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| Alasa Sil' Shima [Mercenaire du Chaos - Elève de la Maison Corbac] | |
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Messages : 474 Inscription le : 21/04/2007 Age IRL : 94
| Sujet: Alasa Sil' Shima [Mercenaire du Chaos - Elève de la Maison Corbac] Ven 11 Mai 2007 - 16:23 | | | Description générale
- Nom: Autrefois Sil'Shima ou Cordan, il s'efface peu à peu d'un esprit défaillant (et ça rime).
- Prénom: Alasa
- Race: Humaine
- Age: Aux environs de seize
- Alignement: Chaotique neutre
- Classe (primaire): Libre apprentie à l'origine
- Classe secondaire: Apprentie mercenaire du chaos..pour combien de temps ?
- Enseignement suivi: Libre apprentissage en principe, si libre qu'il devient plutôt une initiation au chaos.
Description physique et mentale
- Description physique: Alasa est une grande fille silencieuse au dos un peu voûté qui la fait paraître encore plus renfermée, impression qu'accentuent les longues mèches folles dissimulant partiellement son visage. Toute ses expressions et postures exhalent défiance et hostilité, de ses muscles éternellement crispés à ses yeux sur le qui-vive. Lors d'un premier aperçu, ce sont ses vêtements qui attirent l'attention: délavés, sales, déchiquetés, recrus, bien malin qui reconnaîtrait en cette loque une parure de noble. En effet, cette robe surannée a un jour chatoyé d'un discret éclat brun, ses longues extrémités étudiées pour glisser sur les parquets luisants ont redonné un peu de prestige au visage maussade de l'enfant qui la portait, avant de s'arracher aux branches et aux épines. Ce qui frappe l'oeil en second lieu est que l'habit en question, destiné à épouser la forme d'un corps mince, pend lamentablement en bien des côtés sur le profil maigre de l'adolescente. Ses longs membres possédant une dimension arachnéenne paraissent pourtant relativement formés en comparaison de son tronc étique, de sa clavicule et ses épaules saillantes; si on l'apercevait nue, on imaginerait facilement les côtes crevant le manque de chair, on verrait presque la poitrine légèrement arrondie se battre pour gagner du terrain. La peau quelque peu hâlée n'est pas pénétrée de ce bronzage élégant qu'on peut repérer chez les voyageurs ou les alines, elle semble même d'une pâleur fuligineuse, comme si toute la terre de son errance avait laissé sa souille sur le grain de la jeune fille; ses ongles cassants et incrustés de saleté viennent confirmer cette hypothèse. Une chevelure étonnament longue et fournie - sans doute parce que jamais ne lui est venue l'idée de la couper - cascade dans son dos ou autour, chevelure sombre et hirsute d'une extrême raideur, à l'image de celle qu'elle dérobe au monde alentour. Enfin, au bout d'un long cou noyé de toutes les senteurs des chemins inextricables apparaît le visage, visage aux pommettes saillantes et à la dureté totale. Des lèvres fines et serrées, un nez au dessin impersonnel, un menton terminant l'ovale de la face, des dents droites et relativement claires. Et le regard. Malgré ce physique peu attrayant, l'adolescente pourrait être qualifiée d'agréable à regarder - on ne pourra jamais la dire jolie pour toute la légèreté renfermée par cet épithète - avec juste une ombre de sourire sincère s'il n'y avait ce regard. Emanant de beaux yeux noirs, il occulte ses propres atouts par sa hantise et sa rancoeur, si farouche et débordant de haine qu'une flamme délétère y brûle, inextinguible.
- Description du caractère: S'il fallait résumer Alasa en un mot, sauvage serait sans nul doute le plus approprié, au sens figuré avant le propre, d'ailleurs. Tout son caractère se base sur cette seule appelation qui peut la faire apparaître comme primitive et dirigée par ses seules émotions. Emotions qui bien souvent se partagent entre mépris, colère et haine. Si cette constatation suffirait à la ranger dans la catégorie des vivants simples ou primesautiers, il n'en est rien. Egocentrique à l'extrême, pragmatique, elle ne croit qu'au tangible. Cynique dans sa manière d'aborder l'existence plutôt que par ses mots aussi rares que maladroits, la jeune fille s'accroche pourtant à la vie avec une volonté étonnante, ne la ressentant pulser qu'en courant déguenillée et couverte de terre par une forêt de broussailles, la faim au ventre et le froid au corps. Elle fait partie des êtres qui, blessés mortellement, ramperont dans la fange en s'arrachant les ongles au sol à chaque parcelle de terrain gagnée, survivant d'une volonté farouche, insane et crachant dans les ombres venues les prendre. Malgré cela, jamais il ne lui viendrait à l'idée d'agir ainsi par courage ou noblesse, autant de futilités qu'elle méprise. Non, sa vision de la vie est dénuée de poésie et d'héroïsme, sa morale non pervertie mais inexistante. Chacun ses faiblesses et la sienne, plutôt gênante, est une misanthropie viscérale. Moins marqués durant sa petite enfance, ces battements d'artères impromptus à la seule mention du mot humain ont oblitéré l'adolescente en devenir qu'elle serait à ce jour sans un concours de circonstances plutôt ironiques. Ce mode de pensée la fait considérer tout le monde en ennemi - ce qui s'avère plutôt prudent, en cette période trouble - et plus encore. Sa rancoeur augmentant avec le temps, elle n'est plus la naïve sauvageonne qui tentait de comprendre ses semblables et exprimait son incrédulité par de véhémentes tirades; lorsqu'enfin elle a accepté qu'il n'y ait aucune compatibilité possible entre ce monde et le sien, c'était déjà trop tard. Son esprit insidieusement nourri de désillusions complètes ne pouvait supporter de récuser l'existence des êtres haïs, et jamais elle ne put tourner le dos. Sa lame avait soif d'un sang immonde, ses mains de revanche et son être de silence, de repos. Mais ces élans de pugnacité pathétiques furent bientôt bridés par des contraintes nouvelles et dangereuses, la jeune fille réalisa que mimer la servitude pour des desseins ignorés ne suffirait pas. Et à ce jour, trop engagée pour renoncer, il lui faudra modifier sa personnalité et apprendre à maîtriser l'art de la réthorique pour s'émanciper et gagner une place dans le jeu..et accessoirement, survivre.
- Principales qualités: Vive, volontaire, têtue, impulsive, instinctive, observatrice, intelligente.
- Principal défaut: Bornée, imprudente dans son attitude, lâche, immorale, individualiste, déloyale, trop fière.
- Particularités: Elle a constamment en sa possession un poignard, stupide bien qu'elle conserve pourtant comme une relique. Sa première arme ayant disparu sous une chute de neige, sa dague actuelle est un bel objet ouvragé forgé par une étrange fille au calme effrayant. Une innocente cicatrice au dos de sa main gauche représente le pacte qui l'a piégée comme tant d'autres adolescents avant elle. Elle est ivre de liberté à un point frôlant la vésanie. Alasa est anthropophage, bien que la répugnance que lui inspire la chair humaine (pas pour des questions morales, juste par crainte inavouée de leur ressembler par simple ingérance de cette viande honnie) la conduise rarement à cette "extrémité".
Vécu et histoire sociale
- Situation familiale: Ses géniteurs et son frère sont décédés et il semblerait que la totalité de sa famille plus ou moins éloignée également. Voilà longtemps que cette réalité ne l'affecte plus.
- Situation sociale: Sans situation sociale - à moins que l'on prenne comme société à part entière la guilde du chaos et dans ce cas, apprentie/pion - étant donné son incapacité à s'intégrer parmi ses semblables.
- Histoire :
Deuxième enfant d'une famille de nobles jadis renommée, Alasa n'a jamais vécu dans le luxe et le stupre. En effet, les Sil'Shima appartenaient aux aristocrates imprudents qui avaient étalés leurs pouvoirs et relations au vu et au su de tous bien avant la guerre des Ts'liches et qui, par la suite, affaiblis par leur aveuglement et par le joug des grands lézards s'étaient fait exterminer méthodiquement par leurs collègues intriguants, plus patients. Ces estimés confrères n'attendirent pas la libération par Merwyn pour s'allier avec certains mercenaires et autres sentinelles corrompues et détruire toute archive témoignant de l'hypothétique existence de ces grandes lignées naïves pour qui certaines valeurs gardaient leur sens et qui se complaisaient dans leur grandeur passée. On les qualifia de parasites, de souvenirs, d'entraves à la bonne marche du pouvoir dans les hautes sphères et on les supprima en silence, profitant de la précarité d'après-guerre et de l'indifférence des roturiers. Roturiers bien trop occupés à reconstruire leur vie bouleversée pour s'intéresser aux coups bas de ces nobles qui jamais ne leur avaient accordé plus d'un regard condescendant. D'une manière ou d'une autre, Ezhelée Sil'Shima en réchappa et se réfugia dans un village perdu au centre d'une clairière quelque part aux abords de la forêt de Baraïl. Dans sa naïveté de relique qui jamais n'a traîné sa robe dans la boue, elle s'imaginait peut-être que sa vie et celles de ses enfants serait préservées, qu'ils survivraient à cette épreuve imposée par la Dame et que plus tard, quelque courrier de l'Empereur retrouverait leur trace pour les réhabiliter et leur rendre leur prestige séculaire. La jeune noble n'était pas quelqu'un de fondamentalement stupide, au contraire, mais son éducation surannée n'admettait pas les termes "cauteleux", "vénal" et tous leurs synonymes. Ne jamais se mêler à la plèbe, régner dans les salons en promenant sur son monde un visage inaccessible. Les intriguants, les gens de peu de foi existaient mais parmi la crème de la noblesse d'Al-Jeit, jamais ! Mus dans leur illusion de pérennité, comment auraient-ils pu plannifier une quelconque contre-attaque ? Pour que jamais on ne les retrouve, Ezhelée se remit en ménage avec l'homme le plus fruste qu'elle put dénicher et changea son prénom ainsi que ceux de ses enfants, croyant sans doute les paysans trop fats pour voir en eux autre chose qu'une famille de mendiants. Mais cette histoire n'est ni celle de Sylis - puisque ce fut ainsi qu'elle se renomma – ni celle d'un antique complot qui débarassa Gwendalavir de lignées indésirables dont le défaut principal résidait dans les doubles majuscules de leur nom. Cette histoire est celle d'Alasa, bien plus insignifiante et à une toute autre échelle. Ses premiers souvenirs vinrent de la fange et la pluie, des pierres lisses du ruisseau sous ses pieds nus et du murmure étrange des arbres. La fillette avait trois ans et quelques mois, des cheveux sombres et des yeux déjà ardents sous la poussière de son visage. Elle jouait à jeter des pierres dans l'eau pour voir éclater son reflet, fascinée par les millions de goutelettes irisées et l'image qui inlassablement se reformait. L'éclat pâle du soleil faisait frissonner sa peau trop pâle, les galets glissaient sous sa légèreté et l'écorce des arbres renfermait un goût acre, sec. Ses mains maculées de terre portaient tout à sa bouche, à son nez, tout n'était que sensations et ivresse. Elle s'inventait mille et mille histoires où bien souvent revenait un même thème: devenue adulte, la petite Ala'a glissait dans la forêt et y disparaissait pour toujours, vivant d'eau et de verdure. Ces rêves éveillés, elle les racontait aux bois ou à elle-même, juste pour entendre le son de sa voix. Bien vite cependant elle perdit le goût de parler sous les moqueries maladroites des bambins du village. Ils ne l'aimaient pas: c'était une étrangère et elle avait du mal à s'exprimer correctement. Les s, les h, les r, tous cognaient dans sa bouche comme des pierres dans le lit du ruisseau et seules les idiots ne savent pas parler. Ou les animaux. Comme elle aimait à aller nue dès que sa génitrice tournait le dos, qu'elle reniflait l'écorce des arbres et murmurait seule des mots sans suite, ils la considérèrent donc comme un animal. Oh, bien sûr, de telles discriminations entre enfants de cet âge ne forment pas barrières infranchissables à une quelconque amitié. Mais voilà, Alasa de son côté ne tarissait pas d'insultes: ils n'étaient qu'une bande de poui'eux, de p'ébéi'ns, de rust'e.. autant d'appellations péjoratives et mal interprétées entendues dans la bouche de sa mère dans l'un de ses moments de colère. Sylis encourageait pourtant sa fille à se faire des amis, la disputait parfois pour son asocialité mais l'enfant, très sensible, percevait dans toute l'attitude de sa génitrice un dégoût latent et même un certain mépris à l'égard de ces gens. Un peu déconcertée, la fillette avait inconsciemment décidé d'avoir foi en ces expressions physiques plutôt qu'en les leçons moralisatrices: les premières ne s'étaient jamais révélées contradictoires. Sa mysanthropie actuelle découle en partie de ce morceau de passé où sa fierté d'enfançonne sauvage se défendait à coups de dents, d'ongles, de poings, de pierres. Peut-être aurait-elle pu se faire quelques relations si les non-dits de Sylis n'avaient entraînés cette promptitude à rejeter en bloc toute tentative d'approche; son frère y était bien parvenu. Mais voilà, Kalim avait sept années, une dépendance moindre de l'opinion maternelle, un charisme étonnant pour son âge et le souvenir des grands salons. Lors de leur départ, il était juste assez grand pour y puiser ses premiers émois. Et il en parlait pendant des heures, de ce passé à la flamme vacillante, lorsque personne d'autre que sa petite soeur ne pouvait l'entendre. Il lui contait l'élégance des meubles, le parfum des adultes, la lumière et la magnificence des salles, les bibliothèques noyées de reliures de cuir.. lui avait déjà tenu une épée entre les mains. Comment c'était ? Lourd, encombrant, grisâtre, fascinant. Il savait lire et dessinait des signes dans la poussière que sa cadette le voyait déchiffrer avec de grands yeux émerveillés. Mais pour elle qui ne pouvait pas même imaginer ce que tout cela représentait, même pour lui qui avait tout quitté trop jeune, ces souvenirs réarrangés n'étaient qu'affabulations, contes plaisants, mais contes.
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| Sujet: Re: Alasa Sil' Shima [Mercenaire du Chaos - Elève de la Maison Corbac] Lun 23 Juin 2008 - 17:55 | | | Un jour, le substitut violent et pervers qui leur servait de père mourut. Comment ? Des hommes pénétrèrent la mansarde et lui brisèrent les vertèbres, tout simplement. La petite famille était apparement destinée à subir le même sort jusqu'à ce que Sylis, redevenue un instant Ezhelée, fasse naître de nulle part un déluge de flamme.. c'est en tout cas ce qu'il sembla à ses enfants terrifiés. En réalité, la noble possédait un don relativement puissant mais trop peu usité, et seul un de leurs attaquants décéda des suites de ses brûlures. Kalim avait alors huit ans, sa soeur quatre. Commença l'errance. D'abord montée de froid et de désespoir, elle muta rapidement en routine aux parfums de feu de bois, de prairies, de neige. La naïve noble déchue prenait pour encourageante la tentative d'assassinat qui n'avait eu lieu que quatre ans après leur fuite, songeant qu'en se déplaçant sans cesse, leurs poursuivants auraient encore plus de peine à les retrouver. Comment aurait-elle pu comprendre, aveuglée par sa propre importance, que l"leurs ennemis" s'étaient pendant quatre années occupés de toute autre chose que leurs inoffensives personnes ? Comment aurait-elle pu prendre conscience que l'échec de leur première attaque ne les rebutait nullement, qu'ils ne les poursuivraient pas et se contenteraient d'envoyer quelques mercenaires ou un mentaï, si plus tard on signalait leur présence ? Kalim apprit à tirer à l'arc, à se battre et à négocier les achats auprès de chaque marchand ambulant croisé, sa mère craignant d'être reconnue et sa soeur répugnant à ouvrir la bouche. Il apprit aussi, plus tard, à maîtriser ce don qui commençait à poindre, promettant d'être puissant et plus encore. Sylis adulait ce fils prodigue, digne descendant de sa lignée et beau garçon, pour ne rien gâcher ! Du haut de ses seize ans, il promenait sur le monde le beau regard noir de sa famille et son abondante chevelure auburn. Maintenant qu'il grandissait, une sourde douleur avait vu jour en lui en repensant aux récits mystifiés qu'il faisait à sa cadette des plafonds, des cierges, des buffets et s'il maîtrisait désormais aussi bien le verbe que le poignard, c'était dans le désir secret de rendre à leur nom sa grandeur passée. Et bien que ses vêtements négligés et sa manière de scruter le ciel ou traquer un gibier n'eussent rien d'un noble, ce côté sauvageon ne faisait qu'ajouter à son charme de l'avis des rares femmes qu'ils croisaient.. en revanche, Alasa désespérait sa mère. Depuis que de sédentaire leur vie était devenue nomade et solitaire, l'enfant, d'abord ravie et ivre de sensations s'était peu à peu renfermée pour ne leur adresser la parole qu'en cas d'absolue nécessité, et cela faisait bien longtemps qu'aucun sourire n'éclairait plus son visage en leur présence. Elle avait appris à ressentir l'aube, à tressaillir à l'appel du soir, à parler silencieusement au vent. Ses délires enfantins s'éclairaient d'une nuit nouvelle et plusieurs fois, il lui était véritablement arrivé d'envisager la fuite, lorsque sa famille dormait et que les bois tendaient leurs branches. Seul le visage tendu dans son sommeil de son frère la retenait; lui l'avait toujours comprise. Enfin.. de moins en moins. Elle n'aimait pas son nouveau regard, les lapsus parlant d'un nom et de parquets cirés. Alors ce n'étaient pas seulement des histoires ? Qu'est-ce qu'il pouvait désirer de plus que la morsure du gel, lui qui savait tant ? Un jour, elle devait avoir treize ans, leur mère tenta de lui expliquer le dessin et lui ordonna de dessiner une flamme, arguant que la médiocrité du résultat importait peu parce que le don venait plus tard et que le sien serait, à n'en pas douter, puissant, comme le devenait celui de son frère. Alasa refusa. Sylis insista et tenta de comprendre ce déni excessif mais sa fille s'entêta sans trop savoir pourquoi, soutint qu'elle n'avait pas de don et n'en voulait pas. Le don monta, Sylis glapit que tous les Sil'Shima sans exception possédaient le don, la fillette enchérit qu'elle n'était pas une Sil'Shima et se fichait bien de ce nom poussiéreux. Sa mère, étonnamment blessée par cette phrase lui envoya une gifle qui la fit rouler au sol. Malgré ses excuses, câjoleries et balbutiements, une petite étincelle fit son apparition ce jour-là dans les yeux d'Alasa, une petite flamme de rancoeur qui bientôt ne cesserait d'enfler. Ce même jour Kalim lui fit don du poignard qui l'accompagnerait partout durant les trois années suivantes, présent qui la combla et lui arracha un sourire sincère. Sans s'apercevoir que celui de son fils virait à l'obsession la noble aimait de moins en moins le comportement de sa fille. L'adolescente refusait désormais d'adresser la parole aux rares personnes croisées, les couvait d'un regard si farouche que plusieurs fois certains se sentirent déshonorés et ne durent qu'à l'intervention diplomatique de Kalim de ne pas souiller leur fierté d'un peu de sang taché, et se crispait désormais sur sa dague avec une inconscience alarmante durant chaque marchandage. Plusieurs fois, aux abords des grandes villes, elle s'obstinait à les fuir et passait la nuit dans un fourré plus éloigné. L'agacement de sa mère se muait en colère glacée, l'admirable lien relationnel entre le frère et la soeur s'effilochait et ils en venaient parfois à l'altercation, chacun dans sa propre extrême. Sans doute tous deux avaient-ils tort; mais comment Sylis ne pouvait-elle voir que sa propre folie les conduisait - elle et ses enfants – à leur perte ? Enfermés dans un passé révolu, elle et son fils brandissaient leur nom depuis longtemps obsolète comme un étendard taché de sang, persuadés d'être les héros d'une tragédie alors que personne au monde ne se souvenait d'eux. Sauf peut-être l'un des comploteurs qui, un soir où leur présence non loin d'Al-Jeit lui fut signalée, décida en baîllant d'envoyer quelque sous-fifres achever le travail. Ce soir-là, la petite famille était prête à craquer. Terriblement en manque de relations humaines, la mère leur avait fait installer le campement ridiculement près de la capitale. Le fils avait soudain exigé qu'elle lui révèle son véritable prénom et devant son refus et la malléabilité de ses propres souvenirs, il s'irritait tout en affûtant rageusement la lame de son long couteau. La fille, excédée par cette vieille histoire, avait blessé son frère en lui serinant que son seul nom de famille serait toujours Cordan, généreux leg du roturier qui les avait "élevés" puis avait disparu sous les arbres. Lorsqu'un chuintement souple résonna dans le silence, les yeux noirs de Kalim s'allumèrent pour la première fois depuis longtemps et, se voyant héros, il ordonna à sa mère de fuir. Après tout son don du dessin était très développé pour son âge, ses capacités physiques et mentales aussi. Il aurait peut-être dû comprendre que le passé appartient au passé, que ceux qui se font souvenirs vivants disparaissent avec les réminiscences venues les toucher. Le mentaï ou mercenaire masqué qui haussa un sourcil quelque peu amusé en détaillant le beau jeune homme dût mettre environ cinq secondes pour l'achever: une pour parer son attaque dans les Spires, deux pour le désarmer, une pour lui briser la clavicule et la dernière pour l'épingler au sol où il le laissa agoniser quelques minutes, le temps de nettoyer avec amour sa précieuse arme. Puis il effectua un pas sur le côté avec le corps qu'il laissa au milieu des plateaux d'Astariul avant de repartir à la poursuite des deux survivantes. Alasa mâchonnait sans réelle motivation un morceau de viande de provenance indéfinie lorsque sa mère hors d'haleine se jeta sur elle et la prit par les épaules; surprise par son expression hagarde la jeune fille ne tenta pas de la repousser. En quelques phrases hachées, Ezhelée la mit au courant des derniers faits et la pressa de fuir, de rallier cette Académie de Merwyn dont elle lui avait déjà touché mot, de se rappeler toujours de son nom – que l'adolescente mettrait exactement deux ans à déformer, puis oblitérer totalement -, de fuir vite, qu'elle retournait aider son fils, de fuir vite, très vite. Sa fille ne posa pas trop de questions en percevant du coin de l'oeil un homme masqué avançant calmement; la prédation de sa démarche lui insuffla la terreur nécessaire pour s'éloigner comme une dératée. L'homme para un premier dessin maladroit de sa proie et regarda l'enfant disparaître entre les arbres. Il ne percevait pas sa présence dans les Spires, ses pieds nus et ses cheveux sales lui évoquaient plus une mendiante qu'une aristocrate et sa silhouette émaciée ne possédait guère d'attraits; tant pis, il la laisserait courir. Un bal était donné ce soir au palais impérial, bal commençant dans deux heures environ et qu'il n'allait certainement pas rater pour poursuivre une gamine aussi déguenillée qu'inoffensive. Il contre-attaqua de nouveau - décidément, cette noble était bien décevante.. quelle maladresse – puis, lassé, l'envoya contre un arbre d'où elle glissa, chancelante. Il utilisa l'Imagination pour lui faire fondre les cordes vocales, le lourd pommeau de son sabre pour lui briser les genoux et se vit presque flatté de la douleur et peur indicibles qu'il voyait luire dans les yeux de la femme. Yeux qu'elle avait très beaux, d'ailleurs. Aussi envoûtants que sa longue chevelure d'un roux foncé et ce corps magnifique qu'on discernait sous l'étoffe. Deux heures ..? Il offrit à sa proie un sourire ironique. Il avait encore le temps. L'adolescente regretta un peu la mort de sa famille puis, rongée par le remords, se plia de mauvaise grâce aux volontés posthumes de son idiote de mère (sans doute nées de ses ultimes délires). Elle trouva l'Académie un an plus tard et s'étonna d'y être acceptée. Deux ans après, à l'automne de ses seize ans, elle avait totalement renoncé au monde humain et était devenue, par ces hasards qui font paraître le destin cynique, tout ce que feu sa génitrice abhorrait. Et, ironie, s'il lui arrivait de penser une fois l'an au nom sous lequel elle était probablement née ce n'était que pour y cracher un mépris total. Désormais la jeune fille n'est plus qu'Alasa, une énième enfant sans passé tombée dans les filets envoûtants d'un de ces prédateurs qu'on nomme mentaïs. Et tandis que se jouent complots et trahisons, tandis que réapparaissent doutes et précarité, elle aussi tentera tant mal que bien de gagner sa place dans le jeu aux multiples ficelles qui se dévoile et qui ne fait que commencer.. 'Tain d'histoire -_- Autres - Comment avez-vous connu le forum ? Aucune idée. Faut croire que c'était le destin Ou alors j'ai tapé "Merwyn" dans la petite barre d'outil google. |
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