Un papier, deux papiers, trois papiers. Un crayon, un stylo, deux plumes, trois encriers.. Une lettre.
En-fin ! He did it ! L'Intendant did it ! Il a... rangé son bureau ! Quelle mesure des plus désespérées il avait entreprise, le Jehan, lorsqu'il s'était rendu compte, le matin-même, en rentrant dans son local chéri, qu'il ne pouvait tout simplement pas poser les pieds sur le sol sans prendre le risque d'écraser un feuillet, de faire agoniser un formulaire ou d'ôter la vie à une liasse administrative. Bien sûr, il avait fallu du temps pour tout accomplir.. mais c'était tellement beau, propre, ça sentait le neuf, le vif, le nouveau, l'entreprenant, le boss, le directeur-en-chef, l'Intendant, quoi. Ca faisait un bien fou.. Des tableaux en vrac sur les murs, des cadres de travers et des traces de diverses tisanes-qui-avaient-fait-un-vol-plané-sur-le-papier-peint, il ne restait rien. Rien que quelques tableaux bien en ordre, représentant qui l'Arche, qui Al-Jeit, qui un magnifique paysage d'automne. Les murs étaient d'une propreté rigoureuse, on les aurait dit peints de la veille. Le sol, autrefois jonché de toutes sortes d'objets hétéroclites et plus ou moins utiles, était d'une propreté impeccable. La moquette avait été nettoyée parfaitement et ses couleurs contrastaient avec le blanc des murs. Des tonnes d'étagères courant contre les parois, plus qu'une seule, à sa gauche. Importée directement d'un grand ébéniste d'Al-Poll, elle portait en son sein tiroirs et cavités, parfaitement rangés. Les dossiers étaient rangés au millimètre, et quelques bibelots flambants décoraient le plateau, ajoutant une certaine touche chaleureuse à l'ensemble. Une plante aromatique trônait sur le rebord de la fenêtre étincelante.. Mais le plus étonnant, c'était l'armoire et le bureau. De l'armoire pleine à craquer de documents en vrac et d'autres objets dont il valait mieux ignorer l'existence, plus-rien ! Il fermait parfaitement, et lorsque l'on ouvrait les deux battants propres comme des sous neufs, le tout était tellement bien rangé qu'on les aurait dit installés d'hier. Et le bureau, per la madona.. Ni-ckel. Un encrier, une plume, un bloc de papier à lettre, un buvard. C'était tellement.. jouissif. De s'asseoir à ce bureau, dans un grand fauteuil cuir capitonné, avec des accoudoires, un grand dossiers, des roues pour pouvoir accéder zzzzzzoum ! Comme l'éclair, à son étagère. Youhou, avait-il envie de crier. Ca lui avait pris la journée, mais le résultat en valait décidément la peine.
Et en plus ! On venait de frapper à sa porte ! Pour étrenner son bureau rangé à la perfection, quoi de mieux qu'une petite répartition pour se remettre au travail, n'est-ce pas ? Aussi, s'installant confortablement, le dos bien droit, à son bureau, d'un ton professionnel, l'Intendant Jehan Hil' Jildwin somma à la personne qui attendait derrière la porte d'entrer. Et alors qu'elle parlait, se présentait et exposait ses envies, l'homme lui indiqua un siège en face de son bureau, de sorte qu'elle puisse prendre ses aises et l'avoir en face. D'un geste habitué, l'Intendant se leva rapidement, ouvrit son armoire, et crac! En une demi-seconde, il avait le bon dossier en main ! Si ce n'était pas merveilleux ça Madame.. Après s'être rassis - et avoir refermé l'armoire, mais ça, ça coulait de source-, il s'éclaira la gorge, et prit sa plume entre deux doigts, professionnel :
- Bien le bonjour, mademoiselle Demester. Je suis Jehan Hil' Jildwin, Intendant à l'Académie de Merwyn, et je suis celui qui se chargera de votre intégration au sein de notre personnel. En consultant votre dossier, il m'est apparu que vous avez déjà passé les tests nécessaires pour nous prouver que vous avez le talent requis pour être acceptée dans notre école ! Nous manquons d'ailleurs de professeurs, bien qu'une demoiselle ait bien voulu reprendre le poste depuis peu, mais je dois vous avouer qu'une personne de plus ne serait pas de refus. Aussi, si vous le voulez bien, j'aimerais savoir ce qui vous pousse à être enseignante dans notre Académie, et à postuler pour être palefrenière..
Rhalala, ce que ça pouvait en jeter d'employer c'ton là, sacrebleu ! Pour un peu, Jehan Hil' Jildwin se serait pris pour l'Empereur, tant il se sentait.. professionnel - pour pas changer.
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