[Répartition] Alasa Sil' Shïmay (Corbac)

Alasa avançait rapidement le long du couloir .Nerveuse,elle jetait sans cesse des regards autour d'elle,sursautant au moindre bruit .
Alasa :15 ans, grande et mince, pour ne pas dire maigre,de longs cheveux bruns effilochés encadrant un visage émacié aux pommettes saillantes .Au fond de ses yeux sombres au regard farouche luisait une flamme ardente que rien n'éteignait jamais .Depuis maintenant un an .
La jeune fille s'arrêta enfin devant une grande porte en chêne portant l'inscription :bureau du directeur .Elle essaya de reprendre son souffle ;tout ici la stressait,des hauts plafonds et des longs corridors jusqu'au étudiants qu'elle croisait :pourquoi faisaient-ils autant de bruit ?Ou étaient la forêt,l'herbe,les rivières ?Ou était le ciel ?
Elle ressera la main sur le long poignard légèrement incurvé dissimulé dans les replis de sa tunique .Elle n'aurait pas du :aussitôt,les souvenirs l'assaillirent avec violence .Elle revit son frère, son sourire tandis qu'il lui tendait ce poignard, ses cheveux flamboyants........elle l'entendit rire........il n'avait que 18 ans .Pourquoi ?
Son enfance rejaillit alors avec tant de puissance qu'elle du s'appuye sur un mur pour ne pas tomber .Son père .Les yeux vitreux, une bouteille à la main, le regard torve....Sa mère .Ses longs cheveux auburns, ses grands yeux noirs,son sourire...Son frère .Son frère qui jouait .Son village .Le village vide , les quelques enfants sales qui y déambulaient.....Sa solitude .Les amis qu'elle n'avait jamais eu, et combien ça lui était égal .
Et l'année de ses 5 ans .L'année ou son père était mort, l'année ou son frère, sa mère et elle avaient du fuir .Les hommes masqués qui l'avaient abattu......La voix froide et féminine qui l'avait glacée....Sa mère tuant ses ennemis sous un déluge de flammes .
Alasa et Kalim avaient eu peur .Ils n'avaient auparavant jamais entendu parler de l'art du dessin .
Puis les années d'errance,à vivre dans la misère, à fuir, toujours fuir .Sa mère qui enseignait à Kalim l'art du dessin, le soir quand ils croyaient qu'elle dormait .Son frère qui lui apprenait à lancer des couteaux .Sa fierté quand, le jour de ses 13 ans, il lui avait donné ce poignard.......
Et puis il y a un an .Le jour de ses 14 ans .La femme aux cheveux clairs, son regard sans pitié, on frère leur ordonnant de fuir......
Sa mère .Sa mère qui lui avait dit :
-Part .Cherche l'académie de Merwyn et devient élève la-bas .Tu seras en sécurité .N'y va qu'au bout d'un an , elle te croira morte.....Ton don n'est pas très puissant ,mais la-bas tu seras en sécurité....Je vais aller aider Kalim s'il est encore tant.....
Au ton de sa voix, Alasa avait copris qu'elle ne reverrait jamais son frère .Ni sa mère .Sa mère l'avat serrée dans ses bras avant de lui murmurer :
-Tu y arrivera.....J'ai confiance en toi .
Avant de disparaitre pour toujours, elle avait ajouté :
-Ton nom de famille n'est pas Cordan .C'est le mien .Tu es une Sil' shïmay .La dernière .Ne l'oublie pas .
Ainsi, la petite fille nommée Alasa Cordan était devenue une jeune sauvage appelée Alasa Sil'shïmay .Elle erra longtemps dans la nature, cherchant l'académie sans jamais parler ni faire confiance à personne, ainsi que sa mère lui avait recommandé .Au bout d'un an, elle refit surface dans le monde des vivants et trouva l'académie .Elle ne parla toujours pas .Sylis Sil'shïmay avait bien dit :"le premier humain a qui tu doit parler est Merwyn".
Pourquoi tout cela était il arrivé ?....
Alasa se secoua et concentra son attention sur la porte :derrière se trouvait son seul espoir .Sylis avait bien dit qu'elle avait connu Merwyn et que c'était un homme de confiance .Et un héros .
Juste quand elle levait la main pour frapper, elle se rappela une phrase de sa mère qui l'avait intriguée :
-officiellement , je suis morte depuis des années ainsi que toute ma lignée...Ne t'étonne donc pas si ton nom suscite la surprise parmi certains qui m'ont connu....
Alasa frappa, et entra sans attendre de réponse .
Elle se retrouva face à un homme assez jeune, aux cheveux châtains clairs et au nez légèrement tordu .
*c'est lui, Merwyn ?*s'étonna t'elle *il ne ressemble pas à l'idée qu'on se fait d'un héros.....mais tant mieux, je m'en serais plus méfiée .*
Elle s'apperçut qu'il attendait qu'elle parle, et dit d'une voix mal assurée :
-Bonjour, je...vous êtes Merwyn ?Je...je m'appelle Alasa sil'Shïmay, et je ...j'aimerais étudier dans votre académie.
Elle constata avec agaçement qu'elle ne pouvait s'empêcher d'éprouver instinctivement du respect pour cet homme .Elle qui n'avait jamais eu d'amis parce qu'elle était sauvage et inabordable, elle qui se faisait disputer par sa mère parce qu'elle parlait d'un ton agressif et qu'elle ne respectait personne, voilà que cet homme à l'air si simple et si calme faisait naître de la déférence en elle !
La main glissée sur le manche de son poignard se décrispa légèrement, et elle attendit avec anxiété qu'il réponde .

Dès les premiers instants, Merwyn remarqua que quelque chose de terrible perturbait la jeune fille à l'air famélique qui se tenait devant lui. Elle semblait porter un lourd secret en elle. Surement bien trop grand pour son âge…
Qui donc pouvait-elle être ? Ses traits semblaient familiers à Merwyn, mais il chassa l’éventualité d’un lien de parenté aussi vite que cette idée lui était venue à l’esprit. Cela n’était pas possible.
Il attendit donc que la jeune fille se présente, et lui explique ce qu’elle venait faire ici. Même s’il semblait évident qu’elle voulait obtenir une place dans l’académie.
En fait, Merwyn soupçonnait qu’il y avait une autre raison à sa venue, et aurait aimé qu’elle le lui explique. Ce qui ne fut bien évidemment pas le cas, ne soyons pas trop utopistes.
Elle se contenta donc de lui répéter la même phrase que bien d’autres élèves avant elle.
Ce qui n’empêcha pas Merwyn d’ouvrir des yeux ronds comme des pastèques lorsqu’il entendu son nom.
Cela n’était pas possible.
Absolument impossible !!
Et pourtant…
Non !
Il venait de tomber devant une malpropre enragée qui se prenait pour une morte ! Décidément, la journée commençait bien ! Comme s’il n’avait que ça à faire ! Son école n’était pas un asile après tout…

- Excusez-moi, mademoiselle, mais cette personne est morte depuis quelque temps et je doute que vous sachiez vous réincarner. Maintenant, si vous vouliez bien vous retirer et cesser de me faire perdre mon temps, je vous en serais reconnaissant !

Sur ce, il replongea la tête dans une liste de matériel qu’il devait se procurer au plus vite et attendit que la jeune fille s’en aille.

Le peu de confiance et d'admiration que la jeune fille commençait à peine de ressentir à l'égard de cet homme vola en éclats en moins d'une seconde .

**Quoi ?!**

La phrase qu'il venait de prononce ne lui apparut tout d'abord pas dans son intégralité . Tout ce qu'elle avait retenu, c'était l'horrible évidence : il lui disait de partir .
Ce qu'elle aurait fait immédiatemment après lui avoir craché au visage si elle n'était pas autant ébranlée . Partir ? Mais ou ? Pendant un an, l'admission dans cette académie avait été son seul but, sa vie entière ne tendait qu'à ça et.....Ou irait-elle ? Que deviendrait-elle ? Il ne pouvait pas la refuser, elle devait y entrer, c'était l'ultime consigne qu'elle avait reçue, c'était même un ordre, c'était son seul espoir !
Des larmes d'abattement et de rage mêlées lui montèrent aux yeux . Larmes qu'elle tenta de toute sa volonté de contenir . Elle baissa la tête afin que ses longs cheveux sales dissimulent son visage . Il ne fallait pas qu'elle pleure devant un inconnu . Devant personne, d'ailleurs .
Elle voulut dire quelque chose, mais les mots se coincèrent dans sa gorge et refusèrent d'en sortir . La petite Alasa n'avait jamais été douée pour parler aux gens . La nouvelle Alasa, l'adolescente, était encore pire en ce domaine .

Les paroles de Merwyn lui revinrent soudain clairement, et tout ce qu'elles impliquaient avec : il la prenait pour sa mère . Ou du moins pour une morte . Bon .
Elle n'avait pas envie de se lancer dans des explications douteuses dont elle ne savait pas comment elles finiraient . Pas envie non plus de parler de sa famille, ni de raviver les souvenirs .

Il lui fallut tout ce qu'il restait de son courage pour prononcer cette phrase, et sa voix tremblait distinctement de rage et de désespoir mal contenus :

-Oubliez ce que je viens de dire . Je m'appelle Alasa Cordan, et je vous supplie de m'accepter .

Je vous supplie, je vous supplie ! Son amour-propre allait avoir du mal à s'en remettre, de celle-là !
Les yeux obstinéments baissés, elle attendit craintivement la réponse du célèbre dessinateur .

A ce moment, la porte s'ouvrit brutalement sur... Valen Til' Lleldoryn et une immense pile parchemins. Le demi-Faël avait certainement dû ouvrir la porte d'un coup de pied bien placé.

- Oups... désolé pour la porte, mais le courrier de tes admirateurs n'attend pas!

Le Maître d'armes s'était exprimé sur un ton passablement ironique ponctué d'un sourire sarcastique et, devant l'annonce, Merwyn eut l'air passablement refroidi.

- Qui m'écrit? demanda le directeur sur un ton las.

- Oh, et bien... un peu tout le monde! Et, l'Empereur notamment...

Valen prit un malin plaisir à se débarrasser de l'énorme pile de parchemins et se tourna vers Alasa, plongeant son regard pénétrant dans celui de la jeune fille.

- Oh, encore une nouvelle élève! Sois la bienvenue à l'Académie! Merwyn, je crois que nous tenons là une nouvelle recrue pour la maison Corbac...

En vérité, comme bien souvent, Valen avait par hasard entendu la discussion entre le directeur et Alasa, ce qui lui avait permis de cerner le caractère de la jeune fille. Par ailleurs, son bref examen ne le trompait pas, Alasa avait vraiment le profil d'une élève de Corbac.

- Sans doute, oui... répondit Merwyn qui était visiblement absorbé par l'un des parchemins que venait de lui apporter le demi-Faël.

- Bien, jeune fille, à moins d'avoir une question particulièrement importante, je propose que nous laissions le directeur s'occuper de son courrier avec la diligence et le zèle qu'on lui connait et que vous alliez rejoindre les élèves de votre nouvelle maison.

Alasa leva les yeux vers le nouveau venu, et le dévisagea avec la méfiance qui la caractérisait . Il avait un physique...étrange . Pas vraiment humain . Et un visage au sourire gentiment ironique . Cela lui rappelait une faëlle rencontrée un jour . Mais les faëls n'étaient pas si grands, non ?
Qui était-il ? Devait-elle s'en méfier ?
Qu'avait-il dit ? "Une nouvelle recrue pour la maison Corbac"...qu'est-ce que c'était, la maison Corbac ?
Qu'importe . Il lui avait souhaité la bienvenue à l'académie, ce qui signifiait qu'ils l'acceptaient . C'était tout ce dont elle avait besoin .
-Merci, murmura-t'elle presque imperceptiblement .

Puis elle se dépêcha de sortir du bureau avant que le directeur ne conteste l'avis de son associé et ne la renvoie .