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| Poupée de cire poupée de son [Inachevé] | |
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Messages : 61 Inscription le : 20/10/2011 Age IRL : 33
| Sujet: Poupée de cire poupée de son [Inachevé] Jeu 25 Oct 2012 - 21:05 | | | C’était parti de rien. Un petit regard surprit par Loeva, au travers de son miroir, alors qu’elle se coiffait. Les cheveux de Loeva, c’était presque aussi magnifique que le Pollimage au coucher de soleil, enfin, Astra en aurait juré, si on lui avait demandé. Mais bon, ses yeux n'avaient pas vu grand chose du monde, à par la route de son village à Al-Poll, et les vues infiniment vertes des plaines, les frontières d’Hulm... Mais verts, elle en avait les yeux, à rendre presque jaloux Ewall, mais… plus verts que ceux d’Ewall, ça n’aurait pas été possible. Et puis, ceux d’Ewall brillaient, mais autrement. Pourtant, objectivement, Loeva devait faire partie des filles les plus jolies du monde. Ca fascinait beaucoup Astragal, qui n’osait pas l’aborder, et la regardait de loin, tel un cliché d’héroïne de série américaine de base. Sisi.
Et c’était perturbant, parce que bon. Elle avait pas spécialement tant de poitrine que ça, au contraire, peut-être même que les foulards qu’il portait aurait pu passer pour équivalents. Mais sur lui, c’était faiblard, sur elle, c’était.. Ouais. Beau. Et quand elle souriait- ce qui arrivait vraiment peu, il fallait en convenir, le dortoir aurait pu se trouver genre 10 étages plus haut, tellement elle resplendissait. Astragal évitait de penser à quel point c’était rare que les filles de Teylus sourient innocemment. Ca venait peut-être du fait que certains jours et soirs, les placards se mettaient à chahuter –parce que dans ces cas-là, Astra flippait tellement qu’elle avait jamais osé en parler à personne. Mais ouais. Même triste, Loeva, c’était terrible, à quel point elle était féminine. D’ailleurs, c’était vraiment chouette, l’effet de toutes les couleurs de ses bracelets en fils, sur sa peau d’ivoire. Une fois, discrètement, le matin, à la salle de bain, Astra avait essayé de voir ce que ça donnerait, de remonter les manches de l’uniforme de Teylus pour dénuder les bras. Ben… vraiment, c’était à se demander comment Loeva faisait : sur Astragal, ça faisait juste ressortir les poils d’aisselles et les muscles. Bref. Cette fille était comme une plaie aux genoux, mais qu’on garderait quand même dans son champ de vision, tellement le sang ou la forme auraient quelque chose de magnifique.
Et le drame, c’est qu’elle était vachement intelligente, aussi. Avec elle, et toutte leur motivaton, et la soirée au Cercle, Teylus allait forcément triompher! Fin, whouaw, quoi. Pas étonnant que les autres filles l’entourent pas trop, en fait. C’est peut-être pour ça qu’elle était aussi visiblement triste. Mais elle avait des supers cheveux. Et leurs regards se croisaient, alors Astragal se détourna très vite, sentant sa peau de rousse chauffer aux joues.
Et puis zut. Demi-tour, et volte face. Elle était une fille, elle aussi. Elle avait les mêmes droits, et c’était injuste qu’elle doive apprendre tous les trus toute seule, et au pire, ben, elle se ferait rembarrer, et voilà. Elle allait lui faire un grand sourire plein de jolies dents, et plisser nez et joues de constellations perturbées, et se prouver qu’elle avait de l’aura, du charme naturel aussi, bref, comme dirait Nanar, qui était définitivement le garçon le plus chou du monde que : quand elle avait un rhume, et bien, on n’pouvait rien lui refuser. Mais quelle ne fut pas sa surprise :
-… Que-quoi, t’aime bien ma coiffure ? …Maispourtantc’esttoutsimpleettoutbarbareett’asdesbouclesterrifiantesetc’estjustefou.
Comment une fille aussi mignonne pouvait avoir sincèrement d’aussi mauvais goûts ? Non, elle devait se moquer, mais, elle avait pas l’air. Et puis, même si elle avait l’air, c’était un air joli, alors Astra lui aurait presque pardonné d’avance. Et fait une tresse avec des fils de couleurs, aussi, mais ça, ça casserait toute l’harmonie froufroutante des boucles et toussa de Loeva. Mais bref. Petit coup d’œil au miroir.
-En vrai, j'adorerais savoir comment faire pour qu'ils soient aussi ... j'ai même pas l'bon mot pour décrire comment ils font les tiens.
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| Sujet: Re: Poupée de cire poupée de son [Inachevé] Sam 27 Oct 2012 - 13:48 | | | Elle s’était levée tôt ce matin. Parce qu'elle ne dormait pas beaucoup la Loeva. Alors elle se levait alors que le soleil lui-même dormait encore. Elle s’en fichait un peu de se réveiller avant tout le monde, la Loeva. Parce que de toute façon, elle avait pas vraiment d'amis ici, donc pas beaucoup de gens avec qui passer du temps. Elle s'était pas encore mise en mode sourire. Et deux toute façon, quand elle souriait, les filles l'évitaient encore plus, et les gars... Bah les gars... Même si là, ça allait, les gens l'évitaient un peu, mais pas trop trop. Enfin surtout les Teylus, les autres maisons l'aimaient vraiment pas. Mais les Teylus, vu qu'elle avait donné plein d'idées et qu'elle avait fait gagner beaucoup de points à sa maison, surtout sachant qu'elle était revenue y a pas si longtemps que ça, bah ils l'aimaient bien. Mais ils ne l'abordaient pas trop. Sauf au Cercle, ah ça. Au Cercle ils lui demandaient tous son avis, ses idées. Pour gagner encore plus de points. Pour gagner la Coupe en fait. Bref, c’est pas le sujet.
Elle s’était pas faite particulièrement belle ce matin-là. Parce qu’elle avait eu un peu de mal à se lever, étrangement. Mais elle s'était levé quand même, parce que ça lui faisait bizarre, et qu'elle arrivait plus à dormir le soir si elle ne se levait pas tôt. Du coup, elle était revenue dans le dortoir pour s’occuper un peu de ses cheveux. Parce que oui, depuis peu avant ce qui aurait dû être la coupe, elle recommençait à en prendre vraiment soin de ses beaux cheveux. Même si cela lui attirait pas mal de regard jaloux et désireux. Du coup, elle avait raccourci un peu son vagabondage dans les couloirs, elle était revenue au dortoir des Teylus. Et elle les avait fait resplendir, ses cheveux. Plus beaux que ça, tu meures. C’est ce que devait se dire tout le monde. Mais elle, elle ne s’en rendait pas vraiment compte. Parce que ces cheveux-là, elle les avait depuis toute petite. Et puis, elle réapprenait tout juste à les apprivoiser. Parce que les boucles, c’est chiant quand même. Même si, emmêlées aussi, elles étaient belles ses boucles.
Du coup elle avait croisé Astragal et ses perles. Alors qu’elle se coiffait devant un miroir. Et elle n’avait pas pu s’empêcher d’être étonnée, subjuguée par cette science des perles. Elle avait essayé une fois, de mettre une ou deux perles qu’elle avait trouvé par terre dans le dortoir, sûrement que c’était à Astra d’ailleurs, dans ses cheveux, mais ça n’avait rien donné. Parce qu’elle était pas douée pour ça. Mais sur Astra, c’était super joli. Elle aimait beaucoup, vraiment. Et puis elle avait une de ses couleurs de cheveux, tellement plus rares que la sienne de couleur, à la dessinatrice. Mais vraiment, à chaque fois qu’elle la voyait, Loeva, elle se demandait ce que ça donnerait si elle utilisait son shampoing top secret pour les cheveux d’Astra. Sûrement que ça mettrait beaucoup en valeur leur couleur, et qu’ils en seraient encore plus beaux.
Mais elle avait jamais osé lui proposer. Et elle avait jamais osé lui demander si elle pouvait lui mettre ses perles dans ses cheveux. Parce qu’elle s’était vite rendue compte que les filles généralement l’aimait pas trop, que comme Enelÿe lui avait avoué, elles étaient jalouses de leur beauté. La seule fille, à sa connaissance, qui n’avait fait aucune remarque par rapport à ça, qui ne lui avait pas jeté de regard admirateur et/ou jaloux, c’était la rêveuse qui s’était occupée d’elle. Qui avait de beaux cheveux elle aussi d’ailleurs. Et puis qui l’avait vu dans un tel état en plus. Vous imaginez même pas. C’est pas du tout le même point de vue. Elle ne pouvait la voir que comme une malade. Et c’était ce qu’elle était. Et quand t’es malade, bah t’es moins belle. C’est logique.
Enfin bref, elle avait jeté un coup d’œil aux cheveux d’Astragal, alors qu’elle se coiffait. Oubliant le miroir. La rouquine surprit son regard. Et elle s’était retournée. Même que Loeva était gênée. Parce qu’elle savait pas comment elle allait réagir. Peut-être qu’elle pensait qu’elle se moquait d’elle et de ses cheveux, comme toutes les filles le pensaient généralement. Alors que même pas. Mais alors pas du tout. Mais elle n’avait pas l’air très fâchée. Du coup, Loeva prit les devants.
- J’aime beaucoup ta coiffure !
Elle s’était retenue de fermer les yeux en disant ça, parce qu’elle redoutait un peu sa réaction. Mais elle aurait eu l’air bête si elle les avait fermés, ses yeux. Mais elle ne se fâcha pas, elle s’étonna. Décidément, elle n’était pas comme les autres filles, cette Astra. Peut-être qu’elle aurait dû oser lui parler plus tôt en fait. Mais bon, tant pis. Elle allait peut-être réussir à lui demander de lui montrer comment elle faisait, pour les mettre de si jolie façon, ses perles. Alors qu’elle s’apprêtait à enfin oser lui demander. Elle fut prise de vitesse, par Astra qui sortit une phrase intelligible, qui confirma qu’elle était surprise, suivi d’une phrase inintelligible, où il y avait peut-être un compliment ou quelque chose comme ça. Loeva prit son courage à demain pour lui proposer de tester ses techniques sur ses cheveux roux, et savoir si elle pouvait utiliser ses fils de couleurs et ses perles sur ses boucles blondes. Mais encore une fois, elle fut prise de vitesse. Toujours par Astra… Qui lui demandait à peu près ce qu’elle osait pas lui proposer, de peur qu’elle se fâche. Parce que y avait des filles qui auraient bien été capables de se fâcher. Elles étaient bizarres les filles. Mais Astra… Astra elle était pas pareil.
- Vraiment ? J’osais pas te le proposer. Et…
Juste une demande. C’était pas si compliqué non ?
- Tu pourrais me montrer comment tu fais pour mettre tes perles et tout ?
Elle avait réussi finalement. Ne lui laissant pas le temps de parler, elle enchaîna.
- Attends je reviens, je vais chercher mes affaires.
Elle allait pouvoir voir ce que ça donnerait, de les embellir encore plus ces cheveux. Elle s’éclipsa un court instant, juste le temps de prendre sa jolie brosse et son produit à base de fleurs qui l’aidait à démêler facilement et joliment ses boucles le matin. Parce qu’après une nuit agitée, c’était une horreur ses cheveux. Et elle revint, excitée comme une puce. Elle versa deux gouttes de son produit qui sentait bon le printemps sur sa brosse. Et demanda :
- Je peux ? Vraiment ?
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| Sujet: Re: Poupée de cire poupée de son [Inachevé] Dim 28 Oct 2012 - 14:28 | | | Un petit gloups, quand même, mais un gloups content. Astragal sentait un sourire niais menacer ses joues, et tâchait de ne pas le laisser exploser tout de suite. Un peu de retenue, quand même, même si c’était trop cool, enfin, ça durerait maximum trente seconde, le temps de tourner sur elle-même et d’aller chercher ses perles d’un petit pas bondissant.
Elle en avait pas tant que ça, mais elle avait aussi chopé quelques plumes, au hasard du parc – la volière, ça aurait été autrement plus simple, c’est sûr, mais comment voulez-vous que quelqu’un comme notre Teylus ait même connaissance de l’existence d’une volière. De toutes façons, qu’aurait-elle été y faire ? Elle savait pas lire, et l’idée qu’un oiseau fasse un nid dans ses cheveux l’effrayait presqu’autant que l’idée de se faire attaquer par un grand cheval. Et déjà, Loeva revenait, armée d’une petite bouteille, et puis d’une brosse presque aussi jolie qu’un bijou. Et toute timide, redemanda l’autorisation de pouvoir employer le machin sur sa tête.
Astragal hocha la tête plusieurs fois très vite, avec un gigantesque sourire, et les joues toutes empourprées. Ca sentait super bon. Mais pas la petite fille, songea-t-elle. La jeune femme. Celle qui va se marier, celle qui danse le soir, autour du grand feu, et qui revient, avec cette odeur, et acrochées dans ses robes, la fumée et, parfois même, la sueur. Son soufle retenu, elle observait par le miroir la brosse approcher, le visage de Loeva, attentif à elle comme à quelque chose de précieux, qu’il ne faudrait pas brusquer. Jouer à la poupée. C’était quelque chose d’ancien, qui lui revenait dans la tête, quelque chose qui se teintait d’interdit, d’aussi loin qu’il s’en souvenait. Mais l’idée d’être, lui-même, la poupée de quelqu’un ne l’avait jamais jamais effleuré. Les poupées, c’est pas couvert de tâches de son, ça a le nez bien droit, voir retroussé.
-Attends, j’suis bête, j’ai oublié de les enlever ! , s’exclama-t-elle, en réalisant qu’elle ne les avait même pas défaits.
Elle entreprit très vite, aux doigts, de dégager les perles les plus libres, et dénouant les mêches qui se torsadaient entre-elles, en fit rouler une ou deux sur le sol. Loeva l’aidait en serrant les lèvres de concentration, tout délicatement. Astra se sentait comme une brute, rien qu’à la sensation de toucher de ses cheveux. Inconsciemment, elle ralentit, à la manière de la grande blonde, ses gestes, tâchant de ne plus arracher de cheveux en même temps que les décorations. Et voilà. Maintenant, ils lui semblaient hirsutes, un peu crépus, même, par endroits, là où les tresses dessinaient des vagues. Maintenant, il lui semblait voir le garçon dans le miroir, le garçon avant la rivière, au sortir de la hutte, le matin, avant les tresses rituelles. Mais elle souriait encore, tout devait aller bien. -Ils me paraissent tellement courts. J’ai l’impression qu’attachés, ça se voit moins. Mais… , elle se passa la main sur la joue, et la brosse plongea entre les mèches. Fin, j’ai dû les couper, à un moment. On m’a pas vraiment laissé le choix. J’voudrais les avoir longs jusqu’à… je sais pas. Plus bas que les hanches. Un peu comme Enelÿe. Cette fille a tellement de classe, c’est juste..
Un petit rire. Apparemment, Loeva la connaissait. La brosse heurta un petit noeud, Loeva grimaça, Astragal restait impassible. L’idée que son interlocutrice soit tellement précautionneuse l’étonnait vraiment. Pas l’habitude qu’on la croie fragile. Pas l’habitude qu’on la ménage. Elle se dit simplement qu’elle devrait faire très très attention, quand elle lui mettrait les perles. Parce que Loeva, elle, elle devait avoir tout à fait l’habitude qu’on la prenne pour quelqu’un de fragile. Un moment, Astragal se demanda même si elle ne risquait pas de s’abîmer les doigts, en les passant dans les cheveux avant la brosse. Elle avait l’air d’avoir une peau tellement fine, tellement… impeccable. Comment c’était possible, des mains sans cals ? Et la lumière se fit ! C’était forcément quelqu’un qui inspirait les dessinateurs dans leurs créations. Un genre de Damoiselle, tout à fait dans la lignée des maîtresses du dessin de l’Académie… ! D’ailleurs, maintenant qu’elle y pensait, toutes les trois étaient blondes, ça devait être un signe, et la dame assistante, dont Astragal ignorait tout, sinon qu’elle avait de magnifiques yeux verts, et qu’Ewall avait tendance à la regarder beaucoup. C’était logique, d’ailleurs, qu’il regarde les très belles femmes. C’est ce que font les garçons.
Mais Loeva, elle avait l’air toute heureuse, d’un coup, avec sa langue qui pointait par moment d’entre ses lèvres, et un genre de pétillement sous les paupières.
-Tu es sûre que ça t’embête pas, hein ? J’veux dire, je… Non, t’es sûre ? Non, ça fait pas mal. C’est super relaxant en fait. J’me suis jamais trop fait coiffer… tu sais, les Thülls, c’un peu, voilà. J’me demande ce que ça donnera, les perles, sur toi ! C’est un genre de truc de famille, oui. Quand on est moins aptes ou pas encore aptes à gérer les terres, ben, on essaye de faire de l’artisanat, et ma grand-mère, elle en faisait de jolies choses. Des mobiles, parfois, souvent. J’aimais bien l’aider. J’ai toujours bien aimé, quand il y a des enfants. On leur en accroche un peu partout, des ratées, comme ça on sait s’ils se déplacent, et ils ont pas l’impression d’être surveillés. Et puis, le bruit, ça éloigne pas mal d’animaux… tout ça pour dire, c’pas si original… Elle prit une grande inspiration, son sourire redevenait timide, puisque comme d’habitude, elle avait l’impression de parler à tort et à travers.
-D’accord, j’arrête de me regarder, j’te fais confiance. Tu as des doigts de fées.
Même que c’est sûr, Vivyan, elle devait te ressembler, un peu. Un peu plus vieille, mais au moins, quelque chose de ton air. Peut-être que s’il te voyait, Merwyn, il rebasculerait dans la réalité. Peut-être que c’est pour ça, que tu es là, et que tu souris pas tant que ça. Ca doit être tellement bien, de dessiner, d’avoir tout ça comme possible, et les mains toutes nettes, et les yeux brillants. Ne pas regarder. Juste ressentir, en tripotant les perles de verres, sélectionner celles qui étaient bien régulières, les plus jolies, celles avec les couleurs les plus délicates, les pas agressives. Et une ou deux plumes, peut-être, bien noir, à cercler de fils bleus ? Visualiser. C’est comme ça que ça marchait, le dessin, quelqu’un avait tenté de l’expliquer, à table, une fois. Visualiser et ça bascule. Un peu comme la fois où il avait vu se profiler Astragale dans le miroir, et que ça avait changé plein de choses. Basculé plein de chose. Les mains de Loeva commençaient à séparer les mèches entre elles, à les répartir différemment. Astra sentait le parfum tout autour d’elle, comme un petit nuage qui serait rose, mais pas kitch. Un rose de fille qui rougit. Fermer les yeux, donc.
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| | Messages : 139 Inscription le : 09/08/2009 Age IRL : 29
| Sujet: Re: Poupée de cire poupée de son [Inachevé] Ven 2 Nov 2012 - 20:52 | | | Elle osait pas trop approcher ses cheveux avec sa brosse, parce qu’elle avait jamais essayer cette sorte de potion sur quelqu’un d’autre. Et puis, qui dit qu’elle la lui volerait pas après, et qu’elle irait la donner à toutes les autres filles, pour se moquer d’elle ? Parce qu’Astra, elle avait l’air plutôt gentille comme fille, mais au fond Loeva, elle ne la connaissait pas trop. Et si ça se trouve, elle était amie avec ces filles qui lui jetaient un regard méchant à chaque fois qu’elle les croisait. Alors qu’elle leur avait jamais rien fait hein, elle ne savait même pas comment elles s’appelaient ses filles. Et puis, elle avait un peu peur de lui faire mal aussi à Astragal, parce que quand elle se coiffait elle-même, elle savait si ça allait lui faire mal, si ce nœud serait dur à défaire ou pas. Mais sur les cheveux d’une autre. On ne sait jamais trop. Et qui sait si elle allait pas crier et pleurer comme un enfant si elle tirait un peu trop fort ?
Elle avait tellement peur la Loeva, qu’elle avait pas trop remarqué qu’il restait encore des perles dans ses cheveux à Astra. Et elle se sentit bien bête quand Astragal lui dit d’attendre, qu’elle les avait pas encore enlevées. Parce qu’elle s’apprêtait à passer un coup de brosse, et qu’elle les avait presque oubliées les perles, tant elle appréhendait. Du coup, elle l’aidait un peu, en faisant très très attention à ne pas lui faire mal, à le faire délicatement, plus délicatement que s’il s’était agi de ses propres cheveux. Parce qu’elle en avait pas l’air, mais elle les avait maltraité n’empêche ses belles boucles, et son cuir chevelu. Elle lui avait donné des coups de brosse féroce, souvent, s’énervant sur un nœud ou une boucle qui se mettait pas comme elle voulait. Du coup, elle était plus trop sensible du cuir chevelu. Et Astra, elle semblait comme elle pour le coup, à se démêler les cheveux comme ça, à la va vite, avec les doigts. Mais malgré ça, elle osait pas trop y aller fort. Même si ça serait allé beaucoup plus vite.
Et puis comme ça, se fut vite fait en fait. Elle avait les cheveux un peu comme si elle se réveillait tout juste. Mais elle avait toujours cette belle couleur que Loeva aimait bien, et qu’on ne voyait pas trop. La couleur de cheveux habituel des thüls peut-être. Astragal, appréhendant sans doute autant qu’elle, commença à parler, à sortir un flux de paroles qui ne tarissait pas. Elle les trouvaient pas si courts que ça, ces cheveux à Astra. Même s’ils étaient plus courts que ces boucles blondes à elle, qui lui arrivaient dans le bas du dos maintenant. Mais c’est vrai qu’ils étaient courts, comparés à Enelyë. Elle a tellement de classe cette fille. La jeune femme ne put retenir un petit rire. Cette Enelyë était décidemment aimé de tous, elle avait réussi à se faire des relations elle. Elle était un peu jalouse d’ailleurs. Tandis que sa beauté à elle s’était fanée, celle de sa rivale n’avait cessé d’augmenter.
Elle oubliait presque ses soucis à s’occuper de la chevelure d’Astragal comme ça. Il n’y avait presque plus rien de triste dans son sourire. Et il y avait un petit éclat dans ses yeux, un éclat qui n’était pas dû à des larmes prochaines. Parce que, pour une fois, elle n’était pas perdue sous le poids de ces problèmes idiots auxquels elle accordait bien trop d’importance. Parce que, pour une fois, elle profitait un peu de la vie, comme une académicienne normale. Alors qu’elle ne pourrait jamais vraiment être une académicienne normale. Parce qu’elle ne voulait plus que ses boucles se défraichissent de nouveau. Et que, si elle continuait à en prendre soin, elles continueraient à attirer les regards envieux et désireux. Mais c’était comme ça qu’elle était, notre Loeva. Avec son sourire un peu triste, ces yeux un peu trop brillants. Ces boucles blondes qui tombaient en cascade dans un accord presque dissonant dans son dos. C’était comme ça qu’on l’aimait au fond. Elle risquait de s’en attirer encore plus, des regards, si elle commençait à sourire franchement, sans rien de triste là dedans, si ses yeux commençaient à briller d’un éclat nouveau. Mais qu’est-ce qu’elle s’en fichait, des regards, si elle pouvait goûter à la vie, comme ça. Si elle pouvait sourire à la vie, ainsi ? Si elle pouvait coiffer Astra, sans que des voix sous-jacente ne trouvent un prétexte idiot pour la rabaisser, pour se rassurer.
Et puis Astra, elle continuait à parler. Et elle aimait bien ça, Loeva, quand elle se taisait, elle, et qu’elle écoutait les gens parler. Mais lui parler à elle pour une fois. Et franchement, sans se cacher. Elle avait toujours un peu peur de lui faire mal, du coup elle faisait toujours très attention, encore plus que si elle était en train d’astiquer une rose en cristal. Parce que les cheveux d’Astra, un moment comme ça, c’était dix mille fois, et encore plus même, plus précieux qu’une bête rose en cristal. Enfin, dans son esprit, c’était un peu ça. Même si ça peut paraître un peu idiot. Elle le pensait vraiment, sincèrement. Elle lui racontait d’où venaient ces perles-là, comme quoi c’était pas si original que ça. Et Loeva, curieuse, s’en étonna. Parce qu’à part Astra, elle n’avait jamais vu personne avec des perles dans les cheveux. Même pas sa mère, qui était noble avant qu’elle épouse son père et qu’elle perde son titre de nobliau. Elle lui racontait l’histoire des perles donc, et Loeva, elle trouvait ça super bien trouvé, elle y aurait jamais pensé.
Elle avait même pas le temps d’en placer une, la belle. Tellement qu’elle parlait sans presque prendre la peine de respirer. Et puis elle se tut, finalement. Alors que Loeva elle aimait bien quand elle parlait. Mais elle aimait bien maintenant aussi en fait. C’était différent, mais tout aussi important pour elle. Parce que ça voulait dire qu’elle lui faisait confiance. Et ça, ça faisait tellement longtemps que ça lui était pas arrivé. Elle savait même pas si ça lui était déjà arrivé en fait. Qu’une personne lui fasse confiance comme ça, alors qu’elle ne la connaissait pas trop. Qu’elle lui confie une part aussi importante d’elle-même comme ça, parce que pour y mettre des perles, des fils, des plumes, c’est que c’était important pour elle, ses cheveux. Et puis elle fermait les yeux maintenant, en prenant des perles dans ses mains. C’était dingue comme sensation. Elle lui faisait vraiment confiance, elle se moquait pas d’elle. Elle lui confiait ces cheveux. C’était une très grande responsabilité aux yeux de Loeva. Il fallait qu’elle en prenne très soin, qu’elle lui montre qu’elle avait raison de lui accorder sa confiance.
Elle avait démêlé le gros des nœuds, elle commença à séparer les mèches entre elles, à les ordonner un peu. A y passer un coup de brosse, doucement, très doucement, parce qu’il fallait pas les lui abimer, ces cheveux. Il fallait qu’elle puisse continuer à mettre ses perles, à mettre ses fils, à mettre ses plumes. Parce que c’était tout ça qui faisait qu’elle était la Astragal qu’elle connaissait. Qui l’intriguait. Qu’elle avait envie de connaître vraiment. Et pas que superficiellement comme ça, j’te croise dans les couloirs j’te salue parce que t’es dans ma maison, et ça s’arrête là. Non, non, pas ça. Si elle pouvait s’en occuper tous les jours, des cheveux d’Astragal, elle serait super contente la Loeva. Parce que personne ne lui avait jamais fait un honneur aussi grand que celui-là. Et déjà, qu’elle puisse s’en occuper, là, c’était immense, incroyable, magique. Il fallait vraiment qu’elle profite de l’instant présent, parce qu’elle savait pas quand elle en vivrait un autre d’instant comparable.
Et la coiffure commençait à s’ordonner, presque d’elle-même. Les mains de Loeva servaient de chef d’orchestre, ou quelque chose de comparable. A passer un coup de brosse tout doux là, un autre ici. A déplacer telle mèche, s’attarder sur telle autre. A peine toucher celle-ci. C’était comme un spectacle de voir ça. Même Loeva s’émerveillait, comme si c’était pas vraiment elle qui contrôlait ses mains. Et dans sa tête, c’était pas vraiment elle. Les mains toutes douces de la Teylus agissaient presque d’elles-mêmes. Et elle était incapable de dire, vraiment, combien de temps ça lui avait pris tout ça. Parce que c’était un peu un moment hors du temps, avec tant de confiance qui lui donnait un peu de stress.
Et puis vint le moment où c’était parfait. Et où elle dit à Astra qu’elle pouvait les rouvrir ses yeux maintenant, en priant intérieurement pour que ça lui plaise. Parce qu’elle était un peu beaucoup froussarde au fond, la belle. Et le sourire enfantin et ravit qu’affichait la Thül la rassura, lui fit naître un sentiment tout chaud au creux de son cœur. Un peu comme du bonheur, comme un arrière-goût de fierté. Mais pas un arrière-goût dont on veut pas, non. Un arrière-goût qui complète parfaitement le reste. Elle semblait tellement contente Astra, on aurait cru qu’elle marchait sur un nuage. Mais pas que ses pieds, tout son esprit, ton son être, toute son âme. Un peu comme si être coiffée comme ça, l’avait élevé encore plus haut que Loeva n’élevait le dortoir des Teylus quand elle souriait. Elle resplendissait, vraiment. Et Loeva la trouvait magnifique, mais elle n’osait pas trop lui dire, parce qu’elle savait pas trop si ça se faisait, entre filles, de dire ça. Et puis elle dit, toute timide, presque rougissante :
- Tu m’dis si ça te plait pas hein. Si tu veux que je fasse autre chose ou jsaispasquoit’hésitespas
Et puis elle rougissait un peu, finalement, elle n’arrivait pas trop à s’en empêcher. Parce que, elle aussi elle était sur un petit nuage là.
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| | Messages : 61 Inscription le : 20/10/2011 Age IRL : 33
| Sujet: Re: Poupée de cire poupée de son [Inachevé] Dim 11 Nov 2012 - 10:51 | | | Les coups de brosses allaient, doucement, réguliers, dans les cheveux, et le parfum emportait Atragal loin dans ses pensées. Loin des sensations de ses propres mains, de ses propres habitudes, de la sensation de tresses, juste des sensations de croisements, presque des caresses, mais qui faisaient qu’elle sentait les choses se structurer. Sans même que ça tire. Et jamais Loeva ne s’agaçait de voir une mèche retomber, ou du temps qu’il fallait pour faire tenir ça, ici, le nombre de pinces qu’elle employait. Astragal se sentait presque voleuse, devant autant d’attentions, alors elle osait plus rien dire. Il lui semblait que la voix de Loeva tremblait un peu, quand elle lui demanda d’ouvrir les yeux. Pendant une seconde, elle se demanda si elle avait eu raison de fermer les yeux, si elle était pas devenue chauve sans s’en rendre compte. Mais quand elle les ouvrit, c’est même pas que cette peur disparu. C’est que toutes ses autres émotions la chassaient à coup de pelles, genre, violemment, et au rythme de plus en plus rapide de ses battements de cœur. Gloups. Un genre de gloups plutôt positif, donc, on avait dit, au début. Ben, là, c’était « bonjour ». Qui est-ce, dans le miroir ? Parce que… ben, c’est pas grave, si elle a le nez de travers, ou des taches de rousseur partout, ou de gros sourcils en ailes d’hirondelles.
Astragal avança les doigts vers son reflet, s’interrompit, voulut toucher ses cheveux, n’osa pas. Loeva, elle était forcément une fée. Ou c’était de la magie, du Dessin, peut-être. C’est dingue, ce pouvoir. Ou alors, c’était le produit ? Non. Ca pouvait pas. Sinon, il aurait dû être hyper ultra méga cher, et elle lui en aurait pas donné. Hein ? Non, ça devait venir de sa magie à elle. Forcément. Et dans le miroir, Astragal était vraiment vraiment jolie. Petit regard à Loeva, qui ne l’était pas moins. Regard qui disait, les yeux brillants, que ce cadeau-là, l’amour, même éphémère, de sa propre image, c’était… Ca valait le voyage. Ca valait tous les moments à douter, ça valait la gêne lancinante du corset, les efforts à fournir pour Teylus, chez Locktar, et tous les gens qui se détournaient d’elle en ricanant, quand elle passait dans les couloirs. C’était peut-être pas exactement Elle-même – la fille qu’elle avait découvert, il y a longtemps et par hasard, et que depuis Astragal aspirait à être en arrivant. Non. Cette fille-ci, elle était… plus travaillée. Moins carrée, moins franche, mais tellement plus agréable à regarder. Elle sentait la jeune fille, et plus le bouton d’or, elle disait au monde qu’il avait le droit de ne pas s’en détourner ; parce que la Dame lui avait donné des yeux couleurs de mers, et que le dragon, de ses cheveux, avait fait une cascade de lave. Qu’elle était un peu des deux, que ce serait dommage, voir bizarre, de lui ôter l’ambiguité des joues, la grâce enfantine des milliers de tâches de rousseurs aglutinées sur sa peau.
Où ton imaginaire a-t-il pu trouver tout ça, toi qui resplendit sans rien, en chemise de nuit le matin, quand tu dors au dortoir, quand tu râles, quand tes yeux pleurent et que personne ne veut le voir ?
-Non… Non, c’est… c’est juste parfait, balbutia-t-elle.
C’est tellement parfait que ça fait presque mal, de me dire que j’ai ça en moi, que tu le vois, et qu’avec juste un peu de temps, tu transcendes ce que tu vois. Elles devraient toutes passer dans tes mains, et toi dans les leur : juste pour que ce soit juste, pour qu’il y ait quelque chose du bonheur entre nous toutes, chaque matin. Comme ça. Parce qu’on pourrait, et que tes doigts, c’est les plus incroyablement doux du monde. Un bref instant, elle se demanda si les gens le verraient, quand elle descendrait. Ce qu’ils diraient. S’ils diraient qu’elle était jolie. Si quelqu’un d’autre qu’Einar le penserait. Si Cérys s’attaquerait au chignon compliqué : comment elle réagirait. A nouveau, se détacher de son image, revenir à Loeva, tout rose, derrière elle. Assez primitivement, Astragal se tourna vers elle, voulut la prendre dans ses bras, puis n’osa plus, au dernier moment. Alors elle prit sa main qu’elle serra, pas comme pour blesser, pour… parce qu’un câlin, ça se donnait pas trop, entre thülls, mais qu’une poignée de main.
Poignée de main qui se prolongea quand elles échangèrent leur place. Juste pour le plaisir, Astra passa les doigts entre les boucles, effroyablement soyeuses. Ca lui mettait une pression dingue, l’envie dévorante de rendre la pareille, de rendre un peu du bonheur qu’elle sentait s’épanouir en elle depuis.. depuis le début, en fait. Alors elle lui fit son plus beau sourire, en se mordillant la lèvre inférieur.
-J’sais même pas si je devrais y toucher, fin… t’es déjà tellement belle comme ça ; si jamais ça te plait pas, t’enlève tout, hein, j’te jure que je le prendrais pas mal, c’est juste que bah.. t’es déjà parfaite. Mais j’vais essayer, j’vais vraiment faire de mon mieux. Vraiment.
A nouveau, ballet de peigne, délicatement. Astra n’avait jamais eu de poupées, d’ailleurs, les poupées de chiffon des petites filles l’intéressaient bien moins que les véritables nourissons à clochette. Les gens vrais. Elle n’avait pas vraiment de nœuds, c’était pas une surprise. Astra pensait à une coiffure de jeune mariée, dans les très très compliquée qu’elle avait vu faire. Une qui prendrait vraiment du temps, et plein d’accessoires, et leur laisserait le temps de discuter d’un tas de petites choses futiles qui chauffaient le cœur aussi bien qu’un bon café. Le café, c’est toujours mieux, pris à deux.
Il faudrait beaucoup de temps pour qu’elle arrive à poser la question qui s’insinuait insidieusement dans son crâne, et qui devenait lanscinante. D’emblée, elle se demanda si les tresses ne risquaient pas d’abîmer les boucles superbes de la jeune femme, puis secoua la tête. C’était évident qu’elles étaient naturelles, qu’elles reprendraient très très vite leurs droits. Elle commença par les plus fines, qui intégreraient des plus épaisses, et serviraient à accrocher les perles solidement et discrètement à la fois. Et la magie reprit instinctivement ses droits, parce que cette fois, ce n’était plus Astragal qui était bavarde. Enfin, si... mais pas que.
[Si tu préfères que j'fasse plus avancer le schmil, hésite pas o/ ]
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| Sujet: Re: Poupée de cire poupée de son [Inachevé] Ven 21 Déc 2012 - 1:44 | | | Et puis son cœur explosa.
C’était tellement incroyable de voir cet air tout content, tout joyeux et étonné à la fois sur le visage de la rouquine. C’était tellement incroyable de voir, que, même plongée dans sa solitude, même plongée dans ses peurs et ses angoisses, elle arrivait à rendre quelqu’un heureux, à lui donner un peu de bonheur, un morceau de nuage, comme si elle lui avait fait manger un morceau d’infini, rien que le temps d’un instant. Et puis elle se sentait comme resplendir, comme si des ailes lui avaient soudainement poussées et qu’elle se retrouvait dix étages plus haut au moins, juste grâce au sourire sincère d’Astragal.
Un sourire, ça fait tout un sourire. Un sourire, c’est le plus beau cadeau au monde.
Et en vraie, Astra était vraiment jolie. Elle était tout comme Loeva la voyait vraiment, comme elle voulait que les gens la voient. Et puis elle était contente aussi, d’avoir réussi. D’avoir dompté cette crinière enflammée. Elle était contente aussi, d’avoir trouvé quelqu’un qui ne lui tournait pas le dos sous prétexte qu’elle était jolie. Parce qu’elle aussi, si elle s’en donnait la peine, si elle s’en donnait les moyens, elle était jolie. Avec ses taches de rousseurs, et ses yeux aux couleurs d’une mer paradisiaque, mais pas la couleur turquoise que l’on voit à la surface, non, la couleur qu’on voit quand on est déjà plongé dedans, dans la mer. Et puis elle était contente, parce que si elle avait réussi à faire ressortir ça d’Astra, ça voulait dire que c’était pas qu’une illusion, la façon dont elle la voyait.
Et elle était aux anges, vraiment. Elles étaient aux anges. Parce qu’il n’y a rien de plus beau qu’un moment comme celui-là. Parce qu’il n’y a rien de plus beau qu’un moment partagé. Qu’un moment à deux.
Parfait, hein ? Non, c’est toi qui es parfaite de m’avoir laissé faire ça. Merci. Vraiment.
Et puis elle se tourna, eut un moment d’hésitation. Comme si elle voulait faire quelque chose, et puis, qu’au dernier moment, elle se refusait de faire ça. Et puis elle fit quelque chose d’assez étrange, entres filles. Elle lui serra la main. Une poignée de main, ça ne se donne pas, entre filles. Mais c’était toujours mieux que rien. Ce n’était pas la même éducation. Peut-être que chez les thüls, ça se faisait. Mais pas chez les demi-nobliaux. Chez les demi-nobliaux, on saluait bien gracieusement. Mais elle ne s’en offusqua pas. Parce qu’elle ne savait pas trop. Et qu’elle ne pouvait pas lui en vouloir. Pas après ça.
Et puis elles échangèrent leurs places. Parce que maintenant, c’était au tour de la Lov.
Et elle sentait qu’elle avait un peu peur, qu’elle n’était pas très sereine, la Astra, quand elle passa sa main dans ses boucles blondes. Et ça la fit sourire, la Loeva. Et Astra aussi, même si elle se mordillait la lèvre inférieure, confirmant l’intuition de la dessinatrice.
Et elle recommença à parler, à énoncer ses craintes, ses peurs. Et Loeva, en simple réponse, continua de sourire. Parce qu’elle lui faisait confiance.
Et la magie reprit ses droits.
Et elles commencèrent à parler, naturellement, comme si elles discutaient simplement, comme deux vieilles amies, autour d’une tasse de thé, comme deux amantes autour du café du petit déjeuner, comme deux personnes, tout simplement.
- Dis, pourquoi tu as choisi d’être combattante ?
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| | Messages : 61 Inscription le : 20/10/2011 Age IRL : 33
| Sujet: Re: Poupée de cire poupée de son [Inachevé] Mer 26 Déc 2012 - 1:47 | | | C’était quelque chose, ces mots en cascade, comme les perles d’un collier infini et bariolé. Leurs idées, distinctes, en entrainaient d’autres, à la suite, toutes légères, toutes animées de leurs ambiances propres, des mots banals et un peu idiots d’adolescentes qui ne cherchent pas à être autre chose qu’elles, qu’à se connaître mieux, comme l’aurait fait Lohan. Ah, tu prends un thé le matin ? Pas rouge, non, forcément, je peux comprendre. Quelque chose, ici et là, des habitudes : de là où tu viens on porte souvent du velours, et moi, ben, en fait, on croirait pas, comme ça, mais j’déteste le contact du daim, ça me fout des frissons. Quelque chose de sincère.
Peut-être était-ce pour ça qu’Astragal faisait moins attention à la tonalité de sa voix, à la grâce que pouvait avoir sa propre coiffure. Plus besoin, en fait, pour être perçue « comme elle l’était » de ces artifices que la jeune Thülle avait tendance à exagérer sans s’en rendre compte.
Les tresses s’ajustaient les unes aux autres, et les perles, dans les cheveux de Loeva, ruisselaient à toute allure. Les mèches, étonnament douces et souples se montraient incroyablement rebelles aux objets en bois – comme si la matière était insuffisante- et au verre – trop lourd ?- Régulièrement, quand son interlocutrice parlait, Astragal se retrouvait à maugréer mentalement, la langue dépassant de la commisure de ses lèvres, bien décidée à mater la rebellion des mèches nobles. Non mais.
La dernière question la prit par surprise ; et étrangement, pas tant que ça. Elle se souvenait que Lohan lui avait posé une question équivalente, par la détournée. Parce que Lohan percevait énormément de choses, elle qu’on disait aveugle. Petit sourire à la moitié de la coiffure de Loeva, parfaite, à présent. Sourire de grande victoire, et de souvenirs.
-C’est marrant… Fin, t’es pas la première à me demander ça. Et j’ai réfléchi, depuis la dernière fois, parce que voilà, ça m’avait un peu pris au dépourvu. J’ai pas l’impression d’avoir vraiment choisi, en fait. J’aurais choisi d’être dessinatrice. Tellement.
Croisement d’yeux dans le miroir, alors qu’elle continuait de parler. C’était tellement étrange, cette sensation d’être profondément écoutée, pas qu’avec les oreilles, ou même l’âme ; ça elle commençait à s’habituer, pendant les bains avec Lohan, et certains cours. Loeva l’écoutait réellement avec ses yeux, et ses pupilles magnifiques agrippaient chaque micro-expression, chaque dilatation de ses iris, comme un signe, de quelque chose qu’Astra ne comprenait, ni ne maîtrisait.
Ce n’était pas un regard qui déshabille, comme ça arrive parfois, c’était un regard qui passait naturellement outre les vêtements, et contemplait plus loin. Loin dans les sons, dans les images, dans la peau même de l’individu. C’était une qualité de filles, exclusivement, Astragal en était persuadée, une qualité qui permettait de rendre n’importe qui effroyablement belle. Dedans et dehors. Alors elle continuait :
-Mais j’suppose que j’l’ai fait parce que justement, fin, rien me permettait de choisir autre chose. Chez nous, fin, on est nés pour ça. J’ai jamais appris autre chose que le combat, on a jamais espéré autre chose de moi que… ouais. Et puis, fin, j’ose pas imaginer ce que ça aurait fait si j’avais fait autre chose. Si j’étais partie pour autre chose.
C’était toujours dingue, cette confiance qu’elle avait. Elle ne regardait qu’Astra, pas une seconde, ses yeux ne glissaient au reflet de sa propre coiffure. Baisser les yeux, parce que, tout d’un coup, ça lui faisait extrêmement peur, ce regard qui voyait au-delà de tout, et qui risquait de rendre beau quelque chose au fond de lui qu’il méprisait de tout son être. Rattraper, peut-être, quelque chose, en affirmer une autre, débilement, définitivement.
-Tu sais, c’est pas une question de pleurnicher sur soi, ou quoi. Mais je les ai suffisament déçus. Je veux dire… je suis une fille.
…Juste, au cas où tu aurais vu, parce que j’oublie de faire attention. Est-ce que tu peux comprendre ce que je dis ? Est-ce que tu comprendras simplement quelque chose comme « et les filles valent moins que les garçons » ? Parait que chez les nobles ils pensent ça. Mais c’est pas vrai, pas chez les Thülls, chez les Thülls ceux qui ont des filles sont heureux, ceux qui ont des garçons sont heureux. Et pour ceux qui ont des hippopotames, c’est plus compliqué, mais j’suis sûre qu’ils sont follement heureux aussi.
Astragal se sentit, d’un coup, affreusement mal. La perle lui échapa des mains, et rebondit par terre, elle jura en serrant les dents, puis haussant les épaules. Est-ce que c’était un droit, de remettre quelque chose qui était en lui sur le dos de ses parents, de les présenter potentiellement comme des gens « comme ça » ? Est-ce que ça pouvait choquer Loeva ? Après tout, elle non plus ne parlait pas de sa famille. Si ça se trouve, elle était noble. Et elle avait déçu en étant une fille.
Astragal aurait tout donné pour être une fille pareille. Une fille entière. Une fille belle. Une fille qui écoute. Une fille qu’on jalouse. Elle se fit violence, re-croisa le regard, après avoir noué la perle suivante, dans le silence. Conviction que l’autre continuait de trouver du « joli ».
Crainte, totale, terrible, terrifiante, qu’elle ait vraiment compris, et que l’éclat de ce regard soit adressé « au garçon » qu’elle avait peut-être perçu. Dégout total en continu, d’elle-même toujours, d’avoir osé penser ça, parce qu’on disait dans les couloirs que Loeva, bah, elle ne rechignait pas vraiment à faire briller ses yeux, ou ses cheveux, d’ailleurs, pour plaire aux garçons. –Pour s’en faire aimer- Mais dit autrement, ça semblait tellement sale.
Le désir, c’était quelque chose qu’Astragal ne comprenait pas bien. Qu’elle n’avait jamais vécu, jamais vraiment. Même ce que son corps – le corps de l’autre- exprimait parfois, un peu au hasard, elle le reniait, elle l’oubliait, ça n’avait pas de sens. Ce n’était pas à elle. « Elle » n’avait jamais dû en susciter. Ca lui faisait peur, parfois, ça la soulageait, souvent. Elle avait envie de retirer toutes les dernières minutes, parce qu’elle avait peur d’avoir gâché quelque chose. Encore. A cause de la même chose, toujours. Ca prenait tellement de place, partout dans sa vie. Envie de s’excuser, pas la possibilité de faire.
Elle s’étonnait, aussi, que les cheveux de Loeva continuent de se torsader sous ses doigts. D’avoir l’impression d’une quasi protection, grâce à eux. De ce moment, du temps passé ensemble, du temps avant d’affronter le regard de la jeune femme, sans l’intermédiaire du miroir, de se sentir vraiment « à nu ». Parce que c’était interdit : que le corset servait aussi à ça. Il lui semblait, dans sa peau, dans les constellations rousses, c'était une quasi certitude, que Loeva allait bouger, faire quelque chose qu'Astra ne saurait pas gérer, s'il ne se passait rien. Un peu comme l'intuition et l'envie de l'étreindre, tout à l'heure, métamorphosée en poignée de main-réflexe. Mais pire.
-Heureusement, j’ai deux frères. Alors ça va, balbutia-t-elle, tout maladroitement, et certaine que rien de son trouble, qu’elle qu’en ait été l’interprétation, n’ait pu passer inaperçu. Et toi ? Tu as des frères ou sœurs ?
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| | Messages : 139 Inscription le : 09/08/2009 Age IRL : 29
| Sujet: Re: Poupée de cire poupée de son [Inachevé] Jeu 2 Mai 2013 - 22:53 | | | C’était comme un rêve qui devenait vrai, cette petite conversation, tous ces mots qui se suivaient. Sans parler de leurs souvenirs communs, comme elle aurait pu le faire avec Enelyë. Juste en parlant de tout et de rien, juste en faisant connaissance. Comme des personnes normales. Comme deux jeunes femmes. Juste des mots qui se suivaient. Des questions, et des réponses. Juste apprendre à se connaître. Tenter de se lier d’amitié peut-être ? Et elles parlaient peut-être presque autant l’une que l’autre, de comment elles prenaient le thé, des coiffures qu’elles aimaient, de l’uniforme toujours aussi affreux.
Elles se faisaient confiance. L’une l’autre. C’était quelque chose, cette confiance mutuelle, rythmée par ces mots qui s’enchainaient.
Dis, comment es-tu devenue combattante ?
Et puis Astra lui répondait, là où tout être humain normal l’aurait sûrement ignorée. Elle lui répondait, le plus simplement du monde. Réfléchissant même à la question, lui avouant qu’elle n’était pas la première à la lui avoir posée, qu’elle y avait repensée depuis. Lui racontant, lui dévoilant tout une part de sa vie. De sa vie privée.
J’aurais choisie d’être une dessinatrice. Tellement.
C’est drôle, moi petite, je me souviens avoir voulue être combattante, juste pour impressionner mon frère.
Et elle l’écoutait, complètement, totalement. Son être entier était pendu à ses paroles. Elle l’écoutait, l’épiant à travers le miroir, ne voulant manquer ses réactions possibles. Tentant malgré tout de ne pas se spoiler le résultat de sa coiffure qui s’annonçait forcément magnifique.
Chez nous, on est né pour ça.
Ah ? Au moins, tu es née pour faire quelque chose. Moi, je suis juste née pour sourire. Et regarde aujourd’hui, ça n’arrive plus que rarement. Tu es bien l’une des seules qui arrive à me faire sourire.
Et elle ne s’arrêtait pas, elle continuait de parler, tout en avançant sa coiffe.
Je les ai suffisamment déçus. Je veux dire… je suis une fille.
Loeva fronça les sourcils. Déçus ? Parce qu’elle était une fille ? Pourquoi les decevrait-elle à cause de ça ? On ne choisissait pas si l’on naissant fille ou garçon. Chez les Thüls les filles étaient donc considérées comme des êtres faibles ? Dans ce cas-là, pourquoi les forgeait-on à devenir des combattantes ? ça n’avait aucun sens. Non, elle voulait dire autre chose, forcément. Seulement, la jeune Teylus ne savait pas de quoi il s’agissait, et n’était pas sûre qu’Astra veuille continuer sur ce chemin, ni lui révéler de quoi il s’agissait. Pas tout de suite en tout cas.
Une perle tomba par terre. Loeva ne pensa plus à l’interroger sur ce point. Elle était nerveuse. Il y avait quelque chose dans son regard, une sorte de peur, qu’elle tentait de cacher. Mieux valait ne pas insister. Et profiter du moment, juste profiter du moment.
Et toi, tu as des frères ou sœurs ?
La jeune dessinatrice pali. Un quart de seconde, le temps de se reprendre. Le visage de son frère lui apparut, ainsi que le souvenir de la seule fois où il lui avait adressé la parole. Sa main glissa vers sa vieille cicatrice. Rêveuse…
- Oui, j’ai un frère. Mais je ne le connais pas beaucoup en fait. Il est beaucoup plus vieux que moi, donc je ne l’ai jamais vraiment connu.
Le seul véritable souvenir que j’ai de lui, c’est une cicatrice qui ne veut pas partir. Mais dois-je vraiment parler de ce détail ? De cette petite fille que j’étais, qui ne jurait que par le regard de son grand frère. De cette gamine pourrie gâtée ? Qui ne trouvait pas suffisant d’avoir l’attention de presque tout son entourage. Dois-je vraiment parler de ces boucles ensanglantées ? De la manière dont j’ai découvert mon don, en dessinant ma vieille tunique déchirée ? Dois-je t’avouer, qu’à cause de ma stupidité légendaire, j’ai bien failli mourir ?
Elle s’était perdue dans ses pensées, ne faisant pas attention au regard sans doute étonné d’Astra qui devait sûrement la dévisager.
Elle mit sûrement du temps à se reprendre, à se décider.
Tu sais… Quand j’avais dix ans, j’ai voulu être combattante. Juste pour impressionner mon frère. J’ai réussi à attirer son attention. En me plantant une épée dans le ventre.
Non, il était trop tôt pour qu’elle parle de sa stupidité d’alors. Ce n’était pas un souvenir très agréable. Elle n’arriva pas à ouvrir la bouche.
Elle releva les yeux lorsqu’Astra laissa tomber ses bras le long de son corps. Dans son regard brillait un air nouveau.
- C’est… C’est…
Elle se leva, déposa une bise sur la joue d’Astra, avant qu’elle n’ait le temps de réagir.
- C’est magnifique ce que tu as fait, merci beaucoup !
Et elle baissa la tête, gênée par son geste. Astra lui avait serré la main tout à l’heure, est-ce qu’une bise, ça n’allait pas la choquer, la révolter ou quelque chose du genre ? Est-ce que ce n’était pas mal vu chez les Thüls ?
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