à nouveau en tournoyant, tournoyant, tournoyant. Jusqu’à ce que son estomac se vide, encore une fois. Elle était la plus inimportante de toutes les choses de l’univers. Elle valait moins encore qu’un crottin de cheval, qu’un siffleur ou un chat, et à fortiori encore moins qu’un autre être humain. De cette façon, il lui apparaissait comme tout bonnement inconcevable qu’elle puisse vouloir attenter à la vie d’un être vivant. Et pourtant, elle l’avait fait. Elle avait planter du métal dans de la peau, elle avait blessé quelqu’un.

Elle se prit la tête à deux main et tomba à genou sur une tranche de plancher vierge de fluides corporels. De lourds sanglots montèrent de sa poitrine, dérangeant ses épaules qui se mirent à osciller, tandis que les larmes jaillissait même à travers ses doigts serrés. Loin, très loin, lui parvenait les sons sourds d’un combat qui n’était pas terminé – des râles, des soupirs, des blessés. Mais elle ne pouvait tout simplement pas sortir de cette léthargie bienfaitrice qui avait pris possession de son esprit. Pour un temps, encore, elle pouvait tenir le fantôme de son Papa à distance, en s’efforçant de ne pas penser, d’être sans être, comme une marionnette désarticulée.

Et les coutures, de craquer, petit à petit, sautant par à coup – un claquement de dent comme métronome de folie.

Elle rencontra les yeux de Varsgorn en levant la tête – son mouvement lui parvenait de très loin, comme si de véritables fils étaient accrochés au sommet de sa tête. Elle se concentra lorsqu’elle vit qu’il lui disait quelque chose, mais elle ne put saisir le sens de ses mots. Cela l’embêtait puisque ça avait quand même l’air important. Qu’importe. Elle baissa les yeux sur la flaque nauséabonde devant ses genoux. Puis releva les yeux sur son maître qui devenait de plus en plus blanc, de plus en plus nerveux – ça se voyait. Il lui fallait donc agir, réagir, ne pas rester retrancher là comme une vulgaire poupée de chiffon, se lever et s’approcher pour entendre, puisque ses oreilles semblaient bouchées. Elle secoua la tête, faisant voler les cheveux autour de sa tête.

Le sang constelait la poitrine de Varsgorn. Et c’était son sang. Le sien. Sa vie qui s’enfuyait.

Soudain, le monde retrouva sa netteté. Les sons percutèrent ses tympans, le froid mordit ses genoux et l’odeur entêtante du sang vint se marier à celle âcre et forte de ses vomissures. Elle écarquilla les yeux, très grand, comme des soucoupes.


-… avoir bientôt de la visite. Comme tu le vois, je ne suis pas en état pour un nouveau combat.

Elle se leva d’un coup, une affluence d’information mortelle à intégrer, reprenant pied avec la réalité à une vitesse époustouflante pour quelqu’un resté en catatonie plusieurs minutes. Sans même chanceler, ce qui était là un vrai miracle au vue de sa nature hypotensive. D’un pas décidé elle se dirigea tout d’abord vers sa sacoche qui avait valsé derrière elle lorsqu’elle était tombée puis elle s’approcha de son maître qui se tenait le ventre et jetait des regards vers l’escalier. Avec une concentration impressionnante en cet instant de trouble et de sang, elle farfouilla à toute vitesse dans ses petits sacs et tubes de plantes. Sans détourner les yeux, elle lança à Varsgorn :

- Il faut que je te soigne d’abord, sinon tu risques de mourir.

Sans aucun sentiment. C’était là simplement le diagnostic qu’elle pouvait faire après un léger coup d’œil à la blessure qui ne coagulait pas. Son emplacement en outre était dangereux de par la présence des viscères sous-jacents. Si la peau craquait ce n’était pas du sang qui allait jaillir, mais la totalité de ses intestin, et à ce niveau-là elle ne pourrait plus rien faire pour éviter l’inévitable. Il était déjà étonnant que cela n’ait pas eut lieu, mais Varsgorn était quelqu’un de musclé, et la sangle abdominale que constituait ses muscles restaient apparemment assez solide pour le moment. Mais un simple faux mouvement pourrait faire pencher la balance du mauvais côté. Varsgorn sembla le comprendre également, alors que son visage virait au gris et qu’il restait silencieux et surtout immobile. De lui-même il enleva sa chemise, sans que la petite n’ait à le lui demander.

Commença alors 5 interminables minutes pendant lesquels les escaliers craquèrent, que le rez-de-chaussée bruissait d’activité et que le filet de sang de la blessure de son maître ne se tarissait pas. C’était une course contre la montre et Miaelle n’hésita pas à jeter tout son cœur dans la bataille. Avec des gestes qui contrastaient de manière saisissante avec ceux dont elle avait l’habitude – un mélange d’élégance et d’efficacité – elle s’empara d’un bol sur la table de nuit et y jeta un mélange hasardeux – semblait-il – de plantes qu’elle tirait de sa sacoche (de l’ail, de la sauge et de l’absinthe pour leur action antiseptique, de l’aigremoine, de la feuille de framboisier et de la ronce qu’elle avait en quantité, pour tenter d’enrayer l’hémorragie, et un peu de reine des pré pour limiter l’inflammation, qui se propageait vite à cet endroit-là ). Elle cracha plusieurs fois dedans, pour donner à la mixture un aspect pâteux, dans lequel elle versa un reste de vin qui trainait à côté du bol, puis auquel elle rajouta une puissante plante antiseptique qui stimulait les défenses de l’organisme : le lapacho. Pendant que le mélange reposait elle tira des bandelettes brunâtres d’une énième poche – bandelettes tressées de fibres de différentes essences, dont le saule, et l’en badigeonna de substance. Elle fit ensuite le tour de la poitrine de Varsgorn, déroulant l’étrange tissu qui n’avait malheureusement pas l’élasticité nécessaire à cette partie du corps en constant mouvement. Son maître ne grimaça même pas, alors que l’alcool présent dans le produit devait le brûler furieusement, et Miaelle en tira un sentiment sombre d’admiration. Enfin, avec ce qui restait dans le bol, elle ajouta d’autres essences, notamment du houblon, de l’aubépine et de la passiflore, mélange de sédatif dont elle forma une boulette imprégnée de tout ce qu’elle avait pu mettre avant dans le bol, boulette qu’elle ordonna à Varsgorn de manger. Entre temps, le sang avait déjà cessé de couler.

D’un regard, elle lui signifia que c’était terminé, et elle lui tendit sa chemise tâchée de sang. Ce n’était pas grand-chose, mais elle ne pouvait rien faire de plus pour le moment. Oublié ses cauchemars qui suintaient aux portes de son esprit, l’adrénaline et son devoir de guérisseuse lui nouaient les veines au présent. Ils leurs fallait s’échapper au plus vite de ce guêpier.




[ Bon, pour les plantes je tire mes sources de wikipedia et autres sites, alors à part leur nom et leurs vagues effets je ne sais pas si ça marche comme ça, m'enfin, c'est juste pour le rp quoi. Sinon, j'ai un tantinet joué ton perso alors si ça ne te convient pas j'éditerais sans soucis ! je voulais faire avancer un ptit peu =) ]

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MessageSujet: Re: Retour au bercail [Terminé]   Retour au bercail [Terminé] Icon_minitimeDim 11 Mar 2012 - 19:10

- Il faut que je te soigne d’abord, sinon tu risques de mourir.

La petite avait raison. Varsgorn sentait ses forces diminuer et sa chemise était imbibée de sang. Approchait-il vraiment de la mort comme la petite le disait? Une nouvelle fois? Pendant sa carrière de mercenaire, Varsgorn n'avait que très peu approché la mort. A vrai dire, en mettant de côté le jour où, laissé pour mort par ses amis de l'époque, il avait été retrouvé et sauvé par les fils du Chaos, il ne se rappelait pas de blessures si sévères qu'il avait craint pour ses jours. A croire qu'être mercenaire protégeait la vie et éloignait la mort. Retour au bercail [Terminé] 327215 Ah si, maintenant qu'il y réfléchissait, il y avait une fois où, étant mercenaire, il avait faillit mourir. Il était déjà en poste à l'académie. C'était la nuit où il avait rencontré cette marchombre qui se baignait à la cascade. Sans son aide, Varsgorn serait mort noyé. Ce n'était certes pas de la faute d'une blessure mais simplement qu'il avait été incapable d'affronter la furie des éléments. D'ailleurs, depuis qu'il était revenu à l'académie, il avait approché la Faucheuse par deux fois. Cette nuit-là donc à la cascade et quand il s'était battu contre les mercenaires afin de libérer l'académie. Était-ce l'école qui lui portait malheur ou était-ce le temps qui attaquait lâchement son corps, érodant ses réflexes?

Sa vision commençait à se troubler. Il ne fallait plus tarder à agir. Si Varsgorn n'était pas soigné dans les plus bref délais, il allait mourir sans pouvoir protéger Miaelle en l'emmenant en lieu sûr. Il retira sa chemise, confiant sa vie dans les mains frêles de sa nouvelle protégée. C'était un lourd poids mais il n'avait pas d'autres choix. Il était incapable de se soigner seul et il serait dangereux d'aller quérir un médecin. De plus, la gamine semblait sûre d'elle. Elle avait d'ailleurs déjà commencé à préparer sa mixture.

Pendant de longues minutes, elle s'activa. Varsgorn la surveillait du regard sans vraiment la voir. Sa vision trouble le rendait nauséeux. Il préféra donc fermer les yeux, attentif aux bruits qui venaient de l'extérieur de la chambre. Il était désormais clair que l'homme avait agit seul. Un vol réussit se faisait dans l'instant, une simple poignée de secondes pour entrer, une autre pour agir et une dernière pour s'enfuir. Voilà plusieurs minutes que le cadavre gisait sur le parquet de la chambre. S'il avait eut des complices, ils seraient déjà venus voir ce qui se passait.

Enfin, Miaelle s'approcha de lui et badigeonna la blessure avec sa mixture. Puis, rapidement, elle entoura Varsgorn avec un large tissu. Malgré la brulure qu'il ressentait, du à l'effet de la mixture, l'ancien mercenaire ne grimaça pas. Ce n'était pas pour impressionné la petite, mais il ne pensait simplement pas à sa blessure. Trop concentré sur l'extérieur de la chambre pour s'occuper de ce qui se passait à l'intérieur. L'ancien mercenaire avait confiance en Miaelle, pas besoin de fixer la petite en train de panser sa plaie. Il avait été surpris une fois par un voleur cette nuit-là, il ne comptait pas répéter son erreur.

Quand il ne la sentit plus à ses côtés, il ouvrit les yeux. Il attrapa sa chemise qu'elle lui tendait et il se releva. D'un signe de tête, il la remercia. Le trésorier s'approcha du cadavre et il le fouilla. Il trouva une bourse bien remplie qu'il subtilisa. Il en retira une petite poignée de pièces qu'il posa bien en évidence sur la table de nuit afin de payer l'aubergiste pour la chambre et pour les désagrément qu'il aurait au matin. Le tavernier n'était sûrement pas dans le coup alors autant éviter de le voler, surtout si l'argent ne venait pas de la bourse personnelle de Varsgorn. Le reste du butin du voleur, l'ancien mercenaire le rangea dans une de ses poches. Il avait beau être riche, il n'aimait pas faire de dépense inutile. De plus, la construction du Labyrinthe avait créé un gouffre dans sa fortune personnelle. Varsgorn était donc bien content d'éviter de débourser lui-même l'argent nécessaire à la suite du voyage.

Maintenant, il était venu le temps de fuir.

-
Prends tes affaires, on s'en va.

Varsgorn se recouvrit de sa cape, dissimulant ainsi sa chemise tachée, et pour plus de discrétion, il rabattit sa capuche sur sa tête. Miaelle resterait dans l'ombre derrière lui afin de ne pas être reconnu elle aussi si jamais ils croisaient quelqu'un. Le trésorier et sa protégée sortirent de la chambre pour tomber nez à nez avec un homme. Il tenait une bougie et il tremblait de tous ses membres. Il avait du hésiter longtemps avant de venir voir ce qui se passait là-haut. Vu le peu de bruit que le combat avait fait, cet homme était surement un complice de la crapule qui avait rejoint ses ancêtres. L'ancien mercenaire frappa la main qui tenait la bougie et le bâton de cire s'effondra au sol. D'un coup de botte, Varsgorn coupa la seule source de lumière.

- Cours, va à l'écurie, on se retrouve là-bas.

Miaelle s'eclipsa pendant que Varsgorn attrapa l'homme à la gorge.

- Je te conseille de ne pas hurler et de ne pas tenter de me suivre, ou tu connaîtras le même sort que ton ami.

L'homme hocha la tête de haut en bas. L'ancien mercenaire le lâcha avant de lui envoyer un coup de genou dans le ventre, lui coupant ainsi la respiration. Même s'il avait voulu suivre le trésorier, il n'aurait pu le faire. Le tuer aurait été une mauvaise. Trop de cadavres auraient alerté la garde. Avec un seul brigand, on pouvait supposer que les soldats ne chercheront pas à parcourir l'empire pour les rechercher.

Varsgorn retrouva Miaelle près de leur cheval. Après avoir aidé la petite à monter en selle, l'ancien mercenaire conduisit sa monture à l'extérieur de l'écurie avant de fuir dans la nuit.

Après cet évènement, le trésorier fit preuve de plus de prudence. Il ne dormait plus qu'un oeil. Les entrainements de Miaelle étaient moins violents à cause de la blessure de son maître. Varsgorn ressentait toujours des douleurs et ses mouvements en étaient affaiblis. Il n'était pas faché d'arriver bientôt à Al-Vor. Ses nuits de surveillance le laissaient fatigués et il était bien content de pouvoir dormir dans un bon lit dans son manoir. Ils passeraient certainement plusieurs jours à Al-Vor le temps qu'il se reposent et qu'il se soigne complètement. Ce n'était pas ce qu'il avait prévu mais il n'avait pas le choix. D'ailleurs, il commençait à se dire qu'il allait demander à deux de ses gardes de les accompagner sur le chemin du retour, son corps vieillissant ne supporterait pas un autre séjour sur le même rythme.

- Nous arriverons dans la journée à Al-Vor, on va enfin profiter d'un lit douillet, dit Varsgorn à l'attention de Miaelle.

Il marqua un temps d'arrêt avant de reprendre.

- Tu ne m'as jamais dit pourquoi tu as pensé à moi pour ton entrainement. Qui t'as dit que je serais en mesure de t'aider? Pourquoi tu ne t'es pa présenté au maître d'armes de l'académie? Que sais-tu de moi?



[Edition possible, notamment si tu trouves que j'ai trop fait avancer le voyage]


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MessageSujet: Re: Retour au bercail [Terminé]   Retour au bercail [Terminé] Icon_minitimeVen 23 Mar 2012 - 20:43

Aucun sentiment lorsque son maître fouilla le cadavre encore chaud, lui subtilisant en même temps que sa bourse la dernière des dignités. Elle s’approcha de la porte et y colla son oreille, l’assemblage des bruits la renseignant sur l’activité croissante de l’auberge. Lorsque Varsgorn lui en donna l’ordre, elle trottina de nouveau dans la chambre, rassemblant avec efficacité ses maigres affaires, n’hésitant pas à fourrer dans sa sacoche les restes de pains qui trainaient à côté du vin.

Elle fit de même lorsqu’il rabattit sa capuche sur sa tête et mis ses pas dans les siens après qu’il eut ouvert la lourde porte de bois le plus discrètement possible. Instinctivement, elle se plaça derrière lui et légèrement décalée sur sa droite, prête à le suivre à l’ombre de ses pas. Elle se prit à espérer qu’ils puissent s’enfuirent en toute discrétion, elle avait vu assez de morts comme cela, et Varsgorn était plus pâle qu’un fantôme. Seul un infime tressaillement de sa paupière indiquait la douleur qu’il devait probablement ressentir. Mais ses espoirs furent vint, alors qu’’une flamme tremblotante éclairait son maître par le dessous d’une lueur tremblotante. Le trésorier n’eut pas un geste d’hésitation, et en cela la petite l’admira, incapable qu’elle fut de décrocher ses pieds du sol alors que la peur s’était déversée en elle comme une vague glacée.

L’inquiétude la saisit lorsque d’une voix froide il lui intima de fuir et de l’attendre aux écuries. Pourrait-elle parvenir seule à se faufiler entre les lignes ennemies ? Elle posa les yeux sur le flanc de Varsgorn et à nouveau le doute l’envahit, et s’il ne revenait pas ? S’il l’abandonnait lui aussi ? Elle fut sur le point de protester lorsque ses yeux tombèrent dans les siens. Ce qu’elle y lu fit rouler quelque chose de très lourd au fond de son estomac, et la nausée la saisit lorsqu’elle reconnut la lueur qu’elle avait un jour aperçut au fond des yeux de son Papa, juste avant qu’il ne lui ordonne de fuir. Sa voix mourru avant même de franchir ses lèvres, et d’une volteface vivace, elle s’engouffra dans les escalier, la vision troublée par les larmes, et par le sentiment d’irrevocabilité qu’elle sentait jusqu’au fond de ses tripes. Par elle-même, elle se croyait persuadée que jamais plu elle ne revérait son maître. Elle courru donc, pas vraiment discrète, mais qui donc prétait attention à une petite fille alors que la rumeur d’un meurtre se propageait dans l’auberge toute entière ?

Elle atteignit les écuries la gorge en feu, les jambes flageolantes, et de ses mains tremblantes elle tenta de sceller les chevaux comme le lui avait appris son maître. La selle était presque trop lourde pour elle, mais la terreur qui embrouillait son esprit lui permit de ne pas s’en rendre compte et de réussir à hisser l’amas de cuir et de boucle sur le cheval, après qu’elle soit montée sur un petit promontoire. En revanche, si la peur lui permettait de faire des prouesses musculaires, elle nouait ses doigts et les faisaient trembler tant et si bien qu’elle dut s’y reprendre à plusieurs fois pour mettre en place les rennes et boucler les courroies.

Et lorsque Varsgorn accourut à son tour, tout était prêt ou peu s’en faut. Ce qui leur sauva probablement la vie puisque, quelques secondes après qu’ils aient talonné leurs chevaux, les chiens de gardes vinrent leur mordre les talons, sans parvenir à les retenir.

Le vent acheva de sécher les larmes de Miaelle, craquelant et ses joues et ses lèvres, brouillant sa vue, alors qu’elle baissait les yeux et laissait son cheval la guider loin de toutes ces atrocités. La cavalcade lui fit du bien, lui permit de faire le vide et de ne pas se laisser dépasser par la force des évènements. Mais ils durent s’arrêter bientôt, la blessure de Varsgorn s’étant rouverte. Dans une transe toute de sommeil, d’état de choc et d’habitude, elle refit son bandage après qu’il eut enlevé sa chemise, et constata qu’il allait lui manquer rapidement des herbes nécessaire à sa guérison. Il les guida ensuite dans un recoin broussailleux où ils furent à l’abris pour dormir. Avant de repartir, Mia insista pour faire un petit tour et dénicha quelques plantes utiles en abondance, qu’elle cueillit délicatement avant de les emporter dans sa sacoche. Ainsi, le voyage reprit, et petit à petit Mia parvint à refouler l’horrible souvenir de cette sensation atroce, celle de la lame perforant les chaires, ces chaires qu’elle était sensée soigner plutôt que trancher. Dans la guérison de Varsgorn, il y avait cet amalgame douteux de honte et de soulagement, comme si son crime pouvait être pardonné pour peu que l’abdomen de son maître se referme totalement. Mais une cicatrice resterait forcément. Forcément.

Les entrainements se firent plus doux, et le plan de leur voyage changea quelque peu, après que Mia lui ai expliqué qu’il lui fallait renouveler son stocke de plante. Ainsi, ils voyageaient de jour, quoique toujours discrètement, et la petite en profitait pour laisser trainer son regard sur les plantes, s’arrêtant de temps en temps sans que jamais Varsgorn ne s’en offusque, pour en prélever quelques-unes. Elle laissait toujours quelques plans, même si ses provisions nécessitait plus, afin de favoriser la repousse et de ne pas épuiser les ressources. Le midi, ils déjeunaient, et comme c’était l’heure la plus chaude de la journée, Mia prenait le temps de s’occuper du conditionnement de ses plantes. Elle ne pouvait pas les cueillir et les laisser dans sa sacoche, elles pourriraient, et de plus, en fonction des herbes, l’élément actif n’était pas au même endroit, dans la tige, le bourgeon, les feuilles ou les racines. Au début, le silence meublait l’atmosphère alors qu’elle s’activait. Puis, petit à petit, elle se mit à lui expliquer ce qu’elle faisait, presque pour elle-même, et elle finit pas décrire dans le moindre détail sa manière de faire en fonction de telle ou telle plante, ainsi que sa toute nouvelle méthode pour soigner son maître qui se laissait faire.

Ensuite, ils repartaient, et le silence reprenait ses droits, ponctué de temps à autres par le hennissement d’un cheval et le tapotement régulier de leurs sabots. Les graviers roulaient, et le soleil se réfractait dans la fine couche de poussière qui s’en élevait.

Miaelle apprit beaucoup durant ce voyage. Surtout en manière d’approche et de déplacement. Le poignard lui sautait moins souvent des doigts, et en plus d’épreuves pratiques, Varsgorn la forçait à faire tout un entrainement physique pour développer les ersatz de muscles qu’elle avait. Et ce corps rachitique, au fil des jours, prit des formes, de par la nourriture abondante qu’elle ingurgitait de plus en plus facilement, se transforma, et devint mince plutôt que maigre, délié plutôt que décharné. Elle avait toujours du mal à soulever la selle de son cheval, mais réussissait avec de plus en plus de facilité à s’en occuper. Ses progrès semblaient faire plaisir à son maître, mais il lui était difficile d’en juger. En revanche, elle parvint à franchement l’étonner lorsqu’il décida de lui apprendre à se défendre. Mia se souvenait parfaitement de son cours avec Kylian, et parvint à replacer ses techniques qui, alliées à sa nouvelle force, firent flancher le mercenaire qui ne s’attendait pas à ce qu’elle maitrise ne serait-ce que les bases. Il la complimenta, mais ne s’y laissa plus prendre, ne la sous-estimant jamais assez pour qu’elle puisse prendre, à aucun moment, l’avantage sur lui. De toute manière, entrainement forcené ou pas, elle n’avait que 10 ans.

En revanche, si elle prit des muscles, elle ne grandit pas d’un seul centimètre, ce qui la laissa toujours aussi petite lorsqu’ils parvinrent aux environs de la ville. Elle montait avec plus d’aisance désormais, et le contact prolongé avec la nature, à l’écart des hommes lui avait donné une sorte de bonheur irradiant qui faisait ressortir plus que jamais ses grands yeux bleus à peine sortis de l’enfance. Mais lorsqu’elle aperçut la ville au loin, ses épaules se voutèrent imperceptiblement, malgré la promesse d’un bon lit douillet. Elle ne serait probablement jamais trop à l’aise entourée d’autres personnes. Pas tout de suite du moins.

La question de son maître, juste ensuite, ne la fit pas même hésiter. Elle répondit du tac au tac :


- Parce que t’es fort. Et parce que j’veux être forte aussi.

Mais à lorsqu’elle rencontra les yeux de Varsgorn, elle sentit qu’elle n’avait pas complètement répondue à sa question. Elle réfléchit un instant, songeuse, avant de reprendre, plus posément :
- Ils ne voulaient pas de moi, dans les cours. Surtout dans les cours de combat. J’ai essayé plusieurs fois, mais à la fin j’en ai eu marre, et j’ai décidé de trouver un vrai maître.

Un silence. D‘une voix dégagée :


- Et sinon je sais rien de toi, juste que c’était toi, le maître que je voulais. Parce que je savais que t’était pas vraiment trésorier. J’en ai vu des bandits, ils ont ce truc comme toi, les dangereux, cette lueur de sang dans les yeux, et quelque chose qui me fait vraiment peur. C’est parce que j’ai eu très peur de toi que j’ai décidé que tu devais être très fort.

Elle détourna les yeux, et scruta l’horizon à la recherche d’elle ne savait quoi, avant d’oser doucement reprendre la parole :

- Et toi, pourquoi t’as bien voulu de moi pour élève ? Bon, t’avais pas vraiment le choix sur le coup mais t’aurais pu me laisser tomber après.


[aucun soucis !]

Varsgorn Ril'Enflazio
Varsgorn Ril'Enflazio

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MessageSujet: Re: Retour au bercail [Terminé]   Retour au bercail [Terminé] Icon_minitimeJeu 19 Avr 2012 - 18:58

Ainsi, elle ne connaissait rien de la vie passée de son mentor. Elle n'avait fait confiance qu'à ses yeux et uniquement à ses yeux. D'un côté, ça le soulageait mais de l'autre, il ne savait que faire. Devait-il avouer qui il avait été? Enelyë avait très mal réagit quand elle l'avait appris. Allait-il en être de même pour Miaelle? Pas sûr. Elle avait déjà repéré qu'il ressemblait à des bandits qu'elle avait croisé. Elle savait qu'il était dangereux et elle avait déjà peur de lui. Lui avouer son passé de mercenaire ne serait peut-être pas aussi catastrophique qu'avec Enelyë. Et puis, avec la Kaelem, tout c'était arrangé.

- Je ne reviens sur mes promesses que quand ma vie est en danger. Te garder auprès de moi ne mettais pas mes jours en péril, je n'avais donc aucune raison de te laisser tomber.

Il espérait aussi qu'elle deviendrait une fidèle alliée pour continuer à le protéger quand lui ne le pourrait plus mais, ça, il ne lui avouerait pas. Il devait laisser le temps faire son oeuvre. Mais pour qu'elle le devienne, il fallait qu'elle arrête d'avoir peur de lui.

- Tu n'as pas à avoir peur de moi. Tu as raison en disant que je suis dangereux mais seulement pour mes ennemis. Tu es mon apprentie, tu n'as pas à me craindre.

Du moment que tu ne vas pas voir mes ennemis quand ta formation sera achevée. Si tu arrives à une telle extrémité, je te tuerais. Varsgorn se savait traître. Il avait trahit bon nombre de personnes. Parfois, il n'avait jamais été sincère dans sa pseudo allégeance mais pour l'Harmonie d'abord et le Chaos ensuite, il avait été sincère pendant plusieurs années. Mais il avait trahit les deux fois. Pour survivre. Il était un traitre, c'était évident. Et il trahirait encore si sa vie était en danger. Mais il ne supportait pas qu'on le trahissait lui. Un tel acte était punit de mort. Une sentence que Varsgorn se chargeait en général de faire lui-même.

- Et tu as eu raison de laisser tomber les cours de combat. C'est pas forcément une bonne idée ce genre de réunion de sauvages qui ne cherchent qu'à se faire mal. J'ai été entrainé par un maître marchombre, c'est plus pratique d'avoir un maître particulier. Il s'occupe que de toi et de tes défauts. Des cours comme ceux de l'académie, c'est bon pour les soldats de l'empire. Puissants en groupe. Peu doué en combat singulier.

Ce n'était pas pour rien que les caravanes d'Itinérants engageaient toujours un marchombre pour les protéger. Face à la force brute des Thüls, un marchombre pouvait s'en sortir. Pour les Frontaliers, c'était plus délicat. Varsgorn ne s'était jamais frotté à ce genre d'ennemis. Pas sûr d'en sortir vivant.

La ville d'Al-Vor était en vue. Varsgorn fit bifurquer son cheval, passant à côté de la ville. Son manoir n'était pas dans la ville mais un peu à l'extérieur. Beaucoup plus calme. La demeure des Ril'Enflazio s'élevait au sommet d'une petite colline entourée d'un haut mur de briques blanches. Derrière le grand portail, aussi immaculé que le mur, serpentait un chemin de cailloux entouré par une pelouse bien entretenue. Au bout du chemin s'élevait la magnifique demeure de la famille du trésorier. Avec ses deux étages, elle pouvait accueillir de nombreux convives. Le toit en ardoises noires tranchaient avec les murs de la maison, aussi blanc que ceux du mur qui entourait la colline. La grande double-porte était abritée par une avancée de toit soutenu par deux colonnades. Un peu éloignée de la maison se tenaient les écuries pouvant accueillir une vingtaine de chevaux. La moitié des box était occupée par les montures des gardes qui protégeaient la demeure nuit et jour. La plupart des employés avait une chambre dans la demeure. Les gardes, eux, logeaient dans un bâtiment séparé de la maison, à l'opposé des écuries.

Le cheval de Varsgorn arriva devant l'immense portail qui délimitait la propriété des Ril'Enflazio, gravé aux armoiries de la famille de Varsgorn. Le trésorier de l'académie fit teinter une cloche pour annoncer son arrivée.

- Bienvenue chez moi, dit le mentor à l'attention de son élève.




[Edition possible. J'espère que j'ai fait une belle description d'une maison luxueuse, parce que c'est pas trop mon truc les descriptions Arrow Préviens moi par MP si tu as de meilleures idées pour cette demeure d'ailleurs XD]


Miaelle Campbelle
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MessageSujet: Re: Retour au bercail [Terminé]   Retour au bercail [Terminé] Icon_minitimeSam 30 Juin 2012 - 14:51

La petite hocha la tête. Elle ne trouvait rien à redire à sa réponse, et n’était pas choquée outre mesure par les implications qu’elle recelait, à savoir qu’au moment même où la vie du trésorier serait en danger, et si le salut passait par son petit corps, il n’hésiterait pas une seule seconde. Qu’à cela ne tienne, elle se devait donc de se rendre utile, autant que faire se peut, et surtout ne pas le gêner, ne pas lui donner l’occasion de douter d’elle, ce qui l’amènerait à la renier.

D’une main légère, elle flatta l’encolure du cheval, un petit sourire aux lèvres, mais se reprit vite lorsque son maître se tourna vers elle. Ses paroles rassurantes l’étonnèrent, avant qu’elle ne prenne conscience qu’elles étaient plus ou moins sincères. Après tout, elle ne méritait rien d’autre qu’une paire de fils pour forger son destin de marionnette, que venait voir la peur dans cette situation ? Qu’elle ait peur ou non, cela reviendrait au même, elle le suivrait, lui et ses conseils, et subirait les conséquences de ses choix, sans se plaindre, elle l’espérait. De plus, elle sentait bien la menace sous-jacente de ses propos, réverbérée par ses yeux trop métalliques. Tant qu’elle lui serait utile, tant qu’elle ne mettrait pas sa vie en danger. Et dans le cas contraire… Et bien elle n’aurait qu’à s’en prendre à elle-même, après qu’il le fasse, immanquablement.

Voyant qu’il semblait attendre une réaction de sa part, elle hocha à nouveau la tête, lui montrant qu’elle avait compris et qu’il n’aurait pas à le redire. Mais en elle-même, elle ne pouvait s’empêcher d’être terrifiée. Une terreur presque absurde, puisqu’elle la sentait au fond d’elle, lui rongeant l’estomac, mais qu’elle parvenait à laisser de côté comme faisant partie intégrante de sa personnalité. Et puis, comment ne pourrait-elle pas avoir peur, alors qu’à tout instant, s’il la jugeait inutile, il pouvait l’abandonner, ou pire, la tuer ? Elle marchait sur le fil de ses attentes à lui, poupée funambule, et prendre garde au moindre faux pas ne pouvait conduire son esprit qu’à une peur primitive et constante, sans que quoi que ce soit n’y puisse rien. Mais elle ne laissa rien paraitre de ses pensées, et se contenta de se redresser sur sa selle, manière de prouver qu’elle n’oubliait pas les légères leçons d’équitation qu’il lui avait prodiguée au début du voyage.

Son corps, d’ailleurs, commençait tout juste à se remodeler. Délicatement, quelques muscles commençaient à poindre sous sa peau, et les brûlures de ses cuisses se changeaient en corne plus rude. Elle avait beaucoup moins de mal, maintenant, à tenir une journée entière sur son cheval, et les leçons que lui donnait encore son maître commençaient déjà à modifier sa manière d’appréhender un combat, tant au niveau du déplacement que de la stratégie, en passant par le maintien de son arme. Son poignard lui échappait d’ailleurs de moins en moins souvent.

Mais Varsgorn ne pouvait pousser l’entrainement plus intensivement. D’avoir repris la route avait fait travailler sa blessure, même si Mia pouvait mieux s’en occuper du fait de sa connaissance des plantes qu’elle trouvait tous les jours sur le chemin. Tous les soirs, en silence, elle lui confectionnait un nouveau bandage, elle désinfectait la blessure, et s’assurait de sa cicatrisation. Peu après leur fuite, ils avaient dû s’arrêter en catastrophe lorsqu’elle s’était rouverte et que le sang n’avait pas tarit de lui-même sa cascade écarlate. Elle avait donc décidé de la recoudre. Lorsqu’elle repensait à cette nuit-là, elle ne pouvait s’empêcher de frissonner. Non pas que l’idée de piquer quelqu’un la rebute, mais les conditions d’hygiènes étaient franchement dégradées. Elle n’avait pu nettoyer son aiguille, ni son fil, alors que Varsgorn était allongé dans la terre battue, que les insectes bruissaient autour d’eux, ni même sa peau autour de la blessure. Le noir était presque complet, mais son expérience avait joué en sa faveur. Son défunt Papa lui avait appris à recoudre n’importe quoi les yeux fermés. Lorsqu’elle eut finis, au moment de couper le dernier fil, elle qui n’était pourtant pas croyante pour deux sous, avait prié pour que la plaie ne s’infecte pas. Dans cette partie du corps, ce pouvait être catastrophique.

Mais le trésorier semblait bien se porter. Son incroyable métabolisme avait fait le rôle de ce que l’eau aseptisée et l’alcool n’avait pu prodiguer, et la blessure, quoiqu’encore boursouflée, semblait saine d’apparence. Le moment critique était passé, mais Miaelle restait sur ses gardes, et prenait soin de bien l’examiner le soir, pour parer à toute mauvaise surprise.

Perdue dans ses pensées, elle sursauta presque lorsque son mentor ouvrit la bouche à nouveau. Soudain, elle fut toute ouïe pour ses paroles. Maître marchombre. Il avait donc suivit cette voie si secrète ? Mia avait déjà entendue parler des marchombres, dans les rues et même par son Papa au coin du feu. Bien évidemment elle n’en connaissait pas tous les secrets, mais elle pouvait déjà les nommé, ce qui en soi n’était pas l’apanage de tout le monde. Elle avait été séduite par les images de nuages et d’étoiles que son Papa injectait dans ses propos, par sa manière de dépeindre un tableau idyllique de chevaucher de brume, où liberté rimait avec espace, et rêves devenus réalités. Elle préférait cette version des faits à celle beaucoup plus sombre que dépeignait la populace, convaincue dans son ensemble que les marchombres n’étaient que de vulgaires voleurs arrogants et assez prétentieux pour se forger jusqu’une guilde.

Donc… Si Varsgorn avait été formé avec un maître marchombre… Et qu’il avait décidé de la prendre comme apprentie… C’était donc qu’elle allait suivre un enseignement marchombre ? A cette pensée, son visage s’éclaira d’une joie toute enfantine, joie qui disparut en même temps que son cerveau prenait la relève sur ses sentiments. Son cerveau qui lui dictait que Varsgorn était loin de l’idéal marchombre qu’elle avait un jour rêvé au coin du feu. Trop brutal, trop puissant, trop de cicatrices… Il y avait décidément quelque chose qui ne collait pas avec tout leur toutim d’harmonie et de félinité. Peut-être que Varsgorn n’était plus marchombre, à présent, peut-être qu’il n’avait tout simplement pas finis son entrainement, ou bien qu’il avait préféré apprendre autre chose, comme se battre plutôt que voler. Mais qu’importe, elle était son apprentie. Et il était très fort. C’était suffisant pour ce qu’elle voulait apprendre. Pas besoin de marchombre pour ça. Convaincue, elle tenta de ne pas remarquer la légère lueur de déception qui luisait sournoisement dans un coin de sa tête.

La maison de Varsgorn apparue alors, au détour d’une colline. Elle leva les yeux, et remarqua le léger sourire qui animait si rarement les lèvres de son maître. Nul doute qu’ils étaient parvenus à destination. Miaelle laissa échapper un soupir de soulagement, non pas à l’idée de se reposer, mais à la proximité d’une eau non souillée qu’elle pourrait faire chauffer convenablement pour s’occuper de la blessure du trésorier. Finis les nuits d’angoisses à l’idée d’une infection fulminante. Le manoir semblait vraiment très grand, d’autant qu’ils n’étaient pas encore tout près. Mais il était moins imposant que l’Académie, moins austère aussi. Le luxe transpirait des pierres d’albâtres, pierres qu’on ne trouvait dans la région et qui avaient donc dû être importées de très loin. Les marbrures soulignaient la finesse des décorations, en effaçant la brutalité des fondations qui en faisaient un ensemble très solide et stable. Tout était en balance, entre puissance et beauté, entre finesse et stabilité, entre confort et praticité. Miaelle décida que la maison lui plaisait. Plus que le jardin, en tout cas, trop entretenu à son goût. Aucune mauvaise herbe, aucune essence autre que celle de ce gazon verdoyant coupé au centimètre près, aucune pousse à découvrir, aucune vie sans pâquerette.

Ils s’avancèrent lentement entre les allées, et Mia baissait les yeux, dans le sillage de son maître, tâchant de ne pas remarquer les regards curieux qui se posaient sur elle. La lumière n’était pas son alliée, elle préférait de loin la fraicheur de l’ombre, et sa discrétion. Ils déposèrent leurs montures aux écuries, et la petite ressentit un petit pincement au cœur à l’idée d’abandonner son compagnon de route. Elle reviendrait le voir avec des pommes, en cachette s’il le fallait. Puis, flanquée de sa petite présence, le maître des lieux se dirigea vers la monumentale porte d’entrée. Tout un tas de servantes et homme de mains attendaient en rang d’oignon, tous impeccablement habillés. La tension était palpable, mais lorsque Varsgorn leur adressa un hochement de tête aussi discret qu’approbateur, tous se relâchèrent, rassurés.

Miaelle ne savait sur quel pied danser, lorsqu’un valet s’approcha, très guindé. Elle tira sur la tunique de son maître, aussi discrètement que possible, et lui murmura :


- C’est qui tous ces gens ?



[enfin finis les exams ! ^^]

Varsgorn Ril'Enflazio
Varsgorn Ril'Enflazio

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MessageSujet: Re: Retour au bercail [Terminé]   Retour au bercail [Terminé] Icon_minitimeJeu 19 Juil 2012 - 20:36

Qu'il était bon de revoir cette maison! Il avait passé une grande partie de sa vie dans cette demeure. C'était d'ailleurs le lieu où il avait passé le plus de temps, même si l'académie s'en rapprochait à grand pas étant donné qu'il y avait désormais élu domicile et qu'il y avait déjà passé trois ans lors de sa formation marchombre. Mais le manoir Ril'Enflazio restait SA maison. C'est là qu'il avait fait ses premiers pas. C'est là qu'il avait grandit. C'est là qu'il avait appris à vivre. Chaque pièce avait son histoire. Il avait échappé à certains cours de son précepteur en se cachant dans une armoire qui l'avait mené dans un pays enneigé avec des animaux qui parlent. Il y avait aussi la chambre de ses parents qu'il n'avait pas touché et qui était désormais comme un sanctuaire pour lui. Il avait simplement ajouté deux portraits de chaque côté du lit. Un de sa mère et un autre de son père. Même si des domestiques occupaient encore la maison, elle n'était plus aussi utilisée qu'à l'époque où ses parents étaient encore en vie. L'ancien mercenaire se rappelait encore des fêtes mondaines organisées dans l'immense jardin, des invités de passage séjournant dans les nombreuses chambres de la demeure. A l'époque, le manoir vivait. Désormais, il sommeillait. Un jour, il se réveillerait, mais pour le moment, les affaires de Varsgorn étaient au nord. S'il voulait bénéficier de la protection de l'académie, il devait travailler avec eux, se faire bien voir de Jehan et des autres professeurs. Revenir habiter ici, c'était comme lui accrocher une cible sur le dos.

Accompagné de Miaelle, il s'avança dans les allées du jardin. Les domestiques les entouraient, saluant leur maître au passage. La petite le tira par la tunique.

-
Ce sont mes domestiques et mes gardes. Ils s'occupent de la maison pendant mon absence. Comme tu vois, ils font bien leur travail.

Oh que oui, le travail était merveilleusement bien fait. Les jardins étaient impeccables. Pas de mauvaises herbes. La pelouse était coupée, tout comme les haies. Varsgorn avait l'impression d'avoir quitté la demeure la veille alors que ça faisait plusieurs années désormais.

Au bout de la file de domestiques, un homme se tenait, un sourire aux lèvres. C'était à lui qu'il devait le fait que les jardins étaient resplendissants. Le responsable des domestiques. Celui à qui Varsgorn avait donné la charge de la demeure. Janos, son intendant. A l'époque où le seigneur Ril'Enflazio était son père et que Varsgorn n'était qu'un jeune gamin, c'était le père de Janos qui était l'intendant de la maison. Janos, lui, était un compagnon de jeu de Varsgorn. Aujourd'hui, leurs pères respectifs étaient morts et chacun avait pris la place de son paternel. L'ancien mercenaire avait une immense confiance en Janos. Ils se connaissaient depuis des années et l'intendant n'avait jamais commis d'actes qui auraient mis en doute sa fidélité à la maison Ril'Enflazio.

-
Messire Ril'Enflazio, je suis ravi de vous revoir ici.

Depuis qu'il était intendant, Janos le vouvoyait alors que pendant toute leur enfance, il l'avait tutoyait, lui donnant même des surnoms. Varsgorn lui avait bien dit de continuer à utilisé le tu et le nommer par son prénom mais d'oublier les surnoms mais rien n'y avait fait. Janos avait dit qu'un intendant ne tutoyait pas son maître.

- Disons que ça pourrait aller mieux, dit Varsgorn en écartant les bras, dévoilant sa tunique imbibée de sang.

Les yeux de Janos s'arrondirent. Les ordres fusèrent. Les domestiques s'activèrent. Varsgorn eut beau dire qu'il allait pas mourir et qu'il avait déjà reçu des soins de la part de Miaelle, rien n'y fit. Varsgorn fut conduit dans la première chambre, qui n'était la sienne puisqu'elle se trouvait à l'étage. L'ancien mercenaire fut allongé et des soins lui furent prodigués. C'était beaucoup moins archaïque que lors du voyage avec Miaelle, il fallait l'avouer.

- Qui est cette jeune demoiselle? Une vagabonde?

Le coin des lèvres de Varsgorn se releva pour former un sourire. N'avait-il pas vu comment elle était habillée? Miaelle portait des habits de son magasin d'Al-Poll. Ce n'était certes pas les plus chers ni les plus beaux mais quand même, la qualité était là. Jamais une vagabonde n'aurait pu porter de tels vêtements.

- Non, elle s'appelle Miaelle. Je m'en occupe car son père est décédé.

Les soins étaient maintenant terminé. Janos lui proposa de s'occuper de Miaelle pendant qu'il resterait allongé mais Varsgorn n'avait pas le temps ni l'envie de rester au lit. Il se leva avec l'aide d'un des domestiques.

- Janos, Sieur
Sil'Auditore est-il dans le manoir?

Varsgorn avait envoyé une missive depuis Al-Poll pour prévenir Janos de son arrivée.

- Bien sûr. Dès que j'ai reçu votre lettre, je l'ai fait prévenir. Depuis, il dors dans l'une des chambres de l'étage.

- Bien, dis lui de me rejoindre dans mon bureau.

L'intendant s’éclipsa rapidement. Les domestiques étaient déjà repartis vaquer à leurs occupations. Il ne restait plus que Miaelle.

- Promène toi dans les jardins, j'ai des choses à faire dans mon bureau. Je te retrouverais plus tard.

Sans attendre de réponses de la part de la petite, il la laissa là et il alla dans son bureau. Il s'installa sur le fauteuil qui autrefois avait été celui de son père. Il n'attendit pas très longtemps avant que son invité vienne le rejoindre. Tywin Sil'Auditore. Son assistant-comptable-homme à tout faire dans l'empire commercial des Ril'Enflazio. En vérité, Tywin était de sa famille. L'un des petits fils de la soeur du grand-père de Varsgorn.

- Ah Tywin, installe-toi. Comment vont les affaires?

- Je t'aurais fait venir depuis longtemps s'il y avait eu quoi que ce soit de grave. Non, tout se passe bien. Les ventes n'ont pas baissées. C'est à croire que ne pas s'habiller en Ril'Enflazio est un gage de mauvaise noblesse.

- Espérons-le. Mais je ne suis pas venu pour ça. J'aimerais que tu me prépares des papiers d'adoption.

- Pour la petite dont Janos m'a parlé?

- Non. Miaelle n'est pas concernée. Celle que je souhaite adopter se nomme Enelyë.

- Tu es sûr d'elle? N'oublie pas que tu possède l'une des plus grandes fortunes de l'empire. Ca attire les convoitises.

- Je sais. Tu sais que je te demande pas ça à la légère.

- Bien, ça serait fait.

Varsgorn n'ajouta rien. Tywin comprit qu'il était temps de quitter le bureau. N'était ce pas un peu trop de le faire venir plusieurs jours à l'avance pour si peu de discussions? me direz vous. C'est Varsgorn, ne l'oubliez pas. Il fait ce qu'il veut et ses employés s'y plient. L'ancien mercenaire se retrouva donc seul à son bureau. Il était plus luxueux que celui qu'il avait à l'académie. Il faut dire que la plus grande partie du mobilier de son bureau de trésorier de l'académie appartenait justement à l'académie et donc il y avait pas eu à faire trop de folie pour ne pas vider les coffres. Ici, l'argent venait des fonds Ril'Enflazio. Donc forcément, le mobilier était de meilleure qualité et les décorations plus nombreuses.

L'ancien mercenaire se leva pour regarder par sa fenêtre qui donnait sur les jardins. Il ne voyait pas Miaelle mais toutes ces fleurs lui rappelèrent les achats de la petite à Al-Poll. Elle s'y connaissait en plantes médicinales, elle l'avait prouvé sur le trajet en le soignant. Il revit aussi la bicoque miteuse du vendeur d'Al-Poll. En rachetant pas trop cher la bicoque, il aurait moyen d'utiliser pleinement les capacités de sa nouvelle apprentie. Mais d'abord, il fallait demander si la petite était d'accord.

Varsgorn tira sur une corde afin de prévenir Janos. L'intendant arriva sans tarder.

- Janos, va me chercher la petite qui m'accompagnait. Elle doit se trouver dans les jardins.

Pendant qu'il l'attendait, l'ancien mercenaire se réinstalla à son bureau. Miaelle ne tarda pas à arriver.

- Miaelle, j'ai vu à quel point tu savais manier les plantes médicinales. J'ai eu l'idée de racheter la bicoque où nous avons achetez les plantes à Al-Poll. Tu y travailleras sous les ordres de l'homme qu'on y a rencontré. Un jour, tu t'en occuperas seule. Tu es d'accord?

Demander l'avis de l'actuel propriétaire de la bicoque? Sans intérêt. Varsgorn comptait de toute manière le garder comme employé. Il suffirait d'y mettre le prix pour le rachat de sa modeste, très modeste, masure et tout irait bien. Aucune personne n'avait dit non. Ce n'est pas un pauvre petit vendeur de feuilles qui allait commencer.


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Miaelle Campbelle
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MessageSujet: Re: Retour au bercail [Terminé]   Retour au bercail [Terminé] Icon_minitimeVen 2 Nov 2012 - 21:14

Une seconde avant, un calme relatif régnait devant la maison immense de son maître. Un peu d’électricité dans l’air, parce que tout le monde semblait avoir couru pour se mettre en place, la petite voyait bien les joues rougeaudes d’une femme en tablier, la sueur au front d’un probable pâtissier qui tentait d’essuyer les dernières traces de farines de son uniforme. Il lui rappela un petit peu le redoutable maître des cuisines auquel Shawna et elle s’étaient confrontées à l’Académie, ce qui lui tira un petit sourire de victoire, mais aussi un peu de peur.

Et puis, la seconde d’après, l’immobilité avait laissé place à une effervescence ahurissante, tout le monde bougeait dans tous les sens, comme des petites fourmis apeurées qui ne savent pas d’où vient le danger. A la différence notable que tous ces gens savaient ce qu’ils faisaient et qu’en quelques minutes son maître fut transporté dans une chambre spéciale avec tous les égards auxquels il avait droit.

Miaelle trottina à côté de lui pour ne pas se perdre, dans l’indifférence générale. Elle en profita pour laisser trainer ses yeux un peu partout, peu inquiète pour son mentor. Après tout elle l’avait déjà assez soigné pour que sa vie ne soit plus en danger immédiat.

Il y avait tellement de lumière dans cette maison, des fenêtres grandes comme plusieurs hommes, qui déversaient des torrents éclatant. Tout scintillait, tout était brillant, lustré, propre, velouté. Des tentures pendaient aux murs, des tentures plus épaisses qu’elles, et des lustres tous de pierres précieuses et d’or, des entrelacs d’argent et de métaux rare. Et Miaelle, toute petite sous ses plafonds nervés d’arches et de sculptures, tentait de ne rien toucher pour ne rien casser.

Son maître fut allongé, et une panoplie de serviteurs gravita autour de lui, comme des petites abeilles survoltées. Miaelle apprécia d’un œil connaisseur les soins prodigués et la qualité des pansements effectués, même si les bandages blancs de tissu n’étaient pas aussi efficaces que ces tressages en écorce de saule. Rien ne valait le fait-main, mais il est vrai que les blessures du Varsgorn nécessitaient plus de souplesse qu’une nape fibreuse de bois, fut-ce du saule.

Le regard étonné du domestique ne l’atteignit pas, pas plus que le terme de vagabonde. Et puis elle devait bien avouée qu’elle n’était pas au top du chic avec ses vêtements crasseux même si de bonne facture. Et dans cette grande demeure, elle n’avait envie que d’une chose, c’était de se débarrasser de ces affreuses chaussures qui lui donnaient des ampoules.

Varsgorn lui en donna d’ailleurs l’occasion en la congédiant d’un geste. Elle fit une toute petite révérence, comme il lui avait appris, et s’en fut avec un sourire, oubliant qu’il n’était pas séant de courir à toute jambe dans une maison.

Sur son chemin, plusieurs personnes la regardèrent avec étonnement, parfois avec une certaine défiance. Elle ne s’arrêta pas pour analyser toutes les situations qui s’offraient à elle, et couru à toute jambes vers les jardins, comme son maître le lui avait demandé.

Elle passa un peu de temps à flâner sans trouver grand-chose d’intéressant. Les mauvaises herbes étaient souvent les plantes médicinales les plus étonnantes, et ici l’herbe ne laissait aucune place au chiendent. Tout était coupé au millimètre, tout rendait grâce à la maisonnée luxueuse. Mais comme il était mort ce jardin ! Miaelle en fut profondément déçue. Pour elle, rien n’exhalait autant la richesse qu’une panoplie complète de végétaux curieux.

C’est avec une certaine appréhension qu’elle suivit ensuite monsieur Janos, qui lui intimait l’ordre de le suivre pour retrouver son maître. Elle ne décrocha pas ses yeux de ses talons pendant tout le trajet.

Les compliments de Varsgorn lui allèrent droit au cœur. Elle ne put s’empêcher de sentir son visage s’illuminer, et ses mains de caresser sa sacoche de cuire, comme pour la féliciter. Mais ce qu’il lui proposa par la suite lui fit béer la bouche d’étonnement. Elle mit quelques secondes à comprendre ce que ses paroles impliquaient.

C’est un véritable hurlement de joie qui ébranla la maison. Avant que Varsgorn n’ait pu faire un geste, la petite se précipita sur lui et enfoui sa tête dans la jambe de son pantalon. Elle leva vers lui le visage le plus radieux du monde, et son sourire lui faisait presque le tour de la tête tant il était lumineux. Avec une petite voix tremblante, elle dit :


- Oh merci maître, merci, merci beaucoup ! c’était le rêve de Papa que je puisse tenir un jour une petite boutique de plante. Merci merci merci ! je ne vous décevrai pas, c’est promis, je vais faire de mon mieux !

Elle entama alors une petite danse de joie, heureuse comme jamais, avant de s’en retourner dans les jardins.


[on clos le rp ? c'était avec un très grand plaisir I love you ]

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