Une journée fantastique dans la vie d'élève fantastiques [Terminé]

Le secret médical, hein... illyr sourit intérieurement. Toutes leurs aventures rocambolesques étaient difficiles à croire, au fur et à mesure qu'il les écoutait, mais il était beaucoup plus facile d'observer Ichel pendant qu'elle parlait sans qu'elle s'en rende compte.

- ... Et vous voulez que nous soyons complices de vol.

Ca ne le dérangeait pas fondamentalement. Si ce qu'ils disaient était vrai, le dresseur de chiens était un dresseur illégal de chiens de combat, et il n'irait certainement pas faire un scandale de la disparition de sa cargaison, afin d'éviter que la garde de la ville aille fouiller dans ses affaires. Et puis... Ça lui donnait une clef pour le corps d'Ichel. Un moyen de pression, un instrument de chantage. Il pourrait très facilement négocier pour garder le silence sur le long-terme. Quant au secret médical éthique... Et bien disons que illyr ne laissait jamais l'éthique et les voeux des rêveurs se mettre entre lui et ses conquêtes.

- Mon coeur est votre, demoiselle Calwin, et me crie de vous aider du mieux que je peux. Avons-nous un accord ? Fit-il en lui tendant la main, le rêve prêt.

Elle la saisit de bon coeur, la jeune naive, et Illyr n'eut presque rien à faire. Changer les balances d'humeur hormonale était long et requiérait un peu plus d'intimité, mais trouver le coeur et en changer légèrement les battements en une seule poignée de main, c'était à la portée de tous les rêveurs de premier cercle. Oh, il ne fit pas grand-chose, ce n'était que le début. Juste une légère accélération des battements de coeur d'Ichel, un peu plus profond, et ses doigts autour de son poignet qui trouvaient les nerfs les plus sensibles...

- Et bien, qu'attendons-nous ? Allons-y! Termina-t-il de sa voix suave et de son plus beau sourire.

Bon, une demi-douzaine de chiots, relativement petits et paniqués…
C’était moins pire que ce qu’il pensait. Ils ne manquaient pas d’enfants en soin dans la confrérie, avec Al-Poll à côté. Dont ce petit Juliet, le favori d’Amarilys qui lui trainait toujours dans les pattes, en particulier lorsqu’il était en train de soigner les demoiselles… Mais son trophée, son plus beau trophée, ce serait obtenir ce petit bout sauvage de femme qui lui échappait toujours, ne lui rendait pas ses regards, et promettait d’être une conquête longue, dangereuse et plus difficile que ce qu’il avait l’habitude. Quelle femme ne succombait pas au toucher des mains d’un rêveur ?
Il faudrait la jouer fine, et surtout, donner l’air de s’intéresser à sa cause.

- D’autant qu’on ne sait quels insectes et quelles maladies trainent dans ce genre de grottes, rétorqua-t-il en humant l’air.

Il s’approcha du petit chiot beige que la petite sœur ou l’amie quelconque d’Ichel tenait entre ses mains et qui couinait. La petite bête était farouche, mais il était suffisamment doux et précautionneux pour le laisser renifler sa main. Il suffisait ensuite de quelques caresses pour sentir tout le réseau veineux, et avoir une bonne idée des maladies et des blessures qu’il se trainait.
Illyr ferma les yeux un instant, concentré sur son rêve, et le laissa se dérouler dans les fibres du petit animal, dont un abcès gravement infectée se résorba lentement. Le chiot fit quelques pas hésitants, puis se mit à japper autour de lui. Illyr s’affubla de son air le plus doux et le plus.. « rêveur ».

- En gage de ma bonne foi, fit-il en adoucissant sa voix. Puis, il se tourna vers le petit frère et lui tendit la main à son tour, sachant qu’il gagnerait des points auprès d’Ichel à reconnaître son existence :

- Mon cœur se serre à voir d’aussi belles bêtes maltraitées par la bêtise humaine. Sans ton intervention, qui sait ce qui aurait pu arriver ? M’aideras-tu à transporter les petits jusqu’à la confrérie avec l’aide de ta grande sœur ?

Agir sur les nerfs, une nouvelle fois, dans la poignée de mains.. insuffler ces quelques humeurs qui rendaient les animaux calmes et confiants.. Ca marcha, puisque la tête de mule de petit frère arrêta de bouder et lui accorda sa confiance de mauvaise grâce.

- Et bien, Ichel ?
[i]

Einar marchait un peu en retrait des deux tourtereaux sur le chemin qui les menait à la confrérie d’Eoliane. Combien de fois avaient-ils fait le trajet aujourd’hui ? Il commençait à avoir mal aux pieds. Et faim. Et mal aux bras. Heureusement, il était pas complètement tout seul, il avait les chiots et Annah avec lui, en arrière. Le labrador au poil jaune jappait en permanence en essayant de lui lécher le visage, et Einar faisait de son mieux pour éviter les coups de langue enthousiastes.
Ce qu’il aurait aimé pouvoir garder ce petit chien… Mais il fallait être réaliste. Ses parents ne pourraient pas l’entretenir et n’en voudraient peut-être pas, et puis Al-Far était une ville dangereuse, même pour un animal courageux. C’était pas rare que des chiens disparaissent et que l’auberge du coin annonce ragout de bœuf le lendemain soir..

Néanmoins. Les confier à ce troufion ? Einar était plus calme envers lui, comme si quelque chose l’avait apaisé quelques minutes auparavant, mais ça ne l’empêchait pas de ne pas le sentir. Sa manière de se tenir toujours un peu trop proche d’Ichel, de poser la main sur son épaule en faisant semblant de trébucher sur le chemin, les regards qu’il lui lançait…
Après, ça semblait plaire à Ichel, vu qu’elle se débattait pas. En bon ami, il devrait essayer de la dissuader, mais c’était comme dire à une vache d’arrêter de brouter de l’herbe. Ichel était viscéralement quelqu’un qui faisait ce qu’elle voulait et les conseils rentraient par une oreille et sortaient par l’autre quand elle en avait déjà décidé autrement.
Ils avaient passé la poterne Sud de la manière la plus simple qui soit, Illyr s’était juste rendu auprès des gardes pour leur déblatérer quelque chose qu’il n’avait pas entendu, puis leur avait donné une poignée de main chaleureuse qui avait eu l’air de rendre tous les gardes conciliants.
Mh.

- Est-ce qu’on pourra revenir voir les chiots ou s’en occuper de temps en temps ?, demanda-t-il lorsqu’ils arrivèrent à Eoliane, réticent à lâcher son petit protégé qui était niché endormi contre lui.

Le jeune chiot n’était décidément pas difficile à manipuler… Il portait ses émotions en bandoulière sur son visage grêlé de taches de rousseur et de dents de travers, et il n’était manifestement pas assez grand pour les cacher. Encore adolescent en plus… Des flux d’hormones et d’énergie constants qui rendaient la manipulation vraiment facile. Surtout quand la seule chose que demandait Einar, c’était de se trouver à au moins une confrérie d’écart avec lui. Illyr n’eut qu’à jouer de ce sentiment, et de la volonté de ne pas abandonner le chiot.
A vrai dire, c’est à peine s’il eut besoin de faire quoi que ce soit. Les mots avaient suffi.
Et le petit avait sagement refermé la porte derrière lui.

Elle lui plaisait, décidément, à jouer les effrontées, à se rapprocher plus que ne l’aurait fait quelqu’un qu’elle n’avait rencontrée que quelques heures plus tôt. L’expression affable et typiquement « rêveur » d’Illyr tomba aussitôt qu’Ichel le lui demanda.
Son regard à elle indiquait, après tout, qu’ils cherchaient tous les deux la même chose. Et il n’allait pas s’embarrasser de fioriture. Si ça la choquait… elle le décevrait. Mais si elle était aussi farouche qu’il s’imaginait, ils aimeraient tous les deux ça.

Il se pencha pour l’embrasser, sans pour autant le faire. Elle avait même eu un léger mouvement de recul. Mais Illyr savait ce qu’il voulait. Et en tant que rêveur, il savait qu’il n’y trouverait que meilleur gout en attendant…

- Je crois que nous savons tous les deux ce que nous voulons. Tu as un joli cul. Je serais étonné qu’il arrive à me à satisfaire mais je m’en contenterai.

Il leva la main, frola la joue du dos de l’index.

- Je suis un rêveur, petit chat. Je ne suis pas sûre que tu comprennes tout ce que ça implique, mais je peux t’assurer que tous les autres hommes te sembleront… fades après moi. Si tu ne te défiles pas, il va de soi.

Se pourrait-il...?
Le rêve était un fardeau immense dans ces moments-là. La connaissance si précise, si chirurgicale des corps. Le détail exact, il pourrait schématiser chaque vaisseau sanguin et expliquer chaque stimulus qui réagissait dans son corps, sous les mains d'Ichel Calwin. Pourquoi son coeur battait. Et cette connaissance le détachait de la scène, comme un observateur de cadavres.
Toujours.
Je suis un rêveur, et ça implique de donner sans jamais pouvoir recevoir.
C'est ce qu'il détestait tant dans ce pseudo-Don. Il n'était pas, jamais, un putain de partage. Il devait. Toujours. Toujours, tout donner, les sensations et les merveilles. Il en voyait les conséquences, les prodiges, il les voyait toutes se plier, soupirer, jouir d'une seule caresse. Et il était incapable de ressentir leur jouissance autrement que par analyse de nerfs. Elles n'étaient toutes que des grenouilles à disséquer et lui, personne ne pourrait jamais lui procurer ce qu'il devait toujours donner.
C'est ce qu'elles finissaient toutes par redemander. Son don, jamais lui. C'est pour ça qu'il ne les revoyait jamais.

Ichel semblait savoir ce qu'elle voulait sans attendre de voir ce qu'il avait à lui donner. Et le prenait au dépourvu. Illyr ne pouvait pas empêcher son coeur de battre plus fort lorsque la main féminine prit son sexe, et un instant il aima la perte de controle. Avant de redevenir lui-même, féru de cette connaissance trop précise, et ça le glaça instantanément.
Elle l'embrassa, au cou, aux lèvres, et lui cochait méthodiquement, chaque zone érogène, classait. Il en oublia de rêver quelques subterfuges, puisqu'elle semblait déja y trouver son compte, même si elle ne pourrait jamais le rêver lui.

Que plusieurs ne referont jamais...?

Il cligna des yeux sur sa main en coupe sous le sein d'Ichel, déja prêt à le soupeser comme au marché, en décortiquer la fermeté mécaniquement, en préparer les rêves qui le ferait durcir, lorsqu'il intégra les paroles.
Généralement, il les aimait fraiches. Intouchées. Naives. Celles-là n'essayaient jamais de lui faire plaisir, toutes entières à son don, et ne pouvaient donc pas échouer et le décevoir.
Un instant plus tôt, il aurait été prêt de succomber aux lèvres voraces et de la prendre là, en pleine confrérie. Mais maintenant...
Illyr craignait bien trop d'espérer, car plus dure serait la frustration, et la déception.

Il détourna les lèvres lorsqu'elle voulut l'embrasser de nouveau, prétextant un regard coulant vers la fenêtre qui donnait sur les jardins.

- Plus tard. Ton..'ami' pourrait revenir.

Ses mains n'avaient toujours pas laché les seins, sous la chemise, et il dirigea quelques chaleurs de rêves, juste assez pour en stimuler les amas de nerfs.

- Je n'aime ni le bâclé, ni le réchauffé d'autres hommes. Encore moins les deux en même temps. Ses mots étaient durs peut-être, à la hauteur de sa propre volonté de ne céder à rien, et surtout de ne rien montrer qu'une morgue dominatrice. Dis-moi où je pourrais trouver ton petit cul ce soir, petit chat, et nous verrons à te faire ronronner.

- Super !

Einar avait retrouvé le sourire. Un autre rêveur l’avait aidé à finir de soigner les chiens, et ils avaient passé les quelques minutes à leur lancer des petits bouts de viande pour les faire courir et voir s’ils avaient des problèmes pour se déplacer. En dehors de celui qui était déjà blessé à la patte et le petit qui n’en avait que trois, les autres jappaient et sautaient partout sans aucun problème. Certains refusaient encore de s’approcher, mais globalement, c’était la fête pour les petites bêtes. Ca devait faire des lustres qu’elles n’avaient plus vu le soleil, probablement, ou joué dans l’herbe.
Il pourrait passer ses journées à venir s’en occuper, et c’est probablement ce qu’il ferait dans les prochaines semaines avant de partir en voyage.

- J’crois que les rêveurs sont cools pour les garder, regarde, y’a déjà des patients qui commencent à les caresser, fit-il en désignant la cour intérieure où les gens se promenaient. Le petit blanc, Angie m’disait, il va lui drainer son abcès et nettoyer les plaies ce soir quand il aura un peu de temps. Dans que’ques jours il sera comme neuf. On pourra revenir les voir ensemble s’tu veux ! Moi j’y retourne demain en tout cas, ils sont trop cools. Angie m’a dit que je pouvais, et--

Et ainsi de suite pendant qu’ils sortaient de la confrérie, et pendant la marche vers l’Académie, et pendant le diner du soir, et dans le dortoir des Teylus après quand il en parla à tous ses potes, et dans ses rêves quand il se mit à rêver de petits chiens partout, et le lendemain matin quand la première chose qu’il fit c’est de sauter dans ses habits pour aller voir comment ils se portaient.