Mais qui, de l'encre ou de la plume, aura bercé ton coeur, traçant le parchemin de ta vie en couleurs ? [Inachevé]

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C'était la première fois que Dylan pénétrait dans bibliothèque. À bien y réfléchir, ce n'était guère surprenant, dans la mesure où elle n'avait jamais véritablement goûté au plaisir de la lecture. Cependant, sa récente rencontre avec Joyce et la discussion qu'elles avaient eu avaient aiguisé sa curiosité, l'incitant à se rendre elle-même dans ces lieux dont, auparavant, elle doutait même de l'existence.

C'était un jour de grisaille, un de ces après-midis nuageux qui ne se prêtent guère aux promenades. Le matin, elle était tout d'abord allée aux écuries pour sa visite quotidienne à Flocon de Soie, puis, n'ayant pas rendez-vous avec Kirfdéin puisqu'il devait sans doute s'occuper de Méline, avait poussé son exploration jusqu'à la forêt. Elle était restée à la lisière des bois durant une petite heure, et se serait certainement engagée plus allant si il n'avait pas commencé à pleuvoir. Lorsque les nuages avaient lâché leurs premières gouttes, elle avait quitté le couvert des arbres pour rentrer à l'Académie, pataugeant de bon gré dans la boue qui lui montait parfois jusqu'aux chevilles.

Le reste de la matinée s'était écoulé avec une lenteur étouffante, et elle avait accueilli le repas de midi avec soulagement. D'ordinaire, elle n'appréciait guère manger dans la Grande Salle à cause de son atmosphère pesante, remplie de bruits de bavardages, de sons de couverts qu'on entrechoque et d'odeurs de nourriture en tout genre. Mais le dortoir et la salle commune des Kaelems, une fois que l'on en avait fait le tour, n'offraient que peu de distractions. Aussi, une fois son déjeuner terminé, avait-elle décidé de partir à la découverte de l'Académie. S'étant pour l'instant essentiellement cantonnée à l'Aile principale, elle résolut de traverser la Cour de la Fontaine afin de rejoindre les autres bâtiments. Ce qu'elle y vit la déçut légèrement. Des couloirs, des escaliers, des salles de classe. Rien de très différent, en somme. Par hasard, elle tomba sur la salle d'armes dans laquelle s'entraînaient des élèves combattants qu'elle observa durant un petit moment, puis revint sur ses pas et, après avoir tourné en rond une bonne demi-heure, finit par retourner à son point de départ. À savoir le rez-de-chaussée de l'Aile principale de l'Académie.

Et puis, en montant les marches la menant au quatrième étage, une idée avait traversé son esprit. Et si, au lieu de s'ennuyer le restant de l'après-midi, elle allait faire un tour à la bibliothèque ? Elle ne savait pas exactement où celle-ci se situait mais un groupe de Teylus passa devant elle, avec d'épais ouvrages dans les bras, et elle n'eut qu'à leur emboîter le pas.

La pièce devant laquelle elle arriva était beaucoup plus grande qu'elle ne s'y attendait. Pour être exact, il ne s'agissait même pas d'une pièce, mais d'une succession de salles, toutes plus immenses les unes que les autres. Et, évidemment, remplies de rayonnages, qui eux-mêmes étaient remplis de livres. Elle erra un instant entre les étagères, effleurant parfois du doigt les reliures de cuir ouvragé. Le silence qui y régnait lui plut, et elle décida d'y rester. Soudain, un titra attira son attention, et elle se saisit du manuscrit aux pages enluminées jaunies par le temps et le frôlement de toutes les mains qui l'avaient saisi.

De la poésie. Ce fut la première chose qu'elle remarqua. Arquant un sourcil, elle déchiffra un poème qu'elle choisit au hasard en remuant doucement les lèvres :

Va, chanson, à titre-d'aile
Au-devant d'elle, et dis-lui
Bien que dans mon coeur fidèle
Un rayon joyeux a lui,

Dissipant, lumière sainte,
Ces ténèbres de l'amour :
Méfiance, doute, crainte,
Et que voici le grand jour !

Longtemps craintive et muette,
Entendez-vous ? La gaîté,
Comme une vive alouette,
Dans le ciel clair a chanté.

Va donc, chanson ingénue,
Et que, sans nul regret vain,
Elle soit la bienvenue
Celle qui revient enfin.

Elle s'apprêtait à en lire un second lorsque quelque chose tomba sur son pied. Un livre. Lourd. Très lourd.

Elle referma aussitôt le sien et leva vivement la tête. Devant elle se tenait une jeune femme vêtue d'un uniforme d'un bleu flashi, qui l'observait avec sourire un peu honteux. La marchombre se baissa alors pour récupérer l'ouvrage et le lui tendit :

- Tiens. Je suppose qu'il est à toi ?

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Ses journées étaient un peu trop bien remplies. La jeune dessinatrice ne s'en plaignait pas, mais inconsciemment elle cherchait souvent un moment tranquille où faire autre chose que réviser ses cours. Elle commençait à désespérer de pouvoir se changer les idées lorsqu'un cours d'histoire fut annulé. C'était l'occasion idéale pour visiter un peu mieux l'académie, elle en était persuadée. Elle commença donc sa ballade, fouinant les moindres recoins dans l'espoir de découvrir quelque chose de nouveau. Un peu déçue de ne trouver ni passages secrets ni tableaux mystérieux, elle finit par prendre le chemin du lieu où elle se sentait le plus à l'aise ; la bibliothèque. Habituée à manier les livres, elle n'en avait cependant jamais vu une telle quantité avant d'arriver à l'académie.

L'endroit était vide, comme la plupart du temps. La bibliothécaire n'était pas visible. Syriane passa une petite demi-heure à choisir un livre. Le choix était trop large et la laissait ahurie, elle aurait aimé pouvoir tous les lire mais doutait que cela soit possible. Ce fut un vieux roman illustré qui attira son attention ; une histoire de dessinateurs ayant fait le tour du monde. Elle se rendit compte qu'elle n'était plus seule et jeta un coup d’œil à l'apprentie marchombre à ses côtés. Alors qu'elle mettait le livre sous son coude, elle aperçut un peu plus loin une couverture sobre sur laquelle était écrit en lettres dorées : Anciennes Croyances. Sa curiosité piquée, elle se mit sur la pointe des pieds et tenta d'attraper le livre. Alors qu'elle parvenait à le tirer de son emplacement, il glissa entre ses doigts et tomba avec fracas à ses pieds. Non, pas à ses pieds... sur celui de l'autre apprentie. Les joues de la jeune femme se teintèrent brusquement, embarrassée par la maladresse dont elle avait fait peur, et elle tâcha d'avoir l'air désolée plutôt que consternée. L'apprentie marchombre ramassa le livre et Syriane l'accepta avec un sourire.

« Merci... Il m'a un peu échappé. Pas trop de mal ? »

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Dylan inclina la tête au remerciement de la jeune femme tout en la détaillant furtivement du regard. Des cheveux châtain mi-longs, des yeux dont le bleu saphir lui rappela les iris azurs de sa mère. Sa toilette était fort simple, comme toutes les toilettes de l'Académie puisque chacun de ses membres était tenu d'être vêtu d'un uniforme adapté à son rang d'élève, de professeur ou de domestique. Elle-même tira d'un geste machinal sur son propre habit carmin à la couleur si repérable, et elle soupira discrètement.

La jeune fille s'étant excusée et ayant retrouvé son ouvrage - dont le tire qu'elle avait eu le temps de déchiffrer la laissait légèrement perplexe -, elle s'apprêtait à retourner à sa lecture quand un élève les dépassa en trottinant, d'épais grimoires sous les bras. Dylan put l'éviter d'un mouvement du buste mais l'Aequor, qui ne l'avait pas vu ni entendu arriver, se fit bousculer et serait tombée contre les rayonnages si l'apprentie marchombre ne lui avait saisi le bras. Lorsque cette dernière releva le visage, elle arrêta d'une main les excuses qu'elle devinait prêtes à fuser tandis que son interlocutrice se retournait pour ficher dans le dos du garçon qui continuait sa course un regard qui aurait sans doute terrifié le plus valeureux des guerriers de la Légion Noire, et peut-être même l'Empereur en personne. Quand celui-ci se fit sèchement interpeler par la bibliothécaire, elle esquissa un sourire triomphant, victorieuse, avant de concentrer à nouveau son attention sur Dylan dont le visage impassible s'était agrémenté d'un soupçon d'amusement.

Ses yeux gris-bleu effleurèrent les siens et, l'espace d'un instant, elle se demanda quel enseignement elle pouvait suivre. Pas marchombre, elle en était persuadée, car elle ne serait alors jamais laissée prendre par surprise par le jeune homme qui lui était rentré dedans. Guerrière, alors ? Elle n'en avait guère la carrure, mais peut-être était-elle nouvelle à l'Académie. Il restait ensuite l'option de Dessinatrice et, en visualisant mentalement la frêle silhouette de Joyce, elle compara durant un bref moment sa timide allure emplie de réserve et d'effacement à l'air à la fois déterminé et volontaire de sa compagne.

- Je suis Dylan. Dylan Gil'Zandiar.

Un peu étonnée de brusque changement de sujet, l'autre la fixa durant une longue seconde sans répondre, avant d'ouvrir à son tour la bouche.

[J'ai fait un peu réagir ton perso, donc si problème, MP bien sûr !]

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Quand ce bougre d'idiot d'élève la bouscula, elle crut que ses nerfs allaient la lâcher ; non seulement elle se sentit ridiculisée d'être ainsi aidée par une parfaite inconnue à rester sur pieds, mais en plus l'autre continua son chemin comme si de rien était. Quel incapable, gronda-t-elle intérieurement. Mais voilà que la documentaliste s'adressait à lui pour le sermonner. Un sourire de profonde satisfaction étira ses lèvres. Justice était faite.

Elle s'apprêtait à se détourner, ses deux livres sous les bras et sans autre forme de politesse, quand la jeune Kaelem se présenta. Perplexe, Syriane la fixa un moment, sans réaction. Elle songea qu'il était peut-être temps de se faire des connaissances, après ces quelques semaines passées à l'académie, et lissa son manteau d'un geste distrait avant de répondre.

« Syriane Sil'Kaï. Mais la plupart des gens finissent par m'appeler Sy, c'est inéluctable. »

Elle se rendit compte un peu tard de son ton solennel, comme si elle se présentait à quelque personnalité éminente. Elle secoua légèrement la tête, s'éclaircissant les idées. Hors de question que ses manières d'aristocrate reprennent le dessus. Elle n'était pas à l'Académie pour reter la fille gâtée qu'elle avait toujours été. Il était grand temps que cela change et qu'elle se fasse des amis autrement qu'en pavanant. La jeune fille avait l'air très sympathique et ouverte, contrairement à pas mal d'élèves qu'elle avait déjà croisé. Elle se demanda un instant comment ses parents auraient réagis en la voyant parler familièrement à quelqu'un dont elle ne connaissait rien ; ils auraient sans doute été indignés. À cette idée, un sourire narquois étira ses lèvres, qu'elle effaça rapidement de crainte que Dylan ne se sente visée.

« Qu'est-ce que tu lis ? Si ce n'est pas indiscret, bien sûr. »

[No problem, mais n'en use pas de trop quand même (:]

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[C'est noté, je ferai attention la prochaine fois ! Par contre, je ne sais pas si tu as lu sa fiche de présentation, mais Dylan n'est pas à proprement parler une "jeune fille très sympathique et ouverte"... Je suis parfois obligée de lui faire prendre quelques initiatives pour faire avancer un peu le RP, mais essaie de ne pas la montrer trop chaleureuse pour autant Wink

]

La jeune femme se présenta à son tour sous le nom de Syriane, et Dylan allait juger le moment opportun pour tourner les talons quand l'autre rajouta quelque chose en désignant son livre. Ce qu'elle lisait ? Elle resta un instant muette avant d'enrouler d'un geste machinal une mèche de ses cheveux corbeau échappée de sa queue de cheval autour de son doigt.

- De la... poésie.

Son visage impassible se tourna vers les rayonnages disposés à sa droite et elle esquissa un mouvement dans leur direction avant de se raviser brusquement, préférant ouvrir à nouveau le recueil. Du coin de l’œil, elle vit l'ombre de Syriane se déplacer afin de venir se placer à ses côtés.

L'eau claire ; comme le sel des larmes d'enfance,
L'assaut au soleil des blancheurs des corps de femmes ;
La soie, en foule et de lys pur, des oriflammes
Sous les murs dont quelque pucelle eut la défense.

Il ne s'agissait là que de la première strophe du poème mais elle tourna aussitôt la page, tentant sans succès de maîtriser les convulsions qui avaient saisi sa main. La froideur de la peau de Syriane lorsqu'elle l'effleura de sa paume la fit tressaillir.

Le loup criait sous les feuilles
En crachant les belles plumes
De son repas de volailles :
Comme lui je me consume.

Les salades, les fruits
N'attendent que la cueillette ;
Mais l'araignée de la haie
Ne mange que des violettes.

Cette fois-ci, elle referma l'ouvrage, sans brutalité, mais ne marqua aucune hésitation dans ses mouvements alors qu'elle le rangeait entre deux apparentes antiquités dont le cuir craquelé menaçait de s'effriter au moindre contact. À présent, elle avait honte de sa brève faiblesse, du long frisson qui l'avait parcourue, de ce frémissement qui avait secoué ce corps rompu aux coups et à l'effort et que de simples vers avaient suffi à ébranler. L'émotion qui l'avait saisie ne lui plaisait pas et, plus que cela, lui faisait peur. Cependant, seule une très légère crispation de la mâchoire trahissait ses dents serrées quand elle se tourna en direction de Syriane pour la toiser avec une certaine méfiance. Puis, ayant avisé deux fauteuils calés contre un mur, elle décida de les rejoindre, ne se retournant pas une seule fois. Dylan ignorait si la jeune fille déciderait de lui emboîter le pas, mais aucun sourire ne vint entacher sa carapace lorsqu'elle prit place sur l'un des sièges. À bien y réfléchir, l'atmosphère de la bibliothèque commençait à l'oppresser. Même les nuages ne l'empêcheraient pas de sortir de cette pièce chargée de l'odeur âcre et lourde de ces grimoires poussiéreux oubliés de tous.

[La fin, surtout, n'est pas d'une très grande qualité, désolée, l'inspi ne venait pas Embarassed

...]

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