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 Les chevaux se cachent pour vomir. [Terminé]

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Alasa
Alasa

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MessageSujet: Les chevaux se cachent pour vomir. [Terminé]   Les chevaux se cachent pour vomir. [Terminé] Icon_minitimeJeu 19 Aoû 2010 - 0:17

[Rp libre, aux dernières nouvelles - se situant peu après la libération de l'Académie]


Rayon de quoi dansant en rond sur l'étrivière. Bluette, scindée de mépris, excoriant le cuir dans le sens de la largeur. Pour l'entêtante et érotique fragrance du côté cuir, le côté roux dépiautait son éclat caramel par la toiture brisée. Puis les froissements de paille, l'odeur sourde -quoique- et balsamique des foins. Balsamique ? Pas à l'égal cependant de l'huile étendue sans vie au sol. Le musc ou l'ambre, dans un carré troué, mais non, comment dire ? L'odeur de déjections et de robe cavaline. La bluette maintenant danse en cercle sur l'épiderme de l'un deux. Les stalles sont -étaient- vides, pour la plupart, sauf là par exemple le loquet rogné par une bête prompte au tic. Le sol est glissant et pour cause, les déjections et la pierre, on a eu autre chose à faire qu'à y remédier. Bien que remédier au plancher des vaches ne soit pas nécessairement une bonne idée -les mouches lascives stipulent. Contre le mur droit, côté stalles éventrées, le cadavre d'un filet au mors comme chauffé au rouge, aux ardeurs refroidies. Contre le mur gauche, côté jardins, un registre et plus haut une étagère et un renâclement. Alasa détestait les chevaux. Les cheveux aussi, possiblement, mais c'est là une autre histoire. Dans les odoriférences et le piétinement nerveux du petit bai brun, au-dessus un oiseau quelconque et versatile emmenait et remmenait quelque chose, des brindilles pour ses œufs. Une partie des écuries aussi avait pris feu, soit consumérisme éhonté soit il a tendance à s'étendre, ou alors l'un des fuyards avait aussi voulu jouer ce grand artiste péri avec lui, ayant volé une monture, et convolé. De toute manière on s'en fout. Dans un coin sonore, le vieil entier au paturon enflé boitait. La toiture côté Sud dessinait -dessine- un écran noirci sur le ciel, présente son exosquelette tout réjoui. De soleil diluvien ? Qui ne l'est pas tant que ça, le pauvre pâlot. La jeune quelque chose se leva, fouilla la paille côté noir du talon et détala. Il devait manquer un truc. Le début. Toutes ces cendres sentinelles ou témoins des combattants tombés en rang d'oignons s'agaçaient, témoins des chaotiques agelastes, etc.

Pendant ce temps-là, du côté praticable, le bai brun piaffait. Les stalles d'en face asphaltiques -ou cramées- auraient pu constituer un danger de par leur endosquelette fragilisé, on avait évacué les bêtes. Côté viable aussi, par précaution ou par hasard, pourtant en restaient trois, au moins. L'arrière-train breneux du nerveux vit siffler sa queue à droite et en travers, pourchassait les mouches venues biberonner à chaque émonctoire. Le soleil vint faire la ronde avec la cendre, par principe ou pitié. Une odeur de vinasse, d'alcool léger comme une transpiration se fit bourrèle des cerveaux, concurrençant paille et peut-être foin. Et notre bluette ? Elle danse toujours, conférant aux robes cavalières des éclats imbriaques -peut-être par utilisation d'un même terme. Dans ce carnaval des sens, il vous manquait la vue: le cheval au paturon turgide arbore une crinoline du plus bel effet sur sa peau de nacre, le poney dépressif un or conquistador tandis que des feux follets explosent dans le pelage du bai brun. Puis une nuée passa, limogeant le bal. Côté résidus, une sacoche perce sous la paille bronzée, dans la stalle la moins abîmée. Le manche d'un poignard s'y devine. Même, cendre et foin. Le calme albinos boita vers son râtelier, souffla puis retint ses naseaux vers sa position de base, somnolente. Les chevaux n'aimaient pas Alasa. Loi du talion. Du moins lorsqu'elle puait l'errance. Pour l'heure, ils n'en avaient pas grand-chose à carrer. L'étrivière lascive comptait toujours partir les dernières forces du mélange, sur le sol, jouait avec la lumière quand elle daignait reparaître. Un autre nuage sur l'exosquelette esquissait des ombres matagrabolisantes sur les robes des bêtes, etc.

L'odeur douceâtre du pain chaud imprégna les boiseries et un étrier suspendu, celle plus crue de la viande cuite en entrelaçant une troisième, une quatrième. A l'exception du poney anosmique -et toujours dépressif-, les montures tendirent l'oreille. Positivement intéressé, le bai brun et ses bluettes firent mine de caracoler vers la source de. La chemise d'Alasa vomit dans la paille cendrée son butin d'étole et de matière pré-organique. Insoucieuse du renâclement nerveux, la brune fronça les sourcils, joua avec le claquement de dents contre l'intérieur de sa tête pour visualiser puis glissa une main toujours osseuse dans la besace. Ses doigts ne rencontrant pas la connivence espérée, elle réitéra son jeu d'ongles et de dents, songea puis adressa une oeillade nerveuse aux alentours et au cheval, fourra anarchiquement les denrées dans le tissu. Elle dissimula le tout sous la paille, hésita, considéra son pied gauche avec une attention accrue et fila de nouveau, plus doucement. L'huile morte dialoguait avec un taon fantôme, défunt d'avoir trop piqué, la lumière occasionnait de persistantes apparitions et, dans la moiteur de sa géhenne Hil'Jildwin, le poney semblait transpirer des anges de poussière. La chaleur inexistante devenait prégnante, l'étrivière exaltait son corps neuf, etc.

Bottée et chlorotique, la semi-boiteuse revint, assassinant par principe ou par erreur le nerveux, visuellement parlant. Son tas de paille noircie jetait au pot de graisse des senteurs de connivence. Elle s'agenouilla dans la stalle, fouilla de nouveau la sacoche et pesta, d'un mot choisi comme ça qu'elle prenait sans doute pour un juron. A moins que le langage en général n'ait pu exprimer ce mur imputrescible et communicationnel, cette hagarde abâtardise ou le fait que bordel, il manque encore quelque chose dans ce -femme-de-mauvaise-vie- de machin en tissu pourtant solide. Lassée mais cette fois d'une manière davantage somatique, comme si pour une fois elle percevait l'insuffisance ou le mauvais état de son propre corps, elle s'agenouilla dans la cendre, et joua avec, du doigt. Ses ongles, sa main droite ne tardèrent pas à engranger quelque fuligineux sur leur teinte déjà grisâtre. La texture de ce charbon avait quelque chose de nourrissant ou, comment dire ? de chaleureux. Elle fit mine d'écrire sur le mur éparpillé, traçant des sinusoïdes du plus bel effet. Puis se reconcentra, sourcils vaguement froncés, sur l'irrémissible sacoche. Quelques notes parurent tinter soudain; Alasa courut à la porte et la pluie était là, soudaine ou violente comme elle aime à l'être. La brune jura, de la même manière, expectativa le toit crevé et revint à sa paille. Gifla au passage, avec élan, le bai brun d'un morceau de charbon tiédi de sa main qui s'ébroua. Elle déplaça son petit commerce dans un coin où l'abri tenait et l'eau ne pourrait couler, retira les nombreux habits excédentaires qu'elle portait sur le dos -trois à quatre chemises en trop, deux pantalons et une jupe-, ne conservant que le minimum décent. Ou minimum.

Et tandis que la robe de crinoline perdait sa moire, la porte mâchée de la stalle grinçait à la brise fraîche crée, courant d'airain l'écurie, la boiteuse s'approchait de la porte. Elle s'assit dos au chambranle battant, contemplant les précipitations d'un oeil sombre. Ici personne de bien humain, ils étaient assez occupés à découper, enterrer les morts, pendre les prisonniers, etc. Ou à se soigner, ou à vivre, vaquer, etc. Déjà l'eau qui s'était bien gardée d'intervenir pour l'incendie esquissait de plaisantes rigoles de boue, Alasa la maudissait. L'une de ces mouches vertes scatologiques avait entrepris depuis une confortable minute de lui sucer le sang; elle accomplit la tâche pénible mais purement défensive que toute victime eut choisie dans un cas pareil et le corps minuscule, comateux glissa rejoindre ses ancêtres, ses camarades déjà tombés au champ d'honneur et leurs mille regards. Cimetière de mouches. Rayon de quoi sur un souffle: station verticale, recul infime. Mais stratégique.


Lohan Gayana
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MessageSujet: Re: Les chevaux se cachent pour vomir. [Terminé]   Les chevaux se cachent pour vomir. [Terminé] Icon_minitimeSam 21 Aoû 2010 - 14:52

Les élèves trainaient dans les couloirs ou restaient dans le dortoir et salle commune . Comme si l’aspect petite communauté avait quelque chose de rassurant. On se connaissait depuis longtemps, on dormait les uns à cotés des autres, on vivait ensemble ayant tout le loisir de s‘entre-épier. La maison était le dernier refuge des roturiers déboussollés. . Cette pomiscuité permettait à beaucoup de dormir sans crainte d‘une trahison dans son propre clan. Mais en cessant de médire sur le courage de ses adolescents ambitieux, on pouvait les voir à une heure prudente sortir de leur trou et s’interesser au reste de l ‘académie. Les serviables débarrassaient les décombres ou aidaient les reveurs dans leur lourde tache, les anciens, les plus loyaux, essayait d’imposer une sorte de discipline pour soulager les professeurs, les mesquins, ou les moins riches, dérobaient les bagues sur les cadavres encore à l’air libre. Les enthousiastes, peu nombreux, brandissait l’espoir, et revait de l’après. Les poètes maudits se lamentaient sur la déchéance de l’école, et dans un lyrisme pécimiste, annonçait la fin toute proche de l‘établissement. Puis dès que le soleil commençait à faiblir. On se mettait à rédouter et chacun rentrait dans son térrier . Le couvre feu n’avait surement jamais été aussi respecté.

Lohan faisait partie de la catégorie de ce qu’on pouvait appeler Les élèves studieux. Ceux qui n’avaient pas renoncé à aller en cours par ces temps maussades. Pas qu’elle soit particulièrement appliquée dans son travail. Seulement, elle avait déjà vécu assez d’attaques, traverser quelques phases difficile de l’académie pour conclure que l’école après un moment de choc, reprendrait à peu près sa vie normale. Aussi, elle mettait un point d’honneur à aller aux rares cours organisés par le pourcentage faible de professeur motivés . C’était sa maigre contribution à la renaissance de l’académie.

Leur professeur d’arme de la journée avait pourtant perdu ce qui lui restait de patience quand la pluie s’était mise à tomber. Exédé, il avait chassé les cinq participants, les invitants à regagner leurs dortoir.

Il pleure dans mon cœur comme il pleut sur Ma..ville

Lohan pourtant, n’avait pas le loisir de regagner son dortoir. Brulé, incendié. Le dortoir des Lotra avec ce que tous avaient vécu, avait disparu, vite fait, bien fait. Elle n’avait aucune envie de regagner l’endroit ou elle dormait actuellement. Dans le bruit de la méfiance réciproque. Des tensions qui semblaient avoir conclu une trève pendant quelques jours pour mieux exploser. Elle commençait à être trempée, ses cheveux lui collaient aux joues, s’apllatissaient sur son crane et si sa tunique semblait resistante aux précipitation, son bas, tissu léger, s’imbibait progressivement. L’eau faisait remonter toutes les odeurs du sol, lui laissant apprécié celle de la verdure comme celle du sang séché encore infimement présente. Celle de la boue comme celle de la cendre qui lui brulait le nez et la mémoire. Les écuries. La senteur forte des déjections monta immédiatement aux narine, maquillant les autres, effaçant les plus faibles. Le nez de Lohan fronça instinctivement mais elle s’avança quand même jusqu’à s’adosser à une porte de bois, profitant de la soupente du toit pour se protéger de la pluie.

Ou pas

Le toit en question devait avoir de sérieuses fuites puisque la pluie continuait à tomber sur son crane. Elle leva la tête, etonnée, reçu une goutte dans l’œil. Fronça encore une fois le nez, signifiant la gene. Frotta son œil mouillé avec ses doigts humide ce qui ne servait effectivement pas à grand-chose. Geste un peu peu brusque, petit coup de coude vers l’arière. Elle appuya son bras sur une planchette qui dépassait du mur . La planche céda immédiatement, avant même qu’elle ne s’apperçoive que la texture n’avait rien de la dureté du bois. Son coude ne ressortit pas intact de cette altecartion avec la paroi et quand elle passa ses doigt sur l’articulation, elle sentit la fine entaille constellée du liquide poisseux. Son sang était plus épais qu’il n’aurait du l’être, une impurté semblé s’y être mélé. Et alors qu’elle avançait son index près de ses narine. Son nez se fronça une troisième fois .Lohan cracha par terre. La cendre. L’odeur de la suie mélée au sang , si prèt de son odorat lui donnait la nausée. Elle s’avança un peu sous l’eau pour essuyait sa peau, tenter de se débarrassait de cette puanteur. L’odeur du feu harcelait ses narines depuis la dernière attaque des mercenaires et semblait vouloir lui rappeler à chaque fois les temps sombres de l’académie . Finalement les colonnades de l’aile semblées préférables au toits creuvé et aux planches branlante de l’écurie. Quoique. Tant qu’à être mouillée.Bref, elle tenta de trouver une dernière cachette, dernier refuge imperméable avant de se résigner à rejoindre le commun des mortel. Tatonna de si de la pour trouver la porte du batiment.


Aaah!

Sa main avait frolé quelque chose de lisse, de froid, de souple et de mou et elle n’avait pu empecher le cri de sortir de sa gorge en reconnaissant la peau humaine. Un peu-beaucoup- confuse quand même de s ‘être éffrayé d’un être humain inoffensif -quoique, nous verrons plus tard-, la Lotra tenta de se justifier aux yeux de la personne présente, histoire de sauver l’honneur.

« Désolée j’tavais pas vu. C’est la pluie et puis les chevaux…ça brouille tout. »

Hum…Vachement convainquante mais pas faux quand même. Son odorat avait été piégé par le temps, distrait par la puanteur des écuries et happé par la cendre. Lohan avait completement ommis d’y déceler l’émanation humaine -en même temps heureusement que l’autre ne sentait pas plus fort que les bête, sinon, y aurait à s’inquiéter- . En se concentrant mieux, elle sentait l’odeur un peu effacée de l’être humaine. Fade et légère. Elle ne saisissait pas très bien tout. Assez pour dire, que l’autre était une femme . Elle n’aurait su dire quel age. Provablement pas une enfant sa peau ne dégageait pas la fraicheur de l’épiderme en mode croissance vertigineuse.

Tu fais quoi là, sous la pluie? Tu vas être trempée.

Histoire de changer de conversation et parce que Lohan était du genre à s’inquiéter-au moins un peu- de la santée mentale de ses camarades surtout après cette attaque qui en avait perturbé plus d’un. Et comme la solitude sous la pluie dans un intérieur putride était pour elle le premier symbole de la déprime, elle s’était donnée pour mission d’au moins s’enquérir des problèmes de la fille. Elle aviserai ensuite .Selon son envie de devenire une éponge géante et de la récéptivité de l'autre, bien sur.





Alasa
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MessageSujet: Re: Les chevaux se cachent pour vomir. [Terminé]   Les chevaux se cachent pour vomir. [Terminé] Icon_minitimeJeu 26 Aoû 2010 - 23:33

Papi, Papi, raconte-moi une histoire -mais bien sûr, mes enfants, parlons psychologie. Et là, jointes par la pluie, l'émotion, la couleur de cheveux, les obédiences équivalentes dans la Flander's, à un double-compte près l'aveugle et l'aphasique s'assirent dans la cendre supposée chaude des cadavres pour dévoiler tout ce qu'elles avaient sur le cœur. Mais oui, venez aussi, amis poneys ! -Qui a mélangé mes fiches ? dixit le vieillard fatigué.

Encore, si les précipitations pouvaient être tièdes. Quelque chose d'intensément merveilleux. On y plonge l'avant-bras, d'abord surpris par la température puis on n'ose se mouvoir, crainte qu'elle ne morde ou peu d'envie de fuir, tout de même ? Puis l'habitude est comme un baume aux relents d'insidieux, d'abord la tête puis le corps qui abandonne. Mais la pluie est mouillée. Défaut outrageant s'il en est ! Elle est mouillée et s'abat sur le crâne en volutes complexes, elle vous a à l'usure. Et si l'exosquelette eut pu se fissurer un peu plus, elle s'infiltrerait dans les coins où l'écurie demeurait sèche -parce qu'il y en avait- noyant peut-être le palomino ou mieux, le bai-brun. Parosmie ou pas, qui la laissait s'habituer à la norme anormalement anormale, il puait, davantage encore que ses excréments. Personne n'avait encore eu la brillante idée de l'aérer ou de bouchonner ces bluettes de crasse, sur l'encolure. Le toit aéré. Alors oui les mouches, oui l'entier et ses sanies au paturon mais même, l'endroit pouvait être accueillant, joyeux, qu'en sais-je ? Les odeurs un peu grossières concurrencées par ces senteurs de terre, là, de la pluie, et la chaleur des chevaux plus forte que les courants d'air. Notons également une absence de froid, malgré la brise persistante, qui faisait la pluie tiède. Quoi de plus fade qu'une pluie tiède.


Alasa s'estimait légèrement sur le point de péter une durite, prise de court en plein vaquage par cette.. quoi ? et parce que, affolée par la voix qu'elle n'arrivait pas à ordonner comme ça hop et par la main aveugle sur sa peau elle avait saisi au vol le poignet de la bestiole. Dont, est-il besoin de le préciser, elle ne savait plus quoi faire. Mais continuons notre ronde autour des stalles, si vous ne le voulez pas bien ? Un autre taon, vivant, tendait vers cette catin d'étrivière, les senteurs grossières s'étaient civilisées et tentaient un pas de valse, ce qui ne changeait rien à leur nature profonde. Le temps n'est pas arrêté. Je dilague. Même le poney suicidaire -montée vers les extrêmes, attention à l'acmé- avait tendu au son de tambourin une oreille cristalline, voire un rien attentive. Les vêtements que la Corbac avait oublié d'empailler avec le reste se gorgeaient de poussière et de cendre, les profiteurs. Une poutre imitait voile ou drapeau valsant au vent, comme ça, par erreur ou par hasard mais uniquement en pensée, sinon elle aurait chu. Lohan avait des yeux sagaces d'indolence en décalé du mur mais l'autre ne les voyait pas. Dans son incertitude mais panique décroissante, elle percevait avec acuité l'os de chaque côté des avant-bras, transsudant sous la basane, qui lui faisaient mal à la paume à mesure qu'elle resserrait son emprise. Peut-être cette couverture fraîche, souple surtout pivotait autour sans rien déformer. Sous son index, la petite bille ronde au coin du poignet, également peu agréable à la phalange mais rassurant quant au reste. Elle dut déduire la cécité non des organes mais du toucher tâtonnant de cette empreinte qu'elle sentait encore au bras gauche et que, tiens, tant qu'à faire, elle essuya sur la porte. Pour conserver plutôt la neutralité factice du bois. A choisir.

Genre 'on va pas rester là toute la journée' ou 'le magasin est interdit aux chiens'. A-t'on besoin de pensées philosophiques ? Alors ça veut dire, définitivement -regardez-moi ce cheval. Vous referais-je le coup des éclats d'ombres, de l'huile et surtout des bluettes ? Parlons plutôt, je ne sais pas, des polteirgests. Alors en voilà un près du loquet rongé, un autre sous le toit qui n'en est plus qu'un quart -deux et deux font trois- et qui en veut un autre tournera le coin, d'un petit pas de valse. On ne les entend ni ne les voit. Leurs sabots gantés auraient pourtant tant de choses à dire ! Tant pis. En revanche, ils exhalent un parfum aigrefin, si délicat que, s'il n'y avait ces orgies d'écurie.. Et le bai brun de piaffer. Quel petit joueur. Toujours dans le même réceptacle à secondes, Alasa regardait la main, perçait le rideau d'eau puis la main. Du regard. Sens intellectuel, voilà qui reste à démontrer mais utile cela va de soi. La fille ne sentait rien, ou alors quelque chose de bizarre comme le drap et la violette -cacosmie, pure cacosmie, plutôt le chien mouillé- mais sa main figée, là, tendue comme exprimable. Cette matière animée et le pouls si pulsatile et proche; à chaque petite prise de conscience quant à ce toucher, cette chose, la boiteuse comprimait la saisie si bien que son propre poignet en résonna bientôt douloureusement. Lentement elle releva la tête -pas de beaucoup, la fille était petite- pour croiser un visage qu'elle eut été bien en peine de décrire. Blanc. A la limite, des trous d'yeux délavés par lesquels la lumière ne passait plus. Plutôt l'inverse, même. Mais discerner, différencier des traits, quelle gageure. Elle voyait surtout les gouttes écraser le crâne, rendre poisseux et collés les cheveux, ruisseler sur le front jusqu'aux narines. Elle était à l'abri, contre la porte, sous une partie du faîte encore dressée.

L'action précédemment décrite, formidable d'impétuosité, de tension dramatique, bref, n'avait pas duré cinq secondes et la brune comprenait qu'il devenait urgent de parler. Par automatisme défensif, autre, et cette seule idée, si elle ne la terrorisait tout de même pas, la déstabilisait profondément, l'encontre ayant été trop soudaine. Elle ouvrit les lèvres à deux reprises tel un poisson sous oxygène (quelle sublime comparaison); entendait parfaitement leur son décapé sur fond de gouttes de pluie, puisque dans cette accalmie les montures venaient de passer en mode immobile. D'ailleurs, ces séparations puis réunions résignées se confondaient presque avec les chocs réguliers, minimes, sur le bois. Allons.. Tu viens d'extraire quelque chose d'intelligible, tout à l'heure, du gosier où reposent ces cordes vocales inusitées de si charmante manière. Ce n'est pourtant pas compliqué. Il s'agit simplement d'agencer deux-trois phonèmes, comme les poltergeists. L'envie la démangeait de tourner le chef pour vérifier que c'était bien sur son dos que s'appuyait l'amalgame ricanant des sinusoïdes, sur le mur de la seconde stalle.

-Tu..

Alasa bascula doucement le poignet enserré vers la gauche, l'abattit vers la droite en y adjoignant tout son cœur poids -et surtout son élan; l'aveugle trébucha sous l'ictus qu'elle n'avait pu vraiment anticiper, son corps tressauta sur le sol spongieux, gorgé de paille et de boue. Un "toc" sonore s'immisça cependant, bruit d' articulation contre la première boiserie de la rangée épargnée par les flammes -de l'Enfer, etc. Se détournant à pas rapides vers le fond de l'écurie, la Corbac accorda quelque attention au poignet gauche d'où la trace érubescente de ses propres doigts jaunissait déjà, et le charbonneux que ces mêmes doigts y avaient imprimé. Les sinusoïdes. Elle s'agenouilla dans la stalle-foin-brûlé, tandis qu'une drosophile aux grands airs chtoniens, voire deux, bourdonnaient paresseusement autour de Lohan, ou de son crâne. Elle enterra les vêtements qu'elle avait laissés en évidence, enfin les inonda de litière -et dans une moindre mesure, de cendre- jusqu'à ce qu'ils fussent aussi invisibles que la sacoche et son cortège de victuailles. L'entier-crinoline avait adopté de nouveau la mouvance -vérifiez s'il ne danse pas la carioca, lui- suite au choc contre la cloison de sa stalle et le bai-brun piaffait. Alors que les polteirgests finissaient ivres morts avec les bluettes en une ronde cacochyme, fêtant le vin nouveau sur la robe des bêtes, il hennit. Nerveux. Voilà qui alarma notre amie l'enfouisseuse; elle traballa vers la porte et cette fille hérésiarque osant introduire la parole en ce non-lieu consacré. Justement, une folle absence d'éclat luisait à sa main gauche. La Corbac stationna, se raidit d'étonnement puis de convoitise: une bague lotra. Bluette bleue vivace et minérale, à demi-plantée sous la paille. Au doigt de sa propriétaire.

Elle esquissa un faux pas, imprégnée dans la sentine, puis..


Lohan Gayana
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MessageSujet: Re: Les chevaux se cachent pour vomir. [Terminé]   Les chevaux se cachent pour vomir. [Terminé] Icon_minitimeSam 18 Sep 2010 - 0:09

Par gentillesse naturelle, par excès de bienveillance pour -l’être inférieur- cette fille aux réactions étrange, Lohan n’avait pas essayé de se dégager au moment ou la main osseuse avait enserré son poignet. Les doigts avaient pourtant étaient vif, pointus, un peu aggressifs et surprenants Elle avait simplement fixé l’étrangère de ses yeux vides, un bon sourire vaguement timide au lèvres . La Lotra avait fini par entendre les os se relever en titubant. L’appuis que l’autre pris sur son bras lui permis de jauger la masse corporelles de l’élève. Qui dissipa ses craintes en matière de menaces, étrangement. Les 5 secondes lui étaient apparu comme longues puisqu’elle frissonnait sous les gouttes pendants que l’autre la contemplait de toute sa hauteur. L’idée que la corbac pu lui être hostile commençait à peine à germer dans son esprit quand elle sentit le mouvement de l’autre.

L’osseuse avait bougé à gauche. Devant. Que faisait-elle? La lotra sentit son corps se trimbaler au grès des muscles-quasi innéxistants- de la voyante et commença à comprendre l’intention de l’autre au moment ou elle se trouva projetée vers le centre de l’écurie . Elle tenta de controler chaque enjambée tant bien que mal, d’anticiper le moment propice pour reprendre le contrôle de son pantin de corps. Son esprit détermina un moment précis dans l’espace temps futur pour qu’elle puisse d’un coup de reins se redresser et reconquérir son fragile équilibre. Malheureusement, un obstacle vint entraver sa prémonition, et c’est ainsi qu’à cause d’une poutre mal agencé, la glorieuse Lotra vin s’écraser pathétiquement dans un tas de paille qui ne semblait pas excessivement propre. L’odeur vint enfumer ses narines et lui imbiba le cerveau, glanant son courroux et orientant ses pensées vers le but ultime. La vengeance.

Lohan était une Lotra dans l’ame, il ne fallait pas s’y tromper. Et ainsi elle avait les qualités de sérénité et de douceur digne -de maître Yoda- d’un rêveur. Pourtant sa patience légendaire avait quelques limites, imposées nottament par par la pratique des arts guerriers. La mentalité d’un combattant type était la domination de la force physique. Sans être très encline à devenir un tas de muscle embulant aussi suceptible qu’un tigre des prairies -ou d’une shawna- , Lohan était bercée depuis deux ans déjà à la musique de ces valeurs et elle avait plus que jamais donner un sens au mot humiliation. .

L’honneur. Le maître mot du guérrier, qu’il soit roturier ou noble. Allant de couple avec l’obeissance à ses supérieurs. Si les duels restaient rares, c’était essentiellement les guerriers qui en était les auteurs. La fatigue physique et le contact semblait-il, échauffait plus les esprits et les voix que l’épuisement mentale. Les dessinateurs étaient une bande de nobles peu enclins à se taper dessus sinon à coup de regards suffisants et les marchombres étaient suivis de près par leurs maitres, surveillant leur moindre écart. Bref, après cette petite digression qui nous permis de -faire quelques ligne en plus - situer mentalement l’état d’esprit façonné de Lohan, revenons à la paille, la boue et le décors insalubre de cette prison pour équidés ( qui ne remplissait plus sa fonction d’enclos) . Attérir le nez dans l’herbe -bleue- jaune marronné n’était pas pour plaire à Lohan. Mais le pire était peut-être que l’osseuse avait réussi de sa maigre consistance à la faire tomber. Un cuisant échec donc, du point de vu de sa réactivité à contrecarrer les mouvements de l’adversaire, et un unième en matière de puissance physique pure. Et puis le dernier, plus profond, mais dans une zone d’impuissante, l’echec à combattre son handicap par les autres sens.


Malgrès cette rancœur des premiers instants, Lohan fini quand même par se calmer un peu. Après tout cette fille était peut-etre simplement troublée par les événements récents, ou à demi-sauvage, un des ses êtres étranges parce qu’orphelins ermites ou enfants prostrés. Ou les deux. Pitié alors. Tolérance . Pourtant un fouillis dans la paille change encore l’axe de ses idées. Elle est encore là. Elle ne rit pas pourtant Lohan croit discérner un sourire vainqueur sur ses levres invisible. Elle attend ses pas, mat qui resonnent à ses oreilles. Elle marche d’une façon étrange, comme le soldat ivre ou le mendiant éreinté. Elle s’avance vers la Lotra. Elle ose encore revenir, comme si ça ne suffisait pas. Que veux t-elle encore, l’humilier. Lohan n’est pas une marionnette, et elle n’a pas l’intention de passer pour une victime. Surtout que devant un poids plume, elle en à les moyens. Les oreilles aux aguets, elle guette chaque misérable tréssautement de muscle, souffle de membres.

Quand le bras fend l’air, elle anticipe. Jette ses mains en l’air pour tenter d’arracher un bout de peau , mais chance du calcul, saisit le poignet. Elle l’a cet os . Il suffit de présser un peu la peau pour que le squellette perce la chaire. Mais ce n’est pas ça qu’elle veut. Faire souffrir l’autre n’est pas son but. Juste que l’élève sente qu’elle n’est pas faible et qu’il est inutile de continuer à espérer qu’elle serve de Cobaye à ses entrainements. Elle tire violamment l’os vers le bras, qui entraine inexorablement le corps dans sa chute, elle en profite pour se relever, instant propice pour la victoire. L’autre se débat bien sur, comment aurait-il pu en être autrement? Avec ces grands membres malaisés mais secs qui battent l’air. Les cotes de Lohan reçoivent un coup qui enchaine sa résignation d’aller jusqu’au bout de ses idées.

Elle réussi tant bien que mal, après quelques secondes de lutte silencieuse à s’assoir sur les genoux de la grande osseuse. Ses propres rotules Khagneuses enserrent les fémurs presques dénudés de la fille famélique. Le plus gros est fait, les jambes se tairont bientôt sous le poids de la roturière. Les chevaux s’ébrouent dans un coin de leur enclos. Lohan s’aplique à plaquer les bras de l’autre au sol, s’avance un peu pour ajuster la longeur de ses propres bras . Elle triomphe enfin. Les mains de l’autre sont dans la paille, un peu plus haut que ses hanches, chacune d’un coté du squelette. Elle ne pourra rien. Une lueur de fiérté vient éclairer la face Lohannienne et elle ne peut s’empécher un sourire de victoire pour elle-même. Elle entend la respiration de l’autre, sent dans ses doigts le poul brulant qui crépite. Calme son souffle cours en promenant son index sur la main droite de l’élève, les autres doigts servent de lacet au poignet. Elle sent la bague, cherche l’imperfection qui lui permettra de la reconnaitre. Les quatres bagues ne sont pas exactement pareil, elle a appris les quatres modèles, enregistré. Comme elle enregistre méticuleusement chaque odeur corporelle ou sons de la nature. Une faille dans le centre lui donne la réponse espérée. Corbac. Pas étonnant. La maison des solitaires, ermites ect… Pas une raison non plus pour frapper à la va vite.


« Qu’Est-ce que j’tai fais pour que tu m’pousses sans raison? » fait-elle le souffle court

L’autre ne semble pas en mesure de prénoncer un ou deux mots. La Lotra s’imapatiente. Ce qu’elle fait commence à la dégouter . Elle n’est pas là pour martyriser les pauvres-enfants-qui crevent de faim . Pourtant elle ressere son étreinte, prête à tout mouvement de la part de son adversaire.

« Allez, vas y répond. Assume un peu tes actes. J’en ai marre des laches comme toi qui ont plus de langues quand y s’agit de se défendre mais qui poignardent dans le dos sans vergogne . »

L’autre doit s’en contreficher assez, elle est surement un de ses êtres sans paroles qui n’ont pas reçu la notion de vie en communauté, qui profite des occasions de la vie sans remerciement. La misère à l’état pure. Lohan n’en demordra pas. La liberté contre une réponse. Voire -et- plus. Selon sa clarté. Elle se méfie des dents de l’autre qui tenteront surement de libérer ses mains et guette d’un coin d’oreille les chevaux dans leurs stalle. Ses cheveux pendent et collent à ses joues, son fronts, ses paupière. Mais elle se résigne à les laisser . Ça ou la libération de l’adversaire. Le choix n’est pas soumis à sa conscience.

[edition à volonté]


Alasa
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MessageSujet: Re: Les chevaux se cachent pour vomir. [Terminé]   Les chevaux se cachent pour vomir. [Terminé] Icon_minitimeLun 22 Nov 2010 - 19:28

La Camard' prend sa faucilleuh la bluette la blueette (8 )

Pourquoi la vie ? Pourquoi pas ? Pourquoi les gens qui s'assoient sur vos genoux d'une manière globalement violente alors que vous ne vouliez que piller leur cadavre dépecé sous l'éclat de la lune les voler ? Tout cela ne serait pas arrivé si le monde n'avait pas décidé, un beau matin, d'exister. Big-bang comme on dit. Gwendalavir est-il né de ce même phénomène ? Laissez-moi vous expliquer, vulgairement. D'abord il y a les quarks, lesquels forment bien vite des électrons: protons neutrons, les noyaux caracolent, ils extrapolent. Sous la résistance électromagnétique ou pas, ils deviennent de petits éléments de matière, constitutifs de toute chose à venir. Les poussières, les roches amoncelées dans le froid gigantesque de l'espace finissent par consumer. Leur temps, déjà, pour peu qu'on l'appréhende, car il passe en milliards, puis leur chaleur. Leur chaleur ? Étoile. On en fait des étoiles, ces forges; leurs instruments gibbeux créent, chauffent, transfusent et toutes ces saletés splendides s'éloignent lorsqu'elles explosent. Imaginez leur mort ou plutôt ce qui ne sera jamais qu'un recommencement abusif, leur nihilisme: elle faiblit, la petite, se gonfle, se gonfle, elle avale son petit univers en une apothéose de ce feu glacé et, sous les milliards de degrés, l'encolure ignée, se rétracte. Recroquevillée, elle se dilapide aux quatre non-vents du silence stellaire. Elle en a des communes, on les nomme nébuleuses: amoncellements d'écume rocheuse contemplant muets d'autres amoncellements les contemplant muets. On en a des bleues, des rouges. Les jeunes et les déesses au cœur mal embouché. Quand toutes ces ridicules poussières dessinent un îlot moléculaire. Il fait froid dans l'espace, mais ça pue moins. On a des berceaux de Géantes -qui nous ont plutôt-, et ce qu'on appelle la matrice des galaxies. Ceux qui siphonnent la matière pour, peut-être, la renvoyer à des tourbillons blancs comme des portes interstellaires et improbables. L'interlope spatial, en quelque sorte. Et les quasars. Petits noyaux des galaxies par milliers. Quand on regarde en bas, c'est dur et plat; nous sont infusés d'astres, et lactescents. Les petites molécules et les protons on ne leur a pas demandé de sublimer le puzzle du hasard, et pourtant.. Nota: ne croyez pas tout ce qu'on vous raconte. Tout le monde sait que la vie n'est jamais apparue. C'est une génération spontanée ! D'ailleurs qui s'en soucie ? Détournons pudiquement le regard de ce corps si minuscule sous son berceau de ciel, et ses yeux qui reflètent les univers qu'il porte. Les neurones ou les satellites neutrons. Que dit-on de l'univers déjà ? Qu'il n'est pas infini. Mais extensible. Et c'est très. Très différent. Oh, détournez le regard et respectez son silence, son ultime prière et les galaxies qui scintillent dans son œil glauque; sur Terre, l'assassin siffle et crache et fend l'air. Le corps de la mouche ne tremble plus.

Ce qui n'est pas le cas de certains autres, galactiques soient-ils. Vivre dans un corps dès l'entrée vagissante vers le temps-lumière,certes; mais s'il est la moitié de nous-même, quelle confusion lorsqu'il nous fait défaut ! Des coups fuselaient cet air épais de paille sans que l'on puisse leur donner une origine certaine. Big-bang: dans ta face. Il y avait une indéniable aliénation dans cet enchevêtrement de bras: la chair collait et viscosait, puis caressante effleurait le contour d'une pommette. On dessinait les crânes par la forme des claques, on traçait les traits des visages en contusions. Visages multiples et indivisibles auxquels se mêlaient ceux des chevaux et l'on évitait leurs dents. L'aigu d'un coude ou d'un genou était mis à profit pour valser dans les côtes, escalader un flanc -de montagne lunaire- boulé dans la poussière. Un halètement -les nuances confuses de l'odeur fugitive. Les chevelures chevalines se mêlaient de cheveux pour compenser leur paille, un peu serrants pour sûr mais fous bien plus encore. On se heurtait l'arête aux miasmes crayeux du crottin: le mur se retournait. Ses pierres défragmentées provoquaient dans un souffle l'explosion divine de l'écurie entière; que d'amusement. Dans la moiteur et les pelages la sudation coulait, pourtant la lutte était si brève, comment donc. On pouvait comprendre ce que disaient les sinusoïdes là-bas, derrière le dernier dos, sur leur mur gris comme la justice: compacité. Compacité de l'air, de la flamme et peut-être, de la colère -bien que passée de mode et humiliée face à l'insensibilité des neutrons. Compacité des excréments merveilleusement chauds dans lequel on écrasait une ou deux mains,qui roulait dans la cendre. Baaston, quoi.


« Pitié mon cul. » Astonished -comme disent nos amis thé-ophiles- Alasa repéra plus précisément les frontières de son corps, fait plus aisé hors mêlée. Ce n'était pas sa main contre sa bague, en revanche son dos essuyait bien le sol. Et des cheveux menaçants imitaient les rayons de pluie. Epic fail. Pour la première fois depuis pas mal de temps, l'étonnement l'étouffa l'empêchant de parler. Elle regarda les rayons se balancer dans le regard vide, farouche. Elle se sentit bête. Non pas au sens mettons animalier du terme: au contraire, la mêlée avait dissipé quelques brumes aux contours de fantôme. La complaisance scortatoire liée à l'inertie, le marasme, les corps sans visage et sans corps à la menace tiède s'étiolèrent -ou enflèrent. Un être vivant pressait douloureusement ses nerfs, haleine essoufflée de la colère, et attendait. Si le mentaï était là ! Il l'aurait peut être tuée sur-le-champ pour s'être montrée si pitoyable si elle s'en était rappelée elle aurait souri à l'idée d'écorcher un peu son orgueil de maître. Non, une espèce de sérénité -peut être favorisée par le choc des crânes- l'étouffait: elle n'avait pas peur de ces cheveux pendants et souhaitait calmement, d'une manière presque circonspecte tuer cette fille. Mais la vie est injuste -les lèvres serrées bourdonnèrent. Pas maintenant ! Elle faisait un puzzle du visage pour conférer cohérence à cette humanité et ces mouches folles insistaient. C'est ça, vrombissez ! Je sais faire aussi.

- J..eparl'pas !

Seule la colère ressortit. Une intonation aisément compréhensible par celui qui se trouve peu ou prou dans le même état. Une rébellion manuelle s'engagea durant laquelle les doigts assez longs pour atteindre le dos de la main gauche tentèrent de trouver prise. Pugnace, l'aveugle campa sur ses positions. Tentative de feinte parle genou gauche, puis remontée de la tête qui ne put qu'effleurer la bouche; la guerrière avait revêtu sa chevelure farouche de guerrière farouche et, les muscles serrés.. HIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIHIIHIIIIIHI ! Leibniz jactait sur les petites perceptions et dans le cas présent le brave homme avait raison. Calculez la probabilité que, dans une écurie pourrie par les flammes où des inconscients ont laissé leurs dadas, une poutre choisisse cet instant pour reléguer la jolie métaphore sur l'exosquelette aux Champs-Elysés ? (Palapapapa). En plein sur la boîte crânienne de Lohan ! C'eut été cool, hein. Ni l'une ni l'autre n'avait prêté grande attention au chuintement de plus en plus évident, le genre de son que votre cerveau cherche vaguement à identifier avant qu'il ne bascule dans une case et que les neurones n'agissent. Sans doute habituée à voir par les oreilles, la guerrière s'était jetée sur le côté droit. O hiérophanie ! Le bout de bois d'une largeur conséquente s'écrasa dans la stalle -très- proche. Fou de terreur bien que miraculeusement indemne, dada-Crinoline se cabra puis, à force de ruades désordonnées, fit si bien que la mince paroi céda. Il caracola vers dehors en évitant plus ou moins les recroquevillées. Un chœur de hennissements salua sa sortie, chant grégorien funèbre à la mémoire du feu. L'écurie tiendrait-elle, ainsi parcourue de lésions dangereuses ?

Bizarrement ou grâce à une analyse précise de la situation, Lohan n'avait pas complètement abandonné ses revendications. Son étreinte s'étant faite incertaine, celles-ci purent néanmoins se dégager le poignet, presser les doigts de la main baguée entre eux dans l'espoir de leur occasionner un moment désagréable. La main bouge, la bague tomba. Alasa interrompit son mouvement de fuite pour s'en saisir au prix d'un coup délicat dans le tibia. Elle s'engagea dans une course boitillante et sa gorge émit un éclat de rire très bref. L'animal avait projeté hors de ses gonds le panneau déjà ouvert; les bottes entamèrent un concert de succion en embrassant la boue. Ouais, petites aiguilles glacées sans plus rien de tiède. Quoique. Ou l'illusion d'une odeur de cendre dans leurs quarks à l'affût ? La brune se retourna: la silhouette lianescente de l'autre avançait déjà, et ses pieds voyaient. L'éclopée se pencha pour ramasser un caillou et, par curiosité, lui envoya; la tête s'inclina sèchement vers la droite. Dans sa paume brûlait un anneau peccamineux à l'enfer minéral, mais elle n'osait pas regarder, ne pouvant quitter des yeux les gestes de la fille, fille estompée par l'eau souhaitant sans relâche embraser son cerveau de cendre.



[Edition légitime possible, Maître Yoda souscrit. Mais la Sainte Cécile était le jour idéal pour pousser ton retard au suicide.]

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MessageSujet: Re: Les chevaux se cachent pour vomir. [Terminé]   Les chevaux se cachent pour vomir. [Terminé] Icon_minitimeDim 30 Jan 2011 - 1:50

Elle regretta ce moment d’humeur. Il n’était pas digne de l’idée qu’elle avait d’elle. Une langueur pessimiste avait envahi ses os depuis que le dortoir des Lotra avait brulé et elle cherchait une autre responsable de sa mauvaise humeur et de se désastre qu’elle-même. Lohan ne s’était quasiment jamais trouvée les nerfs à vif, le sang bouillonant en même temps que cette colère fatigue, dans sa tête et dans ses mains. Même,en temps que combattante elle n’était pas de celle qu’un coup trop vif échauffait au point que la colère prenne le dessus et maitrise ses actes. Calme et académique, elle restait une Lotra. Et ce changement de dortoir soudain semblait avoir altéré son caractère. La cause était peut-être autre. Plutôt le temps. Plutôt les ruines qui l’entourait et qu’elle assimilait en son être. Plutôt la mauvais humeur de tous qui détaignait sur son caractère, reproduction délavée de son absorbtion des autres.

Cependant il ne semblait pas concevable de rendre la liberté à ce squellette trop fier pour dire un mot. Parce que l’honneur déjà. S’excuser ne lui posait pas de soucis en général . Mais s’excuser auprès d’une personne à qui elle ne manifestait aucun respect lui paru intolérable. Indécise donc, avant que la poutre décide de se détacher de la toiture. Craquement infecte péfigurant la chute, et les nerfs qui calculent dans la tête. Anticipation. Il faut lacher. Elle s’écarte brusquement de la fille, avec en tête le remord de la laisser se faire écraser par le lourd pylone de bois. Mais elle n’avait pas le choix, les quelques secondes lui permettait de sauver sa vie, pas celle d’une autre, et elle ne pu rien d’autre qu’un mouvement que seule son instinct savait calculer. Puis, la lueur d'une dépssession etrainna ses jambes. La bague, elle lui avait pris sa bague de Lotra, encore.


« Hé rends moi ça, ça n’a pas de valeurs de toute façon! » Disons que c'était de la pacotille non revendable. Mais c'était tout ce qui lui restait de sa pauvre chambre maintenant innexistante. D'une maison Lotra carbonnisée. Le bijou n'avait que la valeur qu'on voulait bien lui donner.

La poutre à déséquilibrer le paysage de la grange, sans tomber à l’endroit exact prévu par Lohan. La vue se bouscule et meut, (la vache!), prenant en compte les ingrédients des sons, craquements de bois qui répendent derrière eux multiples débris, suivant toujours les pas de la fille dans le brouillard des cendres.

Elle finit par s’extraire, non sans difficulté de l’espace encombrée, se cognant le genou gauche sur les failles de l’anticipation,bout de bois déchirés par la chute de la grangee, déchirant le morceau de tissu qui lui couvrait le genou. Tu ne t’en sortiras pas comme ça, promis. L’autre avait réussit à la distancer, elle courait, pataugeait dans la boue, un pied un peu en retard par rapport à l’autre, déyncronisés. Elle alla même jusqu’à lui jeter une pierre. L’oreille abimée par le sifflement des flèches elle su reconnaitre le projectile et inclina brusquement sa tête. Une deux, une deux. Ses petite jambes ne la servait que trop mal pour qu’elle puisse rattrapper les grandes enjamber de la fille.

Soudain platch, un gros platch dans l’eau de la pluie et la terre. La fille était tombée de tout son poids-même s’il était moindre comme si quelqu’un l’avait empécher d’aller plus loin. Une odeur inconnue la force à ralentir sa course. Puis un voix, jeune mais hautaine.


« Notre Académie est en train de tomber en ruine et deux petite roturières décident de se disputer pour je ne sais quelles bricoles. Assez représentatif du milieu. Assez lamentable. »


Ciléa Ril'Morienval
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MessageSujet: Re: Les chevaux se cachent pour vomir. [Terminé]   Les chevaux se cachent pour vomir. [Terminé] Icon_minitimeDim 30 Jan 2011 - 2:02


Elle les avait vu venir des écuries les deux filles qui courraient, et le bruit de leur pas l'avait sorti un instant de sa solitude mentale. Elle avait surgit d'un angle mort, trop tard pour que la poursuivie puisse la véritablement la contourner sans perdre du temps. Elle était passer près d'elle, aspergeant le bout de ses botte, de la glaise du chemin. Que des roturières vivent dans le même établissement qu'elle était déjà trop désagréble à Ciléa pour qu'elle puisse près d'elle sans remarques et sans insulte, qu'elles manifestent ouvertement leur présence dans de bruyantes courtes poursuites deshonnorante franchissait le pallier du soutenable, qu'une d'entre elle ose l'aroser de boue sollicitait immanquablement une réaction de la part de l'aristocrate. Des liens surgirent de son immagination pour entourer les chevilles et les mains de la première des fille qui fut entrainer dans la boue. L'autre ralentie, incertaine.

Laisser des plebeienne s’entretuer était peut être une bonne idée mais elle avait besoin de se défouler, de cracher sa rage sur quelqu’un et elle doutait trop peu de sa toute puissance pour les considérer l’une comme l’autre comme des adversaire potentielles. Alors que la fille brune peinait à se relever à cause des liens qui lui entravaient le poigner, la fille au regard vide semblait plissait le nez dégoutée


« Jehan demande de la main d’œuvre pour aider à reposer le carrelage du hall. Tu devrais allais l’aider »

L’autre ne bougea pas, se contentant de flairer l’air autour d’elle. Il y avait des êtres primitifs sans tenue et sans honneur mais Ciléa pouvait supporter cela tant qu’ils restaient dociles et appeurés devant leurs supérieures. Ses sourcils se froncèrent légèrement, appuyant sur un regard qui commencé à l’exaspérer par sa vacuité.

« Mademoiselle qui a changé de maison, si j’étais toi je me tiendrais à carreaux ( le jeu de mot fut spontanné et non intentionnel) et je m‘éxécuterais. Au dortoir, tout le monde est à l’abris de l’autorité des professeurs, si la loi du plus fort, encore ancrée dans les esprits, subsiste, le dortoir des Felixia peut très vite devenir une arène. Et crois moi il y a des maux que tu aimerais éviter. »

Ces quelques phrases pouvaient lui nuir, elle le savait . Elle se déclairait ouvertement opposée à cette représente de la plébe ce qu’elle n’aurait pas du faire dans la crainte de perdre un apuis. Les plus rusés agissait dans l’ombre, un sourire mielleux au lèvres et une capacité à séduire son publique plus fine et adroite. Mais Ciléa disposait encore de trop peu d’expérience en la matière et d ‘une impatience qui marquait toute expression sur son visage et qui jetait les mots sans qu’elles puisse vraiment les choisir.

« Pourquoi tu t’en mêle, la noble? Tu n’es pas encore professeur que je sache . »

Mais Lohan haussa prudemment les épaules, comme si elle pouvait se situer au dessus de ses menaces. Et rebroussa chemin. Elle connaissait Ciléa et savait qu’elle aurait son avantage de dessinatrice en cas de dispute un peu violente. Elle n’avait aucune envie de se confronter à elle. Il suffisait de partir la tête basse, d’attendre que l’aristocrate daigne abréger ses menaces, qu’elle parte. Lohan pourrait redemander sa bague, ou la reprendre de force, pourquoi pas. Elle l’attendrais de pied ferme. Son menton se leva pour se diriger une dernière fois vers la l’endroit ou stagnait l’odeur de la fille-violette. Ses narines se contractèrent et son petit nez se plissa dans un ultime défi. Elle s’en alla ensuite, laissant cette menace planait sur les yeux de l’autre. Encore fallait-il qu’elle fut une menace. Encore fallait-il que l’autre l’eut comprise.

Ciléa , splendidement dédaigneuse et presque souriante du succès de sa domination, regarda la pleibeienne s’éloigner vers l’académie. La pluie tombait toujours mais n’ammoindrissait pas son sentiment de gloire. Encore trop franche pour cacher l’admiration qu’elle avait pour elle-même et sa satisfaction, Ciléa ne tenta pas de dissimuler son orgueil sous une tentative de visage rigide. Elle baissa ses yeux vers la gisante et le ramassis de dessin qui lui avait lié les poignet, la voir ainsi à terre élargis son sourire.


« Et bien tu vois, petite éffarouchée. Inutile d’avoir peur d’une de tes semblables. Un mot et vous courbez la tête. Vous battez retraite. Vous êtes bien tous pareil. »

Elle avait assez profité du spectacle, s’était délectée de sa position, de son piédestal. La pluie dégoulinait sur ses joues et elle n’avait aucune envie de prolonger son entrevue avec la pleibeienne. Elle avait d’autre chose à faire même si plonger cette fille dans la boue et renvoyé l’autre avait été salutaire . La mort de Maya lui avait fait perdre un peu plus de son humanité. Il lui en resta assez pour libérer Alasa de ses liens. Elle allait partir, rejoindre, le dortoir, ou les écuries, proposer son aide à Jehan, aller à la rencontre de la dessinatrice qui avait fait exploser le carrelage pour en savoir plus. Faire quelque chose, bouger, bouger, oublier simplement la chevelure blanche et le rouge, l’avenir évaporé, et la fin. Et les pleurs du sang. Le regard parcouru une dernière fois l’autre, sorte de reflexe, simplement catégoriser la fille dans les victimes potentielles. La roturière était répugnante. Maigre. Bien plus qu’elle ne l’avait été elle-même à l’époque ou sa vengeance consummait sa peau, et blanche, osseuse, boueuse, maladive. L’image qu’elle renvoyait à Ciléa lui était particulièrement désagréable, comme une sorte de fantome d’un avenir qu’elle avait eu comme possible, à un moment de sa vie. Elle aurait pu toucher le fond, devenir aussi misérable que cette chose en gueunille si elle n’avait pas trouver l’académie. Ou non. Il y avait dans la noblesse quelque chose d’impérrisable, quelque chose que la plebe n'avait pas. La nature avait symboliser cettes supériorité par le don du dessin.

Son regard accrocha un reflet de mer au creux d’une articulation blanchie, une bague bleuté que l'autre avait oublié de dissimuler. Il ne lui fallut pas longtemps pour comprendre qu'elle appartenait à la Lotra lésée. Ainsi cette roturière ne se suffisait pas de son rang, mais plongeait dans la bassesse des petits voleurs. Méprisable chose. Tu ne mériterais même pas que je m'attarde à te faire souffrir. Tu devrais t'éteindre, disparaitre completement sans que personne ne se rappelle de ton nom. Peut-être n'es tu même pas de l'académie.

"Attends" ordonna Ciléa impérieuse.

Son don toujours en eveil stagnait sur la paroi d'un crane. Un pas de plus et une deuxième fois, tu tomberas dans la boue, indubitablement.

"Je ne crois pas que tu sois élève ici. Ou alors je peux m'arranger pour que tu ne le sois plus demain, a voir. Une voleuse n'a rien à faire dans des établissements aussi prestigieux que ceux de Merwyn, et les temps sont assez durs pour que l'intendant renvoit toute personne indigne de confiance. Qui me dis que tu n'es pas une espionne à la solde d'un chaos détruit ou de n'importe quelle petite guilde de voleur?Que tu ne t'es pas introduite dans l'etablissement pour servir à tes interets personnels? Cette bague dans ta main signe ton arret, tu le sais... Comme je ne suis pas un monstre je te demanderais simplement de me la rendre pour que je la remette à sa propriétaire et de me donner des explications valables concernant ta présence ici. Si je m'apperçois que tu mens je te remettrais à Jehan et m'arrangerais pour que tu ne ressorte pas indemne de cette histoire...Et ne pense pas à t'enfuir. Je ne suis pas une petite Lotra aveugle qu'on réussi à berner facilement..."

La sensation de l'autre sous sa domination vallait bien cette pluie diluvienne.

(Editable, bien sur. Quoique pas en entier si tu veux avoir ta réponse avant l'été prochain...)





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MessageSujet: Re: Les chevaux se cachent pour vomir. [Terminé]   Les chevaux se cachent pour vomir. [Terminé] Icon_minitimeDim 10 Avr 2011 - 23:06

[ Rolling Eyes ]

On fait tout plein de rencontres aux abords des écuries. A la limite, davantage que dans les dortoirs. Il semble donc que l'équitation, ou les soins accordés aux chevaux, soient effectivement une passion propre à rassembler les êtres -mais n'est-ce pas le propre d'une passion ? De plus, alors qu'aujourd'hui, seuls les petits bourgeois peuvent s'offrir un tel loisir, les sociétés médiévales stratifiées -exemple: notre bien-aimée Gwendalavir- permettaient à chacun de côtoyer ces bêtes magnifiques, de clamer son amour pour l'esthétique ou la vitesse. Le rêve merwynien fut un sacerdoce: contemplez-le, ici, tel qu'il aurait toujours dû être, en acte. Roture et noblesse frayent ensemble dans le fumier; des mains fraternelles se tendent sous la pluie, pour redonner éclat aux stalles malmenées. Hélas, j'aurais aimé poursuivre ces réflexions, les rendant universelles, ou du moins particulières, au sein de ce microcosme qu'aurait constitué l'Académie: les élèves tous semblables, un uniforme sur le coeur, des particularismes qu'exalteraient leurs yeux. Je ne le puis: certains n'en ont plus. Voulez-vous dégager des lois générales, vous fondant sur les deux-trois caractères qui nous occupent ? Have fun Faites. Je ne prétends nullement qu'on ne le puisse, ni qu'ils aient quoique ce soit d'original -de proprement leur. Mais leurs égotismes me forcent à ne les envisager que dans cette sphère restreinte que dessinent les frontières de leurs corps -de leurs Spires.

Une flaque de boue est un monde effectivement restreint qui eut pu, au demeurant, résumer le personnage. On y infuse. Ce n'est pas si désagréable, à bien y penser. Aux plébéiens leur milieu naturel. Alasa n'avait pas couru. Au début. Elle ignorait pourquoi l'autre la suivait, avec son entêtement couleur pastel, et ses yeux qui n'en étaient plus puisque ne remplissant pas leur fonction. Elle n'essayait pas d'être discrète et traçait par-derrière un chemin de pas: la pugnacité de ce fantôme l'amusait. Sans doute n'avait-elle pas perçu la guerrière sous l'aveugle, même dans l'étreinte, avant la chute. Bref, cette course-poursuite stérile avait quelque chose d'amusant: la peccadille s'incrustait dans sa paume comme en un morceau de cire, sa jumelle restait dans les cendres, c'était pour ça que Lohan défiait les lois du rationnel ? Puis elle avait couru: sa cheville romantique boiteuse à peine décalée, imperceptiblement en diagonale heurtait l'autre par à-coups. Ce défaut de locomotion offert par une morte, un soir si lointain, n'avait rien d'outrancier; seule l'attention pouvait le déceler -l''attention ou l'ouïe d'une aveugle. L'irrégularité spatiale avait provoqué comme un frisson le long de l'échine, celle du tendon gauche, et imposé un rythme cadencé à la mécanique. Elles couraient, donc. Héroïquement, malgré la fange à l'affût. C'eut duré un certain temps sans l'intervention providentielle d'un ange consolateur, annonciateur, j'ai nommé Ciléa.

Des vipères s'enfoncèrent en crachant dans son mollet, attirèrent ses poignets d'un court maëlstrom. Quelques secondes de confusion, parce que ces bêtes se tordaient comme des S, la lettre-serpent reconnaissable entre toutes, celle qui pouvait traduire l'oralité. Ses cheveux prenaient enfin leur revanche: ils n'étaient pas tombés sous la lame bourrèle puis impitoyablement noyés dans l'eau claire comme sous des coups infanticides, non. Ils repoussaient comme la vase, la crasse sous ses ongles en racines de nuits, froides, uniformément noires et inconsistantes. Que malgré son expérience de la vie biologique, elle n'avait jamais pu jouer les présences humaines: apprécier les odeurs, la faim, la fatigue, se sentir pur esprit ou pur corps, les extrêmes qui se touchent ? Parce que justement cette vie était biologique. Que ça n'avait pas grande importance -comme toujours. Ils l'étranglaient donc par les bras, pour narguer le flottement des veines. Bon. Testons le principe d'inertie: fouettée en pleine course, Alasa vacilla, hésita, s'étala franchement. Plus verticalement qu' horizontalement; les genoux qui se dérobent et le reste qui s'affaisse. La douleur en résultant fut proportionnelle à sa hauteur naturelle, bien qu'amortie par l'élément liquide. Liquide, c'est tout dire: le sol en borborygmes sur un écran marron, visqueux paysage. Révoltant car gelé. La pluie roulait en diagonale et couvrait quelque peu bruits et froncements de nez. Ainsi périt la tentative de défi lohanien: sous un tonnerre d'applaudissements occulté par un voile limoneux.

Nous en sommes approximativement à "éviter". La voix impérieuse tranche-pluie. Depuis le sol, on peut voir quelque chose de fier, l'autorité babillante, irrémédiablement déplacée dans ce décor. C'est un tissu tout d'un bloc; des formes sinueuses marquent clairement la limite entre l'intruse et ce qui l'entoure, mais, à force de se perdre en circonvolutions, son apparence intrigue. Elle est droite, trop droite; elle sent le propre ou, en tout cas, une aura de netteté la baigne. Chacun son truc. Certains ont plutôt une aura charismatique. On dirait que tous ses mouvements -au demeurant retenus- se concentrent au niveau des mains et de la tête. Celles-ci sont acides et sporadiques, celle-là solennelle, mesurée. Le reste gravite autour; un jouet mobile qui grince et qui craquèle, l'ivoire en plus. De la chair, rien à dire: deux dimensions. Les gouttes aveuglent, morcèlent les ombres. Notons tout de même les cheveux, ils ont toujours une part d'obsessionnel: les siens étaient du blond le plus doré malgré l'absence de lumière, ils évoquaient, par la perfection de leur dessin, un ruisselet de draps blancs. Qu'ils dégagent ou non le même parfum -là n'était point la question. Le genre de fille qu'il est jouissif de détester, et de ne pas comprendre. Sans savoir tout d'abord à quoi cela correspondait, Alasa sut qu'elle était noble, à cause de ces cheveux. Aussi sûr qu'elle aurait les yeux clairs et le Don. Parce qu'un mentaï est blond, a les yeux clairs et le Don. Pourtant..


Nous en sommes approximativement à "courberz la tête". Animé par cette voix prurigineuse, l'esprit de la Corbac effectuait un effort réel pour assimiler ces bourdonnements crachés, pourtant caressés. Les dernières phrases s'imprimaient ainsi dans ce second morceau de cire, revêtaient un sens, en décalé, boiteux. "La noble", avait dit l'autre. L'idée qui expliquerait le rectiligne et la blondeur. Les vipères. Semblables ? Semblables.. Sans blague. Qui, elle et elle, ou elle et elle, ou plus large ? Le masque d'humanité contre une divinité factice ? -il faudrait créer une troisième faction pour l'animalité, comme ils classaient toujours avec erreur. Ceux qui courent dans la boue et ceux qui la subissent ? Ceux qui distordent la réalité sans même imaginer leur pouvoir contre ceux qui l'esquissent ? Ou encore, ceux qui ont cette prévalence dite "noble" et les autres. Heureux les amnésiques, le royaume des boeufs leur appartient. Le marécage qu'était devenue sa mémoire jouait dans l'entre-deux, sortes de limbes mal dégrossies où l'imprécision se mêlait au péri. Comme tous, des odeurs suscitatrices. Visuelles, souvent. Une perte irrémédiable de la notion du temps, parce qu'il ne restait plus de conventions pour entretenir ses simulacres, ce qui rendait complexe le tic-tac des clepsydres. Une simultanéité; mais pas quelque chose d'atemporel, d'une cire vierge ou même malléable, non. Une mémoire aphasique: autodétruite et si présente. Pour peu que l'on puisse taxer de présent ça, le bloc de chair marmoréen, joué d'avance, pluie sur menton comme un aveu cynique. Comme un sourire qui coule. Et Ciléa, ou sa narratrice, avait elle aussi une vision distordue: Alasa n'était plus squelettique, moins maladive, pas blanche, plutôt jaune ou grise; elle ne portait pas de guenilles mais l'uniforme académicien -ce qui revenait peut-être au même aux yeux émeraude d'une Ril'Morienval. Uniforme boueux. A qui la faute ? Sans doute cette blonde était-elle en fait plus vivante qu'elle n'en avait l'air. Un bloc est capable de vie. Et puis, pour en revenir au paysage, il n'y en avait guère. La senteur du sol qui tourne le cerveau: pour la noble, ce devait être comme si quelque cauchemar la gavait de purin. Qu'elle l'avale.

Oh, elle n'allait pas s'en tirer comme ça. Prenant appui sur ses bras autour desquels la boue formait déjà une chape, la brune se releva, lentement, évitant tout mouvement brusque qui pourrait être interprété comme agressif. Eau et terre poissaient ses vêtements, ruisselaient sur son torse et le long du cou; nonobstant les frissons et peut-être cette vague impression d'attouchement, de succion qui craquèlerait sa peau, elle s'en serait accomodée. Mais cet uniforme avait été si net ! Symboliquement offert, prêt à subir d'autres avanies, quelque chose qu'elle aurait pu regarder se détériorer calmement, comptant les jours qui l'éloigneraient de ce qu'il représentait en autant de stigmates sur le grain de l'étoffe. Cette déception lui inspira une rancoeur violente et matérielle, traduite d'un regard que l'autre ne pouvait capter -pourtant, ça faiblissait. On aurait même pu sans tendre l'oreille écouter la loghorrée. Quoi ? Des circonvolutions couraient contre l'autre paroi de l'autre crâne, encore, encore. Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur vos têtes. Bonne question. Les jambes marquées en traits interminables par l'habit moribond, le buste un peu déséquilibré, Alasa sourit à Ciléa. C'était un sourire crispé, de ceux que peut donner quelqu'un qui exécre et craint une dimension incontrôlée. L'impalpable Dessin flottait, s'attardait, clair au venin. Peut-être que sous sa pression, la calebasse blonde imploserait, vomissant ses reptiles qui tomberaient comme des membres clos. Pourtant ah pas loin mais. Ce sourire, donc, était donné de biais, la tête un peu penchée pour ne pas regarder de trop haut la chose altière -pas qu'elle soit petite. Crispé et retenu. Pensé hypocrite, comme ce qu'il signifiait vraiment: une manière de dévoiler quelque peu les dents, un rictus qui l'effrayait, au début, lorsqu'elle croisait les bouches. Le fait qu'une bonne moitié du visage soit coagulé conférait au tout un certain pittoresque: alors que, d'un côté, les lèvres étaient greffées sur les traits, une plaie boueuse béait de l'autre. Un spectacle qui répugnait sans doute à la noble et/ou la confortait dans son mépris. Alasa jouait avec la gemme d'où ne perçait plus qu'un pâle éclat; le bloc avait semblé revendicateur à son égard ? Toujours cauteleuse, l'articulation se déplia; glissa vers Ciléa en une reddition muette. La voilà, ta blague. Fraîchement infusée. Veux un frisson de cloaque sur tes jolis doigts ? Si oui, ssi oui.. L'autre eut un geste sec, comme une menace ou quelque chose d'une hauteur flagrante. Alasa claqua des phalanges, car maintenant, oui, ça lui disait plus que quelque chose. C'était stupide. Elle s'appliqua à assembler les phonèmes, tourna le bijou, paume vers son torse.

- Fs.. S... Silchim. Sil'Shima.

Qu'ils avaient de pouvoir, les beaux petits serpents, clairement couvés sous sa langue et maintenant rampant, rampés, vers les chastes oreilles. Qu'elle pouvait mentir, inventer, ça ne l'aurait servie en rien qu'à se montrer en voleuse un peu stupide, un peu crâne. La blonde était ce qu'elle était -un tissu propre- mais il y avait dans sa moue le mot 'noble' assuré sur la vague du S, ou l'imperceptible écart, le demi-soupir qui, en fait, marquait l'apostrophe. Un crachat divin que ce détail, propulsant aux cieux de son tempo serré. L'aspic glissé dans le mot, magiquement sublimé, apothéose reptilienne: le poison dans les artères du nom qui s'engrossait de létal, de Léthé, d'un sang bleu, d'un sang blond ! Le Don se glissait-il dans ses méandres ? Alasa ne pouvait concilier les incohérences, mais elle savait que ce pouvoir d'égaliser les mondes lui échoyait -combien de fois lui avait-on répété, qu'elle s'était empressée de nier. L'objet se gondolait, retraçant les lignes de la main en sillons de boue, temporisant: si nous sommes sur le même plan, de quel droit..? Elle imagina le doré se fondre en Cocyte limoneux. Les traits pulsatiles peut-être sous l'Imagination. Les yeux verts hailloneux. S'ils pouvaient se détourner, une seconde. Corps écailleux lovés dans ce regard, prêts à mordre -je sais faire aussi.

- Jesuis nobble.

Entre gens de bonne compagnie, on devrait pouvoir s'entendre. Sourire chercha contre ses bords craquelés un soupçon balsamique qui viendrait compenser l'ironie -ou quelque soit le nom que l'on puisse lui donner. Elle forma de son bras un plan incliné afin qu'il s'approchât de la jeune femme indépendamment du reste, et donc inoffensif: la pierre chuta, retrouva légèrement son marasme non loin des pieds de Ciléa, où elle s'enlisa. Sauve-la. L'ex-corbac se tenait droite -autant qu'elle le pouvait- sans soutenir directement ceux qui crépitaient -dans les Sspires. C'était hasardeux, pourtant vrai. Tes draps mouillés fleurent bon -la moisissure.

Ciléa Ril'Morienval
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MessageSujet: Re: Les chevaux se cachent pour vomir. [Terminé]   Les chevaux se cachent pour vomir. [Terminé] Icon_minitimeSam 14 Mai 2011 - 21:50

Elle n’aimait pas l‘eau, les gouttes s’entetaient à tenter d’effacer son statut. La masse d’eau aplanissait les cheveux, cherchant à arracher leur brillance et en ternir l‘éclat , la pluie imbibait les habit, les reléguant au rang de tissus informes, quelque sois leur élégance, faisait couler le fard et le khôl en avalanche de larmes noires. L’eau sale s’efforçait par tout les moyens de lui retirer son rang, de gommer les différences entre elle et son interlocutrice. Mais qu’elle s’obstine, cette naïve protectrice de l’égalité, les dissemblances entre l’être de rien et elle-même restaient bien trop profondes pour qu’une simple aspersion, aussi dense soit elle rééquilibre un si flagrant écart.

Par prévenance et surement pour dissuader toute tentative d’agression de l’autre, elle continua son ascension dans sa propre estime par un discret étalage de son pouvoir, en faisant apparaitre sur ses épaule, un lourd manteau bleu marine . En voyant les pan plonger vers ses chevilles pour la recouvrir entièrement de la pluie elle aperçue que cette forme lui venait de Maya, c’était exactement le genre de vêtement qu’elle portait et qui lui avait alloué une prestance mystérieuse. Ce raffinement réservé avait toujours forcé son admiration sans qu’elle en comprenne le fonctionnement. Elle était tout à fait étrangère à dire vrai, au charme de la lune. Son propre charisme, elle l’avait toujours voulu lumineux, intense, éblouissant, sachant qu’elle ne pourrait jamais jouer dans le demi mot et le clair obscur, pourtant enviable.

Du capuchon on pouvait apercevoir les mêches d’or, encore peu abimé par la pluie fine qui continuait pourtant à tomber. La pluie n’atteindrait pas ses os, la pluie ne lui salirait pas la peau. Elle était tout juste bonne à faire couler les traces de boue sur les joues de cette autre, tout juste bonne à laver cette crasse avec son eau sale.

Quand l’autre s'était levée, Ciléa la découvrit plus grande qu’elle ne le croyait, ce qui renforça cette impression de chaire haillonneuse -chacunsonhaillon-. La fille baissa ses yeux sans vie, ne chercha pas à la fixer insolemment comme le faisait la plupart des roturiers se temps-ci. Et avec autant d’inertie dans les pupilles, son regard aurait été configuré comme plus qu’insolent, trop vide et inexpressif pour que la roturière daigne même toucher les yeux verts de son regard vain. Aussi une part d’elle-même fut grandement satisfaite quand docile, l’autre inclina légèrement la tête devant sa splendeur. L’aristocrate se sentit vaguement mieux disposée à son égard. Il restait trop de choses dans son attitude et dans son paraitre de radicalement insultant au genre humain pour qu’elle puisse la considérer de son espèce, mais cette tête baissée indiquait au moins, la conscience de la puissance, révéler un certain instinct de survie. Ciléa grimaça pourtant quand elle tenta de prononcer quelques mots. Cette-quasi absence de langage la glaçait et elle fut prise pendant un instant de pitié pour la créature avant qu’elle ne chasse cette espèce d’empathie vexante .L’image d’elle-même, couverte de boue, désapprenant complétement sont rang revint la hantée et elle se réconforta sur la soie d’une de ses boucles, enroulant, sa mèche de cheveux autour de son index, percevant brièvement l’or, contemplant de façon tactile la perfection capillaire alors que l’autre, sous ses cheveux effilochés tentait de vomir quelque mots.

L’apaisement fut de courte durée. Les mots quoique brefs et hachés eurent l’effet…Escompté. Sentir même infimmement une ressemblance avec Alasa tendit sa machoire à l’extrème et il lui sembla à travers ces quelques bribes de paroles que la roturière cernait toute à fait ce qui pouvait la toucher et un parfum d’odieuse conspiration frola ses lèvres et sa colère. Elle avait touché juste, la roturière, avec une telle facilité derrière son langage en ruine qu’elle se sentit démise, chancelante, le contact de ses cheveux lui déplu soudainement et elle chassa la mèche derrière son oreille dans une grimace qui indiquait clairement sa pensée. Ce pouvait-il qu’elle soit noble, cette fille terne ? Impossible. Impossible. Même si elle avait était condamné à plongé la tête la première dans la roture, elle aurait gardé au moins un substrat d’aristocratie, au moins quelques mots. Ciléa fit l‘effort de guetter la moindre trace qui puisse signifier l‘aristocratie, prise d‘une empathie soudaine et paniquée. On ne perdait pas tout en si peu de temps! Que serait-elle devenue , elle-même si elle avait continué à errer parmi les roturiers? Elle n’aurait pas tout perdu, évidement. L’idée de devenir un roturier à force d’en fréquenter le milieu lui vint en tête et la fit frémir avant qu’elle abandonne ses suppositions hasardeuses et retrouve entièrement ses esprits. Sil’Shima. Elle avait trop ressasser les noms des familles nobles, corrigé par l’œil perçant de sa mère, ou par une petite phrase acide de sa sœur pour ne pas les connaitre. Elle chercha dans ses souvenirs, tentant d’atténuer la colère qui montait en elle, la simple preuve qui confondrait la roturière. L’irritation lui embrumait l’esprit, quelle impudence aussi ! Se présenter ainsi avec à peine de quoi revendiquer le statut d’être humain et tenter à travers deux mots chancelants de se hausser à la hauteur de la noblesse. La flagrance du constat, le peu de crédibilité qu’on pouvait accorder à une telle affirmation insinua pourtant le doute, créant la frustration. Le nom lui vint enfin au lèvres, passant par le souvenirs d‘un de ses precepteur.L’apparition fugace d’un Ewall sans visage à coté d’elle, en train de jouer avec la plume qui allait dans quelque seconde entrainer la chute de son encrier. Souvenirs douloureux. Elle crut se rappeler des paroles exactes mais modéra ses prétentions en voyant dans la phrase ce qu’elle avait toujours perçu de ce professeur. Son imagination se chargeait sans embage de combler les fragments vides pour reconstituer une phrase, des pensées codées méthodiquement, accedant à l’humanité,.


« La noblesse vit un nouveau jour depuis la fin de l‘age noir , elle se refonde sur les vrais défenseurs de l’empire, les alliés de Merwyn et de l’Empereur. D’anciennes familles qui ne méritaient pas le titre de noble ont été totalement éradiqué, chassés de la cours. Faites moi l’honneur de m’écouter cette fois-ci, ce n’est pas le genre de chose que je répéterai. La famille Sil’ Shima par exemple… » Et l’encrier avait valsé par terre, interrompant une leçon qui ne se réitérait pas.

Elle avait sa preuve.

« Les Sil’Shima n’existent plus, roturière. »


Elle l’avait détaillé une fois encore, vaguement, tentant de dégoter une marque de noblesse sur ce corps, constatant surtout que la bague nageait maintenant dans la boue. Ultime provocation. Comment, connaissait-elle ce nom, presque oublié de la noblesse ? Et même en supposant qu’elle est servi un des dernier noble de la ligné, ou qu’elle eut ouïe parler de leur histoire, pourquoi une affirmation si grossière? Y avait-il derrière cette trainante indolence, un jeu qui tentait de la railler ? La bague tombée dans la boue tendait à confirmer cette hypothèse. Il était trop facile de supposer qu’elle ne plongerait pas les doigts dans ce cloaque informe pour récupérer la pierre.


«Tu resteras ce que tu es, inutiles d'écorcher des noms et de les salir de ton sourire mesquin. »


Même si tu avais été noble, je n’accepterais plus de te donner un tel nom. Il y a toujours un moyen de rester de se replacer dans sa caste, quelque sois le lieu, quelques soient les gens, les épreuves laisse le nom de noble à qui le mérite




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MessageSujet: Re: Les chevaux se cachent pour vomir. [Terminé]   Les chevaux se cachent pour vomir. [Terminé] Icon_minitimeMar 19 Juil 2011 - 4:57

[ /Didûm. ]


Il y a des points de non-retour, et d'autres. Le problème, c'est toujours de n'en rien pouvoir dire.

Il y aurait eu des cierges contre le velours des tapisseries, aux flammes bleues, comme des yeux volcaniques. Comme les yeux d'un moindre rang qui, bizarrement baissés, lui auraient quémandé une danse. Elle aurait concédé sa main; sur son bras mince, dont la blancheur clamerait la caste, les veines ressortiraient dans la touffeur du salon. Rigoles adolescentes, cousues à la peau vierge pour faire ressortir la couleur du S. Assorties à la robe d'un bleu flammèche, qui soulignerait sa taille, les longs cheveux limpides, sombres et doux comme ses yeux -tout aussi vifs. Il y aurait eu des mots, bien sûr, des mots et des regards, des mots pour des regards, par et à cause de. Une coïncidence du corps avec lui-même. La possibilité d'être quelqu'un, je veux dire, sans interférences, et d'assumer l'absurde. Des pas sur le tapis aux ongles de cigogne, des bas inconfortables rose et blancs et rouges. De l'inimaginable. Du crime propre. Un corps vacataire, mais précieux comme un cercueil. Surtout, une bande fine de tissu, le long des tempes, périmètre de cheveux parfumés, lourds, vendus. Pour cercler l'aisance, et signer un pacte aux flambeaux, qui laisserait une cicatrice au réveil, mince, couleur bandeau un peu serré, ligne chair, chirurgicale. Et ?
On peut divaguer, bien sûr; une pauvresse se serait écorchée aux ronces -non par vengeance, ni même par déterminisme. Selon son propre point de vue, elle aurait sombré. Elle serait devenue larcin, odeur, porosité. Il n'en resterait pas grand-chose, sauf peut-être « les yeux verts noyés de cheveux roux ». Elle aurait été sale, surtout. Jamais le Don ne serait venu irriguer ses synapses droguées, il aurait dormi longuement, pour l'éternité peut-être -s'il vient d'ailleurs, pourquoi serait-il périssable ? Elle n'aurait pas bourdonné, insecte aux yeux glauques, elle aurait sifflé, craché sur toute la gamme, comme un feulement sauvage qui monte d'un rien, qui se sert de sa gorge comme d'un sentier. A quatre pattes. Elle aurait rampé, la belle. Plus fière peut-être que son impunité actuelle ne pouvait l'être, du même orgueil farouche et imbécile -noble ?- qu'elle aurait pu lire dans les yeux d'Alasa, au fond, si elle ne s'était contentée d'y chercher craintivement son propre regard. Vert brillant savonneux, coruscant depuis, gorgé d'odeurs de flamme et de lueurs de tombe. Passéiste et circulaire; vert de vase.

Loin s'en fallait que l'une fut l'ombre portée de l'autre. Que Ciléa puisse voir à-travers le prisme de son terne alter ego ses vacillements Ril'Morienvaux, qu'elle lui serve bien malgré elle de vestige mirrorifique, soit. L'autre ne percevait ni l'antagonisme, ni la perspective parallèle; l'ironie, sans doute, et le tour du problème. La paranoïa y resterait, étendue comme un croc dans sa carcasse creuse. L'ex-corbac avait renoncé à croire qu'il existât d'autres intériorités que la sienne, sans que cela fut volontaire. Toute rencontre la fourvoyait; les autres incompréhensibles, illogiques, longueur d'ondes brouillée, parce qu'ils finissaient par agir comme s'ils pensaient -pire, ressentaient. Elle avait fait montre d'une sensibilité accrue, autrefois, celle qui permet d'appréhender le monde de manière immédiate. Le geste incontrôlé de la dessinatrice s'attardait, thésaurisable. On eut dit un fruit mûr. Une pomme d'or caduque des branches d'or. Insensible au faste, il fut gâché. N'importe; Neela Selyan aurait gagné à mieux enseigner le commerce des rictus.

Et quand le manteau disparaîtrait ? Dame, ton Don fut inespéré, mais tu voulais sans doute te moquer de nous. Il est de passage. Il y a peut-être un Don qui dort en moi, pour l'éternité. Qui vit indépendamment de moi. Il s'éloigne des mouches; il parcourt les chemins, sautillant, les quartiers broussailleux du non-lieu. Il puise aux aubes, s'arrête sur le bord d'une rivière -d'une rivière si claire ! Si claire qu'un ongle- et s'immisce à la rivière, sans même déchirer la surface, la déride et l'ondule. Il y a là l'asticot de minuit qui rôde en pellicule, il rentre dans ta bouche et se love à l'estomac, ce qui peut provoquer quelques complications. Le Don erre comme un vieil alexandrin, pieds nus le long de la route, laquelle a du mal à exister, mais tente. Il avance; l'ombre d'un lapin nargue. Ce n'est pas facile à saisir. Cela court vite pour signaler la potentialité impotente de matière. Donc, l'ombre s'évade. Lorsqu'il a avancé encore, il se retourne: l'ombre du lapin nargue. Lorsque les hommes quittent la route, ils viennent se réchauffer les pattes dans les ornières. Tu ne peux pas l'attraper. Et elle, qui laisse tomber sa bouche, c'est drôle, j'ai cru au mouvement de la pluie. Elle fait écho à sa capuche. Il suffit de compter, et le manteau disparaîtra. Nous avions vu une ombre soudain plus massive, sans comprendre, à cause de la pluie terne. A quoi te sert de cacher tes boucles ? Plus rien ne montre ta noblesse. Ton visage déformé est percé de rigoles, et je vois ton esprit qui circule, sous forme de vêtement, tu t'en habilles, il s'annihilera vide et la boue reviendra, les petites claques d'eau tiède, tu n'aimes pas, hein ? Il ne te sèche guère. Il y a sous ta parure une fille mouillée, aux joues noircies de fard. Tu sens le chien. N'est-il pas beau, ton pouvoir, lourd et bleu marine ? Petite cynocéphale parfumée -encensée. Bouge, ou je vais te prendre pour un bloc, une quelconque relique de la statuaire qui porte son suaire inaugural, lui est l'acmé ouvragé et toi le ciment qui coule, entre le monde et le monde -la flotte, quoi.

Alasa connaissait les mots mieux que personne. Elle les avait appris, oubliés, désappris, inconstamment cherchés. Ils l'avaient fuie, puis l'inverse. Les autres y évoluaient comme dans une boutique plus ou moins ordonnée, mettant un peu de ci avec ça, assaisonnant avec aisance, matériellement. Elle, elle était poète, voyez ? Elle se heurtait à leurs syllabes, les dénombrait, s'agrippait à leurs encoignures, dérapant souvent, touchait la surface, stagnait un moment dans l'entre-deux, à la limite de leur appréhension, évitait les ornements pour mieux creuser les ornières; ils claquaient dans sa tête en triolets scabreux, écrits, pensés ou dits, et dans ces courants d'air s'accrochaient à la moelle -essayez, il en restera. Et c'était ce quelque chose, ce résidus d'amas d'amphigouri qui s'étageait, pour ainsi dire, tout seul. Artisanalement. Elle était beaucoup de trucs peu vivants, mais là, une falaise rongée par une marée trop nette, qui en reste salée. Ils la structuraient, comme ils corrodent tout un chacun, mais pas pareil -évidemment. L'expression fut malheureuse: elle était leur poème. Bien mal foutu, certes. Pas si grinçant.

E-cor-cher ? Oh le beau. Mimétique et tout. Elle voyait bien qu'il y avait encore une histoire de langage à l'œuvre, d'ailleurs, ça l'agaçait, mais c'était gravé blanc sur noir dans la bouche de Ciléa. Qu'est-ce qu'elle connaissait au Verbe, cette fille ? La brune se raidit; elle n'avait plus franchement envie de sourire. Quel que fut le sens du babil prononcé, il sonnait point final. Pas qu'elle tienne particulièrement à remporter la discussion, mais l'idée qu'elle pût éveiller quelque condescendance chez la propriétaire de si jolies bouclettes lui déplaisait. Humeur d'autant plus lunatique que l'aristocrate n'avait cessé d'afficher son mépris -quant au malaise, à la faiblesse si évidente de Ciléa, elle ne sut, donc, pas en tirer parti.

Elle passa la manche qui avait le moins souffert sur son visage boueux, ce qui contribua tout d'abord à étaler ce que l'autre qualifierait sans doute volontiers de fard roturier. Au deuxième passage, l'univers lui devint plus visible; derrière son bras, une petite rancune. Ce fut alors que le cheval revint. Dada Crinoline, dont les crins pendaient, paraissait cyniquement honteux -mais peut-être son encolure baissée imposait-elle ce genre de conclusions. Au pas, sale jusqu'aux genoux, la robe tachetée de pluie, il semblait sorti des flaques comme un songe incubé, un golem suscité par quelques esquilles de Don qui seraient allé faire un tour loin des boucles blondes, profitant du temps mort. Il s'était déplacé silencieusement. On put deviner la surprise à ses naseaux frémissants, lorsqu'il perçut les deux humaines, à croire que ses sens laissaient à désirer. L'innocent ronfla, presque imperceptiblement, et s'approcha, de biais. Son poitrail portait la signature du bois défoncé. Alasa n'avait pas attendu la présentation des estafilades pour reculer vers le mur, et donc vers Ciléa. Les muscles de son cou étaient tendus comme les oreilles de la bête, qui, sous le poids des deux regards hostiles, infléchit sa trajectoire. Il chut presque dans un trot en captant un mouvement de cape, sans doute terrifiant. Sans tourner la tête, elle pouvait suivre la croupe grise dodeliner au coin du bâtiment, une espèce de requin qui serait venu divaguer à leurs flancs. Et ces naseaux dilatés par l'odeur du sang ! Ou pourquoi la mer-fange n'avait rien de si bleu; Ciléa, noble et mesquine, luisait de sa couleur, interdisant quiconque de la revendiquer. Fort bien. Sous son sanglant manteau, les boucles bouclaient, mandragores crespelées au cri.. vert, n'est-ce pas ? L'onde bleue du don sur la chevelure blonde, en transparence. La brune s'était reculée précipitamment, vers la droite, cette fois, parce que le Dessin sait faire preuve de mordant et que l'aristocrate n'aurait sans doute pas considéré sa proximité comme une bénédiction. Et si la bestiole revenait ? D'un galop haché, il pourrait, il il pourrait.

Évitant les yeux verts comme des bulbes d'ombre aveuglante, ceux d'Alasa filaient sans rien accrocher, trahissant finalement l'hésitation. Le manteau suçait la boue, lui. A moins que ce ne soient les chevilles bien dessinées qui se collaient ridiculement au vent, même pas sculptées parmi les plis océan. La douceur encombrante du tissu rivalisait avec celle, plus organique, de la terre -plus gluante, plus crade. Vision sans doute déplacée. Que fichait-elle ici ? Les épaules marquées par le poids de la glaise se tendirent visiblement, et donc d'une autre façon, puis le corps suivit, catabatique, vers cette mouvance qui déjà engloutissait la gemme. En s'affirmant noble, elle avait pris leur corps en otage et espéra vaguement, lorsque ses doigts se resserrèrent sur l'anneau, qu'il restait un soupçon de doute à l'autre, et que c'était un peu les doigts blonds qui s'avilissaient avec elle. Debout; puis sur la manche, encore, sublimer la pierre presque brillante, sans la rendre, ce serait insultant, maintenant. Toujours incertaine et fuyante, elle eut cette torsion de l'épaule. Comme c'est souvent le cas dans les écuries, le bâtiment avait une porte sur chaque façade; à choisir, elle préférait affronter l'or que la crinoline. Elle la contourna, à distance respectueuse, pour que le flot d'esprit ne fut pas taché. Le panneau s'effaça sans protester -depuis la dernière bataille et l'incendie, on ne faisait plus tellement jouer les serrures loin du bureau de l'Intendant. Il faisait sombre, un peu, parce que la toiture avait mieux résisté de ce côté-là, les effluves d'excréments s'inclinaient face aux senteurs de flammes. Celles-ci diffusaient leur obsolescence sur toute la longueur du mot, et avec sa sournoiserie sensuelle. Alasa fit quelques pas sur la pierre puis s'arrêta, bien consciente que ce lieu n'était pas de ceux qu'honorait la Ril'Morienval. Il avait cependant l'avantage d'être sec. Elle se détourna enfin et parvint à s'emparer du regard propre, du moins lui sembla-t'il, sous le capuchon. Ses lèvres réprimèrent le mouvement trépidant que leur avait intimé le menton, celui de chercher ses mots. Elle cousit la plaie de sa bouche avec résignation, ou quelque chose comme la sentence ciléenne du « tu resteras ce que tu es » -définitif. Laquelle aurait sans doute été crédible -non prononcée. A la place, ce fut un mouvement de la tête, servile, vers la rangée de stalles, un sursaut convulsif dans la rangée de doigts qui triturait la bague. Un regard d'aveu et de mise à l'épreuve: toi, la belle, la puissante, avec tes vers de Don à la gueule de S, tu n'aurais pas peur d'une roturière muette ? Puis ici c'est les lieux du crime, puis ma botte poisseuse trébuche au passage sur un brandon ardent qui de noir s'est éteint, et il noircit le sol. Je ne vais plus me retourner, reste sous ton capuchon stérile si ça te chante, étale comme ton pouvoir ta couardise de noble en n'allant pas au bout de ton mépris. Là, il fait plus clair, mais il pleut dedans, sauf sous les combles. Les deux chevaux piaffent; la porte défoncée grince ou bée. Cette poutre s'est écroulée il n'y a pas si longtemps, et là, dans la stalle vide -sans vérifier, toujours, elle se mit à fixer, avec une insistance exagérée, les sinusoïdes ignées, sur le mur. Sa main s'était calmée autour du bijou, et, le jugeant presque propre, elle le déposa doucement sur un rebord. A portée de Don. Toi, où que tu restes, garde ton pur esprit, de peur que les flavescences de tes aristocratiques poils ne rappellent les murs à leur bûcher.


Ciléa Ril'Morienval
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MessageSujet: Re: Les chevaux se cachent pour vomir. [Terminé]   Les chevaux se cachent pour vomir. [Terminé] Icon_minitimeJeu 27 Oct 2011 - 23:13

Il était impressionnant, ce corps, malgré sa nature roturière. Si bien grand et maigre qu’on aurait pu en détailler chaque tension, chaque veine sinueuse, qui tentait désespérément de se rapprocher de la surface , chaque nerf qui brulait sous la peau, chaque os qu’on devinait cassant et menacé à force de transparaitre. Malgré cette constitution qui rendait avide de percer cette enveloppe physique pour pénétrer plus essentiellement, les yeux restaient désespérément vides, loin de tout, un peu dérivant sans pourtant qu’ils donnent l’impression de se mouvoir seulement au hasard des images. L’autre avait l’air maitre d’elle-même. Un peu . Même dans sa servitude feinte , elle n’agissait pas comme le pantin qu’on colle à la terre, elle choisissait avec l‘orgueil d‘avoir de ce privilège de s‘abaisser lentement devant la jeune noble, C’est bien tout ce que Ciléa aurait pu dire de la roturière. Le manque d’intêret de l’aristocrate pour cette fille primitive d’aspect, jouait surement un rôle , mais eut-elle cherché à en savoir plus, l’absence de paroles comme de regards n’aurait pu la renseigner sur les pensées de son interlocutrice d’un mot.

Le cheval passa, silhouette fondante d’un décors de ruine ou elle seule ressortait véritablement. Il avait l’allure du lieu mais sa vue n’altéra pas l’expression de Ciléa. Un léger froncement de sourcil peut-être, de ceux imperceptibles pour une personne étrangère mais qui pouvait aisément s’interpréter pour une connaissance -quoique le cercle de connaissance de Ciléa Ril’Morienval se soit considérablement réduit depuis la mort de Maya.-. Elle songea à elle-même, encore, plaisir intense de l’égocentrisme dont elle jouissait tant sans jamais se lasser. Son souvenir s’ arreta sur la répulsion qu’elle éprouvait, petite fille devant la saleté et le sang. Si la saleté venait toujours lui arracher, à défaut d’une grimace, une pensée dégoutée, sa vision du sang, depuis qu’elle avait trempé les pieds dans la mare que l’Académie nourrissait chaque année s’était dépassionnée. Peu à peu, elle avait appris à le fréquenter, le sang, à connaitre son odeur et sa couleur poignante pour la rendre familière. Et puis elle l’avait côtoyé de pres ensuite, en ne l’évitant plus systématiquement. A bien y penser c’était presque fascinant scientifiquement de voir tout cet interieur sortir de ses limites et matérialiser vulgairement la sacro-sainte intériorité de l’homme. En fait non, c’était répugnant, et bien peu une pensée de Ril’Morienval.

Mais la bête (lechevalpasAlasa) n’était pas seulement sanglant. Il était sale aussi et cela donnait au spectacle un tour trop roturier pour que l’aristocrate blonde ne se méfie pas . Sa belle robe de princesse avait été salie, et la crasse se mêlait visiblement à la pureté du liquide rouge .C’est un peu comme l’assassinat d’un vulgaire pensa Ciléa . Parce que l’assassinat donnait une pureté à la victime que gâchait un statut d’homme du peuple. Mais elle s’arreta sur ses divagations sur un mouvement de l’autre, qui malgré une volonté visible de contrôle et de lenteur, ne pouvait oter à ses gestes leur tranchant . Il fallait qu’elle garde un œil sur cet animal presque imprévisible.

Elle bougeait, et ses yeux exprimèrent soudain quelque chose, comme un dernier zeste d’humanité , à moins qu’il s’agisse d’une farouche lueue animale. Mais non, il s’agissait bien de cette faiblesse humaine, revérente expression du serviteur au superieur.L’autre la priait de rentrer dans l’écurie pour avoir l’honneur de voir sa peau blanche frôlait un objet que la roturière avait touché. Ses bottes commençaient à prendre la marque de la terre humide, le velours à se détremper et elle sentait son dessin se retirer vers son origine. Sans que la necessité soit clairement invoquée dans ses gestes, elle se dirigea vers le box, écarta le panneau d’une main pleine de retenue et pénétra, impériale sous cet abris à chevaux.

Puis elle daigna tourner l’autre vers l’autre pour vérifier discrètement la teneur de ses intentions. Le regard qui s’était animé pendant quelques secondes sous l’absence de mots, sembla reprendre un point initial d’inertie qui lui déplu largement.

« Merci fit-elle et frustrée de cette indifférence vexante, elle fit du mot la pointe d’un lien. Elle brandit ses yeux verts, acides, et tenta de briser l’étrange aquarium ou évoluait le regard d’Alasa pour l’accabler de sa prestance. Elle n’y parvint pas, sans pour autant rennoncer à fixer l’autre. Comprends que je ne peux pas laisser les bagues du Seigneur Jil’Hildwin sortir de l’enceinte, elles deviendraient la source d’un odieu traffic qui pourrait ternir l’image de l’académie. »


Alors que dans un froissement bleuté sa cape disparue enfin, elle se détourna un peu trop sèchement pour fixer son regard sur l’objet de sa requète. La bague entamait un arrondit autour d’une aspérité de la roche et le bronze continuait sa course dans les cendres gisantes. Ciléa, sans se pencher, se saisit de l’anneau entre le pouce et l’index, le porta jusqu’à ces yeux et se l’appropriant, le fit tourner plusieurs fois, comme pour vérifier qu’elle n’était pas abusée par quelques dessins. Un mouchoir apparu dans sa main gauche et elle essuya sa possession en quelques applications de lin blanc appuyé, qui fit briller le bronze. Le mouchoir teinté de cendre disparut et satisfaite, elle rangea la bague dans une bourse en cuir qui pendait à sa ceinture . Ultime provocation


« La négligence de cette Lotra était certainement répréhensible mais contrairement à toi, elle est familière à l’académie. Que fais tu ici ? à roder autour des chevaux blessés et des étudiantes infirmes? Parle donc, s’il y a quelque chose que tu cherches dans ces lieux, je suis surement la mieux placée pour t’aider à la trouver.

Le sourire était pale, peu convaincant mais elle sentait les progrès s’insinuer dans sa voix. Faire sentir toute l’illusoire protection que tu peux tirer de moi, si tu reste dans mon sens, tout ce qui après cette démonstration violente de mon pouvoir t’expose mon coté versatile. Et bien parle, donne moi de toi ce que je veux au lieu de rester prostrée dans ton silence. Que représentes tu dans la vie de l'ombre Gwendalavirienne? Es-tu une simple maraudeuse en quête de pain, te réfères-tu à une bande organisée, une petit groupe de kleptomanes à Al-Poll. Ou as tu une âme plus impliquée? Le chaos, l'Eclipse, pourquoi pas. Ce serait là un comble.

L’idée lui vint soudain qu’elle pouvait être muette, déficiente, avec une impossibilité de s’exprimer ou avoir la langue coupée, être à peine capable de baragouiner quelques mot. Et bien ces gens là faisaient de parfaits serviteurs, dévoués car rejetés du reste de la société, privés du pouvoir de la révélation, autant d'argument qui la poussait à faire semblant de s’intéresser à cette fille toute faite de cendre et de bois clair.


[ flower Voilà ta réponse, petite fleur bleue.]


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MessageSujet: Re: Les chevaux se cachent pour vomir. [Terminé]   Les chevaux se cachent pour vomir. [Terminé] Icon_minitimeMar 21 Fév 2012 - 2:08

[Avec un essaim d’abeilles / Et jeter la clé Lala]


Que cesse ! Tue ! Et l'air, sous tes corolles de blonde, amener du crin ! Les mouches grimpent le long de tes longs pour te grignoter, une à chaque ongle, la tendresse toute empressée de cette peau sous clé. Mais ! Tu vacilles s'elles bourdonnent, tournent ta gravité décentrée pour clore enfin. C'est le bois qui t'affamerait la tête, bois, charbon, bois, Don -mais que cesse ! Dans chaque filament de chaque cheveu blond se terre mille-océans, l'être plus à même de clarifier, de hanter ces lieux bizarrement dépris de tous leurs sorts. Tu cèdes -comme s'il fallait fixer ailleurs vers autre chose, qu'imaginer autre chose de cette martyr, de ce marbre, enfin sa peau -sa peau ! Tu la cèdes et la rejettes, c'est généreux, te dévêts en silence pour exhiber -est-ce exhiber ! - le bleu de ta viande, tes courbes intérieures nuancées et brûlantes, plus vivantes qu'à leur tour, si bien dessinées qu'on s'imprime une crainte vague. Désentraillée ! Courbaturée d'être équarrie, ils ne prennent pas honte du tissu qui s'estompe, du manteau qui s'estompe, ta chair en personne -mais tue ! C'est par politesse que je t'exhorte, te dissèque avec l'intensité qu'on exhile, c'est tes absences en creux qui se néantifient. Sous tes flots je respire, ilote et triomphante, qui n'a rien vu des signes sur le mur. Tu les aurais compris -ils ne voulaient rien dire. Mais que t'emporte ! Ce sont les battements de ta lèvre qui contusionnent l'air dense, comme tu réquisitionnes, comme tu as l'air dense -on ne te permet guère. Ce maudit tribunal au chevet de tes airs, que si n'en sait trop mal, carne imbibée au clair ? Tu-

Non.

La situation s'attardait. Il devenait franchement ridicule de se complaire dans ce rôle presque enfantin d'erreur de la nature, de mauvais spectateur au balcon nobiliaire. Lorsque la colère, tout aussi puérile, de comprendre aussi peu qu'elle se faisait comprendre, se dissipa, Alasa fut parcourue d'un éclair immobile, né de la soudaineté même de cette abdication. Du vertige ainsi suscité, il y aurait peu de choses à dire: comme elle penchait vers le vide, il l'électrocuta. Il nagea par les veines, incongrûment léger, porté par mille-mers, particules de poiscailles argentées, neutres, qu'un frisson omineux distordait, cependant. Elle se méfiait, la belle, à tort, de ces hasards distraits qui vous nient. Ses iris pas mûrs le clamaient, peut-être étaient-ils une marque suffisante de sa sollicitude. On se noyait sur l'ovale du menton, pour n' y rien chercher d'autre que les convulsions qui le déformaient -et d'envisager une certaine pitié à l'égard de cet être, dont le babillage semblait signifier par inadvertance. Comme une consécration, on gomma le dessin. Qui n'avait, bien entendu, jamais existé. Nue autant qu'elle pouvait l'être, la blonde s'improvisait orfèvre, roucoulait, caressait tendineusement ce qui d'enjeu d'orgueil n'était plus même un piège, piètre démonstration de quoi à ne pas passer au doigt, ni au cou; hissait le drapeau blanc. Alasa avait la mémoire courte, ou la rancune tenace. Aucune arrière-pensée pour l'heure. Il lui paraissait percevoir quelque chose comme une victoire, une affirmation tranquille. Conclusion fort engageante signée d'yeux qui ne se tournaient pas encore, faussement concentrés, peut-être, sur la gemme. Elle empilait des sons comme autant d'entraves -et le discours se complexifiait, il s'écoutait parler, elle guettait. Un second éclair la traversa, empreinte factice du premier.

Non, rien de provisoire.

Elle tomba dans le mouvement comme dans un piège. Son corps jusqu'alors presque immobile bascula, bifurqua au dernier moment en un coup aussi violent que proditoire, à la faveur du flot que Ciléa n'interrompit pas à temps. Les mains battaient tout juste au bord de la ceinture. Il lui fut donné encore d'expérimenter la chute, à l'autre bout du vide, les fruits insipides qui rendent blanches les demoiselles. Mais cette fois, alors que les boucles fières osaient toucher la paille, une vaine adrénaline lui corrodait les nerfs; elle battit spasmodiquement la litière, une fois, à la recherche de la sacoche où dormait le poignard, capta le tracé de la lanière de cuir, sous l'épaule de son hôte. Vite, ses doigts tâtonnèrent et se scellèrent sur un éclat boisé. Peut-être quelque chose d'immatériel siffla près de ses épaules soudain épileptiques, mais tout était si vif, il eut fallu viser. Elle disposait de ses propres ressources et se les réappropriait, rédimant l'humiliation alors ignorée qu'une aveugle lui avait fait subir. Serpentant autour des hanches, elle roula de côté, son vide étrange battant avec l'artère en un amas de peur animale encore inconsciente. Nulle passion ne la tiraillait lorsqu'elle frappa, à deux reprises, la cuisse, quelques centimètres au-dessus de l'articulation. Sa rétine enregistra la plaie dans le tissu, ses doigts purent sentir la chair s'effilocher -mais elle n'avait pas le loisir d'y rester. Ni celui de frapper à nouveau, de frapper mieux -elle imita la veine ouverte dans sa fuite, se recroquevilla sur ses cervicales. Son bras chercha dans l'air le chemin du poignard, renonça, lâcha l'arme improvisée. L'un des chevaux hennit, comique rappel de son statut décoratif. Ce n'était que le glas.

Tue ! Il fallait toujours que cela finisse ainsi, parodique vengeance parée de tous les attraits du mécanique, qu'on devait mener à bien, mais qui lui laissait cette fois un goût symbolique, malgré le silence qui déjà se consumait dans l'adrénaline. Qu'elle faisait bien le hasard distrait ! Elle fuit, presque en rampant, pour ne pas perdre de précieuses secondes à s'élever. Des frôlements claquaient là où s'attardait son ombre, sauvage élégie d'un cyclope aveuglé, du moins lui semblait-il -elle ne ferait pas volte-face; ça battait près des tempes ou ailleurs, férocement, condensé de joie et d'effroi funeste, que son vide saisissait en s'étonnant. Elle happa à la volée le dernier virage, si hâtive que la porte la refusa -elle crut se briser le poignet gauche lorsque l'os lança la première note d'une symphonie funèbre. Mais, une fois dehors, nul S ne l'empêcha de continuer sa course. Elle se souvint d'avoir en détalant offert à la noble un spasme en pleines côtes -sa propre cage thoracique la brûlait, son crâne ardait voracement suite aux efforts commis. Ses jambes persistèrent. Elle tomba à genoux quelques mètres plus loin, tout aussi brutalement qu'elle avait chu dans l'attaque.

Le poignard, les vivres, les habits -jolie trinité si commode à la vie; tout était resté là-bas, sous la petite tête noble et boueuse de Ciléa. Au milieu des points noirs qui lui mouchaient la cervelle, Alasa jurait, à la limite d'ailleurs fine entre imprécations et promesse: il n'était pas question de s'offrir une mort si facilement stupide. Il était également inenvisageable de remettre les pieds dans ce lieux, où des cris équins la feraient trembler, de quoi exactement, où l'uniforme académicien qui la couvrait encore avait un jour été propre, où -elle leva péniblement la tête. A travers la trame d'une mèche coagulée, elle crut voir le toit en flammes, quand c'était le vent qui épurait les poutres mises à nu. Les fixa sans crainte, tâchant de mettre un nom sur ce qu'elle avait laissé là-bas, au creux de l'incendie. Quelque chose qui expliquerait cette gêne au poignet gauche. Lentement, comme sous l'emprise d'une évidence depuis longtemps dérobée, elle glissa la main sous ses frusques -si neuves !- et effectua ce geste obsessif qu'elle avait oublié. La couture grossière de la cicatrice ne lui octroya rien. Il n'y avait, dans l'usine à bluettes, ni fumée ni feu.

Encore, un frisson cette fois dû à la pluie qui portait sur son crâne affaibli la transperça. Elle aurait mordu la faim comme elle la mordait, si elle ne s'était attendue à la ressentir de nouveau. Mais elle était, pour l'heure, rassasiée, reposée, à peine boueuse. Bien sûr, un couteau -ça se retrouve. Le dessin sans pudeur, n'être pas de taille. Puis l'évidence s'imposa: elle ne pouvait pas rester. A savoir, maintenant. Elle chercha vaguement la mémoire des yeux verts, qu'ils ne soient que ça, qu'elle ne méprisait même pas, les déclassa vaguement. Il y avait eu certaine prévoyance; et bien, il n'y en avait plus.

Ce fut: debout, et hop, loin des vieux murs, de ce maudit tribunal au chevet d'un désert.


Ciléa Ril'Morienval
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MessageSujet: Re: Les chevaux se cachent pour vomir. [Terminé]   Les chevaux se cachent pour vomir. [Terminé] Icon_minitimeVen 4 Mai 2012 - 11:53


Pour s’éviter de chuter, ce fut plutôt le monde qui s’éboula autour d’elle, se renversa sous cet imprévisible contretemps.

La silhouette coula, et sans qu’elle pu réagir, on vint la cueillir au flanc. Déjà, alors qu’elle se contorsionnait , prise du besoin irrationnel de saisir ses cotes blessées, la paille instable trahie ses appuis, ses pieds glissèrent et son corps chavira vers les confins de la mer jaune. Mouvement vague, hésitant pour repousser la créature. Sans conviction, puisque au fond d‘un autre dimension, son esprit suivait les cordes usées, d‘une réussite indéfectible . Qu’elle croyait indéfectible: Le sol était matelassé de paille humide, maculé de boue, pourtant le choc fit jaillir son esprit de la spirale, et douleur, cri entre les dents quand elle sentit un coup sur son genou gauche.

Déjà la douceur du liquide et le creux dans sa peau venait tacher l’idée du surhumain .

Et sentir l’autre, en contact presque constant avec elle, froler, puis toucher, avec un précision insoupçonnée pour ce grand corps boiteux. Une deuxième fois, ses propres mains se jette vainement à affut de la la silhouette qui vibre et se dissous dans la vitesse , alors que les orbites captent ses fluctuence et qu’elle est là, tout prêt, imprévisible, frollant quelquefois ou enfonçant d’autres, sans que jamais l'assené ne choisisse le contact. Pire,on la la faisait flancher au rythme des coups, comme mue par les seules velléités de cette marionnette sèche. Tu n'es, semblait dire les genoux khagneux et les os tranchant, tu n'es qu’un enemble filandreux, qui résonne comme une toile, toi qui te plie quand je touche ton flanc, pantin de soie, poupée de marbre mou, animal nerveux . S'acharner à me faire comprendre combien tu as le dessus, ici. Comment pourrais-je ignorer l'affront, maintenant ? . Et le genoux, intacte depuis si longtemps, que de mémoire, personne n‘avait encore osait éffleurer . Elle sentit les larmes de douleurs lui monter aux yeux, instinctivement, sans qu’elle puisse les ravaler, fierté d'étouffer au fond de sa gorge, -au prix de sa lèvre- le cri qui aurait du franchir la barrière.

Gouttes d’eau dissolues sur ses yeux jaunes, puisqu’une nouvelle fois, la Spirale vint à elle , ou était ce elle qui réussit à la trouver ?Il ne sera pas dit que mon éloquence tombe à la merci de quelque vilénie d’une guenille humaine . Spires venez à moi, ma stature n’avait que la force d’être admirée, et mon detestable petit corps se compose seulement de coutumes et de paroles bien ajustées. Il ne me reste que vous. Facilement, guidée par cette colère qui déchirait les Spires et teintait l'imagination d'une étrange couleur rouge, elle trouva les liens, petits serpents , petites vaguelettes, laches et serrés . et une seule idée en tête : Arracher cette chose à la mobilité, , une nouvelle fois, la coller à la terre, l’humilier, et trouver à sa conduite une conclusion bien cruelle. Mais l'autre bougeait trop et le mouvement était ennemi du dessinateur, le savait-elle pertinemment pour opposer une résistance si appropriée ? Impulsion réfléchie ou instinct de survie : Déjà, l'autre bondissait vers la porte.

L’oiseau à la pate brisée avait échapper au filet, elle n'entendait même plus ses pas suintant la boue. .Se relevant, et s’appuyant, pour calmer sa respiration, sur un débris de cette grange en cendre, elle repoussa l’idée de partir à sa poursuite. Ragese, elle évinça aussi un pas sur le coté : elle ne connaissait pas la destination de l'étrangère . Et de toute façon, Pouvait elle sortir, comme cela, échevelée, les genoux en sang, la robe tachée de paille mouillée . Et ces cheveux, ces pauvres cheveux, déjà rendu humide par la moiteur de atmosphère, en quel pitoyable étart les avait on mis : les boucles avait perdus leurs immuables impulsions hélicoïdales, crépues par la boue, par l'eau et par la paille qui se mêlait à l'or en remous désordonnés.

Sur ses joues, le far avait coulé.

Le craquement du bois sous sa main, manque de la faire trébucher une nouvelle fois. Avec humeur, elle jette le bout de cendre qui lui reste dans les doigts.

Un éclat dans la paille terne, tout prêt du morceau de planche échoué, attire son regard. Elle se baisse, cueille le fourreau, l’observe un moment puis en sort la lame, maladroite, les mains encore tremblante d'impuissance . Elle ne peut juger la valeur guerrière de l'arme , mais ses yeux savent apprécier les sculptures sur le manches, et surtout les reflets irrisés. de la perle violette : Elle payera l’impudence, cette roturière noble, elle payera…Et le poignard est une rente trop maigre pour qu’elle s’en contente, un bon appas, sans doute, rien de plus . Soupesant le couteau, avec un professionnalisme qu'elle ne possède pas, elle mesure combien il serait pitoyable de s‘attarder sur le cas de cette roturère. il ne s’agit pas de vengeance non, la vengeance est affaire d’individu du même sang -et toute noble que tu te prétends être, notre sang n'a pas le même bleu- … seulement d’une punition pour l’insolence. Elle peut prévenir l'intendant, interdire à cette mendiante l'accès à l'école, mettre le monde à sa poursuite , en ce temps ou les soupsons pèsent lourd, pour s'en être pris à elle, fervente servante de l'Harmonie.

L’éloquence demise, elle époussette ses vêtements, passe sa main dans ses cheveux pour rendre à sa coiffure une allure plus convenable. Et ce sang qui commence à descendre sur le long de sa jambe, son propre sang, elle qui avait connu jusqu'ici celui des autres. L’Équidé hennit une nouvelle fois -sous sa crinière rougeatre,, il rit sans doute-.

Un coup de vent violent vient souffler la cendre et l’eau dans ses mèches et dans ses robes, même son visage reçoit des cristeaux de suie. Elle tousse . Poussière noire dans ses cheveux, poussière noire sous ses ongles , poussière, envahissante poussière de cadavres organiques. Poussière, je t’accablerait de chaux, que tu ne pourra t’en dépêtrer et faire valoir ta noirceur . La prochaine fois.

Qu’importe l'intendant, si je partage mon fardeau au monde, elle disparaitra, et l’important reste de la retrouver. Tu me le payera par mille fois, par dix mille, prétendue.. Sil’Shimaï. Pour ma douleur, et la splendeur de ms mêches d'or, et surtout pour avoir démenti ma superbe, avoir fait avorter mes beaux discours . Bien bas, de t'abaisser à te rappeler d'une mendiante qui t'a déjà oubliée. Vengeance alors , mais vengeance froide et prudente, loin de la rancoeur d'avant mon arrivée ici . Promesse de l'instant propice .

Soupir et claquement sec . La disparition fait vibrer la paille et la lanière de la sacoche gisante.


--------------------
Ajout qui sert à rien > Perspective du :albino:

Elle éternua une seconde fois, tout en cherchant de quel coté de l’arbre elle serait le moins trempée et en se répétant que l’attente était une position pitoyable . Elle était restée ici dans la ferme intention de cueillir la roturière à la sortie pour lui demander des explications mais maintenant, rincée, calmée, il lui semblait plus logique d’aller s’emmitoufler dans les draps de son lits chez Felixia et de s’endormir péniblement, après cet entrainement éreintant. D’un autre coté, elle tremblait pour la fille. C’était de sa faute, non, si l’aristocrate blonde lui avait mis la main dessus ? Et qui sait ce que cette idiote à bouclette pouvait lui faire subir pour les minuscules goutelettes de boues au bas de ses vetements ? Elle avait bien pensé courir à sa rescousse, un moment, puis elle avait songé aux conséquences, trop imprévisibles, et puis à l’humiliation de départ . Elle avait voulu se montrer gentille, attentionnée et elle avait récoltée les fruits de sa naïveté. Pas question de recommencer ici.

C’est donc en tournant autour du tronc d’arbre, en attendant d’éventuels cris qui précipiteraient son choix qu’elle s’était placée en sentinelle, incapable de prendre une décision.

Soudain des pas dans la boue, c’est l’autre ; elle reconnait son pas claudiquant et la longueur de ses enjambements.


« Eh, attends » appelle t’elle d’une voix couverte par une rafale de vent.

Il faut croire que jamais on ne l’écoutera puisque l’autre continue sa course sans même se soucier d’elle. Ses pas s’éloignent et se perdent entre les bourrasques et le bruit de la pluie qui s’intensifie. Elle court diablement vite, tout de même. La noble ne va sans doute pas tarder à débouler derrière . Lohan se blottit derrière le tronc dégoulinant de sève et d’eau - tant pis pour l'uniforme, mieux vaut ne pas être vu -et attends la suite du spectacle .

Qui ne vient pas. Le craquement dans son esprit n’a aucune signification. Mais le battement d’une porte, et des pas, tout de même , clapotants dans la boue. Le souffle chaud et haletant qui vient jusqu'à l'aveugle. L'aristocrate blonde en saurait-elle réduite à marcher sur quatre pattes ?

Un dernier hennissement transperce les gouttes, la monture enfin libre part en trot cadencé.


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Les chevaux se cachent pour vomir. [Terminé]
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