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 Toi à gauche, moi à droite et nous tout droit dans le mur [Terminé]

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Shawna Djee
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MessageSujet: Toi à gauche, moi à droite et nous tout droit dans le mur [Terminé]   Toi à gauche, moi à droite et nous tout droit dans le mur [Terminé] Icon_minitimeDim 26 Déc 2010 - 19:30

[Infirmerie =>]

- La nourriture, c’est en bas, mon vieux. M’enfin j’ai jamais visité cet étage en fait, ça se trouve y a que des placards remplis de bouteilles et de miches de pain.

Shawna s’approcha de la première porte, plissant les yeux en voyant l’inscription qui l’affublait ; puis elle haussa les épaules et poussa le battant de l’épaule sans se poser de questions. Elle ne savait pas lire, alors s’ils ne voulaient pas qu’elle entre, ils n’avaient qu’à faire un dessin. Genre un gros cercle rouge, avec une barre blanche au milieu ; ça, au moins, ça aurait été clair et net. Un piranha ou une plante d’Hulm, aussi, ça aurait été pas mal. ‘Pas passer ou j’te bouffe.’ Et puis comme ça les apprentis auraient pu s’amuser à rajouter une barbe au piranha et des yeux à la plante, ça aurait été beaucoup plus amusant qu’essayer de déchiffrer ce qui pouvait bien être écrit. Ne savaient-ils pas que les trois quart des académiciens étaient des élèves roturiers sans aucune éducation ?

Shawna déboula à l’intérieur, et comprit soudain l’intérêt du panonceau ; apparemment, elle était dans des appartements. Qui appartenaient à quelqu’un. Dont le nom devait être sur la porte. Et qui la regardait d’un air étrange, visiblement surprise qu’on entre chez elle avec si peu de prévenance, son bouquin toujours ouvert devant elle.

- Youps, trompés de porte, demi-tour !

Et Shawna ressortit en vitesse sans laisser le temps à Kylian d’entrer aussi, et ferma la porte derrière elle.

- On va en essayer une autre, hein.

Mais alors qu’ils marchaient tout le long du couloir, Shawna remarqua le même rectangle sur toutes les portes, les lettres gravées dessus étant les seules à changer.

- Appartement de prof, appartement de prof, appartement de prof… Mais ils sont combien ici !?

Shawna jeta un coup d’œil au bout du couloir ; du monde s’y affairait, et l’itinérante se souvint de ce qu’on lui avait dit, en bas, quand elle cherchait encore l’infirmerie.

- Ah, oui, l’incendie, apparemment le 3ème étage est condamné. Demi-tour bis, sinon on va se retrouver de corvée de déplaçage de poutres calcinées. On prend une porte au hasard alors ?

Shawna colla son oreille contre l'une d'entre elle, entendit du bruit, passa à la suivante. Silence radio spire.

- La voie a l’air libre. J’ai bien envie de savoir à quoi ressemble l’appart’ de mes futurs profs – ou pas d’ailleurs mais – juste pour voir. Tu crois qu’ils ont des trucs à cacher, ou ils sont des modèles d’honneur et d’intégrité ?

Et elle écrasa à nouveau le battant de son épaule. Sans effet. Encore. Encore. Soupirant, Shawna se décida enfin à tourner la poignée – qui ne voulut pas tourner, malgré les gestes frénétiques de l’itinérante. Fermée à clef.

- J’ai vraiment pas de chance, moi.

Elle finit pourtant par trouver une porte qui voulait bien s’ouvrir et derrière laquelle ne se cachait aucun adulte choqué, et laissa échapper un « c’est pas trop tôt » en entrant à l’intérieur, avant de s’arrêter en plein milieu de la moquette, les yeux ouverts grands comme des soucoupes.

- Wow.

L’habitant du deuxième étage était apparemment un excentrique. Pas malin, déjà, puisqu’il laissait ses portes ouvertes, mais excentriques à souhait, aussi. La musicienne attrapa une cuillère, joua avec entre ses doigts avant de la reposer dans le service à thé placé sur la table basse, regarda la couleur et les motifs du tissu des fauteuils d’un air perplexe et jeta un coup d’œil aux pantoufles roses à moitié dissimulées par une robe de chambre jetée sur une chaise. Avant de tendre la main vers un chapeau haut de forme et d’enlever ses foulards pour les remplacer par ledit couvre-chef.

- Ok, celui-là, il est zarb. Ou celle ?

Certains éléments portaient à confusion, mais elle ne saurait sûrement pas la réponse de suite. Shawna attrapa alors un paquet de biscuits à côté de la théière, et le jeta en direction du jeune homme.

- T’avais raison, y a à manger en fait. J'pense pas qu'un paquet de biscuit lui manque, mais si tu préfères pas, t'as qu'à le reposer.

Puis ses yeux glissèrent sur les tâches de sang sur la moquette, qui apparemment n’étaient pas parties malgré un frottement intensif.

- …Blagues sur les raïs mises à part, tu pourrais m’dire ce qu’il s’est passé ici, en fait ? Plus ça va et plus j’me pose de questions.

Kylian Holin
Kylian Holin
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MessageSujet: Re: Toi à gauche, moi à droite et nous tout droit dans le mur [Terminé]   Toi à gauche, moi à droite et nous tout droit dans le mur [Terminé] Icon_minitimeMer 29 Déc 2010 - 0:43

    Suivant son instinct guerrier, Kylian se faufila juste derrière la jeune femme tandis qu' elle se rapprochait de la première porte. Curiosité ou non, il voulait être au premières loges lorsqu' elle ouvrirait la porte, ce pour quoi elle était plutôt bien parti, vu la volonté qu' elle mettait dans chacun de ses pas vers elle.
    C' était une salle de quoi ? Que contenait elle ?
    Il n' eu malheureusement pas le loisir de lire l' inscription qui l' ornait, Esméralda lui cachait la vue, elle même n' éprouvant que peu d' intérêt pour la petite plaque de métal. Vu avec la détermination avec laquelle elle ouvrit la porte, le jeune garde ne douta pas une seule seconde qu' elle l' ait lu puis déchiffré. A tout les coups ce devait être une salle super ! Ptetre une sorte de réserve de victuailles, ou un bureau secret rempli d' anecdotes ou de trucs compromettants sur ses résidents qui sait ? En tout cas, surement pas ce sur lequel elle semblait être tombée.
    Elle referma la porte aussi brusquement qu' elle l'avait ouverte, avec en plus de cela un sympathique petit sursaut en arrière qui eu pour effet de faire percuter la mâchoire du jeune homme avec l'arrière du crane de la jeune femme.
    Même pas mal :na:

    Tandis qu' il se frottait la mâchoire en grommelant - Apparemment, il avait du être le seul à souffrir, voir même ressentir le choc,, remarque, vu la couche de tissu qu' elle avait sur la tête, c' était pas étonnant...- 'Sa Reine' fila comme le vent inspecter les autres pièces, pour en revenir a la même conclusion.


    - Bha Jsais pas ! Comptes les portes, on verra bien.


    A peine eu-t-il le temps de finir sa phrase qu' elle avait déjà filé à l' autre bout du couloir, pour en revenir aussi sec.

    * Incendie ? Quel incendie ? Ah si oui c' est vrai...*

    Kylian acquiesça avant de lui emboiter le pas et de poser lui aussi son oreille contre la porte. Enfin virtuellement quoi, étant donné qu' elle lui barrait le chemin et prenait toute la place.

    Dans un petit sourire sadique, Kylian se frotta les mains. Terrifiant

    - Modèles d' honneur et d' intégrité hein...

    Le jeune garde se prit à rêver. S' il parvenait à trouver THE trucs compromettant, alors on ne pourrait plus rien leur refuser ! A eux les repas de rois à la place de la viande coureur carbonisée, a eux les meilleurs matelas qui ne grincent pas, les pauses gouter pendant les tours de garde ou les cours, aaaaaah, le pied totale quoi. Encore fallait-il le trouver ce dossier.
    Revenant brusquement sur terre, Kylian se rapprocha de la non-académicienne qui venait visiblement de tomber sur une porte fermée. Ah, c' est vrai que la logique voulait que l' on ferme sa porte lorsqu' on est pas la. Ça allait pas vraiment les arranger dans leur affaire ca tient...
    Mais Oooooh ! miracle ! le porte suivant fût la bonne.
    Devant l' air perplexe d' Esméralda, le jeune homme se glissa derrière elle sur le perron.


    -Ah.....ok


    Sa réaction lui semblait tout à coup plus...justifiée.

    La c' était même plus de l' originalité c' était carrément de l' extravagance !
    A première vu, tout portait à croire que ce fut la chambre d' une résidente.
    Peut être à cause des sublimes pantoufles roses a demi caché sous un fauteuil lui même orné de magnifiques heu...grosses fleurs au couleurs un peu défraichis ?
    Sauf que certains points portaient à confusion. A t-on déjà croisé des femmes porter un haut de forme ? ou encore avoir une pointure de pied si... développé ? Rarement en fait, c' était plutôt typiquement masculin.
    Le jeune homme se rapprocha d' une étagère et saisit le flacon qui se trouvait négligemment installé dessus. Un Gwendop masculin à la fraise.
    Sans quitter le flacon des yeux, Kylian répondit vaguement à sa reine.


    - J' crois que c' est un mec en fait. Son savon l' a trahi.


    Le jeune reposa ensuite le petit flacon juste à temps pour rattraper le paquet de gâteau qu' Esméralda avait prit soin de lui envoyer à la figure, profitant du fait qu' il ait le dos tourné.
    Le jeune homme inspecta le paquet avant de l' ouvrir et d' en extirpé un biscuit qu' il porta à ses lèvres. Keuwaaa des ptits Lu ? Mais... ya même pas de chocolat ! T^T

    Prit d' une folie soudaine à sa dernière phrase, le garde manqua de s' étouffer avant de déposer le reste des biscuit sur une table de chevet et de planter ses yeux dans les siens, un petit sourire mystérieux sur les lèvres.


    - Alors ca demoiselle, c' est une bien longue histoire qu' il me faut te compter. Il attrapa le chapeau à large bord posté sur la tête d' Esméralda pour venir le placer sur son crâne, usant d' un ton généralement utilisé par les conteurs dans ses paroles. Es-tu prête à entendre mon histoire ?

    Sans la quitter du regard, il haussa légèrement les sourcils sur la fin de sa tirade.


    -Mais avant toute chose...
    Il enfila les pantoufles à la couleur farfelus et se drapa comme d' une toge d' un air solennel avec un long turban de la même couleur. Voila ! Il replongea ses yeux dans les siens, un grand sourire au lèvre et se tourna vers elle pour qu' elle puisse admirer la magnificence de son déguisement.

    Sans la quitter des yeux, le jeune garde se positionna en tailleur sur le fauteuil au grosses fleurs, l' ayant préalablement débarrassé de tout le fatras qui l' encombrait.
    Il débuta ensuite son récit, qu'il ponctua de mimiques en accord avec ses paroles.


    - Mon histoire commence il y a bien longtemps, loin, très loin d'ici, au cœur de l' enfer froid des montagnes d' All Pol, vivait le plus grand dessinateur de tout les temps, Merwyn Ril' Avalon. C' était un homme brave et au grand cœur, architecte des plus grandes merveilles qu' ait connue Gwendalavir.
    Un beau jour, il prit la décision de créer une académie pour accueillir et former des élevés venant de tout l' empire, qu'importe leurs rangs. Une véritable utopie selon certain, irréalisable selon d' autre. N' écoutant que son courage, faisant fit des railleries que son son idéal évoquait, il se mit au travail. Et, enfin, au bout de nombreuses années de dur labeur, son rêve prit enfin forme sous le nom d' une académie.
    L' Académie de Merwyn.
    De nombreuses voies s' offraient aux élèves. Ils pouvaient enfiler l'armure et choisir la bravoure des combattants, ou encore choisir d'explorer les spires indomptables par qui ne sait les contrôler en devenant dessinateur. La possibilité de lutter contre les forces toutes puissantes aussi, de repousser les limites de la mort avec l' apprivoisement du rêve mais également...l' art furtif et délicat des marchombres.

    Bien vite, la rumeur s'amplifia et on vit arriver des élèves et de talentueux professeurs de chaque cotés de l'empire. L' académie n' avait jamais été plus belle qu' en cette période, une véritable réussite, improbable, inimaginable ! On racontait même qu' elle était imprenable ! Et jamais un seul assaut Raïs n' avait pu ne serait-ce qu' effleurer l'une des pierres qui composait sa muraille. Certains la vantait même plus protégée encore que le palais royal.

    Mais un jour... durant une nuit sans lune, l' invraisemblable se produisit, l' impossible devint réalité... L' académie fut assiégée.
    Les mercenaires du chaos. Ils avaient pactises avec les terribles raïs et confondu leurs force dans une seul et même attaque.
    Malgré toute leur vaillance, Les gardes et académiciens ne purent empêcher l' académie d' être prise. Cette nuit la, l' idéal de Merwyn passa sous le joug des mercenaires.

    Les jours qui suivirent furent calmes, oh oui très calme. Tellement calme que tout le monde cru à une simple escarmouche de la part des raïs. Il n' en était rien. Les Mercenaires avaient bel et bien prit le contrôle du lieu bénit et en dirigeait les rouages comme bon leur semblaient. Les témoins de l' affrontements ayant tous été réduit au silence. Soit par la mort, l'emprisonnement et la torture, le chantage, ou encore l'exil.
    Cette situation dura longtemps, très longtemps, jusqu' a la nuit dernière.

    Son regard devint très insistant sur ses dernières paroles avant que, brusquement, et sans prévenir, il perde son attitude sérieuse de conteur pour redevenir Kylian et attraper un second biscuit qu' il observa tout en continuant, sur le ton banal de la conversation.

    -Pour ce qui est d'hier soir je sais pas trop à vrai dire. C' était un beau bordel ! A ce que j' ai cru comprendre, des exilés de la première bataille sont venu reprendre l' académie, mais des gardes n' étant pas au courant leurs sont tombés dessus.
    - Il eu un petit rire méprisant avant de jeter un coup d' œil à la jeune fille assise face à lui- Résultat, ils ont faillit tous s' entretuer avant même l' arrivée des mercenaires ! Enfin bon, après bhaa tout le monde c' est réveillé, à voulu taper sur les méchants sauf que personne ne savait qui était les méchants, du coup, tout le monde se tapait joyeusement dessus, les élèves couraient s' embrocher sur des épées, bref...très convivial quoi. Finalement, on a réussit à s' organiser un peu et lorsque le combat à commencer à tourner en notre avantage, on c' est tous rassembler pour terminer les mercenaires et Edel à cru bon de trouer le carrelage histoire de les enterrer plus vite.
    Me regarde pas comme ca ! J' en sais rien moi de comment elle a fait ca !
    Et pour ce qui est de l'incendie Mmmmh..

    Il réfléchit un instant,cherchant ses mots avant de lui répondre.
    Je sais pas trop,je crois que c' est l'œuvre d' une Mentaï mais pour tout te dire j' étais...plus dans le coin lorsque c' est arrivé.


Shawna Djee
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MessageSujet: Re: Toi à gauche, moi à droite et nous tout droit dans le mur [Terminé]   Toi à gauche, moi à droite et nous tout droit dans le mur [Terminé] Icon_minitimeJeu 30 Déc 2010 - 12:27

Shawna tendit la main pour rattraper le choixpeau volant, mais trop tard, il avait déjà atterri sur la tête du rouquin. Elle croisa les bras, boudeuse pendant un grand total de deux secondes ; il aurait pu trouver un autre jouet avec lequel s’amuser, quand même. Mais elle laissa donc le couvre-chef au conteur, et rit d’un rire tonifiant en voyant son déguisement ; cela promettait. Elle, elle se contenta de s’assoir en tailleur par terre devant le trône fleuri qu’avait choisi son compagnon. Et c’était parti, départ dans une nouvelle histoire…

Shawna n’avait jamais été le genre de personnes qui écoutent les histoires jusqu’au bout de manière attentive et des étoiles dans les yeux. Enfant, elle était plutôt celle qui interrompait et posait des questions en permanence, coupant la parole à celui qui racontait l’histoire pour demander des précisions de telle manière qu’il n’avait pas le temps de finir la moindre de ses phrases. Elle se souvenait d’un conteur qui avait joué son jeu, une fois, acceptant de répondre à toutes ses questions sans exception ; et bien, elle n’avait jamais su de quoi devait parler sa véritable histoire, parce que de questions en questions, ils étaient passés du coq à l’âne et avaient atterris dans une histoire complètement différente… C’était plus amusant, ainsi. Depuis, elle avait grandi, mais elle n’était toujours pas un auditoire patient. Sauf avec Nahémi, mais c’était différent ; sa sœur avait tout simplement un don et aurait pu capter l’attention de n’importe quel gamin turbulent.

Et pourtant, elle n’interrompit pas le jeune homme.

Il commençait l’histoire du départ, au tout tout début, et elle avait besoin de la connaître, cette histoire, si elle comptait rester ici. Alors elle allait s’installer confortement, et écouter. Limite, elle le noierait de questions quand il aurait fini. Pour le moment… Réactions internes.

Et séance de coiffure, tiens, puisqu’elle n’avait plus rien sur la tête.

L’excentrique sortit une bourse de l’une de ses poches, défit le cordon qui l’enserrait et la posa sur son genou gauche, avant d’attraper une mèche de cheveux et de commencer à se faire une petite tresse, la tête penchée, les yeux rivés sur son compagnon, ses doigts jouant dans ses cheveux pendant qu’il racontait l’histoire, avant d’attraper une cordelette de cuir dans sa petite bourse pour attacher sa tresse et en commencer une autre.

Elle ne put s’empêcher de sourire dès le départ ; elles n’étaient pas si loin d’ici, les montagnes d’Al Poll. Par contre, enfer froid, elle voulait bien le croire, elle n’avait jamais eu aussi froid de sa vie que le jour où elle avait mis les pieds ici pour la première fois.

Et puis elle fut happée par l’histoire. Le rouquin était bon ; il savait raconter, y mettre les tons, avancer l’histoire, en taper le rythme, ralentir pour faire monter le suspense, prononcer les mots de telle façon à ce que l’on souhaite connaître le suivant. Oh, il était loin d’être le meilleur ; Shawna avait entendu un certain nombre de conteurs dans sa vie, puisque c’était l’un des métiers répandus parmi les Itinérants, mais elle savait apprécier les belles voix. Lorsqu’il reprit le ton de la conversation, Shawna intercepta le paquet de biscuits pour en piquer un aussi, mettant des miettes un peu partout sur ses vêtements amples, mais ce n’était pas grave, quand elle se lèverait, ce serait le sol des appartements du professeur efféminé qui seraient sales.

Alors comme ça, c’était le Chaos. Des mercenaires avaient pris le contrôle de l’éc’ole, et tout ce bazar, c’était la libération. Shawna sourit en imaginant le bazar décrit par le rouquin ; elle pouvait bien imaginer, comment gagner une bataille dont on ne connait pas les ennemis ? Enfin bon.

- Moi, c’que j’comprends pas dans ton histoire, c’est pourquoi des mercenaires de l’une des Guildes les plus secrètes de Gwendalavir voudrait prendre contrôle d’une académie, m’enfin après ils font ce qu’ils veulent hein. J’sais pas, j’aurais préféré prendre le palace impérial, moi. Ou l’Arche. Pas une académie qui se fait régulièrement attaquer par une bande de raïs sans cervelles.

Enfin, l’important, c’était que toutes ces histoires de politique étaient terminées, maintenant – ce qui voulait dire qu’elle pourrait s’inscrire et enfin accomplir ses rêves dans la paix et la sérénité, youpi. Mais le jeune homme n’avait pas fini, et Shawna ouvrit de gros yeux globuleux en entendant la suite.

- C’est Edel qui a fait ça !?

Elle n’en croyait pas ses oreilles. Le carrelage avait été littéralement explosé, il aurait fallu une force surhumaine pour faire une chose pareille ; des milliers de haches, ou…

Un Dessin.

Shawna se souvint de ce que lui avait dit Edel, lors de leur première rencontre. Elle se souvenait du gant, et des rumeurs sur le retour de la Main Morte qui avait mit fin au combat et fait éclater l’arme du mercenaire du Chaos… Elle n’avait pas voulu le croire, ne l’ayant pas vu de ses propres yeux. Mais là… Etait-ce possible que… Elle avait vu le hall, les décombres, et cette puissance dévastatrice était bien le reflet de ce que disait les histoires… Peut-être pourrait-elle éclairer le rouquin, qui apparemment n’avait rien compris à ce qu’il avait vu.

- Mon tour de raconter, pousse-toi.

Shawna attrapa le chapeau haut de forme sur la tête du jeune homme et le remit sur sa propre tête, avant de pousser le jeune homme pour s’assoir à son tour dans le fauteuil.

- Tu peux garder les chaussons, par contre.

Elle sourit de côté, à moitié, de ce sourire narquois qu’elle affectionnait tant, et se remit en tailleur sur le fauteuil, un peu énervée par les accoudoirs mais elle faisait avec.

- Mon histoire commence il y a bien plus longtemps encore, alors que les hommes étaient sous le joug de l’esclavage des Ts’lichs, que le verrou fermait les Spires, et que Merwyn n’était encore qu’un Dessinateur sans alliés pour l’aider à délivrer le peuple des hommes.

Elle avait l’air maligne, à raconter son histoire avec un chapeau sur la tête et la moitié de sa tête seulement affublée de tresses, mais peu importait.

- A cette époque, nombreux étaient ceux qui pliaient sous les ordres des lézards ; moins étaient ceux qui tentaient un semblant de résistance, comme Merwyn Ril’ Avalon. Parmi eux se trouvait un Dessinateur puissant répondant au nom de Hil’ Meredrine. Puissant il était version Maitre Yoda ; pas assez, pourtant, pour battre les Ts’lichs. Alors qu’il déployait ses forces contre eux, il fut capturé, et enfermé dans un cachot. Là, les Ts’lichs décidèrent de le punir pour sa rébellion, et de faire de lui un exemple pour les hommes. Alors ils Dessinèrent sur lui, un Dessin invisible et éternel qui serait sa malédiction et celle de sa famille pour l’éternité. Tout ce qu’il toucherait, casserait. Exploserait. Il marchait, et la pierre se fissurait sous ses pieds ; il tendait la main, et les verres explosaient, les gens mourraient, les plantes se décomposaient. Tout ce qu’il touchait, cassait. Le seul endroit où il serait en paix était une cage, Dessinée elle aussi par les Ts’lichs, cage où il passa le reste de sa courte vie et où il mourut dans d’atroces souffrances. A sa mort, les Ts’lichs n’étaient toujours pas satisfaits. Il était mort trop vite, sa peine n’était pas à la hauteur de sa faute. Alors le Dessin fut transposé, de son corps à celui de sa famille, éclaté en plusieurs morceaux ; tous les descendants du premier des Hil’ Meredrine seraient maintenant porteurs de la Main Morte. Tout ce qu’ils toucheraient de cette main, casserait. La légende veut que les Hil’ Meredrine se battirent aux côtés de Merwyn pour délivrer les alaviriens, et que de la cage où fut enfermé leur ancêtre, ils tissèrent le Gant, y intégrant un morceau de cette cage, pour pouvoir contrôler leur malédiction à jamais. Le Gant est la seule chose à ne pas casser à leur toucher, et ils se doivent de ne jamais le retirer. On raconte souvent aux enfants l’histoire de l’un des descendants, un jeune homme qui aurait retiré le Gant et qui irait de maison en maison pour toucher et briser les jouets des enfants qui n’écoutent pas leurs parents.

Et Edel… Edel lui avait dit être l’une des descendantes porteuses de la Main Morte, le jour de leur rencontre. Elle lui avait dit avoir des Mercenaires du Chaos à ses trousses. Shawna n’y avait pas cru un seul instant. Il semblait qu’elle avait eu tort.

- On dirait que la légende n’est pas si fausse que ça, finalement. Je le savais bien, que ma corde à sauter ne s’était pas cassée toute seule, quand j'étais petite. Va falloir que je présente mes excuses à ma sœur, maintenant, j’étais persuadée que c’était elle qui me l’avait piquée.

Autant le prendre à la rigolade… Parce que l’existence d’un tel pouvoir, et si près, lui foutait vraiment des frissons dans le dos.

Kylian Holin
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MessageSujet: Re: Toi à gauche, moi à droite et nous tout droit dans le mur [Terminé]   Toi à gauche, moi à droite et nous tout droit dans le mur [Terminé] Icon_minitimeDim 2 Jan 2011 - 16:45

    Dès lors que les mots avaient commencés à franchir ses lèvres, Kylian ne c' était plus autorisé la moindre déviance, bien trop soucieux d'incarner du mieux possible son rôle de conteur. Il fallait pour cela qu' il soir minutieux dans ses gestes. Quitte à ne pas pouvoir atteindre la perfection, autant essayer de l' approcher du plus près possible et cela passait surtout par son investissement dans l' histoire, Or, pour l' heure il était complètement happé par les images qui défilaient devant ses yeux. Il retraçait les évènements comme s' il les avait véritablement vécu, c' était une sensation assez étrange en fait.
    Pour tout dire c' était une grande première, avant ce jour, le jeune homme n' avait jamais narrer la moindre histoire à qui que ce soit. Comment cette idée lui était-elle brusquement venu en tête ? Bonne question. Il arrivait bien souvent au jeune homme d' avoir des poussées bizarres, des envies étranges qui le prenaient d' un seul coup. Combiné à son caractère totalement instinctif, cela avait parfois des conséquences assez étranges. Comme maintenant en fait.

    L' itinérante s' assit bien sagement face à lui, l' écoutant avec plus ou moins d' attention tout en tressant ses long cheveux brun à l' aide de petites lanières de cuir.
    Ainsi donc elle ne connaissait pas l' histoire de l' Académie de Merwyn ? Elle était plutôt connue pourtant, enfin du moins par tous ses résidents et une bonne partie de la population. Bon, d' un coté elle n' était pas de l' académie et vu sa teinte caramel, elle ne venait pas de tout près, finalement ca se tenait.
    Ou alors, elle la connaissait et attendait simplement qu' il ait terminé son récit, par pur politesse. Non, c' était pas le genre de la maison et puis... ca l' aurait vexé... un peu.
    Toujours est-il qu' elle avait eu l' air d' écouter un minimum puisqu' en se redressant pour venir lui piquer un gâteau Au voleur ! elle l' affligea d' une question qui dénotait une réflexion interne particulièrement poussée.
    ah merde, c' est vrai ca, pourquoi en fait...
    En vérité il était vaguement au courant des raisons qui avaient poussés les mercenaires du chaos à prendre possession de l' académie - évidemment puisqu' il avait été envoyé ici dans ce seul but - toutefois, ne sachant pas quel était la version original, Kylian se contenta d' un vague ;


    - Un truc politique, cherche pas...


    Il dégustait encore le petit beurre, tranquillement installé comme un prince sur son trône lorsqu' Esméralda lui vola son diadème sans le moindre scrupule vous venir lui prendre sa place de choix.

    -Hééééé !

    Boudant un peu - mais pas trop - le jeune homme lui relégua son trône et prit la place qu' elle occupait précédemment au sol... pleine de miette. A bha super, en plus des' être fait piquer sa place royal, ca allait le gratter maintenant !
    Encore heureux qu' il puisse garder les chaussons naméoh :na :
    Prenant finalement le ton du parfait gentleman qu' il était, Kylian se courba à demi devant elle, un petit sourire au lèvres toutefois.


    - Vos demandes sont des ordres ma Reine.

    * Pari de merde...*

    Ignorant son regard un peu étonné, Kylian leva sagement la tête en direction de la nouvelle conteuse et se tû, la fixant tandis qu' elle commençait à raconter une histoire qui l'intriguait au plus au point. Avait-elle un rapport quelconque avec ce qu' il venait de lui révéler ? Si oui, lequel ? Il lui tardait de l' apprendre.

    Mais ou voulait-elle en venir ? On s' en fou des Ts' lichs, c' était il y a longtemps et puis il savait déja ! Alors qu' est ce que...

    Au fur et à mesure qu' Esméralda avançait dans son histoire, les yeux du jeune homme se plissèrent. Non, ce n' était pas possible... La main morte ? Il avait toujours cru à une légende, une sorte de fable pour faire peur au enfants. Alors comme ca elle existait vraiment ? Et en plus de tout ca, elle serait le résultat d'un dessin ? Un dessin serait responsable d' un tel désastre et d' une tel malédiction ? Edel possèderait la main morte ? Mais c' était insensé ! Elle venait de dire que la malédiction se transmettait de génération en génération ! Hors Edel ne s' appelait pas Hil’ Meredr...

    La vachePar tout les troll vérolés... -Et la Dame seule sait le nombre de trolls vérolés qu' il existe en Gwendalavir-
    Elle aurait...usurpée son identité ? Ce serait fait passé pour quelq'un d'autre pour que personne ne devine que...Waow....

    Perturbé par la révélation de sa reine et tandis qu' elle continuait sur sa lancée - une histoire de corde à sauter apparemment-, Kylian se détourna lentement de la jeune fille, étouffant tout les sons qui l' entourait pour se concentrer.
    Si Edel possédait véritablement la mains morte, alors la donne changeait complètement. L' existence d' un tel pouvoir pouvait avoir de terribles conséquences sur un champs de bataille. Le problème étant, le pouvoir en question se trouvait du coté du camps adverse et la, ce n' était pas bon, pas bon du tout. Il devait en informer au plus vite la guilde pour qu' elle prenne les mesures nécessaires. Actuellement, Edel était alitée, plus pour longtemps toutefois, il fallait agir vite, très vite. Profiter de ce léger avantage qu' ils avaient sur elle, sauf que... la plupart des mercenaires avaient été décimés la nuit dernière quant aux traitres comme lui, il en restait bien peu et il était encore trop dangereux de prendre contact. Merde... quel Merde... Il fallait qu' il récolte un maximum d' information sur elle au plus vite.

    Le jeune homme se retourna enfin vers la jeune fille,qui grignotait toujours les biscuit l' air de rien.


    - Heu... t' en saurais pas plus sur...cette histoire ? Pourquoi Edel à t-elle caché son identité ?


    *Dis moi tout, raconte moi tout ce que tu sais sur elle...*


    [Désolé ca n' avance pas beaucoup :S ]



Shawna Djee
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MessageSujet: Re: Toi à gauche, moi à droite et nous tout droit dans le mur [Terminé]   Toi à gauche, moi à droite et nous tout droit dans le mur [Terminé] Icon_minitimeDim 2 Jan 2011 - 18:42

Et merde.

La question de Nil venait de lui rappeler la promesse qu’elle avait fait à Edel, le jour de leur rencontre, alors que la rumeur de la Main Morte se propageait parmi la foule – celle de ne rien dire de ce qu’elle avait vu et de ce qu’elle savait, celle de ne pas trahir la guerrière, qui voulait que sa présence ici reste secrète. Elle venait un peu de la trahir, cette promesse. Oh, et puis non, pas vraiment, elle n’avait pas de regrets à avoir – après tout, Edel s’était trahie elle-même en utilisant son Dessin. L’itinérante n’avait fait que conter une légende fort connue parmi les alaviriens, peut-être pas de tous, mais au moins des Itinérants, des saltimbanques, des familles roturières qui passaient encore les arts oraux. N’importe qui aurait pu lier les points A et B, lier le mythe qui avait bercé leur enfance avec la destruction du hall, s’ils l’avaient vue toucher le sol de sa main blanche. Elle n’avait fait que raconter l’évident, lier deux informations qui existaient aux yeux et aux oreilles de tous. Elle n’était certainement pas la seule, avec Nil, à avoir compris qu’Edel était une Hil’ Meredrine. Il suffisait d’avoir un cerveau pour le comprendre. Edel ne pourrait pas lui en vouloir pour ça – et de toute manière, elle ne saurait jamais que Shawna avait dit quoique ce soit. C’était un peu bête, les promesses, en plus, rien ne permettait d’obliger l’autre à les tenir, et la moitié du temps, c’était des promesses idiotes et sans intérêt, dont la divulgation n’avait aucune conséquence. Qu’est-ce que ça pouvait faire, que Kylian soit au courant, maintenant ? Rien, absolument rien. Ou si, peut-être qu’il réfléchirait à deux fois avant de mettre la guerrière en colère, mais c’était peut-être une bonne chose.

Par contre, elle n’en dirait pas plus, même si elle avait une petite idée sur la réponse à la question du jeune homme. Par respect pour Edel, au moins. Le jour de leur rencontre, la blonde avait eu un mercenaire du Chaos à ses trousses. Elle ne savait pas si Meryndre comptait la tuer ou la capturer vivante ; elle ne savait pas si c’était Edel qu’il voulait, ou simplement sa mort, ou sa main, ou son Gant, ou autre chose complètement. Tout ce qu’elle savait, c’était que la Guilde du Chaos s’opposait à la Première Gardienne. Elle était venue se réfugier à l’Académie de Merwyn, et elle n’avait utilisé son Don que pour défendre l’endroit contre les mercenaires du Chaos. S’ils apprenaient sa présence ici, ils enverraient de nouveaux mercenaires à ses trousses, à ce qu’elle avait compris ; mais la Guilde venait de perdre un combat important, visiblement. Shawna ne savait pas comment Edel comptait se défendre, ce qu’elle ferait à présent que son secret était dévoilé, mais elle ne comptait pas le lui demander ni se mêler à cette histoire. Elle avait déjà failli mourir une fois en y approchant son nez de trop près, elle ne ferait pas deux fois la même erreur. Alors elle haussa les épaules, et répondit simplement, reprenant ses mots :

- Un truc politique, cherche pas…

Il en posait des questions en même temps – Edel avait la main morte, Edel cachait son identité, ce n’était pas très compliqué de comprendre qu’elle avait des ennemis et besoin de discrétion. Après, le reste, ce n’était que des détails dont elle ne comprenait pas elle-même la portée. La légende ne parlait que du passé, et non pas du présent des Hil’ Meredrine ; cette famille était tombée dans l’oubli, on ne parlait que des ancêtres, personne ne croyait plus en eux depuis longtemps. Si le rouquin voulait en savoir plus, il n’avait qu’à demander à sa supérieure, après tout elle pourrait lui répondre de manière beaucoup plus précise. Et mettre sa vie en danger par son savoir, s’il y tenait tant.

Elle, ce n’était pas ça qui l’intéressait, mais l’Académie, plutôt – elle savait ce qui s’était passé, mais à présent, elle voulait savoir de quel genre de personnages elle était peuplée. Quels seraient ses professeurs, les résidents, les autres apprentis. Alors elle quitta le fauteuil fleuri et s’approcha d’une étagère.

- Tu m’aides à chercher des trucs compromettants, euh…

Elle hésita un instant ; elle s’apprêtait à l’appeler Nil, avant de se souvenir que ce n’était qu’un diminutif mental qu’il ne comprendrait pas, et si l’appeler comme ça et lui expliquer comment elle était arrivée à ce surnom ne la dérangeait pas, le sujet des appellations venait de lui rappeler la manière dont il s’était adressé à elle, juste avant qu’elle ne commence son histoire. ‘Ma Reine’… Un titre amusant. Elle ne trouvait pas que le chapeau du professeur ressemblait particulièrement à une couronne, mais pourquoi pas, ça lui plaisait. Et puis, pour une fois que ce n’était pas un surnom dévalorisateur qu’on lui donnait, comme la peste ou face-de-suie, elle comptait bien en profiter.

- Si j’suis ta reine, t’es quoi, toi ? Valet, bouffon, seigneur, prince ou grenouille ?

Mélange de contes de fée et de réalité, fragments d’imagination et de possibilité. Elle allait bien voir ce que choisirait le jeune homme, et comptait bien s’amuser avec. En attendant sa réponse, elle leva les yeux sur l’étagère, se demandant où fouiller d’abord, et ce qu’elle cherchait, exactement. Un truc intéressant, n’importe quoi. Pas forcément compromettant, juste… qui attirait l’attention. Pour en apprendre davantage sur l’habitant de ces bois. Peut-être dans la boîte, là…

[Ca te dérange si on enlève le PV ? Histoire de laisser la possibilité à quelqu’un de nous interrompre s’il le souhaite ? Vu qu'on est quand même en terrain interdit xD]

Kylian Holin
Kylian Holin
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MessageSujet: Re: Toi à gauche, moi à droite et nous tout droit dans le mur [Terminé]   Toi à gauche, moi à droite et nous tout droit dans le mur [Terminé] Icon_minitimeLun 3 Jan 2011 - 20:32

    En vérité, Kylian attendait beaucoup de la réponse de sa reine. Beaucoup trop surement. Elle semblait être plutôt bien informée sur la question, de plus elle avait parlée d' une corde à sauter cassée - oui oui, il l' avait écouté d' une oreille quand même - ce qui ne pouvait vouloir signifier qu' une seule chose :
    Elle la connaissait depuis un moment déjà.
    A moins qu' elle ne joue encore à la corde à sauter ? Quoi que, ca ne l' aurait pas trop étonné venant de sa part...
    Kylian en était arrivé à cette conclusion, dans tout les cas elle la connaissait et ce personnellement.
    Donc, de ce fait, elle devait connaitre un tas de trucs sur sa supérieur, un tas de petits détails dont il se serait volontiers abreuver. Sauf que non. elle ne semblait pas décidée à alimenter sa soif de connaissance et arrêta la son étalage de savoirs sur la question.
    Merde, elle venait de mettre fin à tous ses espoirs et, comble de l' ironie, à l' aide de ses propres paroles.

    Bon, en même temps ce n' était pas si grave. Il venait déjà d' obtenir une information capital, et ce grâce au plus heureux hasard, il ne pouvait pas en espérer davantage, c' était déjà un sacré truc ! Il ne lui restait plus qu' a chercher par lui même des informations sur le sujet. En même temps, des renseignements pareil ca devait pas courir les rues et il allait devoir batailler ferme pour pouvoir espérer obtenir des brides de données sur la jeune femme. Ca ne rendrait que plus précieuses les informations qu' il collecterait.
    Kylian avait apprit il y avait de ca un moment, l' existence d' une guilde, un groupe un peu spécial qui se présentait lui même comme étant le "Choeur". Cette organisation un peu spécial avait pour but de récolter des informations la ou il est normalement absolument impossible de les obtenir. Une guilde d' informateur en somme. Fourbes et manipulateurs, ses membres n' en étaient pas moins les meilleurs et même si leurs prix étaient bien souvent exorbitant, le résultat était toujours à la hauteur des espérances de ceux qui payaient.
    Bon bha voila, super, il avait trouvé un moyen simple, rapide et efficace pour régler au plus vite la question.
    Oui sauf que... les membres de cette organisation étaient également très discret alors ca n' allait pas être de la tarte non plus pour les trouver hein...

    Oh et puis ce n' était pas comme si ca urgeait hein ! Il ferait ce qu' il pourrait et puis voila ! La, il avait bien d' autres trucs bien plus rigolos et tout aussi important - à ses yeux- à faire...

    Kylian ouvrit un tiroir, partit à la recherche d' un truc compromettant.
    ...
    En fait, le type qui habitait la était tellement bizarre que tout chez lui semblait pouvait être qualifié comme étant compromettant. Le jeune homme en était encore à se questionner si une panoplie de vernis au couleur flashi pouvait bel et bien représenter un truc préjudiciable lorsqu' un bruit venant du couloir le fit se retourner en sursaut.

    Bien heureusement les bruits de pas continuèrent leur chemin sans s' arrêter à leur niveau. Kylian referma le tiroir et se dirigea à coté de Shawna, tant pour lui voler l' un des derniers gâteaux survivant que pour inspecter ses trouvailles.


    -Hum... va savoir...

    Hum, actuellement ce n' était pas l' imagination qui lui manquait mais il préférait laisser ce petit plaisir au bon soin de la jeune fille. Elle finirait bien par lui trouver le surnom parfait, il lui faisait confiance sur ce point. Tant qu' elle ne le qualifiait pas avec l' un de ses surnoms douteux sur sa couleur de cheveux...angel.

    Les yeux du jeune homme s' ouvrir grand lorsque sa reine commença à entrebâiller une jolie petite boite en bois poli, orné de multiples gravures. Manquant de s' étouffer avec son biscuit tant l' excitation le submergeait, le jeune homme se du de tousser bruyamment, sans pour autant quitter le contenu de la petite boite des yeux tout en agitant les bras comme un retardé mental :arrow :.
    Des lettres ! Des tas de lettres ! Surement précieuses sinon pourquoi les aurait-il gardé si secrètement dans une si jolie boite ? -Oui apparemment le coffret semblait devoir les protéger, mais la clef étant posée à coté... l' habitant de ses lieux n' était vraiment pas un grand malin...-
    Et puis sinon, pourquoi les aurait-il parfumé ?
    Hey mais.. si elles étaient parfumées... Peut être que c' était des lettres d' amour !?
    Tout heureux de la découverte de la jeune fille, le jeune homme lui prit des mains la première lettre et commença délicatement à la décacheter. Une écriture fine et rose lui apparut dès lors qu' il eu finit son travail d' ouverture.
    Ça promettait d' être une découverte intéressante

    Mais tout à coup, ce fut le drame... Les pas qui les avaient évités quelques minutes plus tôt venaient de faire demi tour et, sans qu' ils y fassent attention, c' étaient arrêté à leur niveau.
    Le jeune garde regarda sa coéquipière d' un air effaré tandis que la poignée tournait lentement de l' autre coté de la porte.
    Que faire ? Bloquer la porte ? Dans tous les cas ils se feraient pincer. sauter par la fenêtre ? Bien trop haut... Se cacher ? Ouais... se cacher, et puis faute d' autre solution hein...

    Ni une, ni deux, le jeune homme bondit dans l' armoire la plus proche - Bon d' un coté il y en avait qu' une et puis c' était le seul endroit susceptible de pouvoir les cacher tous les deux, sous le lit, très peu pour lui... -
    Sauf que..., tout ne se passa pas comme prévu. toujours sa lettre à la main, Kylian avait certes, filé se cacher, ce n' était toutefois pas le cas d' Esméralda qui elle était restée figée au milieu de la pièce, intriguée.


    * Mais bouge, crâne de coureur ! *

    Kylian tenta vainement de lui faire signe pour qu' elle le rejoigne, peine perdu, et puis trop tard aussi...
    Le jeune homme referma brusquement les portes de l' armoire tout en veillant a garder un petit espace ouvert pour pouvoir observer l' extérieur. Juste à temps. au moment même ou les portes se refermèrent, la porte s' ouvrit, laissant le champ libre à son propriétaire.




Duncan Cil' Eternit
Duncan Cil' Eternit

Maître des légendes et d'animisme et primat d'Aequor
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MessageSujet: Re: Toi à gauche, moi à droite et nous tout droit dans le mur [Terminé]   Toi à gauche, moi à droite et nous tout droit dans le mur [Terminé] Icon_minitimeDim 9 Jan 2011 - 13:11

[C'était juste trop tentant. Very Happy ]

Radar, alerte, alerte, alerte rouge. Intrus dans le secteur B612, demande de renforts immédiat, alerte, alerte.

Plongé dans un bol de bouillon dans les cuisines tout en papotant avec un marmiton, Duncan n’avait pas vu le temps passer. Mais quelque chose un superpouvoir en lui avait fait tilt. Même plus que tilt : alerte. Il ne savait pas encore de quelle alerte il s’agissait, ni s’il s’agissait vraiment d’une alerte ou du simple fait qu’il venait de passer les dernières 24h sans avoir passé une seule fois ses pantoufles, ce qui consistait un drame de lèse-majesté des plus absurdes. Mais il avait une excuse : la nuit dernière, il avait été occupé à réparer tous les bras cassés de la bataille sanglante, et des pantoufles auraient été malaisées pour se déplacer rapidement sans tomber.
D’ailleurs, les évènements de la nuit dernière se lisaient sur son visage. Ses yeux habituellement entourés de rimmel noir étaient dépourvus de tout maquillage, tout excentrique qu’il fut. Mais ses yeux étaient toujours entourés de noir : des cernes sombres lui rappelaient cruellement les évènements de la nuit passée. Le combat s’était terminé très tard dans la nuit, et il avait passé le reste des heures de la matinée à évacuer les divers élèves de ses appartements, que ce soit vers l’infirmerie, ou pour les cas plus graves vers la confrérie d’Eoliane. Puis il avait passé encore quelques heures à ranger, à gratter ses tapis et ses moquettes pour tenter d’effacer les tâches de sang, de bile, et d’autres liquides dont il ne voulait même pas connaître l’identité. Aussi, il venait seulement de s’autoriser une pause autour d’un bol de bouillon, en tentant de se changer les idées avec un marmiton frais arrivé, qui possédait déjà suffisamment les rudiments de ragots pour l’entretenir sur tous les derniers potins croustillants de l’Académie.

Mais un soixante-dixième sens l’avertit. De quoi, il ne savait pas encore. Quelque chose ne tournait pas rond. L’Académie ne tournait pas rond. Il n’avait plus qu’une seule envie : retourner dans ses appartements, enfiler ses chères et tendres pantoufles si chères à ses yeux, se poser dans un fauteuil crapaud, ou mieux dans son lit, et se reposer. S’il arborait son habituel sourire lunatique et les étincelles de ses yeux, il n’aspirait à rien de plus qu’un repos mérité. Aussi, il quitta la pièce après avoir fait ses hommages au marmiton, et remonta d’un pas soutenu vers ses appartements. Il pouvait s’estimer heureux d’en avoir encore. Avec l’incendie qui venait tout juste d’être maitrisé, ses appartements auraient tout aussi bien pu brûler. Rien que d’imaginer toutes ses possessions finir dans un amas de cendre…
Non, il ne voulait même pas y penser.

Perdre ses pantoufles, ses précieuses pantoufles, perdre ses vêtements, ses livres… et le reste. Le reste. Non, il se serait jeté d’une fenêtre à la Til’Lleldoryn s’il devait tout perdre. Ses pensées l’accompagnèrent le long des étages, et il revint à la réalité au moment de percuter une poutre calcinée. Des regards soucoupeux l’accompagnèrent alors qu’il revint sur ses pas d’un petit rire, en époussetant la cendre de son épaule. Il avait dépassé ses appartements et tâchait d’y revenir sans refaire cinquante fois le tour de l’étage, cette fois.

Arrivé devant sa porte, quelque chose n’allait pas. Son eau de toilette sentait-elle si fort que ça, pour qu’il en respire les relents jusque sur le palier ? Intrigué, Duncan poussa le battant, trop préoccupé par ce qu’il avait pu faire de son eau de toilette pour remarquer les bruits précipités qui avaient précédé.

Huh.
C’était qui celle-là ?
Twitch twitch. Quelqu’un. Dans ses appartements. Avec SON chapeau sur la tête. Ses affaires éparpillées par terre. Ses étagères dans un désordre épouvantable. Ses pantoufles disparues.
Twitch twitch. La nuit avait été suffisamment éprouvante. Trop pour ses pauvres nerfs. Trop pour son self control. Trop pour ses cordes vocales. Comme une tempête, Duncan combla rapidement l’espace qui le séparait de l’intruse, reprit son chapeau avec une violence qu’il ne connaissait pas, les nerfs de sa tempe bouillants alors qu’il poussait ses cordes vocales à leur limite :


- PAR LE SANG DE TOUS LES TS’LICHES, COMMENT OSEZ-VOUS PENETRER DANS MES APPARTEMENTS EN MON ABSENCE, PRENDRE VOS AISES AVEC MES AFFAIRES ET ESPERER QUE JE NE REVIENDRAI PAS VOUS DEMANDER DES COMPTES, ESPECE DE SALTIMBANQUE DE PACOTILLE ?!

C’était trop. Il en avait assez. De tout. Ses appartements avaient été ravagés la nuit dernière par le sang des blessés, il avait passé toute la matinée à les remettre en état, et voilà que tous ses efforts étaient ruinés par une petite crétine qui se croyait tout permis. Même sa propre vulgarité ne le choquait plus. S’il n’avait pas eu la carrure d’une crevette, il l’aurait déjà explosée contre le mur. Raslebol.

- VOUS RENDEZ-VOUS COMPTE QU’UNE VIOLATION DE PROPRIETE PRIVEE POURRAIT VOUS ENVOYEZ BALANCER AU BOUT D’UNE CORDE SI JE DECIDAIS DE FAIRE VENIR LA MILICE ?! SAVEZ-VOUS SEULEMENT QUEL AFFRONT VOUS VENEZ DE CAUSER A L’UN DE VOS AINES ?!

Fulminant, il faisait le tour de ses affaires, replaçant dans des gestes violents ce qui avait été déplacé, grinçant entre ses dents quand il constatait la disparition ou la dégradation d’un objet. Ses gestes stoppèrent net quand ses yeux se posèrent sur la boite. LA boite. Ouverte. Le couvercle négligemment jeté au sol. Ses papiers, ses lettres. Eparpillées. Avec un cri d’agonie, il les ramassa fébrilement, passant les doigts sur le velin précieux, dévasté de constater à quel point son domaine privé avait été outragé.

- OU EST LA DERNIERE ?! IL EN MANQUE UNE ET N’ESSAYEZ MEME PAS DE ME MENTIR, JE CONNAIS LEUR NOMBRE BIEN MIEUX QUE VOUS NE CONNAISSEZ VOTRE RUDIMENT DE CHIFFRES ET IL EN MANQUE UNE ! QU’EN AVEZ-VOUS FAIT ?! SI JAMAIS PAR MALHEUR VOUS L’AVEZ ABIMEE OU EGAREE, JE JURE QUE VOTRE TETE FINIRA SUR UN DE MES MURS, EMPAILLEE OU NON !! RENDEZ-MOI CETTE LETTRE, MES PANTOUFLES ET TOUTES AUTRES AFFAIRES QUE VOUS AVEZ EU LE TEMPS DE ME VOLER, BOHEMIENNE !

Dans sa colère, il avait saisi la vandale au col et la secouait comme un prunier, sans regard aucun pour la douleur qu'il lui causait potentiellement


Shawna Djee
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MessageSujet: Re: Toi à gauche, moi à droite et nous tout droit dans le mur [Terminé]   Toi à gauche, moi à droite et nous tout droit dans le mur [Terminé] Icon_minitimeLun 10 Jan 2011 - 13:48

Shawna eut une légère moue déçue au manque de réponse de son compagnon, qui se transforma bientôt en sourire sadique. Il ne voulait pas choisir s’il serait prince, valet, fou ou grenouille ? Et bien elle choisirait pour lui. Valet était trop dégradant, et ne les plaçaient pas sur un pied d’égalité ; il l’appelait ma reine, c’était bien beau mais il était son compagnon, pas son inférieur. Mais prince ou roi ne lui convenait pas ; Shawna n’arrivait pas à mettre le doigt sur la raison, mais cela n’allait pas. Trop honorant, peut-être. Ou trop superficiel. La réponse s’imposa ensuite d’elle-même à Shawna, alors qu’elle repensait à ce qui venait de se passer, et elle répondit tranquillement :

- Poil de Carotte. Tu seras mon conteur, alors. Celui sur qui je pourrais compter.

Fière de son jeu de mots, elle atténua pourtant le compliment qu’elle lui faisait en ajoutant :

- Mais comme t’appeler conteur en permanence ça ferait un peu bizarre, j’vais t’appeler crevette, ça commence par le même son.

Et en plus c’était rose. Et complètement antinomique du physique du garde. Et tout simplement parfait. Elle chercha son regard, amusée, essayant de savoir comment il le prendrait, avant d’ouvrir la boîte. Remplie de lettres. L’analphabète eut un soupir déçu et s’apprêtait à refermer la boîte, mais Holin était visiblement beaucoup plus intéressé par cette trouvaille, et lui arracha la première des mains. Shawna tenta de regarder au dessus de son épaule de non-crevette pour essayer de voir ce qui pouvait être si intéressant. En tout cas, des élans de parfum d’un autre âge lui assaillaient les narines, et elle avait hâte de ranger ce qu’elle considérait comme de simples morceaux de papier, mais peut-être que son conteur allait lui dire que c’était la découverte du siècle, en fait… Le jeune homme n’eut pas le temps de lui faire la lecture, pourtant. Il parut effrayé, un instant, et après l’avoir bousculée par inadvertance, ce qui lui fit lâcher toutes les lettres qui s’éparpillèrent sur le sol, il se dissimula dans le premier endroit qui s’offrit à lui, à savoir, un placard.

Shawna ne bougea pas.

Le fait qu’elle n’avait pas entendu les pas n’y était pour rien ; elle se doutait bien que quelqu’un arrivait, vu la réaction du rouquin, mais ne voyait pas l’intérêt de bouger. D’abord, parce qu’il y avait de fortes chances pour que les pas passent devant la porte sans s’arrêter. Ensuite, parce que même si ce n’était pas le cas… Et bien, elle était entrée ici sans permission, elle devait assumer, maintenant, c’est tout. Elle n’était pas une lâche, ne voyait pas l’intérêt de dissimuler ses actes, n’avait pas honte de ce qu’elle faisait et en acceptait entièrement les conséquences. Pas comme son nouveau compagnon, apparemment. Elle haussa les épaules à ses signes frénétiques, bien décidée à ne pas se cacher, avant de détourner brusquement son regard de l’armoire lorsque la porte s’ouvrit, histoire de ne pas attirer l’attention vers son conteur et de voir qui venait les interrompre, aussi. Un homme, assez mince, le menton orné d’un bouc parfaitement taillé ; il était élégant, un véritable gentleman, et Shawna le dévisagea avec curiosité, se demandant qui il était et ce qu’il allait faire de sa présence ici.

La réponse ne tarda pas à venir.

Lorsqu’il s’approcha d’elle, Shawna cru qu’il allait la frapper, et tiqua, rentrant sa tête dans ses épaules pendant une brève seconde. L’homme était impressionnant, dans sa colère. Sa propre réaction l’énerva, surtout lorsqu’il ne la frappa pas mais se contenta de lui retirer son chapeau. Et puis une fois sa première tirade sortie – alors c’était lui, le propriétaire des lieux – l’éphémère sentiment de crainte qu’elle avait ressenti en le voyant marcher vers elle comme s’il n’allait pas s’arrêter s’évapora. La présence du professeur était impressionnante, peut-être, tout comme sa colère, mais il aurait fait beaucoup plus d’effet s’il n’avait pas été aussi… inoffensif d’aspect. L’effet qu’il aurait eu sur Shawna aurait été complètement différent s’il avait eu dix centimètres de plus et aurait été un brin plus musclé. Il était fatigué, elle le voyait aux énormes cernes qui lui crevaient les yeux, mais habillé élégamment, un peu décalé, pourtant, d’une certaine manière, et Shawna n’eut aucun mal à imaginer qu’en temps normal, il était un excentrique lunatique qui se baladait la tête dans les nuages et les pieds sur les étoiles, et qu’il faisait plus rire que peur. Et là, même si Shawna baissa la tête à ses hurlements, se sentant un brin coupable en sachant qu’il avait raison, elle ne pouvait pas réellement avoir peur de lui. C’était comme Yeleen ; sa petite sœur aurait beau hurler, Shawna resterait de marbre, bien consciente que Yeleen ne pouvait rien lui faire. Le professeur, c’était pareil ; il la grondait, et avec raison, mais aucune punition ne pourrait vraiment pleuvoir sur ses épaules, et elle s’en moquait un peu.

N’empêche qu’elle était rentrée dans ses appartements sans permission, s’était permis de manger ses biscuits et de toucher à ses affaires, et qu’il avait toutes les raisons de hurler. Elle aurait préféré ne pas se faire prendre, mais elle allait devoir assumer, maintenant. Se faire gronder quand elle ne le méritait pas, elle ne supportait pas et réagissait de manière virulente ; mais là, elle ne pouvait que se plier à la colère de l'eccentrique.

Ce qui était un tant soi peu difficile, sachant que les pantoufles et la lettre que voulaient le professeur n’étaient pas en sa possession, mais cachée dans le placard avec son compagnon.

Trahir son conteur ?

Jamais. S’il ne voulait pas se faire prendre et avait une chance de ne pas l’être, il était hors de question qu’il soit découvert par sa faute. Mais déjà, s’excuser au professeur et se sortir de la galère dans laquelle elle s’était fourrée, elle s’occuperait de la mission comment sauver Holin plus tard.

- J’suis vraiment désolée. Je n’aurais vraiment pas dû rentrer dans tes appartements sans permission. La porte était ouverte, je suis rentrée, et cet endroit m’a tellement ébahi que je n’ai pas pu m’empêcher de jeter un œil, surtout que ton chapeau est le plus beau qu’j’ai jamais vu, mais mes actions ne sont en rien excusables, j’en ai conscience. Par contre, je n’ai rien volé, à part peut-être quelques biscuits. Ca risque d'être un peu difficile de te les rendre mais si tu y tiens… J’allais tout reposer exactement à sa place, promis, je voulais juste regarder. Je n’ai en ma possession ni pantoufles ni lettre, croix de bois, croix de fer.

Elle fit le signe de la croix sur son cœur, avant d’ajouter en louchant sur les chaussures du professeur qui - est-il besoin de le préciser ? - n’étaient pas des plus sobres :

- De toute façon je ne vois pas pourquoi j’aurais voulu piquer tes chaussons blasphèème, vu la différence dans nos tailles de pieds.

Tout est une question d’orteils. Ou pas. Par contre, maintenant, il fallait empêcher le propriétaire de découvrir que les pantoufles en question étaient en ce moment même au pied d’un garde caché dans son placard… Elle allait devoir mentir au vénérable professeur, alors, ou tout du moins en partie, si elle voulait donner une chance à son compagnon.

- Et pour la lettre, la boîte était déjà ouverte quand je suis arrivée et les lettres éparpillées par terre. J’pensais qu’il s’était passé un truc bizarre, ici, entre les lettres partout et le sang sur la moquette. Moi j’sais pas lire, j’vois pas l’intérêt que j’aurais à y toucher. Peut-être que quelqu’un est passé avant moi, après tout si tu laisses la porte ouverte faut pas s’étonner après…

Bon, lui dire que c’était de sa faute n’était peut-être pas la meilleure solution. Shawna tenta de rectifier le tir :

- J’veux bien t’aider à retrouver lettre et pantoufles, si ça peut me pardonner mon intrusion au moins un tout petit peu ? D’ailleurs, j’ai croisé quelqu’un avec un sac et une lettre à la main, en venant ici. Bon, j’sais pas si c’est ta lettre, ça pourrait être juste un morceau de parchemin, ni ce qu’il y avait dans le sac, ça pourrait aussi bien être des pantoufles roses qu’autre chose, mais on sait jamais, nan ? On essaie de le retrouver ?

Histoire de s’éloigner et de laisser le temps à Kylian de glisser la lettre et les pantoufles sous un meuble quelconque et de filer aussi vite que possible. Bon, elle avait fait sa bonne action du jour de son mieux, protégé le jeune homme comme elle le pouvait ; à présent, si le professeur ne voulait pas quitter les lieux et que la crevette se faisait attraper, ce serait à lui de se débrouiller – elle, elle ferait semblant de ne pas le connaître, à la limite, et il n’aurait qu’à trouver un mensonge vraisemblable. Ou alors ils diraient la vérité ; après tout, que pouvait bien faire le professeur ? Le mal était fait. Alors à part les gronder un peu et trouver une corvée ou une autre à leur faire faire pour les punir… Ils n’en mourraient pas.

Kylian Holin
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MessageSujet: Re: Toi à gauche, moi à droite et nous tout droit dans le mur [Terminé]   Toi à gauche, moi à droite et nous tout droit dans le mur [Terminé] Icon_minitimeLun 10 Jan 2011 - 21:02

    La porte s' ouvrit tranquillement, sans geste frénétique. Le possesseur des lieux - puisque ce devait surement être lui, sinon qui d' autre ? Quoi que, eux ne s' étaient pas gênés pour s' introduire chez le fantasque, alors pourquoi pas un autre ?- ne devait donc pas avoir entendu le brouhaha qui émanait de ses appartements quelques instants plus tôt et c' était donc tant mieux ! Avec un peu de chance ils pourraient s' en sortir sans se faire remarquer. Rectification, il pourrait s' en sortir, pour sa reine cela semblait plutôt compromis. Quel idée aussi de rester stupidement au milieux de la pièce qu' ils venaient de violer de leur présence ? Il fallait vraiment avoir un cerveaux de coureur pour se laisser prendre volontairement la main dans le sac. Mais bon, il ne s' étonnait plus trop, après tout c' était sa reine hein, et jamais elle n' aurait pu l' être si elle n' avait été comme elle était : Impulsive et irréfléchie.
    Alors le jeune homme se renfrogna et patienta coincé dans son cagibi inconfortable de voir la suite des évènements.


    Bien qu' il s' y soit préparé, les cris que poussa le propriétaire es lieux le firent légèrement sursauter.
    De surprise.
    Oh non, pas qu' il ne criait pas assez fort, non du tout, il semblait même énervé, très énervé ! C' est juste que... Il l' aurait imaginé avec une voix plus...masculine quoi...
    La il avait juste l'impression que le pauvre homme souffrait d' une virulente extinction de voie mêlé à un mal de gorge récurent. Bon d' accord il n' y avait rien de drôle dans ses propos et malgré sa voix de fillette les menaces étaient bien la mais si la situation n' avait pas été si dramatique, surement aurait-il du reprimer un fou rire. Non mais vraiment, on n' essayait pas de faire le méchant avec un ténor pareil !

    Avant même que le pauvre homme n' entre dans son champs de vision, le jeune homme déduisit que la pièce collait parfaitement à son propriétaire.
    Finalement les pantoufles roses s' expliquaient plutôt bien mise au pied de leur propriétaire...

    Enfin, le malheureux homme fut à portée de vue.
    Kylian fût presque déçu.
    Ben zut, avec une déco' et une voix pareille il aurait au moins pu être un peu plus excentrique physiquement parlant ! La il était presque normal, le choc.
    Habillé élégamment et sans la moindre trace d' un quelconque froufrou ostentatoire, - Eh oui, un peu frustrant quoi...- l' homme bien que de petite taille, pouvait aisément prétendre être un individu des plus normal si l' on n' en jugeait que par sa tenue actuelle.
    Seul ceux qui connaissait vraiment sa véritable nature pourrait témoigner de sa fanfrelucherie (oui j' invente des mots, je trouve ca chouette o/ )
    Donc, les seuls braves à avoir mit les pieds dans les appartements du professeur.
    Eux comprit.
    Surement que son extravagance constituait la face cachée de l' homme-a-la-voix-de-chat-enroué.
    En fait, en y réfléchissant bien, ils étaient peut être détenteur d' un énorme secret... Toi à gauche, moi à droite et nous tout droit dans le mur [Terminé] 327215
    A moins que l' homme en question ne se promène tous les jours ses magnifiques pantoufles rose au pied ou son turban de la même couleur sur la tête, mais ca, étrangement, il en doutait. Si il avait su...


    Le brun poussa tout un coup un bref cri d' agonie, digne des plus grand tragédien avant de s' agenouiller au sol pour récupérer ses précieuses lettres.
    HAHA ! Donc il avait raison ! Elles avaient carrément de la valeur ! Peut être même contenait-elles un secret supplémentaire ? Voir des informations ultra-secrète !!?

    ...
    Par la Dame, ce type était complètement atteint.
    En moins d' une minute il avait réussit par on ne sait quel mystère et au milieux d' un bordel digne du bureau de Jehan à remarquer la disparition de ses pantoufles à la couleur criarde ainsi que celle d' une seul de ses lettres - Enfin pour les lettres sa s' expliquait déjà un peu plus si elles étaient précieuses - .

    Kylian fut tout à coup prit d' un doute et jeta un coup d' œil à ses orteils...parés d' une magnifique pairs de chausson rose.


    Dans sa précipitation à se cacher, il avait complètement oublié de se séparer de ses pantoufles de conteur quant à la lettre en question...
    Le jeune homme releva sa main gauche jusqu'à ses yeux comme pour vérifier qu' il tenait bel et bien le billet tant désiré entre ses doigts.

    Minute de réflexion.


    ...

    * Eh merde. *

    C' est la que sa reine intervint, sa sauveuse o/.
    Ô Joie, Ô Bonheur, elle était décidément parfaite ! Il avait bien fait de la surnommer ma reine, puisqu' actuellement il était en total vénération de sa personne.
    Elle était une déesse, au même titre que la Dame et le dragon, une véritable divinité.
    Le jeune homme croisa les doigts et pria intérieurement pour que l' homme soit aussi naïf qu' excentrique.
    De toute manière c' était soit ca, soir se faire cramer.


    [/size]



Duncan Cil' Eternit
Duncan Cil' Eternit

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MessageSujet: Re: Toi à gauche, moi à droite et nous tout droit dans le mur [Terminé]   Toi à gauche, moi à droite et nous tout droit dans le mur [Terminé] Icon_minitimeSam 29 Jan 2011 - 19:41

[Je sais plus si je te l’avais déjà dit, mais si tu pouvais éditer la partie avec le string Very Happy Je trouve que ça colle pas vraiment à Duncan et c’est plus dégradant que comique :s ]

Nervous. Breakdown. Alarm. Tschuuuh.
Le seul signe de vie qui manifestait de sa condition de non-cadavre était sa paupière. Qui s’agitait nerveusement autour de ses yeux bugués, fixés de manière vide sur la criminelle en face de lui. Il l’avait lâché et écouté sa plaidoirie sans un mot, immobile, les bras ballants et les mains resserrées autour des sacro-saintes lettres de feu son épouse. Il ne la croyait pas. Il ne croyait personne. On lui aurait dit qu’il s’appelait Duncan, à l’instant même, il n’aurait pas cru la personne. Il était juste dans un état de profond choc nerveux, provoqué par la disparition de sa lettre, de ses pantoufles, la nuit précédente, sa propre fatigue, le monde, le sang sur son tapis, la hausse des prix du sucre, bref, tout. Et pour un homme aussi émotif que lui… Ben ça faisait disjoncter l’ensemble.

Incapable de penser correctement, et encore moins de prendre une décision quant à la procédure à suivre, Duncan fit quelques pas en arrière, blafard comme un paris-brest, et se laissa tomber comme une masse dans un de ses fauteuils, le corps battant tellement fort d’adrénaline qu’il se demandait s’il n’allait pas faire un infarctus ici et maintenant. Il avait trop mal à la gorge pour continuer de crier, et l’esprit trop suspicieux pour suivre la jeune fille en dehors de ses appartements. SES appartements, bafoués, violés, sa vie mise par terre, sa possession la plus précieuse disparue. La lettre, la dernière avant que… , celle qu’il ne pouvait pas relire sans fondre en larmes et à laquelle pourtant, il tenait plus qu’à tout autre lettre.
Et ses pantoufles. Son deuxième bien le plus précieux, disparu, envolé, pchuit. Il se sentait nu avec des chaussures conventionnelles, et même s’il se savait la risée de l’Académie avec ses couvre-pieds plutôt inhabituels, il ne pouvait pas vivre sans.

- Pas.. Pas question que je bouge. Que je sorte de cette pièce. Toutes mes affaires… sans protection… Et vous, … je n’ai aucune confiance en vous, ni en vos mensonges.

Il avait du mal à articuler une phrase cohérente et sa voix était nouée, rauque d’avoir crié, et étranglée de sentir le j’en-ai-marre former une boule désagréable dans sa gorge. Il contempla les lettres qu’il tenait en main et les classa machinalement par date d’écriture, n’ayant pas besoin de lire plus des premiers mots pour en retrouver le contenu exact. Des années à les relire, forcément, ça grave l’encre dans un esprit aussi surement que le fer marquait la peau.
Il avait à moitié envie de virer l’inconnue insolente de ses appartements à coup de pied dans le fondement, mais sa colère était encore bien présente, et elle n’allait certainement pas s’en sortir sans au moins deux cents ans de punition. Même s’il n’était pas en état de trouver en quoi elle consistait pour le moment. Ses cernes noires luisaient à cause des larmes de stress, de rage, de douleur et de fatigue qui s’écoulaient de ses yeux vert bouteille. Plus il classait maniaquement les lettres, plus l’absence de la dernière, de la plus précieuse, devenait évidente. Et plus cette absence lui sautait aux yeux, plus sa colère se reconstruisait, alimentée par les larmes qui coulaient après une nuit trop stressante pour le pauvre homme. Il aurait pu défaire au moins trois Ts’liches à lui tout seul, au moins, dans l’état où il était ! Bon, ils auraient du être préalablement empaillés, mais…

- Votre croix, qu’elle soit en bois ou en fer, vous pouvez l’avaler ou en faire des allumettes. Jamais quelqu’un n’a autant profité de ma confiance en l’espèce humaine pour venir mettre pertinemment le chaos dans ma vie privée.

Que Duncan en soit rendu à utiliser des grossieretés déguisées, ça voulait dire qu’il était VRAIMENT à bout. Sa voix ne portait plus, elle n’avait pas le froid sarcasme charactéristique des méchants en colère, il était juste… épuisé. Et désorienté. Lui qui aimait le monde entier et faisait confiance à chacun, qui vivait au dessus des moqueries et des remarques sur son comportement habituel, préférant ça plutôt que de dévoiler ses faiblesses plus anciennes… Comment réagir ? Comment réfléchir, déjà, s’il n’avait pas ses chères et tendres pantoufles roses ?
D’ailleurs…
Duncan se redressa brusquement, les mains si serrées sur les feuillets parfumés qu’il était sur le point de les froisser, et se dirigea une nouvelle fois vers la coupable, fulminant et les larmes toujours coulant toutes seules de son regard noir. Il n’était pas assez grand pour espérer impressionner par sa carrure, mais qu’elle essaie de rire de sa stature, et il la collait contre le mur.

- Vous… vous… Comment OSEZ vous seulement me mentir alors même que vous êtes dans une situation aussi scandaleuse ? On veut me faire croire qu’on est innocent, alors même que la couleur de l’objet disparu ne vous est pas inconnu, alors même que vous n’est pas CENSEE la connaitre ? N’avez-vous donc aucune estime de vous-même pour vous trainer à m’induire en erreur comme vous le faites ?! RENDEZ MOI MES AFFAIRES DANS LA SECONDE SI VOUS NE VOULEZ PAS AGGRAVER VOTRE SITUATION DEJA DESASTREUSE !

Et quand bien même elle les aurait dissimulées dans la pièce, il était prêt à retourner tous les meubles, la moquette et le plancher en dessous, à fouiller partout, même dans l’armoire où n’étaient jamais rangées ses pantoufles, pour mettre la main dessus. Quant à la lettre, si jamais il lui était arrivé malheur.. il ne s’en remettrait jamais.
Peut-être même qu’il mourrait de chagrin à l’instant même, avec un peu de chance.



Shawna Djee
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MessageSujet: Re: Toi à gauche, moi à droite et nous tout droit dans le mur [Terminé]   Toi à gauche, moi à droite et nous tout droit dans le mur [Terminé] Icon_minitimeSam 12 Fév 2011 - 14:13

Damned.

Roses. Les pantoufles étaient roses. Et elle n’était pas censée le savoir.

Grillée, grillée, grillée.

Shawna fit la grimace. C’était juste trop bête… Aucune chance pour qu’ils – qu’elle – puisse s’en sortir sans dégâts, cette fois, elle venait de prouver sa culpabilité aussi sûrement que s’il l’avait pris la main dans le sac, ce qui avait presque été le cas. Shawna soupira, discrètement ; elle aurait tellement voulu pouvoir partir avec l’homme, laisser Kylian reposer les pantoufles et la lettre bien en évidence avant de partir, et régler l’affaire comme ça. Mais c’était raté, apparemment. L’homme était dans un état de choc trop profond pour penser à bouger d’ici, et il allait craquer d’une seconde à l’autre. La musicienne se sentait mal, comme lorsqu’enfant, elle faisait une bêtise et se faisait gronder par son père ; ce n’était pas vraiment la carrure de l’homme, qui n’avait rien d’impressionnant, ni ses cris qui n’étaient, justement, que des cris. Mais il pleurait, et voir un adulte pleurer avait quelque chose de déstabilisant. Surtout un homme.

Si elle avait su l’effet qu’aurait simplement toucher une lettre, elle ne serait jamais entré dans ces appartements. Mais elle n’avait pas vu ce que ça pouvait faire, sur le moment. Elle comptait tout remettre en place avant de partir, ne comptait pas ravager les appartements, non plus, elle ne faisait que regarder, et toucher. Mais les événements récents, racontés par son conteur, avait dû mettre tout le monde sur les nerfs, et une petite excursion sans conséquence devenait une question de vie ou de mort.

Shawna jeta un regard en biais vers l’armoire.

Elle ne pouvait pas laisser le professeur dans cet état là, ne serait-ce que pour les représailles que cela promettait. Et puis elle n’était pas sans cœur, non plus… Elle était en faute, elle le savait, elle se devait de réparer. Et puis, dans l’ensemble, elle pouvait être fière d’elle ; elle était venue ici pour trouver des trucs marrants ou compromettants sur ses futurs professeurs, et pour avoir trouvé, elle avait trouvé. Elle pourrait se vanter d’avoir vu l’enseignant en pleurs, et savait exactement ce qui pouvait l’énerver… Des lettres, au contenu inconnu, et des pantoufles pour le moins excentriques. Quoiqu’elle ne comptait pas s’en vanter. Habituellement, elle l’aurait fait ; elle aurait moqué la faiblesse humaine, la facilité qu’il y a à trouver les boutons sur lesquels appuyer pour blesser les gens, les liens que font les hommes avec des objets qui ne valent rien en soi, leurs donnant une importance qu’ils n’ont pas, transformant des broutilles en symboles vénérés, facilement attaquables. Elle aurait ricané. Mais briser cet homme n’avait aucun intérêt, serait un acte de pure méchanceté ; il ne lui avait absolument rien fait, et elle n’avait pas du tout eu l’intention de le mettre dans cet état en entrant ici. Ce qui se passait dans cette salle resterait dans cette salle ; elle ne dirait rien, en tout cas pas tant qu’il ne ferait pas quelque chose qui l’agacerait. Et elle allait réparer les dommages collatéraux qu’elle avait causés…

Le problème, c’est qu’elle ne pouvait faire ça qu’en allant chercher pantoufles et lettre. Qui se trouvaient tout deux dans l’armoire. Avec Holin.

Il était hors de question qu’elle le trahisse.

Quand elle était petite, Yeleen avait mis en miette les papiers qui étaient sur le bureau de son père, un jour, arrachant tout en petits morceaux pour faire des confettis, s’amusant à les jeter en l’air pour les voir retomber autour d’elle. Lorsque son père était revenu, elles s’étaient tenues droites, toutes les deux, face aux accusations. Jamais elle n’aurait trahi sa sœur, jamais elle ne l’aurait dénoncé. Un sentiment de rancune l’envahissait à chaque fois qu’elle pensait à ces gens qui, pour ne pas être punis, pointait du doigt les fautes des autres. Cette fois ci, ça avait été Yeleen, mais ça aurait pu être elle. Alors elles s’étaient tues, solidaires, et elles avaient subi les conséquences ensemble. Peu importait qu’elle ait été punie pour une bêtise qu’elle n’avait pas faite. Yeleen était sa sœur, et elles étaient du même camp, que ce soit pour partager les corvées ou les gâteaux.

Oh, Shawna était capable d’être injuste, et même méchante, et d’en rire ; mais elle avait aussi des principes, et la loyauté était l’un d’entre eux. Elle ne connaissait pas le rouquin depuis longtemps, mais s’il pouvait ne pas se faire prendre, c’était mieux pour lui. Elle n’allait pas l’obliger à sortir, c’était complètement absurde. Elle trouvait un peu lâche qu’il ne sorte pas de lui-même et qu’il n’assume pas les conséquences de ses actes, mais ce n’était pas à elle de parler pour lui.

Alors que faire ?

Elle ne pouvait ni trahir le garde, ni laisser l’enseignant dans cet état.

Elle aurait pu rester ici sans rien faire, braver les accusations du digne professeur ; attendre que son comparse sorte de lui-même, ou que le propriétaire des lieux se fatigue d’attendre en vain, et sortir avec lui dans le bureau de qui voulait bien punir les intrus. Elle était têtue, elle aurait pu restée campée sur ses positions. Mais elle était impatiente, aussi, et ne supportait plus la vue de ces larmes creusant un visage d’homme, le visage d’un homme qui était censé être… moins fragile. Alors elle sortit un mouchoir de tissu propre – il faut le préciser, quand même – et le tendit au bonhomme.


- Tiens. J’vais te les rendre, tes pantoufles, et ta lettre aussi. C’est hallucinant de se mettre dans un état pareil pour un morceau de papier, franchement…

Sarcasme et ironie. Toujours utile pour garder contenance dans les pires situations. Puis elle s’éloigna de l’homme pour aller vers l’armoire, espérant que le professeur serait en train d’essuyer son visage et ne verrait pas trop ce qu’elle faisait, même si elle n’y croyait pas vraiment, allez savoir pourquoi… Le conteur devait trembler de peur dans son armoire, là.

Elle avait l'intention de récupérer lettre et pantoufles discrètement, en entrouvrant la porte, mais elle fut devancée...


Kylian Holin
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MessageSujet: Re: Toi à gauche, moi à droite et nous tout droit dans le mur [Terminé]   Toi à gauche, moi à droite et nous tout droit dans le mur [Terminé] Icon_minitimeSam 5 Mar 2011 - 17:48

    Oula... La situation se dégradait bien plus rapidement que prévu. L' étrange individu au mœurs pour le moins originaux semblait en effet au bout du rouleau, et encore, c' était peu dire. Même s' il ne pouvait le voir de sa cachette, le souffle rauque et désorganisé de l' homme parvenait à faire trembler ses oreilles.
    ' Manquerait plus qu' il fasse une crise cardiaque, ils se retrouveraient bien embêtés tient...
    De toute évidence le professeur -puisque l' intendant mis à part, qui sinon aurait le privilège de posséder une chambre personnel sur les lieux ?- ne semblait pas vraiment décidé à quitter ses lieux pour suivre sa reine dans les couloirs et, par la même occasion lui offrir le temps nécessaire à l'évasion qui l'arrangerait.
    Bon, à vrai dire s' il avait été assez crédule pour la croire et la suivre, surement le jeune garde indiscipliné aurait gardé un piètre opinion de lui.
    N' empêche que sur le coup il aurait quand même vachement préféré que le propriétaire soit un simple d' esprit, la en l' occurrence ca ne l' arrangeait pas trop.

    Le tourment et la fatigue du pauvre homme se sentait jusqu' à travers ses insultes - où du moins si d' insultes il pouvait qualifier ces termes-. Pour le coup, Kylian le trouva vraiment minable et pitoyable de se trouver si faible dans une situation où il possédait pourtant l' avantage. Quoi de plus ridicule qu' un homme à la carrure au moins aussi impressionnante qu' un chuchoteur et à la voix fluette ?
    L' ennui c' est que lui même ne se sentait pas très bien face au pauvre bougre. Il semblait quand même vraiment mal le pauvre...
    En vérité il aurait 1000 fois préféré qu' il s' énerve et les jette tous les deux dehors par la peau des fesses en les qualifiants des noms d' oiseaux les plus originaux qui soit. Oui, tout ca aurait été plus...Normal, plus rassurant aussi. La pour le coup, sa réaction avait seulement pour but de le ronger de culpabilité.
    Merde...

    Ils n' avaient jamais voulu ca ! Seulement profiter quelques instants de la pièce pour la fouiller un peu, s' esclaffer devant des trouvailles incongrues, essayer des vêtements vraiment trop grands pour eux ou encore sauter comme deux gamins sur le grand lit à baldaquin qu' il imaginait bien moelleux.
    Pas plonger son propriétaire dans la tristesse et le désarroi.

    Kylian jeta un coup d' œil rapide en direction de sa reine qui semblait elle aussi plutôt désemparée devant la réaction de l' homme au pantoufles roses.
    Bon, elle avait assez prit pour tous les deux et la laisser se faire punir seule alors que c' était en fait un peu de sa faute s' il c' était retrouvé à arpenter les couloirs de l' académie serait vraiment minable de sa part.
    De toute manière il finirait bien par le trouver tôt ou tard et quelque chose lui disait que le plus tôt serait le mieux.
    Avant que la situation ne s' aggrave davantage et qu' il n' ait plus du tout envie de faire des trucs stupides avec sa copine o/.


    Lorsque de timides reniflements se firent entendre de l' autre coté de l' armoire, Kylian ne pu empêcher une vague d' accablement de le submerger.

    * Mais non pleurs pas ! t' es con ou quoi ? *

    Grimaçant, Kylian passa rapidement sa main dans ses cheveux. Du coup il n' avait vraiment plus le choix, si ca continuait comme ca il n' aurait vraiment plus envie de faire des trucs stupides.
    Sa décision était prise, il allait sortir et lui remettre ses biens, et maintenant. Toutefois avant ca...
    Kylian fit glisser le plus discrètement possible sa veste de garde de l' académie. A vrai dire il avait vraiment très peur que l' expulsion ne soit plus proche qu' il ne l' aurait cru, alors quit à se faire prendre, autant essayer de limiter la casse en passant pour un simple élève, après tout, il était dans la moyenne d' âge.
    Le jeune homme la plaça sur un cintre sous un manteau qui semblait, à première vue, ne pas avoir vu souvent la couleur du jour avant d' ouvrir timidement la porte de l' armoire.

    Se dépossédant des pantoufles de l' homme, - Dame ce qu' elles étaient confortables !- le jeune homme profita des quelques secondes qui le cachaient encore de la vue du professeur pour y glisser la lettre tant convoité qu' il n' avait même pas pu essayer de déchiffrer.


    " Livraison exprès pour Monsieur...Il eu un temps d' arrêt avant de reprendre l' air de rien Pour Monsieur !"

    Et il plaça son paquetage entre des mains ahuries avant de venir se positionner à coté de sa reine et d' observer la commode juste à coté, attendant la sentence qui ne tarderait surement pas à venir.
    Pour le coup, il ne savait pas quoi faire ou dire d' autre...


    [ Vraiment désolé pour le retard :S, Shawna j' ai un ptit peu modifiée ta fin, Sorry ^-^' ]


Duncan Cil' Eternit
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MessageSujet: Re: Toi à gauche, moi à droite et nous tout droit dans le mur [Terminé]   Toi à gauche, moi à droite et nous tout droit dans le mur [Terminé] Icon_minitimeLun 4 Avr 2011 - 1:05

[Je vais avec la fin de Kylian, alors]

Il aurait été capable de faire des confettis de son mouchoir. Vraiment. Il n’en avait rien à faire que les larmes lui coulaient des yeux, alors qu’en tant que commensal de l’Académie, il était tenu à une certaine tenue devant les élèves. Il avait toujours trouvé stupide de retenir les larmes quand elles débordaient, et que la peine était plus grande pour les empêcher d’être versées que lorsqu’elles roulaient librement sur ses joues –ou dans ses lobes d’oreille, quand il était allongé. Aussi, donc, le mouchoir finit écrasé dans sa main, sans but, avant d’atterrir dans l’une de ses poches pour y rester surement plusieurs jours. Les larmes le rassuraient. Parce que pendant des années, il avait cru avoir pleuré toutes les larmes de son corps et s’être desséché de l’intérieur, après l’enterrement de sa fiancée ; et que pouvoir pleurer, c’était signe qu’il était vivant, et qu’il pouvait encore vivre assez longtemps pour avoir des choses sur lesquelles pleurer. Bon, pas trop souvent quand même, mais là, c’était un cas de breakdown nerveux assez exceptionnel.
Il n’arrivait même plus à former des mots cohérents pour répliquer à la jeune insolente. Tout ce qui comptait, c’était que ses affaires reviennent. Que ses pantoufles soient de nouveau près de lui, qu’il puisse parcourir des yeux les mots qu’il connaissait par cœur et savait réciter les yeux fermés, et dont le parfum, quoique ténu par les ans, était encore imprimé dans son esprit. C’était tout ce qui comptait. Même infliger une punition à l’impétueuse lui semblait étonnamment superficiel, et ne servir à rien. Les gens qui se permettaient de fouiller les affaires des autres n’étaient pas capables de comprendre l’intérêt psychologique d’une punition, et la subiraient sans broncher, pour recommencer sitôt terminée.
De lassitude, il s’effondra à nouveau dans son fauteuil, la voix brisée et les doigts sur les paupières, pour apaiser un peu la noyade de ses pupilles. Il n’arrivait pas à saisir comment cette jeune fille pouvait être aussi peu affectée par le monde qui l’environnait, et les ténèbres qui avaient envahi la soirée de la veille. Il fallait être bien obtus à l’univers. C’était au-delà de la force mentale, à ce stade.

Un couinement bien connu lui fit relever la tête. A ce stade-là, s’il avait cru possible de voir surgir quelqu’un de sa penderie… Il serait mort d’infarctus dans son fauteuil. Il était sur le point de, en tout cas. Le stress de cette nouvelle apparition élévale (du substantif élève, même Duncan ne connaissait plus la syntaxe dans un état profond de choc) le prostrait un peu plus, et c’est des yeux empreints d’une profonde lassitude et d’une fatigue éternelle qui se posèrent sur le jeune homme à l’apparence joviale.
Le plus important, c’était ce qu’il tenait en main. Et ce que Duncan eut aussitôt entre les siennes. Ses possessions les plus précieuses. Ses vieilles pantoufles à la couleur criarde, chaudes d’avoir été portées par l’imbécile qui souriait pour s’excuser, ses pantoufles qu’il avait en sa possession depuis.. vingt-six ans maintenant. Et qu’il ne remplacerait pour rien au monde. Et à l’intérieur, Duncan constata avec un mélange d’horreur et de soulagement infini la lettre manquante. Horreur parce que le fait de poser les yeux sur le parchemin soigneusement plié lui brisait le cœur, soulagement parce que même si elle était lourdement chargée d’un passé douloureux, il ne la brulerait pour rien au monde. S’étant donc assurée du bon état des objets volés, Duncan les posa avec autant de précaution qu’un souffleur de verre poserait un vase de cristal sur la petite table basse qui jouxtait son fauteuil habituel. Les larmes s’étaient arrêtées de couler avec la stupéfaction de voir un être bipède androïde sortir de son placard, et elles ne recouleraient pas de la journée. Il était trop loin dans la fatigue pour ça. Vraiment. Et les deux gourgandins qui se tenaient à distance, proches comme pour se soutenir mutuellement, à attendre qu’il leur tape sur les doigts avec une règle.
Qu’ils profitent de ce luxe qu’ils avaient d’être jeunes, ces petits idiots. De pouvoir se moquer impunément de l’autorité. Et de rire du malheur des gens. C’était un luxe rare et assez éphémère.
Les épaules affaissées et le visage enfoui dans la main, Duncan resta plusieurs minutes à tenter de retrouver une certaine cohérence verbale. Paradoxalement, il voulait être seul, aller s’étendre et ôter à la fatigue la vertigineuse qu’elle provoquait, et ne souhaitait pas non plus se retrouver seul en compagnie du passé.

Il ne connaissait pas personnellement les deux jeunes efflanqués qui avaient eu l’audace de fouiller ses affaires et de lui mentir, lui, un professeur. Mais c’était tout aussi bien, parce qu’il n’y avait rien de plus rassurant que de parler de soi à un inconnu qui ne vous écoute pas et aura oublié sitôt la porte refermée. Et écouter les déboires d’un vieil homme de quarante-cinq ans, on pouvait appeler ça une punition, dans leurs têtes dures.

- Soyez donc ravie que votre vie soit tellement trépidante qu’un morceau de papier vous semble futile. Que la vie vous apparaisse autrement que dans les souvenirs contenus dans quelques lignes.

Il se tourna vers le jeune homme, dont il ne connaissait que le visage et dont le nom lui importait peu sur le coup. Il ne signalerait pas leur délit à plus haute administration, à Jehan. Il n’avait pas envie que cette histoire s’enlise. Tout s’arrêterait quand ils partiraient. Qu’ils aillent dire ce qu’ils veulent à leurs petits camarades. Les jeunes ne s’écoutaient pas les uns les autres, de toute manière. Et c’était tout aussi bien. Sombres petits imbéciles. Sa voix était teintée d'une fatigue immense, malgré l'apparence plus.. adulte qu'il avait réussi à recomposer.

- Maintenant dites-moi. Qu’espériez-vous donc trouver dans mes affaires qui vaille la peine d’être criminel ? Est-ce donc si amusant qu’un adulte n’ait pas une garde-robe commune ? N’avez-vous jamais songé que des pantoufles ridicules, pour qu’un homme accepte de les porter, aient une importance que l’on ignore ? Et surtout, jeune homme, qu’avez-vous lu de cette lettre ? Et qu’en avez-vous compris dans votre cervelle imperméable à toute tentative d’éducation ?


Peu, il espérait. Il ne voulait pas que le cristal de SES mots soit interprété par des jeunes esprits, rendu souillé par la perversité de la jeunesse. Il voulait figer le passé dans les souvenirs. Et si quelqu’un l’avait remué en lisant le passé, qui sait à quel point il serait blessé par leur incompréhension.


Kylian Holin
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MessageSujet: Re: Toi à gauche, moi à droite et nous tout droit dans le mur [Terminé]   Toi à gauche, moi à droite et nous tout droit dans le mur [Terminé] Icon_minitimeVen 15 Avr 2011 - 23:02

    ...Gros blanc...

    Un silence énorme avait précédé sa sortie de l' abris éphémère qu' avait constitué la vielle armoire et poste d' observation depuis lequel il avait pu observer le déroulement de toute la scène.
    Un silence vraiment lourd, plein d' attente et d' angoisse.
    Qu' allait donc faire ce chère professeur ? Se mettre à hurler ? A pleurer ? Les chasser de ses appartements à coup de pied ? Ou encore tomber dans les pommes ?
    Et la dernière hypothèse n' était pas sans fondements puisque l' homme avait soudainement pâlit et avait cessé brusquement de pleurer. Il semblait plus fatigué que jamais, plus vieux aussi, on aurait pu croire qu' il avait prit 10 ans en à peine quelques minutes en leur compagnie ! Amusant. A moins que ce en soit lui qui n' ait pas pu prendre véritablement connaissance de ses traits avant maintenant.
    N' empêche que le pauvre homme n' avait pas vraiment bonne mine et le jeune homme s' inquiétait véritablement pour sa santé.


    * Y' va quand même pas tomber dans les pommes ? Eh oh ! Coco restes avec nous hein !? Pourquoi tu t' mets dans cet état la ? *

    Ah. C' est vrai qu' en l' espace de quelques minutes il avait :
    1- Retrouvé ses appartements dérangés.
    2- Ses p'tits gâteaux mangés.
    3- Une fille bizarre, surement cause de tout se remu-ménage, lui raconter des bobards sur un prétendu voleur.
    4- La disparition de ses précieuses pantoufles et d' une lettre auquel il tenait énormément.
    5- Leur réapparition soudaine dans les mains d' un total inconnu caché dans son placard.

    Ouais bon en fait finalement si, il avait une raison à ne pas se sentir bien, voir même cinq, et compte tenu des derniers évènements cela devait faire beaucoup pour le pauvre homme, surement trop même.
    Mais non, il reprit vite du poil de la bête et après avoir digéré cette nouvelle apparition (semblait-il), le bel homme se tourna vers lui, très calme.

    ...
    Kylian jeta un regard en coin à sa reine, en quête d' une aide quelconque. Il n' avait juste rien pigé aux paroles qu' il venait de lui adresser. Au début si, bien sur ! La où ca c' était compliqué c' était à partir du ' Que la vie', toute la fin quoi.
    Déjà qu' il avait du mal avec les mots compliqués et les tournures de phrases bizarres, si il fallait en plus devoir se concentrer pour comprendre c' qui disait...
    Merde, pour le coup il aurait préféré qu' il fasse une crise, il aurait hurlé un bon coup et puis basta ! La si il comptait leur faire la morale, y' en avait pour des heures et il n' y avait rien de plus pénible, si en plus de cela il ne comprenait rien...
    Le professeur reprit avec ce même ton calme, emplie de raison, Kylian se concentra. -autant comprendre c' qu'il racontait ce coup ci-.

    Ouais bha si la pourtant c' était bon, il avait comprit. Boarf, il avait du avoir un instant de perdition tout à l'heure et c' était tout. Prit par le ton de la conversation de l' enseignant, Kylian répondit du tac au tac, de façon naturel, un peu trop naturel peut être.

    - Criminel ? On cherchait pas des trucs criminels nous ! Des trucs cool plutôt. Genre gros dossiers vous voyez ? M' enfin dans vot' cas j' crois que c' est plutôt mort.

    Il se gratta la nuque tout en contemplant la pièce dans laquelle ils se trouvaient. Le Gwendop, le chapeau haut de forme, les pantoufles, les lettres et tellement d' autre choses. Dans son cas, cela ne requierait même plus du 'dossier' mais plutôt de l' habituel, il n' y avait plus rien de compromettant à trouver puisque sinon tout aurait été susceptible de l' être.
    Y' avait plus rien d' intéressant à trouver... Hop hop hop ! A quoi il venait de penser la ? Plus rien d ' intéressant ? Quelle blague, un mec comme ca c' était juste génial ! Y' avait toujours pleins de petits trucs à découvrir, de petits détails croustillants à noter. Et puis, c' était toujours rassurant de voir qu' il existait encore en ce monde des esprits assez fous pour se ficher éperdument du jugement extérieur.


    - Hey ! J' vous en pris ! Rouspéta doucement le jeune homme.

    * S' pèce de cerveaux imperméable toit même. *

    - 'Pas eu l' temps de lire.- Un grand sourire illumina son visage - Mais si vous me la prêtez de nouveau j' veux bien vous en faire le résumé !

    Y' avait aucune chance.
    Insolent ? Même pas, mais l' envie de le taquiner avait été trop forte.
    L' ambiance c' était considérablement détendue depuis que le petit homme avait retrouvé ses biens.
    Kylian se prenait même à espérer effrontément qu' ils s' en tireraient sans trop de problèmes, restait à voir si ses espoirs se réaliseraient ou non.




Shawna Djee
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MessageSujet: Re: Toi à gauche, moi à droite et nous tout droit dans le mur [Terminé]   Toi à gauche, moi à droite et nous tout droit dans le mur [Terminé] Icon_minitimeMer 20 Avr 2011 - 18:30

Ce fut du soulagement, de la fierté, de la joie tout mélangé, lorsqu’elle vit Kylian sortir du placard, comme s’il était le sauveur arrivé juste au bon moment pour pourfendre le dragon. Bon, quand même pas, en fait, mais elle était quand même fière de lui. Elle commençait à penser – non, en fait, depuis le début, donc elle pensait tout court - qu’il était lâche de rester cacher comme une princesse effrayée au fond de l’armoire, incapable d’assumer être entré par effraction dans les appartements de l’humble professeur et d’avoir piqué lettre et pantoufles. Elle comprenait – il aurait sûrement d’énormes problèmes, il n’était pas censé être là. Mais elle aussi. Elle aussi, elle était dans la mouise, et ce n’était pas pour ça qu’elle s’était jetée sous le lit au premier son de pas. Elle avait fait une connerie, et bien elle en subissait les conséquences, point. Et même si elle s’était apprêtée à prendre discrètement pantoufles et lettre du placard sans griller son conteur, elle était contente qu’il soit sorti de lui-même. Elle aurait perdu un peu d’estime pour lui, s’il ne l’avait pas fait… Le rouquin vint se placer à côté d’elle, et elle s’approcha instinctivement, leurs bras se frôlant, visiblement complices, immanquablement fautifs ensemble. Mais mieux valait être puni à deux que seul. Même si elle l’aurait fait, en grommelant sur son manque de principe, s’il était resté caché.

L’enseignant ne s’énerva pas. Il se contenta de récupérer ses affaires comme si c’était son cœur qu’il avait caché au fond de ses pantoufles roses et sa mémoire qui s’étalait sur le morceau de parchemin. Impressionnant combien l’on pouvait s’attacher à de simples objets. Mais elle pouvait parler, elle aurait probablement eu la même réaction que lui si elle avait découvert quelqu’un en train de jouer de son luth. Qu’on rentre chez elle, peu lui importait, au fond, mais sa musique n’était qu’à elle. Mais l’important, là, maintenant, c’est qu’il ne s’énervait pas, comme si récupérer son bien avait vidé la colère, et qu’il ne restait que les questions, l’incompréhension de cette blessure béante qu’ils avaient failli lui faire. Ca ne voulait pas dire que la punition ne tomberait pas, et qu’elle ne tomberait pas ardue et douloureuse, mais pour le moment… Et puis il ne s’était pas enfermé dans l’un de ces silences réprobateurs qui étaient probablement les pires de tous, celui de la déception profonde, qui arrivait parfois à faire naître une pointe de culpabilité, comme une fleur qui n’attendrait qu’une goutte pour bien vouloir éclore.

Habituellement, Shawna n’avait pas la langue dans sa poche et répondait du tac au tac. Habituellement, les personnes qui subissaient les conséquences de ses petits jeux ne pleuraient pas devant elle et ne se laissait pas tomber avachis dans leur fauteuil, comme si elle venait de leurs porter un coup trop fort pour que leur constitution puisse le supporter – bon, sauf quand elle se battait dans la rue, mais ça n’avait rien à voir. Elle ne comprenait pas comment s’amuser à visiter l’Académie pouvait mettre quelqu’un dans de tels états, et ne croyait pas sa propre capacité à détruire un moral. Kylian la devança.

- Msieur, on voulait vraiment pas faire de mal. Juste s’amuser à visiter le bâtiment, et cette salle était juste beaucoup plus intéressante que les autres. Et ouverte, soi dit en passant, ça aide aussi. On pouvait pas partir, après – parce que oui, c’est si amusant que ça, les garde-robes comme les tiennes. On cherchait rien de particulier, on regarde. Comment on pouvait savoir que ces pantoufles et cette lettre t’étaient si importantes ? Fin perso j’comprends pas. Les souvenirs, c’est dans la tête, et la vie, ça se vit au présent, pas au passé. Mais j’suis désolée. Et si j’peux faire quelque chose pour réparer, ben…

Elle jeta un regard en biais à la lettre qu’il tenait encore crispée entre ses doigts. Encore, les instruments de musique, elle pouvait comprendre, ça se joue. Encore, les pantoufles, elle pouvait comprendre, ça se met. Mais une lettre ? Ce n’était que des mots écrits sur le papier. Les mots étaient faits pour être dits, pour être entendus, pour communiquer, et puis ils s’envolaient, disparaissaient pour ne laisser derrière eux qu’un vague souvenir, une impression tenace accrochée dans les entrailles, un sens profond, une signification d’ensemble qui restait avec soi longtemps après que plus un seul des mots ne soit resté ancré dans la mémoire. Les mots sont faits pour être oubliés. A quoi bon relire et relire et relire et relire et relire la même histoire ? C’était comme avoir trois fois la même discussion avec la même personne. Aucun intérêt. Une fois suffisait amplement. Et si on n’avait pas compris la première fois, la deuxième n’était pas nécessaire. Par contre…

- Mais j’avoue qu’elles m’intriguent, tes pantoufles. Elles ont vraiment une importance que l’on ignore ou tu bluffes parce que t’assumes pas tes goûts ?

Elle aussi, elle pouvait taquiner. Elle doutait que l’enseignant soit d’humeur à se laisser faire, mais le ton jovial et modeste avait l’avantage de détendre un tant soit peu l’atmosphère – la pression de tout à l’heure flottait encore dans l’air et tout ce qu’elle voulait, c’était aérer un peu, en espérant que la bourrasque de mots décontractés n’allaient pas faire voler les rideaux et attiser à nouveau la colère du propriétaire.

Duncan Cil' Eternit
Duncan Cil' Eternit

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MessageSujet: Re: Toi à gauche, moi à droite et nous tout droit dans le mur [Terminé]   Toi à gauche, moi à droite et nous tout droit dans le mur [Terminé] Icon_minitimeLun 2 Mai 2011 - 2:01

Insolents. Ingrats. Pendards. Sottards. Truandailles. Malivoles. Coqueberts. Galapiats. Goujats. Blancs-becs.
Andouilles.

Des trucs gros dossiers, hein ? N’avaient-ils donc que ça à faire de leur temps ? N’avaient-ils vraiment rien d’autre à faire en ce lendemain de crise, comme vaquer à déblayer, pleurer leurs morts, réconforter leurs blessés ? Par la Dame, ce que la jeunesse pouvait être oublieuse des conséquences et propre à bafouer l’honneur des disparus. Etait-il donc si peu respecté dans cet établissement qu’il faisait l’objet de fouille pour dénicher des détails sur sa vie privée ? Sa décision de ne pas parler de l’affaire à Jehan s’effritait petit à petit. S’ils avaient eu un comportement correct juste après, ou s’ils avaient été écrasés par le poids de la culpabilité, il aurait laissé passer l’affaire, oublié cet incident et tâché plutôt de se reconstruire une santé. Il était quand même passé pas loin de l’infarctus, le pauvre homme, et ça n’aurait décidément pas été le moment, alors que l’Académie pleurait déjà assez de disparus et de morts.
Duncan passa sa main sur son visage, massa du bout des doigts les cernes qu’il sentait, comme pour tenter de les faire disparaître à force de les frotter. Il espérait presque que quand il rouvrirait les yeux, les deux jeunes gens auraient disparu de ses appartements, la lettre serait revenue à sa place, et tout serait revenu à la normale. Mais rien ne pouvait revenir à la normale. La Dame voulait qu’aujourd’hui, il soit plongé de force dans ses souvenirs, par la faute de fouineurs sans foi ni loi, il ne pourrait échapper au serrement de cœur qui s’installait pour longtemps dans sa poitrine.

- Quand on a un peu de bon sens, jeune fille, on se doute que des appartements peuvent contenir les effets personnels de la personne à laquelle ils sont assignés. Je ne pensais pas qu’il existât ici des jeunes gens tellement mal éduqués par leurs parents qu’ils prennent une porte non verrouillée pour une invitation à fouiller partout sans regard pour l’intimité de leur victime.

Mais ça, il ne pourrait pas le changer, il le savait. Elle disait être désolée, et considérait sûrement ces excuses comme valables pour son compagnon de peine. Il ne pouvait rien faire de plus, pour ça. On ne pouvait pas redresser une branche tordue par la vermine.
Il était trop las pour s’énerver, suffisamment calme pour ne pas les congédier tout de suite. Et les mots qu’ils osaient lui lancer à la figure, par provocation, par insolence, par raillerie… Il fallait qu’il les digère. Ils lui demandaient des détails, hein ? Ils tenaient à leur « gros dossier », on dirait bien. Ca, il avait du mal à l’accepter. Qu’on puisse avoir l’effronterie d’être pris en flagrant délit de fouine, et de demander ensuite à connaitre les détails sur le contenu de leur fouille. Vraiment, non vraiment…
Il avait besoin d’air. Sans un mot pour les deux potiches qui étaient restées plantées à leur place depuis qu’il avait récupéré ses affaires, il se leva, et se dirigea vers la fenêtre. Fenêtre qu’il ouvrit en grand, autant pour chasser la chaleur de la pièce, dûe à l’énervement de tout à l’heure, que pour s’aérer le cerveau. Son corps se remettait avec une lenteur extrêmement pénible du coup d’adrénaline en trop qu’il venait de subir, et poser pendant quelques secondes les yeux sur autre chose que les deux nigauds lui ferait le plus grand bien. Respirer calmement. Eviter de songer qu’il lui suffisait de se hisser pour se laisser aller à la mort, et la retrouver. Ils étaient trop loin pour l’en empêcher…

Et il était suffisamment sensé pour s’ôter cette idée stupide de la tête. Ils l’avaient suivi du regard, et attendaient apparemment qu’il reprenne la parole ; que faire, oh, que faire dans cette situation… Ce n’était que justice que leur ton insolent soit balayé. Mais il n’arrivait pas à intégrer l’idée qu’il allait les laisser lire la lettre. C’était impossible. Oh, Cecilya, toi, tu saurais quoi faire…
Il revint dans son fauteuil d’un pas lent, abattu. D’un geste vague de la main, il les invita à s’asseoir aussi. Rien que les voir debout le fatiguait. Et s’ils devaient connaitre des détails « gros dossier » sur lui, autant qu’ils le fassent assis. Par politesse. A son niveau, et non pas en le surplombant.

- Ce sont des réponses que vous voulez, n’est-ce pas, et des spectaculaires, ça ferait bien dans vos ragots « cool ». Et bien, lisez, jeune inconscient. Lisez, et faites-nous un résumé de ce que vous trouvez dans cette lettre.

Sa main alla reprendre la lettre qu’il avait reposée sur un guéridon. Ses yeux repassèrent une fois dessus, les mots se formant dans sa tête sans qu’il ait besoin de fixer ses yeux dessus. L’encre commençait même à se flouter à certains endroits. Mais non, les souvenirs, ce n’était pas dans la tête, parce que la tête s’effaçait bien plus vite que l’encre…

- Mes pantoufles vous intriguent ? Lisez donc aussi –si au moins vous savez lire.- et vous aurez votre réponse. Que je ne les assume pas, c’est à vous de le décider.

Il leur tendit le parchemin, et se cala ensuite tout au fond de son fauteuil. Il savait qu’il allait passer plusieurs minutes en silence, tandis qu’ils chercheraient quoi que ce soit à tirer de la missive aimée. Minutes qu’il pouvait passer à recoller les morceaux. Ce qui était d’autant plus difficile qu’il était capable de réciter les mots qu’ils étaient en train de lire, au moment même où leurs yeux balançaient de gauche à droite sur les lignes. Et c’est ce qu’il fit, machinalement, le menton dans la paume, alors qu’il regardait le bleu du ciel par la fenêtre.

Spoiler:

Duncan releva la tête au même moment que les deux rebelles, sachant exactement à quel moment ils avaient fini de lire. Et vu leur sourire narquois à tous les deux, ils en avaient apprécié le contenu. Grandement. Il aurait pu leur montrer le faire-part. Mais il l’avait brûlé le jour même où il avait reçu, de douleur. Et même s’il l’avait gardé, il n’aurait jamais pu poser les yeux dessus à nouveau. Encore moins le montrer. Il reprit la parole, et sa voix était étranglée, car il n’avait jamais prononcé ces mots à voix haute. Même s’il pouvait aussi les réciter par cœur, et qu’il n’oublierait, de sa vie, jamais la date.


- Cecilya Nil’ Jeganq, promise Cil’ Eternit, est décédée dans la nuit du 24è jour d’automne, d’une toux pleurétique, exactement trois jours après avoir rédigé cette lettre.

Pause. Pourquoi ces simples syllabes lui arrachaient-elles le cœur à ce point ? Pourquoi est-ce que donner une réalité concrète à cette sentence était-il si douloureux ?

- Votre résumé, jeune homme ?


S'ils avaient encore ce sourire narquois flottant sur leurs lèvres, il ne répondait plus de ses actes. Il demanderait à Jehan de remettre en pratique cette ancienne coutume de couper la mains aux voleurs. Et de les écorcher vif. Sur un plateau de braises. Avec des pics.

Beaucoup de pics.



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MessageSujet: Re: Toi à gauche, moi à droite et nous tout droit dans le mur [Terminé]   Toi à gauche, moi à droite et nous tout droit dans le mur [Terminé] Icon_minitimeMar 10 Mai 2011 - 21:04

    Kylian attendait sagement la réaction du professeur qui semblait vouloir prendre son temps. Rester la comme ca, debout sans pouvoir rien dire ou faire, il n'aimait pas tellement le concept. La passivité c'était pas vraiment son domaine, lui il avait besoin de bouger d'faire quelque chose, n' importe quoi pourvu qu'il n' ait plus à endurer ce silence qui commençait à devenir des plus pesant. Le soudain mutisme du professeur l'avait un peu perturbé et Kylian s'en voulu pour le coup de sa réplique facétieuse. Il aurait pt'être pas du. Il avait cru que ca aurait pu détendre un peu l'atmosphère, il semblait que ca ait plutôt eu son effet inverse. Oups. Bha, il regrettait un peu moins, Shawna avait elle aussi ajoutée quelque mots, quoi que pouvant bien moins passer comme de l'arrogance à ses yeux comme le pouvait ses mots.
    Il avait peut être anéanti toutes leurs chances de s'en sortir sans trop de peine suite à cette entrevue qu'il aurait bien volontiers évité.
    Si seulement sa reine c' était cachée, ou si seulement le professeur était arrivé plus tard. Mais on refait le monde avec des 'si', ce qui était fait était fait et puis c'était tout, maintenant ils n'avaient plus qu' à assumer - ce dont il se serait bien garder de faire.
    Aussi il se contenta d'attendre et se tint correctement lorsque le professeur commença ses reproches.

    L'homme se leva ensuite et leur tourna le dos, plus intéressé par le dehors que par leur sort. Étrange, il semblait plus abattu que jamais, ils n'avaient pourtant rien dit ou fait qui leur vaille un regard si mélancolique si ? C' était plutôt le contraire, ils auraient du l' horripiler, l'agacer, l’énerver plutôt que de le démoraliser et lui donner une mine si affligée. Quelque chose clochait.
    Il ouvrit alors la fenêtre et resta la à attendre de longues minutes en silence.
    A quoi pouvait-il donc bien penser ?
    C'était très contrariant que de devoir rester debout sans bouger dans le silence le plus complet, mais il fallait bien respecter ce silence qu'il leur imposait et puis, il avait l'impression qu'il était important, ce silence.
    Kylian jeta un coup d'oeil à sa comparse qui ne pipait mot, elle aussi semblait ne pas aimer cette trève qu'il leur astreignait mais elle l'estimait à sa juste valeur.
    Restait à savoir ce qu'il leur préparait et quel décision il prendrait.
    Punition ? Pas punition ? Autre chose ? Tout ne dépendait que de lui.

    Lorsqu'il revint à eux le dos courbé et plus effondré encore que la fois précédente, le garde eu de nouveau pitié de lui. Il faut dire qu'il faisait vraiment peine à voir. Pourtant, il les invita à s'asseoir d' un geste las. Kylian observa sa reine avant de s’exécuter et de s'asseoir en tailleur face à lui. Par la Dame, qu'est ce qu'il était en train de leur faire ? Et pourquoi paraissait-il si déprimé ? S'il voulait leur donner une tache à accomplir, autant leur donner debout, s'servait à rien de les faire asseoir pour cinq minutes. Non vraiment il ne comprenait pas.
    Il prit alors la parole d'une voix plutôt calme et résignée qui contrastait complètement avec ses paroles accusatrices.
    Kylian lui lança un regard mi-surpris mi-suspicieux. Tout à coup, cette lettre lui semblait beaucoup moins attirante, il avait un peu peur de son contenu, la curiosité prit toutefois le dessus et il la saisit avant de la déplier doucement, retrouvant cette écriture rose bonbon qu'il avait été frustré de ne pas pouvoir déchiffrer.

    Ses yeux survolaient les mots aux formes arrondies avec cette excitation que découvrir un message secret procure. Il s'attendait à un petit message secret de la part d' une admiratrice ou quelque chose du même gout, aussi la surprise ne fut pas -trop- de taille, excepté la véritable raison du port de ses pantoufles colorées.
    Kylian releva la tête vers le professeur sans faire attention de savoir si sa reine avait belle et bien eu le temps de terminer la lettre - bien qu' il n' était pas au courant qu'elle ne savait pas lire-. Mélange de surprise et de questionnement dans ses yeux, oui bon, ca avait tout l'air d'être une lettre de sa femme juste avant leur mariage, lettre expliquant la raison à ces chaussons si particuliers mais, pourquoi leur faire lire ?
    La réponse tomba nette, comme un couperet suite au mots tremblants du professeur.

    Le garde palit.
    Alors elle était... Morte ? Ils ne s'étaient jamais mariés ? Elle n'était plus de se monde ? Elle était...partie ? Elle était...morte !?
    Il l'avait maintenant sa réponse et le pauvre homme n'avait désormais plus à s'en faire, la culpabilité qu'il éprouvait en cet instant était tout sauf feinte.
    Merde, pourquoi avait-il fallu qu'il prenne cette lettre en particuliers.

    Le professeur reprit alors, légère tendance ironique dans la voix.
    Kylian grimaça avant de reposer très vite la lettre à sa place.
    Tout mais pas ca, c'était pire qu'une punition.
    Il se gratta alors la nuque, très gêné, préférant baisser les yeux plutôt que d'avoir à affronter son regard. Son regard d'homme blessé.
    Devant le coup d'oeil du professeur qu'il sentait plutôt appuyé, le garde fit alors, d'une voix un peu plus faible que d'habitude;


    - Je crois que ca ne sera pas utile...

    Il ne pouvait pas comprendre sa douleur, ce vide, ce néant qu'il imaginait l’agripper à la perte d' un être chère. Evidemment il n'avait jamais eu d'être chère et en avait, de ce fait, encore moins perdu. Mais ce pincement au coeur, cette douleur sourde et ce mal être il les ressentaient eux parfaitement. La douleur, la peur, la mort, il ne les connaissaient que trop bien pour la souffrance qu'elles provoquaient pour pouvoir considérer son interlocuteur sans la moindre compassion.
    Il se sentait vraiment mal et n'avait qu'une envie, sortir d'ici au plus vite.
    Trop de mauvais souvenirs, de pleurs de hurlements, il étouffait.

    Kylian se releva et murmura un petit "
    Désolé..." avant de quitter la pièce d' un pas rapide.
    Il ne tenait plus, ne pouvait plus, encore cette douleur au ventre si abominable et ce bourdonnement dans ses oreilles.
    Le garde s'adossa contre le mur, soufflant avec force.
    Ca allait passer, voila, ca allait déjà mieux.
    Bordel si il avait su que cette simple lettre lui rappelerait tant de choses, il se serait bien abstenu de la prendre entre ses doigts.




Shawna Djee
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MessageSujet: Re: Toi à gauche, moi à droite et nous tout droit dans le mur [Terminé]   Toi à gauche, moi à droite et nous tout droit dans le mur [Terminé] Icon_minitimeLun 16 Mai 2011 - 16:10

Il n’avait pas tort, le professeur, et Shawna fixa le sol, sachant parfaitement qu’elle était en tort, malgré toutes les explications qu’elle pouvait bien donner à son attitude. Elle n’avait voulu faire aucun mal, mais ça avait été le cas, et cela ne changeait rien, au fond. Alors elle attendit en silence, morose, lorsque l’enseignant s’éloigna vers la fenêtre, et continua à attendre lorsqu’il vint s’assoir. Shawna n’était pas du genre à rester tranquille, et préférait rester debout, en général ; pourtant, elle s’assit dans le siège qu’il montrait de la main sans faire d’histoires, après une brève hésitation, et s’y mit en tailleur, les genoux frôlant les accoudoirs. Elle ne savait pas lire, et elle l’avait dit, quelques temps plus tôt, lorsque l’excentrique avait demandé si elle avait pris sa lettre. Il le savait parfaitement, qu’elle ne savait pas lire – quoiqu’il avait l’air d’être assez en état de choc pour ne pas avoir retenu cette information. Kylian ne se souvenait pas non plus, apparemment, peut-être n’avait-il pas entendu à travers la porte du placard.

- Personne ne m’écoute, par ici.

Un grommellement à peine audible, qui se perdit dans son cou – à défaut de barbe – et n’atteignit aucun des deux hommes. S’il ne voulait pas qu’ils connaissent le contenu de cette lettre, il n’avait pas à parler, non plus, elle n’avait jamais eu l’intention de l’apprendre, elle ne le connaissait pas. Et puis qu’est-ce qu’il avait, à parler de ragots ? Quand avaient-ils dit qu’ils comptaient faire sortir la moindre information de cette pièce ? Elle n’était pas l’une de ces nobles aux cous de cygne, aux cervelles de moineau et à l’appétit de charognard pour la moindre miette d’information, qui amplifiaient tout ce qu’elles entendaient pour mieux s’entendre jacasser comme des oies. Savoir des choses amusantes sur les enseignants que personne d’autre ne savait était amplement satisfaisant, la concernant. Les partager avec Kylian, et peut-être Elio si lui aussi était encore dans le coin, lui suffisait largement. Continuant à rechigner dans son coin, elle se leva pour jeter un œil quand même. Elle était quand même bien intriguer par ces pantoufles, et attendait le résumé de Kylian pour en connaître le détail. Rien ne lui empêchait de regarder quand même, puisqu’elle y était maintenant autorisée.

Une écriture de femme, bien tournée, bien jolie. Parchemin plié, déplié et replié de nombreuses fois, plutôt vieux ; la lettre ne datait pas de cette semaine, en tout cas, et elle doutait qu’elle soit de cette année non plus. L’encre commençait à être fade. Un temps perdu, alors. La lettre d’une sœur, peut-être, d’une mère, ou d’une ancienne maîtresse. Et c’était tout ce qu’elle pouvait en tirer. Elle s’éloigna avant Kylian, qui lui dévorait chacun des mots, et se laissa retomber dans son fauteuil, attendant la fin, le creux de la paume posé sur la longueur de sa mâchoire, son coude sur l’accoudoir, et ses ongles effleurant la peau terreuse de sa joue. Résume, beau conteur, résume pour ta reine qui n’a rien compris, et fais-en une belle histoire, de ta voix de troubadour.

Lorsque celui-ci leva les yeux de la lettre, ce fut pourtant le propriétaire du chapeau haut de forme qui parla, d’une voix tremblante, comme s’il était difficile pour lui de dire ce qu’il avait à dire. Et elle finit par comprendre pourquoi. Alors ainsi, sa fiancée était morte, et c’était sa dernière lettre qu’ils avaient temporairement subtilisée… Il avait de quoi s’être mis dans cet état, après tout. Les mots tombèrent comme une guillotine, pour Kylian en tout cas, qui devint un fantôme roux en l’espace de quelques instants, et s’éclipsa comme il le pouvait.

- Lâche.

Elle n’avait pas pu s’empêcher de laisser l’insulte lui échapper, en guise d’au revoir. C’est ça, va-t-en. Maintenant que tu sais combien fouiller dans ses affaires et toucher à cette lettre l’a blessé, fuis avec ton petit désolé de rien du tout, ta culpabilité te grignotant comme les mites les vêtements, et va mettre Al Jeit en bouteille un peu plus loin. L’itinérante se sentait complètement blasée. Pas par la lettre, ou ce qu’elle venait d’apprendre, mais par les réactions du conteur. Il était beaucoup plus lâche qu’elle ne l’avait cru ; d’abord se cacher en entendant les pas dans le couloir, par peur de se faire attraper dans un endroit où il n’avait pas le droit d’être, et puis maintenant, encore une fuite, parce qu’il était incapable de tenir le regard de l’homme insolite, et d’assumer ce qu’il faisait. Lâche, voilà, c’était la seule chose à dire. Bon, ça ne changeait rien au fait qu’elle avait été heureuse de le revoir, et qu’il était un bon compagnon de jeu, mais il fallait être réaliste, quand même, ce n’était certainement pas derrière lui qu’il fallait se cacher. Pas que Shawna ait l’habitude de se cacher derrière qui que ce soit. C’était quand même une bonne chose à savoir ; si elle devait un jour compter sur quelqu’un pour quelque chose d’un tant soit peu important, elle ferait attention que ce ne soit pas lui. Elle espérait quand même que ce qui venait de se passer ne le ferait pas se remettre complètement en question, elle avait envie de pouvoir jouer avec les limites avec quelqu’un, quand même, ce n’est pas parce qu’aujourd’hui leur attitude avait causé un tort que ce serait toujours le cas…

Mais il était parti, maintenant, et elle reposa les yeux sur le professeur, remettant une tresse à moitié défaite derrière son oreille, et se redressant un peu. Elle ne savait pas ce que contenait la lettre, mais ça n’avait pas l’air difficile, après ce qu’il avait dit. Les pantoufles devaient lui faire penser à elle, pour une raison ou pour une autre. Il était profondément amoureux, et ne se remettait pas de sa perte. Ces appartements étaient ceux d’un célibataire ; si ce n’est que parce qu’on ne laisse pas la boîte contenant les lettes de sa défunte promise en pleine vue lorsqu’on s’est marié à une autre. C’était triste, quand même, d’être si attaché à une personne qu’on ne pouvait plus aller de l’avant et s’attacher à d’autres, qu’on ne faisait que vivre avec le souvenir, et qu’on ne pouvait supporter qu’une tierce personne entre dans ce monde inexistant. Mais elle ne pouvait pas vraiment dire, non plus, toutes les personnes en qui elle tenait le plus étaient encore vivantes. Elle voulait croire que la mort de l’une ou de l’autre ne l’empêcheraient pas d’être qui elle est, de se lier à d’autres et de continuer à vivre, mais comment prévoir ? Sa tante, la mère de Mateo, était décédée quand elle avait 13 ans ; et son nez était un rappel cuisant, quotidiennement, de la différence entre son chagrin à elle et celui de son cousin. Sa tante était morte. Le monde avait continué à tourner pour elle, il s’était arrêté pour l’itinérant. Comme il semblait s’être arrêté pour l’enseignant.

- Ca fait combien de temps qu’elle est morte ?

Il leur avait permis de lire la lettre, elle pouvait se permettre de poser une question. En tout cas, elle n’allait pas partir, comme l’avait fait Kylian, et le laisser avec son fantôme. Et elle n’allait pas rester plantée là en silence à attendre qu’il fasse quelque chose. Elle ne pouvait pas dire qu’elle comprenait, non plus, puisque ce n’était pas le cas. Elle n’avait jamais été amoureuse, avait une expérience trop limitée de la mort. Et puis elle s’était déjà excusée, avant de savoir – elle était désolée d’avoir fouillé dans son appartement, mais sûrement pas qu’une femme soit morte, ça, ce n’était pas de sa faute. Alors elle demanda.

- Et elle était comment ?

Peut-être que ça lui ferait du bien, de faire un peu sortir son fantôme poussiéreux de sa boîte. D’en parler, au lieu de toujours le laisser hanter les mêmes os, les mêmes vaisseaux. Et puis s’il ne voulait pas la mentionner, ou souhaitait retrouver la solitude, maintenant qu’il avait récupéré ses biens, et bien il l’enverrait balader, et elle s’en irait. Ce n’est pas comme si ça l’intéressait tant que ça, d’entendre parler d’un cadavre. Mais c’était comme si elle le lui devait – c’était elle qui l’avait réveillé, en ouvrant le coffret, et c’était à elle de la reposer, un peu, pour réparer. Assumer les conséquences de ses actes. Et bien voilà, c’est ce qu’elle faisait. Elle n’aurait jamais demandé à un passant croisé dans la rue de lui raconter sa vie, mais c’était différent, ici – parce que c’était de sa faute. Et qu’elle n’était pas une fuyarde. Elle partirait quand on le lui demanderait.

Alors elle remonta un genou vers elle, et passa son bras autour.

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Maître des légendes et d'animisme et primat d'Aequor
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MessageSujet: Re: Toi à gauche, moi à droite et nous tout droit dans le mur [Terminé]   Toi à gauche, moi à droite et nous tout droit dans le mur [Terminé] Icon_minitimeLun 20 Juin 2011 - 3:01

Les yeux striés de vénules rouges du professeur de légendes suivirent la silhouette aux cheveux roux alors que celle-ci se relevait et sortait cahin caha de la pièce, laissant derrière elle quelques poussières d’excuse. Il continua de fixer son dos même après qu’il eut disparu derrière le panneau de bois de la porte , et ensuite l’angle du couloir. Duncan resta les yeux fixés sur la porte, les sourcils légèrement interrogateur, le menton dans la paume.
Rien.
Il ne ressentait rien.
Rien en voyant les émotions violentes qui se disputaient dans les yeux du jeune garde impétueux. Rien quand celui-ci avait subitement changé de couloir, rien en percevant les tremblements dans sa voix, et les crispations de ses phalanges, rien quand il avait du piétiner autour du fauteuil avant de se décider à partir. Rien en entendant les bruits de pas qui s’éloignaient, ou s’arrêtaient. Rien en imaginant qu’il venait de promettre au garde une très mauvaise nuit, embourbé dans ses propres souvenirs alors qu’il avait inconsciemment cherché à déterrer ceux du vieil homme. Le professeur s’enfonça un peu dans son fauteuil, à la rechercher de ses sentiments ; où était passée toute cette haine cachée qu’il nourissait à l’encontre de leurs sourires narquois ?
Kylian les avait emmenés avec lui, subtilisé quand il s’était échappé de la pièce comme un rat quitte le navire. Et Duncan se trouvait saigné à blanc, comme un bois flotté échoué sur une plage parce que la marée n’a plus voulu l’accueillir dans son ressac. Avait-il donc éprouvé autant de sentiments négatifs moins d’une minute auparavant ?
Il ne pouvait plus en vouloir entièrement à Kylian Holin. Bien sûr qu’on ne pouvait pas comprendre un deuil aussi long alors qu’on n’avait même pas été mis au monde à l’époque. Bien sûr qu’il ne pouvait pas comparer la fougue et la passion qui animaient, probablement, ses propres amours, avec cette nostalgie casanière, qui tissait comme une musique de fond dans sa vie. Kylian sortait progressivement de ses pensées comme il était sorti de la pièce. Il ne le rappellerait pas. Ne l’appréhenderait pas dans les couloirs. S’il glisserait un mot à Edel pour le comportement d’un de ses subalternes, il verrait plus tard.

Shawna était encore là. Bien sûr. Avait-il à ce point l’esprit troublé qu’il avait oublié qu’elle ne savait pas lire ? Et quand bien même, c’était bien le genre de tête de bois qu’on pouvait secouer sans ménagements et qui résistait toujours. Avec l’insouciance et le détachement propre à ceux qui ont encore toute la vie à vivre. Duncan se sentit soudain vieux. Las. Et à mille lieux de pouvoir un jour comprendre les esprits vifs comme celui de Shawna. Comme elle était incapable encore de comprendre le sien. Et pouvait-il se targuer d’avoir été ce qu’elle était encore ? Non. Il avait vécu une jeunesse beaucoup plus assise, très rangée, il avait toujours été un enfant sage, bien éduqué et féru de principes, comme il convenait à toute petite bourgeoisie qui voulait se faire un peu de nom. Et il n’avait jamais eu à s’en plaindre, parce que son excentricité avait fleuri avec l’âge adulte.
Et le deuil.
Après la crêpe noire, il avait chaussé la toile rose, et un haut-de-forme.

La question de la jeune fille le prit de court. Combien de temps ? Il avait arrêté de compter depuis si longtemps. Il avait arrêté de célébrer les anniversaires. Les dix premières années de deuil, il avait toujours fait visite de la tombe de sa jeune fiancée le jour de leur mariage, et posé une gerbe d’iris sur la dalle de marbre – et répété ses vœux, fidèlement. Mais la douleur était devenue trop rance pour qu’il continuât ce simulacre de mariage annuellement, et depuis qu’il avait enseigné à l’Académie d’Al-Jeit, puis à l’Académie de Merwyn, à l’autre bout de Gwendalavir, il n’avait pu conserver de sacré qu’un petit autel formé de la boiteà lettres, de la gravure de Cecilya, et d’un iris. Ca lui suffisait depuis…
Depuis combien de temps, exactement ? Par la Dame.

- Ca fait maintenant vingt-cinq ans qu’elle est… enfin qu’elle n’est plus… qu’elle a rejoint la Dame.

Et un quart de siècle plus tard, il ne pouvait toujours pas prononcer à voix haute que Cecilya était morte. Ca n’avait pas d’importance, puisqu’il le savait. Vingt-cinq ans. Autant de syllabes qui lui mettaient un pied dans la tombe. Il n’avait plus jamais envisagé de poser le regard sur une femme depuis vingt-cinq ans, et n’avait jamais, de sa vie et pas seulement de ces vingt-cinq ans de deuil, posé la main sur une autre. Encore moins le reste. Cette pensée qu’il avait arrachée au silence et qui était devenue des mots, des mots extérieurs à lui et au trou sanguinolent de son cœur, lui semblaient tellement vains. S’il avait été à la place de la jeune fille, il se serait surement ri au nez. A-t-on entendu parler de deuils d’un quart de siècle, et d’abstinence depuis ? Son excentricité s’était tellement focalisée là-dessus qu’il ne trouvait même plus ça étrange. Encore moins risible.

- C’est assez risible, en fait, quand on y pense. Passer plus de la moitié de sa vie à pleurer ce qui a duré moins d’un dixième de cette-même vie.

Il avait prononcé ces mots d’une voix relativement neutre. Quelque chose se déchirait en lui, comme une croute sur laquelle on tire et qui ne révèle pas du pus, mais un tissu cicatriciel lisse, et hermétique. Son coeut frappait fort pour lui rappeler qu’il souffrait encore du deuil, mais ses cordes vocales avaient retrouvé leur flexibilité. Il était vide de pleurs. Vertige d’une transition qu’on sent s’amorcer, et qu’on n’a jamais souhaité auparavant.

- Je ne sais plus exactement comment elle était.*silence douloureux à cette admission* Comment elle était vraiment, alors que mes souvenirs se sont agrégés en rêveries. Elle était plus petite que moi, et blonde, comme les champs de blé avant la moisson. Et toujours à rire, comme un éclat de soleil. Elle n’avait rien de parfait comme beaucoup de jeunes gens l’entendent. Regardez les gens dans cette Académie : y-a-t-il seulement un d’entre eux dont on n’aperçoit pas les côtes ? Cecilya ne pouvait pas toucher les siennes sous ses jolies formes, et ça la faisait rire.

Il s’arrêta un moment, et considéra le visage de Shawna. C’était la première fois qu’une fille comme elle entrait à l’Académie, du moins depuis qu’il y était, et c’était la première fois qu’il voyait ici quelqu’un d’humain avoir la peau foncée, sans être d’ascendance faëlle. Riait-elle de son teint, comme son épouse riait de ses formes ?
Les mots s’étaient écoulés de lui comme le corps charriait les détritus morts en dehors pour se purifier. Il restait terriblement affecté de cette douleur ancienne, et mettrait quelques années à accepter tranquillement ce fait. Mais pour ce soir, c’était un apaisement miniature. Comme on lâche la main d’une dépouille que l’on confie à l’océan, ou comme on répand enfin les cendres d’une urne couverte de toiles d’araignée.

- Je ne pourrais certainement jamais toucher une femme sans avoir l’impression de la trahir. Je n’ai jamais voulu que quelqu’un la remplace. Je ne veux surtout pas découvrir qu’il existe au monde quelqu’un de mieux qu’elle. Je suis trop vieux pour aimer à nouveau. Et enlevez vos pieds du fauteuil, vous allez le salir.


Shawna Djee
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MessageSujet: Re: Toi à gauche, moi à droite et nous tout droit dans le mur [Terminé]   Toi à gauche, moi à droite et nous tout droit dans le mur [Terminé] Icon_minitimeMer 22 Juin 2011 - 15:38

Vingt-cinq ans. Neuf mille cent un jours. Deux cent dix huit mille quatre cent vingt quatre heures. Treize million cent cinq mille quatre cent quarante minutes, ou sept cent quatre vingt six million trois centre vingt six mille quatre cent secondes. Ou en tout cas, c’est ce qu’aurait pu calculer Shawna si seulement elle avait su compter. A la place, elle se contenta de rester au vingt-cinq, et trouva tout de même le chiffre énorme. Cinq mains. Toute sa vie, et un peu plus encore, passée à ruminer ses pensées, à faire mentalement revivre un fantôme mort depuis longtemps, à regretter le sort, et à se baigner dans une doucereuse nostalgie. Elle fixa le professeur, les sourcils légèrement haussés, les lèvres à peine entrouvertes, arrivant difficilement à le croire. Il n’avait rien de mieux à faire, que de collectionner les lettres d’une morte ? Ca, c’était bien au dessus des pantoufles roses, des chapeaux à la forme bizarre, des tapis tachés et de la bouteille de Gwendop. Vingt-cinq ans de remords, de non-vie, du rêve de ce qui aurait été, si seulement elle n’était pas morte, alors qu’il ne s’en souvenait même pas, de cette femme, et qu’il ne restait dans sa tête plus qu’une silhouette idéalisée à l’excès. Ca la dépassait complètement. Dix-huit ans, qu’elle traînait ses pieds dans la poussière de l’Empire, et dix-huit ans qu’elle vivait, excessivement, profondément, chaque seconde qui lui était offerte. Elle buvait le soleil, se plaignait de la pluie, pestait contre le froid, se massacrait les mains à force de frapper, tirer, pousser, laver, planter, porter, cuisiner, user, jouer, danser, jongler, arracher, serrer, lâcher, … Et elle avait passé plus de temps à grogner qu’à remercier, peut-être, mais elle avait ressenti chaque grain de sable dans la clepsydre de sa vie. L’homme devant elle, dont les cernes servaient d’âge, avait passé sa vie à attendre un miracle, à regretter la vie qu’il n’aurait jamais, et à vivre dans un monde en parallèle. Ca, elle ne le comprendrait jamais totalement.

Au moins avait-il conscience de l’excentricité – risibilité, disait-il – de sa situation. Shawna baissa la tête, lorsqu’il commença à la décrire, et se pinça le bras. Non, décidément, elle n’avait pas que la peau sur les os. Mais il était vrai que c’était le cas des trois quarts des donzelles qui peuplaient les bâtiments. Malingres, étiques, maigres ou minces, toujours, jamais de larges courbes, ou de gens potelées. Shawna était large d’épaules, avait un large bassin, aussi, mais c’étaient ses os, qui lui donnaient cette constitution, et en chair, elle n’était ni plus ni moins que la normale. Et quand elle repensait à celles qu’elle croisait ici… Grandes, les bras longs pendant sur leurs côtes saillantes cachées par des vêtements toujours trop larges pour elles, effilées, les chevilles se perdant dans leurs bottes béantes. Ou petites, mais frêles encore, des brindilles que l’on repousse d’une chiquenaude, et qui s’écrasent par terre. Des mentons pointus levés de manière aristocrate pour laisser voir la peau pâle de leur cou gracile, et des joues creuses ou inexistantes qui faisaient ressortir leurs yeux fièrement tristes. Ou en tout cas, c’était surtout le cas des Dessinatrices ; les guerrières faisaient davantage attention à leur masse corporelle, n’hésitant pas à dévorer leur repas pour se procurer l’énergie nécessaire pour ne pas s’évanouir en plein combat. Elles étaient tout en muscles, et étaient en bonne condition physique. Toujours très peu de bourrelets, n’empêche.

Mais là n’était pas la question, assez de tergiversations. Concentration. Il reparlait, justement, et Shawna retendit l’oreille. Rehaussa les sourcils. Elle n’arrivait pas toujours pas à y croire. Alors elle enleva ses pieds de sur le fauteuil pour se lever, de toute façon elle n’aimait pas être assise et ne s’y était installé que pour ne pas mettre le professeur dans une colère noire, alors si elle pouvait déambuler dans la salle, à la place, tant mieux. Ce qu’elle fit sans aucune gêne aucune, continuant à regarder les objets sur les étagères, comme si leur propriétaire n’était pas dans la pièce. Parce qu’elle en avait le droit, et que si elle ne l’avait pas, elle le prenait. Pourquoi aurait-elle honte de faire devant lui ce qu’elle faisait quand il avait le dos tourné ? Elle s’assumait, avec ou sans regard, et n’allait sûrement pas s’asseoir correctement quand il était là si c’était pour essayer ses pantoufles avant son arrivée. Elle ne changerait pas son attitude, et il ferait avec. Sauf qu’elle ne touchait plus, maintenant ; elle avait encore la crise de nerfs de l’excentrique flottant toute fraîche au dessus de la pile de ses souvenirs, et ne tenait pas à en relancer une pour le moment. Elle ne remâcha pas ses mots, pourtant, se contentant de dire ce qu’elle pensait de manière abrupte.

- Tu trouveras jamais quelqu’un de mieux qu’elle, elle est tellement parfaite dans ta tête que ce serait impossible. Mais t’es bête. On peut pas trahir un souvenir. On peut pas remplacer les morts. Et on a qu’une vie, faut vraiment être bête pour gâcher la sienne et refuser de la passer avec les gens autour de nous parce que la personne avec qui on voulait la vivre n’est plus là.

Pause.

- Ou amoureux, c’est pareil.

Shawna s’arrêta devant l’armoire où s’était caché Kylian un peu plus tôt, et se retourna vers le professeur, ruminant ses pensées. Sa main vint instinctivement suivre les lignes irrégulières de son nez cassé, alors que celui-ci commençait à la picoter, comme si le souvenir de la douleur pouvait véritablement faire revenir la douleur. Mateo aussi, avait tout abandonné. Pas après la mort de sa fiancée, mais après la mort de sa mère. Elle sentait encore le poing s’écraser sur son visage, et l’arbre lui meurtrir le dos. Elle voyait encore son regard si plein de colère et d’une tristesse à fendre l’âme, et elle entendait encore les mots qu’elle avait prononcé, juste avant que le sang ne lui dégouline dans la bouche. Des mots qu’elle répéta, résignée, sur un ton complètement différent de celui qu’elle avait employé à l’époque, répétant, comme pour mieux se persuader. Plus doucement, et comme pour elle-même, plutôt qu’en le jetant, coléreuse, à la figure de son cousin. Elle ne voulait pas que Mateo devienne comme cet homme devant lui, et être, dans dix ans, vingt ans, toujours aussi plein de remords, de regrets, de tristesse et de mélancolie. Elle voulait qu’il vive.

- Ce n’est pas la fin du monde, hein…

Les mots avaient un goût métallique, vingt-cinq ans plus tard, comme s’il était la preuve que si, ça pouvait être la fin du monde, pour certains, parce qu’ils y mettaient fin eux-mêmes, et l’enterrait en même temps que leur aimé. Elle attendait le poing – mais il ne vint pas, cette fois, et elle baissa le bras, laissant à découvert son nez cassé. Tenta de repousser le souvenir du rire de sa tante, et bougea sa tête rapidement de gauche à droite plusieurs fois, faisant bouger ses cheveux à demi tressés, comme un chien qui fait partir une mouche. Ses yeux vivants revinrent se fixer sur l’homme et son visage reprit son expression bien ancrée dans la réalité habituelle.

- Les fauteuils, ça se nettoie.

Elle rit. Elle avait dix-huit ans, il lui manquait déjà une molaire à l’arrière, et elle était en train d’apprendre la vie à un homme qui avait passé sa vie à pleurer sa fiancée et celui qui serait peut-être son futur enseignant. Prof de Dessin, peut-être ? Pas de combat, en tout cas. Peut-être, en fait, qu’elle ne le croiserait même pas. La situation lui semblait pourtant particulièrement ironique. C’était un clown, en fait, cet homme. Avec un gros nez rouge, un grand sourire, des pantoufles roses, un chapeau bleu et une cape verte, mais sous le sourire dessiné au fard rouge, il y avait des yeux qui pleuraient. C’était comme s’il n’avait pas quitté ses habits de deuil depuis vingt cinq ans, en fait. Ces habits là n’avaient juste pas la couleur traditionnelle pour lui. Bon, par contre, si la situation était ironique, elle la mettait mal à l’aise, aussi, et elle fit craquer ses doigts vers l’avant.

- Je vous donnerai bien mon nom, pour ma punition, mais en fait, il n’y a pas que dans vos appart' que je n’ai pas le droit d’être, et si Edel me choppe, je vais passer pire qu'un sale moment, je crois, donc je vais éviter. On s’recroisera peut-être à la taverne d’Al Poll, à l’occasion, si tu te décides à enlever tes pantoufles et à mettre des sandales, à la place. Fais trop chaud pour des trucs en laine de siffleur, l’été, de toute façon.

Elle avait marché vers la porte, en parlant, pour être sûre qu’on ne l’empêcherait pas de partir ; il ne manquerait plus qu’elle passe une nuit dans les prisons d’Al Poll pour entrée par effraction dans l’Académie, tiens, et c’est sans remords qu’elle tira la porte pour que celle-ci se ferme derrière elle.

- Ciao, corneille.

Même les adultes, elle ne pouvait pas s’empêcher de les surnommer. Ils le prenaient plus mal que les gens de son âge, en général, mais… La porte avait déjà claqué, et elle, elle était déjà au bout du couloir.

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