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 Un retour discret, parce que les chevaux ça va bien 5 minutes... (RP terminé)

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Anaïel
Anaïel

Marchombre
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MessageSujet: Un retour discret, parce que les chevaux ça va bien 5 minutes... (RP terminé)   Un retour discret, parce que les chevaux ça va bien 5 minutes... (RP terminé) Icon_minitimeLun 17 Aoû 2009 - 17:07

La nuit s'étirait enfin, tissant sa toile cobalt dans un ciel auréolé d'une absence parfaite de nuages. Les étoiles, une à unes, comme de petits clin d'œil, s'allumaient, piquetant la voute céleste de leur éclat froid et cristallin. Oui, c'était une belle nuis qui se levait, alors qu'a peine à l'horizon disparaissait le liserais lumineux du crépuscule. Une belle nuit sans lune, et le vent qui agitais les herbes, électrisant l'air de sa mélodie aride et douce, comme un parchemin de velours sur un cœur de granit. Une mélodie magique et sinistre, celle de l'élément incontrôlable et si lunatique qu'est le vent, que sont les l'air et les cieux. L'Académie se profilait au loin, masse sombre enracinée dans la terre aride du plateau, ses tours s'élançant avec un panache tout Merwynien à l'assaut des ténèbres et des étoiles, le parc faisant office d'huitre pour protéger la perle composée de roche et de cristal.

Elle s'était arrêtée. Les bras le long du corps, légèrement penchée en avant, le menton dressé face au ciel, Savourant du bout de la langue la saveur de cette nuit de renouveau, de cette nuit où enfin elle pouvait revenir sur les traces de son adolescence, sur les trace de son joyeau de piste d'envol. Elle avait à présent 18 ans. Bientôt deux ans plus tôt, elle avait quitté l'Académie, afin de réaliser son rêve, puis elle était revenue pour retrouver son maître, pour repartir à sa recherche dans l'empire. L'échec était cuisant, mais le fait de revenir à l'Académie avait gommé son sentiment de frustration comme un coup de vent sur une pellicule de poussière. Le ciel l'appelait, le monde, tout l'univers à portée de regard et de voix, elle avait cherché à se construire, à se stabiliser dans ses étranges pulsions, apprivoisant ce qui lui servait d'humanité afin de ne plus disjoncter face à un humain. Elle s'était également entrainer à se servir de sa greffe, son cadeau tombé du ciel, afin de pouvoir l'utiliser en toute circonstance, cherchant tous ses avantages et ses faiblesse afin de ne plus être prise au dépourvue. Mais cela faisait maintenant 3 mois qu'elle n'avait plus croiser d'êtres humains, Faêls ou même Raï. Et malgré la préoccupation que cela engendrait dans son cœur, celui-ci ne pulsait qu'au son mélodieux du granit de sa première maison, de son premier perchoir.

Le ciel était limpide, et elle était revenue.

Anaïel avait rencontré Marlyn durant ses pérégrination, elles s'étaient ensuite séparée rapidement non sans avoir échangé quelques mots acides et violents. Elle était enfant du chaos, désormais, et malgré le respect que la marchombre éprouvait pour l'Académie et ses représentants, elle savait que la mercenaire n'affabulait pas sur toute la ligne. Il s'était passé des choses, de sombres desseins se tramaient dans l'ombre des lourdes portes de chênes, foisonnant sous les pavés polis, tissant leurs toiles acide aux creux des poutres et des murs. Etait-ce toujours le cas ?

La jeune marchombre se remit doucement en marche. Le parc offait de multiples cachettes, les arbres s'élançant le long du chemin, bien qu'éparses, assombrissaient le sol de leur feuillage dense, sans compter les buissons et colinettes en tout genre qui foisonnaient comme les champignons dont Merwyn était si friand. Un univers cosmopolite, théâtre de ses premiers entrainements, de ses premières expériences, grouillant d'animaux de tout poil... Tien, d'ailleurs, où étaient-ils passés ? Aucun bruit ne venait troubler le silence nocturne, si ce n'est le doux sifflement du vent, aucun bruissement d'insecte, de prédateur, pas le moindre hululement, piaillement, caquètement, ne se faisait entendre. Anaïel s'arrêta derechef, un soupçon d'inquiétude colorant insidieusement sa joie première.

Immobile entre un hêtre majestueux et un érable à l'aspect maladif, elle écoutait le vent. Les yeux fermer, les paumes levées vers le ciel, le monde s'ouvrait sous ses doigts.

Une mélodie composait chaque élément de l'univers, de la plus petite pierre à la plus imposante des montagne. Le monde était un ensemble complexe d'arpèges aux étranges sonorités, ces sonorités que les marchombres avaient commencée à effleurer d'une lacunaire compréhension. "Ils ont tous oublié, oubliés comme le monde est tissé d'harmonie, de chaos aussi, et comme cet enchevêtrement inexplicable est ainsi complexe et insaisissable. Je t'ai au bout des doigts, mon monde, mon ciel, mes étoiles, et ça me brûle le cœur d'une compréhension interdite, d'un don monstrueux de majesté." L'Académie ne semblait pas s'être rapprochée, et pourtant la jeune femme en avait une perception grandissante alors que croissait sa concentration. Vibrant sur ses paumes, la brise lui soufflait des étranges remugles, d'hétéroclites saveurs, qu'elle ne connaissait pas au bâtiment. Ces ondes, c'étaient celles des jauges d'un palais, la surface croulait sous l'or et la fatuité, la bonne nourriture, et l'espièglerie des bonnes âmes, tandis qu'au fond des geôles noires de crasse et de douleur, croupissaient d'autres humains, rendus bestiaux par la violence et la torture.

Camouflée sous un édredon de soie, l'Académie était en feu.

Cette évidence ne s'imposa pas tout de suite à la conscience de la marchombre, la voix du vent ne formaient pas de phrase, n'alignait ni logique ni aucune forme de compréhension, c'était une saveur qui collait à la peau et dont il fallait examiner la teneur. Anaïel sentit son échine se hérisser. La nuit lui paraissait maintenant le théâtre de sombre évènement, l'Académie le siège d'un étrange présent.

Sans un bruit, elle abaissa ses paumes, puis remonta sa capuche d'obscurité sur ses traits, voilant ses yeux immenses d'une ombre bienfaisante. Elle était encore loin des bâtiments entourant l'Académie, et donc encore plus loin de celui-ci. Elle se remit donc en marche, savourant malgré tout la pression de la nuit sur sa peau nue, le scintillement des étoiles contre ses phalanges. Instinctivement, elle s'était voutée, souplement, afin d'offrir moins de prise aux éventuels regards, ses pieds volant contre le sol, ses épaules jouant à la perfection leur rôle de stabilisateur, ce n'était plus une ombre, c'était un courant d'air. Une silhouette se découpa enfin contre l'écran qu'offrait la nuit. Humain, cela ne faisait aucun doute quant à sa taille et sa démarche... très fluide pour le coup. Apprenti marchombre, professeur ou autre ? Anaïel n'eut pas le temps de s'interroger plus avant, cela faisait déjà trop longtemps... trop longtemps, un grognement sourd de répulsion gronda au fond de sa gorge, faisant vibrer la terre de ses infrason. Une pulsion animale empoigna ses membres et voulu les forcer à attaquer, à détruire cet être bipède, ses yeux s'embrasèrent. Mais l'entrainement rigoureux qu'elle s'était forcer à suivre avait porté ses fruits, dans un formidable effort de volonté elle s'astreignit à vouter les épaules, et à poser ses mains contre la terre meuble du parc. La pulsation sourde du sol la calma quelque peu, et elle se força à contempler la silhouette qui allait et venait non loin d'elle, comme si elle effectuait quelque ronde occulte. Peu à peu, les battements de son cœur s'espaçaient, elle retrouvait son calme. Et bien ! Ça promettait comme première rencontre... Elle se maudit intérieurement de ne pas avoir fait la part des choses les 3 derniers mois passés.

Avec un sourire carnassier, elle repris sa route, sans qu'aucun des trois autres gardes qu'elle croisa, ne la remarqua. Elle était marchombre. Rien ne pourrait l'arrêter. Arrivée à la lisière du parc, un frisson parcouru son échine. En quelques gestes saccadés et précis, Anaïel fit glisser ses armes dans les endroits les plus pratiques de son vêtement en cuir. Une pulsation autre que la sienne vint troubler le silence. Une pulsation qu'elle ne reconnaissait pas. Elle s'appuya contre le tronc du saule pleureur de l'entrée du parc, s'enfonçant dans l'antre obscure et verdâtre de son feuillage filandreux. Si la personne l'avait entendu, elle viendrait, sinon, elle continuerait son chemin. De toute manière elle voulait des réponses. Et les aurait.

À l'horizon se levait une improbable lune couleur rubis.


[à qui veut bien répondre, ami ou ennemi ^^]




Elera
Elera

Marchombre
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MessageSujet: Re: Un retour discret, parce que les chevaux ça va bien 5 minutes... (RP terminé)   Un retour discret, parce que les chevaux ça va bien 5 minutes... (RP terminé) Icon_minitimeSam 5 Sep 2009 - 13:21

Dos à la muraille qui entourait l’Académie, Elera savourait le vent. Lui, au moins, ne se voyait pas limité par les intérêts humains et les frontières du pouvoir, soufflant sur plaines et montagnes sans jamais s’arrêter, à travers les plateaux, entre les troncs et les feuillages, jusqu’à la mer et au-delà. Est-ce qu’elle verrait la mer, un jour ? Est-ce qu’elle saurait ce qui se cache derrière l’horizon flou ? Deux saisons plus tôt, elle ne se serait même pas posé la question, tellement la réponse semblait évidente. Elle ferait tout ce qu’elle rêvait de faire… Elle serait simplement partie, sans un bagage et sans se retourner, pour revenir au gré de la marée de ses envies.

Plus maintenant.

Sur sa gauche, un garde la lorgnait et n’essayait même pas de se cacher ; à quoi bon, vu qu’elle savait depuis des mois que chacun de ses gestes étaient observés, notés, décortiqués, répétés ? A l’intérieur, parmi la foule des élèves, professeurs et autres résidents, il était beaucoup plus difficile de faire la différence entre ami et ennemi. N’importe qui pouvait se cacher derrière ce masque souriant, ou ce regard hagard… Mais le doute avait toujours parcouru les couloirs de l’Académie, le Chaos attendant son heure depuis des années déjà. C’était pour s’en éloigner et retrouver sa sérénité qu’elle était partie, deux ans plus tôt ; partie pour retrouver les rayons de soleil sur sa peau, la franchise de la terre sous ses pieds nus et la vérité d’un paysage qui n’attendait qu’à être observé par le miroir calme et curieux de ses améthystes. Tellement plus complexe, et en même temps tellement plus simple que sa race… A présent, elle ne pouvait plus partir. Un seul pas de trop vers la lisière des bosquets ou l’étendue d’herbes folles qui formaient la plaine de Shaal, et quelqu’un se ferait torturer affreusement pour la punir… et elle ne pouvait rien faire. Rien.

Elle avait bien essayé de trouver les prisonniers ; mais il suffisait d’un regard, d’une phrase mielleuse bien placé pour la faire reculer. Si elle avait été seule en danger, elle n’aurait pas hésité, mais ses actions menaient d’autres dans le gouffre de la souffrance… Même si elle découvrait où ils étaient détenus, et qu’elle les menait de l’autre côté des barreaux, comment pourrait-elle vivre en voyant la petite Anael estropiée à vie, ou Kirfdéin avec un membre en moins, le regard torturé d’images que seul lui pourrait voir ? En sachant qu’elle aurait pu éviter ça, en étant un peu plus prudente ? Non, le mieux était d’attendre. Attendre, et laisser Khelia et Silind, en qui elle avait toute confiance, s’occuper des opérations, pour que l’heure du Chaos s’achève enfin… Mais c’était tellement dur, de rester à l’écart. Tellement dur, de savoir que malgré tout son apprentissage marchombre, malgré tous ses efforts, elle était encore réduite à l’impuissance, enchaînée malgré elle par ses gens qui dépendaient d’elle. Elle s’était trop attachée à eux ; à présent, il était trop tard pour reculer, pour partir sans s’inquiéter de leur sort. Bloquée par ces liens invisibles, Elera détériorait.

La tristesse ne quittait plus ses yeux, qui brillaient d’un éclat violet sombre et ne se levaient plus pour observer les étoiles. Ils n’avaient plus cette lueur mauve teintée d’innocence qui les éclairait et lui donnait habituellement cet air tellement confiant. Ses épaules s’étaient avachies, écrasées par la situation. Elle souriait encore, mais d’un sourire où perçait une mélancolie douce, et qui n’irradiait plus de cette joie contagieuse qui l’entourait parfois. De minces cernes s’étaient formés sous ses yeux, alors qu’elle passait ses nuits éveillée à observer les ombres sur le plafond, ou plonger dans des cauchemars dans lesquels sa main se baissait inexorablement vers l’œil restant de Marlyn, œil criard qui l’observait au cœur de l’orage, avant d’être aveuglé à son tour ; puis le hurlement, celui de Marlyn ou le sien propre elle ne savait pas encore, la réveillait en sueur. Au réveil, elle se repassait toujours leur histoire, se visualisait leur combat sous tous les angles, avant de se noyer dans les flammes chaotiques qui avaient brûlé sur la greffe de Khelia, et de somnoler quelques heures. C’était toujours Marlyn qui revenait la hanter, son rire machiavélique, ses intonations doucereuses, son visage transformé… Et pourtant, elle savait qu’elle essaierait encore de la sauver, si l’Enfant du Chaos se retrouvait en danger. Qu’elle serait incapable de la laisser mourir si elle pouvait l’empêcher, malgré toutes les trahisons. C’était tout simplement contraire à son être, opposé à toutes ses croyances… Elle s’était trompée de nombreuses fois ; mais elle ne ferait pas l’erreur de se laisser emporter dans le cycle de vengeance et de haine qui formait le cœur de la roue du chaos…

Mais si elle ne ressemblait pas à ce qu’elle avait été avant la prise de l’Académie, rongée qu’elle était par son statut invisible de prisonnière, un regard entraîné pourrait encore trouver une étincelle dans son corps abimé. Parce qu’à l’intérieur, elle attendait simplement son heure. L’heure où le Chaos baisserait enfin sa garde… Cette braise qui flamboyait encore se voyait dans l’espoir qui perçait parfois son masque, dans ses gestes encore assurés, et dans son visage toujours déterminé. Elle ne pouvait pas courir avec le vent en direction des montagnes comme elle le faisait souvent auparavant, mais elle continuait à observer leurs pics acérés de loin, se promettant de bientôt les rejoindre. Elle ne pouvait plus sortir seule de nuit avec pour seule pensée amusante l’affolement des professeurs s’ils découvraient son absence, mais continuait à se promener dans les jardins sous la lune, une silhouette avertie toujours dans les parages. Elle ne pouvait plus partir se perdre dans les anciens cachots à la recherche d’un couloir perdu, mais elle continuait à visiter les couloirs sans fin du bâtiment, et à grimper sur les toits pour observer les silhouettes pressées des étudiants d’en haut. Elle continuait à forger, elle continuait à marcher du pas aérien des marchombres, continuait à écouter et à laisser le chant du vent vibrer en elle. Et par ses petits gestes inutiles aux yeux des autres, elle se rappelait chaque jour qu’elle était Marchombre et que, même ici, dans cette situation, on ne pourrait pas lui voler cette vérité…

C’était pour cette raison qu’elle était sortie pendant les heures pénombre qui précédait le lever du jour, sans essayer de se dissimuler. Elle n’avait pas réagi lorsque l’un des gardes, sous un geste de son supérieur, lui avait emboîté le pas, continuant simplement comme elle en avait l’intention. Du haut des murailles, elle avait attendue dans la nuit, attendue le changement de sons qui ne tarderait pas, lorsque les grillons se tairaient pour laisser la place au chant des oiseaux et que la nature, en quelques instants, semblerait passer d’un monde à l’autre. Aurore… Les premiers rayons n’avaient pas encore caressé les pierres de sa maison lorsque, prise d’une envie soudaine, elle s’était glissée le long de la paroi, crochetant la moindre irrégularité de la roche dans sa danse descendante. Ses pieds nus s’étaient posés sur la terre meuble, la rosée des brins d’herbe lui mouillant délicieusement la peau puisqu’elle n’avait pas enfilé de chaussure avant de sortir, ne pensant pas en avoir besoin, et elle avait attendue en profitant de l’instant que son ombre la rejoigne- essayer de perdre celui qui devait la surveiller ne servirait à rien, si ce n’était lui attirer les ennuis. Puis elle s’était mise en marche. Elle ne comptait pas aller loin, bien sûr… Elle voulait simplement regarder le soleil rouge feu faire son entrée et profiter de l’odeur du matin, tendue à la lisière du parc et au bord de la liberté, puis elle rentrerait.

Ou pas. Elera tourna la tête vers sa droite. Comme un mouvement, comme un courant d’air. Elle ne l’aurait jamais senti si ce n’était pas pour le silence féerique du moment, et pour ses sens bien éveillés pour ne rien rater de ce moment magique. Juste un mouvement, juste un courant d’air. Et puis plus rien. Elle eut beau passer les yeux sur chaque détail qui s’offrait à elle, rien ne sortait de l’ordinaire. Le mur, les plantes grimpantes, le saule pleureur, le ciel, l’herbe infinie, le vent dans les feuilles, le bosquet un peu plus loin… Elle s’approcha. Poussée par la curiosité. D’un doux geste de main, elle repoussa les fines branches tombantes du saule pleureur, pour se retrouver de l’autre côté du rideau naturel…

Anaïel
Anaïel

Marchombre
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MessageSujet: Re: Un retour discret, parce que les chevaux ça va bien 5 minutes... (RP terminé)   Un retour discret, parce que les chevaux ça va bien 5 minutes... (RP terminé) Icon_minitimeSam 5 Sep 2009 - 22:52

La lumière tamisée du dense feuillage animait l'air d'un camaïeux de verts, chavirant l'obscurité en une lueur apaisante et unique, alors que les étoiles ne filtraient que par une incisive ouverture dans les branches serrées. Anaïel attendait, dans une attitude tendue comme un arc que dénotait son apparence décontractée. Elle était chez elle, d'une certaine manière et personne ne lui avait interdit d'être ici, de ce fait, la seule chose qu'elle appréhendait était de se retrouver face à quelqu'un et de perdre le contrôle. Son coeur pulsait sous ses paupières clauses. Celui de l'inconnu se rapprochait. Son corps se tendit un peu plus, ses muscles se nouant sous la peau alors qu'une infime pellicule de sueur couvrit le bas de son dos. Elle sentait physiquement la présence de cet autre, son aura humaine, vivante et intelligente, son parfum changeant et acide, sa mélodie grinçante et givrée de tessons amers, la mélodie des humains, la seule que la jeune femme ne supportait pas. Et contre toute attente la présence s'éloigna. Elle ouvrit les yeux et respira plus amplement, alors que que l'intrus continuait son chemin, après être passé tout près du saule. La jeune marchombre s'adossa contre le tronc de l'arbre et doucement se laissa glisser à terre, malgré elle, elle devait bien s'avouer qu'une pointe de peur s'était immiscée dans son attente, et qu'elle appréhendait la rencontre ou la confrontation. Ses sens aiguisés avaient perçus les vibrations de ces pas étrangers, de cette respiration lente et régulière, elle se mis à écouter plus intensément encore, ne voulant pas se montrer à découvert mais cherchant néanmoins des réponses à ses questions. Soudain elle sursauta. Rien. Plus rien ne parvenait à ses sens. Le sol pulsait, la pierre grinçait, le vent sifflotait et aucune respiration ne venait en perturber le souffle, outre les quelques gardes qu'elle effleura de sa conscience.

Et elle compris. Alors qu'avec le bistouri de ses paumes elle disséquait la mélodie des gardes en grinçant des dents, elle remarqua une différence, une incroyable différence qui la sidéra de ne pas s'en être aperçue plus tôt. La présence n'était pas comme les autres. Quelques arpèges serratiques, certes, mais tellement plus harmonieux que ceux des chiens armés à l'entrée qu'elle n'eut plus aucun doute. Si elle ne savait toujours pas si la personne était gentille, elle su au moins indiscutablement qu'elle avait déjà rencontré cette personne. Un sourire étira ses lèvres, et ses yeux étincelèrent. concentrée, elle essaya à nouveau de capter la présence de l'inconnu(e). C'était bon, la surprise passée, elle se ressaisit et parvint de nouveau à entendre la douloureuse pulsation de la personne. Enfin, pas de la personne à proprement parler, plutôt celle de l'air autour de cette personne. Avec surprise elle constata qu'elle se fondait tellement dans ce qui l'entourait que les vibrations de son coeur et de son âme ne parvenait pas à en alterer l'ensemble, Anaïel la retrouva grâce au son que produisait le vent en se scindant autour de sa silhouette immobile. Une seule explication : elle ou il était marchombre.

Soudain elle se mis en mouvement. La fluidité de son déplacement stupéfia la jeune femme, autour d'elle gémissait le vent créé par sa désescalade, aucun frottement contre la pierre cependant ne venait trahir sa décente, et Anaïel elle même avait du mal à la suivre. Mais pourquoi redescendait-elle cette personne ? Un frisson lui parcouru l'échine. Pouvait-elle l'avoir sentit ? C'était probable après tout, la jeune femme en avait fait de même. Mais elle n'était pas toujours pas sur de l'identité de l'inconnu, méchant ? gentil ? son don de la matière lui permettait de sentir l'harmonie des choses, la symphonie du physique, mais en aucun cas de déterminer les desseins d'une personne. Avec un soupir elle se redressa, la confrontation étant inévitable lorsqu'elle sentit que l'inconnu se rapprochait du saule et qu'il en était sans aucun doute la destination finale. Les armes prètes, les manches baissées sur ses avant bras pour les camoufler, elle attendit encore quelques secondes avant que le rideau végétale ne se scinde et ne dévoile l'allure de l'intrus.

Elle la reconnu dans la seconde. Une pensée avant l'autre, se chevauchant sous la voute chartreuse du saule, elle fini par s'avouer que oui, la présence de la jeune marchombre face à elle lui donnait envie de sourire. Elle étira ses lèvres, et ses yeux flamboyèrent, irradiant l'air autour d'elle de leur couleur de feu. La chevellure écarlate de la demoiselle chamarrait le feuillage de taches d'aniline, alors que très peu de lumière ne pénétrait l'antre où se tenaient face à face les deux jeunes femmes. Elle était telle qu'elle depuis qu'elles s'étaient quittés sur la falaise, ses yeux violets, sa silhouette fine et musclée, sa démarche féline. Marchombre. Durant quelques secondes, l'une et l'autre garda le silence, se détaillant mutuellement et se remettant de leur surprise. Et puis Anaïel se rendit compte de plusieurs choses. Les yeux si vif d'Elera s'étaient teintés d'un voile sombre, les paupières plissées et les ridules aux coin des yeux marquaient plus que la physionomie voutée et sur le qui-vive, son statut fatigué, son psychique éprouvé. Le bonjours qui lui traversait les cordes vocales changea en une tout autre phrase à mesure qu'elle détaillait la jeune femme et qu'elle se remémorait ses sensation avant de se mettre à couver sous le saule. Anaïel sifflota, de son timbre si particulier, en quelques mots inaudibles pour l'autre si elle n'avait pas été marchombre :


- que s'est-il passé ?

Elera
Elera

Marchombre
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MessageSujet: Re: Un retour discret, parce que les chevaux ça va bien 5 minutes... (RP terminé)   Un retour discret, parce que les chevaux ça va bien 5 minutes... (RP terminé) Icon_minitimeMer 9 Sep 2009 - 15:55

Anaïel.

Un nom mélodieux qui fusa dans son esprit à la vision de cette marchombre pas tout à fait humaine. Elle n’avait pas du tout changé ; toujours ses yeux de feu aux éclats flamboyants, toujours cette capuche qu’elle rabaissait sur son visage, toujours ce demi-sourire, toujours ce corps qui respirait l’harmonie, mais plus que tout, le chant du vent qu’Elera semblait toujours mieux entendre lorsqu’elle était en présence de l’élève d’Elhya. Elle avait posé une main sur le tronc du saule, et cette main semblait se fondre sur l’écorce, une entité plutôt que deux, deux morceaux qui s’engendraient parfaitement et ne laissaient aucune place à la discorde. L’herbe même semblait se plier pour laisser ses pieds caresser la terre, au lieu d’être simplement écrasée comme pour la plupart des humains. Respect. Accord. Marchombre, dans tous les sens du terme. Sa simple présence redonna une bouffée d’espoir à Elera ; mieux qu’un lever de soleil, Anaïel lui redonnait vie. Tant qu’il restait des marchombres comme elle, le chaos ne voulait rien dire.

La question de velour la ramena à la réalité. Une seule phrase, si douce que seul le vent pu en attraper les mots, et que les feuilles du saule semblèrent protéger pour qu’elle ne sorte pas de sous leur couvert. Pour les gardes à quelques mètres, aucun bruit n’avait percé l’onde de silence matinale. Elera avait entendu chacun des mots, clairs sur la brise qui jouait avec les branches tombantes autour d’elle. La question était limpide ; la réponse, elle, était beaucoup trop confuse. Que pouvait-elle répondre ? Tellement de mots, tellement d’images lui traversaient le crâne qu’elle ne savait pas lesquels choisir. La Bataille des Raïs, lorsque les Mercenaires s’étaient infiltrés pour prendre le contrôle. L’œil moqueur de la félonne anciennement à Felixia, alors qu’elle baignait enfin dans la gloire des ténèbres. Les gardes, partout, qui observaient et faisaient en sorte que tout le monde suive gentiment le troupeau. Ils profitaient bien de l’absence de Merwyn… Comment expliquer les surveillances constantes, la peur pour les prisonniers, la panique d’être découvert après avoir tenté l’interdit, l’interdiction de partir, les ordres donnés, et le chagrin en voyant les mines confiantes des nouveaux venus qui ne se doutaient de rien, qui ne savaient pas qu’ils s’enfonçaient dans un nid de vipères ?

- Chaos.

Un seul mot qui disait tout, finalement. Et un petit geste de main pour l’accompagner, geste vague vers sa gauche. Elles ne pouvaient rien voir de l’extérieur, le vieux saule bloquant leur champ de vision, mais elle savait qu’Anaïel n’aurait aucun mal à identifier son geste comme montrant celui qui la suivait depuis le début de ses vagabondages nocturnes. Elle le sentirait, comme elle sentirait les autres hommes et femmes qui les entouraient sans savoir qu’elles étaient là. Puis Elera passa à nouveau les yeux sur Anaïel, ayant du mal à croire en cette rencontre stellaire après des mois et des mois de restriction. Elle n’attendait plus aucun signe de l’extérieur, ne voyait plus l’Académie comme liée à l'Empire, coupée qu’elle était du reste du monde par une barrière d’obscurité invisible… Elle avait longtemps observé les nouveaux venus qui se dirigeaient vers l’Académie, mais ils étaient invariablement des apprentis à l’esprit vierge qui ne pourrait pas l’aider. Et maintenant, comme un ange tombé du ciel, Anaïel revenait… Ce deuxième regard lui dévoila un peu de tension dans sa position voûtée ; ainsi la jeune femme n’avait pas encore réussi à se délivrer de sa haine pour les humains, et avait encore du mal à se restreindre. La première fois, Elera ne l’avait pas compris, et avait entièrement ignoré cet aspect de l’ange de feu, n’ayant pas conscience du danger. A présent qu’elle était marchombre accomplie- et pourtant, tellement moins libre que lorsqu’elle était une simple apprentie candide ! – elle pouvait voir cette essence farouche… Elera fit un pas en arrière. Pas par peur, mais par respect, ne voulant pas rendre la situation difficile pour la marchombre. Et elle se déplaça de telle sorte à ce que sa silhouette puisse être entraperçue entre les branches, mais qu’elle soit entre le garde et Anaïel. Si celui-ci se demanderait peut-être ce qu’elle pouvait trouver de bien intéressant sous un arbre sans importance à ses yeux, lui qui était aveugle à la beauté du monde végétal, il ne verrait rien d’inhabituel, et ne pourrait pas voir Anaïel… Pas que la marchombre ait besoin de l’aide d’Elera pour rester invisible. Sifflement d’avertissement, chuchotement pas plus haut que les premières notes des oiseaux :

- S’ils te voient, ils essaieront de te tuer.

Essaieront ; elle doutait qu’ils y arrivent. S’ils la voyaient ; ce dont elle doutait aussi, sauf si Anaïel le choisissait. Peut-être avait-elle tort, pourtant. Peut-être laisseraient-ils Anaïel entrer pour continuer à faire semblant que tout allait bien. Mais elle était marchombre, ils n’avaient aucun moyen de faire pression sur elle, alors qu’elle pourrait découvrir la vérité. Elle était dangereuse, et si elle disparaissait, personne ne s’en inquièterait, puisqu’Anaïel allait toujours où elle le souhaitait et n’était pas restée bien longtemps à l’Académie depuis son apprentissage. Certains se demanderaient peut-être pourquoi elle avait disparu, et où elle se trouvait, mais ils ne s’inquiéteraient pas outre mesure… Il lui faudrait être prudente. Elera ne voulait pas que quelqu’un prive Anaïel de ses ailes… Mais elle en avait assez dit sur la situation actuelle de leur foyer. Maintenant, ce serait à Anaïel de poser ses questions, et de choisir ce qu’elle en ferait. Si elle agirait, ou si elle partirait à nouveau… Elera avait une autre question. Question qui lui brûlait les lèvres depuis qu’elle avait vu Anaïel, alors que les images et les sons de leurs instants partagés sur le sommet d’une montagne lui revenaient, vivides, à l’esprit.

- Tu as retrouvé ton maître ?

Parce que c’était son but, la dernière fois que leurs vies s’étaient croisées sous les étoiles ; même si son retour prouvait qu’il avait changé entre temps. Elle savait qu’Elhya ne se trouvait pas ici. Alors soit elle l’avait retrouvée… soit elle avait abandonné la recherche. Combien d’autres choses avaient-elles changé entre temps ? Elle ne savait pas. En tout cas, elle avait toujours une cape capuchonnée similaire à celle qu’elle avait la première nuit, même si ce n’était pas forcément la même, et, comme la première fois, Elera était pieds nus et en chemise de nuit. La seule différence devait être que le sang ne tâchait pas celle qu’elle portait actuellement… Etrange, comment Anaïel semblait toujours prendre Elera complètement au dépourvu. Après la bataille, en recherche de paix, sans s’inquiéter des rocailles qui s’enfonçaient sous la palme de ses pieds ou du vent qui soufflait sur sa peau. Maintenant encore, en recherche de paix, sans s’inquiéter de qui pourrait la voir dans la pénombre d’avant l’aube, puisqu’habituellement, le monde humain était encore endormi à cette heure là, et qu’elle n’avait pas eu l’intention de descendre dans le parc en quittant ses appartements vides. Mais ses détails n’avaient pas d’importance à leurs quatre yeux ; les murmures partagés à l’insu des humains dissonants étaient beaucoup plus vitaux…

Anaïel
Anaïel

Marchombre
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MessageSujet: Re: Un retour discret, parce que les chevaux ça va bien 5 minutes... (RP terminé)   Un retour discret, parce que les chevaux ça va bien 5 minutes... (RP terminé) Icon_minitimeJeu 10 Sep 2009 - 10:59

[ *_* j'avais oublié à quel point c'est grisant d'écrire une histoire avec quelqu'un d'autre ^^ton post est magnifique ! ]

Chaos. Pourquoi ce mot méphitique la poursuivait-elle jusque dans l'antre de son berceau ? Un frisson frigorifique hérissa son échine tandis que la colère, brusque, froide et violente, lui obstruait la gorge en une boule d'acide concentré. Le monde était un assemblage d'ordre et de désordre, de chaos et d'harmonie, deux oxymores en puissance mais comme tous les contraires l'un ne pouvait pas exister sans l'autre. C'était cet équilibre qui gouvernait le monde. La nature, les plantes, les animaux, les mouvements des pierres, les phénomènes météorologiques, telluriques, océaniques, tout était sous un contrôle relatif, se suffisant à eux-même pour exister et possédant pourtant cette harmonie poignante, ces interactions si spécifiques qu'un tout était synonyme du rien, et que le rien se mariait au tout. La Nature, le monde, n'avait besoin que de consciences qui acceptent leur petitesse et la place minuscule et pourtant irremplaçable qu'ils occupent dans ce tout, des consciences qui ne soient pas obnubilées par le temps qu'il leur reste pour amasser plus de richesse et de pouvoir que le voisin, des consciences ayant le courage de penser avec raison qu'un jour elles ne seront plus la et que le monde continuera sa course elliptique sans eux. Hors les humains en étaient incapables. Et c'était ce fond des choses qu'Anaïel n'était jamais parvenue à digérer. Leur avarice, leur soif de vengeance, de colère, d'orgueil et de richesse, leur jalousie, vicissitude, leur violence, hypocrisie, manipulations et fourberies, un cocktail explosif que chacun d'eux, presque, portait dans son âme insalubre. Mais pourquoi fallait-il donc qu'ils veuillent régner sur un monde qui n'avait besoin de personne pour valser sans fin en la plus merveilleuse symphonie existante ? Elle haïssait les humains, et toute ces consciences destructives de son monde, de son ciel adoré, et leur médiocrité l'avait poursuivit jusque dans l'endroit le plus important à ses yeux. Un flot d'acide se déversait dans son âme, carbonisant ses résolutions, brûlant sur son passage entrainement et rigueur pour ne laisser place qu'a l'empreinte sauvage et incandescente de l'animal, de la bête, de la Nature enfouie dans ses cellules.

Elle tourna un regard flamboyant de hargne vers la jeune marchombre, ses iris tournoyant des étincelles de la de la colère, alors que sa mains appuyé sur le tronc du saule, enfonça ses doigts dans l'écorce, se retenant in extremis de provoquer des dommages à l'arbre. Ses muscles se tendirent, et si elle avait été serpentine dans une autre vie, probablement que sa bouche se serait emplie de venin corrosif, elle se contenta de serrer les dents, de fermer les yeux, et de contrôler les battements de son cœur. Avec une monstrueuse volonté, née de ses entrainements, elle parvint à ordonner à ses muscles de se relâcher, d'étrangler cette voix qui lui ordonnait de sauter sur la frêle jeune femme en face d'elle, de relâcher sa prise sur l'écorce du saule pleureur qui abritait leurs quelques sifflements zéphyriens. Elle sentit plus qu'elle ne vit Elera se déplacer, se reculer, dans un geste de bienveillance pour lui laisser plus d'espace, ayant perçue sans doute le trouble qui l'agitait. Comment lui dire que le mètre qui la séparait un peu plus d'Anaïel ne changeait absolument rien dans la musique de son âme qui embaumait l'atmosphère, que le moindre de ses battements de cœur, perceptible, lui tranchait la gorge de son claquement humide, que l'odeur même de sa condition d'humaine ne pouvait disparaître qu'avec sa conscience, et que cela signifiait sa mort immédiate ? Et pourtant c'est cette marque de gentillesse qui empêcha la marchombre de lui sauter dessus toutes griffes dehors. Alors que le simple fait de bouger lui avait rappelé sa présence et que du fond de sa gorge grondait une boule d'infra son, il lui restait encore assez de conscience pour se dire qu'Elera ne reculait pas pour mieux l'attaquer, mais par respect pour elle et pour ce qu'elle était. et apparement aussi pour que les 2 chiens armés qui discutaillaient à quelques mètres ne puissent se douter de sa présence. Elera voulait la protéger. Alors qu'elle avait voulu la tuer.

Ce n'était pas comme si c'était la première fois, et Anaïel en haït d'autant plus ce don empoisonné qui lui faisait risquer la vie d'une des rares personnes qui comptaient pour elles. Oui, car la jeune Elera était importante pour elle, très importante. Alors qu'elle ne pouvait pas l'expliquer concrètement parlant, elle repprésentait l'espoir, le bonheur, la liberté d'aimer et toutes ces petites choses que les humains avaient par trop oubliés. Elle était un paradis au beau milieu de l'enfer, un îlot auquel Anaïel pouvait se raccrocher lorsqu'une crise plus violente qu'une autre menaçait de l'emporter et de lui faire faire l'impardonnable. Les yeux toujours fermés, cette prise de conscience la frappa tel un monstrueux bélier. Elle qui prisait l'harmonie, et la liberté, elle, marchombre dans l'âme depuis qu'elle commençait à parler, elle se rendit compte qu'Elera, du haut de sa jeunesse, était la personne la plus sage qu'elle avait rencontré, à part son maître, Elhya. Elle ouvrit les yeux au doux son de sa voix, lorsqu'elle demanda en sifflotant, si elle l'avait retrouvé, justement. Alors qu'elle vrillait la flamboyante rousse du regard, elle fronça les sourcils. Le phœnix sur sa poitrine lui sembla alors brûler de déception, d'une tristesse et d'une amertume consumante. Elle n'était pas habituée aux échecs, et c'était le plus gros qu'elle ai eu à porter. Elle la connaissait mieux qu'elle n'avait jamais connu personne, Elhya résonnant dans son âme comme une boule de lumière et de plume qui lui donnait la force de continuer à être elle même malgré toutes les difficultés que cela impliquait, le phœnix aux yeux flamboyant battant sa poitrine à chaque pas de plus qu'elle faisait vers l'avenir, à chaque battements d'ailes qui la faisait avancer sur la Voie. Alors elle l'avait cherché, dans le vent, sous les pierres, dans les brasiers humains des grandes villes, dans l'immensité aride des plaines, sous les branches des sapins, elle avait parcouru l'empire, quadrillant les zones où elle allait et cherchant partout. Elle n'avait pas tout explorer, pas encore, mais elle ne l'avait pas trouvé. Elle ne retrouvait plus son empreinte, nul part. Un instant la monstrueuse possibilité qu'elle ne fut plus de ce monde l'avait effleuré, mais elle l'avait repoussé avec une énergie meurtrière, et avait continué à chercher. En vain. Puis elle était revenue à l'Académie. La tristesse voila ses prunelles, et ses lèvres se tordirent en une mince courbe de douleur vitriolée, mais ce ne fut que le seul aspect physique de sa détresse qu'elle ne réussi pas à contenir. Elera avait pourtant du le sentir, elle sonda son regard avec intensité, ouvrit la bouche pour parler, puis la refermé et se contenta de secouer la tête, doucement, presque tendrement. La marchombre compris et n'insista pas, son empathie si particulière captant l'émotion qui étreignait le cœur d'Anaïel au souvenir de son maître et de sa quête désespérée.

Et puis, les précédents mots d'Elera pénétrèrent complètement ses pensées, leur sens n'ayant pas pris toute leur mesure alors qu'elle était consumée par la rage. L'Académie était prise. Ils avaient réussis. Les batailles des raïs avaient donc un but finalement, la dernière que l'institution avait essuyé avait été enrayée, y en avait-il eu d'autre depuis qu'Anaïel était partie ? Comment se faisait-il que les professeurs ne se rebellent pas et que l'air d'Elera était si résigné ? La situation devait être vraiment catastrophique pour qu'un marchombre comme la rousse flamboyante devant elle se retrouve ainsi pistée à chaque pas qu'elle faisait. Anaïel, toujours assise à terre, regardait Elera, celle-ci le lui rendant en silence, alors qu'elle réfléchissait à ce qu'elle allait faire maintenant qu'elle était rentrée au sein de la gueule du loup pour ainsi dire. Elera ne bougeait pas, face à elle, enracinée presque à l'égal du saule qui abritait leur rencontre si fortuite, des regards indiscrets des gardes qui ne devaient pas bien comprendre quelle fascination pouvait bien avoir la jeune femme pour un vulgaire arbre. La situation risquait de se compliquer, elles ne pouvaient pas rester ainsi dans leur œuf végétal alors qu'autours grouillaient de versatiles serpents friand du jaune qu'elles en constituaient. Mais les question étaient primordiales, avant tout, et dans l'immédiat elles ne risquaient rien. Triturant une mèche de cheveux sous sa capuche qu'elle n'avait pas pensé à abaisser, Anaïel réfléchis et sifflota avec douceur quelques mots qu'elle confia au vent pour qu'il ne les emmène que dans le creux de l'oreille d'Elera :

- J'aimerais que tu m'explique tout ce dont tu es au courrant, la situation générale, les éléments sur lesquels ils font pression afin que vous ne puissiez pas vous rebeler, et si tu le sais, quels sont les différents protagonistes.

Mais après tout qu'est ce que cela changerais ? Elle avait vu cet éclat quelques minutes plus tôt, perceptible même durant sa crise, Les yeux d'Elera avaient brillé alors qu'elle représentait une aide extérieur non négligeable. Mais si tous ensemble ils ne pouvaient rien faire, qu'y pouvait-elle, elle ? Anaïel repensa aux élèves, aux études et connaissances qu'elle avait engrangé ici, elle repensa à son maître, aux gens qui l'avaient accepté, puis elle repensa à Elera, à leur échanges de sifflotement la haut sur la montagne, Elera qui lui offrait de l'espoir, Elera qui, tout à l'heure, voulait la protéger.


Le phœnix scintilla sur sa poitrine alors qu'il accrochait l'éclat de ses yeux embrasés, et celui de la chevelure de la marchombre. Elle se demanda soudain quelle pouvait bien être la greffe d'Elera, si elle l'avait obtenu.



Elera
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MessageSujet: Re: Un retour discret, parce que les chevaux ça va bien 5 minutes... (RP terminé)   Un retour discret, parce que les chevaux ça va bien 5 minutes... (RP terminé) Icon_minitimeDim 13 Sep 2009 - 20:09

[ I love you ]

Elera sentit son cœur partir comme un oiseau en vol vers celui d’Anaïel, s’entourant de sa peine, comprenant son malheur. Ainsi, Elhya restait introuvable. Depuis combien de temps, déjà ? Mais cela n’avait pas d’importance, Elera ne comptait pas les jours. Longtemps. C’était une réponse qui suffisait amplement. Cela ne voulait rien dire, bien sûr ; Elhya était marchombre, et pouvait voler où elle le souhaitait. Mais son cœur se serrait à l’idée de l’apprentie, allant par monts et par vaux sans jamais reconnaître la présence tellement limpide qu’est celle d’un maître… Elera ne s’imaginait pas être incapable de savoir où se trouvait Ena. Même maintenant que son apprentissage était terminé, leur lien restait fort, forgé de mille souvenirs, testé par une multitude d’occasions qui, loin de l’affaiblir, y avaient ajouté des mailles. Aurait-ce été différent si Elera n’avait pas reçu cette greffe si particulière ? Aurait-elle été incapable de retrouver Ena, elle aussi, si elle n’était pas capable de retrouver tout ceux en qui elle tenait en suivant cet Instinct qui vibrait en elle ? Elle ne le pensait pas. Ne se l’imaginait pas. Et ne pouvait qu’effleurer la douleur que devait ressentir Anaïel… Elle ne souffla pas un mot à la réponse muette de la marchombre. Un jour, peut-être, se retrouveraient-elles… mais ce ne serait pas aujourd’hui.

Aujourd’hui, le Chaos régnait. Les priorités changeaient… Tout un flot de questions qui devaient assaillir Anaïel. Et malheureusement, aucune des réponses ne semblaient leur offrir le moindre espoir… Elera ne douta pas un instant, pourtant, lorsqu’il fallu les donner. Elle ne pensa pas un instant que ce put être un piège pour en savoir plus, qu’Anaïel pouvait être elle aussi sous pression pour jouer ce rôle d’appât, malgré la méfiance qu’Elera avait malheureusement dû accumuler au fil des jours, si elle voulait survivre. Méfiance qui s’était envolée sans laisser de trace devant la jeune femme. Elle ne l’avait vu que deux fois auparavant, mais Anaïel avait toute sa confiance. Plus que beaucoup d’autres qu’elle voyait tous les jours, et qui marchaient d’un air suffisant dans les couloirs, l’Harmonie ne signifiant rien pour leurs âmes damnées… Anaïel était Marchombre. Anaïel Comprenait. Et Elera mettrait sans hésiter sa vie entre ses mains… peut-être le faisait-elle déjà, en lui parlant malgré les risques. Mais cela n’avait aucune importance ; elle lui faisait confiance. Elle ne sut pas vraiment par où commencer pour expliquer la situation ; la bataille semblait tellement lointaine, à présent, que commencer par là lui semblait bien futile. Pourtant elle était bien la source de leur échec, et Elera se rejeta donc mentalement dans le passé, pendant cette nuit fatidique d’un début d’hiver rigoureux…

- Ce n’était qu’une simple attaque Raï comme tellement d’autres, au début. Comme celle…

Elera fit un simple signe de tête, son regard partant un instant vers les montagnes. Comme celle de leur première rencontre. Mais ces mots, elle n’avait pas besoin de les confier au vent. Toutes deux se souvenaient parfaitement… et puis, malgré les grains de sable qui s’écoulent, malgré les saisons passées depuis cette première rencontre, Elera se souvenait de l’avertissement de l’ange de feu. De cette moitié d’explication sur la nature de son mal, de cette haine qui la prenaient entièrement lorsqu’elle pensait à tous ces êtres destructeurs autour d’elle. De ses paroles, qui la prévenaient d’éviter ce sujet avec elle, de ne pas parler du Chaos, et de tous les malheurs qu’il laissait dans son sillon. Déjà, un simple mot avait réussi à l’embraser assez pour que son trouble devienne visible aux yeux d’Elera ; que serait-ce une fois qu’elle aurait donné toutes les informations que la marchombre demandait ? Mais elle devait savoir. Elera ne pouvait pas la laisser dans l’ignorance, pas lorsqu’il s’agissait de leur foyer commun… Alors elle enchaîna rapidement, essayant de ne pas rester sur le souvenir de la bataille. Essayant de rendre les choses plus faciles, et puis de se tenir prête au cas où les choses tourneraient mal…

- Mais les hommes se sont infiltrés pendant que nous étions occupés à nous battre. Ils ont assassinés les plus importants, Valen… Enoriel… capturés certains autres, aussi, dont la fille de mon maître. Ils menacent de les torturer ou de les tuer, elle et les autres, si nous n’obéissons pas. Anael n’a que 9 ans… Je.. Je ne peux pas. Je ne peux pas agir, et risquer leurs vies… Elle, mon apprenti, et tellement d’autres qui sont sûrement prétendus morts mais croupissent à la place dans un cachot… Je tiens à eux.

Mais pas assez, avait-elle envie d’ajouter. Paradoxe qui la torturait depuis plusieurs lunes déjà. Elle tenait trop à eux pour oser agir ouvertement contre le Chaos, et risquer qu’ils ne se fassent tuer en retour. Mais elle ne les connaissait pas assez pour pouvoir utiliser sa greffe et les retrouver… Elle l’aurait fait depuis longtemps, si tel avait été le cas. Son impuissance la frustrait davantage chaque jour… Elle avait beau écouter, chercher de loin, elle ne pouvait rien deviner de plus précis que leur présence dans les cachots. Cachots qui lui étaient formellement interdits, d’ailleurs. Elle ne pouvait pas aller y voir de plus près… Mais elle était patiente, et elle savait que son heure viendrait. Son attente avait déjà été récompensée par l’arrivée d’Anaïel… Alors elle continua à narrer des événements qui n’auraient jamais dû arriver, se désolant de devoir être porteuse de ces mauvaises nouvelles.

- Slynn est devenue Magister temporairement. Certains élèves sont au courant, et près à se battre pour l’Académie… Ils recherchent les prisonniers et essaient de repérer les traîtres. Je ne connais pas leurs noms, j’ai trouvé plus prudent de ne pas être mise dans le secret. C’est Khelia, Marchombre et apprentie d’Ena elle aussi, qui s’occupe des opérations. Silind en fait parti aussi, je ne sais pas si tu connais notre forgeron… Il est le seul adulte en qui nous pouvons faire confiance, le seul à nous guider. Les autres sont tous surveillés trop étroitement, et si lui et Khelia sont libres de leurs mouvements, ce n’est que parce que les Mercenaires du Chaos ne voient pas quel danger pourrait venir d’une bibliothécaire et d’un simple forgeron. Si tu décides de rester… Méfies-toi du professeur de combat. Et d’une élève au visage caché, ou portant une cicatrice sur l’œil…

Elle n’osa pas en dire plus. D’abord, parce que la simple mention de Marlyn faisant partie du camp ennemi lui était beaucoup plus douloureuse qu’elle ne l’aurait voulu, malgré ses journées entières à essayer de se raisonner et d’essayer de retrouver sa sérénité à travers la gestuelle marchombre. La Mercenaire du Chaos avait été trop importante pour que sa trahison soit oubliée aussi vite, voir oubliée tout court. Ensuite, parce que si ses longues explications n’avaient surement pas fait plus de bruit qu’un courant d’air faisant bruisser les feuilles sans cesser, comme certains jours où Elera semblait presque les entendre parler sans comprendre ce qu’ils disaient, l’unique pas du garde derrière elle résonna haut et fort à leurs oreilles attentives. L’homme s’approchait. Impatient de rentrer, sûrement, ou énervé par l’immobilité incompréhensible de la marchombre. Il venait voir ce qu’il en était…

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MessageSujet: Re: Un retour discret, parce que les chevaux ça va bien 5 minutes... (RP terminé)   Un retour discret, parce que les chevaux ça va bien 5 minutes... (RP terminé) Icon_minitimeLun 14 Sep 2009 - 23:26

La colère cautérisait plus vite que ne l'eusse fait une flamme l'entaille qui marbrait son cœur au souvenir d'Elhya, au souvenir de son échec passé et présent, sans doute futur également. Une colère froide et acide, qui lui brûlait les veines au vitriol, scandant un rythme meurtrier au cœur de ses pulsations, violant ses pensées avec la rage liquide que lui inspirait l'horreur et la barbarie des humains. Au son des paroles de la marchombre, ses yeux se mirent à luire, leur feu embrasé givrant sous la violence du spasme haineux qui la secoua toute entière. Ce n'était pas l'absurde instinct qui l'avait saisit lorsque Elera avait parlé, ce n'était pas cette peur, cette froideur inconditionnellement génétique qui s'était emparée d'elle, non, c'était une rage consumante, glaciale qui crissait sur sa peau, sur ses pensées comme une goutte de sang contre une vitre translucide, comme une gorge tranchée par une lame de glace que l'on nommera vengeance. C'était une haine qui emplissait sa bouche, devennue gueule, d'une soif violente d'hémoglobine, ses prunelles voilées d'aniline s'emparant de son âme rongée par une rage d'une effarante puissance. Devenue fauve, ses prunelles figèrent le temps et l'espace, rendant sa transe apocalyptique d'une effroyable netteté. Anaïel était furieuse, certes, mais déroutée également, contre toute attente, la colère, qui avait emprisonnée son cœur dans de consumant anneaux, était la sienne, entièrement la sienne, sans aucune trace ou empreinte de ce qui composait ses cellules. Pour la première fois de sa vie, la douleur occasionnée par la révulsion à l'état brut des humains ne consumait que sa propre conscience. C'était une expérience étrange, elle n'était corporellement pas autant impliquée dans ce qu'elle ressentait, de cet effet découlait sa relative maitrise d'elle même, et malgré le fourmillement meurtrier qui engourdissait ses membres, elle n'éprouvait pas cet impératif de détruire la vie humaine qui l'entourait, et en cela Elera était plus en sécurité que jamais auparavant à ses côtés. Mais la violence de l'appel du sang qui avait rongé ses veines avait exacerbé sa sauvagerie, et Elera s'était mise instinctivement sur ses gardes.

Anaïel repris alors son souffle et se rendit compte par la même occasion qu'elle l'avait retenue depuis que ses émotions l'avaient littéralement foudroyé. Elle tourna son visage noyé dans l'ombre vers la marchombre. Elera avait-elle conscience du trouble qu'elle avait suscité chez la jeune femme, de ce qui avait changé en elle sous le flot de ses paroles-murmure ? Elle se fit d'ailleur la reflexion qu'a chacune de leur deux rencontre, Elera lui avait apporté quelque chose de nouveau, cette infime lueur qui changeait l'angle de ses peurs, de ses pulsions pour les faire apparaître moins monstrueuses, plus... maitrisable. Ainsi, sous cette voute chartreuse comme lampe de chevet, Anaïel découvrait l'effroyable sensation d'avoir des sentiments propres, dénués de la moindre souillure ancestrale ou génétique. Grandissait-elle ? Était-ce le signe qu'elle commençait à se dominer de plus en plus ? A la réflexion, même si répondre par l'affirmative aurait fait naître en elle un puissant sentiment de bonheur du au triomphe, elle se rendait compte qu'avant ce soir, jamais elle n'avait ressentit aussi un sentiment d'appartenance aussi puissant, ici en l'occurrence à l'Académie. Oui, mais pas seulement, la dernière fois qu'elle était revenue, elle s'était retrouvée bien malgré elle au beau milieu d'un carnage raïque, d'une bataille entre les étudiants et professeurs et les affreux guerriers cochons. Et pendant cette bataille, jamais pareil sentiment de haine, d'envie de protection, ne l'avait tétanisée pareillement. Spéculation, circonvolution, ses neurones s'agitaient en cadence à la vivacité pulsatile de son palpitant, elle cherchait avec un sentiment frustrant, sa sensation se d"robant à ses sens, alors que la était la clef de son avenir proche, de ce qu'elle allait faire, elle en avait une certitude qui, bien que floue, rendait sa détermination inébranlable. Fronçant les sourcils, ses pensées se chevauchait alors qu'elle écoutait en même temps les sombres révélation de la jeune Elera, sans toutefois levé le regard vers elle.

Soudain, une de ses affirmations la fit sursauter derechef, coupant court à toutes ses spéculations internes. L'air sombre de la jeune femme et ses prunelles au coin desquelles se tissaient les entrelacs de la tristesse lui prouvèrent qu'elle avait bien entendu. Ainsi donc la force qui s'était attaquée à l'Académie de Merwyn était si puissante qu'elle avait fait plier un des plus grand guerriers de tous les temps ? Anaïel secoua doucement la tête, faisant voleter ses cheveux si ce n'est ses idées, cherchant au plus profond du timbre chuchoté de la marchombres les quelques trémolos et sursauts qui pourraient lui en apprendre plus. Elle avait mal. Sa liberté conquise par l'amour et le manque que faisait naître en elle cette base trahison, seul sentiment assez fort pour entraver la liberté d'un marchombre telle qu'elle. La douleur qui transparaissait dans ses propos éveilla un étrange sentiment dans le coeur de la marchombre, un frétillement qu'elle ne reconnu pas tout de suite, puis qu'elle identifia enfin, ce qui la laissa perplexe à nouveau, décidément cette Elera lui réservait encore bien d'étranges palpitations. Elle imaginait en partie la douleur qu'occasionnerait une telle privation de sa liberté chérie, que se soit sous le chantage ou par la force brute, elle savait que cela lui ferai plus mal que tout. Et malgré le fait qu'elle n'éprouve pas le même amour quasi-maternel qu'Elera pour ceux qu'elle considérait comme ses amis, cela la rendait étrangement triste, comme un mélange de nostalgie et de colère, qu'une personne telle qu'elle soit ainsi clouée au sol par les chaines qu'elle d'argent qu'elle s'était elle même formée. Elera méritait plus que n'importe qu'elle autre personne qu'elle avait rencontré, avec Elhya, de reprendre son envol.

Une faille s'ouvrit dans son cœur, la désarçonnant complètement. Un spasme la secoua doucement, hérissant ses poils et sa peau, piquetant son épiderme d'une émotion intense et maladroite. Dans un éclair instantané de lucidité, elle trouva enfin ce qu'elle cherchait depuis qu'Elera lui avait parlé des troubles de l'Académie. Cette rage qui l'avait saisit, cette haine qui l'avait consumé jusqu'au moindre de ses pores, c'était à cause de la jeune marchombre face à elle. Oui, c'était de sa faute et c'était si bon ! Enfin, elle avait pu ressentir une émotion pleinement, sans aucune contrainte de frontière ou de prédestination. La vérité était que jamais elle n'avait rencontré de personne comme Elera, et que les fils qu'elle avait tissé dans l'âme d'Anaïel avaient cristallisés et avait produit un effet aussi dévastateur qu'étrange. Un sentiment de protection envers une personne, envers un humain. Les pupilles dilatées par l'étonnement, celui ci devait colorer ses traits d'une bien singulière manière, alors qu'elle écoutait avec une acuité étrangement glaciale les propos de la première humain à qui elle ne devait rien et qu'elle avait envie d'aider, de protéger. La rouquine était clouée au sol, Anaïel allait lui rendre ses ailes. Cette prise de conscience engendra un regain d'attention, et elle perçu avec une précision rare tout ce qui l'entourait, du coeur lourd et puissant des deux gardes à l'entrée du saule au plus petit froissement brin d'herbique sous le zéphyr de cette nuit mouvementée.

Elera énuméra tout un tas de détails qui finalement allaient lui être utile puisque presque inconsciemment elle avait déjà pris sa décision. Elhya introuvable, elle allait se jeter dans la bataille afin de préserver ce petit bout d'elle même inaccessible à ce qui hantait ses cellules, afin de redonner à Elera l'éclatante couleur de ses ailes de marchombre. Et puis elle parla de Marlyn. Un frisson intense parcouru sa nuque, se nichant au creux de ses vertèbres, les balayant d'un souffle glacial et compact, comme la point d'une lame effilée contre une gorge offerte à l'ennemie. Un frisson de danger imminent. Ainsi la sombre mercenaire était profondément impliquée dans la destruction de ce que maintenant elle voulait protéger, Elera ne semblait pas non plus étrangère a Marlyn. Ses yeux s'étaient obscurcis d'une douleur indéfinissable, et ses fines épaules semblaient alors porter un poids plus lourd encore. Et puis le sourd battement de coeur qui maintenant se rapprochait, accompagné d'un pas gras et pataux. Le garde arrivait, et avec lui les ennuis. Elle n'eus pas le temps d'expliquer à la jeune femme ce qu'elle avait décidé, ce que son cœur lui dictait maintenant avec une intensité étonnante, le rideau chartreux s'entrouvrit et le casque renvoya à la lumière tamisée de l'antre un éclat froid et tranchant, celui de sa lame qu'il pointait maintenant devant lui. Devant Elera, seule face au tronc, dont la base ondulait au gré des herbes qui ne portaient aucune trace de pas.

Dans une branche, camouflée, les yeux fermées et les paumes plantées dans l'écorce, Anaïel chantait la mélodie du bois, la mélodie du saule. Invisible, un éclair duveteux accompagna le rétractement de sa greffe.


" Elera, je vais te rendre ta liberté "


[ je me suis un peu lâchée, si quelque chose ne va pas prévient moi j'éditerais ^^ en espérant que ça te plaise...]

Elera
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MessageSujet: Re: Un retour discret, parce que les chevaux ça va bien 5 minutes... (RP terminé)   Un retour discret, parce que les chevaux ça va bien 5 minutes... (RP terminé) Icon_minitimeVen 18 Sep 2009 - 14:47

[Plaire est un mot bien trop faible Un retour discret, parce que les chevaux ça va bien 5 minutes... (RP terminé) Herz ]

Elle avait tourné la tête vers le garde lorsque la lame avait négligemment repoussé une branche qui l’énervait, avant de la retourner immédiatement vers le tronc en apercevant un éclat doré du coin de l’œil. Mais il était trop tard pour confirmer ce qu’elle avait vu ; Anaïel était déjà invisible, et avec elle l’éclair de feu. Elera ne se souvenait que d’une simple forme fugueuse, maladroite, sans contours précis, un souffle de vent qui soudain soupire un peu plus fort qu’à l’ordinaire, avant de se taire à nouveau. Immobile. Invisible. Qu’avait-elle vu ? Qu’avait fait Anaïel ? Levant la tête vers la cime du saule, elle laissa ses pensées vagabonder autour de ce nouveau mystère sans réussir à le percer. Elle savait qu’Anaïel était toujours là ; c’était sa présence qu’elle ressentait encore, même si celle-ci était en symbiose avec celle de l’arbre paisible, c’était sa voix chantante et si reconnaissable qu’elle sentait descendre vers la terre immuable pour se nicher dans ses oreilles. Une seule phrase. Une certitude inébranlable qui lui expliqua en quelques syllabes toutes les expressions qu’elle avait vues défiler sur le visage de la marchombre, toutes les décisions qu’elle avait prise en quelques secondes. Une promesse.

Promesse qui la bouleversa. Joie sauvage, tristesse désespérée, peur timide, espoir renaissant, confusion papillonnante. Anaïel allait l’aider, allait lutter pour cette harmonie en laquelle elles tenaient tant toutes les deux. Allait lui rendre ses ailes… Elle ne serait plus clouée au sol comme ses petits oiseaux captifs qui devaient offrir leur chanson à la noble demoiselle qui les avait fait capturer et mettre dans une cage aux barreaux d’or. Elle ne devrait plus se contenter de rester dans l’enceinte du parc, et de vivre entre deux frontières, s’interdisant de fondre dans le chaos mais s’en pouvoir fuser plus loin encore sur l’infinie voie marchombre. Délivrance. Liberté. Evasion… Retourner à Avant, à cette époque où elle pouvait gambader innocemment sans réfléchir aux intentions contradictoires des humains. Où elle pouvait simplement faire l’impossible, parce qu’elle en avait envie. Où elle n’avait pas constamment peur pour ceux qu’elle croisait, et qui étaient aussi libres qu’elle. Et de cette pensée lui venait une joie incommensurable, joie qui tourbillonnait de plus en plus rapidement en elle, enivrante.

Mais il y avait la peur, aussi. Peur qui n’aurait même pas été une simple petite étincelle se battant pour rester allumée si Anaïel était venue plus tôt. Elle aurait été mouchée avant même de naître, gardée à l’état de fumée dissipée par la brise de sa confiance. Mais Anaïel n’avait pas été là. Le Chaos l’avait entourée. Et cette petite braise de peur était devenue flammèche sous leur souffle perfide, puis flamme mouvante, puis brasier torsadant. Elera s’était laissée prendre au piège en s’attachant à ses humains étranges ; et si Anaïel, en essayant de la libérer, se brûlait les ailes à son tour ? Et si les Mercenaires du Chaos la capturaient aussi, et lui volait tout ce pour quoi elle s’était battue pendant des années ? Elle était prisonnière, imaginer Anaïel captive elle aussi lui tordait les entrailles. Penser que l’ange de feu pourrait se retrouver entravée dans les sables mouvants des intrigues mensongères lui donnait des frissons aussi glacés que l’étreinte mortelle d’une goule gelée. Elera acceptait son choix ; elle avait confiance en ses idéaux, elle était certaine que, à force de tendre vers l’harmonie et de refuser de blesser, un jour il n’y aurait plus de rancœur. Comme un animal effarouché à qui l’on offre paix et soins sans jamais le forcer à s’approcher. Elle savait qu’au début, l’animal refuserait, s’éloignerait, aboierait, mordrait. Mais la confiance viendrait, avec patience et sérénité. Et à force de la répandre petit à petit à son échelle, elle se rapprocherait de l’harmonie… Mais pour le moment, elle en était encore à se faire mordre par le Chaos qui faisait tout pour détruire ses idéaux, pour lui montrer que cela ne servait à rien. Qu’elle ne serait jamais libre, que Marlyn ne lui ferait jamais confiance, que les hommes voudraient toujours continuer à blesser… Mais non. Elle continuerait à avoir confiance… Seulement, dans sa tête, Anaïel avait été irrémédiablement liée à cette harmonie qu’elle recherchait. La voir chuter… Elle ne savait pas si elle le supporterait. Il ne fallait pas… Alors malgré la présence du monstre en plaques de fer à moins d’un mètre, elle bougea les lèvres :

- Ne perd pas la tienne pour moi…

C’était un merci qu’elle avait voulu prononcé, merci pour cette promesse de liberté, merci pour cette marque de… d’amitié ? Mais elle n’avait pas pu le lui dire, son appréhension sourde prenant le dessus. Avant, c’était Anaïel qui doutait d’elle-même, et Elera qui n’imaginait pas être sur la mauvaise voie. A présent, c’était Anaïel qui ressentait ce qu’elle souhaitait comme une onde limpide faisant vibrer les fibres de son corps, et Elera qui sentait son cœur se resserrer en pensant aux possibilités, et comment tout pourrait mal tourner… Anaïel pourrait peut-être lui rendre sa liberté. Sûrement, même. Mais elle refusait que ce soit au prix de la sienne… Elle aurait voulu y penser plus en avant, s'expliquer, lui demander des détails sur ce qu’elle comptait faire, mais elle ne le pouvait pas, pas encore. Le garde, un sous-fifre inattentif dont le casque gênait son audition et qui n’avait donc rien entendu malgré sa proximité, jeta un regard méfiant et avide autour de lui. Ne voyant rien, il se tourna vers Elera, qui attendait silencieusement.

- Faut rentrer.

Elera ne répondit pas. Elle avait le droit d’être ici, du moment qu’elle n’allait pas vers la plaine de Shaal et qu’elle restait dans les frontières du parc, et il le savait aussi bien qu’elle. Si elle avait protesté, peut-être aurait-il pu s’énerver, la forcer à obéir, lui rappeler qu’elle n’était qu’une simple prisonnière, même si lui n’était qu’un garde et que ses ordres étaient réduits… Devant son silence et le fait qu’elle n’était visiblement pas apeurée par l’autorité qu’il s’était octroyé, ce fut lui qui devint nerveux, passant son poids d’un pied sur l’autre, regardant autour de lui sans rien y voir, aveugle qu’il était au monde matinal, avant d’ajouter :

- Qu’est-ce que tu fais toute seule sous l’arbre, toute façon, hein ? Ca sert à rien, et il fait super humide. Rentre donc, que j’puisse me remettre au sec, et la prochaine fois qu’tu sors, j’te laisserai peut-être cinq minutes sans surveillance.

- J’écoute.

Et Elera s’assit dans l’herbe, dos au tronc, les yeux fermés. Le garde lui lança un regard méfiant et inquisiteur, confus sur sa réponse. Il venait de lui faire sa proposition, qu’est-ce qu’elle écoutait encore ? Et si elle était d’accord, pourquoi elle ne se levait pas pour rentrer, qu’il puisse faire quelque chose de plus amusant que de rester debout dehors à garder les yeux fixés sur une fille qui ne faisait absolument rien ? Puis une lueur de compréhension illumina ses prunelles arrogantes, et il lui lança un autre regard méchant. Elle n’en avait rien à faire de sa proposition, la garce ! Elle l’ignorait complètement… Pour tout ce qu’il en savait, sa seule raison pour être sorti était de le mettre en mauvaise posture ! Elle était sûrement déjà en train de se moquer de lui sous ses paupières fermées… Elle écoute ! Il n’y avait rien à écouter, le piaillement des oiseaux était absolument écœurant. Et dire que ses compères devaient être en train de jouer avec les prisonnières, à moins qu’ils ne soient en train de faire une partie de dés ou de Haman Lô, pendant qu’il s’ennuyait à mourir, les pieds mouillés… Il la détestait. La rage l’enserra dans son étoffe rouge sang, et sans plus réfléchir, oubliant ses ordres et sa couverture de garde, il envoya son poing en avant. Les yeux fixés sur son visage paisible et innocent, il comptait bien abîmer ce petit minois qui le narguait impunément… Taper, jusqu'à ce que toute sa rage soit épuisée, et qu'elle ne soit plus qu'une marionette inconsciente entre ses mains. Et tant pis pour ce que dirait ses supérieurs, il ne pouvait plus se contrôler...

[Bon, la fin ne laisse pas beaucoup de choix sur la suite, donc si tu penses qu’Anaïel n’interviendrait pas, préviens moi par mp et je rajouterai un paragraphe où Elera évite son coup et où le garde finit par s’éloigner. Ou autre chose si tu as une autre idée et que ma fin ne convient pas pour la suite^^]

Anaïel
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Marchombre
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MessageSujet: Re: Un retour discret, parce que les chevaux ça va bien 5 minutes... (RP terminé)   Un retour discret, parce que les chevaux ça va bien 5 minutes... (RP terminé) Icon_minitimeMar 29 Sep 2009 - 13:33

Anaïel avait fermé les yeux, concentrant l'essence de son âme au plus profond des pulsations du saule, comme à chaque fois qu'elle utilisait son don d'écoute de la matière. Une manipulation qui lui venait naturellement, comme le fait de respirer, solidaire également de ces conditions physiques et émotionnelles. L'adrénaline avait enflammé ses veines lorsqu'elle avait entendu le garde s'approcher, une seconde lui avait été nécessaire pour réfléchir et agir, mais les hormones déversées dans son sang en un camaïeux de puissance avait décuplé sa force de communion avec ce qu'elle touchait. Ainsi, alors qu'a deux pas d'elle, enfin, deux bonds, Elera était en danger, la marchombre ne faisait qu'un avec l'arbre, se laissant contrôler par les douces ondulations des canaux de sèves sous l'écorce, n'ayant pas même en tête l'idée de résister à son ennvivrant appel. Sous ses doigts, l'arbre vibrait en phase totale avec son âme. Les doigts aggripés à l'écorce, plantés dans ses crevasses, elle écoutait l'histoire du saule pleureur.

"J'ouvre mes perceptions. Un homme me regarde avec amour et douceur, et ça fait frétiller mon écorce. Je sens, enfin, cette douce et enivrante émotions d'être entier, relié par mes frêles racines à cette terre qui m'accueille et me réchauffe, me procurant minéraux et eaux nécessaires à ma survie, mes racines enfouies goutent du bout de leurs cellules cet environnement étrange, si différent de celui duquel on m'a arraché. Je ne me souviens plus. Avant c'était avant. Un homme s'allonge contre mes racines devenues gaines de survies, aussi grosses que de lourdes branches, un livre à la main, il lit. Cet homme n'est pas celui qui m'a redonné la vie ici. J'accueille en mon sein mainte larmes de bonheur et tellement plus de tristesses... Elles hydratent mon sol et leur acidité souvent fait frémir mes feuilles, en comunion avec moi, le saule, les êtres pleurent leurs malheurs. Mais j'aimerais tellement les voir sourire, ces jeunes gens, mon écorce se tord et se tend pour les prendre dans mes longues feuilles en une étreinte de réconfort, j'ai vu que c'était ça qui leur faisait du bien, mais le temps s'enfuie et souvent ce sont des vieillards lorsque je me rend compte que mes efforts son vains. Et puis les gens ne viennent plus sous mes feuilles. Les armes cliquètent à mes côtés, les batailles ensanglantent l'air et le vicient, étouffant mes feuilles, cristallisant la paix en barbelés de douleur et de souffrance. Plus personne ne vient me voir. Plus personne ne pose sa main sur mon écorce. Sauf Elle. Cette jeune fille qui écoute ma vie, celle des oiseaux zinzinulant contre mes branches. Cette jeune fille à l'aura sage du chêne, vivace du bouleau, émotive du saule. Cette jeune fille aux cheveux de feu. Celle qui maintenant va se faire détruire par l'horrible main de cet homme dans sa coquille de fer. S'il te plait, sauve la..."

Avec un sursaut, Anaïel arracha ses paumes de l'étreinte de l'écorce, son corps agité de tremblements se convulsant spasmodiquement sous l'étonnement, et la violence des sentiments qui avait traversés sa peau, vitriolant ses défense aussi facilement d'un couteau contre une gorge offerte. L'histoire de l'arbre avait été un long fil tranquil, une épopée lointain et pourtant proche, d'une douceur calme et confiante, qui se débitait au fil des saisons et des contraintes extérieurs. Et puis, plus il s'approchait de la fin, plus ses perceptions devenaient nettes, les sensations vivaces lui transperçait la peau alors que le saule ressentait des émotions plus puissantes que ce qu'il n'avait jamais vécu... Et il s'était adressé à elle. Directement. Cet imprévu, cette impossibilité matérielle avait arrêté le cœur de la marchombre de surprise, diffusant dans ses veines cette solution si frissonnante d'étonnement de douleur empathique avec l'arbre. La force de ses sentiments pour Elera lui avait donné les moyens d'influer sur sa destinée, parce qu'il savait qu'en réveillant Anaïel, Elera serait sauvée. A court terme, mais n'était-ce pas déjà l'essentiel ?
Sans même le froufroutement d'une branche ou d'une feuille, faisant corps même avec le végétale, Anaïel se tendit, alors que son regard se posa sur le visage serein et pourtant si tourmenté de la jeune femme qu'elle voulait protéger. Elle écoutait le monde, dans son écrin chartreux, cet microcosme végétal à l'abris du feuillage de l'arbre amoureux, elle écoutait la vie avec une intensité et une émotion qui serrèrent le cœur de la marchombre. Ainsi il y avait bien d'autres humains capable de cette compassion, de cet émerveillement fac à la perfection qu'un monde conservait malgré les nombreuses souillures et déchirures dont il avait été l'arène. Et cet homme voulait détruire cela. Une rage meurtrière incendia sa peau, son corps, alors que ses yeux se mirent à luire avec une férocité terrifiante. Ses canines pointèrent, devennue fauve, pourtant, elle ne bougea pas même un cheveux. Son esprit canalisant la soif de sang qui l'étreignait, elle réfléchis à la meilleur option, celle qui les laisseraient sans danger, qui ne la trahirait pas. L'homme était un mastodonte imbécile, une armoire à glace haineuse et violente, elle aurait pu s'en débarrasser les yeux fermés mais l'absence d'un garde susciteraient trop de questions, alors que convenait-il de ...

Le poing du garde fusa vers le doux visage d'Elera. Anaïel ferma les yeux. Le temps s'arrêta. Comme le métal recouvrant les phalanges du garde, à seulement quelques millimètres du point d'impact. L'air s'était imprégné d'une saveur étrange, glissante et ondulante, les stridulations marbrait la trame de l'éther en une gaine oscillante et pourtant d'une fermeté plus puissante que celle de l'acier. Le sifflement marchombre qui sortait des lèvres entr'ouvertes d'Anaïel avait figé l'esprit du garde et par extension les mouvements de son corps. Son pouvoir décuplé par la colère froide qui l'habitait, la jeune femme n'agissait plus que par réflexe. Modulant le vent de son incroyable diapason, elle distilla dans ses arpèges ces quelques notes subtiles auxquelles le garde obéit avec un temps de retard, son esprit déconnecté mais néanmoins surprit de la situation. Elera avait toujours les yeux fermés, et il la trouvait belle, remarquant enfin cette sérénité qui apaisait ses traits qu'il jalousait et qu'il voulait donc détruire. Mais il ne fallait pas détruire quelqu'un comme Elera. Après un dernier regard pour cet univers dont il découvrait enfin toute la beauté, il effleura du bout des doigts les minces feuilles qui dansaient autour de lui, puis les écarta afin de laisser la petite en paix avec elle même. Sa démarche continua à parvenir aux oreilles de la marchombre bien après que le rideau chartreux se fut refermé sur lui, une démarche rêveuse et douce. Le lendemain il se reveillerait et se demanderait si ce qu'il avait vécu était un rêve ou une réalité si fantastique qu'il n'arriverait pas à y croire. Tel était le pouvoir des yeux, celui de s'ouvrir sur les merveilles insoupçonnables que peuvent dissimuler un monde d'harmonie et de vie.

Anaïel soupira, doucement, relâchant un à un ses muscles, jouant du bout de la langue avec l'air qui frétillait autour d'elle, qui valsait avec sa peau, avec ses cheveux. Une étrange sensation l'ennivra soudain, alors qu'avec la réussite de son projet elle mettait le doigt sur une chose fondamentale pour son esprit torturé. Même au cœur de cet homme arrogant et violent se cachait une graine d'enfance, en attente d'un émerveillement fabuleux fasse à la richesse du monde. Il avait juste fallu une bonne dose de persuasion et de force pour lui ouvrir les yeux, ces yeux qu'il aura refermé le lendemain matin. Mais c'était possible ! Une joie enivrante lui fit tourner la tête alors qu'elle se laissa glisser au pied du saule, aux côtés d'Elera qui la regardait d'une bien étrange façon. Elle lui décocha un sourire éclatant alors que dans ses prunelles dansaient son monde de feu et de ciel, valsant avec les papillons qui s'agitaient au creux de son cœur. Elle allait libérer ces jeunes gens, cette Académie, et en profiterait pour continuer ses expériences. Personne ne pourrait l'arreter. Elle était marchombre. Elle stridula à l'intention d'Elera ces quelques mots qui la firent sourire malgré elle :


- Je crois que cet arbre est amoureux de toi, Elera.


[dsl du retard... j'essayrais d'éviter à l'avenir mais plusieurs choses me sont tombées dessus en même temps ^^ j'espère que ça te plaira encore une fois !]


Elera
Elera

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MessageSujet: Re: Un retour discret, parce que les chevaux ça va bien 5 minutes... (RP terminé)   Un retour discret, parce que les chevaux ça va bien 5 minutes... (RP terminé) Icon_minitimeDim 4 Oct 2009 - 12:05

[« Cette jeune fille à l'aura sage du chêne, vivace du bouleau, émotive du saule. » Un retour discret, parce que les chevaux ça va bien 5 minutes... (RP terminé) Herz ]

Elera écoutait. L’écorce du saule pleureur qu’elle connaissait bien pour s’être souvent reposée sous ses branches tombantes était comme une présence solide, immuable, rassurante sur sa peau fragile et protégée par une simple épaisseur de tissu. Elle se sentait toujours bien lorsqu’elle était ici, comme si les conflits tumultueux n’existaient plus sous les calmes ondulations d’un membre sous le vent… Le saule était la sérénité, l’apaisement, la tranquillité. Elle entendait les oiseaux au loin, mais ceux-ci n’apportaient que rarement leur chanson jusqu’à à l’intérieur de cette coquille de paix : ils préféraient nicher sur des branches plus solides, camouflés sous des feuilles plus larges pour les protéger. Le saule n’était qu’un perchoir provisoire laissé ensuite au mouvement lent des forces de la nature. Le saule était le vent, il était la richesse de la terre, il était un refuge provisoire et la beauté faite arbre, mais la vie ne s’installait pas indéfiniment à ses pieds, qu’elle soit humaine, oiseau ou insecte. Mais à présent, tout ce qu’il représentait allait être perverti par la présence de cet homme sanguinaire…

Ecoutant le temps marchombre, Elera ne bougea pas. Elle en aurait bien le temps, plus tard, lorsque ce serait nécessaire… Là, maintenant, elle n’avait pas à troubler le moment de mouvements inutiles. Parce qu’en même temps que le son de l’air fusant autour d’un poing métallique, ou avec si peu de décalage que c’en était presque risible, elle avait entendu le chant. Un chant dont elle n’avait jamais oublié les notes, et dont elle pouvait encore entendre le souvenir, parfois, lorsqu’elle tendait l’oreille au cœur de la nuit et laissait défiler devant elle les images d’une fille de flammes et de vent… Le chant d’Anaïel. Un chant qui les avait sauvées auparavant et qui recommençait aujourd’hui. Un chant qu’elle ne se lasserait jamais d’écouter… Un chant qui visiblement ne laissait personne indifférent. Elle fut surprise en sentant le garde s’éloigner avec autant de douceur, et en même temps le comprenait. Le chant ne lui était pas destiné, mais elle continuait à sentir son être vibrer avec lui… Ena l’avait prévenu du danger du chant marchombre, lui avait dit qu’il forçait la volonté des hommes et ne devait pas être utilisé à la légère. Et elle avait sûrement raison, dans la bouche d’une autre marchombre. Mais entre les lèvres d’Anaïel, le sifflement était euphonie pure, et les deux volontés devenaient une plutôt que l’une prenant le pas sur l’autre. N’entendant plus le pas nonchalant du garde redevenu enfant, Elera ouvrit les yeux. Anaïel avait de nouveau les pieds sur la terre meuble, et pourtant dans ses yeux volait encore le ciel…

Elera hocha simplement la tête. Elle n’avait pas envie de bouger, pas envie de troubler lapaix nouvelle qui l’entourait. Elle était sortie voir le lever du soleil, chercher un peu d’espoir dans l’astre lumineux qui tournait inlassablement et revenait chaque matin malgré les affres du temps, et elle l’avait trouvé en Anaïel. Elle ne doutait plus qu’Anaïel lui rendrait sa liberté. Elle ne doutait plus que la beauté de ce monde prévaudrait aux coups de poignards acrimonieux d’un chaos à l’agonie. A l’agonie, car malgré tous les efforts de ses mercenaires, jamais ils ne réussiraient à abimer la trame profonde de la vie… Contrôler l’Académie était puérile, tant que les cœurs de ses habitants restaient hors de portée. Enchaîner ceux qui étaient au courant à travers menaces et tortures ne mènerait pas à leur idéal de destruction complète… Non, elle n’avait plus peur. Elera posa sa main sur l’écorce, douce caresse envers cet arbre qui l’avait sauvée malgré son immobilité forcée, puis tourna son regard vers Anaïel. Elle ne savait pas comment la remercier. La remercier de son chant, de ses mots bienveillants, de ses actions futurs et de cet espoir qui avait tellement manqué dans la dernière saison. Un simple mot ne pouvait pas être assez ; deux sons ne pourraient jamais contenir toute la reconnaissance qu’elle ressentait… Alors elle ne dit rien, comptant davantage sur les perceptions d’Anaïel pour ressentir tout ça dans son silence. Et dans son sourire, aussi, un sourire comme elle en avait avant, un sourire simple mais empli d’une joie infinie ; ce n’était plus l’un de ses sourires crispés et presque forcés qu’elle se forçait à garder depuis plusieurs cycles de lune, mais un vrai sourire illuminé de l’intérieur… Inspirant l’odeur du renouveau, de l’herbe fraîche et de la brise sur laquelle voguait pollen et graines de vie, Elera se sentit de nouveau entière. Lorsqu’elle reprit le fil de la conversation où elles l’avaient laissé, ramenant le Chaos au premier plan, son cœur n’était plus serré par l’inquiétude. Car tout irait bien, elle en était certaine à présent…

- Qu’est-ce que tu comptes faire, exactement ?

Est-ce qu’elle allait partir à nouveau, chercher de l’aide à l’extérieur ? Ou laisserait-elle à nouveau ses pas fouler le sol de l’Académie ? Que pouvait faire Elera pour l’aider ? Parce qu’Elera avait beau être certaine qu’Anaïel tiendrait sa promesse, ce n’en serait pas moins difficile. En une saison, le Chaos avait eu tout le temps nécessaire pour resserrer d’une main de fer sa prise sur l’Académie. Même avec toute la volonté du monde, Anaïel ne pourrait pas détruire des années de préparations minutieuses en quelques jours. Mais ce n’était plus important ; quels que soient les moyens, la fin serait la même. Elle retrouverait son apprenti, Ena retrouverait sa fille, les prisonniers seraient libérés. Les élèves, eux, seraient libres d’aller et venir à leur gré. Elle pourrait partir, si elle le souhaitait encore. Les professeurs ne seraient plus obligés d’agir de manière contraire à leurs principes, et Arro retrouverait le sourire… L’Académie redeviendrait un refuge aussi accueillant que le saule aux feuilles douces. Elera leva la tête vers sa cime ; elle venait de se souvenir de cet éclair éphémère à la couleur flamboyante qu’elle avait vu passé avant l’arrivée du garde, mais il n’y en avait aucune trace. Elle ne savait toujours pas ce qu’elle avait vu, et quoi que ça puisse avoir été, c’était parti… Anaïel savait peut-être. C’était avec sa disparition au creux des branches qu’Elera l’avait aperçu, après tout… Lentement, elle prit la parole, espérant que la marchombre saurait de quoi parlait Elera :

- Quand tu es montée là-haut… Qu’est-ce que c’était ?

Elera ne put s’empêcher un nouveau sourire à moitié dissimulé de faire son chemin sur son visage après avoir posé la question ; elle se souvenait de leur première rencontre, et de la manière dont elles avaient toutes les deux fait part de curiosité. Visiblement, cet attribut ne l’avait pas quitté… Mais son sourire la quitta ensuite pour laisser la place à un regard attentif ; toujours, elle écoutait. Attendant une réponse, quelle qu’elle soit, ou un changement dans l’air…

Anaïel
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MessageSujet: Re: Un retour discret, parce que les chevaux ça va bien 5 minutes... (RP terminé)   Un retour discret, parce que les chevaux ça va bien 5 minutes... (RP terminé) Icon_minitimeVen 9 Oct 2009 - 3:22

La valse du ciel au creux du ventre doucement se transformait en ballet, aérien, pur et consumant. La joie qu'elle éprouvait était d'une nature étrange, telle qu'elle n'en avait jamais connu. La joie d'avoir fait quelque chose de bien. Le garde s'éloignait, elle entendait son pas, ses pieds foulant plus délicatement qu'il ne l'avait jamais fait, l'herbe tendre du par de l'Académie, suivit par son coéquipier pour le moins surpris. Heureusement que le garde qui était entré sous le saule était le plus gradé, dans le cas contraire l'autre aurait sans aucun doute opposé une certaine résistance à s'éloigner. Mais le hasard faisait bien les choses, malgré la curiosité qui le dévorait surement, et du fait de sa hiérarchie forcée, il n'avait pu savoir, obligé de suivre une personne qui l'indifférait sur un simple ordre de celle-ci. . Enchainé entre les chaines qu'il s'était lui même forgé. Anaïel eu un sourire en coin, mi figue mi raisin, traduisant sans doute l'amertume et la tristesse de la fatalité humaine. Elle ne comprenait tout simplement pas. Doucement, elle secoua la tête, libérant ses pensées de même que ses mèches blondes cendrés d'ében, et vrillant son regard dans celui d'Elera. Une marchombre exceptionnelle, des étoiles au creux des yeux, et cette personnalité volatile, espiègle, enfantine, émerveillée, et pourtant d'une sagesse proprement ahurissante. Le saule avait bien choisi son amoureuse. Et malgré tout, malgré sa capacité d'amour, et à cause d'elle aussi, même si ses chaines à elle étaient d'or plutôt que de servitude, le résultat était le même. Clouée au sol. Avec grâce, certes, mais les aiguilles du temps, implacablement, continuaient de lui trancher les ailes de leur tic tac acide. Elle méritait tellement plus que ça...

Arpentant sans un souffle l'étroit espace du saule, ses phalanges devenues plumes caressant avec une tendresse immaculée les feuilles chartreuses, Anaïel réfléchissait à la marche à suivre. Le doux balancement des larmes de l'arbre accentuaient l'étrangeté de l'instant, disséquant le temps en infimes secondes de lucidité et d'illusions, l'illusion d'être protégé par la voute végétale, la lucidité d'avoir la nuque offerte à l'ennemi, pour peu qu'il se rende compte de leur présence à toute les deux. Glacial, le moment s'en trouvait teinté d'acidité et pourtant la douceur du matin ne pouvaient qu'apaiser leurs âmes tendues par l'urgence et le temps qui filaient en pluies bien trop insaisissable.
Que comptait-elle faire ?
Oui, c'était une question intéressante, Anaïel n'avait pas la moindre petite once de compétence en technique d'infiltration, de guerre, de tactique, ou quoi que se soit d'autre impliqué dans une bataille entre plusieurs entités différentes. Pour elle, le combat se résumait à protéger sa vie lorsqu'on la menaçait, que se soit un homme ou un animal, ses techniques ne concernaient que ses actions vitales comme la chasse, où l'endroit qu'elle allait choisir pour passer la nuit. En aucune manière elle n'avait été impliqué dans une confrontation de cette envergure, même de moindre, et elle devait avouer qu'elle ne savait absolument pas quoi faire pour changer les choses. Quelques années de moins et elle se serait précipité dans le tas, comme une ombre, et serait aller couper la tête du chef ou de la chef, afin de dissoudre le groupe. Mais le chaos n'étais pas une entité liante comme les autres, chaque personne le possédait en plus ou moins grand quantité dans son cœur, et ses fleurs, chardons antracites, germaient alors, imanquablement, nourris par les noires ambitions, les meurtres et les tromperies. Aucun n'était dans l'absolu plus important qu'un autre, une meute de chien enragés pouvaient toujours nuire. Oh, il aurait été plus facil de dissoudre le groupe si la tête en était supprimée, mais même la tête coupée, le loup peut encore mordre (princesse Mononoke power j'ai réussis à le caser \o/). Et cela risquait en outre de mettre la vie des otages en danger, et cela ne devait pas se produire. La liberté d'Elera en dépendait. Anaïel s'arreta, frustrée, ne sachant absolument pas quoi faire. Vivement, elle se retourna vers L'autre marchombre, et sifflota, doucement, toujours, afin qu'aucun tiers ne puisse les entendre. Elle faisant confiance à Elera pour capter ses mots, portés par le vent et par lui seul.


- Je ne sais pas quoi faire, il va falloir que tu me guide. Je n'ai pas assez d'informations, et même si je les avait toute, je ne m'y connais absolument pas en tactique d'infiltration ou toutes ces choses propres aux...

Elle se tut soudain. Oui, propres aux humains, elle avait faillit le dire. Et cela fit derechef monter en elle une bouffée de bile et d'amertume. La violence, la traitrise, les tromperies, le malheur, la solitude... Elle secoua la tête et s'assit, dos contre le tronc, les genoux remontés contre sa poitrine, et posa son menton sur ses rotules. Puis elle ferma les yeux. Elera ne répondit pas tout de suite, et Anaïel ne savait absolument pas à quoi elle pensait. Reflechissait-elle elle aussi à un plan d'attaque ou analysait-elle sa phrase intérompue pour en découvrir les aspect et ce que cela montrait d'elle ?


- Quand tu es montée là-haut… Qu’est-ce que c’était ?

Ses yeux s'écarquillèrent de surprise. Avec un étonnement non dissimulé, elle tourna son regard vers la jeune femme. Et bien, elle n'en finirait pas de la surprendre. Alors que le danger les menaçaient, qu'elles discutaient de la marche à suivre, du prochain coup à jouer dans ce jeu d'échec mortel, elle restait fixée sur un point qui la rendait curieuse. Un sourire en coin étira les lèvres d'Anaïel. Le pouvoir de la curiosité était magnifique. Elle ne répondit pas tout de suite, tandis que montaient, lents et de plus en plus vivace, les frissons le long de ses omoplates. Que pouvait-elle lui confier ? Ce dont elle parlait était surement un éclat que sa greffe avait laissé échappé, une note de musique s'enfuyant dans le vent et qu'elle n'avait pu rattraper dans le feu de l'action. Devait-elle lui dire ? Sa greffe était l'accomplissement physique de son rêve, de l'objectif qui la tenait debout depuis qu'elle avait ouvert les yeux, ce coin de cœur ou berçait encore le rêve d'un enfant, un rêve non pollué par l'empreinte qui marquait ses cellules au fer rouge. C'était sa personnalité, ce qui faisait qu'elle était Anaïel, et qu'aucune nature, malédiction et prédestinée ne pouvait altérer. Le dévoiler était plus important que ce qu'elle avait jamais raconter dans sa vie. Mais après tout, satisfaire la curiosité de la jeune fille lui serait-il si contraignant ? Dans l'absolu ce ne pouvait être qu'une aide pour la suite, à vrai dire. Ses yeux vrillant ceux de la jeune femme, elle sondait son âme. Elera était pure, la curiosité seule motivait ses propos, et malgré sa composante humaine, la confiance qui se dégageait d'elle était bien plus contagieuse que ce que Anaïel avait pu rencontrer au cours de sa vie. Son âme était belle, et sa beauté balaya les doutes de la marchombre.

Sans un mot, elle se leva et pivota sur elle même, non sans avoir au préalable écouter la nuit afin de détecter une tierce présence. Seules au monde, sous la voute du saule amoureux, Anaïel déploya ses ailes. Son habit était composé d'un espèce de débardeur de cuire s'accrochant autour de son cou et lui laissant le dos libre. Une chape de peu de siffleur recouvrait l'ensemble, qui pouvait aisément se relever lorsque qu'elle utilisait sa greffe. Le monde vert d'eau devint étendue étoilée alors que les reflets étincelants de ses plumes de neige colorait l'atmosphère de millions de reflets vivants. Comme à chaque fois que se omoplates vibraient, son âme dansait avec elles, alors que la joie lui obstruait la gorge et lui piquetait la peau, à travers ses ailes, le Rentaï brillait, à travers ses ailes, Anaïel chantait. Ses paumes tournées d'elles même vers le ciel, frissonnaient à l'unisson de sa peau, et ses perceptions s'ouvraient sur le monde qui l'environnait, comme un aveugle ouvre les yeux pour la première fois un midi d'été. La brûlure occasionnée par l'ensemble de ses perceptions ne duraient qu'un temps avant qu'elle ne s'accommode de cette grisante sensation, mais le résultat n'en était que plus fantabuleux. Ses pieds pivotant sur l'herbe tendre sans en casser un seul brin, Anaïel fit face à la deuxième personne à qui elle dévoilait sa greffe. Une confiance extraordinaire lui étreignait le cœur, et sous le feu de son regard, le monde se colorait d'espoir et d'avenir chatoyant. En un soupir, harmonieux, ses ailes ne firent plus qu'une avec son corps, et ses paumes cessèrent de brûler, entrainant un renouveau de sensations plus perceptibles et moins intenses. Sa voix pris des accents rêveur lorsqu'elle repris la parole. Des étoiles dans les yeux, elle regardait Elera, la jeune marchombre qu'elle allait à présent accompagner. Jusqu'au bout.


- Je pense que tu te doute de ce que je t'ai montrer, Elera. C'était ma greffe. Tout simplement.

Tout simplement pouvait-il traduire le bonheur qui vibrait avec son âme à chaque fois qu'elle utilisait sa greffe ? L'émotion qui l'étreignait et faisait brûler ses paumes pouvait-elle ne serait-ce que se raconter ? Les mots étaient superflus, elle se tut donc et se rassit sans un bruit dans sa position initiale, le dos au tronc et les genoux repliés contre sa poitrine. Le phœnix aux yeux d'argent chantant contre son sternum la mélodie de son maître lorsqu'elle lui disait que la confiance et l'amitié étaient les plus belles émotions du monde avec la liberté.


- Alors, que fait-on ?


[ Bon, il est très tard, enfin très tôt, et je ne me relis pas ce soir, donc le resultat n'est peut être pas au top, si jamais il y a un problème j'édit ^^' faut vraiment que je dorme moi ><)


Elera
Elera

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MessageSujet: Re: Un retour discret, parce que les chevaux ça va bien 5 minutes... (RP terminé)   Un retour discret, parce que les chevaux ça va bien 5 minutes... (RP terminé) Icon_minitimeSam 24 Oct 2009 - 22:13

[J'espère que tu ne seras pas déçue, après cette longue attente ! Un retour discret, parce que les chevaux ça va bien 5 minutes... (RP terminé) Hug ]

Ange de Feu.

Un surnom qu’Elera avait instinctivement utilisé lorsqu’elle pensait à la marchombre au chant magique, aux doigts de fée, au pas aérien, aux yeux flamboyants. Un surnom qui n’avait jamais été aussi complet… Les paraphrases venaient souvent compléter l’image qu’Elera se faisait des autres, et c’est ainsi qu’elle les nommait, lorsque ce n’était pas par leurs noms. Ainsi avait naquis en son esprit l’Enfant du Chaos, la Fille des Loups, l’Ange de Feu. Plus vrais, parfois, que les sons sans significations véritables que l’on affublait à un enfant à la naissance. Sons qui pourraient convenir à tellement d’autres… Mais en nommant mentalement Marlyn Enfant du Chaos, elle avait pensé à son passé, à ses rêves perdus dans l’amertume, à son monde de ténèbres et ses buts obscurs. En nommant Tinuviel Fille des Loups, elle s’était remémorée cette nuit de tristesse envolée, d’étoiles scintillantes et de hurlements nocturnes dans l’air frigide sous l’astre d’argent. Beaucoup de souvenirs revenaient aussi à son esprit lorsqu’elle pensait à Anaïel ; ses yeux d’orange et d’ambre, de lumière et d’obscurité bleutées ; ses paumes ouvertes au ciel, écoutant la chanson du vent ; le vent qui soufflait dans ses cheveux cendrés, et ces oreilles qui frémissaient sous sa douce caresse. Cela semblait tellement logique, qu’elle soit Ange de Feu, fille du ciel et enfant de la mélodie du monde.

Mais jamais, jamais elle ne se serait attendue à voir de vraies ailes se déplier sur ses omoplates. Parfaites d’harmonie et d’équilibre, vibrant de l’envie de s’ouvrir plus encore pour s’élever dans le vide. Plumes chatoyantes d’espoir, articulations aussi concordantes que les phalanges de la main. Qu’avait-elle dit une année plus tôt, au sommet d’une montagne improbable où les maux s’effaçaient et où l’air vibrait au rythme de leurs âmes, à moins que ce n’ait été le contraire ? « Tu sais, la première chose que j’ai dit en entrant à l’Académie, c’est que j’étais là pour réaliser mon rêve. Je leur ai dit que je voulais voler. » Et elle l’avait fait. Littéralement. Métaphoriquement, aussi, mais elle avait vraiment déployé ses ailes, atteint cet idéal qui avait parfumé les nuits de son enfance et de son adolescence. Et non contente de pouvoir enfin sillonner le ciel, elle continuait à avancer, volant toujours plus haut sur les courants d’air ascendants à la recherche de ce sentiment enivrant où chaque chose à sa place, pour pouvoir enfin porter sur le monde un regard sans haine (Moi aussi, vive Miyazaki o/). Sur sa Voie. La Voie des Marchombres… Et sa joie était tellement patente sur son visage, mélange de passion et d’extase, transport vertigineux emportant son esprit vers un lieu insondable. Lorsqu’elle replia ses ailes, le monde sembla un peu plus sombre, un peu plus calme aussi. Elera n’eut pas la force de répondre immédiatement. Elle ferma les yeux qu’elle avait ouvert sans plus battre des paupières une seule fois de peur de rater une seule seconde de cette scène touchant au merveilleux, et se reforma mentalement l’image, se délectant de cette vision éthérée qu’elle n’oublierait jamais. Mais déjà les affres du souvenir en effleuraient les contours, estompant l’apparition pour n’en laisser qu’une image nébuleuse à côté de la vivacité de la réalité ; les rêves les plus précis ne pourraient jamais atteindre la beauté de cet instant immuable…

Finalement, Elera ouvrit les yeux, et se laissa doucement glisser au sol, s’asseyant en tailleur face à la marchombre, laissant l’une des branches du saule qui l’avait sauvée battre légèrement sur son épaule. Aucun mot n’échappa de ses lèvres, pas encore, mais ses yeux brillaient de gratitude et son sourire reflétait un sentiment de plénitude sans fin. Des ailes. Une greffe parfaite pour Anaïel, et elle en était tellement heureuse… Heureuse, aussi, pour cette marque de confiance dont elle ressentait l’importance. Elle savait que peu de marchombres aimaient à dévoiler leur greffe, et se doutaient qu’Anaïel faisait partie de ceux-ci. Et pourtant, elle était là, les omoplates encore frissonnantes de sensations, les calmant au contact de l’écorce végétale… Elle ignora la question, question d’importance primordiale, pourtant, question qui l’avait hantée des semaines durant. Elle ne semblait plus aussi vitale, à présent, et d’une poussée mentale, elle l’a remis à plus tard. Souffle léger, d’abord, pour remercier Anaïel d’une confiance réciproque.

- La mienne n’est pas de celles que l’on peut voir, mais le sentiment ne doit pas être bien différent…

Elle n’expliqua pas plus en avant. Elle avait vu le visage d’Anaïel lorsque celle-ci avait déployé ces ailes, elle savait que l’Ange de Feu comprendrait parfaitement la symphonie qu’elle mentionnait. L’euphorie du cadeau du Rentaï, lorsque la beauté de la voie des marchombres l’emplissait, noyant tous les doutes pour ne laisser qu’une boule de lumière éclatante de justesse…

- Il m’a greffé un Instinct. Instinct qui me pousse dans la bonne direction, et qui me permet de toujours savoir où sont ceux en qui je tiens plus que tout… Ceux qui ont gagné une place importante dans ma vie, et qui ont laissé à jamais une empreinte sur mon âme.

*Tu en fais partie,* avait-elle envie d’ajouter, mais elle garda le silence. Son esprit s’était à nouveau tourné vers les prisonniers introuvables et le Chaos qui les cachait. Anael. Kirfdéin. Kushumaï, aussi, si elle prenait en compte les regards hagards d’Arro et sa présence à l’Académie. Celle qu’il avait épousée un beau jour de printemps à l’Académie aurait pu être morte, mais dans ce cas, Elera doutait qu’Arro soit resté ici, où qu’il n’ait pas enterré le corps à part. La Dessinatrice de lupus faisait parti des morts qu’elle n’avait pas vu parmi les cadavres… Frissonnant au souvenir de tous les corps qui avaient jonché le hall d’entrée et la cour intérieure cette nuit fatidique, Elera se mordit la lèvre, essayant de repousser cette vision d’horreur. Et tout ce qu’il faudrait pour faire revivre les âmes en peine qui se promenaient parmi les nouveaux apprentis insouciant, c’était délivrer les prisonniers pour pouvoir agir sans peur pour eux… Tous, introuvables, malgré les efforts d’Elera.

- Aucun des prisonniers n’est devenu assez important pour que je puisse les retrouver… et pourtant, les chaînes du Chaos ne pourraient pas être plus lourdes. Chacune des vies qu’ils tiennent entre leurs mains est reliée à d’autres, et si une seule meurt, c’est toute l’Académie qui tombera dans le malheur. Pour le moment, on s’accroche tous à l’espoir de les retrouver vivant, un jour… Je dois rester. Pour eux tous. Pour pouvoir agir, lorsque l’heure en sera venue. Et puis, ils ont mon apprenti… Je n’étais pas maître trois jours qu’ils me volaient mon futur…

Une minute de mélancolie, puis au fil de ses lentes paroles qui résonnaient comme un écho dans sa tête, le début d’une idée commença à germer. Elle la laissa s’épanouir en silence, comme l’une de ses fleurs qui ne s’ouvraient que quelques heures pendant la nuit avant de cacher leurs pétales à la lumière du jour, puis lorsqu’elle fut éclose, Elera leva la tête.

- Je sais ce qu’on peut faire.

Idée, simple idée, qui prit un peu plus de force à ces mots plein de certitudes, malgré les doutes latents qui n’attendaient qu’à la réduire en miettes, comme les pages de ces livres anciens qui tombaient en poussière dès qu’un doigt se posait sur leurs coins vulnérables. Cela faisait tellement longtemps qu’Elera était réduite aux actes de rébellion qui ne changeaient rien à sa situation, si ce n’était son état d’esprit… Alors elle s’appropriait lentement la notion, en malléant chacune des composantes de peur de la voir s’envoler. D’un ton posé, elle la délivra enfin :

- Si tu veux agir, tu devras rentrer dans l’Académie… Savoir qui sont ceux qui nous contrôlent, et qui se bat pour la liberté. Tu es sensible aux gens, n’est-ce pas ? Tu pourrais les trouver plus facilement que beaucoup d’entre nous. Tu n’as pas les préjugés de plusieurs mois aux côtés de certains, mois qui ont effacé notre jugement et n’ont laissé qu’illusions et doutes derrière eux. Nous ne savons plus à qui faire confiance, et nous sommes trop surveillés pour pouvoir trouver les otages ou poser nos questions… Mais l’Académie est bien trop contrôlée pour y entrer sans que les mercenaires ne le sachent. Tu pourrais te cacher un moment, long peut-être, mais ils finiraient par te découvrir, comme le rongeur qui se cache entre les herbes mais que le tigre des plaines fini par percevoir… Cela ne doit pas arriver. Il serait mieux que tu entres par la porte d’entrée, et que tu ais un prétexte. Mais nous ne pouvons pas leur mentir, non plus. Ils sauront que tu es marchombre, et certains te reconnaitrons peut-être. Venir par simple envie de retrouver l’Académie ne suffira pas. Ils auront trop peur que tu découvres la vérité et te feront partir à la première occasion. Je ne vois qu’une position pouvant expliquer ta présence sur une longue durée…

Elera fit une dernière pause, pris une longue inspiration, puis laissa le vent emporter ses derniers mots. Et ce fut comme un frisson qui courut le long du saule pleureur, frisson qu’elle ne put définir…

- …Maitre Marchombre.

Anaïel
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MessageSujet: Re: Un retour discret, parce que les chevaux ça va bien 5 minutes... (RP terminé)   Un retour discret, parce que les chevaux ça va bien 5 minutes... (RP terminé) Icon_minitimeMer 28 Oct 2009 - 1:36

L'air chantait dans ses cheveux, faisant volter ses pensées telles un essain de papillons argentés. Son légendaire sourire tordu aux lèvres, les yeux brillants, ses perceptions aiguisées par le tranchant des émotions dues à sa greffe, elle écoutait, regardait, analysait, avec acuité et concentration. Les yeux d'Elera s'étaient agrandis d'étonnement, le miracle de sa greffe la pénétrant également au plus profond de cette fibre émerveillement qu'elle cultivait avec une rare dextérité. Les Hommes ont toujours été fascinés par les oiseaux. Elera ne semblait pas faire exception à la règle. Puis elle lui expliqua le principe de la sienne. Pour une obscure raison, l'âme de la personne étant sans doute dévoilée dans ce tournant de la vie d'un marchombre, Anaïel fut émerveillée par l'altruisme que traduisait la greffe de la jeune femme. Sa vie semblait vouée aux êtres qu'elle chérissait, cette fibre d'amour se retrouvant au cœur même de sa voie, de son esprit marchombre. Tant que des gens comme Elera existeraient, le chaos ne pourra régner en maître absolu. Mais sa greffe, dans l'absolu, ne les aidait pas grandement. Les otages restaient invisibles, la toile sombre et maléfique cachant ses points d'attaches pour que le coeur des protagonistes ne connaissent pas le repos, tiraillés entre le désespoir de leur cause perdue et la peur de se faire enlever leurs êtres chers. Anaïel, le dos au tronc, réfléchissait en même temps qu'Elera au problème posé. Comment l'infiltrer dans l'Académie, durablement, de façon stable et non critiquable. Puis la marchombre lança son idée, telle une flèche glacée dans l'aube naissante, les doutes s'y accrochant comme les lambeaux d'obscurité qui résistaient encore, mais la certitude sous-jacente nettement perceptible.

Maître marchombre.

Anaïel sursauta à ces mots, les ayant tant de fois entendu à propos de son propre maître, le monde de l'enseignement lui étant connu et pourtant si éloigné, elle tourna des yeux flamboyants de surprises vers la jeune femme aux cheveux de feu. Elle, maître marchombre ? La surprise était telle qu'un improbable rire monta le long de ses entrailles, qu'elle parvint à réfréner avant qu'il ne franchisse ses lèvres. L'idée n'était pas des plus brillantes, comment imaginer une seule seconde qu'elle pourrait enseigner, apprendre des choses à des humains, des enfants, des gens qu'elle ne connaissait pas et pourtant qu'elle haissait déja ? Elle secoua la tête et se releva, arpentant l'espace clos en quelques pas aériens, l'agitation engourdissant ses membres, réfléchissant au problème posé. Elera la regardait aller et venir, un sourire confiant aux lèvres. Elle finit par se planter face à elle, puis elle rencontra son regard et sifflota doucement :


- Je ne peux pas, Elera, moi, maître marchombre ?


Elle secoua la tête dérechef tant l'idée lui paraissait saugrenue. L'évidence ne la frappa pas tout de suite, elle n'avait pas confiance en elle, avait peur des autres, de ces gens qu'elle ne tolérait pas, peur de faire du mal alors que son but était d'aider la jeune femme souriante devant elle. Contre toute attente, une colère froide monta en elle, alors que la perspective de provoquer plus de chaos qu'il n'y en avait déja la frappait de plein fouet. Sa colère se mua peu à peu en amertume, alors qu'elle balaya l'idée de quelques mots acides, souhaitant dissoudre le mépris qu'elle s'inspirait à l'idée d'Elera.

- Je ne peux pas être maître, tu ne te rend pas compte, crois-tu vraiment que je pourrais enseigner quoi que se soit alors qu'a tout moment la haine que m'inspirent ces enfant menacera de me submerger ? Je pourrai leur faire du mal, Elera, comme j'ai failli de détruire l'autre fois, sur les falaises...

A Cette idée, son souffle se fit légèrement plus court, le désastre avait vraiment été évité de peu, elle était passé à ceux doigts de tuer la deuxième personne qui ai jamais compté dans sa vie. Elle serra les points avec force afin de cacher ses sentiments, et détourna le regard. Mais dans l'absolu, l'idée était tout de même intéressante... Outre le fait qu'elle risquait de tuer quelqu'un, cet emploi lui servirait d'alibi fondé pour ce qu'elle voulait faire, elle pourrait enquêter en douce, chercher avec Elera les prisonniers à l'intérieur même de la gueule du loup, avec logement et nourriture en prime... Oui mais non, rien de tout cela ne pourrait avoir lieu, puisqu'elle doutait même de se retrouver face à quelqu'un sans avoir envie de lui sauter à la gorge. Elle avait négligé son entrainement trop longtemps, laissant peu à peu, au fur et à mesure du temps qui passait, une plus grande place à cette haine viscérale se tapissant au fond de ses cellules, la laissant se développer comme une diabolique tumeur, la renforçant par ses faiblesses, par son refus à côtoyer ces êtres qui la faisait frémir d'horreur.

- Je risquerais de tuer quelqu'un...

Son ton, à sa grande surprise, avait pris une teinte légèrement mais indubitablement suppliante. Elle lui tourna le dos et après quelques pas, posa ses mains sur l'écorce du saule amoureux, puisant la force et la sérénité dont elle avait besoin dans l'antre végétale de ce sage centenaire. La vérité était qu'elle aurait aimé pouvoir le faire, pouvoir aider Elera, pouvoir lui rendre ses ailes par cette méthode si facile, qu'un autre aurait pu utiliser à sa guise comme parfait alibi... Mais elle n'était pas assez forte. Tout simplement. Ses épaules tressautèrent, l'amertume emplissant sa bouche d'une saveur amer, comme le venin qui la rongeait depuis sa naissance. Il devait y avoir une autre solution, il devait y en avoir une autre.

[ ton post est magnifique le mien un peu moins sans doute, mais j'espère qu'il te plaira quand même au moins un peu ^^ en ce moment l'inspiration n'est pas vraiment la mais bon faut faire avec !! ==> hate de commencer les cours ça va être drôle ^^]

Elera
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MessageSujet: Re: Un retour discret, parce que les chevaux ça va bien 5 minutes... (RP terminé)   Un retour discret, parce que les chevaux ça va bien 5 minutes... (RP terminé) Icon_minitimeDim 1 Nov 2009 - 16:33

Elera laissa Anaïel marcher de long en large devant elle, immobile, bambou laissant la tempête qu’elle sentait tournoyer dans l’âme de la marchombre glisser le long de ses fibres sans en être touché en profondeur. Elle attendait le calme, simplement, pour mieux pouvoir voler sur le vent. Attendait la fin des arguments d’Anaïel. La fin des doutes et des excuses dérisoires. Parce qu’elle, contrairement à l’Ange de Feu, était emplie de la plus pure certitude qu’Anaïel ferait un bon maître ; et cela justement parce qu’elle avait tellement peur d’échouer… Ce fut d’abord le bruissement rassurant du vent dans les feuilles qui répondit à la marchombre, et la lenteur immuable de la vie qui coulait comme la sève au cœur de l’écorce du saule. Puis la voix d’Elera s’y ajouta, porteuse de questions litigieuses qui, d’un seul chapelet de notes, contredisaient toutes les suppliques d’Anaïel :

- Etre en présence d’autres personnes n’est-il pas le meilleur moyen pour toi de dompter ta haine ? N’est-ce pas une étape importante, si tu veux continuer à avancer sur ta voie ?

Anaïel était Marchombre. Elle comprendrait cette nécessité d’aller toujours plus loin, de se défier soi-même, pour ne jamais se perdre et assurer sa liberté… Comment pourrait-elle continuer à avancer vers l’harmonie si la peur de tuer quelqu’un la suivait à chacun de ses pas ? Si le chaos animal pouvait prendre le contrôle de son corps à chaque instant ? Combien de temps continuerait-elle à fuir les hommes qu’elle haïssait tant, pour ne pas trahir sa voie ? Vivre seule ne la délivrerait pas de son mal, et s’échapper sans cesse ne lui apporterait aucune solution, aucune sérénité… Sa rage l’accompagnerait peut-être toute sa vie et ne disparaitrait jamais complètement, mais apprendre à supporter la présence des hommes lui permettrait sûrement de contrôler un minimum son animosité ancestrale. Avoir un apprenti lui apprendrait tellement de choses… Elera sentit une pointe de nostalgie en repensant à sa propre expérience. Si Anaïel ne se sentait pas prête, Elera avait voulu mener les pas d’un nouveau marchombre sur le début de cette voie lumineuse ; et elle avait échoué lamentablement… Mais elle ne pouvait pas laisser ses propres doutes l’emplir maintenant, c’était le meilleur moyen pour qu’Anaïel se referme entièrement à l’idée- et Elera n’avait pas d’autres idées permettant à Anaïel d’être acceptée à l’Académie sans attirer les soupçons. Alors elle repoussa ses doutes au fin fond de son cœur, et laissa à nouveau le lac limpide de sa certitude se couvrir d’une surface calme et sans rides. Murmure cavalant, alors qu’elle continuait :

- Peut-être que, en les connaissant mieux, tu trouverais de la beauté dans leurs âmes, aussi… Comme pour le garde, ils ont tous une fibre enfantine qui n’attend qu’à vibrer. Former un apprenti sur la voie marchombre, n’est-ce pas un moyen de repousser le chaos qui est en nous ?

Mais tous ses arguments ne servaient à rien si c’était la peur qui empêchait Anaïel d’accepter. La peur de tuer, et d’ainsi trahir sa voie. La peur de se laisser aller à cet instinct animal, et de s’éloigner de l’harmonie tant recherchée. La peur de se tromper, et de faire une erreur irréparable… C’était encore ce doute qui rongeait les âmes, le doute du bien et du mal, le doute du vrai et du faux, du bon chemin et du mauvais. Doute qui pouvait pousser en avant ou tirer en arrière, selon la situation… Et face à ce doute Elera ne pouvait qu’offrir sa certitude. Que lui conseillerait Ena ? Ena qui l’avait guidée pendant si longtemps, et qui l’avait obligée à faire face à chaque épreuve pour laquelle elle était prête, même si Elera ne le savait pas toujours ? Le visage neutre entouré de cheveux acrobates se définit dans son esprit, et les mots tintèrent à ses oreilles comme une cloche claire au milieu de la brume.

- Un jour, mon maitre m’a dit que pour que l’oiseau sache qu’il peut voler, il faut le lancer dans le vide…

Des mots qui l’avaient guidée longtemps, et à tellement de reprises. Avant chacun des choix qu’elle avait pris, en quelque sorte, et chaque épreuve qu’elle avait passée… Oh, il arrivait aussi que l’oiseau ne sache pas voler. Parfois l’échec tombait sur les épaules comme une avalanche de pierres qui interdisait de se relever. Mais Ena avait toujours été là pour la rattraper, au cas où son pied glisserait vers la chute. Et lorsqu’Ena n’avait pas été là, il y avait toujours eu quelqu’un d’autre… Tellement de visages lui venaient à l’esprit, lorsqu’elle pensait à tout ceux qui l’avait aidée lorsque les épreuves de la vie étaient devenues trop difficiles pour elle. Encore aujourd’hui, enchainée par le chaos, Khelia et Silind étaient là pour assurer la résistance, Elio pour lui remonter le moral, Anaïel pour lui prouver que l’harmonie perdurait. Anaïel était capable de devenir Maitre Marchombre, Elera en était certaine, et si ce n’était pas le cas, alors Elera serait son filet et l’empêcherait de commettre l’irréparable. Mais peut-être que, ça non plus, elle ne le pouvait-elle pas… Il y avait un moyen très simple de le prouver, pourtant. Dangereux, oui, mais simple. Peu importait ; Elera avait confiance. Alors avant de se mettre en action, Elera laissa une dernière certitude échapper ses lèvres :

- Tu ne tueras personne, Anaïel. Je le sais.

Et elle bougea.

Jamais, auparavant, elle n’avait essayée de s’approcher d’Anaïel, laissant toujours une distance entre elles, par respect et compréhension. A présent, sa main fusait, pas assez rapide pour qu’Anaïel puisse croire qu’Elera voulait l’empêcher de réagir ou la bloquer, pas assez lente pour lui laisser le temps de trop réfléchir, avant de se poser comme une plume sur l’épaule d’Anaïel qui était dos à elle, face au tronc. En contact physique direct, pour la première fois. Et en danger. Plus encore que lorsqu’elles avaient frôlé la catastrophe, sur les falaises… Elera entendit clairement le battement de cœur qui accompagna son mouvement. Et puis, bloquée mentalement entre deux secondes, elle attendit infiniment le prochain, preuve que sa foi sans limite pour Anaïel était fondée, ou le manque de battement qui signifierait qu’elle venait de faire la plus grande erreur de sa vie… Si Anaïel se contrôlait, elle lui aurait prouvée qu’elle pouvait devenir Maitre. Sinon…

Et bien, elle était morte. Ou tout du moins blessée…

[Mm, je ne suis pas sûre que la fin soit très cohérente, j’édite s’il le faut, n’hésite pas à demander !]

Anaïel
Anaïel

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MessageSujet: Re: Un retour discret, parce que les chevaux ça va bien 5 minutes... (RP terminé)   Un retour discret, parce que les chevaux ça va bien 5 minutes... (RP terminé) Icon_minitimeJeu 5 Nov 2009 - 0:39

Les mots d'Elera, flèches parfaitement ajustées, la poignardaient à chaque fois en pleine poitrine, blessant son égo, son âme, son cœur et ses idéaux plus que ne l'eu fait des morceaux de métal effilés. Elle appuyait exactement la où cela faisait le plus mal, faisant ressortir la douleur qui lui rongeait les veines depuis sa naissance, alors qu'en vain elle essayait de mettre de la distance entre ce que disait la jeune femme et ce qui bouillonnait en elle. Bien sur, Anaïel savait depuis longtemps qu'il lui faudrait travailler cette partie d'elle même si elle voulait se surpasser, que cela lui demanderais du travail. Et ces derniers temps elle avait négligé son entrainement plus que de raison, se lassant de ces efforts qu'elle devait faire alors que pour d'autres cela ne demandait que très peu d'attention. Là était sa véritable erreur. Se complaisant dans la faiblesse, amer du fait de sa différence, elle avait sauté sur ce prétexte pour se donner bonne conscience face à sa lassitude. Elle s'était tout simplement éloignée de la Voie en se reposant sur ce qu'elle considérait comme acquis et en écartant de la mains ses problèmes plutôt que de travailler à les résoudre.

A cette brutale prise de conscience, elle sentit des larmes de rage et de frustration monter à ses yeux, et ce pour la première fois de sa vie ce qui, malgré la violence des sentiments qui l'étreignaient, la surpris et la fit frissonner. C'était tellement étrange ! Elle secoua la tête, violemment, essayant bien inconditionnellement de mettre de l'ordre dans ce charivari qui lui tenait lieu de penser. La voix d'Elera lui emplissait les oreilles, lui grignotait le cerveau, lui engourdissait les membres alors qu'un liquide glacé et corrosif emplissait chaque recoin de son corps pour le faire chavirer. La colère montait en elle. Sans aucun rapport avec sa propre volonté. La colère de la Nature, solidaire de son esprit qui se laissait submergée par la déferlante des sentiments naissant des paroles de la marchombre. Ses doigts crochetèrent le bois, ses ongles fourrageant rageusement dans l'écorce du saule alors qu'un voile rouge recouvrait ses paupières, l'impuissance étreignant son cœur, l'amertume s'insinuant sournoisement dans la moindre de ses cellules, se rapprochant dangereusement de ce point de rupture qu'elle connaissait malgré son absence d'entrainement. Les paupières crispées, le visage gelé par la tension et la douleur qui plissait sa peau, et ses membres tendus plus encore que la courbure d'un arc faêl, Anaïel luttait pour garder la maitrise de son corps et de ses pensées. La salive lui emplit la bouche, ses mains devinrent crochets, ses ongles griffes, ses dents des crocs. Mais la folie ne pouvait lui subtiliser cette flamme qu'elle tenait bien au chaud contre sa poitrine, cette flamme née de ses rêves et de sa volonté farouche de vaincre ses pulsions, cette flamme en forme de phœnix aux yeux d'argent. L'oiseau légendaire brûla sa poitrine alors qu'en un sursaut l'image d'Elhya lui emplit la tête, noyant la révolte de ses membres et de son corps sous la douce chaleur de son regard, ce regard qui lui promettait que rien n'était impossible tant que l'on savait ce que l'on voulait. Puis, peu à peu, les traits du visage de son maître fondirent pour former une autre calligraphie, celle des traits d'Elera, Elera qui continuait à lui parler, essayant malgré tout de la convaincre, de lui prouver qu'elle était capable d'être ... maître marchombre ?


Et elle commit l'acte le plus insensé et le plus téméraire qu'Anaïel puisse imaginer.

Son geste fut d'une fluidité et d'une rapidité qui la sidéra. De dos, ne la regardant pas, et malgré son statut de marchombre aguérie, elle ne pu pas l'éviter. Le changement d'air, le froissement de sa présence dans son dos ne la heurta que quelques milièmes de secondes avant l'impact de sa main sur son épaule. Son épaule qui lui sembla exploser comme une ampoule de verre sous la chaleur (et on s'en fout que l'electricité y a pas ^^). Son contact brûla sa peau, embrasa ses sens, ne laissant que le rougeoiement de la folie modifier ses traits, enflammant ses prunelles, alors qu'elle se retournait avec la vivacité d'un serpent et qu'elle attaquait dans le même mouvement, sa main fusant vers la gorge pour s'y poser comme une plume et commencer à serrer alors que la jeune femme n'avait pas encore eu le temps de cligner des yeux. Son autre main emprisonnée dans l'étau de la poigne d'Anaïel, l'autre s'accrochant à son poignet alors que d'une force décuplée par la haine sauvage, la marchombre au yeux de feu hissait sa comparse d'un bras, la suspendant par le cou, les pieds à quelques cm du sol, et pourtant hors d'atteinte, Elera, les yeux plongés dans ceux d'Anaïel, contemplait la fureur meurtrière de la Nature, crépitant dans les méandres furieux des flammes de ses iris. Un sourd grondement monta dans l'atmosphère et Anaïel commença à resserrer sa prise.

Et le temps s'arrêta.

Elera avait baisser sa mains, celle qui tentait de retenir le poignet meurtrier, et la laissa pendre à son côté. Elle était consciente, ses yeux vif en étaient la preuve, le puissant battement de son sang dans son cou également. La surprise statufia la marchombre, et l'autre main de la jeune femme aux cheveux de feu vint également le long de son autre flanc. Suspendue par le cou, Elera attendait qu'Anaïel reprenne le contrôle d'elle-même. La stupeur dégrisa partiellement l'esprit de la marchombre, et les sensations au bout de ses doigts se firent plus fortes, plus intenses, alors qu'elle se rendait compte avec horreur qu'elle était en train de tuer la jeune femme qui, malgré l'étouffement qui la menaçait, continuait de la regarder avec un air de tranquillité qui, s'il était feins, était parfaitement contrôlé. Déjà la colère désertait l'esprit de la jeune femme, se muant peu à peu en détresse et en stupéfaction. Elle avait osé porté la main sur Elera ! Sur la marchombre à qui elle avait promis de rendre sa liberté par tous les moyens !

Une décharge brûlante incendia sa peau et elle lâcha prise comme si elle s'était brûlée, regardant sa main avec consternation, les yeux scintillants de stupeur et de douleur. Puis elle regarda Elera, puis de nouveau ses mains. En une fraction de seconde, elle se décida, les méandres de ses pensées tournant à plein régime, les synapses électrisées par la crise qu'elle traversait, elle se jeta au côté d'Elera qui s'était assis par terre et tentait de reprendre sa respiration. Elle ferma les yeux, les rouvrit, et vrilla le regard de la jeune femme aux cheveux flamboyants, la sincérité inondant son regard au même titre que l'amertume, la peine, le mépris pour elle même, et la violente volonté de réussir ce qu'elle allait lui promettre.

- Je te demande pardon Elera.

Elle avait chuchoté son prénom, et la demande de pardon lui brûla la gorge, non pas de fierté bafoué comme cela aurait été il y a peu, mais de la peur qu'elle soit rejetée alors qu'elle avait besoin plus que de tout autre chose de la présence ce soir d'Elera à ses côtés.

- Je vais le faire, je serais maître marchombre, et on sauvera ces personnes qui te sont si chères. L'harmonie existe en tout, comme tu me l'a fait remarqué, même en moi lorsque je perds le contrôle, je suis tellement désolée... même en moi, et c'est ce qui m'a permis de ne pas me laisser aller à ces instincts que j'essaye de réprimer. Je ferais naître cette fibre de beauté au cœur de ses brutes, et on les sauvera. Tous. Je te fais confiance Elera, contre moi, contre ce qui pourrait m'arriver, contre ce qui pourrait leur arriver, j'ai voulu te tuer, mais je ne l'ai pas fait. J'ai peur, au delà du raisonnable, mais tu es la, je suis la, et maintenant tout ira bien.

Ses yeux flamboyaient littéralement sous la force des émotions qu'ils essayaient de transmettre par delà les mots qu'elle pouvait prononcé, elle allait le faire, oui, parce qu'elle était marchombre et que rien ne pouvait l'arrêter, que la volonté de son propre corps ne devait dépendre que d'elle et que son bonheur, lié à celui d'Elera était, lui, inviolable par la malignité qu'elle essayait de détruire. Dans son cœur, un grondement s'éleva qu'elle n'eut curieusement aucun mal à ignorer. Ses prunelles flambant d'irisations mordorées, la conscience éclaboussant l'action qu'elle s'apprêtait à faire, elle baissa les paupières et tendis doucement mais irrévocablement la main vers le cou de la marchombre
. Ses lèvres bougèrent, trop vite pour en percevoir le mouvement, et une lente et sourde mélopée en jaillit, différente mais pas tellement de son chant habituel. Son chant était réservé au monde entier, à chaque disposition particulière d'être vivant, chaque arpège prenant en compte l'espace et le temps de ce qui pouvait le définir, alors que le sifflement qui emplissait l'atmosphère des à présent, n'était concentré que sur une chose. Et cette chose était Elera. Anaïel ne pouvait, dans l'absolu, mieu prouver sa bonne fois qu'en utilisant son chant, ainsi que le toucher qui l'accompagnait. En effet, celui ci, en don de naissance, symbolisait dans sa plus profonde signification, son lien au monde et à la Nature. L'utiliser lui rappelait sans cesse ce lien, et lui permettait de se ressourcer dans une bonne part de ce don. L'utiliser apaisait la Nature lorsqu'elle se sentait écouter comme seule Anaïel pouvait le faire. L'utiliser sur une personne, une humaine, pour son seule but, revenait à se déclarer la guerre à elle même. Mais le charivari que provoqua cette rebellions, cet acte de bienfaisance qu'elle voulait accomplir, fut curieusement en partie étouffé par le remord qui rongeait son cœur, et par la volonté farouche qu'elle avait de réussir la où elle avait toujours échoué. Sa paume se posa sur la marque qu'elle avait laissé quelques minutes avant sur le cou délicat d'Elera. Au contact, l'air sembla crépiter autour de la jonction de leur deux épidermes. Les paupières étroitement closes, Anaïel se concentrait comme jamais elle ne s'était concentrée, modulant son sifflement sans trembler, au contraire de ses autres membres agités de légers soubresaut sous la lutte qui animait chaque partie de son corps. Seule sa main en contact avec la marchombre ne tremblait pas. Elle persévérait, ce qu'elle voulait faire ne venait pas, elle sentait le tissus sous la peau, les muscles et les cellules plus en profondeurs, mais leur réorganisation ne voulait pas s'opérer, ses mains essayant tout de même de se rebeller à sa volonté qui ne faiblissait pas. Les couleurs commencèrent à déserter son visage, la sueur à poisser son front, ses muscles à se tétaniser quand, enfin, le miracle se produit. Sous l'impulsion de la musique et du chant, la réalité de ce qu'elle avait fait commença à s'estomper alors qu'une cellule, puis deux, puis des centaines et des milliers se dressaient à son appel, se réorganisait au arpèges les guidant, puis peu à peu la marque se dissipa sur la peau d'Elera.

Anaïel retira sa main. Et ouvrit les yeux. Une sérénité étrangement acide les animant, elle tendis la main et contre toute attente, caressa la joue d'Elera. Avant de basculer en arrière, ses yeux se perdant dans la voute chartreuse du saule pleureur qui venait d'assister à son premier grand pas vers le nouveau but qu'elle s'était fixée. Le contrôle total de la moindre parcelle de bestialité que son âme pouvait renfermer. Non pas son ablation, mais bien son contrôle. L'accepter, et ne plus jamais être à sa merci. Étrangement, sa tête ne heurta pas le sol.



[plutôt que de te faire un long hors post je t'envois un mp =) ]

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Marchombre
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MessageSujet: Re: Un retour discret, parce que les chevaux ça va bien 5 minutes... (RP terminé)   Un retour discret, parce que les chevaux ça va bien 5 minutes... (RP terminé) Icon_minitimeMer 11 Nov 2009 - 11:56

Elle avait réussi.

Oh, Elera n’en avait pas douté un instant. C’était cette absence de doute, cette certitude qu’Anaïel se retiendrait, qui lui avait permis de baisser les bras alors que les pulsions primitives de son corps lui hurlaient de réagir, de se battre pour survivre. C’était cette confiance infinie en ce qui allait se passer qui lui avait permis de tenir le regard d’Anaïel sans y laisser percer la peur, peur qui cherchaient la moindre faille pour s’infiltrer en elle et lui faire perdre tout contrôle. Elle avait failli laisser la crainte la noyer, lorsque les doigts s’étaient resserrés et que, incapable de respirer, la pensée de la mort qui l’attendait peut-être avait fusé comme une flèche faëlle dans son esprit. Mais la flèche n’avait pas atteint sa cible ; elle était passée, tout simplement, ne laissant derrière elle que le sifflement de la corde vibrante, pour se perdre dans une autre âme. La confiance était restée gardienne. Et Elera, soudainement, avait vu la lumière de stupéfaction dans les yeux de l’Ange de Feu, avant de chuter comme une pierre et de laisser à la terre le soin de l’arrêter. L’instinct animal avait alors repris le contrôle, et elle avait cherché sa respiration, les mains sur son cou, respirant par grandes goulées d’air et essayant de faire disparaitre les points lumineux qui dansaient devant ses yeux et l’empêchait de voir autour d’elle. Et pourtant, même là, le visage de l’enfant indigo continuait à briller dans son esprit, et une joie enfantine la submergea. Anaïel avait réussi. Et la douleur dans son cou, les risques qu’elle avait courus et sa vision dansante n’avaient plus aucune importance. Elle aurait résisté à bien plus, si cela avait pu aider Anaïel…

Elle voulu répondre aux mots chantants d’Anaïel, voulait effacer ce regret et cette peine à ce qu’elle avait failli faire et qu’elle devinait encore danser dans les yeux d'Anaïel, mais lorsqu’elle essaya de souffler ses mots réconfortants, seul un gargouillement échappa ses lèvres. Sa gorge était plus meurtrie que ce qu’elle avait d’abord imaginé… Elle voulu attendre, faire un geste, n’importe lequel, pour lui faire comprendre, mais l’Ange de Feu réagit plus vite qu’elle. Ses yeux se fermèrent, et, doucement, le bout de ses doigts frôla son cou meurtri… Elera ne bougea pas. Elle ne savait pas ce qu’Anaïel essayait d’accomplir, mais elle voyait à son front plissé, ses paupières serrées et ses lèvres à peine ouverte qui modulaient un nouveau chant, que l’action lui était vitale. Alors elle se figea, essayant même de taire ce son rauque qui sortait de sa gorge alors qu’elle essayait encore de retrouver un rythme de respiration normale… Les doigts d’Anaïel étaient d’une fraîcheur somnolante, et Elera sourit en pensant que ce contact, le premier depuis toujours, avait été volontaire et contrôlé. Calme hiémal, sérénité pure, baume analgésique. Puis son sourire se perdit pour laisser place à la stupéfaction ; elle n’avait plus mal… Rêveuse ? Anaïel était Rêveuse ? Ses yeux s’ouvrirent, et dans un simple regard, un simple geste, le monde passa.

Elera, figée dans un temps d’une lenteur effarante, surgit soudain hors de sa léthargie, passant de l’immobilité totale à un mouvement véloce ; l’une de ses mains se posa sur la capuche d’Anaïel alors que l’autre lui retenait l’épaule et, doucement, Elera déposa le corps évanoui de la Marchombre au sol. Elle sentit ses yeux s’embuer et un sourire doux revenir sur son visage… Oui, Anaïel avait réussi. A présent, rien ne pourrait l’empêcher de fuser sur la voie, et de malléer cette colère enfoncée pour ne plus jamais se laisser envahir… Elle avait fait le premier pas, celui qui devait être le plus dur, et les suivant suivraient. Pas toujours faciles, mais toujours possibles… et Elera serait là. Elle serait là pour l’aider comme Anaïel était là pour l’aider elle aussi. Ensemble, elles se libèreraient de leurs chaos personnels, avant de chacune s’élever sur une voie différente qui pourtant portait le même nom, se séparant pour mieux se souvenir, et ne pas se laisser enchaîner. Elera s’assit en tailleur, à la gauche d’Anaïel, se balançant d’avant en arrière au rythme de la brise, attendant tout simplement le réveil de son amie, sans s’inquiéter du futur ou des êtres qui n’avaient pas la place dans ce décor onirique. Il n’y avait que le saule, le vent, la terre, le ciel infini et le cœur battant d’une marchombre pas tout à fait humaine. Lorsque celle-ci ouvrit les yeux, ce n’était ni trop tôt, ni trop tard ; simplement le bon moment. Le moment où elle devait le faire. Parce que c’était ainsi, sur la trame de l’harmonie… Regard. Pour lui dire en silence qu’il n’y avait rien à pardonner, qu’Elera connaissait parfaitement les risques en touchant Anaïel et qu’elle le referait cent fois, si c’était nécessaire. Qu’elle le referait à chaque fois que la haine reprenait le contrôle, si cela pouvait l’aider. Et que les remords, elle n’en avait aucun. Anaïel était prête, et c’était tout ce qui comptait. Elle ne dit aucune des phrases qu’elle avait voulu dire avant le toucher soignant de la Marchombre, n’essaya même plus de retrouver les mots qui lui avaient semblé si juste lorsqu’elle avait été incapable de les prononcer. Cela n’avait plus d’importance ; elles savaient. Il restait pourtant une chose à dire, réponse à cette promesse de liberté future qu’Anaïel tenait tant à tenir.

- Tu m’as déjà sauvée, Anaïel.

Par une simple rencontre au goût de l’interdit et à la saveur de fruit dont le jus coule délicieusement sur le menton, elle lui avait rendu sa confiance, sa liberté, son âme. Aider Anaïel à se prouver qu’elle pouvait être Maitre l’avait aussi aidé, indirectement ; déjà elle était de nouveau capable d’avoir confiance en un autre, après les silences, méfiances et regards en biais des dernières semaines, alors qu’elle n’osait plus parler à ceux qu’elle connaissait de peur de les perdre et qu’elle ne parlait plus aux inconnus par méfiance envers eux. Elle avait retrouvé espoir, certaine à présent que, malgré le danger, ils réussiraient à se délier de l’emprise du Chaos. A quel prix, elle ne pouvait pas savoir, mais ils réussiraient. Parce que si la volonté d’Anaïel pouvait dominer sa propre nature, rien n’était plus impossible… Le Chaos n’arriverait jamais à détruire leurs esprits, peu importe le nombre de menaces et de chagrins qu’il renversait sur eux. Jamais. Tant qu’ils gardaient en eux la force de résister… et c’était cette force qu’Anaïel, de sa simple présence, avait nourrie, renforcée, épanouie. C’était cette force qui était le seul moyen de résister, et qu’elle lui avait rendu d’une mélopée de notes… Elera leva la tête, ses yeux s’enfuyant vers l’horizon de la plaine de Shaal pour se perdre dans l’astre d’or qui brillait au loin, simple croissant posé sur la terre encore, bientôt boule de feu s’élevant pour mieux s’émanciper de cette ligne de brins d’herbe qui l’attachait encore au sol ; bientôt il transpercerait ces nuages qu’il colorait d’orange et de mauve, bientôt ses rayons se déposeraient sur chaque muraille, chaque végétal, chaque corps mouvant, comme un défi au Chaos de l’empêcher de tourner. Empli d’une vigueur nouvelle, Elera reposa lentement ses yeux sur Anaïel.

- Nous ne pouvons pas rentrer ensemble, ils ne doivent pas savoir. Mais nous nous recroiserons bientôt, et ensemble, on y arrivera…

Certitude, encore. Reluisante. Enflammée. Brasier impossible à éteindre, rallumé par de nombreuses brindilles pour devenir insensible aux gouttelettes d’eau et trouver sa force dans le vent. Bientôt. Promesse inchavirable. Lentement, Elera posa sa main sur celle d’Anaïel, ses yeux violets se perdant dans ceux de l’Ange en lui passant silencieusement toute sa gratitude.

- Bonne chance.

Pas au revoir, non. Quelques jours tout au plus les séparaient l’une de l’autre, selon qu’Anaïel décide de se présenter à l’Académie le jour même ou plus tard, et qu’elles puissent se retrouver entre ses murs. Et quelle que soit l’instant, l’Instinct qui était greffé en elle et la chanson du vent lui permettrait sans mal de retrouver la Marchombre. Elle saurait, toujours. Et elle serait là dès qu’Anaïel aurait besoin d’elle, quoiqu’il arrive… Dernier serrement de doigts, puis Elera lâcha la main d'Anaïel. Dernier regard, et elle quitta la bulle éphémère formée par les branches tombantes du saule pleureur, pour retourner dans un monde où l'espoir était son seul réconfort.

[Mp aussi, ça devient une habitude =p]

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Un retour discret, parce que les chevaux ça va bien 5 minutes... (RP terminé)
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