Quand les Ar' Kriss souffrent... (RP inachevé)

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Depuis son affrontement avec Lindörm qui s'était soldé par la fuite de l'entité maléfique, Slynn Ar' Kriss, passée près de la mort, avait consacré des jours à la résolution d'insolubles questions. Quelque part en Gwendalavir, il devait bien y avoir une légende obscure traitant de Lindörm... un volume contenant de quelconques réponses. Jusqu'à présent, sa fouille intensive de la bibliothèque de l'Académie n'avait rien appris à la Sentinelle, encore qu'elle eut trouvé quelques ouvrages intéressants dont elle comptait tirer profit pour ses propres recherches concernant le Dessin.

Passablement frustrée par ses vaines recherches, l'aristocratique Sentinelle décida à contrecoeur de recourir à Duncan Cil' Eternit, le Maître des légendes. Non pas que Slynn détestait cet homme qu'elle ne connaissait pas, elle était surtout contrariée de devoir recourir à lui. A choisir, elle aurait préféré implorer Merwyn Ril' Avalon de l'aider, mais le Magister était une fois encore parti en périple dans l'Autre Monde et elle devait se contenter de ce qu'elle avait sous la main. Arrivée devant la porte des appartements de Duncan, Slynn frappa et n'attendit pas de réponse avant d'ouvrir aussitôt la porte et d'entrer dans les appartements de ce dernier.

Slynn fut passablement surprise de voir ce qu'il vit... la surprise et l'étonnement marquaient très nettement le visage habituellement aristocratique et hautain de la belle Sentinelle. Reprenant son expression glaciale et hautaine, Slynn lança alors :

- Qu'est-ce que vous êtes en train de faire?!?

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C'est qu'il en fallait des allumettes pour parvenir à reconstituer cette foutue Académie.. Un bon paquet de boîtes jonchait à présent le sol ( boîtes que lui avait fourni Jehan, son grand ami, contre quelque aide dans ses tâches administratives, par ailleurs ) et Duncan, la langue entre les dents, s'appliquait désormais à construire méthodiquement une des tours élancées de l'Académie, croisant les petits batonnets de bois. Après tout, c'était jour de repos, aujourd'hui!
Seulement, il semblait que tous ses efforts furent rapidement voués à l'echec. Le vent, après avoir patienté trois bonnes heures le temps que l'effort du professeur le mène à la quasi-totalité de son édifice de souffre et de bois, se déchaîna par la fenêtre ouverte, et envoya tout valser dans la pièce.
Il advint ce jour-là que d'énormes jurons furent proférés depuis le bureau -pourtant châste !- du digne professeur de lettres et civilisation Duncan Cil' Eternit, qui, pour la peine, donna un violent coup de pied dans une commode.. avant de se masser le gros orteil dans sa pantoufle. Ca faisait mal sapristi! Passablement énervé par tout ce travail vain, tout ce bâtiment réduit à l'état d'allumettes déversées partout dans la pièce, Duncan prit pourtant son mal en patience, et récupéra tous les petits bâtonnets, qu'il rangea soigneusement.
Seulement, il lui en restait une poignée dans la main. Et il eut une idée. Oui mesdames ! Il se souvenait de ce que lui disaient ses parents lorsqu'il était énervé et qu'il n'arrivait pas à se calmer.. Aussi mit-il rapidement cette idée à exécution. Bientôt, une grosse boule de papier formée de diverses copies d'élèves toutes plus mauvaises les unes que les autres apparut au centre de la pièce -meubles écartées pour l'occasion.
Un feu Yoga grésilla rapidement, né de la poignée de jeunes allumettes dont la vie fut rapidement consumée..
Et Duncan, assis en tailleur, doigts en forme de O et yeux fermés, méditait. La fenêtre était ouverte, mais bon, il fallait bien faire sortir la fumée ! Aussi, pour apaiser son trouble intérieur, il respira profondément, et laissa sortir de graves "Ouuuuuum..." provenus de sa concentration.
Les minutes s'égrainèrent alors, paisibles et ponctuées seulement des longues psalmodies du professeur, maintenant calme et relaxé.

Seulement. Le Drame. On toqua à sa porte. Il fallait que ça tombe aujourd'hui, hein ! Espérant que l'inconnu allait se lasser et repartir, le sieur Cil' Eternit referma les yeux et tenta d'atteindre le nirvana spirituel..
Ce qui échoua rapidement, car un cri outré se fit entendre, non loin de lui. Sursautant jusqu'à même le plafond, l'homme -dérangé dans son demi-sommeil- ne put que pousser un léger cri surpris. Et il reconnut Slynn Ar' Kriss.. Mammamia ! Vite, d'un coup de manteau, il éteignit les dernières braises de la boule de papier, se redressa, rajusta ses vêtements, se rengorgea, se passa la main dans les cheveux, s'humecta les lèvres, regarda ailleurs, dansa d'un pied sur l'autre et finalement répondit, la voix blanche :

- Oh euh.. Je.. méditais!, Dame Ar' Kriss. Toutes ces copies d'élèves me mettent d'une humeur exécrable, vous devriez voir ! Alors je tente de me calmer en appliquant cette ancienne technique venue de quelque tribu autochtone de l'ancien temps.. Et je dois vous dire que ça marche très bien ! Vous devriez essayer vous aussi, Dame, cela vous ferait le plus grand bien !

Conscient d'avoir raconté n'importe quoi, le professeur retrouva un peu sa contenance, et reprit d'un ton plus.. professionnel et mature :

- Mais ce n'est pas la raison de votre venue, n'est-ce pas ? Avez-vous quelque requête à me formuler ?

D'un coup de pied discret, il éteignit en cachette une petite flammèche, qui avait commencé à brûler sur le tissu tendu sur son gros orteil gauche, composant la pantoufle..

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D'une voix glacée et hautaine, Slynn répondit à la proposition du Maître des légendes en l'accompagnant d'un regard assassin :

- Je sais ce qu'est la méditation, Duncan, et j'en connais les effets... mais merci pour la proposition.

Si la Sentinelle avait su que Duncan était aussi excentrique, bizarre, et atypique, elle aurait probablement hésité longtemps avant de venir s'adresser à lui pour un conseil. Cependant, maintenant qu'elle était là, elle irait jusqu'au bout et n'avait plus qu'à espérer que Duncan Cil' Eternit était plus compétent qu'il n'en avait l'air... quel imbécile était capable de mettre le feu à ses pantoufles?!? L'aristocratique dessinatrice regrettait déjà d'être venue en ce lieu...

- Quelle perspicacité, Duncan... lança-t-elle de manière sarcastique et cinglante. Je suis effectivement venue pour recourir à vos talents, j'effectue des recherches sur l'entité maléfique connue comme étant Lindörm et mes recherches ont été vaines jusqu'à présent. Peut-être pourriez-vous m'aider?

Si tant est que vous en êtes capable, ce qui m'étonnerait au vu de ce que je vois... ajouta la Sentinelle en marmonnant de manière presque incompréhensible. Peut-être Duncan avait-il entendu, Slynn ne s'en souciait que peu.

Sans attendre d'invitation de la part du Maître des légendes qui restait planté comme un arbre au milieu de la pièce, Slynn s'installa confortablement sur un siège installé près du feu et dévisagea l'homme avec un certain dédain... ou un dédain certain.

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Celui qui restait planté comme un arbre au milieu de la pièce semblait avoir un peu de mal à réfléchir. L’illusion faisait que la fumée qui s’échappait du reste de pantoufle en combustion passait près de ses oreilles, donnant l’impression que son cerveau fumait. Bip, bip, information arrivée. Bip, bip, information analysée. Bip, bip, information à la corbeille. Bip, bip, information restaurée. Bip, bip, information passée au lave-vaisselle. Bip, bip, information. Bipbipbibibip ! Information.. comprisibibibip ! Duncan se mouva, alla à sa bibliothèque, en retira un ancien volume poussiéreux, qui semblait avoir vécu mille ans, écrit à la main, et dont les feuillets étaient déjà légèrement mangés par une odeur de livre trop ancien, que l’on ne consulte que très peu. Cet ouvrage, d’ailleurs, le sieur Cil’ Eternit ne l’ouvrait que très rarement, sachant parfaitement qu’il recélait les légendes les plus sombres et les histoires les plus occultes qu’il ait récoltées jusqu’ici. Il avait d’ailleurs lui-même complété quelques notes de marge avec ses propres informations, dans cet ouvrage qui se transmettait depuis des dizaines de génération dans la famille Cil’ Eternit, généalogie d’amateurs de légendes et contes.
Il avait retrouvé tout son sérieux, appréhendant le regard et le visage fermé de la Sentinelle qui s’était installée contre son gré dans son meilleur fauteuil. A son tour, le livre sous le bras, le professeur de lettres et civilisation se laissa tomber sur un fauteuil non loin de sa collègue, et ouvrit avec précaution l’ancien grimoire, qui laissa échapper un petit nuage de poussière lorsque délicatement posé sur une table basse.
Bien que ne l’ayant que rarement ouvert, il en connaissait le contenu comme peu. Aussi, tout en cherchant la bonne page parmi les enluminures et les paragraphes écrits à l’encre fine et à la plume, il commença :

- Lindörm.. Peu d’informations sûres circulent encore dans les bouches des gens à son sujet, de nos jours. Sa légende s’est perdue.. Mais mes ancêtres ont conservé son mythe dans ce livre, et je l’ai moi-même dans la tête. Mes informations sont quelque peu anciennes et disparates, mais c’est relativement sûr.

Le professeur s’arrêta un instant, croisant rapidement le regard de son interlocutrice. Il n’aimait pas parler de cette légende, mais il paraissait malheureusement qu’elle tenait plus de la réalité que de la fiction, d’après les rumeurs.

- Lindörm a vécu voilà un temps lointain. Sûrement à l’âge d’or où les Ts’liches n’avaient pas encore sévi. C’était un homme, un dessinateur, autrefois.. Et je peux même vous dire qu’il avait un cœur. Mes informations ne sont pas complètes, mais l’on raconte que, à cause d’un amour impossible ou perdu, il aurait, en quelque sorte, vendu son âme. Il serait devenu un être tyrannique et rongé par la haine, le désespoir, le Chaos, les ténèbres. A mesure des années, il devenait de moins en moins homme.. pour devenir le Démon sans pitié que nous connaissons aujourd’hui. Avec sa déshumanisation, il a gagné une puissance phénoménale et ne vit aujourd’hui que pour voir un monde qu’il trouve injuste réduit en cendres. Bien sûr, c’est une légende, et cela implique forcément quelques écarts avec la réalité, mais je vous ai résumé les grandes lignes sans entrer dans les détails. Souhaitez-vous avoir un peu plus d’informations dans un domaine particulier ou une période de sa vie ?

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Etonnamment, Slynn Ar' Kriss rayonna quand Duncan lui fit part de ce bref extrait concernant Lindörm. Tout ce qu'elle avait cherché, cet homme semblait l'avoir en sa possession! C'était merveilleux, non c'était parfait! La Sentinelle jubilait sur place, elle imaginait déjà la joie sauvage qui envahirait Valen lorsqu'elle lui ferait part de ces informations... Tenant à nouveau de retrouver sa concentration, Slynn ne put s'empêcher de dédier un sourire radieux au Maître des légendes :

- Vous êtes l'homme de la situation, Duncan! Et je souhaite disposer de toutes les informations concernant Lindörm, que ce soit de manière directe ou indirecte. Si le savoir est pouvoir, vous nous donnerez des armes pour lutter contre lui!

Se réinstallant confortablement dans son fauteuil, Slynn récupéra sa pleine et entière concentration après un certain effort, il faut le reconnaître. Devisageant Duncan avec attention et grand intérêt, elle lui dit sur le ton d'un presque-murmure :

- Je vous écoute, Duncan...

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~~On dirait, en lisant ce post, que Slynn vient de voir Dieu XD~~

Surpris par l’enthousiasme soudain de la Sentinelle d’ordinaire si frigide et méprisante, le professeur n’obtempéra pas tout de suite. Il resta là à l’observer du coin de l’œil, bouche bée, la main toujours sur la ligne où il avait arrêté sa lecture partielle de l’ouvrage. Des enluminures montraient des représentations plus ou moins symboliques et surfaites de Lindörm, le Démon. En faisant tourner le grimoire sur la table, il plaça les images en face de la Sentinelle, qui les observait méticuleusement. Aussi, le professeur reprit, en choisissant ses mots avec attention :

- Les détails de l’histoire ne sont pas franchement connus, et diffèrent d’une tête à l’autre qui l’a retenue. Je peux cependant vous dire que, bien qu’il soit d’une puissance égalant celle de la Dame et du Dragon, Lindörm possède une différence qui le rend complètement différent de ces deux entités. La Dame et le Dragon sont éternels. Ils ont toujours été et seront toujours.. Mais Lindörm, lui, n’est qu’immortel. Il est né. Sa vie est infinie si sa mort n’est pas accidentelle. En clair, il n’est pas impossible de le tuer. Il vivra sans mourir de vieillesse, de maladie, de dégénérescence.. Mais sa vie peut être terminée par une lame. Mais il faudrait être fou pour braver le démon, ma Dame. Vous mourriez en essayant, si vous voulez mon avis. Lindörm possède des pouvoirs inimaginables, le dessin lui est si acquis qu’il sait régénérer ses tissus s’il est blessé.

Le professeur marqua une pause, le temps de tourner précautionneusement une page de son grimoire ancien, car elles étaient fragiles et il y tenait plus que tout. Cependant, quelque chose le dérangeait. Slynn Ar’Kriss semblait assez tendue, voire absente. Elle avait légèrement pâli. Inquiet, Duncan lui demanda :

- Quelque chose ne va pas, Dame Ar’ Kriss ?

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Slynn n'eut pas le temps de répondre à la question de Duncan qu'elle se laissa choir en sol, visiblement en proie à une souffrance intense. Son lien avec Beitiris, son lien avec sa jumelle ne s'était pas éteint avec la distance et leur séparation... il n'avait jamais disparu, il s'était simplement amoindri. Mais là, elle ressentait pleinement la douleur que ressentait Beitiris, quelque part... dans un lieu quelconque de Gwendalavir ou d'ailleurs. Slynn pensait bien succomber à cette douleur, en mourir tant elle était intense. Elle avait peur aussi, elle était véritablement terrifiée... elle redoutait de sentir la mort de sa soeur, elle redoutait également cette douleur d'une intensité qu'elle n'avait jamais éprouvée jadis.

Après un temps interminable, indéterminable dans sa durée, Slynn ne ressentit plus rien... ou du moins, la douleur s'évanouit, mais elle savait que Beitiris était toujours en vie, quelque chose au fond d'elle criait cette certitude, le lien fort de deux soeurs jumelles. Soupirant de douleur, elle voulut se relever, mais retomba aussitôt, complètement affaiblie... temporairement. Se cachant la tête dans les bras, elle pleura...

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- Dame Ar' Kriss !!

Affolé lorsqu'il la vit tomber et être parcouru de spasmes de plus en plus violents, Duncan Cil' Eternit s'était levé, les yeux écarquillés, ne comprenant rien à la scène. Quelques secondes plus tôt, la Sentinelle l'écoutait avec attention, sans signe avant coureur de cette crise violente.. et particulièrement infernale d'après le visage torturé de la Dame, au sol. Duncan ne savait que faire, et ne savait approcher de Slynn, qui s'agitait si fort que ses membres étaient des armes en elles-mêmes. Malgré cela, Duncan avait bien tenté de la maintenir, d'arrêter les convulsions, mais un coup de pied involontaire le cueillit dans l'estomac, l'obligeant à reculer, alors qu'un poing s'abattait sur son arcade sourcilière, y ouvrant une contusion comme dans du beurre. Il ne pouvait rien faire qu'attendre.. Un instant, l'homme songeait à appeler une rêveuse, mais il se rappela que tout le monde était dépêché sur le chantier de reconstruction d'Eoliane et qu'aucun rêveur n'arpentait plus les couloirs de l'Académie de Merwyn pour le moment.. Fichtre.
Alors qu'il cherchait un moyen d'arrêter cette crise subite et surprenante par son intensité, Slynn Ar'Kriss, prostrée sur le sol, s'était arrêtée de crier, et cessait de s'agiter. D'un geste mi-paniqué, mi-précis, Duncan Cil' Eternit s'agenouilla à son côté, et passant un bras autour des épaules tremblantes de la Sentinelle, il l'aida à se relever, et l'assit sur un fauteuil bas, où elle resta là, la tête dans les mains.
Le professeur de lettres et civilisation, inquiet, reprit d'une voix assez blanche :

- Souhaitez-vous que je vous emmène à l'infirmerie, Dame ? Cela pourrait recommencer..

Ce n'était d'ailleurs pas le moment de poser les questions qui lui brûlaient les lèvres, et il s'abstint assez facilement, trop préoccupé par l'état de son interlocutrice, qui était en état de choc, pour seulement songer à poser des questions qui n'avaient pas lieu d'être. Comme aucune réponse ne venait, il s'approcha, et, comme tout bon collègue, passa un nouveau un bras autour des épaules de la femme qui lui faisait face.

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D'une voix tenant presque du murmure, hachée par une respiration malaisée, Slynn répondit au " brave " Duncan :

- Inutile, Duncan. Cela n'est pas une crise comparable à d'autres que vous avez pu voir. Si cela recommence, personne n'y pourrait rien... vous ne pouvez pas comprendre.

Haletante, tremblante, Slynn respirait la fragilité et la détresse incarnées. Venant de l'aristocratique Sentinelle, la chose était particulièrement troublante. Qui pouvait seulement s'y attendre venant d'une femme aussi hautaine, forte, et impériale? D'une voix encore moins assurée, elle murmura :

- Je vous en prie, Duncan, prenez-moi dans vos bras et ne parlez de ceci à personne...personne.

Sans laisser le temps au Maître des légendes et des lettres de réagir, Slynn Ar' Kriss l'avait déjà attiré à elle et s'était blottie contre lui, le maintenant avec une force incroyable pour une femme d'apparence aussi frêle, à tel point que Duncan aurait peiné à s'en dégager. Pendant cet étrange moment, Slynn resta blottie contre lui, ne bougeant pas d'un centimètre... elle en avait besoin, elle avait besoin d'une présence, de cette étreinte forte, et peu importait s'il s'agissait de l'homme le plus improbable et étrange du monde.

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Complètement pris au dépourvu, Duncan Cil' Eternit n'eut pas le temps de répliquer que déjà, il se retrouvait avec une Slynn Ar' Kriss désespérée pendue à son cou.. Il fallait avouer que la situation était plutôt comique, passablement gênante et, il fallait se l'avouer, singulière. Aussi, le professeur de lettres et civilisation, sans réfléchir à ses actes ni à ce qu'il convenait vraiment de faire, ne chercha tout d'abord pas à se dégager de cette forte étreinte. ~~Aaaah, j'étoouffe, je me meeeurs X_X~~ D'un geste un peu maladroit, il lui rendit son étreinte, passant la main doucement sur son épaule, dans un geste de réconfort qu'il ne savait trop comment tourner. Elle respirait difficilement encore, et semblait vraiment désespérée, incapable d'autre chose que de se blottir dans les bras pourtant peu viriles de son collègue. Le collègue en question, par moments, se demandait ~~ce qu'il avait fait pour mériter ce destin~~ s'il ne convenait pas de rompre leur étreinte.
Et pour cause ; sur une petite commode au fond de la pièce, une image encore fraîche de Cëcilya, qui la regardait de ses grands yeux clairs.. Comme si, dans la tombe, elle lui reprochait durement ce geste qu'il n'avait pas choisi.

Mais comment faire comprendre à la Dame dans ses bras que cette situation le gênait un peu, bien qu'il ne soit pas complètement contre l'idée de lui remonter le moral de la sorte ? Aussi, Duncan Cil' Eternit, doucement, s'écarta, gardant quand même des mains réconfortantes sur l'épaule de la Sentinelle pour montrer qu'il était toujours là, et qu'il l'aiderait si jamais elle avait besoin ~~d'un nouveau câlin~~ de réconfort. Ses yeux étaient posés sur elle, doux et encore inquiets.
Il ne savait rien faire pour prévenir une autre crise qui allait plonger Slynn Ar' Kriss en enfer une nouvelle fois, et cette idée seulement le froissait, lui montrait à quel point il était un incapable. Et s'il y avait bien une chose qu'il détestait, c'était d'être en face de quelqu'un qu'il aurait voulu aider, et ne pas en avoir les moyens..
Pour se changer les idées de cette vérité qui l'agaçait, il reprit, d'une voix chaude :

- J'aimerais savoir vous aider plus, Dame Ar' Kriss.. Mais je vous le promets, je n'en parlerai à personne. Cependant, si cela devait se reproduire, j'espère que vous comprendrez que pour votre santé, voire survie, je me devrai d'en faire part aux autorités supérieures..

Et il détourna un instant le regard, pour éviter d'avoir à poser les yeux à nouveau sur cette image glacée, celle qui trônait en maîtresse des lieux sur la petite commode de son bureau.

- Si je peux faire quelque chose..

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- Il ne faut absolument en parler à personne, Duncan, quand bien même cela se reproduirait. Vous ne voudriez pas m'embarrasser, n'est-ce pas?

Pour poser cette question, Slynn avait pris sa voix la plus douce et la plus enjôleuse, accompagnée d'un regard implorant. Il était vital que personne ne sache rien de cela, pas même Valen. Le demi-Faël comprendrait de suite que Beitiris était encore en vie et, même s'il saurait garder le secret, un secret partagé n'en est plus un. Un quelconque ennemi aurait tôt fait de faire traduire Slynn devant l'empereur pour qu'elle réponde du meurtre de son père car n'importe qui comprendrait qu'il y avait anguille sous roche s'il se savait que Beitiris Ar' Kriss était toujours en vie. Si nécessaire, il faudrait faire taire Duncan... mais la Sentinelle ne s'en réjouissait pas.

Toujours tremblante, Slynn se leva, le regard déterminé et son masque aristocratique imprégnant les traits de son beau visage. Elle fit quelques pas avant de se tourner à nouveau vers Duncan :

- Reprenons, voulez-vous? Il me faut savoir tout détail susceptible de nous aider à combattre Lindörm...

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Duncan avait dû mal entendre. Avait-elle dit " vous ne voudriez pas m'embrasser, n'est-ce pas ?" Alors il y avait deux possibilités : ou alors il avait mal entendu, ou alors elle embrassait tellement mal que c'était un supplice d'aller chercher ses lèvres.. mais ça, Duncan n'ayant que très peu d'expérience lointaine dans le domaine, il ne préféra pas tenter l'expérience. D'ailleurs, il se sentait de plus en plus mal à l'aise, avec cette Sentinelle dont il ne connaissait rien si proche. Elle avait un regard de chat-potté-qui-n'existe-pas-encore, et une voix digne des plus vivaces Enjôleuses d'Hulm. Définitivement, cette dame cherchait à s'attirer ses faveurs en le séduisant ; mais elle ne pouvait pas savoir que l'homme coincé avait fermé son coeur à tout sentiment ou tentative de séduction depuis bien longtemps. Bref, Duncan émit dans sa tête un 'ouf', qui, il était sûr, se lisait dans tout son visage. La dessinatrice avait le dos tourné, heureusement, et quand elle se tourna vers lui à nouveau, son masque habituel parait à nouveau son visage, comme si rien ne s'était passé. Remarque, il ne s'était rien passé. Mais bref. Encore un peu mal à l'aise, le professeur de lettres et civilisation se râcla la gorge, passa une main dans sa barbe, changea de position, et reprit :

- Et bien.. Comme je vous l'ai dit, Lindörm a un point faible dans son passé, et je dois dire qu'elle est assez lyrique. Sa seule faiblesse est la blessure dans ce qui était autrefois son coeur. Il est si démoniaque que cette fissure semble innattaquable, et introuvable. Il n'y a que très peu d'informations sur Lindörm dans les livres que j'ai, mais après, il faut se servir de sa logique, et de ma mémoire sur les légendes orales que j'ai entendues dans ma vie.
Ses autres points faibles sont évidemment une confiance en lui extrêmes, ça peut lui jouer des tours, même si j'en doute. Il possède le don dans sa quasi-plénitude et c'est son atout le plus puissant. Il préfere employer le dessin que les armes, même s'il est quand même dangereux avec une arme. Un seul gommeur ne suffirait pas à le contenir, à mon avis.
Il est également susceptible, son comportement est enfantin.
C'est tout ce que je peux dire sur lui, Dame, je suis désolé de ne savoir autre chose sur lui. J'espère que cela vous suffira.

Duncan s'arrêta un instant, puis reprit, songeur :

- Mais pourquoi vous intéresser au démon Lindörm, Dame ? Est-il lié au Chaos, ou un danger pour l'Académie ? ... Mais nous sommes en sécurité, n'est-ce pas ? Je ne sais ni me battre ni dessiner, je n'aime pas savoir un démon prêt à tous nous détruire.

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Duncan Cil' Eternit était assurément un érudit au vaste savoir, Slynn n'était même pas sûre que Merwyn lui-même en sache autant. Toujours est-il, ces maigres informations pourraient se révéler utiles, si bien utilisées. Qui sait, Duncan pourrait faire d'autres trouvailles si on l'y poussait...

De sa voix doucereuse, la Sentinelle répondit à l'étrange personnage :

- Duncan, Lindörm menace effectivement l'Académie, maintenant plus que jamais. A vrai dire, Valen Til' Lleldoryn l'a affronté plusieurs fois, sans jamais parvenir à le vaincre. Moi-même, je n'ai pu que me défendre... sans parvenir à le mettre en fuite.

Avec un sourire encourageant, elle ajouta :

- Et ne vous en faites pas, Duncan, vous êtes en sécurité entre les murs de l'Académie. En vérité, vos talents pourront nous servir... faites des recherches détaillées sur Lindörm en vous basant sur les informations dont vous disposez déjà. Pouvez-vous faire cela?

Un homme étrange que ce Duncan Cil' Eternit, quand elle y songeait. Il était lâche, cela ne faisait aucun doute, mais il avait malgré tout un côté attachant à certains égards. Et, malgré ses manières quelques peu atypiques, c'était un aristocrate... une qualité susceptible de plaire à la Sentinelle.

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Quelque peu rassuré par les paroles chaleureuses de la Sentinelle qui lui faisait face, Duncan se redressa un peu, chassa ses dernières craintes légères d'un rengorgement, puis commença :

- Je ne vois pas ce qui m'en empêcherait, Dame. J'ai accès à la bibliothèque de l'Académie et à celles de diverses autres académies de l'Empire du fait de certaines relations que j'entretiens avec d'anciens collègues. S'il le faut, j'écumerais tous les livres de Gwendalavir, si cela pouvait être utile à tous nous protéger. J'ai beau n'être qu'un couard, je n'aime pas savoir des enfants en danger, même s'ils savent se défendre bien mieux que je ne saurai jamais le faire. Sur ce, puisque je ne puis vous offrir d'autres informations que vous ne connaissiez déjà, vous souhaiterez peut-être prendre mon congé ? Vous avez sûrement besoin de repos après la crise qui vous a traversée tout à l'heure.

Le professeur, alerte quoiqu'un peu trop, esquissa un premier mouvement pour se rapprocher de la porte. Son éducation le poussait toujours à un excès de bonnes manières qui pouvaient soit charmer ces dames, soit les agacer. Lui ne s'en rendait que rarement compte, et ce n'était toujours pas le cas dans cette situation. Un sourire bienveillant sur le visage, il termina :

- Je sais que vous mettrez tout en oeuvre pour nous débarasser cette menace qui plane sur nos têtes. Vous êtes une femme puissante et intelligente.

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