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 L'envahisseur ou d'attraper le mauvais songe [Inachevé]

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Halina Nilsan
Halina Nilsan

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MessageSujet: L'envahisseur ou d'attraper le mauvais songe [Inachevé]   L'envahisseur ou d'attraper le mauvais songe [Inachevé] Icon_minitimeVen 31 Mai 2013 - 0:01

La caravane se trouvait dans les plateaux d’Astariul et ne parviendrait au Lac Chen que dans quelques semaines encore. L’ambiance était bonne et chacun suivait son rôle à la lettre. On cheminait au rythme des pas des bœufs qui tiraient les chariots et des chansons des Itinérants. Ce côté bohème et libre plaisait beaucoup à la Teylus qui se sentait à sa place. Elle pouvait rester à écouter Yelena pendant des heures, discuter de tous et de rien avec Shawna ou Ichel, jouer avec les jumeaux, découvrir de nouvelles choses avec Leyah  ou apprendre avec Trys. Elle était bien. Ce voyage la ressourçait. Elle aimait tant ça les grands espaces et le paysage. Même si elle devait avouer que depuis qu’ils avaient quittés les montagnes, les Plateaux n’avaient pas permis un grand changement d’environnement. Le coin était assez sec et pas hyper accueillant. Il était bon d’être en groupe dans ce coin. Ça éloignait la majorité des bandits et pas mal de bêtes sauvages. Toute seule, il lui aurait été bien plus difficile de survivre. Surtout quand on était une fille et encore plus quand on n’était pas à cheval. Les rondes durant la nuit permettaient d’entretenir le feu et d’éviter d’être surpris par un animal sauvage.


Avant la nuit tombée, le groupe s’arrêta et s’installa avec une certaine routine. Certains allaient chercher du bois, on épluchait les légumes du soir, on préparait la viande du ragout, on installait l’enclos des animaux avant de les nourrir, et tout pleins de choses où tout le monde mettait la main à la pâte. Puis le repas cuisait, on mangeait et puisqu’il faisait bon, on installa les couvertures près du feu et on se racontait des histoires. Ce soir-là, Shawna chanta un conte mais Halina n’était pas très attentive, elle pensait à pleins d’autres choses et était fatiguée de sa journée. Trys l’avait déclarée du premier tour de garde de la nuit. Elle alla donc remplacer Matéo qui partit se coucher. Halina s’installa d’abord en hauteur, sur un chariot, pour avoir une vision d’ensemble du camp et pour voir les alentours. Puis elle se releva, fit plusieurs fois le tour du groupe, mit des buches dans le feu, attisa un peu les flammes, retourna faire le tout du camp, la main sur la garde de son épée, et finit par se réinstaller sur son point d’observation. Elle lutta pour le pas s’endormir et s’occupa les mains en aiguisant son épée.


A la fin de son tour de garde, elle alla réveiller Trys qui bailla, sourit, lui demanda si elle avait eu des problèmes et l’autorisa à aller dormir. Elle le salua, se dépêcha de retirer ses bottes et sa ceinture et roula dans sa couvertures. Il ne lui fallut pas longtemps pour sombrer dans le sommeil. Sauf que ce soir-là, elle cauchemarda. Ca ne lui était que peu durant le voyage. Deux ou trois fois seulement. Et ces fois-là, l’intensité des rêves n’était pas très forte. Ça lui confirmait bien que le grand air lui faisait un bien fou. Ça l’apaisait, la fatiguait et lui occupait l’esprit avec autre chose. Du coup, elle avait en majorité un sommeil sans rêves qui la reposait réellement. Elle se réveillait le matin, fraiche et motivée. Même si parfois elle avait peur du retour à la réalité. Même si elle n’avait pas envie d’arriver. Même si parfois elle réfléchissait trop.


Mais bon, cette fois-ci, elle eut l’impression de plonger dans un lac sans fin. La lumière mouvante des flammes se transforma en un puits de ténèbres. Et elle eut même l’impression que quelqu’un y mis un couvercle. Comme pour l’empêcher de remonter.  Elle flotta un peu en eau troubles, elle eut l’impression de voir passer des ombres autour d’elle, qu’on la frôlait. Mais elle ne distinguait rien. Seulement le noir. Elle commençait à se sentir mal, cette claustrophobie la faisait se sentir faible et lâche, mais c’était une conséquence logique de son traumatisme. On ne se remettait jamais totalement de ce genre d’épreuve, on vivait avec. Puis le rêve s’amplifia. Il y avait elle au milieu de cette pièce sombre et des voix des tas de voix. Des pleurs d’enfants, les cris de Kirfdéin, la colère d’Ichel, les menaces de la Borgne. Son œil bleu qui la fixait encore et toujours et sa voix qui la hantait. Cette peur encore qui se distillait dans le noir. Et petit à petit elle qui se recroquevillait sous les assauts du cauchemar. Comme si son elle-onirique pouvait vraiment les éviter. Il n’y avait pas de fuite possible. Mais ce genre de mouvement ne la faisait pas crier en vrai, ce qui l’arrangeait grandement. Puis vinrent les images. Kirfdéin sanguinolent. Le bébé vagissant de son monstre personnel. Le regard lubrique du garde qui leur apportait leur repas. L’œil. Le rictus d’Ichel trahie. Le cachot. Le noir. Ses amis torturés. Sa famille. La mort.


Tout ça tournait en boucle, encore et encore. Les même images les mêmes angoisses. Habituelles mais pourtant si puissantes encore. On lui avait dit que la peur se nourrissait de la peur un jour, mais elle n’arrivait pas à passer outre. Elle n’arrivait pas à effacer ça de sa tête. Alors, elle supportait. Soudainement, il y eut un changement, l’image se déforma un peu, se brouilla avant de revenir à la normale. Halina avait déjà connue ça, elle ne passa pas à côté. Elle connaissait cette sensation. Elle la redoutait. Elle n’était plus seule. Etait-ce la Borgne qui revenait se gorger de ses terreurs ou Ciléa qui venait lui donner une leçon de défense mentale ? Même aussi loin de l’Académie, elle n’était donc pas à l’abri ? Quand finirait-on par la laisser tranquille ? Son être onirique leva la tête, guettant l’apparition de son envahisseur alors que les cris continuaient de résonner dans sa tête, insistants.


[Désolée pour le temps de création, j'espère que ça te plaira, édition possible Wink ]

Soren Til' Alavir
Soren Til' Alavir

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MessageSujet: Re: L'envahisseur ou d'attraper le mauvais songe [Inachevé]   L'envahisseur ou d'attraper le mauvais songe [Inachevé] Icon_minitimeDim 9 Juin 2013 - 15:49

On l’appelait.

On l’appelait vraiment, vraiment très fort.

Cela faisait bien longtemps qu’il n’avait pas ressenti ça ; Unelma lui avait appris à dériver dans les Spires nocturnes sans se laisser emporter dans les trous noirs des cauchemars et dans les étoiles des rêves des uns et des autres. C’est lui qui choisissait les portes qu’il franchissait, et s’il ne se rendait que dans les rêves de ceux qui laissaient la porte ouverte, il avait appris, aussi, à refuser les invitations, à ne pas se laisser aspirer par les rêves d’êtres trop sensibles, qui pouvaient t’emprisonner pendant des heures dans leur cauchemar. Souvent il se rendait dans les rêves d’Unelma ; et puis parfois il écoutait, et allait là où on l’appelait. Etre Attrapeur de Songes, c’était savoir écouter, et savoir se rendre là où l’on était appelé. Les gens qui rêvaient de façon assez intensive pour s’en souvenir, et assez intensive pour ouvrir des portes dans les Spires nocturnes, avaient toujours quelque chose à l’esprit, quelque chose qui les taraudait, d’une importance plus ou moins forte peut-être, mais quelque chose qui les embêtait, l’inconscient qui rapportait leur attention sur un aspect de leur existence avec lequel ils n’étaient pas tout à fait en symbiose. Etre Attrapeur de Songes, c’était répondre à ces questions, aussi, apporter un peu de paix – ou, en tout cas, c’était ainsi qu’Unelma vivait son Don, et c’était ainsi qu’elle l’avait enseigné à son petit-fils.

Cela faisait longtemps qu’il n’avait pas été appelé aussi fort. Qu’il n’avait pas ressenti cette force d’attraction, magnétique, qui appelait à l’aide. Il n’était pas encore entré qu’il sentait déjà la peur, la peur et la douleur aussi ; et il hésita. Il serait bien plus agréable d’entrer dans un autre rêve – mais on avait, visiblement, besoin de lui. Alors il laissa le trou noir l’emporter – et quand il passa à travers, il sentit, en plus de la peur, un rejet étrange. Le Songeur ne lui fermait pas la porte – au contraire, elle appelait si fort ! Son crâne était ouvert aux quatre vents. Mais il avait l’impression étrange que la porte n’avait pas été simplement ouverte, qu’elle avait été forcée dans l’autre sens, avant d’être jetée par terre, battant brisé ; et qu’il y avait la peur, la peur du mendiant qui n’est pas chez lui, qui s’est installé dans une grange abandonnée, entend quelqu’un entrer, et ne sait pas ce qu’il va lui arriver.

Passant de l’autre côté – entrée brutale dans le cauchemar. Les cris lui déchirèrent les tympans – violemment. Un œil – un œil qui observait. Pas lui, ce n’était pas lui qu’il opprimait – mais la Songeuse, recroquevillée en boule au centre de son cauchemar. Et des images horribles, des images de sang, toujours les mêmes visages aux rictus déformés. Il frissonna.
La voix de sa grand-mère, qui résonne dans sa tête, lui prodiguant les conseils qu’elle lui avait donné antan.

* Ne te laisse pas emporter par les cauchemars, Irwin. Ce ne sont pas les tiens. Ce n’est pas toi qu’ils oppriment. Si tu les laisses devenir tiens, si tu nourris le cauchemar de ta propre peur – tu ne pourras pas y mettre fin. N’oublie pas qu’ils ne sont pas à toi. N’oublie pas ce que toi, tu as à apporter – et tu es si lumineux, Irwin. Ta lumière pourra éteindre la noirceur de n’importe quel cauchemar – tant que tu la laisses briller… *

Alors Soren fit briller une lumière, une lumière chaude, orange, celle de la cheminée des chalets montagnards, pour faire disparaître l’humidité des sous-sols et l’obscurité des cachots. Attrapeur de songes – il attrapait les songes et les rendaient siens, les modifiait à sa sauce, y mettait ce qu’il voulait bien y mettre. Bien sûr le Songeur avait lui aussi le pouvoir de créer le rêve, c’était le sien, après tout, et pouvait toujours défaire ce que proposait l’Attrapeur ; mais s’il laissait l’Attrapeur agir, s’il lui faisait entièrement confiance, Soren pouvait tisser tout un autre monde. Alors Soren proposa une lumière, une simple petite lumière – et il s’approcha de la Songeuse.

- Tu sais – pour ne plus être dans l’obscurité, il faut allumer une lumière, pour taire les cris, les transformer en chant, et pour ne plus voir l’œil, il faut fermer sa paupière. Regarde, c’est facile.

L’œil de la borgne leurs fit alors un clin d’œil amusé. Sourire de Soren.

- Toi aussi, tu peux le faire, et tu peux faire bien plus, encore… Qui t’a fait croire que tu étais si impuissante ?

Il lui tendit la main.

Halina Nilsan
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MessageSujet: Re: L'envahisseur ou d'attraper le mauvais songe [Inachevé]   L'envahisseur ou d'attraper le mauvais songe [Inachevé] Icon_minitimeDim 14 Juil 2013 - 2:31

Il y eut soudain de la lumière. Une lumière chaude et agréable un peu orangée. Une lumière qui lui explosa la rétine avec un flash blanc. Puis, sa vision et son elle onirique semblèrent s’adapter à cet intrus lumineux. Il diffusait une aura de bienveillance et de douceur, surtout quand il parla. C’était une impression complètement étrange pour elle, habituée à ce rêve froid, humide et obscur. Et là, on lui offrait le réconfort dans sa propre tête. Par une personne totalement inconnue. Ca eut pour conséquence de totalement perturber son songe. Il y eut comme un flottement, presque comme si le rêve se distendait, s’étirait à l’infini. C’était comme si elle allait se réveiller à l’instant. Mais, dans un soupir, l’univers se rétracta à nouveau et Halina réintégra son corps roulé en boule aux yeux levé vers l’apparition. Elle n’arrivait pas vraiment à y mettre un visage ou même des cheveux ou encore des caractéristiques propres. Juste une silhouette, masculine et qui lui tendait une main qui n’était pas vraiment physiquement là. Cet être là n’était pas vraiment concret et la guerrière n’avait aucune idée de ce qu’il pouvait être.
 

Elle observa l’oeil, devenu aussi innocent qu’un œil normal et même un peu rieur. Elle observa l’homme, lumineux et bien plus réel que les dernières personnes à avoir visiter sa tête. L’expression la faisait vraiment flipper mais elle ne trouvait rien de mieux pour caractériser ce qu’elle avait vécu. C’était une de ses expériences les plus étranges et traumatisante de savoir qu’une nouvelle personne pouvait voir ce qu’elle avait dans la tête et le changer à sa guise. Elle avait vraiment un don pour s’attirer des ennuis. Elle participait à des trucs illégaux, elle était insolente, elle devenait traumatisée, elle faisait des cauchemars, elle attirait les monstres au cœur de pierre et les spectateurs de sa déchéance. Quel résumé de vie magnifique et glorieux. Mais personne ne l’écrirait jamais dans sa biographie vu qu’elle n’avait parlé à personnes de ces intrusions intempestives. Et elle n’avait pas l’intention de le faire un jour. Elle se débrouillerait toute seule avec ça. Il n’était surtout pas question qu’elle aille voir la Ril’Morienval ou bien la Maître Dessinatrice à ce sujet, elle ne voulait pas que ça se sache. Du coup, elle se reconcentra sur le moment présent et sur les divagations de ses songes. La personne dans sa tête semblait attendre patiemment qu’elle se remette de ses émotions. Mais en même temps, il semblait un peu étonné qu’elle ne soit pas plus surprise que ça de le voir là. Ou peut-être le savait-il déjà ? Oh, c’était bien plus compliqué de cerner les émotions de l’apparition que celle des deux personnes précédentes à entrer dans son crâne.
 

Son elle-onirique, se déplia précautionneusement en tendant l’oreille pour réaliser que les cris n’étaient plus qu’en arrière-plan du songe. Les ténèbres semblaient être refoulées par la lumière du visiteur. Comme s’il la protégeait de ses propres peurs. Elle prit la main tendue de la présence pour l’aider à se relever. Une fois sur ses pieds, elle sourit, le salua de la tête et déclara :
 

-Merci pour ça. Tu ne sais même pas à quel point ça fait du bien de savoir ça.
 

Halina s’interrogea alors sur ce qu’il venait de dire pour tenter de comprendre comment ça pouvait fonctionner. Elle n’osait pas répondre à la question du jeune homme et préféra parler de quelque chose qui lui convenait mieux.
 

-On peut vraiment moduler ses cauchemars à sa guise ?
 

Elle continua, intriguée :
 

-Comment fais-tu ça toi ?
 

Elle posa cette question en pointant vaguement la lumière et l’œil vaguement aimable. Ce qui était en soi vachement bizarre. Un œil de couleur bleue suspendu en l’air et un peu inutile et statique du coup. Il n’y avait que Sauron pour laisser son œil dans cette position. Elle sourit, soucieuse d’un jour pouvoir se défendre vraiment contre l’envahissante Mentaï.

Soren Til' Alavir
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MessageSujet: Re: L'envahisseur ou d'attraper le mauvais songe [Inachevé]   L'envahisseur ou d'attraper le mauvais songe [Inachevé] Icon_minitimeSam 3 Aoû 2013 - 10:54

Elle prit sa main.

On sentait bien plus les choses dans les rêves que dans la réalité ; l’inconscient accentuait les émotions, les rendaient palpables, les concrétisaient par des balancements visuels au sein même du rêve. Il pouvait voir qu’elle était plongée dans la peur, qu’elle se sentait faible, impuissante, que son estime d’elle-même chutait au fond de gouffres abyssaux, mais il pouvait voir, aussi, que sa présence ici la rassurait, que ce n’était pas de lui qu’elle avait peur. Elle aussi pouvait sentir – qu’il ne lui voulait pas de mal. Il est tellement difficile de mentir en rêve. Quand Soren se voyait de l’extérieur, dans les rêves, il voyait un homme clair, aux cheveux blancs, plutôt flou ; mais ce n’était pas vraiment ce que les yeux voyaient, qui comptaient, c’était le ressenti.

Il tint sa main fermement, contact rassurant, qui promet comme une protection, mais qui n’enferme pas, dont l’on peut se dégager dès qu’on le souhaite.

L’œil se ferma, et les cris, à présent lointain, se transformèrent peu à peu en douce berceuse – il avait conscience que c’était lui à l’origine de cette transformation, mais il ne connaissait pas la chansonnette en question ; elle devait trouver sa source dans l’inconscient de la jeune femme, dans un passé plus lointain peut-être. Il tenta de lui répondre, dans ce patois étrange des rêves qui utilise des mots qui n’en sont pas vraiment ; il n’avait pas l’impression de parler, simplement de communiquer, par sensations, ce qu’il voulait lui faire comprendre, mais s’il devait y avoir des mots, ils seraient traduits ainsi :
- C’est chez toi, ici, et chez personne d’autre. Je peux changer ce qu’il s’y passe parce que tu m’y autorises ; mais il suffit que tu refuses, et je ne pourrais plus rien faire. Tu peux me faire partir, aussi. Après tout, je ne suis ici que parce que tu m’as appelé.

Attrapeur de songes – il avait attrapé son songe pour le modifier à sa guise. Mais il n’était pas chez lui. Il n’oublierait jamais ce qu’Unelma lui avait appris – combien il pouvait être douloureux, d’avoir la prétention de moduler un rêve qui n’était pas à soi, et de s’en voir violemment rejeté. Il remarqua, incidemment, qu’il tutoyait souvent les rêveurs, alors qu’il ne s’autorisait jamais cette marque de familiarité dans la réalité ; certainement un symptôme des barrières qui tombent, quand deux subconscients se rencontrent. L’étiquette perdait toute mesure, tout intérêt. Les tabous aussi. Alors c’est sans gants qu’il parla de ce qu’il avait remarqué plus tôt.

- Mais je ne suis pas le premier à venir, n’est-ce pas ? Et les autres, ils ont violenté ton crâne. Viens.
 
Il n’y avait pas de transition. Ils volèrent. En haut, il y avait un trou de lumière, et il passa dedans, avec elle ; il cherchait son passé, un passé plus lointain que ses cauchemars, un endroit où elle se sentirait chez elle – mais il ne la connaissait pas, ne pouvait pas puiser ainsi dans ses souvenirs, alors il se contenta de projeter son intention, et il la laissa, elle, dessiner son rêve. Il projetait, mais c’était elle qui poserait le paysage exact, qui pouvait savoir où il la menait. Un endroit où elle se sentirait en sécurité, qu’il soit réel ou imaginaire…

- Ils t’ont fait croire qu’ils étaient puissants, qu’ils pouvaient agir à leur guise ici, que tu étais faible – et toi tu as continué à accepter ta faiblesse et leur pouvoir même une fois qu’ils furent partis. Mais c’est tout dans ta tête, dans ta tête… Regarde !

Ils étaient arrivés.


Halina Nilsan
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MessageSujet: Re: L'envahisseur ou d'attraper le mauvais songe [Inachevé]   L'envahisseur ou d'attraper le mauvais songe [Inachevé] Icon_minitimeDim 22 Sep 2013 - 22:33

Halina se sentait bien. Ce mec, cet inconnu lumineux la mettait en confiance. Il avait beau l’envahir et la priver de son intimité, elle s’en fichait, il lui montrait une autre voie. Il avait arrêté son cauchemar. Il n’était pas intrusif. Il ne lui créait pas de nouveau cauchemars. Et rien que pour ça, il avait gagné son respect éternel. M’enfin, peut-être pas éternel en fait, ça fait un peu trop pompeux. On va plutôt dire son respect tout court, c’est déjà suffisant. C’était déjà bien oui. En tout cas, sans le connaître, la guerrière l’aimait déjà et avait envie de lui faire un câlin pour le remercier d’être là. Simplement qu’il était là pour elle avec son halot de bienveillance.
 

Il lui expliqua calmement que son esprit c’était aussi chez elle et pas chez les autres, qu’il ne pouvait changer les choses comme il l’avait fait uniquement parce qu’elle l’avait laissé faire. Qu’elle pouvait le chasser ou l’empêcher de faire quoi que ce soit. Cette nouvelle la chamboula un peu. Elle n’avait pas du tout ce genre d’expérience dans ses rêves précédents. Il lui apprenait de toutes nouvelles choses et ça c’était rafraichissant. Et il semblait proposer ça sans aucune arrière pensée, contrairement à l’Assistante du Maître Dessinateur qui semblait ne pas seulement vouloir l’aider. Le garçon lui montrait une toute autre voie. Il lui montrait ses propres possibilités. Et il le faisait bien. Elle avait une volonté et des capacités. Elle était tout sauf impuissante dans son propre esprit. Elle n’était pas obligée de regarder la Borgne torturer tous ses amis et lui présenter sa petite famille. Elle ne serait plus condamnée à trembler le soir avant de fermer les yeux. De sceller ses lèvres pour ne plus réveiller personne. Elle pourrait de nouveau marcher la tête haute sans se demander qui devinerait en premier que ses cauchemars n’avaient pas totalement disparus comme elle le sous-entendait. Halina leva ses yeux gris et pleins d’espoir vers l’apparition :

 
-Je peux vraiment contrôler mes propres cauchemars pour les transformer en rêves selon mes envies ? Mais c’est super ça !
 

Elle avait vraiment envie d’apprendre. Vraiment envie de se débarrasser de cette tension qui lui handicapait la vie. Elle avait bien conscience qu’il était peu probable qu’elle ne maîtrise pas la technique avant un moment mais au moins elle espérait. Chose qu’elle ne faisait plus depuis longtemps. Elle commençait à voir l’avenir s’éclairer et l’œil unique de la Borgne lui paraissait un peu moins insurmontable. La guerrière serait aussi armée mentalement que physiquement pour se défendre contre ses envahisseurs. L’enthousiasme la gagnait petit à petit. Peut-être un peu trop vite, chuchotait une voix insidieuse et méprisante au fond d’elle-même. Mais pour une fois, elle choisit de l’ignorer. La jeune femme se doutait qu’il avait compris que ce n’était pas la première fois qu’une personne squattait mais elle s’étonna un peu qu’il en parle aussi tôt. M’enfin, il n’était pas impossible qu’il soit capable de savoir tout ce qu’elle ressentait en ce moment donc la retenue n’avait pas trop d’importance. Elle répondit, ou alors elle le pensa seulement :

 
-Non, tu n’es pas le premier, tu es simplement le premier à me vouloir du bien. Et j’espère qu’après ça, tu seras le dernier…
 

L’espoir, encore l’espoir. Le monde n’était donc peut-être pas si noir. Et même si cette apparition n’était peut-être qu’une machination d’une diabolique Mentaï, elle s’en fichait. La Teylus donnait sa confiance à un parfait inconnu. Mais en était-il vraiment un ? Si elle voulait, elle sentait qu’elle pouvait s’en approcher, qu’elle pourrait en connaître plus sur lui. Comme si le fait d’entrer dans l’esprit de quelqu’un d’autre obligeait à s’exposer aussi. Mais contrairement aux personnes qui étaient déjà venues ici, elle n’avait pas envie de l’envahir à son tour. Ce qui était un grand pas.

Toujours main dans la main, il l’entraîna ailleurs. Ils s’envolèrent à travers un orifice lumineux qu’elle n’avait même pas remarqué. Et le cachot éclairé laissa place à un tout autre environnement. Ils survolaient quelque chose, et il fallut un peu de temps pour que leurs « yeux » s’habituent à la nouvelle luminosité. La descente fut assez rapide cependant, comme si le jeune homme avait hâte lui aussi de voir ce qu’elle lui réservait.

Elle se trouvait devant les dortoirs des Félixias. A l’intérieur résonnait de rires et de discussions. Elle poussa la porte et cette fois ci, ce fut elle qui entraîna son envahisseur. Personne ne sembla remarquer leur entrée et Halina put enfin voir la scène en entier. La salle commune était animée d’élèves. Elle les reconnut tous. D’abord, elle se trouva, plus jeune, plus sage, différente. On était à quelques semaines de son arrivée à l’Académie. Et elle s’intégrait tranquillement. Elle vit Ichel, jeune aussi, excitée comme une puce d’avoir rencontré son maître. Lya la regardait un œil souriant assise en tailleur un peu plus loin. Il y avait tous les anciens rouges animés par la même innocence et le même bonheur de simplement être là ensemble.

Puis la scène se transforma un peu d’abord, les élèves semblèrent vieillir  d’un coup, certains disparurent et d’autres apparurent. La Halina-du-souvenir n’avait pas bougé de son fauteuil favori, Lya et Ichel non plus. Elera était là et elle proposait du chocolat. Enelyë jouait à l’Haman-Lô avec Duncan et elle avait des échantillons de tissus sur les genoux. Gwëll dessinait des papillons avec Jàn. Einar, Loeva, Lohan, Kloa et Astragal discutaient en faisant des bracelets et en se passant parfois des perles dans les cheveux. Kirfdéin était là aussi, assis sur un rebord de fenêtre et il tendait son arc. Il y avait même Kylian et Elio qui se draguaient dans un coin. Lev se tenait là, avec un verre à la main. Attalys papotait avec Lyunna, Joyce et Shawna. Tout le monde semblait heureux. 

Ce cadre idyllique et naïf la fit sourire pensivement. Son imagination avait transformé un souvenir ancien en une autre réalité. Une possibilité qu’elle ne voyait jamais quand elle était au plus mal. Ses amis étaient à l’abri ici. La Borgne ne pourrait plus les torturer. Elle ne pourrait plus utiliser ses souvenirs pour lui faire encore plus mal. Il lui sembla qu’elle pleura une larme de joie et de soulagement mêlée. Enfin, elle se tourna vers la personne qui lui tenait ma main :
 

-C’est vraiment en moi ça ? T’es sûr que ce n’est pas toi qui as créé ça ?
 

Elle ne voulait pas que ce ne soit qu’une ruse et qu’elle ne puisse  plus refaire ça quand il ne serait plus là pour la guider. Il ne serait pas toujours là, mais il lui redonnait espoir. Elle était aussi capable du bonheur et de l’amour. Pas seulement de l’horreur et du désespoir. Et c’était un sacré soulagement. Mais bon, elle ne savait toujours pas comment faire concrètement. Et comme elle était une personne rationnelle, peut-être même un peu trop, elle ne se sentirait à l’aise que quand elle saurait comment reproduire ça. Comment chasser quelqu’un de son esprit ou même l’inviter peut-être. Comment le rendre incapable de lui faire quoi que ce soit. Ou encore comment quitter un rêve à volonté.
 

-Mais comment je fais tout ça ? Comment est-ce que je chasse ma faiblesse ?

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