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 Sur la rive, un complot... (RP terminé)

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Maya Nil' Shaya
Maya Nil' Shaya

Primat de Kaelem et Maître dessinateur
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MessageSujet: Sur la rive, un complot... (RP terminé)   Sur la rive, un complot... (RP terminé) Icon_minitimeSam 3 Mai 2008 - 20:29

Comme un poisson dans l’eau.
Ou un chat dans le noir.
Elle avançait dans la nuit sur la rive du lac Chen, laissant son regard vagabonder sur les vagues, puis vers la lune, joyau du ciel, puis dans les ombres, essayant de percer l’obscurité et de deviner d’où viendrait celui qu’elle allait rencontrer. Ou celle, qui sait…

Elle ne savait rien de ce Mentaï, un point faible qui l’avait beaucoup fait hésiter lorsqu’elle avait décidé de le rencontrer, même si lui non plus ne savait pas grand chose d’elle. Elle ne connaissait même pas de nom, vrai ou faux. Pourtant, elle s’était toujours débrouillée pour en connaître un avant chacune de ses rencontres… Son contact n’avait rien voulu dire, seulement qu’il acceptait de la rencontrer, et aucune de ses recherches n’avaient porté ses fruits. A croire que ce Mentaï n’avait aucun passé… Mais malgré cette absence d’informations, elle avait besoin d’un contact qui complotait contre l’Académie de Merwyn, et selon sa source celui-ci était moins influent et plus discret. Elle n’avait aucune envie de se retrouver mêlée dans l’affaire plus que nécessaire en rencontrant le chef de l’opération. Un Mentaï moins important suffisait amplement pour atteindre ses buts…

Ses buts. Aider les Mercenaires à contrôler l’Empire, ou au moins à se débarrasser de l’Académie de Merwyn, pour qu’ensuite ils lui donnent une position importante dans celui-ci. Elle les aiderait dans l’ombre, bien sûr. Pour que, si jamais même son aide ne pouvait leurs donner la victoire, elle puisse changer de camp. En les trahissant, l’Empire lui donnerait sûrement le pouvoir que les Mercenaires auraient échoué à lui offrir… Elle espérait qu’elle n’aurait pas à mettre ce plan en action ; atteindre ses buts de cette façon lui causerait beaucoup trop d’ennemis. Et elle n’avait aucune envie d’être assassinée le lendemain. Ou plutôt, elle n’avait aucune envie d’être assassinée tout court. Que ce soit plus tard ou maintenant.

Encore une différence avec ses rencontres habituelles ; personne ne veillait dans les parages. Elle avait toujours au moins un homme pour observer de loin. Pas pour la protéger, non ; elle pouvait se débrouiller seule et évitait soigneusement de rencontrer ceux qui étaient plus forts qu’elle. A part peut-être ce Mentaï, qui était visiblement l’exception à la règle. L’homme observait puis lui décrivait en détail ce qu’il avait vu, au cas où elle aurait raté quelque chose d’important de son point de vue. D’autres fois, il devait empêcher toute interférence et observait l’extérieur. Mais cette nuit, elle devrait être encore plus vigilante. Elle serait seule… ou presque.

Arrivée là où elle devait le rencontrer, Maya ne s’étonna pas de l’absence du Mentaï. Elle avait préféré venir plus tôt pour vérifier le terrain. A gauche, le lac. L’infinité de gouttes d’eau qui se promenait lentement sous la brise nocturne avait quelque chose de spectaculaire, pourtant elle ne resta pas longtemps à l’observer. Le danger ne viendrait sûrement pas de ce côté, et aucune barque ne se profilait à l’horizon. A droite, d’énormes rochers noirs sur lesquelles les enfants aimaient certainement jouer pour montrer leurs talents d’acrobates. Une cachette parfaite, si elle n’était pas si prévisible. Sous ses pieds, devant et derrière elle, des galets gris à perte de vue qui avaient l’horrible défaut d’empêcher quiconque d’avancer sans bruit. Quoique, certains en étaient peut-être capables. Pas elle. Et si le Mentaï avait choisi ce lieu, c’était sûrement qu’il y arrivait. Elle commençait à aimer cette rencontre de moins en moins. C’était elle qui avait demandé à le voir, et donc lui qui était en position de force. Elle n’aimait pas ca du tout. Mais le pouvoir pourrait bien changer de main pendant la rencontre. Elle l’avait déjà fait. Elle le ferait encore.
Sauf que le Mentaï inconnu était loin d’être un amateur ou de la sous-estimer. Il savait exactement ce qu’il faisait, Maya en était certaine.
Peu importe. Il ne serait pas un ennemi, de toute façon. Et si elle se méfiait de lui, elle avait confiance en ses propres talents. Elle aussi savait exactement ce qu’elle faisait.

Elle avait vérifié partout, sauf en haut. Elle leva donc les yeux vers le ciel ouvert et ils se posèrent sans difficulté sur la lune qui brillait au-dessus du lac. Elle n’était pas encore pleine, mais le serait dans quelques nuits. Une merveille… Lorsqu’elle ne vit plus qu’un cercle blanc qui l’aveuglait presque, Maya détourna les yeux de l’éblouissante Reine de la Nuit et se dirigea vers les rochers. Ils étaient peut-être une cachette prévisible, mais elle ne comptait pas si cacher…

Voilà. Maintenant, elle se tenait à deux mètres de hauteur, en position de force. Et elle avait vu sur l’autre côté des rochers… En vérité, les rochers formaient un plateau et ne redescendait pas comme elle s’y était attendue. L’eau du lac avait du grignoter les rochers pour former la plage de cailloux. Au loin, elle discernait les lumières d’un village dans lequel certains étaient encore éveillés. Sûrement en train de boire dans une taverne… Plus qu’à attendre, maintenant. Le Mentaï ne devrait plus tarder. Maya se rappela mentalement comment elle avait appris qu’elle pourrait enfin l’identifier.

***
Elle avait hésité un instant. Le contacter, trouver quelqu’un d’autre ? Il avait peut-être des liens avec les Mercenaires, il lui avait peut-être appris beaucoup sur leur Guilde, mais il était un double agent. Rien ne lui prouvait qu’il ne travaillait pas pour elle dans le seul but de repasser les informations que connaissaient l’Eclipse à son autre maître, l’un des seuls à connaître l’existence de son ordre sans en faire parti, même s’il ne connaissait ni ses buts ni son nom… Elle ne lui faisait pas confiance, et ne lui demandait son aide que rarement. Mais elle avait besoin de lui… Soupirant, elle s’était plongée dans les Spires.
- J’ai besoin d’un contact avec un Mentaï.
- Quelqu’un en particulier ?
- Quelqu’un qui s’occupe de l’Académie de Merwyn, mais pas trop influent.
- Je vous mettrai au courant.
Quelques heures plus tard, elle avait reçu sa réponse
- Le Mentaï pour qui je travaille accepte de vous rencontrer.
Etonnant. Alors comme ca, lui aussi s’intéressait à ce qui se passait autour d’Al Poll… Elle ne s’était pas attendue à rencontrer celui avec qui elle partageait anonymement ce qui se passait dans l’Empire.
- Son nom ?
- Je ne peux toujours pas vous le dire. Il vous rencontrera dans deux jours sur la rive du lac Chen, à une heure de cheval au nord de la ville …
***

Et maintenant elle était là, seule, ou presque, au beau milieu de la nuit. D’où viendrait-il ? Ferait-il un pas sur le côté, ce qui lui ferait immédiatement savoir qu’il était là, où essaierait-il de la surprendre ? A quoi ressemblerait-il ? Quelles impressions lui donnerait-elle, debout à une distance prudente du bord, ses cheveux blancs comme la lune qu’elle regardait encore tombant sur ses habits noirs ? Devinerait-il que le sabre qui pendait à sa ceinture dans un fourreau de la même couleur n’était pas sa seule arme ?

- Miaou…

Maya reporta immédiatement son attention sur ce qui se passait autour d’elle. Son admiration lunaire lui coûterait la vie, une de ses nuits. Elle découvrit enfin les deux yeux jaune clair de son compagnon nocturne ; sans eux, le chat noir serait resté invisible contre la pierre. L’animal, qui avait des oreilles bien plus fines que les siennes, n’avaient eut aucun mal à identifier l’approche de l’humain. Maya se retourna. Il était là…

Amjad Ottam
Amjad Ottam

Mentaï
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MessageSujet: Re: Sur la rive, un complot... (RP terminé)   Sur la rive, un complot... (RP terminé) Icon_minitimeJeu 8 Mai 2008 - 1:17

- Il suffit d'être un peu observateur.

Le jeune homme tenta sans grand succès de dissimuler sa satisfaction et avala une gorgée du contenu de sa chope afin de se donner une contenance. Son interlocuteur fronça légèrement les sourcils, mécontent.

- Tu en sais, des choses, gamin. La moitié ne devraient pas t'être connues. C'est certes une qualité, mais une qualité dangereuse ..

Une taverne désaffectée d'Al-Chen, un après-midi d'été. L'intérieur insalubre, le manque de luminosité, les bancs rongés par les vers et l'effritement des murs conférait une ambiance sinistre à la limite du glauque à ce lieu de perdition. Derrière le comptoir, un vieil homme étique salissait les verres de son chiffon encrassé, l'air ailleurs. Les quelques clients présents se qualifiaient respectivement par les termes ivrognes, conspirateurs ou chômeurs. Et pour cette deuxième catégorie, les tablées trop vides pour signifier une baisse de l'attention mais trop pleines pour se voir dans l'impossibilité de communiquer des informations confidentielles constituaient un avantage non négligeable, sans doute celui qui les avait poussés à choisir cet endroit plutôt qu'un autre. Installés sur un point quelque peu en retrait, deux hommes murmuraient, l'un le coude nonchalamment posé sur la surface boisée, l'autre surveillant de temps en temps la salle avec le détachement nécessaire. Le premier devait avoir derrière lui dix-neuf printemps environ; physiquement on ne peut plus banal, des cheveux châtains foncés aux reflets toutefois plus moirés qu'ils n'auraient dû l'être pour un plébéien, des yeux bruns et un visage si commun que le regard s'en détournait d'emblée. Ses grossiers habits de toile portaient les stigmates d'une vie de travail et de demi-misère, impression néammoins atténuée par le semblant d'élégance indécent qui s'en dégageait. Le deuxième s'exposait dans une longue toge sombre elle aussi usée; son visage plus mature désignait en lui l'aîné des deux, sa chevelure noire et le gris de ses yeux faisaient leur possible pour paraître d'une neutralité presque affligeante. Contrairement à l'adolescent, celui-là paraissait gêné par les vapeurs puissantes transsudant de l'alcool, presque méphitiques, et guignait sur son lait de siffleur une moue écoeurée. Le plus jeune reposa sa bière et répliqua calmement:

- Gamin ? Vous n'êtes pas beaucoup plus âgé que moi. Et d'ailleurs ..

Il contempla moqueusement la boisson dans la chope de son voisin qui le coupa, les lèvres étirés d'un sourire tellement dénué de joie qu'on eut dit l'expression d'une douleur sporadique.

- Tu es bien insolent. Méfie-toi ..de ça et du reste.

Cet informateur s'émancipait bien trop pour quelqu'un de sa classe. S'il en arrivait même à l'espionner.. Le pirate imagina un stupide accident: chute depuis une falaise, noyade un jour de tempête ou strangulation dans un quelconque coupe-gorge. Oui, cela pourrait se faire sans problèmes. Plus tard. Mais pas trop. Comme s'il avait perçu les velleités d'assassinat nourries par son employeur, le garçon se troubla imperceptiblement et chuchota:

- Vous avez besoin de moi.

Son ton avait affiché trop de précipitation pour ne pas exprimer sa soudaine crainte et le mentaï réitéra son rictus, soupçonnant depuis longtemps que ces prétendues pertes de contrôles avaient pour seul but de le faire fléchir par la flatterie sous-entendue. Sans doute derrière son masque l'adolescent le composait de doutes, ajoutait un soupçon d'effroi et une once de repentir. Car tous deux savaient pertinnement que litotes ou pas, les menaces d'Amjad ne prenaient pas suite dans leur cas: il avait encore utilité du sycophante, le seul qu'il ait trouvé possédant des contacts au sein de cette guilde ésotérique aux buts uniquement supposés. Pour combien de temps encore ? Si le jeune homme craignait un tant soit peu le vide autour de son chemin de corde raide, il le dissimulait plus parfaitement que bien des apprentis. L'aline appréciait chez lui cette capacité de maîtrise de soi et cette intelligence ostentatoire protégée par un regard morne et une docilité apparente. Dommage qu'il ne fut pas plus manipulable ou plus digne de confiance; mais comment en demander autant à un agent double ? La tablée de boit-sans-soif braillards éclata à ce moment en rires si gras que les deux conspirateurs leur accordèrent un détour méfiant du chef. Occupés jusqu'alors à réclamer toutes les minutes environ une nouvelle tournée au tavernier silencieux, ils venaient de trouver en la personne d'une souillon venue nettoyer la table adjacente à la leur une nouvelle source d'hilarité dans leur ébriété avancée. Alors que son interlocuteur se désintéressait de la situation pour construire prudemment sa prochaine phrase, le mentaï suivit distraitement la scène. La servante gardait les lèvres résolument fermées aux provocations de plus en plus salaces des hommes en tentant par tous les moyens de conserver une expression stoïque, mais sa main tremblant (de peur ? De rage ?) sur le linge la trahissait. Même dans leur état critique, les soûlards s'en apercevaient et rivalisaient de grossièretés à tel point que la jeune femme rougissait de honte. La jeune femme ? Amjad plissa les yeux; pas même une jeune fille, une gamine tout juste nubile de treize ou quatorze ans à peine. Sa maigreur ne l'étonna pas, pas plus que le terne de ses cheveux clairs ou l'éclat éteint de son regard sombre. Bien que l'effroi et le dégoût se déchiffrât sans peine sur ses traits lorsque l'un des ivrognes l'abordait, on percevait quelque chose de résigné, de désespéré dans son attitude, la même qu'affichait le vieil homme. Une enfant. Ou était donc passée la fierté et la magnificience de Gwendalavir ? Enterrées, étouffées, engoncées dans une chape d'hiver et de vénalité. Le brun espéra qu'elles y resteraient. Se tournant vers l'adolescent qui hésitait toujours, il annonça:

- Dis-lui que c'est d'accord. Dans deux jours, sur les bords du lac Chen, la rive Nord. Qu'il ou qu'elle y soit seule.

L'agent double hocha lentement la tête et se leva, sembla hésiter de nouveau. Le mercenaire repoussa son lait de siffleur intact et réarrangea les plis de sa toge avant de le devancer:

- Pas cette fois. Estime-toi heureux de pouvoir encore inspirer ces infâmes senteurs de déchéance après l'aveu de ton imprudence. Et bien entendu, cette rencontre ne sera pas ébruitée. A bientôt peut-être ..

Le jeune homme ingéra les mots dans leur intégralité, sourit avec une certaine suffisance teintée de gêne, tiqua sur les quatre derniers mots. Le coude appuyé sur le bois vermoulu, il attendit que l'ombre de la longue cape brune ait tourné le coin de la ruelle pour sortir à son tour, accompagné d'un cri étouffé de l'enfant dont un des ivrognes venait de poser une main possessive sur l'épaule sous le regard torve du tavernier.

*
Mangal s'ébroua puis se tut sur un reproche implicite de l'humain. L'astre nocturne éclatait le drapé céleste de sa blancheur lactée, luisait sur l'étendue mythique du lac d'Al-Chen et sur la robe de l'équidé. Le bai-brun du petit cheval râblé devenait, par un paradoxe étrange, louvet sous la nuit. Ses yeux aussi se faisaient plus opaques, plus intelligents encore que d'ordinaire et le pirate songea que s'il avait croisé pour la première fois son compagnon au crépuscule et n'eut été son regard incroyablement vif, nul doute qu'il aurait poursuivi son chemin, jugeant trop dangereux de s'allier à un animal si reconnaissable. Mais heureusement pour l'un comme pour l'autre, le jeune étalon s'affichait comme la banalité incarnée, cette banalité si utile à quiconque désire dissimuler ses buts et son identité.
A propos d'identité ..Le mentaï noua ses longs cheveux, vérifia la place de chacunes de ses armes, enjoignit au poulain de l'attendre aux alentours et contempla le balancement agacé de son encolure s'éloigner en un rituel répété mille et mille fois. Puis il marcha au-devant de cette rencontre prometteuse, se sachant d'emblée en position de force. D'ailleurs n'était-ce pas lui qui avait choisi le lieu ? La preuve que le dirigeant occulte ne pouvait pas se permettre de perdre son temps en négociations. Seule explication plausible car l'hypothèse qu'il fut idiot ou imprudent restait inenvisageable. Une guilde séculaire, abritée par les alaviriens pendant des siècles sans que le quart n'en soupçonne l'existence ..on ne confiait pas ce glorieux héritage au premier venu.
A la première venue, plutôt. Le lac ondulait ses eaux grises sur les galets rongés par le temps, un amoncellement rocheux se dressait dans le noir et là, sous la lueur diaphane de la lune étincelait une silhouette indéniablement féminine, allégorie droite et digne de la nuit elle-même. Son corps souple et délié paraissait modelé dans l'illusion, sa peau hâlée contrastait efficacemment avec sa longue chevelure pâle. Non, blanche. Entièrement blanche, plus blanche que l'oeil du ciel qui lui donnait son halo coruscant. Son visage levé vers la trouée légendaire, il aurait pu l'abattre maintenant s'il était venu pour ça. Il effleura l'Imagination et sentit une présence ténue, si légère qu'il douta même que ce fut bien elle qui laissait traîner une onde de pensée dans l'autre dimension.
Juste comme il songeait à escalader doucement le promontoire pour se retrouver à sa hauteur, quelque chose sembla la rappeler à plus de vigilance et elle pivota vivement, offrant sa figure mangée de deux yeux verts au soir. L'extrême jeunesse de ses traits étonna le mentaï mais la surprise passée, il redoubla de prudence: elle était très peu âgée, elle était belle, elle était femme: trois épithètes qui sont dans un monde gouverné par les hommes autant de facteurs de faiblesse. A la voir, on l'imaginait mal diriger une société inconnue formée sans doute principalement de mâles. Un pantin ? Il avait déjà eu le tort de croire cela pour Dolohov. Mieux valait ne pas se leurrer pour éviter de glisser une deuxième fois en situation précaire.


Se sachant désormais découvert, Amjad emprunta les spires en un pas sur le côté qui le mena à quelques mètres de la jeune femme. Il inclina la tête en un salut mi-ironique, mi-sincère et commença:

- Mes hommages, ma dame. J'ai cru comprendre que vous souhaitiez un entretien ?

Détaillant de nouveau sa taille si fine et son visage de fillette néammoins vieilli par une expression noble et sûre d'elle-même, il fut tenté de la sous-estimer lorsqu'un regard jaune croisa le sien. L'homme fixa le chat, se rappela celui de la montagne. Coïncidence presque troublante dans un moment pareil. Mais à point nommé. L'aline pénétra dans le halo blanc à visage découvert et attendit, vaguement étonné de ces ressemblances partagées par la femme et la lune.

Maya Nil' Shaya
Maya Nil' Shaya

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MessageSujet: Re: Sur la rive, un complot... (RP terminé)   Sur la rive, un complot... (RP terminé) Icon_minitimeSam 10 Mai 2008 - 3:35

La première impression peut être trompeuse et on ne doit pas juger quelqu’un sur celle-ci.

C’est du moins ce que son maître lui répétait. Un conseil qu’elle n’avait jamais suivi. Au contraire, c’est cette première impression qui lui en disait le plus sur les autres. Chaque geste, chaque mot, chaque silence. A chaque nouvelle rencontre, elle ajoutait de nouvelles informations à cette image qu’elle gardait du premier jour. Ce jour où elle décidait de l’importance de son interlocuteur, changeant parfois au cours du temps, mais rarement de beaucoup. Elle observa donc attentivement le Mentaï de ses yeux verts pétillants. Premier regard…

Un homme de peut-être trente ans. Des cheveux noirs attachés dans son dos, des yeux gris foncés, un visage qui s’oublie, une présence légère dans les spires, une taille neutre, une démarche gracieuse… Quelqu’un de discret, en effet. Et donc de dangereux. Beaucoup plus intéressant, aussi… Elle n’aimait pas travailler avec des imbéciles, ni avec ceux qui la prenait pour une poupée dans les mains d’un marionnettiste.

Les inconnus qui la rencontraient la nuit venue réagissaient à sa vue de deux façons ; les sages redoublaient de méfiance, et les autres la sous-estimaient en en payant les conséquences. Myra classa le Mentaï devant elle dans la première catégorie, peut-être quelque peu embêtée par le surplus de prudence que cela nécessitait mais appréciative. Elle avait remarqué son regard en biais vers le chat, elle avait sentit qu’il n’avait utilisé les Spires qu’après avoir été repéré, elle avait entendu sa phrase si bien tournée. Avec les autres, elle agissait en faible et utilisait leur confidence à son avantage. Avec ceux de sa catégorie, elle agissait différemment. Mais elle n’avait pas terminée d’observer.

Ses méthodes étaient distinctes des siennes, Myra le sut immédiatement. Elle avait essayé d’être comme lui et les autres, mais elle avait vite laissé tomber. Essayer de passer inaperçue, avec ses cheveux blancs éclatants ? Impossible. Alors le jour, elle chevauchait en vue de tous sur son étalon à la robe blanche tachetée de noir, ou noire tachetée de blanc, impossible de savoir. Et tous les regards se tournaient vers elle. Personne ne la soupçonnait, évidemment. Les voleurs se cachent, ils ne paradent pas au milieu de leurs ennemis. C’est ainsi que pensaient la plupart des Alavariens, et c’est ainsi qu’elle protégeait son identité. Ceux qui la connaissaient dans l’ombre de la nuit travaillaient avec ou pour elle, à moins qu’ils ne tiennent trop à leur vie et celles de leurs amis pour la trahir. Avoir toute une guilde sur le dos ne plaisait à personne… Le Mentaï en face d’elle se cachait en faisant tout le contraire. Elle était invisible en vue de tous, il était invisible dans l’ombre du soir. Deux méthodes très efficaces malgré leur opposition…

Lui aussi avait choisi de dévoiler son visage pour cette rencontre. Confiance ? Sûrement pas. Alors il n’avait pas peur, il savait qu’elle ne lui voudrait pas de mal. Très bien. Il savait aussi qu’elle avait besoin de lui, ou de quelqu’un comme lui en tous cas. Moins bien. Mais après tout, il fallait bien qu’il sache quelque chose pour lui être utile…

Ses mots, maintenant. Myra le complimenta mentalement sans que son visage ne laisse passer une seule de ses pensées. Des paroles qui en disaient très peu qu’elle ne savait pas déjà…Tout au plus, elle avait confirmation qu’il ne connaissait pas son identité. Du moins, pas encore. Parfait. Il était courtois et avait choisi de la vouvoyer, aussi… Ce qui confirmait qu’il faisait bien parti de la première catégorie, et qu’il la prenait au sérieux… Tant mieux.

Elle répondit d’un ton neutre dans lequel elle ajouta une minuscule pointe d’ironie. Le genre de ton qui semble se moquer, mais qui une seconde après semble n’être qu’illusion, une simple impression qui n’a rien de la vérité. Un ton qu’elle aimait bien… Elle releva la tête, choisit ses mots, laissa ses dents blanches apparaître.

- Et j’ai cru comprendre que vous complotiez contre une certaine Académie…

Rien qu’il ne sache pas déjà, lui aussi. Il avait bien fallu savoir quel genre de personne elle voulait rencontrer pour le trouver, silencieux comme il était… Mais elle devait passer aux choses sérieuses ; ce soir, elle n’était pas venue pour une joute verbale. Plus tard, peut-être. Pour l’instant, elle avait un accord à passer… Elle mit donc son seul moyen de complimenter la perspicacité de son interlocuteur sans vraiment admettre son intelligence de côté. Assez de moqueries voilées sur l’évidence de sa réponse pour le moment. Ne le quittant toujours pas des yeux, elle ajouta :

- Le loup solitaire est plus fort lorsqu’il rejoint une meute pour traverser un terrain dangereux que lorsqu’il reste seul en territoire ennemi.

Myra laissa le Mentaï analyser et interpréter. Qu’il voit qui il souhaite en tant que loup solitaire, meute et ennemi. Elle savait que les chances étaient fortes qu’il comprenne, peut-être en prenant soin d’échanger le loup et la meute pour se mettre en position de force. Et si la vérité était autre, il le cacherait assez bien pour lui faire croire le contraire. Ou pas. Elle continua.

- Je suis venue vous proposer une alliance.

D’abord, observer sa réaction. Ensuite, continuer. Prudemment, mais d’un pas assuré. Qu’il sache qu’elle ne marchait pas en aveugle.

- Je peux m’infiltrer là où il serait trop dangereux de trouver un Mercenaire. Aider activement en les détruisant de l’intérieur. Vous informer plus amplement que jusqu’à maintenant. Nos buts sont similaires ; je vous propose de chasser ensemble…

Elle ne mentionnait pas le temps, et ce n’était pas dû au hasard. L’alliance qu’elle proposait finirait bien un jour et serait emplie de méfiance du début à la fin. Ils s’aideraient, oui. Mais avec la Guilde du Chaos, il ne fallait jamais perdre sa vigilance si on tenait à la vie, elle l’avait appris très tôt. Et c’était exactement ce qu’elle comptait faire. Mais eux aussi feraient bien de surveiller leurs arrières… quoique, s’ils ne le faisaient pas, une éventuelle trahison serait plus facile à mettre à l’œuvre. Mais qui sait, elle n’en aurait peut-être pas besoin ; après tout, ce n’était pas une trahison qu’elle préparait, mais une alliance. Alliance partielle, mais alliance quand même… Restant sur ses gardes, mais toujours droite et assurée, elle attendit, se demandant si le Mentaï n’écouterait que ce qu’elle avait dit ou s’il percerait ce qu’elle avait omis. Elle attendait une action, une parole.

Une réponse sous toutes ses formes.

Amjad Ottam
Amjad Ottam

Mentaï
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MessageSujet: Re: Sur la rive, un complot... (RP terminé)   Sur la rive, un complot... (RP terminé) Icon_minitimeDim 25 Mai 2008 - 18:34

[Mea culpa mais malgré le léger retard, je n'ai pas pu faire mieux. Tu as le droit de te mettre en colère, mais je doute de réussir cet exploit =) ]

Le mentaï peaufina son masque d'impassibilité juste avant qu'il ne se fissure. Voilà bien longtemps que l'un de ses futurs ..alliés n'avait exposé ses intentions avec tant de franchise. Une ou deux phrases ambiguës à peine, et encore. Comme tous les mercenaires de niveau et prestige supérieur aux sbires de base, Amjad se délectait de ces rivières de faux-semblants, sous-entendus, litotes en tout genre comme d'un terrain d'affrontement donnant tacitement vainqueur celui qui éviterait les pièges plus ou moins subtils tendus par l'adversaire. Ce fut donc un peu déçu qu'il reprit contenance, blessé aussi dans son amour-propre, lui qui se flattait de son prétendu sens de la rhétorique. L'avait-elle d'ores et déjà classé dans la catégorie des sous-fifres pour ainsi couper court à cette part essentielle de l'échange, cette tradition, cette quasi-politesse ? Non. Ses méthodes étaient autres, tout simplement. L'homme s'interrogea sur leur efficacité, cisela l'hypothèse selon laquelle cet anti-conformisme était voulu, soit pour désarçonner, soit pour se saisir immédiatemment des rênes. Quoi qu'il en soit le résultat serait analogue. Et de nouveau il voulut la voir moins dangereuse que prévu: ce corps si fin ployant sans doute les jours de grand vent, cette taille peu imposante et surtout cette jeunesse étonnante. Heureusement, l'immobilité dérangeante de ses traits et ses yeux verts glacés atténuaient les risques de commettre pareille erreur. Ses phrases étranges, aussi, cette façon qu'elle avait de proférer des brusqueries plus ou moins habiles d'un ton mitigé mais entretenant l'impression de contrôle total qu'elle semblait avoir l'habitude d'entretenir sur elle-même et tout ce qui la concernait (ou pas) de près ou de loin. L'aline décida de ne pas tenter de changer la donne maintenant; il s'arrangerait plus tard pour modeler cette singulière manière de faire en faiblesse. S'il le fallait.

Elle utilisait en tout cas des métaphores peu courantes. Les loups ..les personnalités influentes préféraient en général se servir de l'image des éléments, du temps ou de tout autre concept d'une échelle plus élevée que la leur, peut-être afin de passer outre leur condition de simple alavirien ou de se montrer plus impressionnants qu'en réalité. Quoique comme dans toute culture humaine ces animaux occultes s'entouraient d'une grande symbolique. Amjad apprécia néammoins cette façon de voir les choses relativement.. originale. Qui fait partie de la meute dans ton histoire ? Cela doit être toi. Et pourtant, qui propose une alliance ? Le pirate eut un de ces légers sourires un rien complaisants. Loin à l'intérieur, une marionette anonyme au visage d'ombre graissait des rouages afin qu'ils se mettent doucement, inexorablement en branle. Ne pas s'arrêter sur cette idée ou elle s'oblitérera. Laisser le pantin dénué de conscience peaufiner les détails, élargir la faille entraperçue. Une infime absence dans les mots de la jeune femme laissait deviner cette très relative maladresse. Trop de précipitation ? Il dut accomplir un intense effort de concentration pour reléguer cette pensée aux oubliettes. L'envie de se glisser dans ce piège béant pulsait, pourtant. Mais l'étrange matité de ces yeux lumineux brida de nouveau toute velleité d'anticipation. Oui, ces sombres yeux brillants, ce sourire pétrifié, cette minceur puissante et la chevelure neige encadrant ce visage si jeune, toute sa personne apparaissait comme la personnification même du terme oxymore, tout en elle n'était qu'oxymore et oxymore lui allait si bien. Encore une excellente raison de faire preuve de prudence, la seule et la meilleure.

- Là où il serait trop dangereux de trouver un mercenaire, ma dame ? Mais qu'est-ce que la Guilde esotérique du chaos vient faire dans ce contexte ? Il rôde beaucoup de monde aux alentours de cette Académie qui paraît vous intéresser. Mais pas un de ces voyageurs n'oserait évoquer cette caste d'assassin sans trembler, soyez-en certaine.

Il s'enroula dans sa toge, comme incommodé par un souffle de vent presque imaginaire et fit trois pas machinaux sur le promontoire marmoréen sous la lune avant de lui sourire plus distraitement cette fois. Mais son regard gris ne portait plus trace d'ironie: les négociations venaient de commencer. Parviendrait-elle à extraire la quintessence de cette dernière phrase où il faisait monter les enchères ? Décelerait-elle également la légère menace, sinon rappel contenus en ces quelques sons ? Il n'en doutait pas, aussi guetta-t'il chacun de ses infimes mouvements et expressions avec un zèle passionné. Analyser, soupeser, lire les sous-entendus et l'involontaire, quelle ivresse. Bien sûr, l'aline avait d'ores et déjà accepté cette alliance étonnante depuis longtemps et elle devait en avoir également conscience mais l'instant était désormais aux conditions. Et aux combats à mi-voix pour dominer l'échange. Jusqu'à se complimenter implicitement du match nul. Cela finissait toujours ainsi, avec ce genre de personnes. Pourtant, le petit félin coulé dans la pierre distillait le venin de ses énigmes dorées: elle utilisait des métaphores animales. Constat accessoire et pourtant un peu trop gênant, comme le frisson d'une lame sur l'échine nue. Quelque chose manquait quelque part, pas sous forme d'élément mais d'invisible, d'un ascendant dont elle n'aurait même pas conscience, d'une analogie troublante avec la lune. Le sourire vide d'Amjad mourut comme il n'avait pas vécu tandis que l'homme plaçait ses impressions loin à l'intérieur, entre les mains d'un pantin anonyme nouant divers filins ensemble. Aviser plus tard, rester calculé. Une alliance, donc. Une alliance faite de confiance affectée démentie par l'image de ses propres réflexes réfléchis en l'autre, une alliance doucereuse et éphémère au possible, mais une alliance sans doute fructueuse à la longue. Pour récolter certaines informations confidentielles en partie, pour brouiller les pistes surtout. Il dressa mentalement une liste des possibles chemins que prendrait cet échange; la plupart conduisaient à certains problèmes plus ou moins insolubles et la quasi-totalité retournait la situation au bénéfice de la jeune femme. Mais que d'avancement en cas de réussite de son propre côté ! Voilà qui valait bien les risques encourus.

- Chasser ensemble, dites-vous ? Une entreprise risquée pour l'un comme pour l'autre, me semble-t'il. Peut-être un peu trop ..

L'homme avait murmuré. Le prix, maintenant. Et le besoin d'entrapercevoir la valeur que revêtait l'Académie de Merwyn aux yeux glaçants de l'éclipsiste. Au fur et à mesure de leurs échanges par le biais de ce contact devenu un peu trop compromettant depuis quelques temps certaines informations avaient transsudé, fatalement. Ainsi l'aline savait que quelque soit le but originel de cette guilde occulte, le lucre ou l'appât du pouvoir présidait désormais au grand bal des motivations. Encore que cet élément puisse réclamer son statut de généralité dans l'histoire passée et future de toute société secrète jouet des puissants. Par conséquent, elle aussi devait avoir deviné quelques bagatelles néammoins dérangeantes en des mains expertes. Inévitable inconvénient, mais il pensait avoir jalousement sauvegardé le plus important. Ce qui l'amena à s'interroger sur d'autres secrets sans grand rapport avec leur cible commune; devrait-il lui en faire part ? Cette guilde qu'elle présidait paraissait douée d'une importante efficacité et surtout d'un champ d'action moins restreint que celui du Chaos, quoi qu'il ait voulu lui faire croire. Mais bien évidemment la confiance n'était pas au rendez-vous et n'y serait jamais, rencontre professionnelle oblige. Peut-être plus tard et si ses alliés se révélaient moins importuns que prévu. Il s'étonnait d'ailleurs de l'absence apparente de tout observateur; trop grande confiance en elle ou certitude quant au résultat de leur arrangement ?

- Avez-vous un nom que je puisse employer ? Voilà qui serait fort commode.

Il inclina imperceptiblement le visage en signe d'onctueuse politesse mais tous deux reconnaissaient les faux-semblants. Elle comprendrait qu'il ne commettrait pas l'erreur d'exiger sa véritable identité, preuve de faiblesse insensée. Le halo miroitant autour de sa chevelure la rendait plus digne encore et il soupçonna que le choix de ce promontoire découlait de ce qu'elle le savait pertinnement. Quelle beauté, cette femme-contraste. La certitude que quelque chose faisait défaut déjà ressentie plus tôt vint de nouveau titiller l'homme, qui n'en laissa rien paraître mais actionna chaque sensation dans les endroits de son corps dissimulant des armes.
Il patienta à son tour, ne la quittant du regard qu'une infime seconde par minute pour surveiller le lac.

Maya Nil' Shaya
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MessageSujet: Re: Sur la rive, un complot... (RP terminé)   Sur la rive, un complot... (RP terminé) Icon_minitimeJeu 29 Mai 2008 - 3:08

Déstabiliser l’adversaire. Agir de manière imprévue, lui tourner autour en suivant toujours le même parcours avant de changer brusquement de course. L’étonner, et puis une fois qu’il commençait à connaître les couleurs, la taille et les mouvements du corps du serpent, changer de peau, et le perdre à nouveau. Myra aimait particulièrement cette façon d’agir qui lui allait si bien. Marcher dans les lignes en suivant puis dépassant ses aînés n’avait jamais été son fort. Etre discrète ? Impossible. Alors elle avançait en vue de tous. Se faire prendre pour plus intelligente qu’elle ne l’était ? Sans intérêt, alors que se prendre pour plus faible lui donnait des résultats bien plus appréciables. Et puis de cette façon, elle pouvait tendre tellement plus de pièges… Jouer avec les mots ? Elle en était capable, mais savait fort bien que d’autres maniaient la langue mieux qu’elle, en partie à cause de sa jeunesse. Mais à chaque échange, elle apprenait. Car si elle jouait immédiatement la franchise, elle savait que cela l’aidait à ébranler ses interlocuteurs et qu’ils ne suivaient pas toujours son ouverture. Et lorsqu’elle commençait à prendre les chemins tordus, ils ne savaient plus à quoi s’attendre, ne reconnaissait plus l’ancienne peau du serpent, délaissée inutile sur les pierres d’ombres. Et franchise n’était pas synonyme de vérité, pas sur sa langue… Sa sincérité apparente ne dévoilait que ce qu’elle voulait que l’autre pense, aperçoive, sente. Elle semblait parfois donner trop d’informations, être trop confidente ou bien simplement imprudente. Mais tout ca n’était qu’impression. Elle ne cachait pas toutes les informations qu’elle avait, pour en effleurer une lorsque l’autre sortait les siennes. Ca, c’était le jeu des autres, pas le sien. Elle préférait divulguer ce qu’elle souhaitait dévoiler, au lieu de se retrouver bloquer dans une impasse devant un interlocuteur trop intelligent… et, souvent, leur répéter ce qu’ils savaient déjà d’une manière différente pour perdre ce qu’ils ne savaient pas entre ses mots.

Certains s’embrouillaient dans ses méthodes différentes ; beaucoup la prenaient pour plus faible qu’elle ne l’était, et ceux là elle manipulait avec assez d’aisance. Ils pensaient toujours faire ce qu’ils voulaient faire, étaient tellement fiers de leur intelligence, qu’ils ne remarquaient que rarement son influence sous ses airs faibles, imprudents, trop confidents, ou dépités parfois si elle choisissait de jouer la comédie et leur donner encore plus l’impression d’avoir à faire à une débutante qui ne savait pas tenir un masque. Et s’ils la découvraient, c’était toujours trop tard. Jusqu’ici, en tout cas. Alors qu’ils perdaient leur prudence petit à petit, la sienne grandissait pour qu’elle ne perde pas l’air qu’elle avait choisi pour cette rencontre. Mais l’homme qu’elle avait en face d’elle ne faisait pas partie de cette catégorie d’imbéciles. Il était prudent ; trop prudent. Oui, sa première impression avait été la bonne. Discret, attentif, intelligent, et dangereux. Elle devrait ‘muer’ plus tôt qu’à son habitude… Mais pas encore. Elle avait bien réussi à le déstabiliser, elle l’avait senti dans ce regard surpris qui dura moins d’une seconde, mais au lieu de la croire imprudente, il se tenait sur ses gardes… Bien. L’agent à qui elle avait demandé ce contact avait bien choisi… S’ils voulaient tenir la victoire contre l’Académie de Merwyn, un allié puissant, même si dangereux, serait bien plus utile. Prudence, prudence…

A ses premiers mots, elle sut que l’heure des combats verbaux avait déjà sonné et que ces négociations ne seraient pas des plus faciles. Pas pour l’alliance ; il ne serait pas venu ce soir s’il ne comptait pas l’envisager, il n’aurait pas commencé à parler de ses propositions s’il ne pensait pas à accepter. Seule une erreur de sa part le ferait pencher pour la position opposée. Et pourquoi pas, après tout ? Cette alliance serait bénéficiale pour eux comme pour elle. Déjà, il la rappelait à plus de prudence alors qu’elle soufflait le mot ‘Mercenaire’. Déjà, il lui rappelait à quelle puissance elle avait à faire, puissance qui ne se met pas au service des autres à un simple claquement de doigts… mais elle savait tout ca. Oui, il était prudent. Mais peut-être pas assez. Elle non plus, d’ailleurs… L’un de ses demi-sourires semblables au croissant de lune vint assombrir son visage.

- Ai-je mentionné le chaos ? demanda-t-elle en frissonnant et en lançant un regard vers les coins obscurs sous les rochers.Il me semble n’avoir parlé que d’un mercenaire…

Après tout, il existait toute sorte de mercenaires, qui travaillaient pour une récompense ou une autre ; marchombres, voleurs, serviteurs du chaos, thüls… Il avait parfaitement compris de qui elle parlait, il le savait, elle le savait, et ils savaient tout deux que l’autre le savait. Mais puisqu’ils avaient choisi la carte de la prudence, et qu’il le lui avait rappelé, autant l’avertir d’être bien attentif à ses mots… Surtout que ceux-ci allaient se faire plus rares, plus espacés. Il était bien trop facile de faire une erreur quelconque durant ces échanges, même minime, et si un autre resterait aveugle devant l’une d’entre elle, ce Mentaï n’en raterait pas. Il n’était pas Mentaï pour rien… Par cette phrase elle lui rappelait aussi qu’elle ne faisait pas partie des mercenaires en question, qu’elle n’était pas un simple pion. Le reste elle ne releva pas ; il savait qu’elle avait compris l’avertissement, et qu’il continue à croire qu’elle s’intéressait à l’Académie de Merwyn lui allait parfaitement. Il n’avait pas à savoir que le lieu n’était qu’une excuse, un moyen comme un autre vers la fin… Elle pourrait très bien comploter contre l’Académie d’Al Jeit, cela ne changerait pas grand-chose. Il prendrait sûrement son silence pour un accord…

Les risques… il voulait maintenant savoir ce qu’il devrait payer pour cette alliance. Tout en réfléchissant à ses paroles suivantes, elle continua à l’observer. Cheveux attachés… plus pratique pour combattre, ca… Pensait-il que cette rencontre allait passer des mots au corps, ou était-ce simplement son habitude ? Elle fit doucement glisser la dague contre son bras, pour l’attraper plus facilement si c’était nécessaire. Pas qu’elle pense devoir le blesser, mais qui sait… Il avait un étrange collier, aussi. Elle devrait se renseigner, peut-être l’utiliser pour découvrir sa véritable identité. Bizarre, tout de même, que quelqu’un d’aussi discret garde un pendentif aussi repérable. [Préviens-moi si ca ne va pas Rolling Eyes ] Et pendant que ses yeux dessinaient son corps, son esprit calculateur tournait rapidement. Entrer dans sa danse, l’étonner de nouveau ? Les risques… risques de mensonges et de trahison présents en toute alliance nocturne, et puis un prix à payer qui ne devait être ni trop haut pour ne pas que l’autre refuse et se voit blessé par une demande outrageante, ni trop bas pour qu’il ne prenne pas les rênes et y gagne bien plus qu’elle. Elle savait qu’il avait besoin de quelqu’un pour le prévenir de ce qui se passait à l’intérieur des murs. Un mercenaire s’achète bien trop facilement, il suffirait que l’Académie le pait plus que la Guilde du Chaos pour qu’il change de camp. Un Mercenaire du Chaos, s’il était découvert, se verrait torturer. L’Académie gagnerait peut-être des informations importantes s’il était faible, et s’il était plus important et se taisait, la Guilde du Chaos perdrait un membre bien utile… Mais elle lui proposait une alliance sans aucun des deux problèmes. Il avait tout à gagner ; c’était ce qu’elle voulait en échange qui restait encore dans le noir… Et pourtant, ce qu’elle y gagnerait tenait en un simple mot de sept lettres qui se baladait partout dans la société. Le silence se brisa enfin.

- Est-ce si difficile de partager sa proie une fois abattue ?

Les yeux de Myra scintillèrent tout à coup, captivant la lumière de la lune pendant un court instant. Pourquoi observait-il le lac si fréquemment ? Simple admiration devant sa beauté, ou… autre chose ? Alors elle se déplaça, sentant qu’il ne la quittait pas des yeux un instant. Maintenant, il devrait choisir entre la regarder, ou regarder le lac en se retournant au trois quart, ce qui n’était pas très discret. Quant à elle, si quoi ou qui que ce soit apparaissait sur la surface de l’eau, elle le verrait… Ayant pris cette rapide mesure qui ne servait peut-être à rien, elle passa à la suite comme si son mouvement n’avait rien de tactique.

Son nom, maintenant. Un instant, elle considéra lui donner sa véritable identité ; beaucoup n’aurait jamais soupçonné qu’une telle chose était possible et ne serait pas allé plus loin. Mais elle ne connaissait pas assez l’homme qui se tenait devant elle. Trop prudent, oui… Toujours cette impression qui tournait autour de lui comme une brume presque invisible. Peut-être rechercherait-il le prénom qu’elle lui donnerait, quoi qu’il soit. Non ; elle ne lui donnerait pas son vrai nom.
Et elle gardait le contrôle ; hors de question qu’il le prenne aussi facilement.

- Il me semble que la politesse exige que vous me cédiez un nom avant d’en solliciter un…

Amjad Ottam
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MessageSujet: Re: Sur la rive, un complot... (RP terminé)   Sur la rive, un complot... (RP terminé) Icon_minitimeSam 16 Aoû 2008 - 22:47

[Même pas trois mois de retard Fortiche, non ? Very Happy J'avoue que pour le temps que j'ai mis, j'aurais pu faire mieux ]

Une mèche argent glissant le long du bras, un carré de peau mate rendu ivoire par la lune, le bruissement discret de l'étoffe contrastant toujours avec l'étrange immobilité des traits; au fur et à mesure que doucement passaient les minutes crépusculaires, l'ermite s'imprégnait de cette présence exotique jusqu'à pouvoir prévoir les infimes crispations d'un poignet, jusqu'à ressentir l'éclat hiémal des yeux verts et suivre ce corps souple dans les moindres de ses pérégrinations internes non plus en sursauts sporadiques mais en souplesse, presque en.. empathie. Ce qui ne signifiait en aucun cas qu'il était devenu capable de déchiffrer les intérêts qu'elle oblitérait si bien derrière la peinture de son visage, non; au contraire, même ces infimes mouvements qu'il aimait à déceler non sur la scène des émotions fugaces mais aux appendices qualifiés de muets, elle les contrôlait, les étouffait -ou les amplifiait de manière à ce qu'ils paraissent naturels- tant et si bien que le match demeurait nul. Apprenti, lui avait prit l'habitude de s'enrouler dans une toge dans le simple but de dissimuler ces sursauts corporels à l'époque mal contrôlés et qui s'avéraient de si précieux indices pour un adversaire attentif. Avec la maturité, l'homme, bien que devenu parfaitement maître de son inconscient, avait conservé cette habitude plus par commodité que par réel besoin. Aussi ne pouvait-il que tirer son chapeau -bien que l'expression soit ici peu appropriée- à cette femme un peu trop jeune qui savait si bien doser. Ou non. Il pouvait aussi glisser sur l'ensemble jusqu'à percevoir les fissures colmatées. Il en était donc parvenu au point où, quelles que soient les réserves de répartie et de perversité détenues par le potentiel associé, peu de phrases pouvaient encore étonner venant de lui. Ou plutôt à celui où quelles que soient les bifurcations brutales qu'il emprunterait, les déstabilisations, les provocations, le suivre demeurerait possible, glisser à la suite de son ombre non plus comme les brèves bourrasques initiales mais à l'image d'une eau turbide qui doucement épouse, s'écarte et porte. Et la jeune oxymore, bien que plus vive et innovante que bien des mentaïs réputés, ne pouvait stopper ce processus. Ce qui retirait sans nul doute le même avantage aux deux protagonistes -scores égaux, de nouveau- puisqu'elle s'habituait à lui en même temps que lui à elle, malgré la longueur d'avance qu'ils étaient encore dans l'incapacité d'avoir l'un sur l'autre. Cela se ferait donc au mot à mot, rhétorique contre rhétorique.
Comme de juste.


Malgré le référentiel dans lequel il s'était placé Amjad demeurait un rien surpris par cette ténacité, cette fougue qu'on voyait luire dans les yeux statufiés de l'éclipsiste. Emanation diaprée de l'astre qui l'avait choisie comme allégorie -dont elle s'était désignée la personnification ? Impression subconsciente appartenant au registre de cette prescience dictée par les autres mouvements indétectables, ceux auxquels on ne peut accorder foi qu'avec parcimonie ? Toujours est-il qu'en l'observant mieux, le mercenaire commença à réaliser pourquoi sa guilde -pour peu qu'elle en soit bien le cerveau- avait-elle mainmise sur des lieux, informations dont le Chaos était seulement autorisé à rêver, tout au plus à mystifier. Mais il comprenait également en quoi sa propre position s'avérait plus avantageuse.. pour toute autre personne que celle qui détenait les clés de l'Eclipse. Conclusions à peine esquissées qui ne rendaient cette société occulte que plus gênante encore.. le Chaos semblait exister depuis la nuit des temps: pas l'Eclipse. Et d'après ce que leur contact commun avait laissé échapper, l'aline en déduisait que son taux de corruption caché derrière ces antiques buts louables ne faisait que redoubler leur efficacité: gênant, oui. Ou infiniment précieux.
Ce qui amena tout naturellement le cours de ses pensées à cette fameuse académie, objet de tant de convoitises. Il se doutait bien que ce n'était pas l'établissement en lui-même qui intéressait la jeune espionne, qu'il n'était qu'un prétexte ou une cible comme une autre, symbolique au possible, un raccourci sommaire pour arriver à l'une des fins envisageables -et elle savait aussi que son nouvel.. associé voyait les choses de la même manière. Quel intriguant se serait occupé de ce bâtiment pour les misérables élèves qu'il abritait ou sa simple position géographique ? Et pourtant, Amjad avait également quelques bonnes raisons de ne pas voir l'établissement comme une vulgaire étape. Etait-ce également son cas ? Les éclipsistes étaient-ils à ce point en avance sur le Chaos moribond dont le seul élan commun n'était plus mené que par le cauteleux Zil'Urain ?


Voilà qu'elle jouait sur les mots et le pirate ne put que se reprocher son manque de prudence. Il n'avait certes pas risqué grand-chose si l'on prenait en compte le fait que chacun connaissait pertinemment l'identité -ou plutôt la qualité- de l'autre, et pourtant elle venait de le prendre en flagrant délit de précipitation. A moins qu'elle ne corrigeât sa propre erreur ? En effet, qui lui disait qu'un mercenaire ne pouvait se glisser là où elle rôderait sans complexes ? Ce n'était pas pour plannifier à distance des risques qu'un espion totalement impropre à la confiance ferait semblant de courir pour soutirer les bénéfices que le brun avait accepté cette alliance. Elle devait forcément le savoir. De plus, il la voyait mal - à tort- exécuter les tâches subalternes.. Il ne précisa pas que si leurs buts présentaient quelques similarités, leurs aboutissements respectifs risquaient fort de ne pas plaire à l'un ou à l'autre: pourquoi répéter inlassablement les mêmes truismes ?

- Un mercenaire sans obédience spécifique serait donc moins à l'abri en mission qu'une quelconque recrue lunaire ? Les moyens dont vous disposez sont décidément étonnants, répondit-il d'une voix assez douce pour qu'elle en relève l'ambivalence. Il avait saisi le message, s'était à son tour arrêté sur les mots et lui annonçait des scores égaux pour cette partie.

Sa phrase précédente, si connotation péjorative il y avait vraiment en "un simple mercenaire", il l'interprétait comme une mise en garde en réponse à la sienne: elle n'était pas un soldat quelconque tandis que lui, bien que mentaï, ne possédait pas le pouvoir de tenir sa guilde. Et qu'elle ait voulu ou non le lui rappeller, elle avait raison, bien sûr. Aussi soulignait-il l'incompatibilité qu'elle paraissait exposer en se mettant au niveau d'un mercenaire, puis à son niveau d'Eclipsiste. Un peu contradictoire.. lunaire, si elle était moins habile qu'elle n'y paraissait, elle n'y verrait que l'épithète du cénacle éponyme. Quand à la légère ironie contenue dans la dernière phrase.. qu'elle y voie un autre avertissement restait possible, puisqu'il s'y trouvait bien, mais pour une fois l'homme pensait ce qu'il disait. Pas d'amertume en cette prime de conscience, oh non.
Il profita des quelques secondes qu'elle mit pour préparer ses arguments à propos des risques pour la détailler de nouveau, voyant qu'elle effectuait la même analyse. Elle avait apparemment fait de sa personne peu discrète un atout original, sans tenter de se dissimuler, au contraire. Et bien qu'elle soit ici habillée dans un style sobre au possible
[en fait j'en sais rien u.u] le plein jour devait la voir radieuse dans des vêtements tape-à-l'oeil. Signe sûr d'intelligence: ne pas tenter de remonter le courant mais se laisser porter par la vague jusqu'à la dépasser. A moins qu'elle n'ait étalé ses cheveux opalins sous le soir pour que la lune y joue et que l'impression allégorique donnée par l'ensemble la mette d'emblée en position dominante, sinon noble ? De temps en temps, Amjad jetait une once d'esprit dans l'Imagination pour n'y découvrir que le faible écho de l'éclipsiste; jamais trop de prudence. Devant une pareille mise en scène, bien fou celui qui aurait gardé son entière attention sur la quasi-apparition.. il se rendait compte qu'elle avait profité de ses hésitations initiales pour s'octroyer le statut d'alpha, malgré sa doucereuse proposition de "chasser ensemble". Bien sûr, la faute en revenait au mentaï: tant pis. Rien d'irréparable.

La réponse ne fut pas exactement celle qu'il envisageait. Encore une fois et malgré la lente habitude qu'il commençait à prendre d'elle, -mais il parvint à contrôler son regard- elle le surprenait. Dans un sens moins flatteur pour elle, cette fois.. aussi prit-il un peu de temps pour répondre, soupçonnant quelque piège plutôt que le prosaïque aperçu qu'elle donnait si crûment. "Une fois abattue" ? Elle passait à côté de la question, et de loin. Si elle pensait s'en tirer comme ça.. il fit pour cette fois l'impasse sur les métaphores animales qu'elle semblait avoir plaisir à employer, histoire de ne pas lui donner l'avantage de jouer sur son terrain et lui adressa un sourire plus froid que les précédents, attaquant d'une voix toujours polie:

- Jolie ellipse, ma dame. Je me permets de vous faire remarquer que cela ne répond en rien à ce qui restait une question.

Des questions, plutôt. A elle de décider que préciser. Elle avait désormais le choix: se placer en position inférieure en s'en sortant par une nouvelle pirouette ou répondre en décelant le moment exact où elle devrait se taire avant d'en dire trop. Après tout et bien que cela marche dans les deux sens, elle ne savait pas exactement ce qu'il ignorait encore.
Il la suivit des yeux lorsqu'elle se déplaça, salua son habileté en constatant que le lac lui était désormais hors de vue, ce qui n'était pas pour lui plaire. Pas qu'il ait quelque chose de prévu mais la paranoïa était partagée.. il pensait ne pas se faire surprendre lors d'une hypothétique attaque venant des Spires -aucun dessinateur mis à part eux ne se trouvait à plus de trois bons kilomètres- mais pour un simple assassin aux rives de l'eau noire, il représentait actuellement une cible de choix. Oh, il ne pensait pas qu'une quelconque altercation ait lieu du fait de l'un ou de l'autre jusqu'à la fin des négociations, mais lorsqu'on compte rester vivant.. l'aline surveilla désormais un point un peu plus sur sa droite lorsque la jeune femme ne l'occupait pas entièrement. Histoire de la pousser à son tour dans les derniers retranchements de la méfiance, retranchements qui lui feraient peut-être commettre une magnifique erreur. Mais il ne se faisait pas d'illusions. Il suffisait de glisser sur sa silhouette prête à bondir ou sur ses yeux irrémédiablement figés.


Impression immédiatement confirmée par la réplique sans appel qu'elle lui offrit ensuite. Amjad se retint de sourire: il avait enfin découvert quelqu'un de plus précautionneux que lui. Croyait-elle ainsi se placer de nouveau en dominante ? Il prit le parti de céder tout en s'arrangeant pour donner l'impression d'obéir à l'immaturité d'une enfant. Ce n'est pas par les noms -de toute façon factices- qu'il tenterait de préserver leur équilibre. Mais si elle le voyait ainsi, autant lui rappeler que malgré son aplomb étonnant, c'était elle qui s'était placée dès le départ en position bancale:

- Il est assez étonnant qu'une personne ayant commencé par solliciter bien plus qu'un simple nom perçoive ici une impolitesse. Mais ayant une assez bonne éducation pour ne pas m'attarder, je vais répondre en invoquant la galanterie: galanterie, galanterie ! Es-tu là ? Vous pouvez d'ores et déjà me désigner comme étant Elias.

[Je radote, tu radotes, il ou elle radote.. ]

Maya Nil' Shaya
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MessageSujet: Re: Sur la rive, un complot... (RP terminé)   Sur la rive, un complot... (RP terminé) Icon_minitimeSam 30 Aoû 2008 - 2:44

Il ne comprenait pas. Elle allait donc repartir dans la franchise brutale. Qu’il voit clair. Elle n’aimait pas que ses termes restent dans le brouillard, il était tellement facile de les changer plus tard, après… Et elle allait prendre le contrôle une bonne fois pour toute. Cette dernière phrase qu’il avait prononcé, parent moquant son enfant, ne lui plaisait pas du tout. Au début, Amjad lui avait semblé un parfait allié pour elle ; son calme et son affection pour les mots bien tournés, qu’elle sentait dans la façon dont il tournait ses phrases, l’empêcherait de dire quoi que ce soit qui puisse allumer le brasier de la faiblesse de Myra. Mais en même temps, il n’était pas un simple agent, il était un allié potentiel puissant… et il était provocant, d’une certaine façon. Oh, qu’elle préférait parler aux gens qui étaient en dessous d’elle dans la hiérarchie… parler à des égaux n’était pas son fort… Mais elle devait le cacher, si elle voulait rester en vie. Son chat sauta sur son épaule, et deux paires d’émeraude se fixèrent sur le Mentaï ; Myra caressa la fourrure noire d’un air absent. Il penserait peut-être qu’avec un poids sur l’épaule, elle serait ralenti s’il venait un… problème. Et il aurait tort. Son chat remarquerait les mouvements suspects du Mentaï bien avant elle. Et il serait le premier à attaquer. Mais cela n’en viendrait heureusement pas là… Soyons prêt, tout de même. Voix lente, détendue.

- Les risques sont les mêmes partout ; vous nous faîtes assez confiance pour accepter notre aide, ou vous ne le faites pas. Vous devinez sûrement que peu reçoivent l’offre d’une aide complète de notre Guilde ; à vous de prendre ou de laisser. Et oui, nos moyens sont plus efficaces que ceux d’un mercenaire habituel…

Efficace dans tous les sens du mot. A lui de voir lequel lui convenait. Elle n’allait pas laisser ses petits secrets entre ses mains. Et la confiance… tellement relative. Elle faisait confiance à l’un pour assassiner un témoin ennuyant, mais pas confiance pour porter un message important à un autre Eclipsiste ; dans ce cas, elle préférait se confier à un chuchoteur… A lui de voir s’il était prêt à accepter son aide. A lui de voir si les risques étaient trop grands ; oui, bien sûr, elle risquait de ne pas se faire payer, ou d’être découverte. Mais elle saurait rester dans l’ombre. Et même si quelqu’un découvrait sa véritable identité… elle avait les moyens de rester silencieuse et d’éviter la torture. Rictus mental, visage impassible. Le tigre qui se cache derrière les yeux doux du chaton. Et c’est le chaton qui continua à parler.

- Je ne sollicite rien du tout ; vous ne voulez pas de notre aide, je m’en vais. Il me semblait que notre aide ne vous serait pas de trop, mais si je me trompe…

Elias, puisqu’Elias il s’était nommé cette nuit, finirait la phrase par lui-même. Il savait tout aussi bien qu’elle que l’Académie de Merwyn protégeait les plus grandes personnalités de l’Empire, l’Empereur excepté. Cet ennemi n’était pas à sous-estimer. Et peut-être que la Guilde du Chaos pourrait remporter la victoire ; après tout, ils n’essaieraient pas de se battre s’ils n’avaient aucune chance, ils se renforceraient dans l’ombre, attendraient le moment opportun… Mais même avec la victoire assurée, ils ne sortiraient pas indemnes de cette bataille. Pourquoi refuser une main qui se tendait vers eux ? Par fierté ? Elle savait qu’Elias n’était pas si puéril. Il saurait reconnaitre la valeur d’un allié inattendu et puissant. Peut-être même qu’il se ferait un plaisir d’envoyer ses sbires au premier rang… mais ce serait à elle d’être certaine que son aide ne soit pas utilisée de cette manière. Elle aiderait dans l’ombre, comme toujours. Elle s’occuperait des coups fourrés pour affaiblir l’ennemi de l’intérieur sans qu’il n’en sache jamais rien, même à la fin. Elle s’occuperait de passer les informations importantes d’un camp à l’autre. C’était la position qui lui convenait le mieux, en plein milieu… Elle laissa son chat sauter à terre et aller se promener quelque part derrière elle, là où Elias n’arrêtait pas de jeter des coups d’œil. Elle resta impassible, bien sûr ; mais elle douta un instant. D’abord le lac, ensuite le village… Attendait-il un signal ? … Dix-sept secondes. C’est le temps que cela lui prit pour comprendre. S’il attendait vraiment un signal, il ne serait pas assez sot pour le lui montrer de son regard. Il aurait trouvé un moyen bien plus discret. Il était intelligent, elle l’avait remarqué plusieurs fois déjà ; non, il ne ferait pas une erreur aussi flagrante. Même si elle aurait pu le faire, c’était bien dans ses méthodes, lui ne semblait pas avoir les mêmes du tout. Tout en sa personne disait discrétion. Sauf ce regard sur le côté. Il bluffait… Elle ne laissa pas à Elias le temps de répondre à sa phrase précédente, pas le temps de choisir ou bien de prendre offense. Elle continua.

- Vous savez ce que je vous offre. Demandez une information, quelle qu’elle soit, et vous l’aurez. Demandez à faire passer des rumeurs, de vous ouvrir les portes au milieu de la nuit, de faire tout ce qui nécessite un agent intérieur, ce sera fait. Tout ce que je demande en échange, c’est que vous vous souveniez de notre rôle une fois que la proie sera au sol. Et quelques informations, aussi…

La première fonction de l’Eclipse était l’espionnage. La seconde, l’utilisation de ces informations pour garder l’équilibre entre l’Harmonie et le Chaos, entre l’Empire et ses ennemis. Pour l’instant, elle allait faire pencher la balance du côté du Chaos… mais malgré les efforts, malgré la vastitude de ses ‘oiseaux’, malgré l’entraînement intensif qui bénéficiait les agents les plus importants, certains endroits restaient encore hors de sa portée. Ou était plus dur à atteindre, en tout cas… Parmi ceux-là, la Guilde du Chaos et la Guilde Marchombre. Toutes deux à cause de leur puissance, de leur discrétion, et de la dureté des standards pour y entrer. Les Marchombres faisaient rarement d’exceptions à leur promesse de ne jamais partager leurs secrets à quelqu’un qui n’était pas Marchombre, et les Mercenaires du Chaos avaient gardé cet aspect des choses lorsqu’ils s’étaient formés… Ainsi elle serait plus que satisfaite de retirer ces quelques morceaux d’informations qu’elle n’avait pas encore, en plus de plus de puissance, en échange des moyens qu’elle mettait à la disposition d’Elias. Et maintenant… un nom. Un nom à donner parmi la multitude qui la qualifiait et sous laquelle on la connaissait. Le nom qu’elle donnerait à tous les Mercenaires du Chaos. Le nom sous lequel elle se ferait connaître chez eux. Pas le même que celui de l’Eclipse, ou celui de l’Empire, ou celui du jour, ou celui de… Enfin bon. Elle n’était pas là pour lister tous les noms qu’elle utilisait pour brouiller les pistes et avoir l’air moins dangereuse qu’elle ne l’était. Chuchotement au goût de miel, parfum de jasmin.

- Appelez-moi Nokomis. Nokomis, Fille de la Lune…

Amjad Ottam
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MessageSujet: Re: Sur la rive, un complot... (RP terminé)   Sur la rive, un complot... (RP terminé) Icon_minitimeMar 2 Sep 2008 - 13:36

Impression ? La jeune femme devenue plus sèche passait à la vitesse supérieure et fignolait ses protections tangibles ou conceptuelles avec une fougue parfaitement maîtrisée. Une dame de fer brûlant intérieurement, confectionnant en sa forge des armes, paroles d'acier inoxydable, apparence contradictoire à son image lunaire: l'astre mystificateur visualisé serein, occulte, lactaire ne s'apprêtait en rien à cette ambivalence. Mais qu'elle croie reprendre le contrôle ou non, Amjad voyait une amélioration allant dans son sens en cette attitude plus vive: rapidité est synonyme d'imprudence et apparemment, elle voulait que les négociations avancent. Tourner autour du pot pouvait s'avérer un petit jeu fructueux, de temps à autre.. mais l'homme commençait à se lasser également. Il résolut cependant de procéder de façon à tempérer son impétuosité latente, c'est-à-dire en allongeant encore ses intervalles de réponses et, si phrases plus incisives -presque franches- il devait vraiment y avoir, de parler assez lentement et calmement pour l'agacer un peu. Après tout si sa soirée à elle était peut-être emplie à l'avance de deux ou trois autres rencontres, lui avait tout son temps.

La lune joua soudain sur le pelage intégralement noir du petit rôdeur venu prendre place sur l'épaule de Myra; irisations fauves, bleutées, parmes.. ses troublants yeux émeraudes s'octroyèrent le statut de gardiens et l'aline leur renvoya un miroir gris circonspect. Au grand bal des ésotériques félins, les chats seraient toujours un mystère.. il fallait voir la puissance prédatrice de celui-ci lorsqu'il s'était arraché avec tant de grâce de l'emprise de la gravitation pour retomber tout velours sur cet appendice ami, à l'affût. Profiteurs, sournois, hautains, autant d'épithètes pour désigner ces étranges petis fauves aussi indignes de confiance qu'un authentique intriguant. Qu'est-ce qui pouvait bien décider l'Ombre a veiller sur une humaine comme un démon au regard amande tout droit sorti d'un magnifique cauchemar ? L'éclipsite remonta dans l'estime du mentaï car rares étaient ceux qui pensaient à prendre un autre animal pour complice tant ils les méprisaient. Les deux humains paradoxalement rivaux avaient en commun le savoir relatif stipulant qu'un soi-disant inférieur s'avérait allié bien plus fin et précieux qu'un quelconque semblable, apparemment.. Mangal devait justement veiller près du lac. Qui se méfierait d'un banal petit cheval ? Ou d'un banal petit diable, aussi déroutants soient ses yeux ? Yeux de couleur analogue à ceux de la jeune femme, coïncidence ou non. Et qu'elle l'ait laissé occuper sur son épaule cette place certes de choix mais en principe peu propre à l'accueillir en de telles circonstances -et avec cette nonchalance- témoignait d'un lien solide aux mécanismes joliment huilés: le chat -aux réflexes à l'acuité bien plus développée que n'importe quel grand singe en sa qualité de félin- surveillait l'homme et, pour une raison inconnue qui était peut-être tout simplement la quasi-télépathie qui paraissait exister entre les deux entités, n'entravait pas la défense. Venait-il de lui-même, sentant son amie nerveuse ou l'avait-elle appelé par quelque mouvement du corps indécelable, avouant par là même un passage en un mode plus défensif ? Et pourtant, quelle raison aurait-elle de perdre le contrôle maintenant ? Simple précaution de plus prise un peu tard ? Amjad cessa pour un instant l'analyse du détonant chat-femme pour s'apercevoir qu'il s'était fourvoyé un peu plus tôt: elle venait de répondre et sa voix sonnait calme, assurée. Traîner pour la mettre sur les nerfs ne servirait pas.. à moins qu'elle ne cache son agacement.

Il décida de ne réagir au passage sur les risques que par un léger signe de tête; pourquoi ferait-il confiance à cette guilde dont il ne connaissait l'existence que depuis peu ? Avait-il laissé entendre qu'il avait besoin d'aide ? Une fois de plus, elle se plaçait en position de force en exposant les faits comme si l'Eclipse l'avait contacté par charité et qu'il leur était d'ores et déjà redevable. Inutile de tergiverser, même si les risques lui apparaissaient ici plus élevés que dans d'innombrables entreprises. Quand à ces moyens si efficaces il était décidé à en savoir plus. Mais en parallèle, hors arrangements.. après tout, elle détenait sûrement nombre d'informations sur la guilde du chaos et ses activités, c'était donc de bonne guerre. Il réalisa soudain en soutenant successivement le regard du chat puis de l'éclipsite -où s'entrelaçaient les mêmes nuances de vert- que le premier appartenait à la même famille que les puissants tigres des prairies, pensée incongrue s'il en est. Cette analogie entraîna naturellement une réflexion corollaire: Myra aussi était-elle une créature en modèle réduit dissimulant derrière le pers de son regard une lignée de puissants, l'esprit d'un fauve ? Elle faisait au moins partie des dirigeants de l'Eclipse.. il ne fallait jamais l'oublier.
Justement elle s'exprimait de nouveau en émissaire: pas comme démiurge ou subalterne, comme personnification d'une entité aux mille regards et aux rêves tièdes qu'on appelait l'Eclipse. Tout était dit et, à moins de nouveaux détours qui n'apporteraient rien à l'échange, le mentaï devait maintenant accepter et peut-être exposer à son tour ce qu'exactement il attendait d'elle, d'eux.
Il vit l'Ombre traverser la nuit avec une fluidité frustrante – il avait donc simplement voulu signifier qu'il était là, qu'il protégeait la jeune femme- et disparaître dans les taillis dévoreurs de pierre, comme pour vérifier l'absence d'opposants aux intentions relativement hostiles. Aussitôt après, elle enchaîna sans lui laisser la possibilité de rebondir sur ses précédents mots, ce qu'il n'avait de toute façon pas l'intention de faire avec trop de précipitation. Avait-elle compris qu'il n'attendait rien venant du lac ou ailleurs mais exploitait sa méfiance ? Si c'était le cas elle n'en laissait rien paraître. Bien sûr.

Sa répétition de "la proie une fois au sol" faillit provoquer un demi-sourire, il se retint. Elle n'avait pas besoin de savoir que pour lui, voir leur victime commune et provisoire agonisante ne suffirait pas et qu'il n'avait pas la moindre intention de pistonner les éclipsistes durant le règne du Chaos, règne qui serait plutôt celui d'un seul homme raffiné et aux cheveux blonds. S'ils en arrivaient un jour jusque là, le Zil'Urain risquait fort de devenir son ennemi.. il aurait atteint son but alors qu'Amjad commençerait seulement à mettre doucement en branle les mécanismes précaires qui l'aideraient à parvenir à ses fins. L'erreur actuelle de Maya était de croire que tout mercenaire du chaos -tout mentaï plus particulièrement- poursuivait les mêmes chimères que son voisin. Elle n'aurait peut-être jamais engagé si aimablement sa guilde dans cette alliance si elle avait su qu'elle ne s'adressait pas à la bonne personne. L'aline résolut de le lui cacher mais l'interrogea néammoins afin de lui donner à réfléchir -et surtout pour rallier quelques bribes d'informations qui s'obstinaient à refuser de concorder:


- Je suis prêt à accepter et votre aide et vos conditions.. mais répondez tout d'abord à ceci: qu'est-ce qui vous fait croire que je suis représentatif des miens ? Et si l'alliance que vous vendez les concerne dans leur intégrité, pourquoi ne pas avoir fait appel à quelqu'un de plus.. omnipotent ? Exposa-t'il au bout d'un long moment, un peu caustique sur le dernier mot.

Il parlait de Dolohov, bien sûr, même s'il soupçonnait que l'Eclipse le contacterait tôt ou tard. Maya avait dû préférer au départ quelqu'un de plus abordable.. ou de plus aisé à manipuler ?

- Nokomis ? Cela vous va bien, murmura-t'il sans oublier de demeurer dans une tonalité galante afin qu'elle ne perçoive la pointe d'ironie uniquement si elle la cherchait.

Quelque chose lui disait que ses associés devaient l'admirer et la servir sans trop de conditions.. tiens, où était passé ce chat ?

Maya Nil' Shaya
Maya Nil' Shaya

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MessageSujet: Re: Sur la rive, un complot... (RP terminé)   Sur la rive, un complot... (RP terminé) Icon_minitimeJeu 4 Sep 2008 - 0:09

Pourquoi avait-elle choisi Elias ? C’était pourtant simple ; elle n’avait aucune envie de mettre les deux pieds dans les affaires des Mercenaires du Chaos. Un seul suffisait amplement ; se rendre indispensable, pour qu’ils ne se tournent pas contre l’Eclipse, cacher une bonne partie de la puissance de sa Guilde, pour que le Chaos ne les trouve pas trop dangereux, seulement utiles… Etre indispensable, oui. Même après, pour ne pas être laissé en arrière. Tout en faisant croire qu’elle n’en savait pas beaucoup sur le Chaos, pour qu’ils pensent qu’ils avaient leurs secrets- ce qui était vrai pour le moment… elle cherchait encore des sources parmi leurs Mercenaires. Mais elle les trouverait vite… Elias était discret ; il lui permettait d’être en lien avec le Chaos sans vraiment s’y emmêler. Elle pourrait reculer à n’importe quel moment… Si elle s’était présentée à un Mentaï plus puissant, elle n’aurait pas pu être l’aide secrète, l’aide dans l’ombre. Alors qu’Elias ne pouvait pas la transformer en simple sbire. Il faisait face à une égale, à la représentante d’une Guilde à la puissance cachée ; et il lui parlait comme tel.

Mais il avait raison, la Guilde du Chaos n’était peut-être pas aussi soudée qu’elle le croyait… Il utilisait bien le pronom ‘je’, alors qu’elle parlait pour l’Eclipse entière. Mais tous les Mercenaires du Chaos ne servaient-ils donc pas la même cause ? Comment pouvaient-ils rester sur pieds s’ils se dévoraient entre eux ? …mais quand elle y pensait, l’Eclipse n’était pas si différente que ca. Ses membres non plus n’étaient pas tous loyaux entre eux, même s’ils ne se déclaraient pas ouvertement la guerre et que les Eclipsistes avaient interdiction d’aider deux différents camps en même temps et au même endroit. Les Sept n’avaient pas grand-chose à voir les uns avec les autres, s’occupant d’affaires complètement différentes, ne se rencontrant qu’une fois de temps en temps pour prouver que leurs actions maintenaient la balance. Seuls les Eclipsistes étaient loyaux à leur Seigneur Eclipsiste, ou Dame dans son cas. Etait-ce la même chose pour le Chaos ? Les Mercenaires étaient loyaux à leurs supérieurs ? Ou est-ce que leur trahison allait si loin qu’ils travaillaient tous pour leurs raisons personnelles, n’ayant en commun que leur soif de pouvoir, leur envie de changer le monde et de prendre la place de l’Empereur ?

En fait, elle venait d’offrir une carte intéressante à Elias ; si, comme il le suggérait, la Guilde du Chaos n’était pas aussi solide qu’elle en avait l’air, il devait être flatté d’avoir été choisi. Si leur alliance première se trouvait fructueuse, elle pourrait bien s’allonger, non pas entre l’Eclipse et la Guilde du Chaos, mais entre un Mentaï et une Eclipsiste… Qui sait, il pourrait même utiliser sa connexion pour monter dans la hiérarchie, quoiqu’en le regardant elle doutait qu’il se plaise sous le feu *des projecteurs* du pouvoir. Il semblait plutôt scorpion qui se cache sous la pierre… Mais cela ne répondait pas à la question ; et elle se voyait bien embêtée, puisqu’elle s’était trompée… Elle était venue en croyant la Guilde du Chaos unie, assomptions fondées sur sa durée de vie et son efficacité. Elle savait pourtant que les facéties n’emportaient que vers la faiblesse… Elle, Dame Eclipsiste, avait fait une erreur de novice excité ? Mais cela n’arriverait plus. Elle vérifierait ses sources, chercherait la vérité, toujours… La lune lui montrerait le chemin. Elle leva justement les yeux vers la Reine de la Nuit, suivant du regard l’ombre de la lune pour finir le cercle d’argent qui n’était pas complet ce soir. Avant de redescendre à regret les yeux vers Elias, la réponse à sa question enfin prête, inspirée par l’astre d’argent. Fille de la Lune, oui, cela lui allait bien, en effet… Il avait donc remarqué. Mais elle n’en avait pas douté ; ce n’est pas comme si elle cachait son adoration sélénite…

- Rien.

Un seul mot pour répondre à la première question, cela suffisait bien. Simple, concis, et tellement vrai. Ah, quand elle allait commencer à mentir, il serait tellement confiant, après la franchise qu’elle avait utilisée jusqu’ici ! Avec un regard innocent, pour qu’il se demande si elle ‘croyait’ vraiment qu’il était un représentant du Chaos, elle demanda.

- Ai-je besoin de quelqu’un de plus omnipotent, ou même d’une alliance avec votre intégralité ? Non ; vous êtes Mentaï, vous êtes impliqué dans l’affaire, et vous avez les moyens de connaître les plans concernant l’Académie de Merwyn et ce dont vous avez besoin…

Ce qui était vrai. Et c’était bien pour ca qu’elle avait cru qu’il lui serait suffisant, et qu’il représentait les siens, en plus du fait qu’elle trouvait trop dangereux de se frotter à des Mentaïs plus puissants que nécessaire pour le moment, qu’elle n’en connaissait encore aucun, que si elle n’était pas très effacée elle-même elle connaissait les points positifs de la discrétion et que… et bien, elle détestait ne pas être en position supérieure. Et si elle savait l’être par rapport à Elias, elle savait aussi que l’Eclipse n’était rien à côté des plus puissants Mentaïs. Mais revenons à Elias ; ce ‘je’ lorsqu’il parlait de lui, ce ‘ils’ lorsqu’ils parlaient des Mercenaires du Chaos, au lieu du ‘nous’ qu’elle aurait attendu de quelqu’un qui faisait parti du Chaos depuis longtemps, l’étonnait au plus haut point. Pourquoi, dans sa phrase, avait-il parlé ‘d’eux’, ne se joignant pas aux Mercenaires du Chaos à propos desquelles il parlait ? Etait-il si différent d’eux, à la limite de la Guilde, n’agissant pas vraiment pour les mêmes buts qu’eux ? C’était presque à croire qu’il les trahirait dès qu’il n’aurait plus besoin d’eux… Aussi ajouta-t-elle.

- …à moins qu’ils refusent de vous mettre au courant de leurs stratagèmes ? Auquel cas je suis devant la mauvaise personne, en effet…

Doute… Le premier, sur son importance, sur la valeur qu’il avait pour la Guilde du Chaos. Et un ton qui ne laissait entrevoir qu’une certitude : si le Chaos n’était pas capable de remarquer les atouts d’Elias, refusant de lui dire ce qui se passait, elle les voyait. Juste une petite touche pour le faire réfléchir sur ses allégeances… Rien de plus, pas de proposition ; elle aurait été stupide de percevoir Elias comme une simple recrue. Il était Mentaï, et il le resterait sûrement. Non, si elle avait mis en doute ses obéissances, c’était surtout pour qu’il sache la trouver. Proposition future d’une possible alliance future, différente cette fois, plus personnelle. A voir. Tout dépendrait de la suite des événements, et elle ne s’attendait pas à ce qu’il réponde maintenant. Elle voulait qu’il comprenne aussi qu’aujourd’hui, c’était tout de même pour un membre de la Guilde du Chaos qu’elle était venue. S’il n’avait pas de rôle dans le complot, elle n’avait plus rien à faire ici.

A présent, plus qu’à attendre qu’il lui donne ses instructions, épisode qui lui laissait déjà avec un goût amer dans la bouche. C’était son tour d’attraper la balle… Mais il semblait que cela serait retardé ; elle se retourna d’un mouvement félin vers les buissons.

- Miaw !!!

Des branches qui se secouent, des feuilles qui bruissent, un piaillement à fendre le cœur de ceux qui en avaient encore un ; et deux émeraudes apparurent sous la pénombre des arbrisseaux. Puis une patte noire, une tête, et bientôt son chat sortait gracieusement sous la lumière des étoiles, la tête haute, un oiseau au cou tordu à un angle étrange dans sa gueule. Il le posa aux pieds d’Elias, puis recula d’un pas, les yeux vrillés sur les mains du Mentaï. Myra attendit, sans montrer une seule émotion ; en fait, elle ne ressentait pas grand-chose pour le moment. Ni curiosité, ni dégoût, ni joie. Elle attendait calmement la suite. Ce qu’Elias allait faire avant de lui donner ses instructions promettait d’être intéressant… et de lui en apprendre beaucoup sur leur alliance.

Amjad Ottam
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MessageSujet: Re: Sur la rive, un complot... (RP terminé)   Sur la rive, un complot... (RP terminé) Icon_minitimeDim 7 Sep 2008 - 21:38

[Description Hs: 70 %. Rp normal: 30 % angel]

Une plaine de terre sèche à l'infini aux éternelles nuances grisâtres, beiges, poussière, maintenue en instabilité par des vents immobiles et changeants figurés par quelques traits habiles de pinceau. Un ciel couleur attente, sourdement menaçant, calmement inquiétant. Des terres roux élimé qui sans doute furent arables, des plants agonisants couchés à la merci d'oiseaux voleurs qui ne viennent pas. Plein ouest, les faîtes tendus de grands arbres sombres balançant sinistrement leurs chevelures sauvages dans les rafales de fin du monde qui semblent les atteindre seuls. Au centre de la toile, comme éclairées d'une froide lumière interne, des ruines trônent. Pour peu que l'on puisse vraiment utiliser ce mot: certes le taillé de la pierre rêve filigranes épurés, formes harmonieuses, certes une certaine opulence transsude de l'intérieur dévasté et depuis longtemps enterré vivant dans un suaire de temps, mais l'impression générale face à ces bris marmoréens, ce symbolique amas de déchéance provoque plutôt un long frisson le long de la colonne vertébrale de tout humain civilisé, témoin qu'il est de l'effondrement de la civilisation sans laquelle il n'est rien, incarnée en ces lugubres restes au message sans équivoque. Un chemin aux pavés délabrés par l'érosion, mangé d'herbes folles trace ses sinuosités jusque devant cet inhabituel monument; seules quelques traces de roue comme fossilisées témoignent d'un ancien passage humain. Sa noirceur fuligineuse laisse penser qu'il a un jour été la proie des flammes et donne l'impression étourdissante de plonger son regard dans un abîme sans fond, tant l'anonyme virtuosité du peintre manipule l'esprit du spectateur. Et, surplombant ce paysage de songe fiévreux, une colline.
D'un vert usé, porteuse d'une végétation farouche, on jurerait qu'une foudre surnaturelle l'a marquée et déchirée de ses entrailles, appuyant la condamnation sans appel qui déjà transparaissait dans les ruines: en effet, une bonne partie du flanc de l'éminence naturelle est mutilé. Un amas de roches, de plantes et de débris s'accroche désespérément au pied de cette pâle imitation de montagne; la violence de l'éboulement a dû n'être pas des moindres, car le torrent mortel atteint les habitations -depuis longtemps impavides- les plus éloignées du chemin. Là aussi, une lumière diffuse semble éclairer la plaie béante de l'intérieur, portant au vu de tous son squelette rocheux. Et au bord du gouffre, un peu en retrait, se tient un homme. Qu'il est insignifiant, ainsi placé juste sous d'occultes nuées que l'artiste a réussi à rendre à la fois menaçantes et lénifiantes, elles aussi conduites par ces vents qui exhalent une vésanie effrayante. L'humain est de stature moyenne, mince et sec comme la végétation dans laquelle il se confond; il est vêtu d'un simple habit de toile et pourtant rien en lui n'évoque le prolétaire. Des mèches grises mi-longues dissimulent en partie son visage dont on aperçoit d'ailleurs mal les traits, à tel point qu'en s'approchant, on hésite à lui octroyer la statut de femme. Et cette créature androgyne contemple le spectacle avec un détachement, un calme et une certaine folie qu'on lui attribue sans hésitation, bien que rien ne permette de lui attacher ces états d'esprit. Chose également inhabituelle dans un tableau et bien qu'il soit le seul être de la même race que celui qui lui a donné vie, les lignes et jeux de clair-obscur présents dans sa réalité ne convergent pas vers lui: il n'est que spectateur. A gauche de sa tête, au-dessus de la forêt anormalement présente vole un grand oiseau noir. Un deuxième corbeau lève le bec de son dîner de mannes prélevées aux champs, seul à paraître oser se repaître de ce malaise mal expliqué. Et le vent, les rafales mieux représentées que tout autre élément de l'image sont teintées d'orange sable, de beige illusion, de rouge incarnat.
Amjad se rappellerait durant toute son existence ce tableau aux allures schizophrènes. Qu'il n'ait jamais pu trouver le nom de son auteur demeurerait d'ailleurs un de ses plus amers échecs.. ou pas.
Cette sublime esquisse, aux antipodes des traîtrises, coalitions et lâchetés représentait l'aboutissement, la représentation du Chaos, son chaos. Peu de mercenaires esclaves de la guilde éponyme parvenaient à comprendre la beauté recelée en ces allégories tant leur secte s'était éloignée de ses buts originels. Cela pouvait signifier deux choses à propos de l'aline: ou il était visionnaire, ou rétrograde.. sa définition du terme chaos s'apparentant au célèbre symbole du serpent se mordant la queue, restait la deuxième possibilité. D'où l'erreur sans doute commise par Nokomis en s'adressant à lui..


L'Eclipse aurait sans doute autant de mal que de facilité avec la guilde des mentaïs: en effet, si la mystérieuse et jeune corporation paraissait formée, organisée bien que scindée et reposait son autorité dans les mains d'un ou plusieurs chefs définis, celle de leur associés était un vrai.. chaos. Les plus puissants se faisaient nommer autrement que simples mercenaires, mais ils demeuraient nombreux et chacun occupés à oeuvrer pour son propre profit. Peu d'actions concertées, peu de partage, peu d'ordres suivis par tous, seule la bannière du Zil'Urain prédominait dans la masse. Et pourtant, personne ne l'avait jamais reconnu meneur, il s'était imposé parce que la place était vacante et que les plus prudents craignaient de la prendre, préférant manipuler à distance sans trop s'engager. Maya n'aurait donc aucun mal, d'une part à entrer en contact avec des personnes vénales -si elle soignait un peu leur égo- d'autre part à découvrir des informations précieuses parce que mal dissimulées. Mais il lui faudrait également compter sur le fait que la plupart de ses potentiels alliés ne connaîtraient que des fragments d'informations et à la vérité souvent discutable. En fait, la seule personne qu'il lui eut vraiment été utile de côtoyer était bien Dolohov.. le seul qu'elle ne pouvait approcher sous réserve d'engoncer irrémédiablement l'Eclipse dans un réseau plus influent. Et rares étaient ceux qui pouvaient se vanter de connaître d'intéressantes anecdotes sur sa personne. Pour une fois, Amjad ne nourrissait pas de jalousie niée à l'égard de son ancien camarade; en fait et bien qu'il se fasse un honneur d'en être indépendant, il avait plutôt honte de sa guilde après ce bien joli bilan.. l'éclipsiste aux cheveux lunaires pénétrerait leurs défenses avec une facilité qui l'étonnerait sans doute elle-même. Et pour peu qu'elle sache se tenir à distance du blond, elle en apprendrait en fait beaucoup. Tant pis.
Il grimaça au terme "mentaï" et ne put s'empêcher de jeter un bref regard méfiant aux alentours immédiats: mieux valait qu'elle ne répétât pas des épithètes aussi directs qu'on pouvait difficilement récuser. Puis il se reprit et se concentra sur ses paroles. Elle se contredisait, désormais. Ou bluffait: il la pensait trop habile pour se démentir. Elle disait qu'elle n'avait pas besoin d'une alliance avec leur intégralité ? Hypocrisie ou inconscience: depuis le début, il nourrissait la quasi-certitude qu'elle ne s'adressait pas à lui en tant que mentaï -donc par définition noyau d'importance relative autour duquel tournaient peu ou nombre d'électrons, et qui sous-entendait aussi une certaine indépendance- mais en tant que connecteur au Chaos. Elle avait exposé des faits comme allant de soi, sans paraître soupeser la possibilité que les motivations des uns pouvaient ne pas coïncider avec celles des autres et tentait maintenant d'intégrer cette nouvelle vision des choses à l'alliance, avec une remarquable capacité d'adaptation, il fallait bien l'avouer.


Il y avait un élément que le pirate comprenait mal en considérant les choses plus largement: pourquoi l'Eclipse avait-elle attendu si longtemps avant d'entrer en contact avec le Chaos ? Selon ses sources, ces débuts d'alliance ne possédaient pas de précédent dans l'histoire alavirienne.. ou alors ceux qui les avaient contractées étaient morts en emportant leurs collusions dans la tombe. Si le cénacle lunaire frôlait-il maintenant la surface, c'était peut-être qu'il était tout nouvellement opérationnel, ou alors que le fait qu'il ait coupé les ponts avec son but primaire était rendu officiel en son sein, sinon implicitement reconnu. Et puis surtout, pourquoi un organisme ayant pour nom la rencontre de deux astres en un seul éphémère et occulte avait-il pour dirigeante une jeune femme qui justement se faisait image de l'un de deux ? Tout bon sceptique se devait de ne pas croire aux coïcidences. Et cela gênait Amjad au plus haut point.. il se renseignerait, comme pour le reste. Il importait pour l'instant de sceller cette alliance en exposant de vagues conditions puis de retourner à Al-Vor faire sa petite enquête. Al-Chen ? Trop proche. Al-Jeit et Al-Poll, trop surveillées.
Oh, elle reprenait vite son aplomb, la petite éclipsiste.. ou alors c'était extrêmement bien imité. Il faillit lui répondre avec un rien d'agacement tout en sachant que ce serait commettre une stupide erreur, quelque chose de latent dans son ton le retint; il l'observa différemment, mais sans comprendre. Tout ce qu'il notait, c'était que par "ils" elle le plaçait à l'écart de sa guilde, ce dont il ne pouvait lui tenir rigueur, l'ayant assez présenté ainsi. Sauf que ses insinuations étaient provocantes.. tout en semblant ne pas l'être intentionellement, ou receler autre chose.


Avant qu'il ne puisse répondre, l'Ombre sortit dignement des arbrisseaux torturés, un oiseau fraîchement tué dans la gueule. Il déposa sa proie aux pieds du mentaï en un avertissement limpide avant de se concentrer sur ses mains, sans même prendre la peine de diriger son regard en biais; une preuve irréfutable de la confiance en elle et sa guilde qu'avait la jeune femme.. si ce chat se faisait véritablement l'interprète muet de ses pensées. Encore une coïncidence peu crédible, cette doucereuse menace à l'instant même ou l'homme avait l'Eclipse à sa botte pour un laps de temps bien court. Etonnant comme ce fieffé diablotin ressentait Nokomis et exprimait sans faux-semblants ce qu'elle voulait montrer d'une manière plus silencieuse et marquante que les mots. Les chats étaient très sensibles, et celui-ci paraissait même percevoir ce qu'il ne devait pas symboliser, ce que Myra préférait garder pour elle. Avec les esprits faibles, elle ne devait presque pas user de rhétorique: il lui suffisait de dévoiler sa chevelure sous la lune, il fallait juste que le petit félin veille dans l'ombre.. Amjad savait qu'un animal autre que l'humain intervenant lors de négociations était un excellent moyen d'en apprendre plus sur son adversaire, surtout un animal s'entourant d'une telle symbolique. Il ne laissa rien transparaître, si ce n'est un certain amusement irrépressible face au solennel de la chose: les préventions de ce style valaient pour les sous-fifres, pas pour les mentaïs. Il retint néammoins la scène, sans oublier que le chat avait apparemment exécuté son assassinat de sa propre initiative.

- Connaissez-vous vraiment la définition de l'appellation mentaï ? Il n'y a pas de mauvaise personne, il y a juste des ambivalences qu'il ne faut pas oublier, murmura-il à la question précédente, ignorant le félin.

Puis, voyant que celui-ci continuait à le surveiller insolemment, il glissa les mains hors de sa toge et montra lentement ses paumes vides au chat, lui adressant un sourire ironique mais aux aguets. Je n'ai pas l'intention de causer préjudice à ta soeur, petit gardien. Merci pour ton avertissement, mais il ne tient pas encore. Plus tard peut-être.. et je ne doute pas qu'elle sache se venger aussi bien que n'importe quel mercenaire. Puis, estimant que les négociations touchaient à leur fin, il inspira comme de coutume l'air nocturne puis exposa ses instructions immédiates, puisque c'est ce qu'elle semblait attendre:

- Pour l'instant, j'aimerais simplement savoir à quel moment vos hommes surveillent l'Académie afin de replacer les miens en conséquence. Ensuite, j'imagine qu'il est dans vos.. moyens d'entrer en contact avec des élèves ou du personnel et de répandre des rumeurs, vous approprier des papiers, voler des armes ou saboter des installations, bref, tout ce qui peut les affaiblir et qui est trop risqué pour nous.

Il insista sur le nous, cette fois. Tout ce qu'il demandait le mettait en position de faiblesse parce que l'Eclipse découvrirait ce qu'il y avait à découvrir avant lui, mais il avait impérativement besoin de la tester. Il lui mentait déjà un peu.. et ne doutait pas qu'elle fasse immédiatement de même.

- Ne connaissant pas vos disponibilités, je mettrai quelqu'un à disposition de vos agents. [Après creusage de tête, je trouve pas de synonyme et faut que je finisse mes devoirs >.<]

Impression ou l'Ombre se tendait lorsqu'il pénétra dans les Spires ? Un morceau de parchemin apparut à hauteur des yeux de Maya, demeura dans l'existence neuf secondes avant de disparaître. "Al-Chen, quartiers Nord, treizième bâtisse grise du quartier plébéien. Demandez Sterenn." Encore une fois, il se mettait en position de faiblesse mais c'était voulu. Restait les conclusions d'usage; à son tour. La rencontre était terminée, mais il ne fallait pas relâcher son attention sur la fin, au contraire. La lune est tellement présente qu'on finit par ne plus prêter attention à ses discrètes variations, d'une nuit sur l'autre..

Maya Nil' Shaya
Maya Nil' Shaya

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MessageSujet: Re: Sur la rive, un complot... (RP terminé)   Sur la rive, un complot... (RP terminé) Icon_minitimeMar 16 Sep 2008 - 2:26

Il montra ses mains vides au chat, souriant d’un air sceptique. Myra faillit soupirer, dépitée, mais se retint au dernier moment. Il n’avait pas du tout compris ce que voulait le chat [et tu m’excuseras, tu en connais sûrement plus en la matière que moi, mais j’avais une idée en tête =p]. Il prenait son attitude pour un avertissement. Il n’avait ni rejeté la proie offerte, ni accepté. Il l’avait tout bonnement ignorée, comme si elle n’existait pas, l’observant un instant sans remarquer son importance pour l’oublier ensuite. S’il agissait pareil envers l’Eclipse, il ne comprendrait jamais l’importance des offres qu’elle lui ferait… Peut-être ne comprenait-il même pas ce qu’elle venait de faire. Si l’Eclipse avait déjà aidé le Chaos à de nombreuses reprises, elle ne l’avait jamais fait aussi directement. Toujours dans l’ombre, des informations importantes mentionnées par un agent en présence d’un Mercenaire, comme si de rien était, et autre chose de ce genre… Ils ne s’étaient jamais doutés que ces ‘coups de chance’ avaient actuellement une force derrière eux. Ils ne s’étaient jamais doutés de l’allié qu’ils avaient, et qui les aidait une fois de temps en temps… Ce qui était tout aussi bien, puisque l’Eclipse avait autant agi pour leurs mettre des bâtons dans les roues que pour les soutenir.

Mais elle avait été un changement de taille, en devenant Dame Eclipsiste. Des alliances plus directes n’étaient qu’un détail qui la différentiait des autres Gardiens de l’Equilibre. Ses méthodes étaient très différentes, étant donné qu’elle ne se cachait pas dans l’ombre et, au contraire, resplendissait au milieu de la nuit. On la laissait faire, du moment qu’elle continuait à œuvrer pour la Balance et qu’elle ne criait pas l’existence de l’Eclipse sur tous les toits… auquel cas elle serait assassinée, comme n’importe quel autre membre trop bavard, et elle en avait parfaitement conscience. A part ses agents, pour le moment, seul le Mentaï qui lui faisait face connaissait le nom de sa guilde, ou son appartenance à une guilde. Plus tard, le grand cambrioleur s’ajouterait à la liste…

Mais revenons au chat. Selon son attitude, elle concluait qu’Elias se méfiait d’elle, et qu’il comptait paraître avoir de bonnes intentions… sinon, pourquoi avoir montré ses mains au chat ? Pour lui montrer qu’il n’avait rien à lui offrir ? Ca aurait été une possibilité, mais elle doutait que le mentaï n’est pas remarqué la position provocante du chat. Il ne lui ferait pas de mal tant qu’elle ne le ferait pas non plus. Et il avait ignoré l’oiseau au cou tordu. Garder ca à l’esprit. Cela semblait banal, mais ce serait utile… Et pendant qu’elle réfléchissait ainsi, il parla, lui laissant savoir que leur rencontre touchait à sa fin. A ses premiers mots, elle ne répondit pas. Mentaï… un Mercenaire du Chaos qui avait le Don du Dessin. Quelqu’un de puissant, donc, puisqu’il avait deux terrains de chasse. Avait-elle tort ? Encore un détail à vérifié. Lorsqu’il entra dans les Spires, elle se tendit. Qu’allait-il faire ? Elle doutait qu’il lui veuille du mal maintenant, mais… Ah. Juste un papier, parfait. Elle le lut calmement, gravant chaque mot dans son esprit. Puis il disparut, et elle posa son regard brillant sur Elias.

- Vous n’aurez pas besoin de replacer vos hommes.

Elle se demanda comment il allait prendre ca ; preuve qu’elle connaissait déjà ses oiseaux, peut-être ? Preuve qu’elle était plus puissante qu’elle n’en avait l’air, encore… Il serait prudent, tellement prudent. Mais elle ne pouvait pas avoir et la sensation de pouvoir qui courrait dans ses veines, et un adversaire qui ne lève pas sa garde… Aujourd’hui, elle avait choisi l’exaltation de la puissance. A tort, peut-être. A moins qu’il ne devine la vérité… la vérité, qui était qu’elle n’avait aucune idée de qui travaillait avec le Mentaï, mais qu’elle n’avait tout simplement aucun homme surveillant l’Académie tous les jours de tel moment à tel moment. Et qu’elle n’avait aucune intention d’en mettre. Premièrement, parce qu’elle n’allait pas faire tout le travail pour le Chaos ; deuxièmement, parce qu’avoir des oreilles à l’intérieur des murs la mettrait mieux au courant que quelqu’un surveillant de l’extérieur. Troisièmement, elle avait d’autres endroits plus importants où mettre ses oiseaux, alors autant faire perdre des hommes au Mentaï qui lui faisait face. Quatrièmement… elle avait déjà fait surveiller l’Académie pendant un moment, et elle doutait qu’elle apprendrait autre chose à moins d’un événement spécial. Elle connaissait déjà la routine, la présence de l’Intendant qui s’occupait de tout, la position des ailes. Les Mercenaires du Chaos trouveraient bien le reste par eux-mêmes. Et peut-être qu’elle ne serait pas au courant… mais elle saurait tellement plus qu’eux en se promenant parmi les Académiciens. Ensuite. Elle continua.

- Je ferais plus que ca, et je m’occuperai personnellement de cette affaire. En revanche, je n’infiltrerai pas immédiatement… J’ai quelques petits détails à régler préalablement.

Entrer dans l’Académie serait vouloir dire adieu à sa liberté. Elle devrait devenir Neela et se débarrasser de tout ce qui pourrait prouver sa véritable identité. Avant ca, elle comptait bien fignoler son histoire. Entrer dans l’Académie en tant que visiteuse-au Bal, peut-être ?- pour se donner une idée du lieu qui deviendrait son nouveau logis. Faire en sorte que pour les autres elle disparaisse dans la nature. Ce qui ne serait pas bien difficile, puisque l’Académie était indépendante de l’Empire et l’ennemie des personnes moins portées à l’Harmonie. Elle voulait aussi trouver des contacts chez les Membres du Chaos, retrouvez les personnes ‘disparues’ de l’Académie pour découvrir qui ils étaient, choisir qui la suivrait à l’intérieur des murs… elle aurait besoin d’un peu de temps.

- S’il y a urgence, envoyez un chuchoteur ou contactez-moi par les Spires. Je ferais de même…

Temps de disparaître, à présent. Son corps disparut quelques vingt secondes plus tard, le temps de finir de préparer son pas sur le côté. Un lent hochement de tête, puis le temps que son chat lui saute de nouveau sur les épaules, aurait pu faire croire qu’elle n’avait mis que quelques secondes à partir, mais son Don, si puissant soit-il, était tout de même loin derrière celui de Merwyn. En tout cas, elle se délectait de l’illusion… Alors qu’elle apparaissait dans une rue quelconque d’Al Chen, et qu’elle faisait ensuite apparaître une capuche noire pour faire disparaître sa chevelure éclatante sous le tissu, la rive du Lac Chen reprenait son calme paisible. Une seule lune l’éclairait à présent, et le vent souffla sur le tumulus sans qu’aucun corps ne l’oblige à le contourner. Le frisson de la nuit remplit bientôt son absence et dispersa son parfum de jasmin pour ne plus rien laisser derrière elle.

Sur les pavés de la ruelle d’Al-Chen, des pas résonnaient et une silhouette se discernait sous les étoiles. Elle avait choisi cette destination précisément parce qu’elle n’avait aucune importance à ses yeux. Elias, s’il décidait de chercher dans cette direction, ne trouverait rien. Elle marcha à pied dans la ville, cherchant le bâtiment que lui avait désigné le mentaï. Elle ne souhaitait pas devoir le chercher quand elle en aurait besoin… Il lui fallut un moment pour se retrouver, en évitant les hommes ivres qui titubaient dans la rue et autres brigands de la même espèce. Une heure plus tard, elle avait quitté Al-Chen. Elle venait de recevoir un message de Syra lui mentionnant un membre de l’Eclipse qui avait parlé à sa femme de la guilde. Sortant une dague d’argent, Myra s’apprêta à commencer la partie la plus dure de la nuit. La rencontre avec Elias n’avait pas été de tout repos, mais cela c’était bien passé. Elle doutait que la suite lui plaise autant…

Amjad Ottam
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MessageSujet: Re: Sur la rive, un complot... (RP terminé)   Sur la rive, un complot... (RP terminé) Icon_minitimeVen 3 Oct 2008 - 23:43

Quand Amjad prêta enfin attention au cou distordu de l'oiseau, l'éclipsiste s'évaporait déjà. Ils n'avaient pas parlé le même langage, interprété de travers et mal compris, à l'égal de débutants ou de deux civilisations ici représentées par des guildes qui se croisent maladroitement après des siècles de déni, de contacts modérés. Mais même si, pour l'instant, chacun en savait autant que l'autre, la jeune femme s'en était bien mieux tirée; le mentaï s'en voulait terriblement après-coup, n'avoir pensé qu'à l'Eclipse et à aucun moment à cette alliance qu'elle venait de passer seule. Oui, Nokomis jouait à merveille et en parfaite négociante et lui, que lui avait-il apposé ? Une indifférence rocheuse. Cet esprit sensitif que son maître lui reprochait souvent lorsqu'il se faisait sensiblerie s'était focalisé en un point inconscient et cloîtré sur cette seule idée: en savoir plus, mais par ses propres moyens. Il restait encore sceptique quant aux ressources et surtout fidélité du cénacle lunaire, n'envisageait presque pas, même maintenant qu'il reconnaissait s'être fourvoyé, la possibilité de leur utilité. Par le Dragon, quelle ironie.

"Vous n'aurez pas besoin de replacer vos hommes".. et comment, il n'y en avait jamais eu. Lui-même suffisait bien à la surveillance de ce bastion impavide au marasme autant idéologique que physique qui ne possédait d'ailleurs pas le moindre intérêt direct. Alors.. bluffait-elle ? Ou voulait-elle signifier sa guilde si efficiente que nul n'était besoin de pions supplémentaires ?
Infiltrer. Etonnante, cette femelle, et sans prudence à revendre; mais qui la soupçonnerait ? Son charisme et ses talents de comédienne suffiraient amplement à la faire intégrer. Et puis de toute façon cette académie laissait entrer n'importe qui au détriment de son propre honneur. Il la reverrait donc au bal.. si ses "petits détails" s'achevaient d'eux-mêmes d'ici là.


Myra s'évanouissait donc dans le halo lunaire qui n'avait cessé d'illuminer son aura, semblant se dissoudre dans l'air d'une nuit trop peu profonde, suivant en réalité les chemins dérobés connus des seuls dessinateurs; l'aline la pista dans l'Imagination, le temps de percevoir une maîtrise symbiotique du Don le dénonçant assez puissant ou subtil pour rivaliser avec un représentant du Chaos, puis les traces trop légères furent balayées comme remous sur l'onde par l'océan des Spires. La femme aux yex verts savait éviter les écueils et nager au rythme du courant. Amjad en aurait presque oublié son oiseau si ses yeux songeurs qui, déjà posés sur le cadavre sans l'apercevoir, n'avaient brusquement fait le lien avec celui d'un automne, d'une autre victime et d'une autre ombre aux yeux émeraude -agate ? Malachite ? Aventurine ? Ce matin-là, au bord du sentier, le moineau s'était jeté de lui-même entre les griffes du destin et puis le chat l'avait saisi en vainqueur et soutenu le regard de l'homme, à peine moins provocant dans sa sérénité que ne l'avait été son vis-à-vis crépuscule. Les nuques brisées de ces jouets dérisoires se confondaient, insane parallélisme, chiasme incongru, images fugitives. Quelle étrangeté que ces messages ambiguës éloignés incontestablement, sans divergence possible. Le pirate avait épuisé son quota maximal de demi-sourires pour la soirée et se contenta de détailler d'un regard vague le promontoire ou s'était tenue Nokomis et que la lune voilait. Puis, lorsque le nuage qui la dérobait aux diffusés glissa vers d'autres nuits, il s'immergea à son tour dans l'autre dimension. Sur les rives Nord du Lac Chen, plus rien qu'un cheval s'ébrouant aux épineux et un oiseau mort.

*


Ce silence te glace. Il est une chose que nul ne supporte, tu sais, être mort lorsqu'on respire encore et que le regard des vivants vous traverse. Tu es maître de toi, encore, mais tu ne ploieras jamais, ta tempe s'écoule et le sang t'assourdit, tu sais; je l'entends battre à tes yeux opaques. Quelle étrange expérience que celle de parler aux cadavres, je fais de toi une prosopopée vivantes, quoique vivante n'est qu'ironie. Vas-y, brûle; et ta maladresse
Non, n'aie pas peur, tu n'as plus rien à craindre, jamais. Ce n'est pas l'eau qui me noiera mais l'orgueil, dessine de l'orgueil et peut-être tu pourras
Le sabre était long d'un peu plus d'une centaine de centimètres, son fil équilibré, sa garde abîmée par les entraînements répétitifs, rongée par la sueur alors usée. Sa lame grise hématite, un peu émoussée mais efficiente, acérée et aussi délétère que toutes ces morts armes blanches. Blanche ? Rouge. Carmin, incarnat, alezan, châtain, cramoisi, écarlate, vermillon, rouille, pourpre, rouge salin et rouge folie. Rouge pourpoint qui se mêle à rouge terre, rouge passé puis rouge vent, rouge cauchemar, rouge hypallage; le tranchant obscur pour tes yeux dichotomiques. Avoue, cela aurait bien sonné, n'est-ce pas ? Mieux que l'acier déchiré; presque.
L'eau ruisselle sur ton visage; tu sais, cette eau où tu voulais tisser mon suaire ? Qu'importe sa couleur. Que tu en aies conscience ou non, on en meurt quand même. C'est pour ce genre d'amphigouri que je m'illusionne, que tu respires encore, stupidement. Insane.
Et il se retire aussi facilement, doucement que le regard qui t'a traversé sans te voir. Je l'aurais nettoyé dans la soie des -il de ce monde que cela n'aurait changé que la teinte.
Y aspires-tu, maintenant, à ce silence ? Non. Tu n'as jamais supplié et pourtant ils hurlent encore dans un murmure expiratoire "regardez-moi". "Dites quelque chose, n'importe quoi, tout sauf ce silence, tout".
Et ce gouffre, ce néant qui t'attire quand tes bris convient en un écho les émistiches du règne animal à former un ultime cénacle, comme un retour en arrière au délectable cynisme.
Ah, que j'aime ces souffles de vent qui brisent plus sûrement qu'une pensée ou cette cécité qui a eu raison de toi
Retour à ton silence. Et puissent les alexandrins des terres alaviriennes ne jamais se repaître de tes fièvres, Juw.


*


Lorsque le mentaï regagna les rives du lac Chen, le parfum de jasmin agonisait ses derniers relents sous l'astre absent. Il contempla de nouveau le promontoire laissé vide comme si plusieurs minutes ne séparaient pas le "tout à l'heure" du "maintenant" et, toujours songeur, entreprit la descente jusqu'à la frontière de l'eau. Le sabre plus étincelant que jamais avait regagné son fourreau, à l'abri sous la toge comme un rêve étrange. Amjad caressa l'obscurité liquide du regard, voyant vagues, navires à la proue élancée et gréements arachnéens se dessiner sur une onde de réminiscences, vaisseaux fantômes en eaux dormantes. Un jour, son archipel..
Mangal vint à sa rencontre avec toute la discrétion d'un allié, ses yeux noirs chargés d'attente; les nuées mettaient des ombres à sa crinière sauvage. Il écouta des mots décousus, des phrases incohérentes dont lui seul percevait l'essentiel.
Le brun songeait déjà à son retour à Al-Vor, à la chevelure flamboyante d'Enel et son regard de côté lorsqu'il lui demanderait de se renseigner sur une jeune noble aux yeux verts et à la chevelure intégralement blanche, puis sur sa famille, leur histoire et leur futur. Il était déjà lassé du duel de postures qu'il lui faudrait remporter une fois encore pour plier l'indocile mercenaire à sa volonté. Mais elle partirait finalement et lui frôlerait les Spires pour faire naître une flamme dans l'âtre, ouvrirait le compromettant ouvrage pour en reprendre la lecture analytique, esprit critique à l'affût, continuant machinalement d'en caresser la couverture pour en user le titre déjà effacé. Ensuite..
Le petit cheval piaffa et l'homme s'extirpa de sa torpeur; il se replaça sur la selle et tourna les rênes plein sud. Sans attendre, le louvet partit d'un bon pas, le dos tourné à la lune qui rayonnait de nouveau. I am poor lonesome merco and a long way from chaos


[Je m'excuse encore d'avoir merdu sur l'intégralité de ces.. cinq mois o0 En espérant ne pas t'avoir dégoûtée de nos rps ]

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Sur la rive, un complot... (RP terminé)
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