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| Trompettes de la renommée, allez tous vous faire en... | |
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Messages : 2181 Inscription le : 30/05/2007 Age IRL : 31
| Sujet: Trompettes de la renommée, allez tous vous faire en... Mar 2 Déc 2014 - 0:36 | | | Ce que Marlyn aurait donné, ces derniers temps, pour ne pas mener… trois, quatre batailles différentes en même temps. Pouvoir prendre quelques jours pour renforcer un des fronts, juste quelques jours. Le barrage se fissurait de tous les côtés et elle manquait de mains, de temps, de ressources, mais surtout de temps.
Il y avait tant de choses à faire.
Et ces dernières semaines avaient été une telle catastrophe qu’il fallait rattraper erreur après négligence, en permanence. Travailler sur le manque. Les manques.
La tentation, chaque fois qu’elle rentrait dans son repère aux premières lueurs de l’aube après avoir passé la nuit à maintenir ses hommes en place, la tentation de prendre ces herbes qui permettaient d’éviter le sommeil ; et d’écouter quelques minutes de plus les rapports de Spires qu’on lui faisait, ou écrire quelques lignes de plus d’une lettre qu’elle devait envoyer à « son père » pour maintenir l’illusion.
L’addiction, rampante, et qu’elle savait malsaine. Qu’elle ne parvenait à compenser que par ces moments si précieux. Lorsqu’elle prenait un peu de temps de sommeil pour jouer avec Astre, lui dessiner mille et une lumières sur les murs, quelques fils d’or entre les doigts, beaucoup de lueurs après lesquelles il aimait courir, et qui le rendaient perplexes quand elles disparaissaient d’entre ses mains en coupe.
Lorsqu’elle trouvait, parfois, Dolohov endormi chez elle et qu’elle se glissait entre ses bras ; qu’à son réveil, il ne s’y trouvait déjà plus, juste la sensation flottante de quelques mots au creux de la nuque.
Lorsque le tatouage sur sa main gauche émettait.. elle ne savait quoi, une chaleur, une sensation, ce quelque chose qui les liait si intimement même lorsqu’ils se trouvaient chacun d’un côté de l’Empire. Ca lui faisait carrer les épaules quand il fallait donner des ordres à Morse – devenu distant, professionnel, contempteur, ou quand elle manquait de s’endormir à l’Académie d’Al-Jeit, sous les commérages incessants d’Aliénor.
- Sauve-moi de là, ô grand maître du Chaos.
Elle le sentait dans les Basses Spires, et s’approchait avec précaution – sa signature lui était si sensible désormais qu’elle craignait une explosion à chaque fois qu’ils dessinaient ensemble. La diva lui arrachait absolument les oreilles. La borgne maudissait cette invitation qu’une noble amie de Pyotr lui avait faite de « se rendre à l’opéra », qu’elle avait acceptée parce qu’elle savait cette « amie » en possession d’informations de chantage qu’elle souhaitait obtenir. Jamais, de toutes les descriptions que son amant lui avait fait des merveilles qu’était l’opéra, n’aurait-elle imaginé que c’eut pu être une torture aussi insoutenable.
- Qu’on me rende Ar’Kriss sur le champ. Comment peux-tu aimer assister à.. ça ? Même t’écouter chanter serait moins horrible.
Marlyn essayait de contenir son irritation à l’idée d’être coincée là alors qu’il y avait mille façons productives de passer la soirée. Ou même improductives, mais qui incluaient de passer un peu de temps avec son fils, ou son maître.
- Ne faites pas semblant de m’ignorer, Votre Majesté Dolohov Zil’ Urain, je sais quand vous êtes dans ma tête. Je mets le feu à quelque chose dans dix secondes, et ça arrivera probablement à la table de Vil’ Ryval à laquelle vous trônez en ce moment.
Être dans les Spires, absorber la douce chaleur du tatouage lui permettait d’échapper un peu au désastre musical, de se reconcentrer, de sentir toutes les communications entre les différents dessinateurs de leur réseau s’activer comme autant de fils d’araignée. Être le cœur battant de cet organisme monstrueux à travers l’Empire, partie du cœur – était-ce le sien ? l’esprit s’ajusta au réseau de fibres, laissa le rythme s’ajuster au cœur de l’autre, comme elle aimait tant le sentir, à défaut de pouvoir le tenir contre elle.
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| Sujet: Re: Trompettes de la renommée, allez tous vous faire en... Mar 6 Jan 2015 - 1:02 | | | Dolohov avait mal au cou, d'une douleur persistante et gênante, mais jamais franche. C'était comme un bourdon perpétuel qui viendrait le distraire, le menacer d'une piqure, qu'il soit à table, au lit, au seuil de sa demeure, ou ailleurs, en train de courir. Mais qui dupes-tu ?
Dolohov aurait dû remuer ciel et terre. Il ne bougeait qu'à peine. Il aurait dû contacter chaque membre de son réseau, s'en assurer ou lui trancher net la gorge. Il ne pouvait tout simplement pas. Ce n'était pas qu'une question de temps ou de fatigue- à vrai dire, la situation de l'empire était trop invraisemblable pour que quiconque ait du temps. Mais il y avait plus grave. Pour la première fois depuis le premier masque, Doohov n'avait aucune idée de ce qu'il devait prétendre. Sa femme alitée, son absence de la capitale en des temps si précieux, le fait qu'on ne l'avait vu ni à Vor ni à Jeit au cours de ces dernières semaines, ni chez Makel Vil'Ryval, ni... il pouvait justifier son absence à un front, bien sûr. Mais pas l'ensemble ; et ses alliés stables, ceux sur lesquels il aurait pu compter se volatilisaient un à un, ou étaient... trop au large pour réaliser ce qu'il se passait autour d'eux, constatait-il avec un brin de suffisance, en jetant un coup d'oeil à Makel.
Il y avait eu un tas de petites agaceries, depuis sa dernière confrontation avec Marlyn. Il n'avait pas été chercher Miaëlle avec elle. Il n'avait pas meacé Makel avec elle. Il n'avait strictement rien fait avec elle, que... mais il ne fallait surtout pas qu'il pense à ça. La sollitude à laquelle il s'atreignait ne lui permettait pas de s'occuper suffisamment l'esprit pour ne pas vivre avec la sensation d'une imagination rampante, incomplète et merveilleuse qui lui faisait ate de présence et défaut à la fois. Ne pas penser aux spires.
Tout l'heure, il s'était présenté à la Confrérie des Rêveurs, avec ces idées qu'ont parfois les hommes – cette pensée lui venait de Marlyn- de tout dire : Chérie, tu ne sais pas tout, et j'ai menti, mille fois menti. Bien sûr, il l'aurait mieux tourné, il aurait parlé de son lit de repos, du besoin qu'il avait d'Ailil. Mais la chambre de sa femme lui était restée close, et la voix étrangère qui prétendait la traduire l'avait chassée sans ménagement. Ailil disait « tout savoir », mais la vérité de cela ne lui était pas concevable. Il ne lui avait donc rien dit, avait joué l'époux douloureusement éconduit. Il s'était enfermé chez lui à ruminer, à faire trembler sous la menace son personnel de maison – surtout les enfants, le dernier élément de sa demeure qui lui rappelait son mariage.
Il se souvenait des mots qui l'avaient entrainé dans leurs sillages. C'était ceux qui disaient « le sortir de sa torpeur », les mots de l'ami qui, peut-être, voyait dans la pagaille de la vie de Dolohov un reflet de son propre mariage, parti à vaux-l'eau. Ils étaient à l'opéra, la cantatrice chantait, il y avait de l'extase dans les yeux de Dienne, perchée très haut sur un balcon, lorsqu'elle percevait dans les duo une passion vraiment ardente, vraiment coupable, et qui mènerait tout le monde à l'échafaud. Il avait découvert l'opéra auprès d'elle- le vrai sens que l'opéra pouvait revêtir à ceux qui étaient sourds au tissu de conscience qui palpitaient -et comme tout cela l'ennuyait, maintenant.
La voix de Sareyn était presqu'un chant constan, des harpèges iridescentes qu'il voait, les paupières closes, lorsque le noir des spires s'allumaient. Il rôdait bas, comme un cafard, fasciné de ses lumières, incapable d'y résister vraiment. Un sourire lui étira les lèvres, bien malgré lui. Makel, qui n'était pas aussi idiot qu'il voulait le faire croire, comprit instantanément que sa conversation ne suffisait plus, et que son « vieux lion » s'était perdu dans son inaccessible musique.
-Allume-moi quand tu veux, rétorqua-t-il en imagination, avec cette façon de ne pas y toucher.
Il était las, c'est vrai, des corps, des excuses, des conversations. Mais elle l'allumait toujours, il n'y avait plus qu'elle pour cela.
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| Sujet: Re: Trompettes de la renommée, allez tous vous faire en... Jeu 15 Jan 2015 - 1:39 | | | Ce fut incroyablement difficile de ne pas se laisser déborder par –lemanque- les spires qui fusaient, s’ouvraient dans tous les sens pour l’a-cueillir pleinement par tous les chemins à la fois. Il fallait rester sous les radars et toutes les consciences qui palpitaient si proches d’eux- les mots de Dolohov avaient une couleur d’opéra, et c’était comme entendre les sopranos sous l’eau, à travers le voile de perceptions différentes. Elles avaient des accents de batailles, des pics de sons crêtés qui lui figuraient les montagnes les plus âpres, et dans l’aigu un écho qui réverbérait entre ses tempes le visage tordu de leurs nombreuses victimes.
Marlyn attrapa au vol l’éclat identitaire de Dolohov, avant qu’il ne s’échappe trop en elle, et pour un moment ils profitèrent juste d’un peu de dimension volée l’un pour l’autre, dans le silence palpitant de leurs mânes.
elle y infusa l’odeur de cèdre et cendre le doux craquement des bûches dans l’âtre qu’ille pouvait contempler des heures durant tout ce que cet âtre représentait ce qu’il avait vu ce qu’elle entendait illuminé de ses flammes en découpé sa propre silhouette au dos ailé de flammes avec en surimpression son visage à lui dévoré de lumière
Les Spires étaient ployées au plus petit, pliées et repliées au gré de leurs envies –
- Sentirais-je comme une odeur de brûlé dans la pièce? s’enquit Makel auprès d’un serviteur sur lequel il avait passé son ennui. L’amertume le disputait à la plus égoïste satisfaction – son vieux lion était tombé aussi bas que lui, après toute l’hypocrisie qu’il avait montrée pour ses addictions.
Prétendre, garder le masque – un frisson lui échappa lorsque les Spires lui frôlèrent l’angle de la machoire, le long des tatouages de son cou. Ca put passer pour l’extase de la musique, alors que les violons atteignaient leur crescendo pour le duet central de la représentation. Etre – les loups parmi eux, avait toujours ajouté au jeu, une pointe de danger en permanence, comme les regards qu’ils avaient échangés au premier bal, l’indifférence polie qu’ils devaient afficher si Sire Zil’ Urain visitait l’Académie de Jeit.
L’horizon de possibles était sublime, rassemblé entre leurs demains en coupe-
- Il suffit de peu de chose pour rendre une apparence crédible, récita-t-elle d’un passé ancien entre eux, les spires tordues d’un amusement profond. Concentration, technique et contrôle. Tout simplement.
De sa place, elle put le voir serrer les lèvres pour retenir le sourire, ou sa respiration, ou les Spires de lui sortir des dents- ils se parlaient en images, sous la direction de la borgne, en mouvements, en impacts de chaleur sur le derme et l’impatience le disputait à la frustration de cette pièce qui n’en finissait pas, de ces personnes qui leur parlaient et les obligeaient à s’extraire de l’Imagination- L’un d’entre eux finit par céder –quand tu veux- quand tu veux quand tu veux
Il fallut bien retourner à la réalité, effacer le manque de son regard, applaudir lorsque tout le monde applaudissait, suivre Pyotr, congratuler sa « bonne amie » pour l’invitation, discuter des cours d’Al-Jeit, de toutes ces choses ordinaires qui faisaient les plumes du masque. et comme tout ça l’ennuyait maintenant, et ça ne venait pas d’elle
Les murs commençait à se dessiner dans leur esprit, les lumières tamisées dont elle le laissa donner les teintes – Sareyn ne parvint que lentement à s’extraire de ses obligations, à prendre congé des témoins présents. Enfin, prendre le pas sur l’impatience, et disparaitre.
Le regard désapprobateur des ancêtres sur les murs accueillirent la jeune femme dans la pénombre. Cette odeur de cèdre en combustion-
Elle ne l’entendit pas arriver, et une main recouvrit son regard, signe avant coureur de l’incendie qu’elle avait bouté et qui allait les dévorer.
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| Sujet: Re: Trompettes de la renommée, allez tous vous faire en... Jeu 15 Jan 2015 - 21:53 | | | Ca lui semblait vieux d'un battement de cil – mais le mal de cou avait disparu, tout devait redevenir normal.
Il soulevait le poids de son corps avec moins de facilité qu'autrefois, martelait que l'essentiel c'était de retrouver le geste exact, mais maintenir le visage au haut de la barre n'était pas si pénible. Du moins, il valait mieux le penser comme ça.
"La première" était toujours la pire, c'est ce qu'on lui avait dit d'à propos toutes les choses de ce monde.
Il tâcha de contrôler la tension de ses bras, contracta les biceps et les masséters pour la seconde traction. Ne pas s'arrêter avant sept. Cette impression d'avoir tout à recommencer, alors que ça ne faisait qu'un mois que ses entraînements étaient irréguliers. Il lui semblait entendre Marlyn (ou était-ce Makel, ou sa chère mère ? ) persifler que c'était sans doute cela, la panache du grand âge.
Trois. Ils auraient probablement tous les trois dit ça.
Quatre. Sa main zippa, moite. Il siffla un juron aigre, en retombant au sol – comme un chat vexé. Nounou n'accourrait pas pour vérifier que tout allait bien. Ailil ne frapperait pas à la porte, son violon dans son autre main, pour lui demander du calme lorsqu'elle répétait. Il n'y avait que son souffle pour rebondir sur les lattes du plancher. Il regarda la barre de traction, indécis- pas certain de pouvoir remonter une autre première fois. Grincheux, il se mit en position pour faire une série de pompe, voire de postures de yoga s'il en avait l'occasion. Retrouver un rythme, et un contrôle affiné de son corps était primordial pour se détacher des spires. Il ne pensait pas du tout aux spires. Ca avait encore failli lui coûter la peau la dernière fois -quelque chose comme des trainées de feu dans son dos, lorsqu'il s'était baigné. Il lui avait dit qu'il ne pourrait pas la voir, quelques jours durant, c'était sa façon de se protéger. Elle avait eu cette expression de louve qui pense : «pour ce que ça change... » mais au moins, cette fois, il avait pu la voir éveillée, partir sans avoir l'impression de le faire sur la pointe des pieds. Elle lui manquait- les quelques mots glissés, quand elle dormait et qu'elle s'enfonçait dans un tissu de rêves agréables aussi. Elle parlait d'Astre qui ne pouvait pas gribouiller ses ancêtres. Il avait presque pu entendre les bruits de pas du bambin dans le manoir-tout enfoncé qu'il était dans son esprit. C'était la meilleure façon qu'il avait de le partager. Une goutte tomba par terre, au niveau de son nez. Ce n'était pas l'effort, il n'en était qu'à dix. Il s'agenouilla, un peu surpris, pour observer ses mains trembler. Un moment qui lui sembla long, très long. Plus troublé qu'il ne l'aurait admis face à n'importe qui, il se leva dans l'intention d'aller prendre un bain, un petit déjeuner consistant, un thé vert aline, et d'aller voir Makel pour lui renvoyer une invitation.
Cette fois il parjura le dragon à grand cri. Dolohov s'était tellement coincé le cou qu'il envisageait très sérieusement d'aller chez les rêveurs se refaire claquer la porte au nez par son épouse. Qu'il regrettait les massages de la belle époquer des bordels. Qu'il aurait bien été achever de se noyer dans le Pollimage. Mais qu'au moins, pour les 5 prochaines minutes, il était certain qu'il ne penserait pas aux spires, même en prenant son bain.
*
Il n'avait jamais donné le bain à un enfant. A être tout à fait franc, l'idée que ces choses-là pouvaient se faire ne l'avaient jamais effleuré. En tentant d'alléger la tension de son cou, Dolohov songeait à tous ces moments où des êtres avaient eu l'occasion de prendre soin de lui sans qu'il en ait même exactement conscience. Des petits détails banals, par exemple deux longues jambes enroulées autour de son dos, qui l'entourraient d'un bon mêtre quatre-vingt d'affection, ou tout simplement la manière que Nounou avait de lui ôter le savon du front avant que celui-ci n’atteigne ses yeux. Il se demanda si elle reproduisait ses petits riens pour son fils, ou si Marlyn partageait quelques fois ses ablutions avec leur enfant. Cela l'avait surpris, sa manière somme toute récente de prendre des petits gestes protecteurs, de bien-être, lorsqu'il leur arrivait de partager un bain. Peut-être Astre pouvait-il être la cause de ces prévenances nouvelles..? Bien sûr, Madame Mère n'avait jamais pris de bain en sa compagnie. Aucun des deux ne s'en seraient remis. Mais Marlyn n'était pas de la même trempe que Mère. Et il valait mieux ne pas trop songer à aborder la question avec Marlyn. Il bascula la tête contre le rebord du bain, fermant les paupières, trop conscient de l'angle étrange de son cou pour se laisser aller à la tentation des spires.
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| Sujet: Re: Trompettes de la renommée, allez tous vous faire en... Mar 20 Jan 2015 - 23:55 | | | - Walrus, si tu les laisses avoir le dessus, tu ne seras jamais débarrassé d’eux. Qui sait si ce n’est pas Rosie, ou Cullen qu’ils prendront la prochaine fois, avec une somme que tu ne pourras pas payer ?
- Et tu veux que je fasse.. quoi ? Que je les laisse renvoyer la tête de ma petite-fille dans un boite ? C’est ce qui va arriver si je ne rassemble pas le montant !
- On peut les débusquer. J’te dois ça. Toi et moi, on peut traquer ces fils de Ts’liches et récupérer Allys avant qu’il arrive quoi que ce soit.
- Sûr. On sait tous ce qui s’est passé la dernière fois que t’as fait une descente. T’as pété les plombs. C’était un massacre. Non. Je ne confierai pas sa vie à une camée.
- Comment oses… ça n’a rien à voir. Et je suis clean, maintenant !
- Sûr.
- …
- J’ai une famille à protéger. Tu ne comprendrais pas.
- Oh, et je n’y connais rien à ça peut-être, Vorpal ?
- Comment tu pourrais ? Tu as enfermé ton propre gosse dans une petite boite en fer bien hermétique. Oui, Je pourrais les enfermer, tous, les garder dans une prison d’ivoire parfaite et il ne leur arriverait rien. Oh quelles vies elles auraient, hein ! Non. Je veux leur bonheur, je veux qu’elles puissent vivre leur vie, et si ça doit passer par ma propre ruine, alors soit !
- Et ça servira à quoi leur bonheur si elles vivent en permanence dans la peur parce qu'on fait chanter leur grand-père ?
- Et ça servira à quoi de me précipiter dans une embuscade, et de faire tuer Allys par-dessus le marché ? Je dois payer. Et je paierai encore, si je dois ! Je paierai ! jusqu’au jour où l’occasion se présentera, où je pourrai me débarrasser de ces rats sans mettre ceux que j’aime en danger !
- …
- …
- … Astre n’est pas en prison.
- Ah ouais ? C’est quand la dernière fois qu’il a vu le soleil ?
*
Elle l’observait comme une renarde, les sens exacerbés scannant en permanence l’horizon, les reflets qui striaient la surface du Lac Chen, chaque bruissement de buisson, chaque envol d’oiseau. Les bruits, les odeurs, et pendant ce temps-là, elle s’abreuvait les yeux des sourires que son fils arborait à chaque nouvelle découverte, chaque petit geste, chaque chancellement dans ses pas. Marlyn tournait autour, par réflexe –mettre le corps entre le danger et l’astre, en permanence. Et cette envie, juste, de s’asseoir avec lui sur la plage du Lac Chen, ou de le tenir par les deux mains et de l’aider à marcher en équilibre sur le tronc de bois flotté à proximité. Il riait en écho le long du vent et se mettait à courir après chaque lézard, chaque vague.
C’est vrai, qu’il avait de très beaux cheveux, quand ils étaient tressés de soleil. La jeune femme tendit le bras vers lui, pour passer les doigts dedans – ils étaient glacés
Les draps, ses doigts se refermèrent dessus – vides, absents-. L’esprit englué de sommeil crevait de soleil, de vent, de gestes simples. Putain de prison. Putain. Elle avait envie de devenir fumée, de se liquéfier, de retourner sur les bords du Lac Chen et les images encore et encore. Rattraper le rêve une bouffée à la fois, se nicher dedans – juste cette-fois. Une dernière fois.
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| Sujet: Re: Trompettes de la renommée, allez tous vous faire en... Mar 24 Fév 2015 - 16:40 | | | - Il y a des semaines que nous ne nous étions vus. J'imagine que tu dois être très occupé.- Allons, Mère, ça ne fait pas si longtemps. Dolohov sirotait une tisane quelconque dont la fadeur s'épanouissait dans son palais – la réalité avait un goût de jus de fourage et une couleur rougeâtre, comme du vieux sang.- La dernière fois, Dolohov, c'était il y a 3 mois, lorsque ton épouse m'a fait cadeau de cette merveille, rétorqua Madame Mère avec un délicieux sourire assassin, en désignant du coin de la bouche le contenu de sa tasse. Ca fascinait toujours Dolohov de voir sa mère désigner les choses d'un dédaigneux mouvement de joue lorsqu'elle les aimait. L'idée que peut-être il avait été désigné de la sorte lui suffit pour prendre un air contrit. - Une mère doit-elle s'excuser de vouloir voir son fils ? - Assurément, non, Mère. Un homme le doit-il lorsqu'il lui faut veiller son épouse ?- Cette pauvre chérie, compatit la vieille dame, comme pour l'écarter davantage, la jeter dans la tombe.
Ils burent tous les deux une gorgée, contemplatifs. Le père de Dolohov fit irruption dans le salon, le traversa comme un spectre, suivi de tous les yeux qui semblaient surpris de son existence à chaque fois qu'ils se posaient dessus. Les Zil' Urain ne parlaient plus d'argent depuis qu'ils en possédaient. Ils ne intéressaient pas assez à leurs vies réciproques pour se poser des questions personnelles. Ou plutôt, il se moquait complètement de ces deux vieillards qui avaient pour seul mérite de l'avoir mis au monde. Et le mentaï n'excluait pas tout à fait l'idée qu'il horrifiait et effrayait ses deux parents, qui en avaient toujours trop su sur lui. Il n'y avait eu jamais de trace d'intimité dans leurs retrouvailles. Cependant, il hésitait : parler de l'enfant qui existait ?
Il savait que Mère hésitait à suggérer des noms de remariage, en pesant si oui ou non c'était « trop tôt », ou la véracité supposée des sentiments de son fils pour sa bru... Son père ? Il se servait quelque chose qui ressemblait à un alcool de tourbe -d'eux-tous, il était sans doute le plus minéral. Jusqu'à cet étrange moment avec Marlyn, il n'avait pas songé un instant à cet individu en tant que tel, à ce qu'ils pouvaient avoir en commun. Est-ce que ça changeait quelque chose, qu'ils aient tous les deux engendrés? Est-ce qu'Astre le regarderait comme lui-même regardait son père, parce qu'il était dépourvu d'intérêt, de pouvoir, déjà si vieux, et finalement si inconnu? Est-ce que cet homme pouvait être le grand-père de son enfant, lui offrir un cadre d'accueil paisible, dès que l'enfançon pourrait se passer de nourrice?- N'est-ce pas une grossesse qui la tient alitée ?, demanda-t-il, l'air dégagé, en regardant au-dessus de la tête de Dolohov.
Son expression lui échappa totalement pendant un instant, il dut paraître si décomposé que ce fut sa mère qui répondit à son époux, avec dans la voix tout ce qu'elle pouvait d'acerbe pour le reclure au silence. L'idée le terrifiait et le choquait à la fois. Il n'y avait même pas pensé. Peut-être que c'était vrai. Peut-être qu'Ailil était grosse de son enfant, peut-être... ? - ... De toutes façons, si la pauvre ne peut plus quitter le lit avant le quatrième mois, il y a toutes les chances qu'elle ne puisse pas survivre à la naissance et qu'elle accouche d'un mort-né, conclut Madame Mère, avec un détachement qui le sidéra tellement qu'il quitta la pièce et ses parents sur le champ.* Serrer Marlyn et se noyer dans leur esprit . Il n'avait envie que de serrer Marlyn dans ses bras, comme si ce qu'ils partageaient était la seule réalité embrassable. Et de planter, ensuite, un poignard dans toutes les gorges. Mais il était trop tôt, ou trop tard, elle portait son masque de l'Académie, et lui, dans sa diligence qui puait le crottin, frottait son cou convulsivement en songeant à ce soir, où ils se reverraient, mais sous l'autre identité, dans les égoûts d'Al-Jeit. |
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| Sujet: Re: Trompettes de la renommée, allez tous vous faire en... Dim 1 Mar 2015 - 20:57 | | | Le goût doux-amer de fumée lui emplit brusquement le palais, et c’était faire le point sur un instant jusqu’à présent flou. En à-coups, le temps encore saccadé, presque grippé par des rouages mal huilés, elle se sentit. se relever, poser le regard- le regard sur les herbes sur la table, les volutes qui l’entouraient, les baisser, trouver la main qui tenait la cigarettte – elle était à moitié consumée. Quand l’avait-elle allumée ?
Il faisait encore sombre et ses sens – saccades, secousses, tout était terriblement flou- il fallait se battre contre l’envie de continuer. Se forcer à pousser les os pour qu’ils saisissent tout. Saleté, saleté, saleté de manque. Tout, jusqu’aux réserves qu’elle avait planquées sous une latte, jusqu’à ce qui trainait sur la table, usé. Se forcer à ne pas finir la clope et la mettre avec le reste. Se forcer, ne pas plonger les mains dans le brasier lorsqu’elle enflamma tout – c’était du gâchis de tout détruire. Il le fallait. Il. Le fallait. Se dire que les premiers temps seraient les plus durs. Mais que c’était pour –pour le mieux. Il le fallait, se répéta-t-elle encore et encore, lorsqu’elle se récura les mains, le visage, les bras presque compulsivement, comme si racler la peau jusqu’au sang allait l’empêcher de céder, comme si ça allait débarrasser son système plus vite de ce qu’elle n’avait pas pu s’empêcher de consommer, comme si quoi que ce soit.
*
Elle s’était plongée presque avec soulagement dans les foules d’Al-Jeit, et les regards instigateurs des nobles. Autant de point de chutes, d’apparences-murs auxquels se tenir était sous Sareyn, jusqu’à croiser parfois le noble qu’Il était devant elle, poliment indifférent, elle avait de quoi tourner le regard et oublier cette épine qui lui martyrisait les sens. La vérité, c’est qu’elle ne se faisait plus confiance seule et qu’en ce moment, elle se laissait volontiers dissoudre dans les autres identités. ne pas penser à Astre, et les bords du lac – les cheveux d’or
*
Les odeurs des souterrains crasseux de Jeit la dérangeaient-elle autant avant ? La Borgne se prit à relever l’écharpe jusqu’à son nez. Rajuster son cache-œil par habitude –elle ne portait plus que lorsqu’il fallait paraitre menaçante et plus grande, les cheveux tirés vers l’arrière, le cuir, le bandeau sur l’œil, les sourcils toujours froncés. Par paranoïa, elle s’était rendue en avance dans les égouts, à repasser les embranchements qu’ils allaient utiliser. Sentir l’air, tenter de voir dans la poussière si des assassins s’y tapissaient. La salle bas de plafond aménagée pour cette réunion – il était temps que ceux qu’ils avaient envoyer enquêter sur la mort de l’Empereur, l’état des réseaux et de leurs ennemis, fassent leur rapport. Il était temps qu’ils reprennent les devants.
Il apparut enfin, à l’angle de souterrain où ils devaient se retrouver. Marlyn sentit dans son cœur les vieux accents, les vieux sentiments qui l’avaient fait tomber dans les filets du Mentaï avant d’apprendre à connaître l’Homme. Il paraissait plus grand. Plus.. sombre. Et quand bien même elle aurait voulu un moment seuls, elle se permit seulement un regard, un de ceux qui passait entre eux et les reconstruisait en silence, avant de se guinder-
- Maître.
*
La Borgne savait qu’il ne parlait jamais le premier. Elle se tenait derrière, légèrement sur sa droite – par habitude.
- L’agent infiltré chez Deuil a été pris en même temps que tous les autres. Il ne parlera pas. La Légion Noire leur est tombée dessus de tous les côtés.
- Si les Noirs ont réussi à les trouver, combien de temps avant qu’ils ne débarquent ici ? Ils regardaient Sa Majesté nerveusement, peu d’entre eux l’avaient déjà vu en personne.
- Nous avons été inactifs trop longtemps, il faut se raffermir, prouver que les Noirs ne nous inquiètent pas.
- Tuer les régicides avant l’exécution ? Ca leur prouverait qu’on peut les atteindre n’importe où.
- Avec les assassins de Deuil impliqués, la Légion va être doublée pendant au moins six mois. Il faut faire profil bas, se concentrer sur les opportunités au Nord…
- Queue-de-Rat était présent lorsque Nil’ Tremaine a tourné casaque. Des gamins l’ont fait chanter. Si des enfants de Merwyn ont suffi... Il est coincé, et il le sait. On le tient lui, on tient les Noirs. Et on tient l’Impératrice. Ils danseraient tous à notre rythme.
-Dois-je rappeler à tout le monde ici pourquoi il ne faut pas sous-estimer l’Académie de Merwyn quand elle est impliquée dans quelque chose ?
- Elle a raison, c’est eux qui ont fait tomber ceux qui ont tué l’Empereur alors qu’aucun des réseaux ne savait qui-
- Ils sont repartis. Si on reprend les activités de Deuil, on peut s’étendre à Far, Vor, même Chen...
Lorsque la discussion commença à tourner en rond, à vide, et que les voix se firent plus tendues entre les différents avis, Marlyn siffla une fois entre ses dents. La note sèche taire tout le monde, mais il n’y eut que le Morse, lui aussi silencieux depuis le début des débats, pour tourner le regard vers elle. Le reste de l’assemblée fixait un seul point – Sa Majesté s’était avancée.
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| Sujet: Re: Trompettes de la renommée, allez tous vous faire en... Lun 2 Mar 2015 - 14:59 | | | Dire qu'il n'était pas impatient de rendosser la cagoule eut été un euphémisme. C'est réellement lorsque le « Maître » retentit dans les égouts que Dolohov retrouva le maintien du mentaï, et cette sensation aiguë de conscience de lui-même et des autres. Conscience de sa virilité, de la tunique dans laquelle il flottait un peu – un léger doute sur lui-même. « Sa Majesté » fonctionnait selon une alchimie instable, que la distraction de Dolohov menaçait de faire voler en éclats à chaque instant. « Pur bluff » aurait été l'expression qui convenait, une manière un peu familière d'évoquer l'excès d'animalité, le cliché général qui déambulait dans les égoûts comme dans l'antichambre de l'impératrice, qui pianotait sur le siège à acoudoir qu'on lui laissait toujours. Avant de passer le seuil de la salle de réunion, Dolohov se maudit d'avoir sauté le repas du soir en se laissant aller aux spires. « Sa Majesté » n'avait pas le droit de gargouiller, ce serait la rendre trop humaine, trop mortelle. Il inspecta l'assemblée qu'il avait devant lui, se demandant où était le piège. La pègre d'Al-Jeit n'avait pas le franc parlé de celle d'Al-Poll, qi revendiquait pleinement le terme de rats, mais malgré les paillettes de la capitale, il était difficile de ne pas voir en ses hommes la pire engeance humaine. Il identifia Morse -carra les épaules- Dredge, peut-être était-ce Lien, là-bas, si elle avait pris du poids. La présence de Marlyn à sa droite apaisait légèrement sa tension, il était sûr d'avoir au moins cette alliée dans la salle. Sa méconnaissance totale des autres membres de l'assemblée le laissa perplexe. S'était-il absenté si longtemps que ça ? Il était dangereux de déléguer à d'autres ses réseaux d'espionnage, et n'importe qui ce soir aurait pu être un de ceux qu'un jeune homme très nerveux appelait « les noirs ».
Noirs, il l'étaient tous. De jour comme de nuit, le deuil dans l'empire avait des couleurs de poudre à canon. Il semblait évident à tous que l'explosion était imminente, d'où elle serait lancée était un mystère. Dolohov n'avait aucune idée de la réalité de la situation, qui lui avait totalement échappé, mais son silence paraissait normal à tous ceux qui fréquentaient Sa Majesté, qui écoutait toujours, adaptait son jeu en fonction. Mais la vitesse à laquelle le nom « Nil'Tremaine » fusa le sidéra proprement. Comment avait-il pu être aveugle à ce point ?! Que l'Académie de Merwyn ait quelque chose à voir avec le conflit présent le rendait absolument perplexe.Que celle de Jeit s'y soit mis, certes, c'était même très probable... Eventuellement celle de Chen, où on trouvait également des nobles de seconde catégorie, ambitieux, arrivistes... mais le Nord, encore ? Il hocha la tête pensivement, lorsque Marlyn se permit une question rhétorique. Le malaise était presque palpable dans l'assemblée, la discussion continue laissait échapper les informations en chapelet. Dolohov intégrait et digérait ls profils de ses interlocuteurs plus rapidement que les faits dont ils rendaient compte. Nil'Tremaine lui flottait dans la tête, plus sûrement qu'un couteau sous la gorge. Est-ce que sa douce Dienne avait été mêlée à ça ? Et Nil'Tremaine, ce dur à cuire, si... rigoriste. Qu'est-ce qui avait pu lui passer par la tête ? D'ordinaire l'âge assagi le sang. La crispation de morse était évidente. De tout son coeur le mentaï espéra qu'il n'avait rien osé tramer. Il aurait dû faire déplacer Astre et la vieille nurse. Mais c'était trop tard pour prendre un coup d'avance. Sa conscience rempait dans les basses spires, à la recherche d'informations supplémentaires. Il fit un petit signe à Marlyn, par l'esprit, qui siffla instantanément.- Je vous remercie, messieurs, ronronna-t-il, en se redressant, puis tourna son visage vers celui qui avait parlé du silence de l'agent tombé, pour l'image défaite, querelleuse et névrotique que vous avez offert à la Légion Noire, ce soir. C'était parfait.Il y eut des échanges de regards, plus ou moins paniqués, interloqués. Le coup de poker s'était joué à peu de choses – juste une précision de trop, une manière d'aborder une théorie qui avait amené plus de discorde que de réels point de vue. Qu'importe, même, si c'était ou non réel ? Quelqu'un jura, traita le jeune d'enfoiré. Celui-ci s'effondra sur la table, lorsque Sa Majesté battit des cils. Un temps de flottement, puis sonnerait le début des hostilités et remises en question.- Soyons précis, tant que nous sommes entre nous. Chen est rongée, le cartel de la drogue s'effondre, et si les choses continuent comme elles se sont présenté ces dernières semaines, l'empire va droit à l'émeute. La priorité est à la restructuration du réseau de distribution. Un autre renversement politique nous desservirait. Soyez courtois, messieurs, reconstituez-vous des familles... Et pensez qu'on nous attend partout, sauf aux fondations. Visez les centres administratifs. Et je ne veux plus entendre un seul nom.* Une gestion en « bon père de famille ». Le propos tenait en une phrase, mais Dolohov l'avait noyé dans le flot. Il fallait que le chaos accepte d'aller vers un sens commun, laisse les conflits aux gens de bien. A son sens, ce n'était ni le moment de s'étendre, ni de conquérir d'autres territoires, il fallait que la circulation se fluidifie, aller dans le même sens et que chacun se départisse de ses tiques. En silence, et sans traçablités. Le Morse l'avait longuement toisé, en fin de réunion. Ne fais pas ça, Walrus, avait-il songé. Ne fais pas ça. La légion aurait pu penser qu'un espion se ferait voir. Il en fallait deux. Mais Walrus ne ferait pas ça... ? C'était la seule raison pour laquelle Dolohov avait prôné ce soir l'amour du prochain. Aller dans le sens des convictions du Morse, pour se protéger de la dernière impression qu'il lui avait laissé. Il était fatigué, avait envie de revoir son fils, de s'assurer qu'il allait bien. Complètement incrédule à l'idée que les Nil'Trimaine ait pu tremper dans ce sombre merdier... et la perte de Miaelle, devait-il vraiment y voir une coincidence ? Avait-il pu se laisser abuser si immensément par une femme ? Que faire de cette information?
Il retint Marlyn par le bras, sans ménagement, lorsqu'elle voulu le précéder dehors, comme à leur habitude. Hésita. Est-ce qu'elle se doutait de quelque chose pour Morse ? Est-ce que l'enfant était en sûreté ? Ses futurs devoirs seraient au Sud, à Vor, quant à elle, il le savait, elle aurait à faire au nord... Avait-il été suffisamment crédible? Sa main droite se mit à trembler un peu. |
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| Sujet: Re: Trompettes de la renommée, allez tous vous faire en... Lun 2 Mar 2015 - 21:09 | | | Le regard de Vorpal ne l’avait pas quittée pendant plusieurs secondes. Ce qu’elle y lisait… Elle aurait cru y voir plus de colère. C’était être jaugé, jugé, pesé. Mis en balance. Contre quoi ? Contre qui ? Il avait les yeux lourds du poids de tous les enfants qu’il avait mis au monde, de tous les petits-enfants qu’ils lui avaient donné en retour.
Lorsque le jeune cagoulé qu’elle ne connaissait que de loin s’effondra, la Borgne continua à le fixer. Il avait détourné le regard d’elle, vers Sa Majesté – ses sourcils s’étaient légèrement contractés. Jugeait-il du discernement de Dolohov pour le traitre ? Avait-il senti, dans les Spires, la légère injonction, la mort à demi-mot qui s’était abattue sur la cible ? Etait-ce une mise en scène, pour déceler le vrai coupable ? Le déstabiliser lui ? Ce qu’elle avait pu lire sur son visage, c’est que Morse n’avait pas plus de réponses qu’elle. Et qu’il fallait l’empêcher de trouver des réponses ailleurs.
*
Elle n’avait plus rien dit jusqu’à la fin de la réunion, après l’intervention de Sa Majesté, et les débats qui avaient suivi, les cellules qui se regroupaient entre elles pour transmettre et décortiquer les ordres. De nombreux groupuscules avaient été remaniés, il y avait eu tant de meurtres, de vendettas, d’élaguage… La Borgne en connaissait moins qu’elle n’aurait du. Le fait qu’on ait pu douter aussi facilement de l’espionnage d’un d’entre eux… Et toutes les implications des arrestations pour le régicide. Les hommes de Deuil. La plupart d’entre eux, elle les avait connus. Les anciens membres de Venelle, que l’autre femme avait récupérée lorsque le Morse était tombé sur Venelle… Et par là, ils pouvaient remonter jusqu’à sa Majesté. Dolohov savait-il pour Venelle ?
Et l’Académie de Merwyn… Non. Ca ne pouvait pas être lié. Ca ne pouvait pas avoir été à cause d’Elio.
*
Sa main – gantée, dissimulant les démangeaisons nerveuses dues à l’intoxication- se posa sur celle du Maître sur son bras. Qu’ils s’arrêtent de trembler, d’hésiter- elle y mit de la force, un peu de chaleur. Le regard en fuite du sien, le temps que les derniers membres du réseau disparaissent dans les égouts, et qu’il ne reste entre eux que leurs masques, et le vent qui soufflait mollement. Elle aurait voulu – revenir à ses lèvres comme la marée s’écrasait toujours contre la roche.
- Ils verront ça comme un signe de faiblesse pendant quelques temps. Les plus jeunes. Il y a plusieurs années, j’y aurais vu ça aussi. Ou même – Va te laver – non, j’ai fini par apprendre ma leçon
Mais Venelle. Deuil. Makel et ses ambitions à l’ouest. Même eux. L’Académie de Merwyn. L’expansion échouée au Nord. Tout le monde s’y était brûlé les ailes. / Tu avais raison / La stabilité était ultimement le bon choix, s’ils étaient le seul réseau fiable, que les Noirs n’avaient pas infesté, alors que tous les autres seraient démantelés dans les prochains mois-
- Deux des enfants de Jeit, aussi. Ce que Sareyn lui avait permis d’apprendre. Ril’ Krysant, Kil’ Méroan. Un rêveur. Peut-être Farron. Farron la connaissait, connaissait son visage. Kahl travaillait pour Krysant, je m’en étais occupée avant qu’il ne tombe. Deuil n’a eu de pouvoir qu’à la mort de Druska et Venelle. C’était leurs hommes. Ils connaissaient son visage. On doit régler ça avant que ça explose. Lien, Aline et Steppe.. fiables. Morse…
En lui faisant son rapport, à voix basse et avec le dos raide de l’élève pour le Maître, elle réfléchissait aussi à ce qu’il convenait de faire. / It’s gonna be alright / S’étirer sur tous les possibles, oublier que sa main la grattait horriblement. Expiration. Pression des doigts dans les siens.
- Quelqu’un fait chanter Vorpal, avoua-t-elle entre ses dents – elle aurait voulu pouvoir régler ça seule.
- Quatre jours. Pour les filer tous. Déterminer qui garder. Qui a remplacé les morts et les traitres. Qui a été recruté. Ce que cachait Morse. Donne-moi quatre jours, et mon rapport sera complet.
Quitte à repousser le cas Elio, pour quelques jours, ses affaires à Poll, une invitation de Makel. Ce serait épuisant. Si délicieusement épuisant. Pourquoi ne parvenait-elle pas à lâcher la main de Dolohov, alors ? ou taire l’inquiétude dans ses Spires, pour son enfant ? Si Vorpal avait déjà trahi, et qu’il s’était arrangé qu’ils soient tous les deux là pour que la Légion Noire tombe sur son repaire…
- Peut-il… Jeit n’est plus sûr. /Je t’en prie/ peut-être Vor ?
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| Sujet: Re: Trompettes de la renommée, allez tous vous faire en... Jeu 12 Mar 2015 - 16:18 | | | Il avait hoché la tête, dérisoirement, un peu hagard – c'était impressionnant comme on s'habituait à se laisser aller avec le courant. Il lui sembla, brusquement, qu'il avait passé sa vie à approuver les décisions des autres. Il chassa de son esprit le fantôme de ressentiment qu'y avait laissé Marlyn, sa fougue de jeunesse, ses sentiments épuisants. Il se demanda s'il lui restait quelque part un peu de la psychopathie de Lev, en contemplant le cadavre... statistiquement, il y avait des chances qu'il ait fait des erreurs. Il les prenait au même titre que les autres, froidement et sans remords. Encore et encore, hocher la tête -de toutes façons il était main et esprit lié- tant qu'il pouvait le faire sans douleur, en espérant que le torticolli qui le torturait régulièrement lui laisserait davantage de paix. Une fois de trop, sans y penser. Battit des cils. Il savait que c'était la chose à faire, celle qui serait rationnelle, qui écarterait de lui la tentation de se laisser aller aux spires, seul. La perspective l'inquiétait énormément, mais si quelqu'un savait pour Astre, ce ne serait sans doute pas si compliqué de trouver des preuves de sa complicité avec Sareyn.- Pas Vor, répondit-il, mesuré, alors qu'ils tentaient de retrouver leurs chemins dans l'obscurité putride des égoûts. Ril'Enflazio nous y a trouvé une première fois, et qui sait comment il a pu faire. Je trouverai ailleurs.Elle voulait savoir où ce serait, quel que soit l'endroit. C'était son fils. Comme s'ils pouvaient l'oublier.Bien sûr, il n'était plus temps de cachoteries... Ils prétendaient toujours sortir à pied du labyrinthe souterrain, sourcilleux quant au bruit, au quartier, à la direction à prendre, attendant l'obscurité totale pour faire le pas sur le côté.* Mais qu'en faire, s'était-il dit ? Où le dissimuler ? Qu'est-ce qui pourrait ne pas attirer l'attention ? La bonne idée, il le savait, était de poser l'enfant dans un des orphelinats géré par Le Choeur de son épouse, mais cette idée de laisser son sang dans la nature et de risquer de le perdre définitivement lui était proprement insupportable. Où le mettre ? Que mangeait-il ? Nounou le fixait, l'oeil étrangement luisant au-dessus de son ouvrage. Il fallait qu'elle accompagne l'enfant, qu'elle rassemble ses affaires, qu'elle fasse ce que font les femmes de leur engeance. Il faudrait qu'elle le rejoingne prochainement, avec l'air de déménager. Qu'elle emporte ce qu'elle souhaitait. Ce serait l'affaire de quelques jours... heures, au mieux, précisait-il. L'enfant dans ses bras pesait plus lourd qu'auparavant, gesticulait inconfortablement, et son babillage déstabilisait l'héritier Zil'Urain. Il ne pouvait pas l'emmener dans le manoir Til'yvindr. D'ordinaire, l'idée la plus spontanée qu'il aurait eu aurait été de le confier aux soins de Dienne... mais en ces circonstances, l'ironie le tétanisait. A qui faire confiance ? Il n'avait plus le temps, le loisir ou l'opportunité de parcourir Gwendalavir à cheval, de se laisser pousser la barbe et de battre la campagne comme un voeuf désolé. Makel était trop fou et surveillé pour qu'il envisage même l'idée de lui amener son bâtard pour qu'il soit protégé. Le vieux labyrinth du Chaos de Lindörm n'était pas un endroit pour une femme âgée et un nourrison... Pendant un instant, il pesa l'idée de demander à Walrus de lui céder une planque, et se demanda dans quelle mesure l'idée d'envoyer un enfant au diable lui-même serait suffisamment culpabilisante pour l'immobiliser. Avait-il réellement envie de mettre la vie de son fils dans les vieilles pattes du Morse, de lui laisser ce pouvoir-là sur lui ? Il ferma les yeux pour chasser un début de migraine... il restait Père et Mère, se dit-il. Des visites régulières à sa famille ne choqueraient probablement personne, surtout vu la dépression dans laquelle s'enfonçait son persona de noble. Il croisa les grand yeux d'Astre, mal à l'aise. De si jolis yeux bleus/ Entre Charybde et Scylla, il se résolut à demander à Marlyn par spires ce qui lui paraissait plus charitable et securitaire pour eux tous, la culpabilité de alrus ou la confrontation à la famille Zil'Urain.
Ils ne pourraient pas refuser, se persuada-t-il. Et Mère sait sans doute garder les secrets comme toutes les épouses... il ignorait tant de choses sur son père que, juste un instant, il en conçut une forme d'admiration. Et leur présenter la mère? médita-t-il, la mâchoire serrée à s'en faire mal.
[Dis-moi, pour l'ouverture, si ça te convient ? ] |
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| Sujet: Re: Trompettes de la renommée, allez tous vous faire en... Jeu 12 Mar 2015 - 23:26 | | | Dès que son cœur se mit à trembler, Marlyn frappa rageusement du poing sur la table et abandonna la carte qu’elle était en train d’étudier pour aller cogner dans un sac de sable. Elle n’avait pas osé retourner dans son propre repère, dès que Dolohov en avait pris possession, et de leur enfant. Chaque heure comptait. Des traits et des pions de bois s’étalaient sur la carte. Les arrestations, les morts. Les cellules, à travers les villes. Les conflits, quelle garde avait agi – quel Seigneur collaborait avec la Légion Noire, quel Seigneur refusait de partager ses prisonniers et ses informations. Elle avait priorisé les cellules compromises par les Noirs. Pris contact avec chacun de ses membres à elle – en évitant soigneusement Morse. Elle se donnait dix minutes pour calmer son corps, dans une de leurs planques de Vor, et écouter les rapports qu’on était en train de lui faire. Chaque impact contre le sac, chaque droite elle ponctuait. Putain. Impact. De. Impact. Fumée. Impact. Putain. Impact. Tu veux te battre, hein, saleté de sang -impact qui prenait son corps en otage. Impact. Impact. Impact. Impact. IMPACT. IMP-
Les Spires la prirent par surprise, tant elle avait réussi à se concentrer sur ses actions futures, et le bruit mat de ses poings lorsqu’elle frappait le sac d’entrainement.
Maitre- le petit-
Astre DANGER
Danger ?
/ on ne peut pas faire confiance à Morse, pas tant que / il sait déjà trop / / si tu penses qu’ils sont fiables / elle évita résolument de penser à tout ce que ça pouvait impliquer. / sauront-ils qu’il est de leur sang ? / Des grands-parents- quel drôle de concept/ il dort toujours avec une lumière, rajouta-t-elle un peu bêtement, comme si c’était une question de vie ou de mort,
oh et comme il lui manquait, subitement.
La Borgne coupa les Spires brutalement comme on retire une main du feu, et elle sentait le contact que Dolohov essayait de rétablir – le noir de l’alliance qui brûlait de frustration. Il ne fallait pas qu’elle pense à eux, pas maintenant. Fermer son cœur à la vision de son enfant entre les mains de vieillards inconnus. Impact. Impact.
*
Impact. Impact. IMPACT. Il avait fallu trois heures, trois stupidement longues heures pour qu’elle se mette à parler, cette saleté de taupe. Marlyn avait fait des allers-retours, après avoir passé du temps à obtenir les réserves de ricine qui lui serviraient plus tard – tenu à porter quelques-uns des coups elle-même – pourquoi fallait-il que la femme qui venait de cracher tout ce qu’elle savait sur son affectation dans les espions de la Légion Noire lui ressemble autant ? C’était ce qu’ils avaient soupçonné – Le gouvernement frappait dans le noir, sondait pour déstabiliser plutôt que pour neutraliser. Ils n’avaient pas encore de cartographie précise des réseaux, et les Seigneurs s’étaient montrés extrêmement peu coopératifs. Ils pouvaient jouer là-dessus.
La Borgne resta encore un peu, le temps de mettre au point les fausses informations qu’ils allaient laisser filtrer – la manière de laisser cette espionne s’évader, et s’emparer de bribes d’informations sur eux qui ne les compromettraient pas. S’ils jouaient ça finement…
*
Pendant un bref instant, entre deux tâches le temps qu’un agent revienne de sa filature, Marlyn se prit à croire qu’elle arriverait à nettoyer leur réseau dans le délai qu’elle s’était imposée. Et puis l’image d’Astre endormi dans les bras de son père lui dilua la vision. C’était ce qu’elle avait voulu. Qu’ils soient tous les deux ensemble – que son fils puisse le distraire de l’appel du vide des Spires, qui faisait écho à ses propres manques, et oh combien elle savait qu’Astre l’aidait à tenir dans ses moments là, peut-être qu’il pourrait l’aider lui.
C’était tout son bras qui la démangeait, maintenant.
Et puis elle avait cédé. Laissé ses Spires filtrer, effleuré la conscience de Dolohov – mais c’était le Manque qui s’y déversa, les nerfs en feu, au lieu des questions qu’elle voulait poser. La jeune femme se tint la tête à deux mains pour couper le contact, ignorer l’écho.
S’il fallait qu’elle se passe en plus de Spires, soit. La guerre totale, donc.
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| Sujet: Re: Trompettes de la renommée, allez tous vous faire en... Lun 16 Mar 2015 - 22:48 | | | L'enfant trônait dans ses bras, sous les yeux étrangement circonspects. Avaient-ils besoin de savoir de qui était l'enfant ? Il pensait que non, présenta l'enfant comme un service à rendre à quelques demoiselles que l'éducation empêchait de nommer. Sa mère pinça les lèvres, probablement de peur d'être davantage impliquée dans ce qu'aucun d'eux ne nommait, mais qui avait réaffermi leurs affaires, l'état des murs de la demeure, l'annexe et la salle de verre. Une part de lui jubilait d'imposer à sa mère les langes d'Astre, et ses quelques jouets de bois. Son père ne réaliserait probablement par leur présence, il avait semblé aussi aveugle à l'enfant que jadis sourd aux conflits qui avaient opposé son fils et son neveu.- Officiellement, compléta-t-il, je logerai temporairement chez vous afin de me ressourcer. Tu pourras dire à tes amies que la maladie de son épouse ravage absolument ton fils. Ce que tu jugeras opportun, peu me chaut. Tu pourras prétendre veiller sur moi et m'empêcher de penser au pire.* Makel. Makel était l'argument pour aller vivre chez ses parents, basculer des visites à l'emménagement à temps partiel. Ils étaient dans la demeure Til'Eyvindr, affalés dans le sofa, avec leur air de miséricorde. Makel bavassait sans cesse de cette soirée à Chen, avec la haute, les jeunes filles arogantes, celles qui ne couchaient pas, leurs frères. Dolohov détestait boire, presqu'autant qu'il détestait l'ivresse de Shaïlan, à l'époque où il était sobre par jeunesse. Il avala sèchement l'alcool, sans grimacer. Hocha la tête, une fois de plus. - Les femmes, tu sais, faut pas s'y fier. C'est faible, c'est retors, c'est hautain, c'est... bon qu'à ouvrir la bouche, mais jamais quand ça devrait. Hocher la tête. Il n'avait même pas à se forcer pour rire, tant ça lui semblait absurde. Faible, les femmes ? Lesquelles ? Marlyn, Dienne, sa mère, Miaelle ? Ciléa Ril' Morienval ? La femme Skil'Liches, qui gérait les affaires familiales, comme toutes les femmes de toutes les familles, semblait-il ? Les Ril'Morvienval, les Vil'Ryval... Lorsqu'il ajouta qu'en plus elles avaient le mauvais goût d'avoir des frères il failli s'étouffer tant le fou rire le prit, à s'en taper le crâne par terre- Et elle fait quoi, ta mère, Makel ?Bien que les gens de Vor pour prendre en charge leurs affaires. Les Zil'Urain... Les Ril'Enflazio. Et le vieux Hil'Muran. Des vrais hommes! Des vrais. Boire. - Il me fait rire, le général Nil'Tremaine... ricana-t-il, en commençant à dévier vers les spires. Ils ne se répondaient qu'à moitié, depuis quelques verres, ne s'écoutaient plus, mais se servaient à foison. Il regardait son vieil ami avec plus de tendresse en une heure qu'en plusieurs mois. Son vieil ami-alibi. C'était un excellent ami. Qui ne posait aucune question, qu'en termes de femmes, de gestes, d'obsénités. Qui payait les études de Marlyn. Réponds aux spires, Dame ! Marlyn ? Maaaar-lyn. Mon ciel, horizon, mon ange ? Il avait cette façon de rire... et elle ne répondait pas. Il aurait pu l'embrasser, il y a des années de cela. Ca le fit rire par dessus son verre d'ivrogne. Il aurait peut-être fallu parler d'Ailil, non ? Ailil attirait Marlyn comme une malédiction.- Elle me manque, tu sais qu'elle me manque ? Elle... quelque part en confrérie, ou en tombe. J'aurais dû la rencontrer à un enterrement. Ca aurait été inconvenant. Je lui aurais bouffé sa bouche muette au-dessus d'un cadavre. P'tit bout de femme. Peut-être avec mon enfant. C'est mon père qui l'a suggéré. Mon père ! C'était hilarant. Hilarant. Hilarant, mon ange. Tu me manques, tu me manques, tu me MAN-QUES. TU ME MENS QUEUE ! Que dalle que le vide que l'idée que le verre. Il hocha la tête, toujours secoué d'un rire sardonique. Il en aurait renversé la moitié sur son genou. Hi-la-rant. Il allait faire rire son fils aux éclats. Et son ami encore plus. Et leurs conquêtes. Ca manquait affreusements de rêves et de filles, Makel. Où sont les échantillons que tu m'avais promis ? |
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| Sujet: Re: Trompettes de la renommée, allez tous vous faire en... Jeu 19 Mar 2015 - 17:26 | | | C’était futile d’essayer d’ignorer les Spires. Non seulement elle ne pouvait pas se permettre de couper la communication avec celui qui devait leur donner le signal pour la suite des opérations, mais… La conscience de Dolohov pressait contre la sienne, malgré les barrières, malgré l’effort – l’ignorer ne faisait qu’accroitre son inquiétude. Et s’il s’était passé quelque chose ? Le bruit qu’il faisait dans les Spires…
- Dague. Le jeune homme sauta sur ses talons, attentif aux ordres. Ils n’étaient pas censés bouger avant dix minutes, et son regard était perplexe.
La jeune femme se lava le visage et les bras pour ôter la sueur de l’exercice et de la nuit blanche –encore une- et enfila le manteau de cuir passe-partout qui lui servait en mission. Armes sanglées, elle – ignorer les appels, la pression autour des synapses et le manque qui perçait à travers l’encre- ramena ses cheveux dans la capuche, le cache-œil. Devait-elle prendre ses ustensiles de soin ? Plus d’armes ? Un fumigène ?
- Une situation.. Inattendue m’oblige à partir. Je ne sais pas combien de temps ça me prendra. Elle mit sur la table le paquet soigneusement ficelé. Tu sais quoi en faire.
Il acquiesça, hésitant.
- J’ai confiance. Une main plus assurée qu’elle ne l’était vraiment sur l’épaule, pour le stabiliser – lui donner l’impression d’être dans la confidence. Il cherchait désespérément à faire ses preuves, et elle avait besoin d’un nouveau lieutenant qui lui était loyal. Ne lui donne la ricine qu’en personne.
Son esprit était déjà ailleurs, à tourner dans les chemins, au plus serré, à la plus petite volition possible. Le fracas de Sa Majesté dans ses Spires lui tournait l’estomac, et pourtant, il n’y avait pas de douleur, ou de peur, ou de ces signes qu’elle essayait de percevoir et qui disaient danger. Et si quelqu’un l’avait capturé, et l’obligeait à l’être ? L’amener, elle, dans un piège ? La Borgne se força à ne pas le contacter, à ne pas compromettre sa propre identité. Au lieu de ça, tourner autour, ramasser les fragments. Une odeur. Une sensation.
Un autre tiraillement – le signal. Un bref hochement de tête à Dague – il n’avait pas le Dessin, et c’était pour le mieux.
Où es-tu mon ange – secouer la tête – une image, il fallait une image. Les odeurs tanguaient – avait-il été drogué ? Il était à l’intérieur. Le portrait de l’Empereur – un pupitre de musique. Ca ne faisait aucun sens. Maître ? La sensation du velours sous sa main – du vert. Le divan. Avant même d’avoir réfléchi à ce qu’elle ferait en cas de piège, Marlyn disparut, main sur la dague.
*
- Je suis venue aussi vite qu-
Un éclat de rire lui envahit les oreilles avant qu’elle ait pu faire le point. Il se tenait devant elle – l’œil parcourait les veines, la gorge, le ventre, là où il pouvait être blessé. Son visage, immaculé, et pourtant. L’odeur d’alcool était omniprésente, et Dolohov n’arrivait pas à s’arrêter de rire en la regardant, comme si elle avait été la victime d’une farce qu’il était le seul à connaître. Que… Il y avait un manteau sur l’autre fauteuil. Et ce parfum… Avant de pouvoir demander une explication à Dolohov, qu’elle transperçait d’un regard meurtrier – elle s’était tellement inquiétée, et il, lui était juste… ivre ? – la porte qui donnait sur la salon s’ouvrit, et Makel arriva triomphant, une demoiselle à peine vêtue dans chaque bras.
La Borgne n’eut que le temps de remonter l’écharpe sur son visage, dans l’espoir que ça, l’alcool et le fait de détourner le regard empêcheraient Makel Vil’ Ryval de la reconnaître. Son esprit fusa vers celui de Dolohov avec l’espoir que leurs pensées iraient plus vite que celles de Makel :
- Dois-je t’attaquer, me faire/ ARRETE DE RIRE / passer pour un voleur un assassin ? Tu lui as révélé nos secrets ? Dolohov. Maître ?
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| Sujet: Re: Trompettes de la renommée, allez tous vous faire en... Mer 15 Avr 2015 - 21:27 | | | Il ferma les yeux pour déglutir – quelque chose d'encore auto-conscient tentait d'orienter la discussion vers la tristesse, la terrible sollitude qu'il ressentait depuis toujours, l'idée d'abandon, de manque, toute cette soirée n'était là que pour faire tenir l'alibi de sa dépression future, son repli dans les jupes maternelles. Et il souriait comme un bénet, au seuil de l'éclat de rire, face à l'obsénité que lui suggérait sa propre formulation. Il sentait chanter en lui la musique des spires, l'alcool accentuait le battement du sang dans ses veines, il s'aplaudissait lui-même d'avoir survécu aux mois précédents, à Marlyn, à la conversation du matin même, au goût du dernier verre : bon dieu, ça brûlait du feu du dragon dans sa gorge.
La même cuite, quelques semaines plus tôt aurait sans doute permis à Dolohov le noble de fondre en larmes en toute sincérité. Mais là, la pression exceptée, le noble se sentait une joie du fond des âges, une espièglerie, et l'envie dévorante de rire à la gueule du monde du ridicule de sa situation. Gérer un bébé ? Hilarant. La décadence totale. Lui, père ? Qui était Père, dans l'absolu ? Même le foutu dragon n'avait pas été capable d'engrosser légitimement son poisson. Makel avait éclaté de rire, d'un mauvais rire de gorge de feu. Il y avait de l'amertume, bien sûr, comme un peu d'ambre au fond du verre. Mais à l'instant, il était incapable de jouer son rôle, de ne pas se laisser aller dans les spires, oh, juste un peu plus haut que d'habitude, ça ne ferait de mal à personne. Que Lev Mil'Sha aille se faire foutre. Que sa femme aille se faire foutre. Que sa mère aille se faire foutre. Et que Marlyn apparaisse, il avait diablement envie de. Et éclater de rire – rien ne lui résistait jamais, jamais, sûrement pas, ni Marlyn, ni le Chaos, ni l'empire, ni Dienne, ni personne.
Il ouvrit grand les bras, en titubant vers elle, béat comme il l'était rarement en public. Makel revenait, et avec lui le rire des gorges rondes des filles qu'on oublie. Il éclata de rire, devant l'expression du visage de Marlyn -sa Marlyn, la sauvage, pas Sareyn- sa manière un peu mièvre de se voiler. - Mais cÔmment as-tu pU savoir pour le cuir, vieux satyre? Roucoula-t-il à l'adresse de Makel, en refermant sur elle son étreinte de joie.
Tout était parfaitement normal, passerait pour normal s'il le prenait sur le ton de l'émerveillement surpris. C'était décidé, le pouvoir d'Aïlil: formidable, et la vie ridiculement facile. Tout était parfaitement normal, même la sensation du poing de Marlyn directement dans son estomac.
* Il plaqua sur sa tempe le linge d'eau froide. Si seulement elle pouvait cesser de... faire tout ce qu'elle faisait si bruyamment. La Dame savait qu'il détestait presqu'autant l'alcool que les lendemains d'ivresse.- ... je te dis que ça suivait un plan précis..., répondit-il, surpris par le son de sa propre voix, la justification contrite qui la teintait spontanément, qui le vexa.Il tenta de comprendre le sens de ses mots, des sifflements si stridents. D'extraire un sens de ses perceptions embourbées, autre que le martèlement de crâne. Un verre venait d'apparaître dans sa main, ainsi que l'ordre de Boire. Il n'avait actuellement pas la volonté de s'opposer à cet ordre-là, bien que l'idée de boire suffise à lui faire frémir l'estomac.- J'orchestre ce... il faut que ça ait l'air vrai, je dois avoir l'air de perdre pied. Il fallait qu'il y croie lui-même, qu'il me voie vraiment déprimé... chhhht, par pitié, j'ai les spires en tempête sous le crâne! Il ne savait absolument plus ce qui s'était passé la veille, ni comment il était arrivé là. Il n'avait pas du tout envie de s'excuser de quoique ce soit, bien que le regard de Marlyn le lui suggéra fortement. A la place, il fit ce que toute personne aurait fait à sa place : blâmer autrui.- Tu n'aurais pas dû me ramener... Il fallait que Makel me prenne en charge, et que je lui joue ma grande scène ce matin, c'était stupidement simple... Ce n'est qu'à cet instant qu'il prit pleinement conscience de son environnement.[quartier libre pour la soirée d'hier, les gens dans la pièce, les conséquences... o/ Amuse-toi, il est faible. ] |
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| Sujet: Re: Trompettes de la renommée, allez tous vous faire en... Mar 21 Avr 2015 - 1:59 | | | Elle pouvait toujours se dire que le coup de poing était parti par réflexe, à cause de l’odeur d’alcool, de l’étreinte brusque, des dents jaunes d’Ivan qui étaient apparues sur sa rétine comme une vieille habitude ; la vérité, c’est qu’il l’avait salement mérité, son maudit seigneur et maître. Marlyn était loin d’y avoir mis toute sa force, plus frustrée et encore sous le coup du stress qu’autre chose. Peut-être, à la réflexion, qu’elle aurait du. Il n’avait pas l’air de l’avoir vraiment senti, et le choc l’avait fait s’affaler un peu plus contre elle. Le laisser s’effondrer misérablement au sol traversa l’esprit de la Borgne, retourner s’occuper de rebâtir leur réseau et le laisser s’enivrer et s’envoyer des putes, puisque manifestement, il ne fallait pas compter sur lui pour faire quoi que ce soit et surtout pas la vaisselle. Elle lui avait confié leur fils depuis moins de vingt-quatre heures, putain. S’il ne lui avait pas roucoulé que moi aussi je t’aime dans la nuque, elle l’aurait probablement quitté sur le champ.
- SareyYn ! Mon abriCot des îîîîles, vous arrivez à point nommé !
Ugh. A la réflexion, elle préférait encore ange de brume. Jusqu'au moment où Dolohov ouvrit la bouche à nouveau. À s'exclamer, qu'elle s'appelait Marlyn, pas Sareyn, Marlyn, et qu'elle était sa Marlyn à lui, à personne d'autre, qu'elle l'avait toujours été, et que son vieil ami pouvait toujours rêver de poser à nouveau la main sur elle, et qu'il devait vraiment être bouché pour voir en elle un abricot, qu'elle était au moins un fruit de la passion, ou une chataigne mais avec sa bogue et,et. Le choc de cette exclamation inattendue laissa tant Marlyn que Makel coits pendant quelques secondes. Le temps de comprendre ce qui venait d'être dit. Ce que ça impliquait. Finalement, ermite dans la forêt de Barail avait un certain charme.
*
Empêcher Makel de rire pendant assez longtemps pour le faire boire jusqu'au coma avait sappé à Marlyn toute son énergie pour le reste de la soirée. Elle s'était affalée sur le divan de Dolohov, la tête dans les Spires, à communiquer des ordres, relayer des informations - la rumeur courait d'une première crise cardiaque dans la prison, on en saurait plus au matin - ça avait suffi à en faire rentrer certains dans le rang, quelqu'un avait été vu en train de cafter à la garde - les fausses informations étaient en place - Dague avait prévu de se faire engager comme garde du corps chez un marchand dont ils avaient besoin - De temps en temps, l'esprit se décrochait des chemins, contemplait ses mains qui tressaient paresseusement les cheveux de Dolohov, allongé contre elle - il n'avait toujours pas arrêté de parler, Marlyn n'était même pas sûre qu'il était encore conscient ou éveillé. Il parlait de ses plans, de Makel, son vieil ami, d'Ailil et de son père, il lui parlait d'Astre quand il aurait vingt ans, et du monde qu'il allait créer pour lui, il lui parlait de la Dame, de ses dames, parfois d'elle, il parla d'Al-Poll, de sa barbe -horrible, si peu digne. Il voulut se mettre à chanter, mais oublia vite l'idée ; ses mots étaient un collier de murmures, gorge vibrant contre son estomac, qu'elle absorbait - ses mots lui avaient manqué, et l'alcool le rendait si spontané. Tout faisait partie d'un grand plan de long terme avec ses parents, était-il en train d'expliquer pour la sixième ou septième fois. Sa colère mourut progressivement, au cours de la nuit ponctuée par la chute progressive de Makel de son fauteuil jusqu'au sol. Tout était bizarrement serein, ronronnant. Mais ça, c'était jusqu'au moment où il se tourna brusquement sur le coté et Marlyn n'eut que le temps de dessiner une vasque - Ça commençait.
*
S'il lui parlait encore UNE SEULE FOIS de ce plan qu'il avait...
-Bois, répliqua-t-elle mécaniquement en lui tendant verre après verre d'eau. A son expression perplexe, le Mentaï avait des souvenirs extrêmement confus de la soirée, et elle était presque tentée de lui en faire voir de toutes les couleurs.
Il lui parla de ce foutu plan à nouveau, que Marlyn n'écouta que d'une oreille. Le blame était nouveau, mais ne l'étonnait qu'à moitié. Makel s'agita sur le sol, lové dans son propre peignoir et la robe d'une de ses filles comme oreiller.
- Nous sommes toujours chez ta femme, et il n'y a qu'un seul vase de cassé, rappela-t-elle en désignant le reste de la pièce d'un air vague. En revanche...commença-t-elle d'un air glacial, aucun de nous trois ne part tant que tu ne nous sors pas du merdi... De la situation dans laquelle tu m'as mise hier en grillant ma couverture auprès de Vil'Ryval. Je vais le réveiller maintenant, vu que tu as l'air de pouvoir aligner trois mots, et le mettre sur cette chaise, et tu vas finir de boire ta tisane, t'excuser platement de m'avoir fait déplacer pour ça, arrêter de me blâmer pour tes conneries, et-
*
- Dolohov! Vieux Lion! S'exclama Makel en se réveillant frénétiquement. J'ai fait le rêve le plus horrible du monde, tu t'étais remarié - ... Ce n'était pas un rêve, je vois, fit-il en voyant Marlyn tenir les cheveux -désormais tressés- de l'homme la tête penchée au dessus d'une bassine et une expression de pure agonie sur le visage. |
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| Sujet: Re: Trompettes de la renommée, allez tous vous faire en... Mar 19 Mai 2015 - 17:53 | | | Ses yeux affolés avaient cavalé sur le sol, ricoché sur les murs. Il reconnaissait l'endroit. Il se rappelait doucement de brides – les filles, ils attendaient des filles, des « filles de rêves », de joie, qu'importait ce que Makel en disait. Il avait eu l'ivresse tristement euphorique. Où étaient les filles ? Avaient-elles vu Marlyn ? Makel ne l'avait que trop vue, il s'en souvenait. Griller la couverture ? Jamais il n'avait grillé de couverture d'alliés. Il avait bu sa tisane, penaud, pas suffisamment maître de lui pour rétorquer quelque chose de censé. Il n'aurait pas dû. Où étaient passées ces filles ?* Déchéance totale.Le goût âcre dans sa bouche, l'haleine infecte qui l'incommodait lui-même.- ... ce que tu dis n'a strictement aucun sens.Crois-tu que je l'ignore ? , répondaient les yeux gris, las. Il aurait aimé qu'elle parte, quitte à ce que ses propres cheveux trampent une bonne fois pour toute dans le vomis, mais qu'il puisse régler cette situation avec un mensonge énorme, avilisant au possible. Mais secret. Loin d'elle. Et de son foutu regard unique planté sur ses cervicales comme la pointe d'un poignard.Mais il ne pouvait pas dire que c'était n'importe quoi. Il ne savait pas comment Marlyn le prendrait.Il ne se souvenait absolument pas de quoique ce soit qui ait à voir avec un abricot. Mais ça avait dû être particulièrement marquant et bizarre. Il ne pouvait pas non plus dire qu'il avait eu envie de partager ouvertement une maîtresse commune, d'abord, ce n'était absolument pas vrai, mais en plus, il n'était pas du tout prêt à avouer publiquement que le corps des hommes ne le désavouait pas davantage que celui des femmes. Il n'y avait aucun moyen de se sortir élégamment de cette situation. Pas un qu'il puisse envisager maintenant.- Je suis à la tête d'un réseau d'information étendu sur tout l'empire, une des personnes les plus redoutées et recherchées des services de l'Empereur. J'ai sauvé Marlyn de la peine capitale, elle a porté mon bébé, assassiné en mon nom des dizaines de personnes. Les choses ont échappé à mon contrôle lorsque j'ai perdu temporairement l'usage des spires, lors d'un dîner à Vor. Je l'ai donc laissé te séduire et infiltrer ton réseau de drogue. Elle portait mon bébé, m'a donné un fils, je l'ai épousée. On... je suis sûre qu'on peut trouver un arrangement à long terme qui satsifasse tout le monde, Makel ?, acheva-t-il avec un air de suppériorité vaincue, sur la musique délicate d'un gargouillement de ventre.Les yeux gris croisaient directement ceux de son interlocuteur, tentaient de rappeler les années d'amitié, l'intérêt de leur relation stupidement superficielle... Makel avait les yeux tellement ouverts qu'il en devenait presqu'inquiétant.Puis, il éclata d'un rire tonitruant, impossible, qui vrilla jusqu'aux spires de la tête de Dolohov.- Ce Dolohov ! Mon abricot ! Il est positivement impayable lorsqu'il boit. Vieux lion, tu es un génie. Toi ! Un magnat de la pègre !Il s'en roulait par terre en scandant « une des personnes les plus redoutées de l'empire », drapé dans sa couverture. « Entendez-moi rugir de ma voix de fausseeeet ! L'empire tout entier craint mon courrouuuuuux-houhouhou »...* « Dame de l'écume, libèrez-nous de la fange qui nous colle au pied, »Le temple était d'un calme apaisant, c'était sans doute de saison. Les plus fidèles désertent le temple lorsque le froid rend l'humidité viscérale, et fait poisser les murs d'écumes translucides. Le bruit des gouttes, incessant, lancinant, rythmait sa respiration. « Vous qui êtes Quiétude, Lumière, vous qui illuminez nos chemins, pardonnez à vos enfants leur innocence Car c'est dans les ténèbres des profondeurs ou dans les plus célestes sphères que l'homme pourra vous connaître, et se trouver enfin. Animez-nous du feu que l'eau ne peut éteindre » Cet endroit l'avait pour ainsi dire vu vieillir. Il y avait rencontré tant de notables, tant de gens du peuple, de mystiques... on l'y attendrait sûrement pour prier son désespoir. Ses déchirements. Les lèvres récitaient les chants appris voilà longtemps, imprégnaient le tempo des vagues qui ricochaient dans les voutes. Quelle violence que celle de la solitude au temple. Toi et moi, Déesse. Quelle impudence de ma part... « Dame d'opale, que le vent agite sur la terre comme au ciel, entendez ma prière... » et les mots de libérer l'esprit, rituellement. La spiritualité était avant tout emprunte d'habitude, de gestes, son esprit pouvait s'immerger dans les spires ici plus haut qu'ailleurs- presque tous les ailleurs-dispendieux gratuitement, sinon de l'Art pour l'Art, des images célestes. La pureté du chant des spires ricochait sur le rivage du corps, comme les vagues sur les pierres, Dolohov sentait des fourmis et frissons parcourir son corps immobile depuis trop longtemps. Mais même la Dame, dans sa mensuétude, ne lui permettait pas d'oublier l'affront du rire de Makel. La sincérité lui serait interdite, toujours, et nul ne verrait jamais le pouvoir en lui, sans en mourir.Il était presque sûr que le regard que Sareyn lui avait lancé était triomphal. Sa main se mit à trembler convulsivement. Envie de se laver des souillures de sueurs, de parfums. Il faudrait encore une heure pour que sa mère vienne le chercher, le ramène dans le « cocon familial ». Que pouvaient-ils croire de lui, tous les Zil'Urain restants, s'il n'était pas crédible lorsqu'il avouait qui et ce qu'il était? Et son fils, quelle image ridicule aurait-il de son père ? Un pantin à fanfreluche de Makel Vil'Rival? Le pantin de Marlyn, follement sentimental ? Le sociopathe qui couronnait les femmes qui avaient le mauvais goût de vivre leur vie au grand jour, et de ne pas jouer, comme lui, aux illusions et aux mensonges ? Est-ce qu'il serait ce courant d'air froid « Monsieur Père » ? Un ivrogne des bals, qui court l'oiselle devant son bâtard honnis ? « Dame épargnez-nous les doutes... » Et Dienne. La trahision de Dienne. La douleur cuisante de s'être fait abuser par cette femme. La sollitude d'un temple où son désespoir ne faisait pas écho au sien propre, ne remettait pas les douleurs en perspectives. Dienne délicieuse, se lover dans tes bras et en éprouver la tendresse- cette révélation c'était comme s'éveiller ligoté par une autre vipère. Il pensa aux filles, dont il n'avait finalement plus parlé, ni à Makel, ni à Sareyn dont il ne se souvenait de rien, ni du visage, ni du nombre, ni même des corps... Il n'avait plus rien dit puisqu'il était le seul des trois à être paranoiaque, et le seul des trois à ne pouvoir être pris au sérieux. C'était sûrement mieux que Makel ne l'ait pas cru... Oui, bien sûr, c'était tellement plus simple, plus convenable que son personnage soit si crédible qu'il éclipse toute forme de vérité possible.... Peut-être même que Makel l'avait cru, que c'était une forme de politesse et d'amitié de lui assurer le contraire. Plus facile, se répéta-t-il. La main n'en tremblait pas moins, et le corps gelait sur place. L'analyste disait « Impulsivement, nous sommes tous cendre et poussière, Boue de corps -et la Dame est pure. Préférons l'avilissement terrien et célébrons cette liberté d'état que le souffe du dragon figerait en nous faisant Verre. L'intranquilité ténébreuse, plutôt que la clarté figée »... Ou était-ce Amjad, pour se moquer de lui, par foi aline ? Ses dents se crispaient sur une énième prière. Quelle souffrance, Dame, qu'être infiniment votre boue. Entendez-moi, puisque vous êtes seule à le faire.* L'idée de Lev Mil'Sha. Partir. Il regardait l'enfant au sol, qui semblait s'interroger de tout, allait mystérieusement vite, manquait de se tuer à chaque instant – sous une cage d'oiseaux rares, un globe terrestre, un impressionnant foulli d'angles qui lui sautaient au yeux pour la première fois.Qu'est-ce qu'on fait tous les deux ?, s'interrogea-t-il encore, hagard. Lev Mil'Sha en filigrane sous ses paupières/ se faire ligoter d'imagination, s'y noyer infiniment, tout fuir éternellement, sinon l'extase des corps et surtout celle des esprits/... l'autre choix était-il vraiment moins solitaire ? Lev Mil'Sha ne faisait pas de promesse, que celle, terrible, de vous dévorer. Il se passa l'index sur la tempe, dont les veines battaient trop fort, de spires. Mais partir à la poursuite de Lev ? Marlyn l'entendrait certainement. Ils n'en avaient plus parlé. Peut-être que Marlyn avait oublié.. ? Et que les filles ne poseraient pas de problèmes...Et Miaelle.... elle aurait veillé sur toi, petit être absurde, s'entendit-il murmurer à l'enfant, qui sursauta franchement, avant de lancer une esquisse incertaine de sourire.[pas de connexion ailleurs que sur le lieu de stage, mais du coup, j'espère que tout va bien et que ça t'ira...? N'hésite pas à SMS sinon.] |
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| Sujet: Re: Trompettes de la renommée, allez tous vous faire en... Ven 29 Mai 2015 - 13:39 | | | Le sourire qui s'était étiré sur ses lèvres en entendant, peut-être pour la première fois depuis des mois, la vérité crue, pure, pragmatique, se crispait progressivement en réalisations demi-teintes. D'entendre, enfin, la vérité sur la perte de son Don à Al-Vor, mais adressée à quelqu'un d'autre, quelqu'un qui ne la méritait même pas.... D'entendre lancé publiquement leur serment à des oreilles qui n'écoutaient pas ; D'entendre, deux fois, qu'elle lui avait donné un fils - cette réalisation, qu'au final, il ne avait jamais appelé autrement que comme son fils, le fils qu'elle avait porté pour lui. Que peut-être, c'était mieux comme ça.
D'entendre le rire chantant de Makel, qui s'étirait interminablement, et pourtant, le regard qu'il finit par avoir de son coté, qui jaugeait de si elle avait l'étoffe de mériter la peine capitale, qui traina le long de ses mains pour y chercher l'alliance. Il la savait erratique, il la connaissait capable de se défendre, mais apte à se laisser engrosser par son vieux lion...?
Peut-être que ça aussi, c'était mieux comme ça.
* Dague avait le potentiel d'être un de ses agents les plus utiles, à long-terme. Il était encore jeune, les grands mots l'impressionnaient, l'aura mystérieuse et lointaine de sa Majesté, mais sa jeunesse à Al-Far lui avait appris le pragmatisme, la loyauté et surtout, une colère vaine contre l'Empire et un profond sentiment d'injustice envers sa naissance qui le rendaient ambitieux et manipulable. À la recherche d'une validation par ceux qui voulaient exploiter le système autant que lui, qui s'en étaient sortis.
Prêt?
Gonflé d'orgueil, il lui fit un signe de tête et rabattit la cagoule de tissu noir sur son visage en même temps que La Borgne. Une pression sur son épaule pour le lier à elle, la torsion si familière des Spires...
Tout avait marché jusqu'à présent. La ricine avait agi en cours de nuit, et éliminé tous les agents de Deuil ainsi que la plupart des gardes de cette aile de la prison. Les autres prisonniers, certains sur son signal, avaient commencé une insurrection en profitant de la faiblesse générale. Rédemption promise à ceux qui s'échappaient. Montée en grade facile à leurs agents dormants dans la garde qui simuleraient le plus de zèle à contenir l'émeute de la prison. Climat de suspicion générale, ils pourraient capitaliser sur la dégradation des officiers et des intendants après un pareil débâcle et placer ceux qui leur seraient favorables. En particulier avec la vague d'arrestations, dégradations, suicides et exils qui avaient suivi l'incarcération des Régicides.
Mais surtout, l'émeute avait forcé la légion noire à déplacer ses propres troupes et chambouler toutes ses rotations pour aider la garde urbaine complètement dépassée. Le QG de la branche de la Légion Noire qui s'occupait d'espionnage et de renseignements secrets pour l'empe... L'Impératice était délaissé.
C'est dans les égouts juste en dessous de ce batiment que le pas sur le coté les fit apparaitre. Dague se montra leste sur les serrures, silencieux dans les couloirs, obéissant à ses ordres muets. Devant les chambres fortes qui contenaient les dossiers les plus sensibles, l'officier dormait profondément, du sommeil que seuls les somnifères procurent.
Au travail, rapidement.
Dague avait commencé à copier d'une main fébrile toutes les informations des dossiers qu'elle cherchait et posait devant lui.
... Ces trois-là ne font aucun sens.
Il lui tendit ceux étiquetés HNT, LB et SM. Toutes les informations dedans étaient codées, d'un code qu'elle n'était pas capable de déchiffrer spontanément.
Continue.
Elle montait la garde à la porte pendant que Dague créait des copies de tous les dossiers qu'il remettait ensuite consciencieusement à leur place. La clef du code ne devrait pas être difficile à obtenir. Le lieutenant de la Légion Noire qui s'était empressé d'empoisonner son supérieur pour le faire expulser et prendre sa place sans chercher à savoir qui le commanditait les lui donnerait aussitôt qu'elle lui promettait d'accélérer sa promotion.
On s'casse. Elle tira d'autres dossiers au hasard et les remit en place pour qu'aucun dossier récemment consulté n'attire l'oeil plus que les autres. Tu viens de rendre un grand service à sa Majesté, Dague. Je veillerai à ce qu'il entende ton nom.
* Ses doigts passèrent sur la corde aux entailles régulières, le morceau d'étoffe rouge glissant entre les fibres. C'était la seule possibilité. Elio devait mourir.
* Le dossier Nil'Tremaine. Les dieux savaient ce qu'il contenait. À sa taille, tous les cadavres du complot Régicide. Ce qui le faisait chanter, et s'agiter sur son siège. Le levier qui mettrait la personne la plus puissante de l'Empire à leurs pieds. Vertigineux.
* Walrus, c'est la meilleure solution. Elles seraient à l'abri de la Légion, à l'abri du besoin, elles n'auraient pas besoin de fuir le Vor.
Et je suis censé croire ce morceau de papier ?
Je te demande pas de croire un papier, crois mes souvenirs. Tu sais que je suis incapable de modifier les images transmises par les Spires. J'avais ton dossier dans les mains. Ils ne savent rien. Ils bluffent. Ils savent juste leurs prénoms, et c'était suffisant pour tes propres angoisses fassent le reste.
L'inquisition de Morse dans les images qu'elle projeta dans les spires n'avait rien de doux, d'attentionné. C'était la paranoia systématique de quelqu'un qui avait perdu le sommeil par inquiétude depuis des semaines, qui refusait de croire qu'il existait une solution. Un plan.
Juste le moins pire des possibles déguisé sous l'apparence d'un miracle, songea-t-elle en réminiscence des paroles de Dolohov.
Hgrhm. Victoire. Il doutait. Qu'est-ce que ça change ? Je suis toujours compromis, ils m'ont à l'oeil.
Ça, Morse, tu es compromis, et pas qu'aux yeux de la Légion Noire...
On peut retourner la situation. Donne-leur ce qu'ils veulent, ce que nous pouvons nous permettre de divulguer. On a fini d'identifier toutes les taupes et tous les faibles, tourne-les chiens vers eux. Pour gagner leur confiance, tu dois taper gros. ...Donne-leur mon repère. Ils y trouveront juste assez de preuves compromettantes sur mes "complices".
Trahis-nous, et je le saurais, disait l'oeil. C'est ta chance de te racheter auprès de Sa Majesté.
Il fut lent à convaincre, il fallut passer par la planification de tous les détails, la prévention de tous les risques. Il voulut prévenir sa famille lui-même, leur annoncer la nouvelle, qu'un vieux seigneur dans un domaine calme était à la recherche de personnel à divers niveaux depuis que ses terres étaient de nouveau rentables, et qu'ils y seraient les bienvenus, logés et nourris, avec un avenir pour beaucoup d'entre eux, et à seulement une demi-journée de cheval de Vor, où il pourrait leur rendre visite.
Fiable, le Til'Lisan? Encore un de ces vieux cons qu'on fait chanter ?
Fiable.
C'est ta chance de te racheter, mais dans le doute, je tiens un couteau sous la gorge de ta famille sans que tu en aies la moindre idée.
*
Lasse, Marlyn acheva de rédiger le dernier des rapports à la lumière des Spires. La sécurité voulait qu'ils laissent rarement des écrits de leurs activités, mais tant qu'elle ne les Lui transmettait qu'en main propre et en code.. Le code Mentaï modifié de sa Majesté lui venait toujours plus spontanément que l'alphabet classique, et elle avait besoin de poser le remaniement massif de sa partie du réseau par écrit. De tracer les mouvements, les promotions, les nouveaux agents à la craie sur la brique nue des greniers du manoir de Vor, quitte à tout effacer ensuite.
Astre dormait sans doute déja - arrivaient-ils à le faire s'endormir sans les sphères de lumière qu'il adorait tant flottant autour de lui?
Leur- fils lui manqua abruptement, violemment, et ça lui fit perdre sa concentration. Vanne ouverte au reste, à la nausée qu'elle avait ignorée jusque là, les démangeaisons incessantes, les racines des dents sensibles et grinçantes, la tentation qui chuchotait, pas envahissante, juste constante et impossible à ignorer.
L'envie de se terrer au fond du grenier pour que ça disparaisse.
L'envie, tripeuse, de ne pas être seule dans les pires moments de manque, parce que ça avait toujours fini par échouer, par la faire retomber inconsciemment. Elle avait besoin de supervision, de quelqu'un qui la distrait de l'envie, les spasmes ; il serait probablement trop occupé, il avait dit qu'ils dépasseraient ça ensemble pourtant ?
* Majesté. ses spires avaient des teintes pastel, retenues. Si.. tu peux te libérer ce soir, je ne crois pas que je saurais contenir l'addiction si personne ne me retient. Voilà, c'était dit, directement, sans détour. Pour une fois qu'elle se laissait aller au vulnérable sans passer par l'écorché. La nausée lui donnait des frissons. C'est pas un piège, je cherche pas à te confronter sur un truc important. Il y avait tellement qu'elle n'avait toujours pas osé relancer, qu'ils évitaient soigneusement de discuter. On n'est même pas obligés de parler. Plus de planque, par contre. *
Déracinée, à nouveau. L'enfant au loin, hors de portée et plus de retraite à elle, qui lui appartienne. Peut-être que c'était pour le mieux. Elle n'était bonne qu'à détruire.
* Quelque part ouvert? *
Son regard se posa sur tous les rapports, les dossiers de la Légion Noire, ceux, pas encore traduits mais dont elle avait enfin la clef, de Nil'Tremaine, La Borgne, Sa Majesté.
* J'ai de la lecture pour toi. *
Obtenir des herbes serait facile. Juste un pas sur le coté, quelques mots et pièces échangées... Personne ne le saurait.
(..derp, c'est plus long que prévu, mais j'voulais boucler ce plan-là @@ hésite pas) |
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| Sujet: Re: Trompettes de la renommée, allez tous vous faire en... Lun 13 Juil 2015 - 14:04 | | | Astre hurlait sans discontinuer depuis des heures. Dans un premier temps, comme tout bon père, Dolohov avait cherché à savoir ce qui faisait donner de la voix à son marmot, en maugréant quelque chose qui ressemblait à « En voilà un au moins qui n'est pas muet ».Après avoir tenté le doudou, le lange, le biberon vide, la litanie du prénom, la liste des préceptes impériaux, les cris, le mentaï, outré par la résistance et la stridence des cris de son fils avait commencé à faire les cent pas dans la pièce, pour essayer de se calmer et ne pas assomer purement et simplement le bébé.Il avait attrapé une chaise, s'était assis dessus, bien droit face à Astre, rouge de larme, défiguré par sa bouche ouverte, qui tendait irrégulièrement les bras ou les poings.- Je vois clair dans ton petit jeu, monsieur. Je ne suis peut-être pas impressionant, pas crédible, pas un tas de choses. Mais je suis patient, espèce d'enfant de . Et tu te fatigueras de pleurer avant moi.* Shailan était trop proche en âge pour que Dolohov ait le moindre souvenir de Madame Mère en contact avec un bébé. Les récits de Nounou, et ses propres souvenir d'enfance corroborraient la thèse que les êtres humains, avant d'avoir l'usage de la parole et de leur raison, n'intéressaient aucun des Zil'Urain. C'est sans doute pour quoi, après une heure de face à face où, Dolohov devait se l'avouer plus tard, il avait été à deux doigts de tuer froidement le bébé, l'intervention d'Augusta choqua le mentaï jusque dans sa moëlle. Il avait recommencé à faire les cent pas, sans s'en rendre[url=#71726030] compte[/url], et les poings crispés.- Pour l'amour du ciel, Dolohov !Relativement échevelée, et en tenue de nuit -c'était la première fois également qu'il la[url=#12842540] voyait[/url] en négligé- sa voix avait claqué avec l'agacement ordinaire, et peut-être ... une pointe d'appréhension ?Rapidement, cependant, Madame Mère reprit son attitude, et s'approcha de l'enfant que, folie !, elle amena contre son buste pour le bercr, visage tout près de son oreille.- Il refusait de cesser, tenta-t-il de se justifier.- Cet enfant est épuisé, enfin. Quoiqu'il ait voulu, et quel qu'ait été le problème, voilà bien longtemps qu'il l'a oublié, noyé dans ses sanglots !Elle maintenait contre elle le petit visage morveux, quelle horreur pour sa robe ... quelle étrange réunion avec son petit fils. Elle le berçait énergiquement, une cadance de danse de Jeit. Les hurlements se transformaient avec les secousses régulières en pleurnicheries de chiots, et hoquets tristes. Quel bonheur de s'entendre penser à nouveau. La magie opérait, l'enfant progressivement ce tu, tomba endormi d'épuisement après quelques minutes à peine, Madame mère[url=#55694827] continua[/url] pourtant ses bercements pendant un long moment, avant de décoller l'enfant de son giron. Son fils ne savait toujours que dire ou faire, alors qu'elle le bordait, dans le vieux berceau de la famille.Il savait qu'il aurait dû la remercier, mais elle ne lui laissa pas le temps, pas plus qu'elle ne lui accorda le moindre regard supplémentaire.« Il faut savoir gérer les conséquences d'une[url=#76812296] erreur [/url] avant de la commettre » s 'entendit-il penser, selon le vieil adage de sa mère.Prostré un moment, il fixa le vide de la[url=#21587894] chambre[/url], la vacuité de son propre présent.Qu'avait dit Marlyn, sur la manière d'endormir Astre ? N'était-ce pas un[url=#27690660] rituel[/url] de sommeil que l'enfant avait appelé ? Comment son propre père n'avait pas su imaginer que le petit ne sache pas comment s'endormir seul.Peut-être parce que le vieux lion partageait cette incompétence ?* Astre s'était réveillé pendant la nuit.Plusieurs fois.Dolohov était péniblement arrivé à gérer deux crises sur trois, la toisième l'avait fait hurler sur l'enfant, puis quitter la pièce en[url=#80133540] trombe[/url]. Il ne savait pas quand Astre avait pu se rendormir.* Depuis quelques temps, les facultés salvatrices que Dolohov avait de se projeter en avant et de planifier les choses avaient énormément de mal à se manifester. Peut-être[url=#57642199] devait[/url]-on y voir le fait qu'il était réellement dépassé et déprimé ? Peut-être fallait-il y voir une conséquences de l'addiction aux[url=#15211004] spires[/url], ou des contacts trop étroits avec l'esprit de Marlyn ? Peut-être encore était-ce la faute du manque de sommeil, de l'obligation d'assumer publiquement un certain nombre d'échecs et de tristesse ?Il ne parvenait plus à faire des projets, il lui semblait que la configuration globale des forces de l'Empire lui restait trouble. Ce matin-là, il avait reçu une lettre de Dienne, mais n'osait pas l'ouvrir. Il semblait qu'à chaque fois qu'il songeait à Marlyn, ou glissait dans les spires, l'enfant se rappelait à son bon souvenir.Il avait explosé plusieurs vases. Failli s'engouffrer dans le feu ouvert, ses petits bras potelés tendus vers les flammes. Il avait presque renversé l'énorme globe gendalaviresque sur lui, et Dolohov avait arrêté de[url=#82261644] compter[/url] le nombre de chutes, ou de fois où Astre l'avait agrippé/ attrapé/frappé/abordé.Il devait dépasser ça. Pour l'enfant, la sécurité de l'enfant, et ne pas avoir à l'entendre pleurer toutes les nuits.* Il passait dans la salle de musique, le regard toujours baissé, bien que ce soit idiot. Souvenir de récitaux d'Ailil, souvenir des mains volantes de Shaïlan sur les touches du vieux clavecin.[url=#66034781] La voix[/url] de son père, du côté de la cheminée, le fit sursauter. Ces deux-là se parlaient si rarement, chaque conversation entre eux semblait impromptue.- Je suis relativement pressé, répondit le mentaï, qui ne se sentait plus la moindre once de patience.- Tu vas quelque part ? Rétorqua le vieil homme, s'extirpant d'un fauteil très usé.Ils s'affrontèrent un instant du regard, du moins, c'est ainsi que le vécut Dolohov. Oui, il allait voir Marlyn, qui n'appelait que trop rarement en cas de détresse avant les carnages.Il fallait encourager ce progrès en acourant, veiller sur elle, c'est ce que toute personne responsable aurait fait. Il n'avait juste pas prévu quoi faire de l'enfant endormi.- Tu devrais. Sortir. Ca te ferait sûrement du bien. Laisse-moi le petit.Incongru et inattendu, tant que le masque dû se fendiller.- Outre que tu as toi-même des progrès à faire avec les enfants (Dolohov se crispa) ... c'était une habitude que j'avais, avant qu'on puisse engager ta nurse. J'appréciais ça.* Il sentit la fatigue retenir ses spires, et serra les dents. Allez. Allez. Se concentrer. La porte, la réalité, la texture de l'air, un parfum guide, une image précise, quasi photographique... Un détail devait le manquer. Juste un détail pour basculer.* Sentant le sol sous ses pas, il tâcha de se reconstituer un visage impassible. Nul miroir pour s'aider au mur. Par un réflexe un peu bancal, il s'approcha, voulut embrasser ou étreindre Marlyn -leurs occasion de le faire étaient si rare, si impromptues, ils n'avaient pas de routine, si peu de tendresse.Presqu'exclusivement leur rage et désir. C'est sans doute parce qu'elle y vit une invitation à faire l'amour qu'elle repoussa le salut, sans violence, mais avec fermeté.Elle avait l'air fébrile, la pupille dilatée et les muscles en tension, analysa-t-il. L'ombre violette sous ses yeux parlait de nuit sans sommeil, mais le tremblement léger des doigts ne mentait pas : elle n'avait rien pris, et était effectivement en proie au manque.Elle lui flanqua en main un bouquet d'herbes qu'elle tenait dans le dos, avec cette expression revêche et méprisante qu'elle prenait lorsqu'elle était coupable de quelque chose.Qu'elle ne les ait pas consommée le sidéra.- Tu m'as parlé de lecture ? Proposa-t-il.C'était invraissemblable. Aux limites de son imagination.Il avait d'abord vérifié que c'étaient seulement des copies- habitué à l'inconséquence de Marlyn. Mais avoir en leur possession leurs propres dossiers était inespéré... surtout de manière sécurisée, et au vu de la conjoncture actuelleQue disait-on d'eux ? Qu'est-ce qui avait filtré ? Les possibilités étaient infinies, mais les codes, pour ce qu'il pouvait en voir, lui étaient complètement inconnus, et lui prendraient du temps.Nil'Tremaine au bout des yeux, et tous ses secrets à conquérir...- Comment diable as-tu pu arriver à mettre la main là-dessus ?* Ca avait été le début d'une longue nuit. Studieuse, pour une fois. Se focaliser sur les difficultés des lettres les aidait à rester poser, à focaliser leur esprit distordu, à ne pas fondre l'un sur l'autre. L'enjeu était trop beau, trop grand, l'aubaine... un peu forcée... ne se reproduirait pas de sitôt.La nuit avançant, il décida de leur faire un thé – elle le fusilla du regard lorsqu'il proposa une tisane- de se détacher des codes un instant. Peut-être parce qu'étrangement, il se sentait en confort, peut-être aussi, et c'était plus vraissemblable, parce que contrairement à ce que Marlyn semblait croire, il avait des envies de discussions, des besoins de sincérité. Et pour la première fois, il avait des raisons de croire à une évolution réelle et profonde de Marlyn vers un pied d'égalité : elle prenait ses responsabilités et un contrôle. - Le petit a plus de caractère que je l'aurais cru. Il est... au moins aussi dangereux que toi, pouffa-t-il.La distance aidait toujours à rendre drôles les pires moments. Et comme toi, il déteste le sommeil, surtout le mien.C'était surtout pour se rassurer, éloigner de lui cet instinct étrange qui l'avait fait sérieusement considérer qu'il ferait mieux de tuer son fils en l'éclatant contre le mur. Il but une gorgée, rêveusement, en contemplant la constellation de parchemin, les dissemblances de leurs calligraphies, les miroirs et autres objets qu'ils avaient tenté d'utiliser.- C'est drôle. Je n'ai jamais cru qu'on y arriverait, tu sais ? Qu'on serait aussi proche de l'idéal que j'avais pour nous, que... ça fonctionnerait. Mille fois, mille fois j'ai envisagé ta mort. Ce que la vie serait après toi, comment je réagirais pour une exécution publique, comment tu mourrais. Je n'ai jamais cru que je partirais en premier (et voyant son expression qui se décomposait) ... non rien de cela, je ne suis pas en train de t'annoncer... Mais il faut rester lucide. Tout est bien, et tout semble si paradoxalement fragile. Il y a tant à perdre, à présent.Il but une gorgée, savourant la chaleur davantage que le goût, mais appréciant pleinement la subtilité du parfum.- Je n'arrive plus à concevoir ou dépasser la réalité, même par des projets. Tout me semble aller bien plus vite, trop peut-être, tout me parait dangereusement irréel depuis quelques temps. Je suis à la traîne, des choses m'échappent. De plus en plus. Alors... peut-être pas aujourd'hui, peut-être pas demain, mais mes erreurs finiront par me rattraper.Le dire l'allégeait. Il se sentait étrangement apaisé à se l'entendre dire, à s'avouer que, oui, depuis Vor, il n'était et ne serait plus jamais le même.- Quelle superbe période, malgré tout. Tout est en train de s'esquisser, tout est possible, toutes les opportunités sont là..., murmura-t-il rêveusement.Pour quelqu'un d'autre, probablement, puisqu'actuellement, rien ne lui venait. Pire. Sa situation était plutôt improbablement positive, et difficile à améliorer encore. Toi, j'espère,se dit-il, en coulant un regard presque tendre à celle qui était maintenant sa femme. Et que je ne t'entraînerai pas dans ma chute.[J'espère que ça te conviendra ] |
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| Sujet: Re: Trompettes de la renommée, allez tous vous faire en... Dim 19 Juil 2015 - 15:30 | | | C’était techniquement le premier bouquet de fleurs qu’elle lui offrait, songea Marlyn. Ça aurait presque pu être romantique, si ça n’avait été des fleurs d’Otolep. Quelque chose se relâcha en elle, une tension arcboutée contre les fondations pour les empêcher de céder, et pourtant, la borgne fut soulagée qu’il se penche directement sur les dossiers qu’elle lui tendit, sans accusations, sans réprimandes, sans la chercher dans les Spires. Juste une présence à côté d’elle, à portée de confort si elle en avait besoin.
*
Le regard qu’il lui lança, ce fut suffisant. Dolohov ne l’avait jamais regardée comme ça, avec cette espèce d’incrédulité mêlée de fierté, et elle savait qu’elle l’avait surpris. Qu’il ne l’aurait pas cru capable de rassembler autant de problèmes autour d’une même solution, de faire ça sans que la moitié de l’Empire soit au courant. D’aller au-delà des ordres. Ça avait pris presque une décennie, et leur salut mental. Mais elle l’avait fait. Enfin.
* Ils avaient essayé tous les codes connus, mais le cryptage des services secrets de l’Impératrice étaient autrement plus performants qu’avant. A plusieurs reprises, elle allait tout balancer au feu –et c’était le manque qui recommençait à parler. Il la contenait – non ils se contenaient, toujours à la limite de céder. C’était le plus de temps qu’ils avaient passé ensemble depuis des lustres, leurs regards coulants le savaient. Mais le devoir les appelait.
*
Le cœur avait manqué un battement, lorsque Marlyn crut qu’il lui allait lui parler de sa mort prochaine. D’une maladie, d’un contrat, une blessure qu’il lui aurait cachée, une arrestation imminente… Comme lui, elle s’était imaginé maintes fois le jour où elle finirait sur la place de grève, ou dans les geôles de l’Empire, mais jamais ne lui était venu à l’idée que les rôles auraient pu être inversés ; ce n’était tout simplement pas concevable. Mais la maladie… ? Le voir s’étioler, sans rien pouvoir y faire, qu’entendre la Dame glousser à l’arrière-plan ? Il y a tant à perdre à présent.
Secouée par cette image mentale, même démentie, la borgne se leva de sa chaise et se laissa glisser le long du mur à côté de Dolohov. Elle avait vu, au fil de la soirée, les cernes en reflet sur son visage d’homme, le regard plus bas que d’habitude, et les mains souvent crispées sur la plume plus que nécessaire, toujours en contact avec quelque chose. Elle le laissa continuer en silence, comme si parler allait interrompre ce moment de vulnérabilité qu’il lui laissait voir si rarement.
Il avait juste fallu un petit génocide et un vol de très haute volée qui rajoutait « haute trahison » à son casier criminel déjà interminable, pour obtenir ça. Que ne l’avait-elle su plus tôt !
L’aveu de Dolohov, d’être à la traine, de ne pas arriver à… lui fit froid dans le dos. Ils avaient toujours compté sur lui, son instinct, sa clairvoyance, sa capacité à tout prévoir. La Mentaï serra les dents. C’était, elle le savait, partiellement sa faute. Et donc sa responsabilité. Tous les évènements au dîner de Vor, et les répercussions, la jeune femme s’en voulait toujours mortellement, et n’avait eu de cesse de travailler son contrôle pour que ça n’arrive plus jamais, avec un succès mitigé. Elle répondit au regard couvert de Dolohov en posant la tête sur son épaule. Signe qu’elle l’avait écouté, qu’elle réfléchissait, qu’elle l’aimait ou quelque chose comme ça, elle n’avait jamais été très en contrôle de son langage corporel pour exprimer ça.
Sur quel ton le dire, en avoir ou pas
- Tu te souviens de ce que tu m’avais dit la dernière… si, dernière fois que j’agonisais sur ton parquet ? Je te le redis maintenant. C’est terminé. On va s’occuper de toi. De nous. On va tout faire pour protéger l’idéal.
Vor, il fallait qu’ils arrivent à le dépasser. Elle avait soupçonné longtemps, eu récemment les confirmations, plus que tout senti dans les tremblements de Dolohov, les Spires qui se tordaient avec moins de contrôle, l’impossibilité de s’extraire, de vouloir s’extraire l’un de l’autre…
Par milliers elles nous enveloppaient
- Mille fois tu as envisagé ma mort, je sais, et ça t’aurait souvent sauvé pas mal d’emmerdes. Mais il est temps que cet investissement à très long-terme commence à porter ses fruits, je crois… je crois que j’en suis capable. Malgré- c’est paradoxal, mais depuis que y’a « ça » -elle passa un doigt sur son alliance en encres de spires- j’arrive mieux à gérer les Spires. C’est une attache tangible, ça me donne une direction quand ça commence à hurler, peut-être que ça pourrait être le cas pour toi aussi ?
Si elle avait besoin de plus de raisons pour finir sa désintoxication rapidement, la volonté de vouloir porter une partie du poids sur les épaules de Dolohov avec lui était un sacré coup de fouet. De garder cette confiance nouvellement acquise en ses capacités. Et de maintenir l’étau sur ses Spires, de s’empêcher, si elle devait, de céder à celles de sa Majesté– palier pour eux deux à leur manque de l’autre quand elle le pouvait. Cette responsabilité lui semblait impossible à porter, mais il faudrait. Il faudrait. Et puis, inconsciemment, c’était toujours quand elle devait protéger les autres qu’elle avait le meilleur contrôle sur elle-même. Le nombre de fois où la peur de blesser Astre avait recentré son pouvoir… Sa main, toujours agitée de tics et rongée autour des ongles, entrelaça celle que son maître crispait sur un genou pour en calmer l’agitation.
- Tu vois ? murmura-t-elle en désignant leurs mains que le contact calmait. On fonctionne mieux ensemble.
Il tourna le regard vers elle, un sourcil légèrement haussé.
- … Oui bon, la poésie ça a toujours été plus ton forte que le mien, monsieur l’archéologue devant son trésor royal. Au regard qu’elle reçut, Marlyn sut qu’elle paierait pour ça un jour, mais pour le moment, elle avait réussi à lui arracher un sourire, et c’était ce qui comptait.
Elle souffla, en songeant à l’idée de se remettre au travail jusqu’au bout de la nuit, lentement épuisée.
- Tu sais quoi ? On devrait prendre des vacances. J’ai jamais pris de vacances. Les dossiers sont là, et tout le monde a ses ordres.
Pouvoir passer quelques heures en compagnie de Dolohov sans que le devoir les appelle ailleurs lui avait rappelé à quel point ils avaient manqué de temps, pour poser quoi que ce soit. Ça lui manquait, terriblement, ça aussi.
- On laisse le bébé chez mes beaux-parents, et on disparait quelques jours, juste Sa Majesté, La Borgne, quelques palmiers. L’absurdité de ces tournures de phrases la fit sourire encore, en sentant les bras de son amant se poser autour de ses épaules. Je me purge un bon coup des drogues, on aurait le temps de travailler tes Spires – nos Spires. De… retrouver nos réflexes, l’entrainement. Et puis de finir ce foutu décryptage, parce qu’on aura jamais fini cette nuit.
Marlyn leva le regard à la recherche du sien. Un doux rêve, hein ?
L’amour, épouse comme ça La maladresse les faux pas
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| Sujet: Re: Trompettes de la renommée, allez tous vous faire en... Dim 19 Juil 2015 - 18:12 | | | L'idée d'un véritable renversement des rôles le rendait chose, mi figue mi raisin. Et libre soit cette infortune, songea-t-il, en embrassant ses cheveux.
Il s'imagina, alors, sanguinolent sur le parquet. Son sourire s'accentua, un peu amer, il avait déjà fait ça. Pour écarter Ril'Enflazio, à qui il aurait arraché les yeux avec les dents, s'il avait fallu. Marlyn s'était déjà occupé de lui, l'avait déjà amenée chez les rêveurs. Il se souvenait aussi qu'au réveil, c'était elle qui dormait. Elle dont les nerfs avaient lâché, elle à qui il avait dû dire, bien qu'encore groggy : Nous allons bien. Autant que faire se peut – et je ne le dois qu’à toi
Et si un jour il n'était pas là pour lui dire ? S'il ne restait rien de lui à sauver... ça c'était joué tant de foi à un cheveu, qu'il s'attendait à trouver des fils d'argent dans la chevelure d'encre. Aurait-elle, alors, les nerfs de dire à Astre qu'ils allaient bien, autant que possible ? Est-ce que l'histoire avait réellement une continuité, s'il mourrait ? Ou est-ce qu'elle le suivrait, en crise, en haine, qu'elle s'aliénerait tout simplement ?
Elle chassa ses idées noires, en se remettant à parler. Il sourit, lorsqu'elle se définit elle-même comme un investissement. Ce qu'il n'aurait certainement pas formulé autrement. Il baissa les yeux vers ses doigts, les fines branches noueuses d'articulation, là où commençaient les bijoux d'encre de toute sorte, lorsqu'il l'embrassait au creux des poignets. Au doigt, maintenant. Ses yeux retombèrent également sur la sienne propre- enfin. Le gant blanc, l'alliance d'or. Non, il y a peu de chance, se dit-il. Puisque nos problèmes sont contraires. Puisque j'ai faim de toi, de ton esprit à m'en asphyxier, puisque les spires sont ma plus grande liberté, et ma prison, qu'ils m'appellent sans cesse – qu'ils ont quelque fois ta voix, ou ton odeur dans l'oreiller, ou l'éclat infiniment bleu de ton oeil, le noir fusionnel de ce que nous étions, mêlés ?
Elle noua leur doigts-le tissu atténuait la chaleur naturelle de sa peau, il lui lança un regard interrogateur. Testait-elle les résistances du noble à ses propres fleurs d'Otolep, pour voir s'ils pouvaient s'accorder la même confiance ?
Ou voulait-elle tenter de lui faire croire que depuis le début elle voyait clair dans son jeu, même de séduction ? Il n'en croyait pas un mot, mais ça ne l'empêcha pas de la fusiller du regard. Il ne fallait jamais se souvenir des mots exacts... Mais la formule avait dû la marquer si profondément. Il lui lança un regard de fauve.- C'est pour cette raison que les hommes sont si réticents à épouser les femmes. Vous semblez instantanément vous embourgeoiser, rétorqua-t-il, son ironie plus brutale qu'il ne l'aurait cru ou voulu.Il le regretta instantanément, comme il regretta qu'elle baisse les yeux aussi vite, en se crispant. Il se dit, en la sentant se dégager doucement, après un petit moment, sous prétexte de boire le thé avant qu'il ne soit complètement froid, que c'était parce que la routine anéantissait tout. Que ses rêves pour eux, restaient ceux d'amours de fauves. Et toutes, elles rêvaient de choses impossibles ooffrir. Elle n'était pourtant ni Dienne, ni Ailil, et n'avait pas à supporter les reproches ou blessures qu'elles avaient pu lui faire.
- Je te demande de m'excuser, les mots ont dépassé ma pensée. Comme je te le disais, je rêve mal, ces temps-ci, ajouta-t-il, toujours guindé malgré lui.* On va y arriver, affirma-t-il en approchant une feuille de la lampe. C'est quelque chose de nouveau, quelque chose d'autre. Mais rien n'échappe à la linguistique.Il réfléchit, ses yeux filant à toute allure, gauche-droite-gauche-droite. Il n'y avait pas de césure, entre les symboles. Ce qui entraînerait forcément un nombre d'emmerdements optimal. Et l'on remerciait sa gracieuse altesse impériale. Ils avaient repéré des séquences qui revenaient en refrain, répertorié un maximum d'entre elles, et c'était probablement une perte de temps. Ou une manière d'en gagner plus tard. Il ne pouvait pas y avoir plus de 4 consonnes à la suite. Pas dans les langues pratiquées en Gwendalavir. Ce qui signifiait qu'ils allaient devoir se borner à la première ligne de chaque dossier. Tenter chaque symbole avec toutes les voyelles, jusqu'à arriver à une première possibilité cohérente. L'idée lui vint, juste une seconde, qu'il aurait également pu s'agir de Latin, ou de ce que Merwyn Ril'Avallon avait appelé « latin vulgaire » dans ses incursions dans l'autre monde. I avait quelques livres, à ce sujet, dans la bibliothèque du manoir. Marlyn transcrivait plus rapidement que lui ne pouvait analyser, surtout à cause de l'heure qui avançait. Elle faisait, aussi, des erreurs quelques fois, lui tendait les mêmes possibilités deux fois, ou en sautait une. Lorsqu'il lisait, les lignes se chevauchaient par à coups, et ses paupières étaient lourdes.
Il faudrait qu'il se lève, et aille les chercher, et vérifier. Elle restait le nez froncé sur le parchemin qu'elle griffonnait, dans un silence glacial, consumé.
Petit feu. Voilà quelques années, nous nous serions battus pour ça, tes nerfs, ta rage. Brûlé le grogner, en faisant s'effondrer les chandelles sur la table, à coups de reins. Et je ne sais même plus comment t'amener à me griffer le dos- je n'ose plus, pas encore, pas ce soir. Tu brûles et je suis fatigué, sans être las. Stupidement moi, et plus le maître. - Je crois que je vais dormir un peu. Est-ce que tu comptes faire une pause, aussi ? |
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| Sujet: Re: Trompettes de la renommée, allez tous vous faire en... Lun 20 Juil 2015 - 15:17 | | | Ouais, un doux rêve. Le repos c’est pour les morts et les épouses embourgeoisées. La borgne ne parvint pas à retenir sa vexation complètement à cette phrase, qui rendait sa suggestion puérile, et pas même considérée au-delà de la blague. Putain, ça recommençait la paranoïa derrière chaque mot, chaque sens qu’il aurait pu y mettre. Etait-ce sa manière de dire qu’il s’ennuyait d’elle ? Alors qu’il était le premier à lui avoir enseigné le contrôle, la tempérance, la patience et toutes ces conneries ? Et puis merde hein, c’est lui qui avait voulu l’épouser, et c’est pas comme si c’était une nouvelle habitude en plus, il la baisait dans des draps de soie depuis qu’ils se connaissaient, et c’est lui qui possédait deux foutus manoirs. Quand est-ce qu’il serait content de ce qu’elle fait ou est, bordel ? Elle avait fait tout ce qu’il voulait, enfin prouvé qu’elle avait deux sous d’intelligence, et il lui reprochait ?
Ses pensées commençaient à tourner en rond, et Marlyn se leva et retourna vers la table pour éviter de trop s’attarder dessus. Il était tard, et ils étaient fatigués. Les mots de Dolohov, pour s’excuser, en écho de ses propres justifications. La jeune femme se passa la main sur le visage et acquiesca faiblement pour signifier qu’elle l’avait entendu. Même si elle savait si bien à quel point des mauvaises nuits pouvaient rendre immondes… il lui faudrait du temps.
* - Je te rejoins dans quelques minutes, sans lever les yeux de sa feuille.
Quand il sortit de la pièce, après lui avoir silencieusement donné le temps de changer d’avis, Marlyn posa son front contre la table et lâcha le soupir qu’elle retenait depuis une demi-heure. Pourquoi rien n’était-il simple ? Du mieux qu’elle put, Marlyn mémorisa les schémas à la craie sur le mur, avant de les effacer d’une torsion de Spires, rangea les dossiers, les papiers, que tout tienne sous son bras, qu’il ne reste dans le grenier aucune trace de leur passage. C’était futile, comme exercice, mais la paranoïa et la fatigue n’étaient pas un bon cocktail.
La Mentaï le trouva dans ‘leur’ chambre, et au regard qu’il lui lança par-dessus son épaule, il s’était déjà préparé à s’endormir seul. Elle se laissa tomber dans la soie avec la grâce d’une Dame rhumatisante et se blottit contre son amant, le visage dans sa nuque.
- Refuser un lit pareil après avoir dormi sur des planchers toute la semaine? Tu rêves, messire. Je te déteste toujours, par contre. fit-elle en se serrant un peu plus contre lui.
* Les hurlements d’Astre les réveillèrent en sursaut. Marlyn s’apprêta à se lever, par réflexe, mais les bras et les Spires de son maître se serrèrent un peu plus autour d’elle. Un rêve, c’était juste un rêve. Comme il avait involontairement transféré les lamentations constantes d’Astre, la jeune femme se rendormit autour du Dessin des lumières, du mobile que la conscience autre examina, changea, s’appropria, partagea, rêva.
*
Quand elle rouvrit les yeux, elle ne vit que les chemins, et des possibles qui se tendaient et disparaissaient au gré des vagues de pouvoir. Le pouvoir de son amant brassait paisiblement, ils étaient déjà dans le très haut, le complexe, le nuancé et il élevait des tours abstraites, des coulées d’or – elle se sentait attirée, prise, il l’emmenait avec elle et jouait ses oeuvres pour-par elle, sans jamais les concrétiser. Sa conscience sonna alarme. Danger. Il l’avait prévenue. Il lui fallut du temps, et plusieurs moments où elle faillit céder à la tentation de se laisser complètement aspirer vers le haut, tournoyer pour le délimiter, l’asseoir, le détacher d’elle, le ramener vers des chemins plus sûrs, jusqu’à distinguer la lumière du soleil à travers le vitrail des spires, la sensation des draps, du tatouage, de jambes entremêlées. Se dressant sur ses avant-bras, Marlyn l’attira contre lui – contact physique, elle l’embrassa pour le ramener à son corps, passa les doigts sur sa peau, le long de ses bras, ses cotes, pour les délimiter, jusqu’à ce qu’enfin, à contrecœur, il ouvre les yeux.
- Hey. Il lui en voulait, elle le savait, mais elle ne lui laissa pas le temps de l’insulter encore. La jeune femme le bascula et lui bloqua les hanches avec les siennes, les mains avec les siennes, les spires avec les siennes.
- Si c’est trop bourgeois de prendre des vacances, tu n’as pas le droit non plus de faire la grasse matinée.
Ils se débattaient, pour le contrôle, surtout mental. Et elle se sentait perdre. Comment était-ce seulement possible de vaincre cette addiction alors qu’elle en était la drogue ?
- Et je compte bien prendre mes vacances où je peux. Essaie seulement de m’en em-
Il la coupa de ses lèvres, avec une force et un mordant qui lui rappelait ses propres baisers désespérés – au point –les spires en étau – qu’elle crut s’embrasser elle-même – mais est-ce que ça venait d’elle ? Putain d’addiction- les dossiers pouvaient attendre.
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| Sujet: Re: Trompettes de la renommée, allez tous vous faire en... Mar 21 Juil 2015 - 11:09 | | | C'est comme avoir un föen ronronnant se blotttir contre soi, une boule de chaleur, de douceur, pelotte de crocs et de griffes cachées derrière un regard et une peau de velours. Elle se pelotonna dans ses bras, confortablement, il s'amusa un instant de cette assurance bravache qu'elle montrait, avant que ce même confort apaise ses propres pensées, ses résistances. Il ne répondit rien, sinon un souffle un peu plus profond. Sa présence, tout contre son thorax, lui donnait toujours l'impression de respirer plus librement.
*
Tout était noir, et bruyant, et l'univers ne s'apaisait, quoiqu'il fasse, quoiqu'il propose. Que lorsque son esprit, au stade du cliniquement mort, était coupé de toutes connexions externes. Il ne restait, alors, que la nostalgie du vacarme initial, des intrusions dans sa pensée... Alors il supportait le vacarme, les dents serrées, dans l'angoisse du silence qui suivrait, dans celui d'abattre, faute de comprendre ou de contrôler, la source de tant de bruits.
Puis vinrent danser des lumières, petites sphères multicolores, qui ressemblaient aux astres qui brillaient le soir, et qu'il observait, enfant, armé de verres déformés, d'un professeur aux airs de nuages- And when he calls, he calls for me and not for you. But I can fix it, can make him better. And I can't do nothing about this strange weather. * Alors il s'en approchait, y focalisait son attention, et le vacarme, alors, avait presque des allures d'échos, de son d'opéra, un long acmé de note aïgue. Une musique cosmique de sphère, comme en rêvaient alors certains auteurs. Il en toucha une, elle s'éleva avec ses doigts, en spirale de lumière, le projetant vers le haut, il bondit vers la suivante, qu'il impacta de toutes ses forces, et sembla imploser, dégager des lumières horizontales, tranchantes comme des lames, qui vous trancheraient l'herbe sous le pied, et s'évadaient, en onde concentriques, dans l'univers infini, monstrueux, dont il était le centre. Il voulut s'accrocher à l'onde, pour partir en voyage, au confin des frontières du monde. De quoi parlait le rêve, déjà ?* ça avait commencé, comme un jeu de pâte à modeler, ou plutôt, comme lorsqu'un souffleur de verre part d'une petite masse brute pour en dégager les gouttes cristalines d'un lustre, d'un mur de temple. Dolohov élevait sa prison d'absurdité dans les airs, puisant quelque part une matière d'imagination rouge, dense comme la sienne, d'un bleu plutôt éthéré, nuage aux poussières d'or, n'avait jamais été. Il lançait dans les airs de pleines poignées de mercure, et ses doigts, et son souffle, et surtout ses yeux craquelaient des surfaces, des salles de bal, des bassins où son propre pouvoir fumait, diluait, fusait. Il y avait des brèches, partout, des échapatoires. Pour que la Dame voie, où qu'elle soit. Il y avait des visages d'une beauté singulière./Un goût de cendre vole dans l'air ; - une odeur de bois suant dans l'âtre, - les fleurs rouies, - le saccage des promenades, - la bruine des canaux par les champs - pourquoi pas déjà les joujoux et l'encens ? xxx J'ai tendu des cordes de clocher à clocher ; des guirlandes de fenêtre à fenêtre ; des chaînes d'or d'étoile à étoile, et je danse. \ Il créait, enfin. Sans analyse, juste avec sa complexion mentale, des motifs pour ses nerfs, des mandalas que les courants de l'imaginaire disperceraient aux spires. Les sphères initiales irradiaient comme de la lave au sol, et lorsque que quelque chose lui déplaisait- ou quelques fois par pur plaisir- il envoyait son poing, son pied, son visage, dans les fondations, et contemplait leurs explosions. Il se disait que c'était son masque qui volait en éclat. Son visage qui revenait aux spires, et il détruisait cette académie, la beauté de tous les visages, tout s'irisait de rouges. Pas un camaïeu ou dégradé.Non, une erruption de rouges, de vermillons, des couleurs les plus fortes, qui lui brûlaient les rétines, qui répondaient aux azurs cyans les plus élévés. Ils s'élevaient enfin, dans les plus hautes sphères, droit vers l'infini, l'infiniment bleu, tellement lumière qu'il en devenait blanc, et c'était beau, beau, Dame, comme la couleur de la lame qui m'a crevé l'oeil.* Il s'éleva, alors, comme libéré d'un poids qui le retenait, des bases du pouvoir, avec lequel il créait ses châteaux de carte, ivre, enfin, de son absolu étrange. Il voulait gratter le ciel de ses ongles, de ses dents, et tant pis s'il devait y perdre les mains, les yeux. Mais. Les murs, tout à coup, avancèrent plus vite que lui, tournoyèrent autour de lui, menace érubescente qui voulait finir les voutes de l'église, finir de l'emprisonner au milieu du village, et que tout soit bien. Il s'éveilla en sursaut, la gorge sèche à crever, comme après une chute vertigineuse, avec les sensations de toutes sortes qui lui arrachaient les pores. La soie des draps, qui frottait sa peau, comme du papier de verre. L'air, dans ses poumons, un champ de lave et de glace à la fois. La sensation d'électrictié des cheveux de Marlyn qui n'effleuraient pourtant son torse qu'à peine. Le sang qui battait dans son corps, son corps débilement fini, défini. La sensation de sa voix, du son, revenu humain, rauque, imparfait. L'odeur, pourtant douce, de son haleine, la violence des restes des herbes à thé, réminiscence de la veille. Il chassait les fragments de lumière et d'infini qui restaient quelque part dans son iris, et que tous ces détails effaçaient progressivement. Pourquoi, enfin, effacer quelque chose d'aussi beau, d'aussi idéal ? Les sensations de son bassin, qui le bloquaient, du réveil de son propre corps, mécanique douleur du réveil. Rends-moi.They say I'm too dumb to see They judge me like a picture book By the colors, like they forgot to read I think we're like fire and water I think we're like the wind and sea You're burning up, I'm cooling down You're up, I'm down You're blind, I see But I'm free I'm free. * Se jeter sur l'autre, et la dévorer. Se jeter sur l'autre, pour qu'il brûle du même feu, est-ce que ça venait de lui ? Il ne l'aime jamais assez, et aimer n'est pas la question. Il l'aurait bouffé. Elle l'aurait déchiré en deux, avec ses ongles, en partant de la colonne vertébrale, pourvu qu'il la caresse, là. Pourvu qu'il la prenne, comme ça, qu'il la morde comme ça. C'était la même église, mais plus syncrétique. Il ouvrit les yeux et quelque chose, enfin, le ramena à lui ; c'était peut-être ses couleurs, les vraies, celles de ses joues que le sang piquait, de ses yeux révulsés, sous les cils, des petits frissons de ses lèvres, entre crispation et sourire. Quelque que chose de la Judith que Klimt n'avait pas encore peint, déjà des nuances mortelles, mais surtout, surtout, cette beauté d'abandon, de fierté de jouir, de ce qu'elle voulait de lui, qu'elle lui disait avec les ongles qui s'enfonçaient le long de ses clavicules, avec les mouvements plus menus de ses hanches, de son dos qui devenait une immense courbe, de cette secousse qui la jetait en arrière, dans un grognement rauque, mesuré, retenu par les dents qui se plantaient dans sa lèvre inférieure.
Ou alors, c'était l'air âcre, la sensation de chaleur. L'impression que... Ca brûlait.* Comment ils étaient parvenus à éteindre le début d'incendie, Dolohov n'aurait su le dire. Probablement par réflexe, principalement, et parce que ce n'était qu'un bout du tapis qui avait pris feu, un feu de surface, que la peur paranoïaque de Dolohov avait dû déceler, en souvenir superposé à l'attaque de Varsgorn Ril'Enflazio. Il avait mal au coeur, au sens littéral et figuré, et ses mains tremblaient beaucoup plus violemment. Faute de savoir quoi dire de plus, comment le dire, sachant que c'était probablement de sa propre faute, avec l'idée lointaine qu'il s'était au moins jeté sur elle avec la même intensité qu'elle sur lui, il ne parvenait pas à retrouver une forme de calme. C'était un cauchemar, un cauchemar comme il n'en avait jamais fait. Un cauchemar où c'était lui qui faisait l'erreur. Encore, et encore, et encore, et qu'il tremblait d'excitation à l'idée de la reproduire. Se fixer, avec le miroir, le reflet glacial du miroir, la lumière blanche et morte des midis de Vor, où la chaleur était écrasante. Tu n'es qu'une personne individuelle, Dolohov Zil'Urain, et personne ne t'a crevé l'oeil, et il y a ton nom sur un dossier codé, qui pourrait te prendre des mois ou des années à décoder. Tu es un noble ridicule, et tu dois faire taire ton pouvoir, et surtout le sien. Elle a toujours été ton arme et ton fardeau c'est d'être le seul à savoir ce que vous pouvez faire ensemble. Elle a toujours voulu que tu la contrôles. C'est aussi ce que tu as toujours voulu. Et que diable contrôles-tu encore, Vieux Lion ?* Elle allait sûrement vouloir en parler, bien qu'il ait pris un air important, la brassée de tentative de la veille, son dictionnaire latin. Reprendre le chemin de la rationalité, il n'avait pas besoin de mandala, de méditation solitaire : il avait besoin de casse-tête, d'un mal au dos progressif de la chaise, que la migraine persiste, et de cesser d'y penser. Parce qu'il y pensait. Et la solution à laquelle il pensait, il le savait, ne venait pas de lui. Il y avait, quelque part, un bouquet de fleur d'Otolep. Elles faisaient taire le besoin de spire. Elles redonnaient sa beauté au silence. Sa main se mit à trembler si fort qu'il en fit tomber le livre. Dans un accès de fureur, il repoussa la chaise, et la table, dont il envoya valdinguer le contenu sur le sol avant de quitter la pièce. Il ne pouvait pas l'entendre, ni l'écouter, ni la regarder maintenant. Alors il envoya son poing dans le mur.* - Ce n'était pas mon idée, rétorqua-t-il. Quelque chose lui disait que tous les deux le savaient. Dolohov n'aurait jamais laissé son corps exulter un acte de rage gratuit et contre-productif. Elle avait besoin de lui, ici,besoin de ses compétences, de son éducation. Elle n'était pas sa servante, qui redressait les meubles. La douleur, émanant de sa main, le retenait dans son corps. Il détestait le silence du vide des spires. Il n'aurait jamais rien fait pour l'obtenir. Il aurait fait l'inverse, ce qu'il fallait pour que ça chante, et que ça renverse tout, et que chaque dessinateur se développe et développe son pouvoir, son contrôle sur ce pouvoir. Il aurait tué pour récupérer les spires, il l'avait fait. Il aurait torturé pour récupérer les spires. Il l'avait fait. La seule idée de revivre ces moments, coincés hors de l'imagination, lui donnaient des suées glaciales. Voilà longtemps qu'il n'avait pas fait de crise, de vraie crise. C'était probablement la rage et la peur qui avaient été suffisants pour éviter à son corps de devoir lui-même déconnecter la raison. Peut-être... peut-être que les rêveurs auraient des pistes pour le traiter. C'était forcément une forme de maladie. De maladie de la raison, s'entendit-il penser, et ça.- Il faut cesser d'accorder de l'importance à ça, s'entendit-il dire. Ca n'en a pas tant que ça. Vulgaire... égarrement. Je te parie que d'ici ce soir, je sais traduire le dossier de la Borgne.* C'était du latin vulgaire, exultait-il.L'intuition était la bonne, il n'était pas fou. Le nombre de personnes capables d'identifier ne serait-ce que le latin étaient très peu nombreuses, alors des variantes salies... Ca lui avait pris trois jours. Il avait même contacté ses parents, pour leur dire de ne pas s'inquiéter, qu'il n'était pas dans un ruisseau, ou mourant dans un bordel. Et il existait quatre versions possibles. Sans compter les terminaisons des mots qui pouvaient changer leur fonction dans la phrase. Et que, s'il avait des compétences minimales, elles étaient anciennes, et particulièrement peu entretenues... * Il avait les sourcils si froncés, l'expression si dubitative, que se voyant de l'extérieur, il aurait pu s'amuser de cette peinture parodique de lui-même. Mais il fallait dire que c'était invraissemblablement... ironique. - Il est dit que Marlyn a vraissemblablement été la Borgne. Ou précisément « une des » La Borgne. Et là. Dame soit pendue par la queue. Il pourrait être dit que tu es Sa Majesté. Soit que Sa Majesté est une Borgne. Soit que Marlyn est une sa Majesté. Soit, parce qu'étragement, cette version est possible : que Marlyn est majestueuse et borgne. |
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