Route (RP terminé)

Cela faisait deux jours que la pluie tombait dru sur les abords de la rivière Ombre et que le temps s’était assombrie. Et bien que résistante, Julia dût bien s’avouer l’inéluctable : elle avait froid. Très froid même, à telle point que sa mâchoire commençait à claquait contre sa volonté.

Sa cape était trempée, et ne l’a protégeait plus ni de la pluie ni du froid mordant, qui s’installait pour la nuit.

Ses vivres aussi avaient prit un coup. Surtout le pain qui n’était pas enveloppé pour la plupart dans la fameuse feuille bicolore.

Il fallait qu’elle se trouve un endroit sec pour se reposer et cuisiner le siffleur, qu’elle avait put attraper plus tôt dans la journée.

Blanche et Lupus avaient froid. Ils effectuaient sans relâche des allés et retours, la langue dehors, ne cessant de frissonner.
La seule qui semblait bien supporter ce temps peu accueillant, même si agréable, était Iméné. Elle ne bronchait pas, et ne se sentait en aucun cas incommodé par le voyage. Elle n’était vraiment pas une préoccupation.

Obliquant vers la droite Julia descendit de sa monture au bout de quelque pas. Faisant passer les brides par-dessus la tête de l’animal, Julia le devança, quittant son trajet initial en quête d’un endroit où s’abriter. Le
terrain descendit en pente comme elle s’y attendait.

Il suffirait qu’elle trouve un endroit qui s’incruste dans la paroi, qui s’élevait au fur et à mesure derrière elle.

Elle glissa plusieurs foi et dû faire mainte manœuvres pour ménager Iméné dans la décente. Elle arriva enfin en bas. Comme elle l’avait espéré il y avait de mini-grottes dans la paroi.

Elle s’installa dans la plus grande, en remerciant mainte fois le ciel de l’avoir fait trouver un tel endroit où elle pourrait enfin s’abriter.


* * * * * voilà la suite...

Deux jours s’étaient écoulé et voilà qu’elle se trouvait enfin là, immobile…
Le cœur serré, les larmes aux yeux, Julia était debout devant l’unique arbre qui habillait la colline. Il était entièrement dépourvu de feuilles… si tôt…déjà…
Un vent glacé soufflait doucement, faisant comme vaciller le paysage. Elle était trempée, tout comme ses derniers jours. Un gris intense imprégnait le ciel, et seul la fumée qui s’échappait d’une petite auberge chaleureuse en contre bas, pouvait réchauffer les quelques voyageurs qui osaient encore s’aventurer dehors, par temps de froid.
Elle y était…

Ses yeux revenant sur le petit monticule de terre, orné de fleures flétrie, ses larmes coulèrent plus nombreuses encore. Pour la énième fois elle relue :

Julia eu un haut le cœur et déposa aveuglée par ses larmes, l’unique fleur blanche qu’elle détenait, serrée contre elle, sur la sépulture. Les mains tremblantes, elle essuya ses larmes, en s’asseyant doucement près de la tombe, posant son dos contre le tronc imposant de l’arbre nu.

Blanche et Lupus n’étaient pas là… certainement arpentaient-ils les bois environnant… Iméné attendait plus loin, renâclant l’air de temps à autre, Julia se perdit dans ses songes, immobile, la main posée près de la sépulture de son oncle.

_Il n’aurait pas voulut que sa mort te mette dans cet état. Fit une voix grave.

Julia redressa la tête. Un homme de bonne taille se tenait debout à quelque mètre, capuchon rabattu, brides d’une magnifique monture, à la main, il la regardait.

Julia mit un instant à réaliser qui il était, et puis les yeux marron de l’individu eurent raison d’elle ; elle le reconnue.
Sans vraiment comprendre ce qu’elle faisait, Julia se leva et se précipita dans la direction du nouvel arrivant et le serra contre elle. Longtemps. Elle pleura tout son chagrin en intégralité, comme si que de revoir cette personne, lui donnait enfin le droit de tout expulser d’elle.

Après une brève hésitation, des bras s’étaient refermés sur elle et un temps incalculable s’écoula. Puis son ami repris :

_Nous devrions rentrer, maintenant… tu es aussi trempée que La Dame elle-même !

Acquiesçant doucement, Julia suivit son ami en direction de l’auberge, en contre bas.
Elle était comme enveloppée dans un voile de brume.

Tante May les accueillis à bras ouvert quand ils entrèrent, tremblant de pied en cap, dans la petite maisonnette. Elle était tout sourire, et pourtant Julia fut frappée par le changement physique de sa tante.

Elle avait vieillit d’au moins dix ans. Le bras qu’elle avait saisit, en la serrant contre elle, avait perdu cette force éternelle, qu’elle lui avait toujours connue. Sa silhouette était frêle et triste, comme tout le reste de la personne. Des cernes, agressaient son visage habituellement calme et paisible, malgré sa vieillesse. Et ses yeux… ils respiraient tant de tourments intérieurs, que la jeune fille faillit détourner sèchement le regard, tant cette vision de celle qui avait toujours était sa seule mère, était insoutenable. Subsistait fragilement un unique élément familier, pourtant lui aussi beaucoup ravagé et presque vacillant: son sourire.

Julia ne sût dire ce qu’elles échangèrent comme paroles ce soir là, quand sa tante lui offrit à elle et à son ami une soupe bien chaude, tant elle était tout à fait loin d’où elle se trouvait.
La jeune fille était à la fois bouleversée de s’être officiellement rendue sur la tombe de son oncle, et à la fois heureuse de retrouver sa tante.

Et puis enfin, tard dans la nuit, alors qu’elle était enfin bien au chaud, ses esprits lui revinrent tout à fait.
Elle s’était assoupie dans le fauteuil du petit salon, mais la cheminée flambait encore, sa tante était à sa droite, le regard dans les flammes ainsi que son ami assit près des bûches qui devaient alimenter le feu.

Tout était parfaitement silencieux. Un très long moment s’écoula alors que personne ne bougeait ni ne disait quoique ce soit.
Puis, les yeux fatigués sa tante déposa un baiser sur son front, lui prenant l’une de ses mains et la serrant très fort :

_Je suis heureuse que tu sois là ma fille… ne te couche pas trop tard. Puis lui souriant une dernière fois, elle se leva pour se diriger vers la paillasse où elle passait toute ses nuits, depuis déjà 25 ans.

Un autre silence s’en suivit, jusqu’à ce que le jeune homme aux yeux couleurs de terre, ne se lève pour venir s’asseoir près d’elle, en quête d’un bout de couverture. Elle le lui donna et posa sa tête sur son épaule, alors qu’il s’installait encore.

_Que fais-tu ici ? demanda-t-elle doucement.
_En voilà des manières, demoiselle ! rétorqua-t-il, moqueur.
_Arrêtee ! fit-elle agacée, en lui enfonçant un point dans les côtes. En plus tu sais très bien que je n’aime pas quand tu m’appel comme ça ! Tu as déjà
oublié ?
_Hey ! Mais c’est qu’on a pris de la poigne à cette académie !
_Répond, Rodrigue !
_Chuut ! Tu vas réveiller ta tante !

Julia fut obligée de sourire, cette situation, lui rappelant trop de bons souvenirs semblables, près du feu avec son ami.

_Dit-moi vraiment!

Un court silence suivit, où Julia eu le temps de se perdre dans ses réflexions.

_J’avais simplement envie de revenir… répondit son ami au bout d’un moment. Et puis la nouvelle du décès de ton oncle m’est parvenue, et je suis venu. Cela fait maintenant une semaine que je suis ici… ta tante, est très fatiguée, tu sais ?
_Oui…
_Tu m’as manqué Julia…

La jeune fille sourit.

_Que ce jour reste gravé dans les mémoires, mes amis ! fit-elle théâtralement. Que t’ont-ils fait dans cette citadelle, Rodrigue, pour que tu en viennes à dire pareil sottises ?
_Ce ne sont pas des sottises !

La voix s’était faite, douce mais ferme. Ce qui ne lui ressemblait pas... à tel point que Julia décolla sa tête de l’épaule de son ami pour voir l’expression de son visage.

Une initiative qui fit basculer tout le reste, car ce qu’elle lut dans son regard lui fit l’effet d’un coup en pleine poitrine.
En quelque secondes, tout se rompit. Il n’y eu pas besoin de mots, il n’y eu pas besoin de gestes, ni de suite, pour que la jeune fille comprenne.
Tout s’était soudain arrêté, simplement.
Julia sentit son cœur se retourner, et la tristesse s’emparer d’elle.

Quelque chose s’était brisé aussi rapidement que l’on chassait une mauvaise pensée. Elle l’avait perdu.

Il tenta de lui expliquer, de lui dire ce qu’il ressentait, mais elle ne le laissa pas faire et préféra se retirer dans le coin de la pièce, sans ajouter le moindre mot. S’emmaillotant dans une chaude et douillette couverture, Julia se détourna de lui.

Rien ne serait jamais pareil.