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 [Prise de l'Académie] Dame de liberté au milieu des ténèbres [Terminé]

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Kushumaï Skil'Liches
Kushumaï Skil'Liches

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MessageSujet: [Prise de l'Académie] Dame de liberté au milieu des ténèbres [Terminé]   [Prise de l'Académie] Dame de liberté au milieu des ténèbres [Terminé] Icon_minitimeDim 16 Aoû 2009 - 21:18


    La jeune dessinatrice se réveilla dans une salle sombre aux murs de pierre suintant l’humidité. Il lui fallu quelques instants pour se remémorer ce qui lui était arrivé, et par ce fait où elle se trouvait en ce moment même. Probablement dans les cachots…Les souvenirs étaient encore vagues, elle ressentait une vive douleur sur son crâne et lorsqu’elle mit sa main dessus, elle sentit un liquide poisseux sur ses doigts. Elle orienta ceux-ci vers le fin vaisseau de lumière qui filtrait de la porte de sa cellule et s’aperçut qu’il s’agissait de sang, certainement le sien. Elle se sentit défaillir un moment, en état de choc. Elle se colla contre le mur du fond de sa cellule et ramena un peu ses jambes contre elle, du moins autant qu’elle le pouvait étant enceinte de sept mois. Elle posa ses mains sur son ventre et sentit que le bébé allait bien, elle se détendit alors. Combien de temps était elle restée évanouie ? En avait il d’autre comme elle, enfermés dans le noir dans la plus grande confusion pendant que l’Académie était prise ? En avait il d’autres comme elle, qui se posait des questions auxquelles ils ne pouvaient répondre avec exactitude. Qui étaient ils, les autres académiciens? Et d’ailleurs, qui étaient ils, ces assaillants sans cœur, capables de s’en prendre avec violence à une femme enceinte et de s’attaquer à un haut lieu de l’éducation et de la culture. Si elle se trouvait encore enfermée, elle se douta que la bataille n’était pas finie, ou alors que celle-ci s’était mal terminée…Elle regarda avec elle et laissa sa vue s’habituer lentement à l’obscurité de sa cellule. celle-ci était petite, entièrement en pierre grises et froides, l’humidité était très présente et la seule source de lumière émanait d’une ouverture dans la porte en bois de la pièce.


    Elle eut une idée, même si elle était convaincue qu’elle serait vaine, elle tenta de dessiner. Peine perdue, elle fut aussitôt rejetée. Le directeur avait banni l’accès au dessin dans les cachots et la salle de l’oubli de l’académie. Et puis de toute manière, elle pensa que les assaillants n’étaient pas dupes et auraient mis des gommeurs. Elle leva la tête sans trop savoir se qu’elle cherchait et resta ainsi un moment, assise sur le sol humide du cachot. Elle ne savait comment prendre la situation. Et puis elle évitait de s’inquiéter, pour son enfant. Son enfant avec l’homme qu’elle aimait. Où était il ? S’en était il sorti ? Était il encore en vie..? Elle bannit cette pensée morbide de sa tête mais ne put empêcher une petite crise d’angoisse. Et s’il était mort, que deviendra-t-elle ? Et leur enfant, et s’il était blessé, si on l’avait enfermé ? Où était il ? Essayait il de la retrouver, de la sauver ? Se posait il ces questions lui aussi ? Elle versa une larme de détresse, se laissa aller un moment. Et si elle ne sortait jamais de cette cellule ? Qu’elle finirait par mourir, faute de nourriture, d’eau, de soin adéquat …? Elle prit sa tête dans ses mains un moment, se battant contre elle-même, essayant de chasser les idées néfastes, négatives. Elle y arriva peu à peu, à se redonner courage, à se donner l’espoir d’une folle, celui de retrouver son mari et d’oublier cette mésaventure. Elle se forgea un esprit vif et de fer, un courage à toute épreuve. Elle voulait être résistante, montrer l’exemple et tenir tête à l’envahisseur. Elle voulait être digne de son mari, et en agissant de la sorte, elle voulait qu’il soit fière d’elle, de son combat, de sa persévérance. Elle releva la tête, essuya ses larmes. Non elle n’était plus la jeune fille faible et apeurée, détruite par les événements passés qui l’ont voulu ainsi. Non elle n’était plus cette jeune dessinatrice faible et naïve, effacée et hésitante. Elle était une femme. Une femme forte, une femme mariée et enceinte. Une femme exemplaire, ce genre de petit bout de femme que l’on regarde et qu’on admire pour son courage. Elle était une femme accomplie, à qui l’amour avait pansé ses blessures. Elle était une femme aimée et désireuse de s’en sortir, d’apporter de la lumière les jours les plus sombres de leur vies. Elle était femme de marchombre. Et le temps passa, et renforça ses convictions. Les jours passèrent, elle en perdit le compte. Elle ignorait si c’était le jour ou la nuit, quelle heure il était, le jour, le mois..Elle vivait au rythme de l’apport de nourriture médiocre et de ses phases de sommeil. Elle ignorait même combien cela faisait de temps qu’elle n’avait pas vu d’élèves, mis à part quelques ennemis qui passait rapidement dans les couloirs. Enfin rapidement sauf une, une qu’elle reconnaissait comme étant une ancienne élève de l’académie. Celle la jouissait à l’idée de les narguer dans leurs cellules, prenant la revanche sur cette école qui l’avait découverte comme traîtresse et bannie dans la plus grande humiliation. Elle la regardait passer et repasser sans jamais s’arrêter devant sa cellule. La vue de son profil rendait la haine de la jeune femme encore plus vivace. Et c’Est-ce jour là, ce jour où elle la vit passer devant sa cellule qu’elle fut inspirée d’un acte dérisoire. Une résistance inutile mais elle voulait manifester, ne pas finir dans l’oubli et l’abandon. Elle se lava et se jeta sur la porte de sa cellule. Le bruit attira la traîtresse. Leurs regards se croisèrent, pendant plusieurs secondes, silencieuses, elles se toisaient. On aurait presque pu imaginer des éclairs qui sortaient de leurs yeux. Tant de haine, tant de souffrance…La femme allait passer sa route lorsque la dessinatrice secoua la porte avec violence et hurla dans les couloirs des cachots, afin que tout le monde l’entendent et reprennent courage.- Je ne te crains pas, vipère !La femme fit demi tour et se rapprocha de sa porte, cherchant à l’intimider avec son regard de démone. Pour toute réponse, la dessinatrice rebelle lui cracha au visage. Elle releva la tête avec fierté. Elle se doutait maintenant que cet acte lui couterait cher, elle se doutait au fond que l’affaire n’en resterai pas là. Mais après tout…Elle s’était promis de ne pas se laisser abattre, de ne pas être dominée. Elle allait se battre, donner du courage à ses semblables, enfermés avec elle. Les deux femmes se toisèrent à nouveau, avec encore plus de haine.


Marlyn Til' Asnil
Marlyn Til' Asnil

La Borgne
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MessageSujet: Re: [Prise de l'Académie] Dame de liberté au milieu des ténèbres [Terminé]   [Prise de l'Académie] Dame de liberté au milieu des ténèbres [Terminé] Icon_minitimeDim 23 Aoû 2009 - 15:31

Si l’humeur de Marlyn devait être résumée par un seul mot, il y aurait un long silence. Sombre ? Le noir est sombre, les pièces sans fenêtres sont sombres, les intentions le sont aussi ; l’œil indemne de la Mentaï était un amalgame des trois. La noirceur de son âme y gisait affichée ouvertement, les macabres desseins de son esprit transperçaient la pupille ostensiblement. Pièce sans fenêtre ?
Corps sans échappatoire ? Sareyn sourit sombrement –le sombre, encore !-, bien que cette pensée ne lui octroya aucun amusement. Depuis deux semaines que le Chaos avait mis la main sur l’Académie, son humeur ne cessait de se dégrader. En grande partie à cause des heures qu’elle passait dans la Salle de l’Oubli en compagnie de sa proie, Slynn Ar’ Kriss. Au début bien sûr, la victoire sur son ennemie jurée lui avait apporté une joie et une jubilation intenses, et chaque coup et blessure qu’elle lui infligeait la faisait sourire, éclater de rire, d’un puissant rire victorieux. Mais à mesure que les heures et les jours s’écoulaient à observer la souffrance de Slynn, quelque chose changeait. Et c’était un fait bien simple : Marlyn détestait au plus haut point torturer les gens. Surtout quand ça devenait inutile.
Mais, la Mentaï ne pouvait se l’avouer, ni surtout l’avouer à ses supérieurs. Elle allait toujours rendre sa visite à Slynn, mais en ressortait d’une mauvaise humeur abyssale, furieuse contre elle-même. Voir le sang et les larmes couler ne l’amusait plus ; mais avait-ce vraiment amusé la jeune femme ?

C’était pourquoi, pour se changer les idées et reporter sa fureur intérieure sur autrui, elle commençait à multiplier les visites dans le secteur des cachots, là où étaient emprisonnés les otages et les prisonniers académiciens. L’atmosphère qui régnait dans ces couloirs puants et humides réglait son conflit intérieur. Et comme elle ne faisait rien de plus que de marcher de long en large devant les portes métalliques des cellules, son dégout des châtiments physiques partait. Marlyn revint souvent, pouvant goûter à la vengeance sans entendre une petite voix dans sa tête condamner les coups qu’elle donnait. Quoi de mieux en effet que d’entendre les gémissements et les respirations difficiles des prisonniers, ses anciens camarades ! Au travers des lucarnes dans les portes, la Mentaï pouvait observer la déchéance et la misère des élèves. Haillons, désespoir, ou attente vaine..

Un jour qu’elle remontait du dédale menant à la Salle de l’Oubli, Marlyn était dans une fureur sourde plus intense qu’à l’ordinaire. Les sous-fifres qui gardaient les cachots le sentaient bien, et obéissaient avec crainte à chacune de ses invectives muettes. Les bras croisés autour de son torse, les lèvres pincées et l’œil reflétant une tempête infernale, la Mentaï se mit, comme à son habitude, à faire le tour des cellules, marchant d’un bout du couloir à l’autre, sans aucun regard pour les prisonniers. Ses pas résonnaient régulièrement sur le sol de pierre froide, le son était amplifié et rendu éthéré par l’écho.

Alors que la jeune femme faisait les cents pas, le regard glissant sur les fissures des murs, un bruit soudain de métal que l’on heurte attira son attention. Sans se départir de sa rigidité furieuse, Marlyn tourna l’œil vers la responsable de ce dérangement : Kushumaï Sil’ Maguumaï du nom que la Mentaï connaissait avant de fuir l’Académie, devenue entre temps Kushumaï Skil’ Liches, d’après ses informateurs.. C’était d’ailleurs la raison de sa présence ici. Otage, servant à faire pression sur son pauvre petit mari. D’un pas mesuré, Marlyn s’approcha de la cellule, sans rompre le contact oculaire avec la prisonnière. Sans ciller non plus ; un seul œil, doublement moins de difficulté à ne pas clore la paupière !
Que cherchait-elle là, cette petite sotte ? Causer du trouble dans les cellules des prisonniers était loin d’être recommandé, quand des Mercenaires du Chaos sanguinaires gardaient la pièce et surtout, quand la Mentaï qui les dirige se trouvait juste à côté… L’envie prit à Marlyn de lui faire « comprendre » par une petite correction, à se tenir tranquille. Mais de suite, l’autre partie de son être se mit à siffler, dans ses neurones, combien elle était dégoutée par la torture. Surtout quand elle était inutile, à nouveau… Les dents serrés pour garder son calme et s’empêcher d’entrer dans la cellule, Sareyn commença à se détourner. Elle n’en valait pas la peine, la petite Lupus.

Vipère ? Un joli mot, encore… Suffisant pour que Marlyn s’arrête en plein mouvement, et remette ses épaules face à la porte de la cellule, d’où la provocation était partie. Son regard était tellement luisant de colère refoulée et de raideur qu’on aurait presque pu discerner une lueur sombre sous la peau distendue de la cicatrice qui lui déchirait le côté droit du visage.


La souillure de la salive fut la goutte de trop. Qu’elle fasse la fière, la petite Lupus, durant les quelques secondes qui allaient suivre… Après avoir brûlé la rétine de la prisonnière avec son propre regard, Marlyn se détourna un instant ; le temps de s’essuyer le visage avec la serviette qu’un sous-fifre lui tendit promptement, et de prendre la clé qui servait à ouvrir cette cellule.
Les dix secondes qui suivirent furent comparables à une tempête éclair. Depuis plus d’une semaine que la jeune femme contenait l’ouragan de fureur qui l’agitait et le tourbillon de colère qu’elle rêvait de pouvoir déverser sur le monde, garder son calme était devenu impossible. Mais elle avait suffisamment de maitrise d’elle-même pour que la tempête reste froide, et maitrisé…
Le tour de clé rapidement donné, Marlyn entra d’un pas glacial dans la cellule, et sa main partit, heurtant violemment le visage de la petite rebelle dans un clac retentissant. Puis la dite-main agrippa le col crasseux, et envoya la lupus heurter le mur. Enfin, cette main se posa sur la gorge sale de la prisonnière et serra. Tout se passa sans qu’un seul son ne sortit d’entre les dents fermées de la Mercenaire du Chaos.
Celle-ci reprit rapidement le contrôle de ses actions, et retrouva sa rigidité des derniers jours ; c’était cela, ou tous les prisonniers allaient bientôt baigner dans le sang, ce qui ne servait pas le Chaos. D’une voix désincarnée et dure, elle siffla :


- Te souviens-tu seulement de mon nom, Kushumaï Skil’ Liches, toi qui est si rapide à m’appeler vipère ?


Le regard de Marlyn se posa alors sur le profil arrondi du ventre de Kushumaï. La grossesse était avancée… ce qui signifiait que la douleur serait extrême dans cette partie du corps. Cette pensée la dégouta un instant ; torturer une femme enceinte serait doublement plus répugnant à faire. Et doublement plus douloureux pour l’imprudente, qui y songerait à deux fois avant de provoquer son ancienne camarade… Mais pas tout de suite. Nul besoin d’avoir recours à ces méthodes. Marlyn passa sa seconde main autour du cou de son interlocutrice, sachant que cette dernière était bien trop faible pour se débattre ou lui faire mal, à cause de son enfermement. Elle serra lentement, appuyant sur les artères, sentant le cœur se débattre sous la pression.

- Tu devrais me craindre, jeune imprudente… As-tu seulement songé, avant de me cracher au visage, à la sécurité de ton enfant ? As-tu seulement songé aux dégâts qu’il pourrait subir si je décidais de porter la main sur toi ? Tu es une bien piètre mère, Kushumaï, et tu n’as même pas encore donné naissance à ta petite larve… Je n'aurai aucun plaisir à te faire mal.


Les mots pouvaient être une bien pire torture que la douleur physique. Les mains de Marlyn se dégagèrent du cou de Kushumai, qui put à nouveau respirer. La Mentaï recula d’un pas, l’œil brillant de haine. De dégout, de colère, de souffrance, de tous ces synonymes qui s’allient et fondent pour devenir un être sans nom ; un être ignominible, qui était debout en face de la prisonnière.

- Si tu avais le moindre respect pour celui dont tu portes le nom, ta priorité serait de protéger sa descendance, au lieu de tenter une résistance puérile et aux conséquences forcément négatives pour toi. Mais, tu n’as pas répondu à ma première question. Te souviens-tu encore de mon nom ? Connais-tu au moins la personne que tu as voulu défier en te jetant contre une porte ? Quelle honte ce serait pour toi, et pour le nom de Skil’Liches, si la jeune rebelle ne savait pas reconnaitre les visages..

Kushumaï Skil'Liches
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MessageSujet: Re: [Prise de l'Académie] Dame de liberté au milieu des ténèbres [Terminé]   [Prise de l'Académie] Dame de liberté au milieu des ténèbres [Terminé] Icon_minitimeJeu 24 Sep 2009 - 11:57


    La jeune femme pris conscience de l’étendue de son erreur lorsque l’ennemie s’empara de manière lente et froide de la clé qui ouvrait sa cellule. Que croyait elle ? Que l’apostropher allait arranger les choses, et qu’elle s’en tirerai sans heurs ? Mais l’heure était pas aux reproches, elle l’avait insulté, provoqué volontairement, elle devait maintenant en assumer les conséquences à n’importe quel prix, et surtout ne pas baisser la tête maintenant. Elle a commencé elle ira jusqu’au bout. Elle recula néanmoins d’un pas lorsque la traitresse entra dans sa cellule, et reçu sa gifle en pleine figure, sans ciller.
    La trace du passage de la main de la mercenaire laissa une trainée brulante sur toute la longueur de sa joue. Elle n’eut le temps de réagir que cette dernière s’empara de son col qui avait souffert de sa captivité et elle fut projeté contre le mur qui dégoulinait d’humidité. Elle poussa un petit gémissement de douleur et ressentit une vive douleur dans son dos.
    Elle payera le prix fort pour son arrogance, elle en était persuadée désormais.

    Son souffle se fut plus court, le choc ayant coupé sa respiration brutalement. Ses cheveux mouillées par le sang qui avait séché de sa blessure tombaient devant ses yeux qui ne quittaient toujours pas l’ennemie.
    Ne pas faiblir même à travers la douleur.
    Elle était femme de marchombre. Elle devait représenter l’idée de liberté et d’évasion.
    Elle se redressa quelque peu mais la traitresse était sur elle, encerclant son cou de ses mains glaciales qui serraient de plus en plus. Kushu ne put retenir une grimace de douleur, et une lueur d’inquiétude traversa son regard d’émeraude une fraction de secondes en sentant le bébé manifester son mécontentement dans son ventre. Quelle imprudence pour une future mère, elle ne valait pas mieux que son père !
    Elle détourna le visage un moment, une larme perla au coin de son œil.

    Elle écouta la mercenaire silencieusement, l’étreinte mortelle des mains de l’adversaire l’empêchant de respirer et encore moins de prononcer le moindre mot. Elle se contenta d’attendre la délivrance, cherchant de l’air avec sa bouche entrouverte. Ses mains agrippèrent désespérément les mains de la démone, cherchant à écarter ces mains de son cou.
    Elle commençait sérieusement à manquer d’air, sa vue se brouilla et elle sentait son sang palpiter fébrilement dans ses veines.
    Elle déglutit avec difficulté, ses yeux se plissa sous l’effort. Sa captivité lui avait enlevait une bonne partie de ses forces, et sa grossesse n’arrangeait rien.
    Bientôt elle ne serait qu’une poupée de chiffon inoffensive. Cette simple pensée de faiblesse la révulsa, et lui donna un regain d’énergie.
    Ses ongles écorchèrent la peau de la mercenaire jusqu’au sang. Son souffle repoussa quelques mèches rousses de ses yeux qui fusillait l’adversaire malgré le fait qu’elle soit dominée.

    Lorsque celle-ci la lâcha, la dessinatrice glissa le long du mur, se laissa tomber sur le sol de pierres froides et grisâtres.
    Sa poitrine se soulevait péniblement, tentant de récupérer de l’oxygène.
    Elle avala l’air avec lenteur tant la douleur qui irradiait son cou était intense. Elle resta un moment affalée sur le sol, trop faible pour faire autre chose que respirer à nouveau.
    Elle porta une main à sa gorge et grimaça. Lorsqu’elle eut récupéré un peu, elle releva la tête vers sa gardienne intraitable. Elle parla enfin, d’une voix sûre, même si elle avait des difficultés à former des paroles avec sa gorge endolorie.

    - Tandis que ton cœur est rempli de poison et de haine, le mien est plein d’amour et d’espérance.

    Elle s’arrêta un moment là, déglutissant avec difficulté.
    Elle respirait lentement, on entendait un doux râle s’échapper de ses lèvres entrouvertes.

    - Marlyn Til’Asnil la traitresse, oui je sais ton nom et je tais ma rage en te voyant. Oui je sais ce nom qui a chamboulé l’Académie il y a des mois de cela, mais même si je l’ignorais ce nom…qu’est se que cela me ferai ? Quelle utilité quelconque puis je tirer du nom d’une traitresse, d’une vipère ?! Ah !

    Elle fut coupé dans ses propos par une gifle sifflante qui traça un autre trait de feu sur sa joue. Malgré cela elle ne se tairait pas..elle avait mal pris le fait de recevoir des conseils et des reproches de la bouche d’une femme telle que la mercenaire du chaos. C’était bafouer sa fierté.
    Elle resta là, allongée au sol, la respiration bruyante, haletante. Non elle ne se tairait pas, non elle ne se plierait pas aux caprices d’une vipère.
    Elle grimaça à nouveau en sentant le bébé se manifester.
    Et si elle avait raison finalement ? Et si son envie de rébellion nuisait à son enfant, à leur enfant, cela en valait il la peine ?
    Quelle piteuse mère elle était. Faible, inutile et même pas fichue de s’occuper du descendant de l’homme qu’elle aimait à en mourir pour lui.
    Foutue espérance qui finira par la perdre





    [désolée pour la longueur, je me rattraperais =( ]


Marlyn Til' Asnil
Marlyn Til' Asnil

La Borgne
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MessageSujet: Re: [Prise de l'Académie] Dame de liberté au milieu des ténèbres [Terminé]   [Prise de l'Académie] Dame de liberté au milieu des ténèbres [Terminé] Icon_minitimeMer 21 Oct 2009 - 13:32

Pas même capable de tenir sur ses jambes, l’impétueuse ; cette rébellion qui faisait autrefois la fierté de l’Académie n’était même plus présente dans les insultes. Par réflexe de son entraînement et parce que sa colère froide ne s’y opposait pas, la main de Marlyn partit à nouveau vers Kushumaï, l’insolente. N’avait-elle pas compris que son seul moyen de survie dans cette geôle puante était de ne pas se mettre Marlyn mortellement à dos ?
La Mentaï, les lèvres pincées en un rictus de mépris profond, regardait cette créature étalée par terre, la gorge sifflante, si faible qu’elle ne correspondait plus à la dignité humaine. Le vrai visage des académiciens s’épanouissait dans la Lupus tremblante… Ce sentiment de domination, de supériorité sur cet adversaire qui avait perforé sa vie commençait à reprendre le dessus sur le dégoût des tortures physiques. Bien que taper et gifler ne fût pas vraiment une torture.
Amour, espérance ? Que de beaux sentiments, rebondissant sur les murs moisis et suintants, à quelques mètres sous la surface. Marlyn ne put s’empêcher de ricaner en resongeant aux paroles téméraires de sa captive. Regarde où l’amour t’a menée, Kushumai ! L’amoureuse rampait à ses pieds, elle qui avait fait vœu de détruire ces sentiments en ralliant le Chaos. Un sourire narquois contrastant avec son œil noir, la Mentaï plia les genoux, et se mit à hauteur de la prisonnière pantelante :

- Un cœur ? Pourquoi faire ? On me l’a détruit depuis quelques petites années déjà.. Et regarde où le tien te mène, Kushumai.

Discuter avec une élève de l’Académie sous son contrôle n’intéressait pas Marlyn, d’autant que son humeur se dégradait de minute en minute. La leçon était d’imposer sa domination à la petite captive rebelle, non pas deviser sur les causes et leurs effets ; lentement, écoutant avec une amère victoire le souffle court et désordonné qu’elle avait déclenché par ses coups, la Mentaï se redressa. A un pas de la porte cependant, son pas s’arrêta : ses pensées partaient en tempête, elle entendait dans son crâne les cris de joie d’un mariage, voyait les sourires des mariés et des élèves qui y assistaient, percevaient même le battement fictif d’une future vie humaine… L’œil fermé, Marlyn respira profondément pour effacer ses envies de meurtre et de destruction totale de son esprit ; en vain. Jamais elle n’aurait souhaité assister à ce genre de cérémonies heureuses, évidemment, elle était bien trop versée dans les ténèbres… Mais cette rage qui la poussait à détruire toute parcelle de bonheur de son champ de vision la reprenait. Au départ, cela s’était traduit par la prise de l’Académie, l’anéantissement des espoirs de centaines d’adolescents.
Mais laisser vivre une larve devant elle, imaginer la possibilité infime que cette larve grandisse, rit ou pleure, et fasse la joie de ses parents, c’était tout bonnement impossible. Tuer Kushumai était une solution bien simple… Mais terriblement lourde de conséquences, du fait de son statut d’otage.

L’œil se rouvrit et se fixa de nouveau sur la silhouette allongée et crispée. Dans un silence plus significatif qu’un hurlement de haine, la Mentaï envoya son pied avec force dans l’excroissance abdominale qu’elle haïssait tant, et écouta le cri étouffé de la mère avec délice.
Une sentence pire que la mort, si l’enfant mettait du temps et de la douleur à rendre l’âme…
La Mentaï sortit du cachot dans un mouvement de cape, et ses pas s’éloignèrent vivement des environs tandis que les gardes verrouillaient toutes les portes à double tour.


Sareyn passa les deux jours suivants à tourner en rond dans les appartements qu’elle s’était appropriés, plus sombre que jamais. La situation était précaire ; on lui avait rapporté des cas de révoltes solitaires, et d’étranges murmures entre élèves. Pourtant jamais le Chaos n’avait autant eu de contrôle sur l’Académie : les ravitaillements se faisaient par des relations ténébreuses, et l’Empire ne bougeait toujours pas.
Mais tout le monde savait que la situation ne serait pas éternelle. Ca, Marlyn l’avait en tête depuis le départ, et c’était en rangeant ces informations dans un coin de son esprit qu’elle redescendit en direction des geôles de la salle de l’Oubli, le dos droit et la cape raide. Déjà depuis quelques semaines, elle visitait régulièrement les otages pour observer leur décrépitude.. Mais plus encore, Kushumaï était à aller voir. Parce qu’il restait certainement en elle une particule de rébellion à écraser, et parce qu’elle portait en elle quelque chose à finir d’anéantir. Les portes s’ouvrirent les unes après les autres sur ses signes de tête, et bientôt elle arriva dans le couloir qui l’intéressait. La plupart des otages étaient en train de dormir, anéantis par l’enfermement, certains gémissaient ou pleuraient encore. Marlyn ne pouvait voir Kushumai, qui se trouvait dans la cellule du fond. En mesurant ses pas, elle s’approcha, faisant attention à l’écho que ses semelles faisaient rebondir sur les murs de pierre glacée.
On entendait encore quelques gémissements étouffés, des respirations sifflantes, des sanglots, voire des cris d’agonie au travers des murs si un élève était dans la Salle de l’Oubli avec un mercenaire du Chaos. Cet amalgame de sons s’allie à celui des odeurs, car malgré le nettoyage des geôles régulièrement fait par un Mercenaire du Chaos déseouvré, les murs exhalaient une odeur de moisi, de poussière et d’enfermement. Peu de lumière ou pas du tout.
C’était l’environnement idéal, selon l’esprit meurtri de Marlyn. Même si elle avait passé certains des pires moments de sa vie en ces lieux : l’isolement qui avait précédé les coups de fouet –elle était dans la cellule de gauche, avec la porte rouillée, d’ailleurs- , puis derrière les murs la Salle de l’Oubli, qu’il était inutile de faire revenir à la surface. L’œil passant machinalement sur les fissures des parois, la Mentaï borgne atteint la bonne geôle.

L’attente était la partie la plus intéressante du processus. Elle avait tout son temps d’ailleurs : les professeurs pouvaient très bien se passer de sa présence dans les cours, et elle n’avait que faire d’être parmi les élèves encore vivants. Aussi, avec une lenteur maitrisée, elle s’assit en face de la porte de la cellule de Kushumaï ; et, en faisant craquer les articulations de ses doigts diaphanes, lança d’un ton sec mais murmuré :

- Tu es moins rebelle qu’il y a quelques jours, Lupus, on ne t’entend plus m’insulter dans ces couloirs. Ton cœur serait-il déjà mort ?

Kushumaï Skil'Liches
Kushumaï Skil'Liches

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MessageSujet: Re: [Prise de l'Académie] Dame de liberté au milieu des ténèbres [Terminé]   [Prise de l'Académie] Dame de liberté au milieu des ténèbres [Terminé] Icon_minitimeDim 22 Nov 2009 - 16:29

    Douleur. C’est tout ce qu’il lui restait désormais. Même l’espoir s’était fissuré comme les murs suintant d’humidité de sa geôle misérable. La Mercenaire l’avait quitté depuis quelques temps déjà en la laissant à terre, sifflante, des larmes involontaires coulant le long de ses joues pour atterrir sur le sol en pierre. Elle resta là, gémissante, les mains sur son ventre. Le nourrisson n’allait pas bien, elle le sentait. Le coup de pied de son ennemie l’avait beaucoup endommagé, il ne bougeait qu’à peine, à l’image de sa mère. La lupus demeura ainsi un long moment, sa respiration se calmant mais une douleur violente perpétuelle s’était installée dans chaque fibre de son corps. Elle se mura dans un silence profond, son ouïe à l’écoute des râles de ses compagnons, des cris de douleurs et de désespoir. Cris qui ne faisaient qu’accentuer sa haine intérieure et la douleur dans son cœur. Elle regrettait au fond son imprudence. Elle était enceinte, portait l’enfant de l’homme qu’elle aimait plus que sa propre existence et malgré sa elle s’attirait les foudres de la plus dangereuses des ennemies, ce n’était pas veiller aux soins de son enfant. Elle laissa des larmes couler encore sur ses joues en porcelaine, se laissant à un moment de faiblesse. Demain tout ira mieux . . . Du moins elle essaya de s’en persuader.

    Le temps passait, et la jeune femme en perdit la valeur. Faisait il jour ou nuit ? Quel jour étions nous . . Mais au fond, cela n’avait aucune importance. Cela faisait déjà pas mal de temps, elle le remarquait car peu à peu elle perdait les détails du visage de son mari dans sa mémoire. Elle l’imaginait souvent, mais les détails s’effacèrent, partaient dans l’oubli obscur de sa cellule. Elle pouvait à peine se lever à cause de l’enfant qu’elle portait. Son ventre était énorme, elle se sentait comme la Dame. C’était probablement un garçon vu comment elle le portait. Arro sera fier et tellement heureux s’il savait qu’il attendait un petit garçon, un futur combattant, avec qui il pourrait partager ses activités d’hommes. Elle rêvait de le voir grandir au côté de son père. Elle se voyait assise dans une prairie tandis que son homme ferait faire l’avion à leur enfant, un sourire illuminant leur visage. C’était son souhait le plus cher. Elle caressa tendrement son ventre à cette pensée. Si elle n’aurait pas eu son mari, elle n’aurait pas longtemps tenu cette emprisonnement, et elle était convaincu qu’où qu’il soit, il cherchait à la retrouver. Elle ne s’inquiétait pas de son propre état, misérable, diminuée, amaigrie et enlaidie par les jours et les jours de captivité mais seulement au bien être de son enfant à venir. Elle fredonnait de temps à autre de tendres berceuses, juste pour lui, pour le détendre. Une geôle accompagné de longues plaintes d’académiciens n’était pas un environnement favorable pour la naissance de son petit, mais elle essaya de ne pas y penser.

    Elle fut troublée dans son sommeil par le bruit reconnaissable de son ennemie dans les couloirs. Prendrait elle la peine de venir lui pousser, une "agréable" petite visite ? La jeune femme attendit, immobile. La force, et la volonté l'avait quitté depuis un moment déjà. Comment une si petite créature pouvait lutter contre le Chaos ? Et puis, la raison avait fini par prendre le dessus sur sa colère. Son seul désir était de prendre le meilleur soin possible de son fils. Elle tâcha donc de garder pleine maîtrise d'elle même, même si cela lui coutait affreusement. Elle voulait se lever, faire face à la traîtresse, et inspirer l'espoir aux autres académiciens, prisonniers comme elle. Le temps avait effacer toute lumière, tout espoirs, et toute rebellion. Les souvenirs même, commençaient à s'effacer, à se fissurer pour laisser place au vide, au néant. Les pleurs se faisaient plus rares, et le profond silence s'était impregné dans l'environnement morbide des cachots de leur école. Cependant, au passage de la Mercenaire la plus redoutée, on entendait des petits gémissements craintifs et soumis. La Lupus, bien que calmée par la prochaine naissance de son enfant, restée impassible, du mieux qu'elle pouvait. Les pas s'arrêtèrent devant la porte de sa geôle, et elle acceuillit les premières paroles de la traîtresse dans un silence olympien. Cette dernière entra, et referma minutieusement la porte derrière elle. Kushu ne prit pas la peine de se lever, adossée au fond de sa cellule, elle leva la tête vers elle avant de répondre:

    - Les mots qui ne sont pas dits, sont les fleurs du silence... Et je ne sais pas ton avis, mais il manque cruellement de flore ici bas. Il faut bien dire...comment une fleur aussi délicate pourrait s'épanouir dans ce noir absolu et cette ambiance malsaine ? Je crains fort que ta présence y est pour quelque chose...Marlyn La Traîtresse...

    Elle releva le menton, mais n'ajouta rien qui puisse être imprudent pour son fils. Qu'avait donc Marlyn en tête ? Etait elle en manque de mal ? Ou désirait elle avant tout s'assurer de la pleine soumission de la Lupus ? Ce côté hautain, cette distance, cette incination pour le mal et la domination, donnait la nausée à Kushumaï qui avait toutes les peines du monde à se retenir de s'attaquer à la Mercenaire... Le moustique avait su vaincre le lion... mais avait fini dans la toile de l'araignée (La Fontaine). Et la jeune femme était consciente que s'attaquer à la lionne lui mettrait à dos toutes les forces du mal, qui proférait en masse à l'Académie ces derniers temps.

    - Je t'aurai bien proposé une tasse de thé, mais vois tu, les conventions sociales, et la politesse ne sont pas choses courantes en captivité. Que viens tu faire ici, Marlyn ? Sois sûre que mon coeur n'est pas mort, car après tout, la lumière ne peut exister sans ténèbres. Nous en sommes les exactes représentations.

    Une douleur dans son ventre la fit grimacer. Pas de panique...ce n'était qu'une contraction...ils devenaient de plus en plus nombreux ces derniers jours. L'enfant ne tardera pas à naître...

    *Arro...je t'en supplie...sauve moi...*



Marlyn Til' Asnil
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MessageSujet: Re: [Prise de l'Académie] Dame de liberté au milieu des ténèbres [Terminé]   [Prise de l'Académie] Dame de liberté au milieu des ténèbres [Terminé] Icon_minitimeVen 23 Avr 2010 - 18:25

Le silence de la prisonnière dura quelques minutes ; elle ne pouvait être morte puisque sa respiration perçait dans l’immobilisme auditif des geôles, l’oreille exercée de la Mentaï ne pouvait le manquer. Gardant également le silence de ce lieu de malheur, Marlyn se leva avec lenteur, sa cape ondula légèrement dans son dos lorsqu’elle en détacha les nœuds ; d’un geste précis, elle la plia pour éviter qu’elle ne se salisse au contact du sol de poussière morbide, et tendit l’étoffe noble au Mercenaire de service, pour qu’il allât la ranger. Un travail de torture ou d’oppression mentale nécessitait une fluidité des gestes que la jeune femme ne pouvait posséder si un pan de tissu lui entravait les épaules. La tunique de coton noir laissait deviner les bras et les épaules noueuses à la peau crevassée de brûlures ; le froid ambiant raviva les veines avides de sang, qui vinrent teindre les mains diaphanes, redevenues couleur chair. L’immobilisme et la tension constante avaient entassé dans le cœur de Marlyn beaucoup de rancœur, et de cruauté qui n’attendait que de se déverser sur des victimes arbitraires. Aujourd’hui, Kushumaï recevrait très certainement un châtiment injuste et terrible, deviendrait le symbole d’une trop grande haine amassée en un seul être.
Kushumaï. En en faisant la victime de sa fureur envers Gwendalavir, la Mentaï ferait beaucoup. Elle ne la tuerait pas, ce serait une bien trop douce délivrance pour la future mère. Cet esprit inflexible nourrissait sa force de deux êtres : l’enfant qu’elle portait, et le mari qu’elle chérissait. Marlyn comptait détruire ces deux bases, pour anéantir mentalement la représentation de tout ce qu’elle détestait. Elle ôterait à Kushumaï sa source d’espoir – comme on avait ôté quelques années auparavant à Sareyn les derniers sentiments humains. Kushumaï représentait également cette génération d’élèves avec qui Marlyn avait partagé une partie de son existence, ses anciens « amis » de l’Académie.

Pourtant, la Mentaï n’aimait pas torturer ou assister à la torture d’une personne. Cela ne lui rappelait que trop les instants qu’elle avait passés à mourir quelques années auparavant ; mais aujourd’hui, cela était nécessaire pour qu’elle reste mentalement stable, il lui fallait évacuer un trop plein de noirceur qui finirait par la consumer sans la rendre plus puissante, et ce en faisant couler le sang et les larmes. Ainsi les bras dénudés et nonchalamment rangés le long de son corps et dans ses poches, la jeune femme dégingandée se dirigea à pas lents et mesurés vers la porte noircie de la cellule ; ses pas résonnaient sèchement contre les murs, comme un glas mélancolique prêt à sonner pour l’enfant. La porte de la geôle s’ouvrit pour laisser passer l’être aux cheveux-corbeau et grinça sombrement quand elle se referma, faisant disparaitre toute lumière extérieure, toute tentative de fuite. Quelques fragments d’ironie vinrent teindre les paroles de Kushumaï. Un dernier soupçon de rébellion ? Il serait bien vite écrasé sous les paumes arachnéennes de son ennemie à l’œil de braise, pour n’être plus que corps brisé, souillé de l’embryon d’un mort et de l’amertume, de la défaite, de l’abandon. Même si les mots proférés par une voix faible n’avaient pas atteint la jeune femme au cœur d’acier, ils déclenchaient en elle un profond sentiment de mépris au gout amer de la haine, ce qu’elle n’avait plus ressenti depuis quelques temps. Cette chaleur glaciale qui fusait dans les veines, accélérait sa respiration et menaçait à tout moment de la ramener à l’état de fille sauvage à l’instinct animal… ce qu’elle était avant de rencontrer le Mentaï blond qui lui avait rendu forme humaine.
Si elle ne retrouvait pas rapidement un calme relatif, elle ferait de Kushumaï un bain de sang qui n’aurait atteint aucun but et disloqué inutilement des os. Heureusement pour tout le monde que le dessin était prohibé dans cette section sombre de l’Académie. S’obligeant à la raideur et au maintien glacé, Marlyn répondit d’une voix partiellement maitrisée qui laissait parfois passer les tremblements d’impatience :


- Que viens-je faire ici ? La réponse est simple, Kushumaï. Je viens tuer ton enfant.

Les dernières syllabes rebondirent sur les murs avant de s’éteindre dans le miasme des odeurs putrides : l’instant était savoureux. Peut-être même plus que le meurtre futur en lui-même. Le silence retomba dans la petite cellule aux senteurs méphitiques, alors que la tension grandissait. Kushumaï était sans défenses, affaiblie par la faim et le chagrin, alors que la Mentaï débordait de violence trop longtemps contenue. Il était évident qu’après cette journée, les choses allaient changer pour beaucoup de monde… Kushumaï serait brisée si elle n’en mourait pas, Arro Skil’ Liches aurait un point faible, et Marlyn perdrait pour longtemps le goût du sang. Peut-être était-ce mieux. Si des parcelles d’humanité étaient encore présentes dans l’âme de celle que Kushumaï appelait la Traitresse, ces fragments étaient lentement absorbés par une envie de sang grandissante, corrompus et tus par le Chaos. ; ils ne réapparaitraient que lorsque Marlyn sortirait des cachots et se serait lavée de l’hémoglobine tâchant sa peau.
Ce qui expliquait pourquoi l’œil dissimulé par la chevelure noire s’était voilé, hermétique, et ne laissait transparaître qu’une détermination métallique, inhumaine.
La jeune femme s’avança vers la suppliciée, et ploya les genoux dans le but de reprendre la parole, se mettant à la hauteur du visage crasseux qui suivait le moindre de ses gestes. Un dernier soulèvement de la part de Kushumaï : le corps meurtri se détendit et les mains faibles s’enroulèrent autour du cou de Marlyn dans une vaine tentative pour empêcher le futur meurtre. La Mentaï se dégagea dans un bruissement de tissus, et gifla la captive du revers de la main pour la dissuader de recommencer. Des marques bleuâtres étaient apparues à l’endroit où Kushumaï avait serré et ses ongles avaient entaillé légèrement la peau de sa nuque, laissant des sillons sanguinolents. Le souffle court, l’être chaotique retrouva la station debout et toisa dédaigneusement sa prisonnière. Fini de jouer.

Un coup de genou dans le menton envoya bouler Kushumaï contre le mur, tandis que la voix de Marlyn prenait la parole mécaniquement, métalliquement :


- Tu vas connaître la douleur que j’ai connue, Kushumaï. Celle que tes magisters m’ont infligée, celle qui m’a suivi pendant les mois où j’ai simplement réappris à marcher. Mais toi, tu ne t’en relèveras pas. Je te briserai.

Les coups continuèrent – non sans réponse car encore à plusieurs reprises, la prisonnière dont le sang perlait au coin des lèvres tenta de se défendre, mais sa faiblesse ne pouvait qu’atteindre superficiellement la Mentaï ; cette dernière à mesure que l’odeur de sang envahissait ses narines était de moins en moins calme. Cette frénésie meurtrière se ressentait dans ses frappes qui devinrent plus franchement violentes et malsaines. Les minutes s’égrainèrent au son des respirations haletantes, des gémissements de douleur ; le temps qu’il restait à vivre à la larve, à l’embryon détesté diminuait inexorablement.
Le souffle court et l’œil dément tandis que ses cheveux tombaient plus ou moins en bataille devant son visage, Marlyn stoppa. Sa victime à la peau tuméfiée était crispée sur le sol, dans l’espoir que tout finirait vite. Il n’en serait rien. La tension montait, le fauve qui avait été éveillé en Marlyn n’attendait plus que de recevoir la permission de sortir les crocs ; elle n’y tint plus.
L’étoffe de tissu plissa quand la jeune femme releva légèrement sa tunique, découvrant un système en cuir complexe qui maintenait une dague tout contre son flanc couturé de cicatrices. Dague dont l’acier impatient chuinta quand elle la prit dans sa main gauche, la pointe tournée vers Kushumaï. La Mentaï saisit le corps tremblant par le col de sa chemise sale et approcha le visage aux cheveux de feu du sien. Elle n’était pas inconsciente et se débattait fortement, plantant ses ongles dans la chair de Marlyn, donnant des coups comme elle le pouvait. La lame –bientôt assassine- vint frôler la joue de la Lupus puis descendit sur sa nuque délicate. Le sang cinabre s’égoutta là où la dague entailla la peau, coulant entre les doigts crispés de l’être chaotique. La main qui tenait le poignard vint contre les lèvres de sa propriétaire, qui goutèrent avidement le sang versé sur les jointures.

Un instant plus tard Kushumaï était projetée contre le mur violemment. Marlyn se rapprocha d’elle d’une démarche animale. Fut bientôt proche. La dague transperça le flanc par le côté, tandis que la douleur de Kushumaï vint résonner délicieusement dans les tympans de la tortionnaire. Le silence suivit ce dernier geste comme si le temps s’arrêtait : l’œil couleur nuit croisa les prunelles noisettes, un sourire démentiel vint peindre les lèvres diaphanes, le murmure de la mort répondit en écho à l’agonie :


- Adieu, gamin…

Et la paume crispée sur le manche en métal vint faire tourner la lame dans la chair. Un tour. Sentir le corps entier de Kushumaï trahir la douleur rendait Marlyn folle. Deux tours. L’instant transcendait les sens de la Mentaï. Le sang ruissellait lentement sur sa paume, elle sentait le liquide chaud teinter l’atmosphère. Trois tours.
L’acier recouvert de mort quitta le corps agonisant du fœtus et celui mis à mal de la mère – qui se laissa glisser contre le mur pour rejoindre le sol, les mains crispées sur l’abdomen. Inconsciente ? Evanouie ? Plus rien n’avait d’importance. Un dernier frisson parcourut le corps exalté de Marlyn, dont le cerveau recouvrait petit à petit humanité comme l’odeur de sang devenait âpre ; son œil sans fond balaya la scène une ultime fois, et elle sortit de la cellule sans un mot. A sa sortie, un Mercenaire l’attendait avec des étoffes humides dont elle se servit pour ôter le sang qui lui couvrait les bras. Ses vêtements étaient teintés du liquide pourpre, ses doits collaient à la lame ruisselante. Il lui fallut plusieurs minutes pour retrouver le sens de la réalité, nettoyer précieusement la lame qui retrouva sa place secrète contre son flanc, décolorer ses phalanges.
Sa cape claqua quand elle la replaça d’un mouvement sec à ses épaules ; le gout métallique du sang encore sur les lèvres, Marlyn sortir des geôles en sifflant entre ses dents un glacial :


-Qu’il repose en paix.

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