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| C'est la marche des éléphants [Inachevé] | |
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Primat de Teylus et Maître d'Armes Messages : 634 Inscription le : 26/11/2008 Age IRL : 35
| Sujet: C'est la marche des éléphants [Inachevé] Lun 1 Juil 2013 - 22:08 | | | Comme souvent depuis quelques semaines, Locktar s'était éveillé avec les premières lueurs du soleil. Il dormait de moins en moins bien à l'approche de la date prévue par les rêveurs de l'accouchement d'Edel. L'inquiétude à l'idée d'être père se faisait ressentir. Quand le couple avait appris qu'ils allaient être parents, Locktar en avait ressentit une immense joie, mais à mesure que la date approchait, il commençait à le redouter grandement. Il avait peur d'être un mauvais père. Il n'avait jamais été très doué pour s'occuper des autres, en particulier ceux qu'ils aimaient. Du coup, Locktar s'inquiétait, mais ce n'était pas la seule raison qui réduisait les nuits du maître d'armes.
Plus son ventre s'arrondissait et plus les nuits d'Edel étaient agitées. Locktar dormait mal et son humeur dans la journée s'en faisait ressentir. Il supportait de moins en moins bien les troubles fêtes dans ses cours et pourtant, ils étaient légions dans les leçons de combat. Même avec Aziel pour intendant, les élèves continuaient de se servir des cours de combats pour se défouler. Après la mort d'Hestia, Locktar avait tout de même mis un temps avant de se remontrer à un cours de combat. Eileen s'était chargée des élèves pendant que le maître d'armes broyait du noir dans ses appartements. Heureusement, il avait reçu le soutien de sa femme, de ses amis et même de quelques élèves qui étaient venus lui remonter le moral. Il avait fini par sortir pour se remettre au travail. Sous la menace d'un renvoi de l'académie, Locktar avait changé sa politique vis-à-vis de l'intendant et de ses règles. Même s'il le trouvait d'une mocheté incroyable, il avait finit par porter l'uniforme. Même s'il trouvait les règles ridicules, il avait finit par les suivre au pied de la lettre. Etre renvoyer alors que sa femme avait besoin de lui? Il ne se le pardonnerait jamais.
Ce matin-là, comme à son habitude, il s'éclipsa dans son bureau pour se vêtir de son uniforme. Le soleil étant tout juste levé, il n'y avait personne dans les couloirs de l'académie, à part les gardes qui patrouillaient bien entendu. Locktar alla dans le quartier des invités et il se trouva une chambre libre. Pour s'assurer quelques instants de sommeil avant d'attaquer la journée, il essayait toujours d'attraper quelques heures de sommeil dans ce lit. Son premier cours de la matinée n'était que dans 4 heures, il avait donc le temps de se reposer un peu. Il s'allongea et il s'endormit presque aussitôt.
Quand il s'éveilla, il remarqua qu'il avait trop dormit. Il était en retard et ses élèves devaient certainement l'attendre au lieu de rendez-vous qu'ils avaient conclus lors du dernier cours, à savoir la cour de la fontaine. Il lissa son uniforme comme il pu. Il ne prit même pas le temps de regarder son visage. Il devait avoir de longues cernes sous les yeux mais il ne pouvait pas s'en occuper. Il rejoignit la cour aussi rapidement qu'il pu.
Comme il s'en doutait, les élèves étaient déjà tous là. Leurs uniformes bleus, rouges et noirs étaient clairement visibles au soleil du matin. Ils étaient tous là. Frais et dispos. Aziel avait bien fait son boulot. Beaucoup trop bien fait d'ailleurs. Locktar préférait vraiment quand c'était Jehan qui était au poste d'intendant. Le maître d'armes avait espéré qu'un jour l'ancien intendant reviendrait à son poste mais aujourd'hui, l'espoir était vain. On avait annoncé que l'empereur avait été tué et que sa fille l'avait remplacée. Sauf que la personne qui l'avait tué n'était autre que Jehan lui-même, qui était enfermé depuis dans les cachots de la capitale.
- On se mets en ligne trois par trois, annonça Locktar d'une voix forte pour faire taire les rumeurs de conversations.
Le maître d'armes se plaça devant les premiers de la file.
- Pour être un bon soldat, il ne faut pas seulement savoir se battre. Marcher est une bonne preuve de discipline. Vous allez donc marcher autour de la fontaine en ordre, dans le silence. Je ne veux qu'un seul bruit de pas, qu'un seul mouvement de jambes. Allez, c'est parti.
Il fit un pas sur le côté et il laissa les élèves suivre ses consignes.
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| | Messages : 312 Inscription le : 22/12/2008 Age IRL : 31
| Sujet: Re: C'est la marche des éléphants [Inachevé] Mar 2 Juil 2013 - 0:40 | | | Einar se réveilla en sursaut, si violemment qu’il vit une demi-douzaine de paires d’yeux braqués sur lui. Certaines paires semblaient ennuyées d’avoir été réveillées, certaines semblaient inquiètes, d’autres semblaient vides comme le sont la plupart des regards le matin. Einar ne comprenait pas où il était. Le rêve avait été si vivide, si vrai. Pourtant, d’ordinaire, il ne faisait pas beaucoup de cauchemars, non, plutôt des rêves très jolis ou pas de rêves du tout parce qu’il était un dormeur lourd. Mais là… Il avait rêvé qu’il était devenu grand, et qu’il était chef pâtissier dans une grande ville, et qu’il avait une femme, et qu’il venait d’avoir un fils, et qu’il s’appelait Bomon, sauf que ça le terrifiait absolument, le concept d’avoir des enfants. Et une femme. Et une maison. Evitant le regard de ses petits camarades, Einar marmonna un « pardon… » avant de se lever. De toute manière, le soleil était levé, alors autant arriver à l’heure au petit déjeuner, pour une fois. Il s’en voulait d’avoir réveillé les gens en criant. Ca arrivait qu’aux gens comme Halina de faire ça, et lui il avait pas été torturé ni rien, il pouvait même pas dire qu’il avait de vrai traumatisme qui le suivait des mois après. On ne pouvait pas appeler Régis un traumatisme, non, Régis était un ami. Un ami fidèle, même.
Avant de partir pour la Grande Salle, Einar chercha très longtemps Bomon. Il dormait toujours à côté, et Bomon ne le quittait jamais, mais là, il ne l’était pas. Ca arrivait, parfois. Y’en a qui trouvaient ça drôle de lui piquer et de le planquer pour qu’il passe toute la journée à stresser et à le chercher partout. Il avait trouvé ça moyennement drôle au début, et plus du tout drôle à la fin. C’était pas faute de dormir quasi sur le sabre. Il l’aurait bien enfermé dans son coffre, mais ça faisait des lustres qu’on lui avait aussi dérobé la clef de son coffre sans lui rendre, et la moitié des affaires qu’il contenait. Dont tous ses pantalons d’uniforme, en vint-il à constater en cherchant son uniforme.
Il n’eut d’autre choix que de s’amener en short au petit déjeuner, le moral à zéro, détaché de la masse par le flashy de son short marron dans la masse des uniformes entièrement noirs. Sans Bomon, alors qu’il avait cours de combat. Et un cours de combat sans Bomon, c’était comme une potée au lard sans lard et sans potée. Et un cours en short… Il n’avait pu retrouver qu’un vieux short qui lui découvrait les genoux, et qui était un peu déchiré et froissé de partout.
La mine basse, les genoux au frais et les hanches dépourvues du cliquetis caractéristique de Bomon, Einar se rendit à la Cour de la Fontaine avec les autres. La plupart des gens savaient qu’on lui piquait des affaires, mais personne savait jamais qui le faisait ou où elles étaient, alors il avait arrêté depuis longtemps de poser des questions. M’sieur Guidjek avait l’air un peu de meilleure humeur par rapport à d’habitude. Ils pouvaient pas se plaindre, les Teylus combattants, ils avaient de nouveau un maître d’armes après des semaines sans en avoir, et ça suffisait à leur bonheur. La bise matinale lui mordait les genoux. Il ne pouvait que se sentir fier que la cicatrice qu’il avait au genou ait un air super guerrier maintenant, elle ne pouvait que donner l’impression qu’il l’avait gardée au combat.
Etonnemment, le maître d’armes n’avait pas amené d’armes, ce matin. Ou alors il les gardait planqués pour les prochains exercices et Nanar ne les voyait pas. Quand il leur demanda de se mettre trois par trois, Einar se tourna automatiquement vers ses deux amies de Teylus. Il savait que c’était pas bien de garder toujours les mêmes partenaires de combat et il s’en voulait de chercher le confort à chaque fois, mais en début de leçon, alors que sa journée commençait déjà pas très bien, il préférait trouver des bases stables, des regards qu’il connaissait, surtout sans Bomon.
Etre un bon soldat. Apprendre à marcher comme un bon soldat. Einar entendit beaucoup de gens grogner autour de lui, mais il trouvait ça super cool. Il voulait devenir soldat, voire garde de prince, et pour être garde de prince, fallait être soldat d’abord. Alors apprendre des trucs de soldat, ça le bottait complètement. Ca se révéla beaucoup, beaucoup plus dur que prévu, de marcher en même temps que tout le monde. Déjà parce que tout le monde faisait pas la même taille de jambes, alors quand lui il faisait un pas, il heurtait les gens devant, et il devait ralentir le temps d’être rattrapé, ou alors il en faisait un trop petit et c’est derrière que ça le percutait. Et sans musique, sans les grands tambours qu’on entendait dans les chansons et dans les épopées, il trouvait ça extrêmement dur de marcher correctement. Et que faire de ses bras, pendant ce temps-là ? Pendant le premier tour autour de la Cour de la Fontaine, Einar tenta plusieurs alternatives. Les garder le long du corps, les faire se balancer en même temps que ses jambes, les enfoncer dans ses poches, les croiser sur le thorax… Si seulement il avait eu Bomon sur lui, il aurait pu poser la main dessus comme un brave, comme un vrai soldat. Et s’il avait eu un pantalon, il aurait pu faire le même bruit que les autres. Tout le monde faisait « Swish swish swish » en avançant parce que le tissu de leur pantalon se froissait, et lui, il faisait « …, …, … », et ça faisait super tâche.
Einar était pas quelqu’un de très courageux ou de très délateur, mais cette matinée, c’était vraiment trop pour lui. Si jamais il arrivait enfin à trouver qui lui piquait ses affaires, il irait voir M’sieur Krysant, et il le dénoncerait.
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| | Messages : 166 Inscription le : 08/02/2012 Age IRL : 26
| Sujet: Re: C'est la marche des éléphants [Inachevé] Mer 10 Juil 2013 - 8:46 | | | Ce fut un cri qui tira Kloa du sommeil, ce matin-là. Son premier réflexe fut de se tourner vers Halina, sauf qu'Halina, une fois n'était pas coutume, dormait bien tranquillement, sur le dos, avec ses longs cheveux étalés sur l'oreiller qui lui faisaient comme une auréole sombre autour du visage. Elle se redressa ensuite à demi, cherchant du regard la malheureuse rêveuse, mais elle ne parvint à récolter que des corps pelotonnés sous leurs couvertures et, parfois, quelques oeillades ensommeillées. Elle allait donc se recoucher lorsqu'un nouveau hurlement retentit, achevant de réveiller les derniers Teylus dans un concert de bâillements et de grognements étouffés. Alors, elle comprit.
Ça venait du dortoir des garçons.
Sur cette conclusion, elle faillit se rendormir aussi sec mais réalisa tout à coup que les rayons du soleil commençaient à filtrer à travers les rideaux, et qu'un petit nombre de fille entreprenait déjà de se préparer. Soupirant, elle rejeta ses draps et enfila à son tour son uniforme qui, ayant passé la nuit roulé en boule au pied de son lit, paraissait encore plus froissé qu'elle en cet instant. Elle essaya un moment de le repasser du plat de la main avant d'abandonner et d'emboîter le pas aux autres élèves en direction de la grande salle, afin d'assister à l'appel puis au petit-déjeuner.
Le matin, elle avançait souvent un peu au radar sauf que, là, elle s'était carrément mise en mode zombie. Suivant la masse noire de sa Maison comme un mouton suit son troupeau, elle faillit ne pas remarquer qu'un garçon s'était arrêté pour faire la Dame savait quoi et manqua lui rentrer dedans. Ce ne fut qu'en le contournant, évitant ainsi la collision de justesse, qu'elle reconnut Einar, qui semblait de très, très mauvaise humeur. Cela l'étonna un peu, d'abord, parce qu'Einar n'était pas souvent de mauvaise humeur, ou alors il ne le montrait pas. Cependant, elle comprit bientôt pourquoi en avisant sa veste d'uniforme et, juste en dessous... un short. Marron, en plus. Si l'Intendant le voyait pendant l'appel, il allait se faire incendier sur place. Elle avait déjà entendu dire que des gens, parfois, s'amusaient à lui piquer des affaires, mais n'aurait jamais pensé que ça allait jusque là. Parce que, vraiment, ça craignait trop, ce genre de plaisanteries. Et en plus sur Einar, quoi, qui était sans doute le plus timide apprenti chasseur de dragons de Gwendalavir. C'était juste pas sympa, et pas sympa du tout.
Ce faisant, ils étaient arrivés dans la grande salle, où Kloa se serait certainement endormie sur ses pieds si un coup de coude d'Halina, debout à côté d'elle, ne l'avait avertie quand Aziel était passé aux Teylus. Puis il y eut le petit-déjeuner, entrecoupé de rires, de murmures et de chuchotements, durant lequel la jeune femme mastiqua sans un mot sa tartine beurrée et sa salade de fruits. Elle se leva avant que la plupart des autres n'ait terminé de manger et profita des quelques heures qui lui restaient avant le cours de combat pour aller se débarbouiller dans la salle des eaux. Au retour, elle se sentait nettement plus fraîche et tomba nez à nez sur Astragal en pénétrant dans la salle commune. Il y avait quelques temps, cette confrontation aurait tourné court, mais ses rapports avec la jeune Thülle s'étaient beaucoup améliorés depuis leur petite « explication » - preuve en était faite la mèche rousse ornée d'une délicate perle bleutée attachée à son poignet, juste à côté du bracelet rouge d'Einar. Elle la salua donc d'un sourire que l'autre lui rendit, puis s'effaça afin de la laisser sortir. Astra, les doigts sur la poignée de la porte, lui jeta un coup d'oeil par-dessus son épaule pour croiser son regard et dit quelque chose qu'elle ne comprit pas. Peu importait, de toute manière. Son amitié lui suffisait.
Le prof de combat était en retard. Ce fut la première chose qu'elle remarqua en arrivant dans la cour de la fontaine en compagnie des autres Teylus - elle se sentait d'une humeur particulièrement adaptée au bétail, ce matin-là. Quelques chiens de berger couraient dans les rangs afin de s'assurer que personne ne s'était perdu en cours de route - « Quelqu'un a vu Viktor ? » « Dites, vous sauriez pas où est passée ma ceinture ? » « Désolée pour le retard, j'devais attendre Naomy ! » - mais le berger en chef, le manitou suprême, bref, Grand Siffleur n'était pas là. Pas encore. Ils durent tout de même attendre plusieurs minutes avant qu'un pas lourd, bien connu, n'ébranle les pavés de pierre grise. Il arrivait. Kloa eut tout d'abord un peu de mal à le reconnaître, en contre-jour, avec sa chevelure ébouriffée et les grands cernes qui s'étalaient sous ses yeux, mais le regard qu'il leur lança acheva de la convaincre. Pas de doute, c'était bien lui. Leur Primat. Leur maître d'armes. Elle ne l'aurait avoué pour rien au monde mais, durant son absence après la tragédie de la mort d'Hestia, il lui avait manqué. Certes, il y avait eu Eileen, son assistante, mais ce n'était pas la même chose. Aussi, quand, il y avait de cela à présent un certain nombre de semaines, il leur était revenu, toujours égal à lui-même avec sa voix dure et ses manières trop directes, elle avait ressenti une sorte de soulagement. Tout le monde pouvait bien s'effondrer, mais pas lui, pas Locktar. Il lui faisait penser à un roc et, au plus profond de son coeur, cela la rassurait énormément. Abrupt, revêche, bourru, mais indestructible.
Sans prendre la peine de les saluer, Sieur Guidjek leur ordonna de se mettre en ligne, trois par trois, et les apprentis guerriers s'exécutèrent en silence malgré les regards intrigués qu'ils s'échangeaient. Kloa se retrouva coincée entre une fille rousse arborant un uniforme bleu et Ryhan, un Teylus mal dégrossi qu'elle essayait de fréquenter aussi peu que possible. Grand Siffleur les toisa avec sévérité, yeux plissés, avant de reprendre la parole, et la jeune femme frémit. Elle s'attendait à tout, sauf à ceci. Certes, elle n'avait pas repéré d'armes, mais de là à les faire tourner en rond autour de la fontaine ainsi que des automates... Par la Dame, qu'elle haïssait la discipline. Elle sentit soudain qu'elle allait peut-être détester également ce cours. Mais les autres avaient commencé à marcher et elle dut faire de même pour ne pas se faire rentrer dedans par ceux de derrière, tentant en vain de calquer son allure sur celle de ses camarades.
Puisqu'elle avait décidé d'être un mouton, autant y aller jusqu'au bout.
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| | Messages : 90 Inscription le : 17/03/2013 Age IRL : 32
| Sujet: Re: C'est la marche des éléphants [Inachevé] Ven 12 Juil 2013 - 1:06 | | | Le soleil dardait ses petits rayons dans le dortoir des Kaelems. Lyuuna sentit une petite pointe de chaleur lui chatouiller le nez. Dans un bâillement tout sauf féminin, elle s'étira. Grattant sa tignasse blonde emmêler, elle ouvrit les rideaux de son lit à baldaquin. Ce fut sans cacher son enthousiasme face à la journée qui arrivait qu'elle se jeta dans ses chaussures. Elle passa rapidement son uniforme rouge et s'enfuit vers une salle d'eau. La Kaelem avait très peu de temps avant l'appel de Sir Ril'Krysant, mais elle avait besoin d'une douche... La propreté était devenue une habitude dans sa famille. Elle courrait le plus vite possible, esquivant du mieux qu'elle pouvait les gens endormies qui allait vers la Grande Salle et s'engouffra dans la salle d'eaux. Enlevant ses vêtements, elle se coula dans une douche et entreprit de se laver le plus rapidement possible. En sortant de la douche, elle croisa son reflet dans un miroir et eut un sursaut. Ses cheveux étaient devenus un véritable champs de bataille. N'ayant pas le temps de se coiffer, elle passa l'uniforme rouge et couru vers la Grande Salle. L'appel se fit calmement, comme d'habitude. Lorsque la jeune femme s'assit entourée de ses compagnons Kaelem, elle jeta un oeil aux autres tables. Chaque maison formait une masse uniforme de couleur. Cependant, elle remarqua un détail amusant, dans les Teylus, un garçon avait un short marron affreux. Heureusement pour lui que Sir Ril'Krysant n'avait rien remarqué. C'était dommage, quand même, de ne pas pouvoir arranger un peu son uniforme, ajouter une touche de couleur, une petite babiole... Quelque chose quoi... D'ailleurs elle avait une petite broche en forme de feuille dans sa malle, elle se serait parfaitement accordée avec le rouge de son uniforme. La Dessinatrice se tartina gaiement de la confiture d'abricot sur une tranche de pain. Elle savoura une petite salade de fruit et bu un verre de lait frais. Après ce petit-déjeuner frugale, il lui restait un peu de temps avant son premier cours de combat... Le premier... La Kaelem rêvassa et se demanda ce qui l'attendait. Est-ce qu'elle allait apprendre des passes ? Ou peut-être entrainer le corps pour qu'il devienne plus solide... C'est vrai que Lyuuna était plutôt frêle, mais elle voulait devenir forte, comme Halina, la grande guerrière d'Acier. D'ailleurs, est-ce qu'elle sera là ? C'était peut-être un cours pour les novices. Perdu dans ses pensées, elle marchait vers son dortoir. S'arrétant près de sa malle, elle sortit une brosse et s'assit devant un miroir. Avec douceur, la Dessinatrice démêla ses cheveux machinalement. Cela prit un peu de temps, car sa crinière était plutôt longue. Par la suite, elle s'observa, réfléchissant à comment les attacher pour ne pas qu'ils soient gênant. Elle eut l'idée d'une sorte de tresse qui lui entourerait la tête, prenant ainsi tous ses cheveux. Du coup, ce serais pratique, car ils ne la gêneraient pas et cela n'offrait aucune prise. Ses mains se mirent en route, plus par réflexe. On lui avait appris des tas et des tas de nattes, de tresses, de chignon et compagnie. Elle n'aurait jamais imaginé s'en servir pour un cours de combat. Petit à petit sa chevelure prit forme et lorsqu'en fin tout fut parfait, elle rajusta son uniforme, tenta de défroisser quelques petits plis et s'en alla dans la cour de la fontaine. Tihn l'avait gentiment avertie qu'un cours ce déroulerait là-bas. Elle l'en avait remercié d'un chaleureux câlin qui avait fait rougir le guerrier. Lorsqu'elle arriva, les élèves avaient déjà fait des petits groupes et discutaient en attendant le prof. Elle s'inséra entre Tihn et Liho, s'incrustant dans la conversation dans un chaleureux « Salut ! », elle observa les gens alentour. Lyuuna remarqua le jeune garçon Teylus au short marron. Allait-il se faire réprimander par Sir Hil'Guidjeck ? Et surtout, pourquoi portait-il cet immonde vêtement qui n'allait absolument pas avec son uniforme noir. Elle remarqua qu'il y avait pas mal de Teylus ici, les Kaelems étaient moins nombreux, mais ceux qui dénotaient par leurs absences étaient les Aequors. Pour quelle raison ? La Dessinatrice n'en savait cure... Peut être que la pensée solide des combattants n'allait pas avec la douceur de l'eau... Elle réfléchirait peut-être là-dessus plus tard. Un bruit de pas lourd se fit entendre et les conversations s'estompèrent petit à petit. Liho lui murmura à l'oreille :
-Grand Siffleur arrive !
En effet, un homme imposant venait d'apparaître. Il avait les cheveux en broussailles, des cernes sous les yeux, une carrure à faire pâlir un Ogre. Ce qui attira l'oeil de Lyuuna fut plutôt les habits du Maître d'armes. Comme tout professeur, il portait un uniforme violet... Sauf qu'il était primat et donc il avait en plus un surcot vert... Et malheureusement pour lui, ces couleurs n'allaient pas du tout, mais alors pas du tout ensemble. C'était comme si on avait fait exprès de les rendre moche pour que les primats restent énervé constamment. Enfin Sir Hil'Guidjeck semblait plutôt de bonne humeur. Sa grosse voix d'homme retentit, puissante, forte, bref, une voix de guerrier quoi. Le cours commençait. En rang par trois ? Mais... Elle ne connaissait quasiment personne... En plus de ça, Liho et Tihn venait de la quitter pour aller avec une Teylus. Grommelante, Lyuuna se retrouva dans le dernier rang avec une Aequor blonde et de l'autre côté de la blonde un Teylus blond... Une triplette de blond ! La Kaelem trouva cela amusant, avant d'entendre l'intituler du cours actuel. La marche. Elle pensait plutôt à autre chose et du coup, elle fut un peu déçu. Enfin bon, avec ses parents, elle avait assisté à des parades. Elle revit l'image des soldats marchant tous au pas, même rythme, même cadence. C'était grandiose. Et puis les tambours... Pom, pom polopopom pom. Elle sourit, finalement ça promettait. Comme ça, quand elle serait une grande Sentinelle, elle paraderait sous les applaudissements du peuple. Elle s'imaginait, dans une grande tenue de guerrier en cuir, avec une sphère graphe au cou et les percussions. Pom, pom, polopopom pom. L'exercice commença plutôt difficilement. Enfin, pour le dernier rang, le plus compliqué était de suivre la cadence de ceux d'en face. Eux n'avaient pas le risque de se payer ceux de derrière. Du coup, ils étaient plutôt tranquille. La jeune Dessinatrice fixait ses jambes, puis passait à celle de l'Aequor puis regardait celle de devant, puis celle du Teylus et enfin revint sur les siennes. Arg, pas assez rapide. Puis ce qui était emmerdant, c'était de tourner. Parce que Lyuuna étant la plus proche de la fontaine devait aller moins vite que l'Aequor qui était à ses côtés et encore moins vite que le Teylus qui était plus loin. En plus, y'avait pas les tambours, du coup, le rythme était un peu faussé. Ce fut à ce moment que la Kaelem eut une petite idée. Elle se souvenait qu'en plus des poms, un soldat devant hurlait des unes et des deux. Du coup, elle chantonna à voix basse :
-Une, deux, une deux, pom, pom, polopopom, pom, pom, une, deux.
Cela lui permit de se cadrer et de peut-être aider ses compagnons de fortune dans cette marche presque impériale. |
| | Messages : 12 Inscription le : 18/05/2013 Age IRL : 32
| Sujet: Re: C'est la marche des éléphants [Inachevé] Ven 12 Juil 2013 - 16:32 | | | Lorsqu'il ouvrit les yeux ce matin là, il pouvait clairement sentir une boule au creux de son ventre. Comme si quelqu'un s'était amusé à faire un noeud avec son estomac. Il avait l'impression qu'il ne pourrait plus jamais avaler quoique ce soit. En fait, s'il c'était vraiment écouté, il aurait rabattu sa couverture sur son visage et se serait rendormit. Sauf que cela faisait un moment qu'il ne s'écoutait plus – sinon il ne serait jamais devenu une fille d'ailleurs – et qu'il n'avait pas d'autre choix que de se lever. Et de courir à... l'abattoir ? C'était vraiment ce qu'il ressentait à l'idée de son premier cours de combat. Il avait l'impression de se jeter dans la fosse aux lions. Et qu'une fois que les élèves en aurait fini avec lui, il ne resterait que son corps décharné. Son corps d'homme. Son illusion lui semblait soudain perdue d'avance. Combien de temps tiendrait-il avant que l'on découvre qu'il n'était absolument pas combattant ? Et combien avant que sa véritable identité ne tombe, comme un couperet ? Il soupira. Au fond de lui, une petite voix, trace de son optimisme passé, lui chuchota que les élèves étaient là pour apprendre et que par conséquent il était normal de n'être qu'un débutant. Mais déjà qu'il ne s'écoutait pas lui même, il n'allait pas écouter cette minuscule partie de lui, ou plutôt de cet ancien lui, celui d'une époque où personne ne mettait en doute son innocence.
Derrière la tenture, il entendit les brides des conversations de ses camarades de dortoirs. Il était vraiment temps de se lever s'il voulait arriver à temps à l'appel. Et il n'était pas sur qu'arriver en retard l'aiderait dans son projet de passer inaperçu. Il enfila donc son bandeau, qu'il serra juste suffisamment pour qu'il ne tombe pas sans qu'il ne le prive pour autant de sa liberté de mouvement. Il n'avait pas envie de s'étouffer à nouveau si un mauvais coup venait à le frapper. Il passa ensuite son bas puis son uniforme. Il prendrait sa douche après le cours de combat. Déjà parce qu'il savait qu'il allait en baver suffisamment pour ne pas rester propre. Ensuite parce que c'est là qu'il avait le moins de chance de croiser du monde. Et même s'il faisait attention de se dévêtir dans la cabine de douche, il se sentait toujours plus rassuré quand la salle d'eau était déserte. Il jeta un coup d'oeil sur la pierre d'ambre qu'il cachait soigneusement sous son matelas – il ne se le serait jamais pardonné si on le lui voler avant qu'il n'ait pu la remettre à sa soeur – et décida de la laisser là aujourd'hui. Il avait trop peur de l'abîmer en combattant. Et ca aussi, c'était impardonnable. Puis il jeta un dernier coup d'oeil à sa tenue pour vérifier que tout était en place. Ce n'était qu'après tout ce rituel qu'elle parvenait à se sentir femme. Qu'une fois son uniforme revêtit.
Bref, il ne lui restait plus que son calvaire habituel. Cette tignasse trop longue qui s'amusait à boucler dans tout les sens et à s'emmêler. Ses cheveux cours qu'il n'avait qu'à recoiffer d'un geste lui manquait. Elle n'arrivait pas à se faire à tout ce poids sur son crane. Heureusement, elle était plutôt doué lorsqu'il s'agissait de les coiffer, ses doigts étant plutôt habiles après deux années passées à faire des noeuds marins de toutes sortes. Pour le cours de combat, le plus pratique serait une tresse unique, bien épaisse, qui ne risquerait pas de se défaire si elle venait à courir, sauter, ou elle ne savait quoi d'autre. Elle se dépêcha donc d'attacher ses cheveux qui lui arrivaient presque au bas du dos et jaillit de son lit comme une fusée pour assister à l'appel.
A peine arrivée dans la grande salle, Kleyre avait sentit son mal de ventre – momentanément oublié – revenir en puissance, et elle n'avait rien pu avaler du petit déjeuner. Elle avait donc filé dès que possible, bien décidée à attendre l'heure de son cours, loin des autres élèves. Elle avait du mal à se reconnaître ce matin, et cela n'avait rien à voir avec sa tenue vestimentaire. Lui qui était d'habitude si curieux, toujours prêt à découvrir de nouvelles choses, toujours assidu et volontaire, se laissait complètement submerger par le stress. L'angoisse de se tromper, de faire un lapsus, d'être découvert. L'angoisse qu'il ne retrouve jamais Eiluun, qu'elle le rejette. Il n'arrivait plus à être le Kleyran enjoué qui avait passé ses deux dernières années à parcourir le monde en découvrant son don de Navigateur. Ce Kleyran qui avait disparut cette nuit trop sombre où son Maître était mort. Il avait pourtant retrouvé un peu de lui même auprès de la jeune femme qui l'avait recueilli, Terra. Mais à présent qu'il était à nouveau seul, sans personne à qui dire la vérité, le poids sur ses épaules lui paraissait presque insurmontable. Bien plus lourd en tout cas que cette nouvelle chevelure.
Une des seules choses qui l'aidait à tenir, à part l'espoir entr'apercevoir Eiluun, était le fait qu'il n'était plus Kleyran mais Kleyre. Et sous cette nouvelle identité, il s'autorisait étrangement bien des faiblesses. Kleyre s'autorisait le doute, la faute et l'égarement. Et Kleyre permettait à Kleyran de tenir le coup.
C'est sur cette pensée, un peu plus positive que Kleyre quitta le coin de couloir où elle s'était réfugiée pour se rendre à son cours de combat. Son tout premier cours de combat. Mais en se levant, elle n'était plus Kleyran le Navigateur mais Kleyre la Combattante. Et son ventre avait fini par se dénouer. Elle n'eut pas trop de mal à trouver la cour de la Fontaine. Elle l'avait déjà vu plusieurs fois depuis son arrivée et de toute façon, de nombreux petits groupes d'élèves s'y dirigeaient, prêt à y suivre le cours. En arrivant, elle ne pu s'empêcher de s'approcher de la superbe fontaine qui trônait au milieu de la place et d'y tremper les doigts. Qu'elle soit Kleyre ou Kleyran, l'eau lui manquait. La sensation fraîche de cette force unique contre sa peau. Naviger lui manquait. Nager lui manquait. Ce n'était peut-être pas pour rien qu'elle avait atterrit à Aequor après tout. Après ce petit rituel qui avait été étrangement rassurant, comme si l'eau de la fontaine veillerait sur elle pendant ce cours, Kleyre jeta un coup d'oeil autour d'elle. Elle pouvait voir parmi les élèves de nombreux Teylus, un certain nombre de Kaelem et, comme elle l'avait déjà remarqué en cherchant des informations sur les cours, très peu d'Aequor. Elle reconnu notamment une Aequor rousse qu'elle avait déjà croisé dans les dortoirs et dont elle ignorait le nom. Il y avait aussi parmi les uniformes noirs, Einar, le jeune homme qui lui avait involontairement brisé les côtes. Bénis sois les Rêveurs d'Eoliane, elle ne ressentait plus aucune douleur et on pouvait – presque – dire qu'il y avait eut plus de peur que de mal. Le jeune garçon se détachait particulièrement de ses camarades. Non pas à cause de la prestance qu'il avait pu dégager lors de leur précédente rencontre mais plutôt parce qu'il était vêtu, à la place de son pantalon d'uniforme, d'un affreux short marron. Kleyre n'était peut-être pas la seule à avoir eut un réveil difficile.
Tout autour d'elle, les élèves discutaient ensembles, et elle commençait à sentir la boule se reformer dans le creux de son ventre quand leur professeur arriva, faisant taire tout le monde par sa simple présence. L'homme lui paraissait immense, dressé devant eux comme une montagne de muscle, et Kleyre était bien contente d'être un fille et ainsi de ne pas passer pour un gringalet maigrichon à ses côtés. Il portait un uniforme violet et vert qui devait sûrement témoigner d'un rang particulier qu'elle ignorait pour le moment. Sans les saluer, le professeur leur donna les ordres, leurs demandant de se mettre en rang et de... marcher.
S'il avait été entièrement Kleyran, il se serait sans doute insurgé. Il avait en lui un petit côté contestataire et il aimait bien savoir le pourquoi des choses plutôt que de les appliquer comme un mouton. Mais Kleyran était libre, d'une liberté que Kleyre n'avait plus. Et aujourd'hui, elle était Kleyre. Et elle ne pouvait s'empêcher d'être rassurer qu'ils n'aient pas à combattre. Que le mouton ne soit pas dévoré par les lions.
Le temps qu'elle se décide à bouger – une part d'elle-même restait Kleyran tout de même – elle s'était retrouvé au dernier rang, coincée entre une Kaelem blonde qui n'avait pas l'air entièrement rassurée et un Teylus blond qui n'en menait pas large non plus Au tout début de la file, les autres firent leur premier pas. Et elle n'eut pas d'autre choix que de les suivre. Lorsqu'il avait a peu près un an, lui et Eiluun avait appris à marcher, sous les regards amusés d'Ambre, de leur mère ou des rêveurs de Fériane. Pour sa part, il se débrouillait plutôt bien, sa petite soeur ayant eut un peu plus de mal du fait de sa faible condition physique. Et lorsqu'il avait enfin réussi à traverser la cour sans tomber, sa mère avait été si fière de lui, qu'elle e elui avait raconté bien des années plus tard.
Sauf qu'à cet instant, Kleyre avait l'impression de tout avoir appris de travers. L'impression de ne plus savoir marcher correctement. Elle parvenait à ne pas trébucher, mais n'arrivait pas à enchaîner deux pas identiques. Le premier était trop petit, le second trop grand pour ses petites jambes. Et puis la tendance s'inversait et c'était d'abord trop grand, puis trop petit. Elle essaya de caler ses pas sur ceux de ces camarades, mais la tache n'était guère plus aisée.
Soudain elle entendit sa voisine de Kaelem compter à voix basse, comme pour s'aider à trouver le bon rythme : - Une, deux, une deux, pom, pom, polopopom, pom, pom, une, deux.
Elle essaya de fermer les yeux et d'écouter cette petite voix. Et soudain ses pas était un peu moins trop grand et un peu moins trop petit. Ce n'était pas parfait bien sur. Mais c'était déjà mieux. Elle lui offrit un sourire et lui chuchota un petit « Merci », avant de se reconcentrer sur ses pas. Elle regarda ce que faisait son voisin Teylus, et vit qu'il avait du mal lui aussi à trouver son rythme. Sans doute n'entendait-il pas le chant de la Kaelem. Aussi elle décida de chanter à son tour. Certes, elle n'avait pas une très jolie voix, elle était trop grave, trop masculine. Mais il espérait que la jeune fille blonde ne lui en tiendrait pas rigueur.
- Une, Deux, Une, Deux, Une, Deux, Une, Deux, Une, Deux, Une, Deux !
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| | Messages : 67 Inscription le : 24/08/2011 Age IRL : 30
| Sujet: Re: C'est la marche des éléphants [Inachevé] Ven 12 Juil 2013 - 18:22 | | | Ce matin-là, Juliet s’était senti grand. Dans le sens où il s’était fait vachement peur, parce qu’il avait pas pensé tout de suite à sa princesse qui l’attendait quelque part. Et ça, c’était un truc d’adulte, de pas penser aux princesses et aux dragons et tout le tralala. Lui, il voulait pas devenir grand, parce qu’il était un Prince et que si jamais il devenait adulte, il penserait à autre chose. Ce serait quand même la Méga-Loose ultime, d’autant que la princesse bah, elle attendrait pour rien du coup. Mais bon, il s’était repris super vite, il avait attrapé son épée et il était parti retrouver Gwëll aussi vite qu’il avait pu. Il avait passé la journée avec elle, sauf quand il allait embêter les gens qui eux-mêmes embêtaient Gwëll, parce qu’ils avaient pas le droit de faire ça. Et finalement, il s’était endormi dans la salle commune Aequor. Si. Dans un super fauteuil méga-moelleux et tout. Devant le feu de cheminée. Personne l’avait réveillé, et Berlioz était venu se blottir contre lui.
Il s’était réveillé au petit matin, en réalisant qu’Amarylis avait dû s’inquiéter. Aaah, qu’est-ce qu’il allait bien pouvoir lui donner comme excuse ? Il avait mal joué son coup, là. Bon, il irait s’excuser, de toute façon il pouvait pas vraiment faire autre chose. Et puis, il dirait qu’il avait passé la journée avec Gwëll. C’était vrai, en plus. Il finit par s’asseoir sur le fauteuil, ayant réfléchi en restant allongé. Berlioz remua et il fit attention à pas l’écraser. Tous les gens du dortoir seraient vachement tristes, parce qu’ils aimaient tous bien le petit chat bleu, même ceux qui devaient pas l’aimer, comme les gens allergiques. Ça devait être trop nul d’être allergique à des trucs qu’on aimait bien, quand même. Il ramassa son épée, qui était posé en bas du fauteuil, et il regarda le pommeau. Il aurait bien aimé avoir un pommeau trop stylé de la mort comme Einar. Le sien, il était tout lisse, sans décorations ; faudrait qu’il demande à creuser le bois. Une main se posa sur son épaule, un des Aequors combattant.
- Tu viens avec nous c’matin, p’tit Prince ? Y a cours de combat. - Ouais ! C’est où ? - Hmm … Fontaine, j’crois. Tu d’manderas à Haxen, elle doit s’rappeler mieux qu’moi. - Tu me ramèneras à manger ? - Ah, ouais. Tu fais bien de m’rappeler ça. T’inquiète va, j’aurais d’quoi nourrir un régiment au cours.
Juliet offrit un grand sourire à Myrlan et sortit du bâtiment en faisait bien attention d’éviter les gardes et surtout, le grand méchant Rouge. Gwëll lui avait bien appris qui éviter, et là c’était assez facile, parce qu’il y avait du monde qui sortait et entrait, et marchait dans les couloirs, donc il pouvait passer assez inaperçu, même si il avait grandi, ces derniers temps. Il avait bien pris cinq centimètres. Et ça fait jamais qu’un mètre cinquante-cinq, mais si il continuait à grandir comme ça, il ferait deux mètres à 15 ans. [J’exagère un peu, ok.] Toujours est-il qu’il réussit à sortir de l’Académie. Il croisa Haxen, qui revenait de ses entraînements matinaux. Elle lui confirma que le cours de combat se déroulait bien à la Fontaine et s’engouffra à l’intérieur.
Il tenait fermement son épée de bois dans la main, et travaillait sa position de combat. Les autres élèves commençaient à arriver, et certains l’aidaient à mieux porter son arme. Il vit même Einar qui avait un caleçon. Sur le coup, ça l’avait étonné, mais, ‘fin, il faisait ce qu’il voulait.
Enfin, Myrlan arriva avec la nourriture et il s’arrêta pour manger un peu. C’était toujours l’inconvénient quand il dormait pas à Eoliane : les petit-déjeuner étaient pas trop tops. Mais bon, il faisait avec, déjà parce qu’il y avait quand même plein de trucs à manger, et puis parce qu’il allait pas faire la fine bouche, déjà qu’on lui apportait à manger, il aurait plus manqué que ça. Ce matin, ça avait été brioche. Et ça c’était cool, quand même. Il enfourna les bouts de brioche à une vitesse phénoménale dans sa bouche, avala tout aussi vite et fut vite fin prêt à combattre. D’ailleurs, le maître d’arme arrivait. Il faisait plus peur que d’habitude, en plus. On aurait dit qu’il avait passé la nuit à se battre avec des Raïs, tellement il avait l’air fatigué. Ok c’était un super-guerrier, mais il avait quand même besoin de dormir, oh ! Bref.
Il donna les instructions et Juliet alla se faufiler entre Haxen et Myrlan. Marcher. Il fallait marcher en rond autour de la fontaine, tous ensemble. Il eut l’idée de compter dans sa tête les pas. Et visiblement, la fille derrière aussi. Comment il avait trop des idées et que les autres gens lui volaient ! Mais bon, c’était pas grave, au moins il avait pas besoin de chercher le rythme parce que la fille derrière le calait. C’était quand même un peu difficile, mais au moins les deux derniers rangs avançaient bien.
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| | Primat de Teylus et Maître d'Armes Messages : 634 Inscription le : 26/11/2008 Age IRL : 35
| Sujet: Re: C'est la marche des éléphants [Inachevé] Lun 12 Aoû 2013 - 17:06 | | | Une catastrophe! Une véritable catastrophe! Si Locktar avait capturé des bruleurs sauvages et aurait demandé à ce qu'ils marchent en cadence, ça n'aurait pas été pire. Même, ça aurait été certainement mieux. Les Bruleurs, eux, n'auraient pas cherchés à se marcher dessus afin de se faire tomber. Car c'était ce que quelques plaisantins étaient en train de faire. Le maître d'armes avait espérer que le départ de l'académie de Shawna et d'Elio aurait apporté de la tranquillité dans ses cours. Quel idiot il avait été quand il avait pensé cela! Bien sûr, le trio infernal n'était pas présent mais certains avaient décidé de les remplacer.
- Leozer, je te jure que si tu recommences à faire ça, je me mets derrière toi et je t'imite.
- Mais j'ai rien fait, M'sieur.
- Alors continue comme ça, si tu ne fais rien, tu n'auras pas à t'inquiéter si je me mets à t'imiter.
Les élèves continuaient de marcher. Le maître d'armes remarqua que certains élèves marquaient le rythme, pour savoir quand poser les pieds. Une bonne idée qui améliorait la marche de certaines rangées.
- Le premier rang, on accélère un peu. Bon sang, je t'avais prévenu Leozer.
Locktar se glissa entre deux élèves, derrière le petit rigolo.
- Allez, on repart.
Le sourire sur le visage de Leozer avait disparu, laissant place à une inquiétude visible. Certains élèves se calèrent sur le rythme du maître d'armes pendant qu'il marchait. Locktar, lui, faisait en sorte de bien lever les jambes pour frapper les fesses de Leozer. Après quelques tours de fontaine, le maître d'armes sortit des rangs. Leozer en avait finit avec ses pitreries.
- C'est pas mal. Bien, maintenant vous allez prendre chacun un bouclier sur le présentoir là-bas et vous vous alignez devant moi. Cette fois, je veux huit élèves par rangée.
Pour cette seconde partie de l'exercice, il avait fait appel à des gardes de l'académie. Edel ne l'aurait certainement pas accepté mais heureusement, elle ne sortait plus que très rarement de leurs appartements.
- La phalange est un.... oui, comme tes doigts, Shadelle, dit-il à l'attention de la fille qui montrait ses doigts à ses camarades. La phalange est un exercice compliqué. Vous allez vous mettre tous épaules contre épaules avec le bouclier devant vous.
Pendant qu'il expliquait les gardes montraient ses dires par le geste.
- Votre côté gauche est protégé par votre bouclier mais votre côté droit, lui, est protégé par le bouclier de votre voisin. Vous devez vous faire une confiance totale. Le but de cette formation est de créer un véritable mur lors d'une charge.
Les gardes étaient en formation de phalange. Pour montrer ses dires, Locktar chargea vers le groupe. Seul, mais il était logiquement plus costaud que les gardes. Sans la formation, il les enverrait au sol. Il percuta le bouclier avec sa protection de fer. Il n'y eu qu'un léger mouvement de recul.
- C'est toute la formation qui encaisse le choc. Les rangs de derrière retiennent les premiers. Comme vous l'avez vu, normalement, la phalange ne bouge pas beaucoup quand elle se fait charger. Une fois, le choc passé, les soldats du premier rang peuvent répliquer avec des lances et faire de gros dégâts du côté des ennemis... Il est temps maintenant de mettre cela en pratique. Vous allez être la phalange et les gardes seront les ennemis qui vous chargeront.
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| | Messages : 312 Inscription le : 22/12/2008 Age IRL : 31
| Sujet: Re: C'est la marche des éléphants [Inachevé] Mar 27 Aoû 2013 - 1:40 | | | Dans le maelström de karma pourri dans lequel voguait Einar depuis le début de la semaine et a fortiori depuis le début de la matinée, il avait au moins la chance de ne pas être celui qui se trouvait devant Loezer. C’était pas passé loin. Loezer était tout juste deux crans à droite dans la rangée derrière lui, et ça aurait carrément pu tomber sur lui.
Quand Grand Siffleur écarta les rangs pour se mettre derrière celui qui donnait des coups de genoux à la fille devant lui, un sourire étira les lèvres d’Einar. Il aurait presque souhaité que le perturbateur soit celui qui lui piquait ses affaires, pour que le châtiment soit doublement mérité, mais il savait de source sure que ça ne pouvait pas être lui. Le malfaiteur était quelqu’un de Teylus qui avait accès aux dortoirs, c’était la seule solution. Un membre d’une autre maison pourrait jamais se faufiler aussi souvent dans leur salle commune et dans leurs dortoirs sans être repéré au bout d’un moment, non… ?
Le rythme que tout le monde se mit à chantonner en cadence avait permis petit à petit à la troupe d’acquérir un pas martial. Pas très glorieux, les bras ballotaient de partout et les gens chuchotaient entre eux, et les mentons n’étaient pas tous dressés, mais c’était toujours mieux qu’au départ, quand personne n’avait la moindre idée de comment tout ça fonctionnait.
C’est quand ils reçurent l’ordre de s’arrêter qu’Einar remarqua qu’un peloton de la garde de l’Académie était arrivé. Difficile de les rater, faut dire, avec leurs uniformes orange criard, même s’ils essayaient de le dissimuler le mieux possible sous leur côte de mailles et leurs plaques d’armure. Ils semblaient tellement… Militaires. Comme un miroir, Einar essaya d’adopter leur posture, les jambes droite légèrement écartées, la main gauche sur la poignée d’ép--… Ah bah non. Pas de Bomon. Et difficile d’avoir l’air crédible avec des shorts troués.
… Une phalange ? Déjà ? Alors qu’ils commençaient à peine à prendre le rythme ? Einar alla chercher son bouclier en même temps que tout le monde, mais les instructions de Locktar le discriminèrent très vite. La phalange était faite pour des droiters. S’il tenait son bouclier du bras gauche comme tout le monde, il serait obligé de combattre de la main droite, et il serait fortement désavantagé. La dure réalité de la carrière de soldat le rattrapa. Serait-il forcé d’apprendre à se battre de la main droite s’il voulait devenir garde de prince ?
Le bouclier était lourd, et les élèves furent bien en peine de se mettre en rang par huit et de maintenir leur bouclier à la même hauteur les uns des autres. Voir les gardes manœuvrer comme les doigts d’une seule main était super impressionnant. Pourtant, malgré toute leur force, Einar était persuadé au moment où Grand Siffleur commença à charger qu’il allait les démolir et leur rouler dessus. Mais ils tinrent bon. Et ça , dans la tête d’Einar, ça méritait des applaudissements. Soutenir une charge du seul et unique Grand Siffleur, non seulement y survivre mais la soutenir sans bouger d’un pouce… C’était des héros. Et il voulait apprendre à faire comme eux.
Les aléas du tohu-bohu firent qu’Einar se trouva au premier rang. Non seulement au premier rang, mais aussi le dernier sur la droite, donc avec un flanc exposé aux dégats. La place du héros. La place des meilleurs. La place des morts, aussi.
Ils eurent à peine le temps de se mettre en ordre que les gardes pivotèrent, comme un seul homme, et avancèrent vers eux. Une force pure arrivait vers eux. Lentement, pas après pas, mais unie. Une ligne uniforme de boucliers avançait vers eux. Et eux, ils n’étaient pas prêts. Et les gardes se mirent au trot à accélérer.
Les rangs de derrière devaient se préparer pour l’impact, parce qu’ils commençaient déjà à appuyer sur les rangs de devant avec leurs boucliers, et la première ligne devait piler des quatre fers pour rester sur place. Et puis les imbéciles décidèrent de s’y mettre.
Juste avant que la phalanges de gardes ne les percute, les fauteurs de trouble, qui s’étaient stratégiquement placés au dernier rang, se mirent à pousser de toutes leurs forces pour faire tomber le plus de monde possible, et la poussée se répercuta comme une vague le long des rangs… Jusqu’à la première ligne.
Tous les membres de la première ligne furent projetés en avant directement contre les boucliers des gardes et les percutèrent de plein fouet. La ligne se disloqua, certains tinrent bon et maintenaient leurs boucliers dressés. Les flancs, qui ne bénéficiaient pas de la cohésion du milieu, tombèrent. Et Einar le premier. Bouclier contre bouclier, sa propre résistance avait été réduite en miettes par la poussée du garde en face de lui, et il était tombé sur le côté.
Les gardes, sans blesser quiconque, mais avec un détachement très professionnel, abaissèrent leurs piques et les pointèrent vers ceux qui seraient, dans une vraie guerre… morts. Einar se retrouva avec une pique contre la gorge, incapable de bouger. La place du premier mort.
Cette première tentative avait été un cuisant échec. Einar espérait que, en changeant les positions, ils se ridiculiseraient pas autant que là.
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| | Messages : 166 Inscription le : 08/02/2012 Age IRL : 26
| Sujet: Re: C'est la marche des éléphants [Inachevé] Mer 28 Aoû 2013 - 9:04 | | | Kloa était en train d'hésiter à rythmer chacun de ses pas par un 'Bêêêê' dérisoire - après tout, certains chantaient, alors pourquoi pas elle ? - lorsque Locktar ouvrit la bouche pour gronder un garçon qui jugeait intelligent de donner des coups de genoux à la fille qui marchait juste devant lui, puis entra lui-même dans les rangs afin de corriger l'élève - un certain Loezer qui l'horripilait au plus haut point. En fait, à bien y réfléchir, il y avait beaucoup d'étudiants qui avaient le don de l'exaspérer. Enfin, beaucoup... Tout était une question de point de vue. Mais beaucoup trop, cela, au moins, elle en était intimement convaincue. Et, sans cesser de défiler autour de la fontaine, comme elle commençait à s'ennuyer fermement, elle se mit à observer les autres apprentis combattants, pour voir comment ils s'y prenaient, tous, ainsi que leur degré de réussite. Halina, Astragal et Einar, côte à côte, comme d'ordinaire, ce dernier tentant vainement de dissimuler son short marron moche au regard du prof. Et puis d'autres, plein d'autres, pas tous à Teylus mais qu'elle connaissait au moins de vue, même si elle n'avait pas retenu tous les prénoms. Soudain, celui qui se trouvait derrière elle fit une enjambée un peu trop grande et vint cogner son mollet, manquant presque lui écraser le pied. La jeune femme se retourna aussitôt pour le fustiger d'un regard incendiaire et, pratiquement au même moment, Locktar arrêta l'exercice. Pourtant avare de compliments, il dit qu'ils s'étaient plutôt pas mal débrouillés - sous-entendu : 'Pour une première fois, mais j'espère bien que vous aurez fait quelques progrès pour le prochain cours, hein, et que vous ressemblerez moins à un troupeau de Raïs qu'à de véritables soldats, cette fois-ci' - avant de leur ordonner de prendre un bouclier par personne et de former des rangées de huit élèves. Kloa, bien qu'un peu étonnée, s'exécuta et allait tourner les talons afin de commencer l'exercice lorsque ses yeux tombèrent sur une tête toute petite et toute bleue. Or, une tête petite et bleue, elle n'en connaissait qu'une seule dans l'Académie. Il lui fallut tout de même une ou deux secondes pour se souvenir du prénom qui allait avec la tête, mais elle finit par souffler d'une voix vibrante de surprise :
- Juliet ?
Le petit garçon leva le visage et, en la reconnaissant, esquissa un sourire pas très assuré. Kloa, elle, fronça les sourcils :
- Mais qu'est-ce que tu fais ici ? Tu n'es quand même pas un apprenti guerrier, si ? Et puis, tu n'as même pas d'uniforme !
L'enfant bredouilla quelque chose d'un air embarrassé en désignant vaguement un Aequor qui attendait son tour devant les boucliers. De dos, la jeune fille ne put savoir de qui il s'agissait, et la grosse voix de Grand Siffleur les rappela à l'ordre. Après avoir lancé un dernier regard à Juliet, elle haussa les épaules et rejoignit les autres, non sans avoir auparavant chuchoté à l'adresse du garçonnet :
- Fais bien attention à toi, hein ? Tu pourrais te blesser, ou pire. Il faut que tu sois très prudent. Et puis, si Locktar te voyait, il ne serait pas très content non plus... Alors tiens-toi à carreaux !
Tandis qu'elle s'intégrait à la rangée du milieu qui était encore en cours de formation, le maître d'armes leur expliqua en quelques mots ce qu'était une phalange et comment l'exécuter. Elle avait déjà entendu parler de cette formation mais n'avait jamais eu d'exemple concret sous les yeux. Il ne s'agissait pas d'une technique que les Thüls affectionnaient particulièrement. C'est à instant qu'elle les aperçut. Les gardes. Gênée par les premiers rangs, seule lui était visible la haute stature du Primat de Teylus qui se découpait dans le mur. Tout au moins jusqu'à ce que ces derniers s'avancent à leur tour afin de mimer les paroles de leur professeur. Kloa resserra sa poigne autour du bouclier, en recouvrant entièrement son côté gauche, et une pensée lui traversa l'esprit : que se passait-il lorsqu'on se trouvait tout au bout à droite d'une rangée ? Qui vous protégez, dans ce cas ? Et puis, Locktar les chargea sans prévenir pour mieux illustrer ses dires et, contrairement à ses craintes, la phalange tint bon, reculant à peine sous sa charge. Enfin, il leur expliqua la véritable raison de la présence des gardes : ils seraient les ennemis, et eux-mêmes devraient résister à leurs assauts. La Teylus ne put s'empêcher de serrer les dents. Elle détestait déjà cet exercice. À vrai dire, elle aurait mille fois préféré se trouver du côté de leurs adversaires plutôt que d'attendre sagement que ceux-ci viennent les cueillir. Essayer de les repousser parfaitement immobiles en se contentant de tenir à bras levé leur bouclier et de faire en sorte que les premiers rangs ne s'écroulent pas sur eux, très peu pour elle, vraiment. Néanmoins, présentement, elle n'avait pas vraiment le choix, elle en était bien consciente. C'est pourquoi elle se prépara à l'impact qui n'allait pas tarder en faisant taire ses récriminations intérieures.
Qu'auraient fait des moutons, à leur place ? Elle avait la réponse. Des moutons se seraient enfuis à la queue leu leu, évidemment. Ce qui signifiait que Grand Siffleur n'attendait plus d'eux qu'ils agissent comme des moutons. C'était déjà un bon point. Mais alors, à la manière de quel animal ? Kloa n'était pas une experte en zoologie mais, un jour, quelqu'un lui avait parlé de poissons qui s'assemblaient à l'approche de prédateurs afin de leur faire croire qu'ils étaient en fait beaucoup plus gros et nombreux qu'en réalité. Elle soupira. Des poissons, donc, à présent. De mieux en mieux. Alors, la phalange des gardes commença à avancer et Kloa se concentra, prête à recevoir la charge en mettant de côté, pour cette fois, la proximité de tous ces corps serrés les uns contre les autres et l'odeur de sueur et de transpiration qui s'en échappaient. Les boucliers des assaillants commençaient déjà à appuyer contre la première ligne quand, tout à coup, elle sentit un formidable élan la projeter en avant. Préparée, au contraire, à être poussée vers l'arrière, elle fut incapable de résister et, encombrée par le poids de son bouclier, s'affala sur l'élève face à elle. Par chance, elle parvint presque aussitôt à retrouver l'équilibre ; mais, malheureusement, ce ne fut pas le cas de tout le monde, et elle écarquilla les yeux en se rendant compte des dégâts occasionnés dans les premières rangées. Celles-ci étaient en effet tombées sur les gardes, et la plupart des étudiants se trouvaient à terre, une lance pointée sous la gorge. Que s'était-il passé ? Ce ne fut qu'au moment où un coude percuta son flan droit, à présent dégagé, qu'elle comprit. Une mauvaise blague des derniers rangs. Pour changer. Elle crut entendre le rire de Loezer, qui s'éteignit de lui-même quand Locktar s'approcha de la phalange avec l'air d'un phacochère sur le point de charger. Les murmures consternés se turent, remplacés par un silence palpable. Kloa crispa son poing sur le bouclier dans l'attente de l'orage qui n'allait pas manquer d'éclater.
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| | Messages : 90 Inscription le : 17/03/2013 Age IRL : 32
| Sujet: Re: C'est la marche des éléphants [Inachevé] Dim 1 Sep 2013 - 22:40 | | | Bon, l'exercice se passait genre plutôt bien. C'était cool, d'ailleurs tout le monde reprenait un peu son idée de chantonner pour se mettre en rythme. En plus, Lyuuna avait vu ça dans des tas de fanfares, genre l'armée qui défilait en chantant des airs militaires et tout. Par contre, elle se demanda comment ça se passait pour être discret, du coup, ils faisaient comment les soldats pour garder le rythme. Genre, ils chantonnaient dans leur tête... Un truc du même style ? Sûrement... Enfin bon...
A un moment, Sir Hil'Guidjek s'élança dans les rangs pour corriger un petit plaisantin. Ah, c'était bien fait, la blonde détestait ceux qui faisaient les pitres pour se rendre intéressant. S'ils voulaient être impressionnant, ce n'était pas comme ça que ça allait marcher. Il fallait respecter les règles du cours et donner le meilleur. Elle en était sûr que c'était comme ça qu'on devenait quelqu'un. Du coup, elle continua, une, deux, une, deux.
Puis ce fut la fin. La Dessinatrice soupira, elle commençait à avoir mal aux mollets. Faire des efforts n'était pas dans ses habitudes et ses muscles lui rappelait volontiers. Elle les massa rapidement à travers ses vêtements. Puis Grand Siffleur les félicita d'un « Pas mal ». Lyuuna s'en contenta, parce que, après tout, c'était un de ses premiers cours et que du coup, ben c'était quand même bien d'être un peu félicitée.
Elle obéit aussitôt aux ordres du professeur et s'en fut vers les râteliers. C'était un peu la cohue, du coup, la Dessinatrice dut attendre, parce qu'elle ne pouvait pas faire comme les Guerrier balaise et pousser tout le monde pour choisir le meilleur bouclier. Du coup, elle se retrouva avec une targe bosselée, trouée par-ci, par-là. Enfin, bon, c'était pas grave, l'important c'était surtout de réussir l'exercice. Quand elle aura fini ses études, elle n'aura pas forcément besoin de tout ça, mais c'était bien de commencer par quelque chose.
Par contre, elle comprit un truc, c'est qu'il allait lui falloir beaucoup d'entraînement pour devenir forte. Parce que le bouclier lui pesait vraiment beaucoup sur le bras gauche et menaçait de tomber de ses mains à chaque pas qu'elle faisait pour rejoindre les groupes qui se formaient. En plus, à cause du poids et du déséquilibre, elle se retrouva genre au premier rang, en plein milieu. Enfin, c'était peut-être pas plus mal, parce que la Dessinatrice voulait se montrer vraiment assidu et tout comprendre.
Ce fut lorsque Sir Hil'Guidjeck leur expliqua le principe du prochain exercice qu'elle déglutit... La phalange. Elle en avait déjà entendu parler... Pardon, lu dans un bouquin. C'était une technique simple, c'était comme un maillon, les personnes s'emboîtaient pour se protéger les uns les autres. C'était une formation impressionnante quand elle était menée à bien. Et elle en eut l'exemple devant ses petits yeux ébahis.
Les gardes de l'Académie, reconnaissable à leurs affreux surcot orange vif. Bon, cela était un peu atténué par l'attirail d'armure qu'ils avaient sur eux et qui les rendaient plus féroces... Mais cela restait moche quand même. Enfin bref, ce qui fut impressionnant, c'était la façon dont ils se mirent en position et surtout comment ils supportèrent la charge du grand colosse qu'était leur professeur. Lyuuna se dit alors que les gardes, même s'ils avaient des costumes moches, ce n'étaient vraiment pas des gens à embêter.
La suite de l'exercice fut simple, les élèves devaient faire pareil, mais avec les gardes. Et là, la Kaelem redéglutit fortement. Parce que ça allait être compliqué, qu'en plus elle était devant et puis elle était toute fragile, donc ça allait vraiment mal se passer. Mais bon, le sors en était jeté. Maintenant en position. Elle plia légèrement les genoux, se plantant un peu de profil et mit son bouclier à moitié sur elle, l'autre sur son voisin qu'elle ne regarda pas, tellement ses membres tremblaient à cause de l'effort. Parce que, niveau théorique, elle pouvait gérer grave, mais niveau physique, là c'était une autre question.
Bon, maintenant, les gardes allaient les charger. Ok... Nouvelle déglutition. Ne pas avoir peur, non, faire face. Se rassurer, c'était juste des gardes, ils n'allaient pas les tuer, tout va bien. Elle souffla, comme elle avait appris, pour se contrôler. Mais quelques secondes avant l'impact, il y eut un mouvement de foule qui la poussa en avant. Donc, évidemment, elle ne put pas vraiment se retenir et tomba tête la première sur le garde qui, un peu étonné par cet étrange mouvement, leva son bouclier. Lyuuna lui rentra dedans dans un câlin magnifiquement violent ce qui le fit reculer, mais pas chuter. Il la posa sans aucune gentillesse, se redressa et la menaça avec sa grande lance.
Non, les gardes n'étaient vraiment pas des gens à embêter. Et si elle trouvait le ou les plaisantins, ils allaient passer un quart d'heure genre pas cool, avec des tas de Dessins dégueulasse et mérités sur la tronche. Bon, aller debout, fallait bientôt recommencer. Du coup, elle laissa la lance menaçante de côté et se releva pour se remettre dans le rang, prête à recommencer, malgré ses bras qui lui faisaient mal, ses jambes qui la lançaient un peu. Elle regardait le garde d'en face avec une nouvelle force. Une nouvelle volonté. Prête à encaisser la prochaine attaque, même si elle allait sûrement se retrouver encore le nez dans la poussière. |
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| Sujet: Re: C'est la marche des éléphants [Inachevé] Lun 2 Sep 2013 - 0:08 | | | Petit à petit Kleyre avait intégré le rythme de cette marche autour de la fontaine. Elle avait à présent l'impression de presque savoir marcher. Presque. La Kaelem blonde à ses côtés continuait à compter et elle se promit de la remercier lorsqu'ils seraient tous libérés de ce cours. Ce premier cours de combat. Le premier d'une longue série. Et au fond de Kleyre, Kleyran ne pu s'empêcher de frémir.
Plus à l'avant leur professeur corrigeait un élève, et Kleyre pria silencieusement la Dame qu'il ne vienne pas vers leur rang. Elle n'était pas sur d'arriver à continuer à marcher si l'imposante carrure du Maître d'armes se penchait par dessus son épaule. Non, elle était même sure, de se rétamer en beauté s'il la regardait d'un peu trop prêt. Il faut croire que la Dame avait décidé d'être clémente aujourd'hui puisque Locktar Hil'Guidjek sortit de la file sans s'approcher de trop près de la dernière rangée. Kleyre s'autorisa alors à respirer... Et remarqua du même coup qu'elle avait retenu son souffle malgré elle.
Puis l'exercice s'arrêta, et Kleyre dû mobiliser toute sa concentration pour ne pas trébucher sur la personne de devant. Il lui semblait que ses chaussures n'avaient plus de semelles. Ou peut être était-ce ses pieds qui n'avaient plus de plantes. Quoi qu'il en soit, elle aurait donné n'importe quoi pour s'asseoir et plonger ses extrémités meurtries dans l'eau fraîche de la fontaine. Kleyran n'était pas fait pour marcher. Il était fait pour rester assis, immobile dans sa cabine. Et pour nager porté par les éléments déchaînés. Il n'était pas fait pour marcher. Il était un silloneur de flots. Pas un remueur de boue. Sauf qu'à présent, et pour un bon moment encore, il n'était pas Kleyran. Il était Kleyre. Kleyre à l'uniforme bleuté et couvert de terre des Aequor. Kleyre à la longue chevelure tressée poissée de la boue qu'ils avaient soulevé. Kleyre était une combattante. Et il devait se faire à cette idée, aussi pesante et déplaisante soit-elle.
De toute façon, leur professeur ne semblait pas vouloir leur laisser le moindre temps de repos – sans doute ignorait-il jusqu'à l'existence même de cette notion - puisqu'il enchaîna aussitôt sur un second exercice : La phalange. Et à cet instant, Kleyran aurait préféré être mort étouffé dans le parc. A cet instant, il aurait préféré qu'Einar l'ait abandonné à son triste sort. Qu'il n'ait jamais défait le bandeau qui l'empêchait de reprendre son souffle salvateur. A cet instant, il aurait préférait être déjà loin, loin d'ici. Loin du supplice qui allait lui tomber dessus.
Tout en écoutant les explications du Maître d'arme, il pouvait sentir son sang déserter peu à peu ses joues pour alimenter son coeur. Cette énorme pompe qui battait si vite, attirant à lui toute l'hémoglobine de son corps. Si vite qu'il semblait sur le point d'exploser. Il voulu hurler, s'enfuir, s'évanouir. Les trois à la fois. Mais il resta là, à enregistrer. Parce qu'il était Kleyre.
Mais si son corps buvait les mots de Locktar, son esprit lui était déjà ailleurs. Et dans le creux de sa tête, il imaginait. Il imaginait comment tout ca allait se finir. Il pouvait déjà sentir ses os se briser sous l'impact de la garde. Il pouvait entendre le craquement inévitable de son squelette. Humer l'odeur de sa peur, de sa peau se brûlant et s'écorchant contre les graviers. Il imaginait la boue qui envahirait peu à peu son nez, sa bouche, puis ses poumons tandis qu'on piétinerait son crane. Et tout le reste de son être. C'était bien la peine que les Réveurs aient prit tant de soin à réparer ses côtes cassées. Parce qu'il était sur qu'après ca, il n'en resterait plus aucune d'intacte. En espérant qu'il soit toujours en vie.
Il sentit que son corps avançait, se dirigeant de lui même vers l'épilogue de son existence. Il maudit alors tout ce qu'il lui passait par la tête. Cette fichu malchance, ce karma moisi qui l'avait conduit là. Dans cet académie, où sous l'apparence d'une autre, il allait se faire massacrer. Tout à coup, il aurait préféré que le professeur passe dans son rang, qu'il se ridiculise devant lui, si ca pouvait lui éviter une si terrible fin. La Dame devait bien se foutre de sa tronche depuis son coin du ciel. Se vengeant de celui qui fuyait sa mer. Au fond de lui, il voulu maudire Eiluun, mais se rappela que ce n'était pas sa faute. Qu'elle n'avait jamais rien demandé à personne. Pas plus qu'Ambre. Non, en fait il était le seul à avoir voulu porter tout ca sur ses épaules. Il était le seul à blâmer pour s'être cru suffisamment fort pour tout ca. Oui, c'était juste sa faute à lui. Pas celle de la Dame. Pas celle du Dragon. Juste la sienne. Et à cet instant, il se dit qu'il aurait peut être du rester avec Terra.
Elle sentit au bout de son bras le poids de son bouclier, mais il n'y prêta pas attention. Il s'imaginait vivant avec la jeune femme parfois si étrange. Il s'imaginait cultivant des plantes et préparant des mixtures douteuses à longueur de journée. Bouffant des racines, des légumes et de la viande de siffleur. Se cachant jusqu'à la fin de ses jours, sans jamais revoir sa mer. Ni sa mère. Ni sa soeur. Terré avec Terra.
Elle était à présent au milieu de la phalange. Juste à côté de la fille qui comptait les pas. Dans un sursaut de demi conscience, il se dit qu'il ne pourrait jamais la remercier. En face de lui les soldats chargèrent. Dans le corps de Kleyre, Kleyran ouvrit les yeux. Il allait mourir. Pour de bon cette fois.
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