Première rencontre [Inachevé]

Méline était arrivée il y a deux jours dans l'Académie. Elle n'avait pour l'instant suivi aucun cours. Elle avait passé les dernières heures dans sa salle de bain a utiliser tous les produits de beauté que ses parents lui avaient envoyés, et a liquider des tablettes de chocolat que les cuisiniers lui avaient gracieusement offertes. Un excellent chocolat, soit dit en passant.
L'Académie était gigantesque et Méline avait pris plaisir a l'explorer. L'endroit qu'elle préférait, hormis la cuisine bien entendu, était le toit. Ou plutôt LES toits. Déserts et tranquilles, ils lui offrait un moment de sérénité après une journée de marche dans le grand bâtiment. Et de leur sommet, on pouvait voir une multitude de choses.
Ce matin là, elle y était monté après un bon petit déjeuner bien garni, de la confiture et du beurre de siffleur accompagné d'une énorme part de gateau au citron, et avait commencé à somnoler.
Ses parents avaient résisté pendant de bonnes semaines avant de la laisser partir. Méline savait qu'elle leur avait brisé le coeur et cela lui faisait mal, mais quelque chose de plus fort encore la poussait a suivre un enseignement marchombre. Depuis qu'elle avait compris la véritable signification de ce mot.
Elle était là, à rêvasser lorsqu'un toussotement la réveilla. Elle se retourna précipitamment, pas réellement apeurée mais plutôt surprise. Devant elle se tenait une homme un peu plus vieux qu'elle, des cheveux d'un blanc irréel mais tranchés par trois mèches brunes. Le visage bien taillé et peu expressif, il la fixait d'un oeil calme.

- Désolé de t'avoir fait peur, c'était pas volontaire.

Elina sourit, et fixa son regard d'un brun profond dans celui bleu clair de son interlocuteur.

- Je m'appelle Kirfdéin, mais mes amis m'appelent Kirf.

Kirfdéin. Un nom pas commun, mais qui allait comm un gant eu jeune homme enface d'elle. D'un geste souple et mesuré au millimètre, Kirfdéin s'assit à côté d'elle, les jambes pendantes dans le vide.

- Belle vue, n'est ce pas? Une vue réservée aux marchombres. Car j'imagine que tu en es une, non?

Méline nia d'un signe de tête en jetant un coup d'oeil au-dessous d'elle.

-Mon nom est Méline, et je ne suis pas marchombre. Pour le moment du moins car je suis arrivée avant-hier. Par contre, vous avez raison, içi la vue est splendide.

Un court instant s'écoula, avant que la jeune fille ne poursuive sa phrase.

-Vous vous êtes approché de moi sans un bruit et vous me faites penser à quelqu'un que j'ai rencontré il y a peu. Vous, vous êtes marchombre, sans aucun doute. Un maître peut-être?

En attendant la réponse de l'homme aux cheveux de neige, Méline passa sa main droite dans ses cheveux foncés, saisit une mèche bouclée et joua avec un instant. La présence de l'homme à ses côtés était apaisante, il dégagait un aura de calme et de confiance en soi surprenant. Méline l'aimait bien.
Le toit était glacé mais la jeune fille n'était pas dérangée par cette sensation et doucement, elle s'allongea, pendant que des flocons commençaient a tomber.

-Edit à volonté surtout-

Méline laissa la question en suspens pendant quelques secondes, puis répondit.

-Oui, un marchombre. Je l'ai croisé dans une auberge. Il était de taille moyenne ,ne vous ressemblait pas vraiment au niveau du physique et je ne l'aurait pas remarqué si il ne m'avait pas parlé. Ça a été très bref, mais il y a eu quelque chose. Un déclic. Comment l'expliquer... C'était vraiment fort, et je pense que c'est l'élément majeur de mon arrivée dans cette Académie.

Oui, cette rencontre avait été décisive. La discussion rapide entre l'homme et la jeune fille dans l'auberge avait relevé une manière de penser différente de celle qu'elle avait apprise. Une philosophie beaucoup plus profonde, qui ne se limite pas aux responsabilités envers le peuple. Une philosophie faite d'Harmonie.
Puis l'homme était parti, et à l'aide d'un couteau avait gravé un mot sur la table de l'auberge. Un mot-clé. Marchombre.

Un flocon minuscule vint se poser sur le dos de sa main, et avant qu'il fonde, la jeune fille eut le temps d’apercevoir les multiples branches et entrelacs de la goutte glacée, avant qu'elle ne se transforme en eau.
Le temps commençait à se couvrir et la neige se faisait de plus en plus forte. Le lac visible du toit était gelé, et Méline se prit a vouloir aller patiner dessus.
Elle se rassit et se pencha dans le vide, observant les aller-retours des élèves et professeurs pressés. Cela ne la changeait pas vraiment d'Al-Jeit, ici aussi tout le monde était agité, la ville était semblable à une fourmilière.

-Vous êtes maître depuis peu, avez-vous un ou une apprenti?

La question était peut-être indiscrète mais tan pis. Une idée commençait à prendre forme dans la tête de la jeune fille. Elle aimait bien le jeune homme, il était maître marchombre et avec un peu de chance, n'avait pas d'apprenti. Lui proposerait-il de la prendre pour élève?
Mais la jeune fille n'osait pas faire preuve d'optimisme de peur d'être déçue.

-un peu court DSL-

Ainsi donc, Kirfdéin n'avait pas d'apprenti. Cela arrangeait les choses, mais la jeune Kaelem vit bien que l'homme aux cheveux blancs hésitait. Elle ne pouvait pas lui en vouloir. Être maître marchombre est une responsabilité, même plus, une manière de penser. La décision d'enseigner à un apprenti comment débuter sur la voie ne se prend pas à la légère.
Si seulement il pouvait lui demander de lui offrir les trois années nécessaires pour l'apprentissage, elle le suivrait. C'était la plus certaine des choses, plus certaine que le fonctionnement de la terre.
Encore fallait-il qu'il lui demande.

- Viens, suis moi.

Méline lui lança un regard interrogateur auquel Kirf' ne prêta aucune attention. Il se leva d'un bond léger et lui fit traverser l'Académie. Il semblait bien la connaitre car il n'hésita pas un instant à chaque intersection de couloirs. Des élèves pressés couraient sans les regarder, se dépêchant pour ne pas arriver en retard à leurs cours.
Ils sortirent dehors, le froid du vent mordant les joues roses de la jeune fille. Elle portait l'uniforme de l'Académie, pas les habits de cuir dont sont vêtus les marchombres qui se respectent. Elle allait devoir en acheter un des ces jours, autant que les sommes exagérées que ses parents lui envoient servent à quelque chose.
Ils prirent la direction du lac d'Al-Poll.En arrivant sur place, Méline se rendit compte qu'il avait gelé. L'étendue glacée s'étendait sur plusieurs centaines de mètres.

Kirfdéin s'approcha du rebords du lac et s’avança. Un seul craquement se fit entendre quand il posa un pied sur la glace. C'est tout. Il fit environ dix pas sans aucun bruit puis se retourna vers la jeune Kaelem.


- Un marchombre sait se faire aussi léger qu'une plume. Une plume ne brise pas la glace quand elle se pose dessus. Viens, rejoins-moi.

Méline ferma les yeux. Elle risquait de finir trempée et glacée, mais il fallait qu'elle réussisse. Si elle y parvenait, peut-être lui proposerait-il de le suivre pendant trois ans. Il fallait tenter le tout pour le tout.

Quand elle posa son pied droit sur la glace, elle vit que l'épaisseur de la couche solide était beaucoup plus fine qu'elle croyait. Ca allait finir en bain d'hiver.

Elle avança, mais l'eau commençait à apparaître en surface et ses chaussures étaient trempées. Encore un pas, puis un autre, et un autre, mais la masse de Méline était trop lourde malgré ses efforts pour se faire légère comme une plume. Ce fut le prochain pas qui eut raison d'elle. La glace se fendit en un craquement sonore et la jeune fille se retrouva embourbée dans de l'eau et de la vase jusqu'au menton. Froid.

Les lèvres bleues et le corps meurtri elle sorti de l'eau du mieux qu'elle put, et s'assit sur la berge. Kirf' était encore sur le lac, insensible. Ne voulant pas se dégonfler devant lui, elle réessaya de marcher sur le lac. Sans amélioration, elle finit une fois de plus trempée.

-Je... Je n'y arr...arrive p...pas...p...pour l'instant.

Grelottante, elle attendit la réponse du jeune marchombre. Il n'allait surement pas la prendre pour élève, elle était trop grosse, n'avait pas le physique commun aux arpenteurs de la Voie. Elle était nulle. Nulle et trempée jusqu'aux os.

[Edit à volonté]