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 Entre la Citadelle, le Pollimage et les Monts de l'Est, on prend le thé au soleil.

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Kay Kelahan
Kay Kelahan

Arnaqueur-illusioniste
Messages : 51
Inscription le : 20/06/2014
Age IRL : 30


MessageSujet: Entre la Citadelle, le Pollimage et les Monts de l'Est, on prend le thé au soleil.   Entre la Citadelle, le Pollimage et les Monts de l'Est, on prend le thé au soleil. Icon_minitimeLun 11 Mai 2015 - 23:51

La main de Kay disparaissait dans le doux pelage de Flocon, la nuit allait bientôt laisser sa place au jour, il n'arrivait cependant pas à dormir. Une belle et longue nuit blanche derrière lui. Ce qui était bien triste lorsqu'on avait son âge, c'était le passé qui venait vous tourmenter lors de vos nuits, ces seuls moments où vous pouvez souffler un peu. Dans son cas, le seul moment où il n'essayait pas d'occuper son esprit. Occuper à quoi ? Seule la Dame pouvait nous le dire.
L'homme se leva d'un coup, surprenant le petit rongeur au coeur déjà fragile. Il le caressa une dernière fois et le déposa au beau milieu de ses dreads, sa place attitrée. Son haut de forme attendait sur le coin d'une table.


- Bon. Et si on arrêtait de se lamenter, hein mon petit gars ?

L'homme avait l'habitude de faire la discussion avec son ami poilu, on l'avait souvent charrié pour cette petite particularité. Et bien souvent, il riait à la barbe de ces personnes.
Quoiqu'il en soit, Kay se leva, laissant son couvre-chef sur la table. Le ciel était particulièrement dégagé ce matin, même si le soleil commençait seulement à faire son apparition. Le printemps était presque fini, l'été approchait, les chaleurs allaient faire leurs apparitions. Oui, même à Al-Poll, les températures montaient un peu. Elles n'atteignaient pas des sommets comme à Al-Jeit, mais c'était déjà ça. Imaginez ces hivers glacials qu'ils étaient obligés de supporter... L'été était toujours le bienvenue dans le nord.


- Allez, encore une journée ! Il faut que j'aille voir notre ami Lest', maintenant que j'y pense.

Sa chemise enfilée, il ne perdit pas de temps et sortit de son petit appartement, fermant à clés derrière lui. Descendant les marches quatre à quatre, il croisa la charmante petite voisine qui montait dans l'autre sens. Petite révérence, sourire malicieux, elle ricana alors qu'elle rougissait. Elle vivait avec son vieux père et son petit frère. Un petit appartement pour une modeste famille.
Kay posa enfin ses bottes terreuses dans la rue. Regard à gauche, regard à droite.
Plus de pigeons à droite.
L'illusionniste partit donc dans cette direction. Il avait quelques courses à faire ce matin et avait besoin de quelques pièces. Ses pas tranquilles, les bras ballants et le sourire aux lèvres, il déroba trois bourses avant d'arriver au Grand Débarras. Modeste boutique du vieux Clampin et de son neveu, Lest'. Il entra dans la boutique sans aucune cérémonie, se dirigea directement vers le comptoir, s'y accouda. Personne ne se trouvait dans la boutique. L'un étant sans aucun doute dans les rues à vagabonder, volant quelques sacs et bourses aussi maladroitement que la fois où Kay l'avait découvert, l'autre sa troisième jambe de bois clopinant dans l'arrière-boutique. Il l'entendait.


- Alors, Clampin, on ne vient pas accueillir son meilleur client ? Je dois être le seul à faire marcher ton foutu commerce !

Le bruit se stoppa net, laissant un silence de quelques secondes s'éterniser. Puis, des pas se rapprochèrent, accompagnés du son net d'une canne contre le sol.

- Tu dois avoir raison, par les écailles du Dragon. Ma misérable boutique ne tournerait pas sans toi.

Il ricana alors qu'il se penchait pour attraper un paquet derrière le comptoir qu'il posa maladroitement sur ce dernier.

- D'ailleurs, j'ai reçu ta commande. Pas facile à trouver, ton machin.

- Mais tu l'as trouvé. Que ferais-je sans toi, mon bon Clampin !

- Autre chose.

Le rire de Kay résonna, fort, dans la boutique.

- Sûrement, oui !

Kay se releva, sentant le petit animal se cramponner dans ses cheveux pour ne pas glisser alors qu'il entamait sa sieste matinale. Empoignant le paquet, il entreprit de l'ouvrir. Il vérifiait toujours, pour deux raison. La première : il n'avait pas confiance en Clampin. Vieux roublard, il était capable de l'arnaquer. Il ne connaissait pas encore assez bien l'illusionniste pour le redouter. La deuxième : c'était vraiment embêtant de revenir une fois rentré pour s'expliquer avec le vendeur. Une perte de temps inutile et Kay n'aimait pas les pertes de temps. Ni se faire doubler. Et le paquet était bien celui qu'il attendait.
Relevant la tête, il sourit au commerçant, lui tendant une bourse d'argent.


- Voilà pour toi.

L'homme s'empressa de prendre la bourse, croyant que cela ne se verrait pas. Mais Kay avait bien trop l'habitude de décortiquer les expressions des hommes. Trop rapide, son regard perçant pointé sur l'objet, la bouche entrouverte. Quel rapace...

- D'ailleurs, ton neveu n'est-il pas dans le coin ?

- Non, pas vu de la journée.

L'homme ne regardait plus l'illusionniste, trop occupé à compter ses misérables pièces. Pièces que notre ami lui avait dérobé quelques jours plus tôt.

- Bien, dans ce cas, je m'éclipse à mon tour. A bientôt, mon bon Clampin !

L'homme quitta donc la boutique comme il était venu.

- * - * - * -

Kay reçut le message de la Comedia dans la matinée alors qu'il marchait tranquillement dans les principales rues de la ville. Ce fut cette mystérieuse dessinatrice au masque blanc. Mademoiselle Loyal. Ce costume et ce drôle de nom n'arrêtaient pas de pousser la curiosité de l'illusionniste à bout. Trois jours qu'il avait surpris ce Tarus dans son appartement, trois jours qu'il réfléchissait à l'opportunité qui s'offrait à lui. Comment utiliser cette Comedia à son profit.
Cette Mademoiselle Loyal le contacta par les spires. Ce qu'il détestait ça... L'Imagination... Cette désagréable impression qu'un intrus se déplaçait dans sa tête. Le dessin n'était pas sa tasse de thé.

L'illusionniste s'était donc rendu au point de rendez-vous, un gros rougeoyeur à la sortie d'Al-Poll, la sortie ouest, lorsque le soleil serait à son zénith. Il devait attendre. Simplement attendre. Et sa patience s'effilochait à mesure que le temps s'écoulait. Quand comptaient-ils arriver ? Au coucher du soleil ou dans trente ans ? Il n'avait pas trente ans à perdre sous cet affreux conifère orangé. Soudain, l'air se brouilla. Une silhouette se dessina devant lui. Il reconnut immédiatement le costume que portait l'apparition. Mademoiselle Loyal en personne.
Kay s'inclina légèrement, sourire aux lèvres et jeta son regard d'or dans celui de la femme.


- Heureux de vous revoir, ma Dame. Puis-je vous offrir mon bras pour le voyage à venir ?

La femme ne se fit pas prier, prit le bras de l'illusionniste et ils disparurent.





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Tarus Tal'Oursian
Tarus Tal'Oursian

Assassin
Messages : 42
Inscription le : 01/11/2008
Age IRL : 32


MessageSujet: Re: Entre la Citadelle, le Pollimage et les Monts de l'Est, on prend le thé au soleil.   Entre la Citadelle, le Pollimage et les Monts de l'Est, on prend le thé au soleil. Icon_minitimeVen 26 Aoû 2016 - 19:23

Pour commencer, j’aimerais parler du temps. A partir du moment où l'on entre dans cette vie nous sommes dans son flux. On le mesure, on le décompose aussi mais on ne peut le modifier. On ne peut pas non plus l'accélérer ou le ralentir. Mais, est-ce bien vrai ? N’avez vous donc jamais eu la sensation qu'un merveilleux moment semble passer trop vite ? N'avais vous pas souhaité le faire durer davantage ? Ou faire accélérer le temps ? Parce ce qu'on s'ennuie et qu'on désire que les choses aillent plus vite.

Le temps est la clé du succès. Tarus le savait parfaitement, maîtriser ce flux vous permettait de faire de grandes choses. C’était ce sens aiguë de l’art de la planification qui faisait ce qu’était la Comedia Del’Arte. Dans le campement, chaque personne avait des horaires précis, certaines plages étaient là pour leurs tâches quotidiennes, d’autres étaient là pour qu’ils se reposent et profitent un peu de la vie. Comme le disait parfois Arlequin, «On est des brigands, mais pas des bêtes!».

Le plus dur à planifier dans une organisation pareille, c’était les actions de la Comedia. Un raid sur une caravane prenait du temps à prévoir. Il fallait récolter les informations sur la cargaison, les défenses, l’itinéraire. Ensuite il faut analyser le tout, vérifier que cela vaut bien le coup, continuer d’espionner pour les changements de dernière minute. Et une fois que tout a été validé, vient la conception du plan d’attaque, l’endroit où faire l’embuscade, le placement des troupes. Puis quand tout est prêt, que vous êtes à la veille de la bataille, il faut vous préparer à ce que rien ne se passe comme vous l’avez planifié. Il suffit d’un micro détail oublié et tout part à vaux-l’eau.

En somme, être chef d’une troupe, ce n’était pas de tout repos. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’il avait des lieutenants. Ses «As». Ainsi il pouvait facilement délayer et avoir quelques minutes à lui, pour dormir, ou s’asseoir dans son siège et lire un livre, voire discuter avec les hommes dans la salle commune. Il appréciait ces moments, un peu de calme au milieu de la tempête que créait son poste.

Aujourd’hui, il avait d’ailleurs un peu de temps pour faire une petite pause entre ses obligations. Il en profita pour se servir une tasse de thé noir. Un Rêveur lui avait conseillé ce breuvage, bon pour sa santé et pour son «train» de vie. Il stimule et donne de l’énergie. Tarus s’amusait à penser que c’était grâce à cela qu’il tenait aussi tard et pouvait se permettre de dormir aussi peu. Il s’installa devant sa tente, regardant les travaux sur les quartiers qui avançaient. Déjà plusieurs bâtiments en bois avaient été installés, servant de lieu de repos et de vie pour la Comedia. Cela pouvait sembler étrange que le Capitaine n’ait le droit qu’à une tente, mais il avait souhaité que ses hommes soient logés confortablement avant lui. Un geste aussi honnête que calculé, cela réchauffait le cœur de ses sous-fifres de savoir qu’il tenait à eux ; ainsi leurs loyautés s’en trouvaient renforcées.

Il sirota tranquillement son thé, installé dans un fauteuil, regardant ses gens s’affairer, attendant que son nouveau lieutenant fasse son entrée, se remémorant les étapes qu’il avait planifiées.

D’abord, l’amener voir Rosy, la Maître Couturière, un de ses Atouts les plus précieux. Elle s’occupait de gérer les doigts de fée qui habillaient la compagnie de brigands. Cela semble futile, mais pas pour la Comedia, tous les membres avaient un costume de scène qu’ils utilisaient lors de leurs représentations. Une lubie qui datait des premiers instants de la compagnie. Et Monsieur Kelahan ne dérogerait pas à la règle.

Une fois qu’ils auraient pris ses mesures, décidé d’un style vestimentaire, ils iraient dans le centre de commandement. Ils y retrouveraient les trois autres As et discuteraient rapidement des derniers détails concernant le prochain mouvement de la Comedia. Tarus avait décidé de fêter l’arrivé de Kay avec la première action qui implenterait la troupe dans la cité d’Al-Poll ; entraînant d’autres interventions d’envergure bien moindre, mais qui finiraient d’enraciner le réseau dans la capitale du Nord.
Et pour finir, il présenterita le nouveau lieutenant aux hommes qui l’accompagnerait, Rois, Dames, Cavaliers et Cavalières. Ces personnes qui feraient de lui un être polyvalent, permettant d’agir à sa guise, avec diplomatie ou brutalité.

Tarus fut interrompu dans ses pensées par un message envoyé par Elyne. Elle avait récupéré le «Colis» et arrivait d’ici une poignée de secondes, le temps de faire un dessin. L’homme but rapidement son thé, se leva et se dirigea vers le point d’arrivée des Dessinateurs. Une zone en retrait du reste du campement, gardée continuellement par des Dessinateurs et des combattants chevronnés, permettant d’éviter que des indésirables pénètrent impunément dans le campement en suivant le Pas sur le Côté d’un des membres de la Comedia. De plus, l’emplacement avait été choisi pour la petite butte qui cachait une grande partie des bâtiments de l’organisation.

Tarus arriva alors que les deux voyageurs venaient juste d’apparaître.


-Bonjour Monsieur Kelahan, vous avez fait bon voyage? Il salua poliment le vieil homme boursicoteur. En tout cas, j’espère que vous êtes en forme, car nous avons une après-midi chargée.

Le Capitaine prit par le bras Mademoiselle Loyal avant de faire signe au nouvel arrivant de les suivre.


-Je suis heureux de voir que vous avez accepté le rendez-vous. Je sais que nous n’avons pas réellement passé d’accord, mais je suis sur que ce que vous allez voir finira de vous convaincre.

Il entraîna Kay sur le flancs de la colline avant d’arriver au sommet et dans un geste très théâtral de la main, il dévoila l’endroit.


-Bienvenue dans la Comedia Del’Arte, Monsieur Kelahan.

Il laissa le temps à l’homme d’assimiler ce qu’il voyait. Puis il descendit, direction le campement.

-Vous vous dites sûrement que cela ressemble à une petite ville fortifiée… Et vous n’auriez pas tort. D’après les prévisions de mes hommes, d’ici deux à trois ans, notre campement n’en sera plus un et pourra vraiment porter le nom de quartier général.

Elyne lui susurra quelque mots à l’oreille, inquiète de voir son Capitaine dévoiler sa base à un inconnu. Il lui répliqua, assez fort pour que Kay l’entende.


-Ne t’en fais pas, il fallait bien donner un peu de grain à moudre à notre nouvel ami. Et je crois qu’il est suffisamment intelligent pour voir la confiance que je lui offre, tout en sachant ce qui risquerait d’arriver s’il la trahit. N’est-ce pas, mon cher ami ?

Non, il ne cachait pas ses menaces, il a toujours été clair avec ses hommes sur ce point, un bon traître est un traître mort. Mais il ne mentait pas en disant qu’il avait foi en cet illusionniste. Tarus bifurqua vers une grande tente, de laquelle se faisait entendre un certain brouhaha, il s’arrêta devant et se tourna vers le vieil homme.

-Bien, si nous travaillons ensemble, il va vous falloir des vêtements de travail. Comme vous l’aurez remarqué, nous avons un certain code vestimentaire. Je vous en prie, entrez, notre Maître Couturière se fera un plaisir de prendre vos mesures, cela fait longtemps qu’elle n’a pas eu un si élégant modèle.

Il ouvrit la tente en riant, laissant entrapercevoir à Kay ce qui l’attendait.

 
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