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 /!\ +18 | Mon masque à moi n'est que de chaire et de sang. [Terminé]

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Lev Mil'Sha
Lev Mil'Sha

Etincelle
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MessageSujet: /! +18 | Mon masque à moi n'est que de chaire et de sang. [Terminé]   /!\ +18 | Mon masque à moi n'est que de chaire et de sang. [Terminé] Icon_minitimeSam 25 Fév 2012 - 0:05

Il avait vraiment passé une semaine de merde. Son absence de don avait duré plus longtemps que prévu, et c'était tout juste s'il n'était pas devenu fou d'angoisse. Ses doigts portaient la trace de ses dents, et celle des murs contre lesquels il les avait précipité, se broyant les métacarpes de douleur pour lutter contre la détresse rongeante qui l'envahissait. Puis, finalement, il avait battu des cils, une énième fois, et son don était revenu. Comme ça, comme par magie. Il avait senti l'Imagination éclore dans sa tête, rose pourpre aux pétales chatoyants, et s'y était précipité avec délectation, avec une satisfaction et un soulagement monstrueux.

Jamais les spires ne lui avaient paru si belles. Jamais les spires n'étaient aussi belles que lorsqu'il était obligé de les quitter.

Cette inconstance de son don lui pesait sur l'âme, lui insufflait au quotidien une peur latente qui lui bouffait les tempes, et qui s'estompait, avec le temps, jusqu'à la prochaine crise. Il parvenait à chaque fois de se persuader que c'était la dernière, qu'il n'avait pas encore l'absolue maitrise de son don, qu'il était, comme toute, encore un adolescent en pleine découverte. Mais voilà qu'il était dans sa 23ème année, et qu'elles continuaient, plus terrifiantes, plus atroce à chaque fois, et c'est sa folie intrinsèque qui remontait avec elle, dangereuse, au-delà de toute raison.

Et il y avait Loïca.

Cette nouvelle dessinatrice, arrivée depuis peu à l'Académie. Cette dessinatrice qu'il n'avait vu que du coin de l'oeil, avant qu'elle ne disparaisse, emportant avec elle son lot de fantasme, ourlé d'une masse soyeuse de cheveux blonds, une cascade d'or liquide, et une trace dans les spires, une trace tellement envoutante qu'il en avait été obsédé pendant plusieurs jours. C'était quelque chose de diffus, presque de l'instinct, puisqu'il n'avait pas été capable de mettre le doigt dessus. Mais il y avait quelque chose, une chose qu'il cherchait depuis trop longtemps pour l'ignorer. Mais qu'était-ce donc ! Il ne pouvait s'en rappeler, et cela le frustrait presque autant que le mystère des fluctuances de son don.

Il avait donc attendu, nonchalant d'apparence, bouillant intérieurement, qu'elle se présente, émette un signe de vie, quelque chose, une piste pour la retrouver dans l'immense Académie. Puis il y avait eu l'annonce. Et une boule de feu qui lui avait dévasté le ventre. La perspective de se retrouver seul avec elle avait de quoi l'émoustiller, tant il se faisait des films sur la jeune femme. Il n l'avait encore jamais vu, n'avait entre-aperçu qu'un bout d'ombre, un éclat doré, mais l'imagination de Lev était débordante, et les films qu'il se faisait, d'une rare précision.

Il avait donc suivit le conseil de l'annonce, et se trouvait, à présent, devant la lourde porte de ses appartements.

Elle n’était pas d’ici. Elle était d’un village, et il pouvait presque sentir la majuscule de ce nom par ailleurs si commun. Une sourde excitation le gagnait, alors qu’il se refusait à penser à toute les histoires que ses parents adoptifs lui avaient déversé, à ses origines, son passé dans un village, de même, où l’Imagination régnait en maîtresse absolue, où le don était le titre, la gloire, l’honneur. Il se refusait à penser à un quelconque lien avec son passé, dans cette simple petite annonce, il se refusait à penser à Marlyn. La désillusion le rendrait probablement fou.

Mais il ne pouvait contenir la fièvre froide qui le gagnait à chaque instant. Le mystère de la jeune femme se brouillait dans son ventre, mélangé à la peur de ses hiatus personnels, et cela donnait quelque chose d’assez étrange sur son visage, une sorte de lueur cinabre qui lui battait aux tempes. Un sourire s’accrocha à ses lèvres lorsqu’il toqua doucement mais fermement à la porte.

Il entendit des pas, et son estomac fit une galipette lorsque la porte s’ouvrit en grand.

Pour une fois, pour une rare fois, il devait bien admettre que son imagination n'avait pas été à la hauteur pour dépeindre la femme qu'il avait devant lui. Enivrante. Envoutante. Belle à en mourir. Lev avait toujours préféré le corps des femmes à leur visage, sauf en de rares exceptions. Sauf pour les yeux. Lev adorait les yeux. Et Loïca, campée fièrement devant lui, était l'incarnation de son plud profond fantasme féminin : un corps de rêve, ourlé de plaisir, débordant d'attrait, harmonieux au possible, frais, délicat, et pourtant si mûr, elle avait des formes qui ne demandaient qu'à être caressée. Et ce corps parfait était réhaussé, encore, par le masque magnifique qui lui mangeait le visage, ne laissant apercevoir que l'éclat de deux yeux de biche, deux yeux marrons ou persistait des pépites flamboyantes et virides. En un coup d’œil, Lev évalua la jeune femme, et s'en retrouva séduit. Profondément.

Un sourire magnifique vint se peindre sur ses lèvres, un sourire qui contamina ses yeux et les transforma en océans flamboyants. De sa voix de tenor, il murmura presque :

- Bonjour, Loïca.

Lev n'aimait rien temps que d'appeler les gens par leur prénom. Il avait toujours fait comme ça et continuerais probablement jusqu'à la fin de sa vie, où jusqu'à ce qu'on le corrige en y mettant fin. Mais ce n'était pas forcément une marque d'irrespect, et la profondeur envoutante de son regard, son absolue concentration alors qu'il vrillait celui de la dessinatrice, prouvaient qu'il n'entendait rien d'autre que de lui montrer son admiration. Il continua :

- Je me présente devant vous car j'aurais quelques questions à vous poser au sujet du dessin.

Et du village d'où vous venez. Et de ce visage qui se cache sous ce masque.



[Pas très long mais c'est l'introduction, j'me rattraperais plus tard promis ! ^^]

Loïca Jil'Wilën
Loïca Jil'Wilën

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MessageSujet: Re: /!\ +18 | Mon masque à moi n'est que de chaire et de sang. [Terminé]   /!\ +18 | Mon masque à moi n'est que de chaire et de sang. [Terminé] Icon_minitimeMar 6 Mar 2012 - 15:34

« Cher Sloann, Cher Père, Maître, Papa, Sloann, Lutchia,

Je t’écris cette lettre afin d’expliquer le pou, Je sais que Sloann ne lira jamais cette lettre, c’est pourquoi je l’adresse à toi. Tu as toujours su être d’une sensibilité parfaite avec

Vous me manquez

Ce n’est pas par manque d’amour que je suis partie, mais je te jure ne pas convenir à ce rôle

Je ne sais plus qui vous êtes, et encore moins qui je suis, c’est pourquoi

Je te supplie de convaincre Sloann de ne pas me chercher »


Loïca chiffonna le papyrus et le jeta dans la corbeille déjà débordante d’autres essais de lettres. La tête dans ses mains, elle fermait ses yeux noisettes le plus fortement possible, comme si cela pourrait l’aider à trouver quoi faire.
Elle n’aimait pas cette idée d’être partie en sauvage, sans explications. Elle n’aimait pas fuir. Et le village avait été une famille pour elle, sans aucun mauvais traitement, mis à part celui du dessin.
Mais elle savait tout aussi bien, qu’une simple lettre pourrait délivrer un quelconque indice sur sa cachette, ou du moins les motiver à la retrouver plus vite encore. Si Lutchia s’était montré plus compatissante, jamais elle n’aurait d’impact sur la volonté de Sloann de la rattraper. Et elle souhaitait tout autant que le village que l’empereur meure, et que Loïca prenne sa place. Et ça, elle ne le voulait surtout pas. Ne plus jamais les revoir.
Peut-être même auraient-ils envie de la tuer. Elle, l’Elue qui avait trahi.

Trahison. De tout un village, peuple, famille, qu’importe le nom. De tant d’espoirs tournés vers elle. De toute une vie à se tuer au dessin pour devenir parfaite.
A trente-cinq ans, elle n’avait jamais connu d’autres enfants pour faire des châteaux de sables, n’était jamais aller dormir chez une copine pour se raconter des histoires de garçons, n’était jamais aller à l’école, n’avait jamais eu de petit copain, encore moins de relations sexuelles, pas de travail, pas de collègues pour râler sur le patron, pas d’après-midi au marché entre amis pour dépenser l’argent gagné, pas de fêtes, pas d’alcool, pas de bar ou auberge, pas de liens avec les animaux…Rien. Rien du tout. Elle n’avait été qu’une consécration, un miracle à protéger dans une cage de verre, par peur qu’elle ne se blesse, meurs, ou pire encore se fasse enlever.
A trente-cinq ans, elle était tout aussi ignorante des choses de la vie qu’une enfant de dix ans.
Par contre, elle se montrait érudite dans l’apprentissage. Elle maitrisait le dessin à merveille, connaissait les grandes bases du combat, savait comment tester les dons et utiliser toute sorte d’appareils liés au dessin, tenir une course sans haleter durant un temps plus que raisonnable, et se faire discrète grâce à son masque. Elle savait aussi très bien devenir muette si l’ordre lui en était donné. Et puis elle avait appris à être une bonne ménagère et cuisinière.

Alors, à présent, elle se sentait un peu démunie, et gamine au possible. En testant Attalys, elle s’était rendue compte que l’enfant savait bien plus de choses qu’elle. Et qu’il devait en être ainsi des autres élèves.
En se baladant dans les couloirs, elle avait d’ailleurs aperçu deux jeunes s’embrassant, et n’avait pas compris. Au village, on ne s’embrassait que pour engendrer un nouvel être, un nouveau messager. Ou du moins essayer, cela ne marchait pas à tous les coups.
Que ces élèves le fassent en public ne l’avait pas étonné le moins du monde, car elle avait coutume d’assister à chaque essai de création d’un messager, chantant avec son peuple pour invoquer les divinités. Non. Ce qu’il l’avait étonné, justement, c’est qu’ils se cachaient dans un coin, étaient totalement habillé, et ne faisait que s’embrasser. Juste cela. Sans aucune volonté apparente d’engendrer la vie !

Elle avait alors su, que nombre de choses de la vie lui avait échappé auprès de Sloann et sa famille.
Elle-même n’avait jamais eu droit au rite de la création, Sloann la refusant à tout prétendant. Elle devait rester éternellement pure pour mener à bien les missions des divinités, et n’engendrait que pour donner une succession, plus tard, et avec le plus talentueux des dessinateurs possibles. Pas moins.

Alors qu’elle pensait aux étrangetés de cette nouvelle vie, on toqua à sa porte. Elle attrapa de suite son masque, comme un vieux réflexe.
Elle se contempla une énième fois dans le miroir, faisant tomber avec grâce ses mèches de blé sur sa robe. L’hiver faisant son apparition, elle avait opté pour une longue enveloppe rouge foncée, plus foncée encore que le sang, ajusté à un gilet rigide marron pourvu de dorures.
Elle sourit, aimant ces innombrables tissus qui épousaient ses formes, et pour la première fois de sa vie les cachaient, tout en les mettant en valeur.
Mais elle ne traina pas à ouvrir la porte, trop impatiente d’un nouvel élève à tester.

- Bonjour, Loïca.

Elle resta figée, surprise qu’il l’appelle par son prénom, si simplement, comme s’ils s’étaient toujours connus, comme si…
Surprise par l’individu même qui lui faisait face.

Elle lui aurait donné plus de vingt ans au physique, grand et musclé, un corps droit et sûr de lui, avec un visage plutôt inquiétant, mais terriblement envoûtant, sûrement à cause de ses yeux bleus contrastant avec ses mèches noires. Contraste tel qu’il en devenait impossible de ne pas le regarder dans les yeux.
Et elle ne savait pourquoi, mais il lui semblait familier.
Complètement inconnu, et pourtant…Il dégageait un truc, une aura qu’elle semblait comprendre mieux que d’autres.
Et en cela, il lui faisait un peu peur.

Il ne voulait pas se faire tester. Cela ne l’étonna pas. Elle ne savait pourquoi, mais une petite voix au fond de son crâne, lui soufflait que le jeune homme maitrisait très bien le dessin et qu’il avait déjà du être testé.
Il avait toutefois des questions. La rumeur qu’elle venait de loin et de mœurs complètement différentes avait du atteindre les oreilles du garçon.
Elle hocha donc la tête.


-Les Divinités vous saluent. Entrez-donc.

Elle n’était pas aussi souriante qu’avec Attalys, intimidée par la présence de l’homme. Ceux de son village étaient rares, pas aussi nombreux que les femmes, et surtout là pour engendrer ou chasser. Il lui était entièrement interdit de leur parler sans réelle raison, et là encore elle devait passer par Sloann, ce dernier ayant trop peur qu’un autre que lui, impur, ne touche à son bijou.


-Prenez un siège, je vous en prie.

Elle prit le temps de refermer la porte, et resta un moment debout à le regarder, gardant un visage complètement neutre, ponctué de yeux perçants, cherchant à savoir d’où venait cet aura.


-Serait-il un affront à vos divinités de vous demander votre nom ? Par la suite je serais enchanté de répondre à vos questions.

Elle se souvint alors des discussions avec Attalys et tenta de se fondre dans leur moule, leurs mœurs.


-Êtes-vous Etincelle, Flamme ou Brasier ? Non, attendez.

Elle leva un doigt, l’incitant à attendre avant de lui répondre. Ses noisettes se plongèrent dans l’azur changeant de ses yeux, et elle plongea dans l’Imagination. Ce qu’elle y trouva la fit sursauter, et reculer de trois pas. Il avait très bien compris son intrusion et venait de dessiner, mais dans les Spires, ne franchissant pas la limite du réel. Il lui dessina son monde...

-Vous…Vous n’êtes qu’étincelle et pourtant si puissant…Votre cercle de Pouvoir est le plus grand, n’est-ce pas ? Décentré, à la limite en dehors de la toile, je dirais même.

Son cœur battait la chamade, à tout rompre. Rien qu’en entrant dans les Spires avec lui, elle en avait vu une ébauche du dessin du test, et de ce qu’il cachait. Et jamais elle n’avait vu semblable don. Il paraissait souvent pas grandiose sur toile, mais était très puissant et difficile à cerner, à représenter. A dire vrai, elle n’avait vu qu’une unique fois un don aussi compliqué à discerner.
Le sien.


-Et…vous…vous êtes sans hésiter un fils du Dragon. Kaelem, je me trompe ?

Un incendie. C’était un véritable incendie dans ses spires à lui !




[Edition à volonté wub]

Lev Mil'Sha
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MessageSujet: Re: /!\ +18 | Mon masque à moi n'est que de chaire et de sang. [Terminé]   /!\ +18 | Mon masque à moi n'est que de chaire et de sang. [Terminé] Icon_minitimeMar 13 Mar 2012 - 19:25

Elle semblait intimidée, la belle, alors qu’elle se détournait, le visage fermé contrastant avec l’éclat de ses yeux, qui étincelaient bien plus que les dorures de son masque par ailleurs d’une rare beauté. Et le mystère qui s’épaississait, alors qu’il se remettait de son émoi, et se retrouvait au devant de nouvelles interrogations. Le masque cachait-il, hypothèse la moins improbable, un visage monstrueux, désarticulé, déformé ? Il en doutait. Son élocution était tout à fait normale, harmonieuse à l’instar des formes de son corps, et dans le mouvement de ses lèvres il ne décelait aucune altération ou bride musculaire. Elle se détourna, donc, dans un froufroutement de robe cinabre et lui offrit le tableau merveilleux de la chute de ses rein et de la finesse de ses épaules. Une véritable perle, dans un écrin de velours et de timidité.

Mais il ne devait pas se laisser distraire par son simple attrait physique. Lev s’était présenté pour des questions précises, et il se devait de garder la tête froide, surtout s’il venait à parler du sujet houleux des origines de la jeune femme. Et il ne devait pas oublié qu’il était un meurtrier, potentiellement recherché malgré les précautions qu’il avait prises. Son estomac frétillait, cependant, avec une ferveur qui lui illuminait les yeux à chaque battement de ces cils trop longs.

Il se dirigea, à son ordre, vers un siège qui trônait devant un lourd bureau de bois brut, à l’instar probablement de tous les appartements des résidents de l’Académie. Son dos ne touchait pas le fauteuil, alors qu’il se penchait en avant, les coudes posés sur ses genoux, les mains jointes devant ceux-ci. Lev préférait de loin rester debout, mais il devait se couler dans les préférences de son interlocutrice. Séduction. Instinctive.

Il offrait l’image même de l’assiduité, avec ce qu’il fallait de confiance en soi pour qu’elle n’apparaisse pas comme de la véritable soumission. Cette dernière ne le dérangeait pas, il n’avait pas assez d’égo pour cela et était capable de se mettre dans des situations d’extrême esclavage, pourvu que cela serve ses intérêts. Il y prenait même parfois du plaisir, sans que cela ne soit vraiment le motif premier de ses actes. Quoique. Il était donc ainsi, dévorant des yeux ceux de la jeune femme, voracement. Mais déjà, les difficultés se présentaient. Son visage marqua l’émois, un très bref instant, alors qu’en une seconde il envisageait les différentes possibilités de réponse. Il connaissait son nom véritable, mais celui si lui apparaissait comme étrangement dangereux, comme si la mort l’en impregnait, et pourtant il magnétisait son esprit, d’un intérêt probablement morbide mais qui n’en était pas moins puissant. En revanche, son nom d’adoption était probablement encore trop frais, même s’il l’avait laissé s’échapper de temps en temps. Il était de toute manière peu probable que quiconque à l’Académie ai entendu parler d’un incendie à l’autre bout de l’empire. Mais le risque était présent tout de même. Et ces réflexions, teintées d’appréhension, ne prirent qu’une petite seconde, avant qu’il ne réponde, après une légère hésitation :


- Lev… Lev.

Il avait vraiment voulu rajouter son véritable nom de famille. Mais ses lèvres s’étaient scellées, avant qu’il ne prononce les 3 syllabes fantôme. Il fronça les sourcils. Car c’était bien de la peur qu’il sentait poindre au creux de son cœur. Ses mains s’agitèrent un instant, avant qu’il ne les emprisonne chacune dans l’étau de l’autre. Oui, il avait peur. Il avait peur de découvrir des choses, et que ces choses ne soient pas aussi merveilleuses que ses rêveries. Il avait peur de la désillusion, il avait peur des réponses, après les avoir trop longtemps attendu. Pour masquer son trouble, il voulut continuer sur les raisons officielles de sa présence, mais ce fut elle qui posa une nouvelle interrogation, sur son don de dessin.

Il n’eut pas le temps de réagir, que déjà elle se glissait dans son esprit, grand ouvert.

Par la Dame que c’était bon ! Lev en fut presque électrocuté. Il avait l’habitude d’effleurer les différents dons, afin de les distinguer et d’en cartographier le schéma et l’essence, mais il ne lui était encore jamais arrivé le contraire, c’est-à-dire qu’un autre esprit que le sien pénètre dans sa portion d’Imagination personnelle. Il sentit le contact de Loïca presque instantanément, alors que d’un touché caresse elle effleurait les courbes de sa conscience, si proche et pourtant si lointaine, flamboyante de passion et pourtant si candide… Son âme était d’une clarté et d’une douceur telle que le dessinateur sentit des frissons incroyables monter le long de son échine. Son corps lui apparaissait comme de plus en plus éloigné alors qu’il se ruait à la suite de la jeune femme dans les spires. Peut-être était-ce la situation, le fait qu’il était plus proche qu’il ne l’avait jamais été de son passé, peut-être était-ce cette confiance étrange qu’il avait envers la jeune femme, confiance née de l’apparence semblable de leurs dons. Saisit d’une impulsion, il créa une image. L’image de ses souvenirs, quelque chose qu’il conservait dans sa tête, au fond de ses rêveries, un univers, songé plutôt que vécu, et les couleurs en étaient aussi flamboyantes que réelles. Il avait tellement ressacé ses souvenirs, tellement tenté d’en extraire la sève, d’en nourrir son imagination effrénée, qu’il s’était créé ce monde, qui demeurait flou malgré tous ses efforts. C’était l’emblème de son histoire qu’il lui offrait, l’oriflamme brûlée de son enfance perdue.

Il se trouva gêné, alors, inopinément, lorsqu’il eut face à lui cette image enfantine, pleine de couleur et de rêves, avec ces visages floués aux traits changeant, et les maisons qui dansaient par le fond, dans un ciel aussi bleu que le soleil était blanc. Loïca l’effleura de nouveau, et dans son don, il perçut qu’elle avait remarqué sa création, et que cela semblait l’affecter autant que lui. Son contact lui touilla l’esprit d’une extase dévastatrice, et d’étonnement autant que de plaisir face à cette nouvelle expérience, un sourire rêveur illumina son visage sans qu’il ne s’en rende compte. Il eut le temps, lui aussi, de préciser les limites du don de Loïca, et son ivresse monta d’un cran lorsqu’il se rendit compte de leurs affinités de pouvoir. Comme une toile d’araignée, le don de la dessinatrice étendait ses fibres à travers toute l’Imagination, elle n’apparaissait pas comme un esprit, mais comme une chape, englobant les possibles dans une gangue de pouvoir, liée, semblait-il, aux spires toutes entières.

Il n’eut pas le loisir de s’attarder sur le dessin merveilleux de son don, cependant, alors qu’elle s’en retournait vers la réalité d’une torsion spirituelle. A regret, il la suivit, s’éloignant des spires, sans s’en dissocier complètement. Il perçut de nouveau son corps, à mesure que l’Imagination se refermait, et c’est avec deux roses pourpres aux joues qu’il réintégra la réalité, ses mains tremblant légèrement de l’excitation qui l’avait gagné, de cette expérience que Loïca lui avait fait partager en s’introduisant dans son esprit. Son corps avait répondu, alors qu’il était immergé dans l’Imagination, et à présent c’était comme s’il se réveillait d’un rêve particulièrement érotique, le pantalon trop serré, son cœur battant une chamade puissante et désordonnée.

Le silence ne dura qu’un instant, mais cet instant sembla très long au dessinateur, alors qu’il croisait le regard de Loïca et qu’il y lisait la même fièvre de pouvoir qu’il ressentait. Son cœur pulsait dans sa poitrine, plus lentement à présent, mais il avait l’impression qu’il voulait traverser ses côtes pour rouler sur la table, offert, dans une gerbe de sang bouillonnant.

Et soudain, en un laps de temps très court, instantané, son sang justement, passa de brûlant à glacé. Son cœur rata un battement, avant que son esprit ne rattrape son corps, et ne se force à rester serein, à ne pas bondir sur la table à pieds joints.

Enfant du Dragon.

Les mots de Loïca se superposèrent à ceux qui, gravés dans son esprit, s’étaient rappelés à lui quelques jours plus tôt, à peine. Il se redressa d’un bond, le regard perdu dans le vague, tourné vers son passé, alors qu’il tentait de toute ses forces de retenir le souvenir qu’il sentait poindre à la lisière de sa conscience. Il lutta, lutta, mobilisa toute les ressources de son esprit et de sa mémoire, mais perdit la bataille dans un souffle. La lueur disparut, et la nuit sembla d’autant plus sombre sans elle. Avec un soupire abattu, il se laissa retomber sur le siège et se passa les deux mains dans les cheveux, les coudes posés sur ses genoux. Il resta un instant les paumes sur les yeux, avant de relever la tête, le visage aussi serein qu’il pouvait l’être à cet instant.

Il adressa un sourire d’excuse à la jeune femme qui l’observait sans broncher, les yeux peut-être un peu trop brillant derrière son masque de timidité. Lev décida de continuer, en évitant de trop dévoiler ses sentiments.


- Oui, je suis étincelle, je ne suis arrivé que depuis peu à l’Académie, un mois tout au plus.

Il regarda sa bague d’appartenance rouge, comme s'il la voyait pour la première fois, et continua :

- Et comme vous l’avez remarqué, je suis Le… Un fils du Dragon, comme vous semblez appeler les Kaelems.

La particule lui avait échappé, et il s’était reprit à temps, afin de ne pas paraître présomptueux devant cette femme magnifique qui semblait idolâtrer les divinités. Mais la majuscule lui collait aux lèvres, et il savait, en lui-même qu’il y avait une raison derrière cet ersatz de souvenir primitif.

- A vrai dire, si je viens vous voir aujourd’hui, c’est à cause de mon don, justement, et de ces particularités.


Ou grâce à lui si l’on avait la vision des choses particulière de Lev.

- Il s’avère que je souffre de hiatus personnels, et que ceux-ci peuvent m’arriver n’importe quand, ce qui est assez handicapant.


Comme lors du cours de dessin, pendant lequel il avait été incapable de mener à bien l’exercice que leur avait imposé leur professeur. Il hésita à continuer. Profondément, il répugnait à admettre une quelconque faiblesse concernant le dessin. S’il se permettait de vivre, vivre vraiment sans refouler ses plus bas instinct, c’était surtout parce qu’il se sentait en sécurité, bien inconsidérément, grâce à son don puissant. Mais il lui était nécessaire, vital, d’obtenir des réponses à ces questions qui le rongeaient. Il termina :

- J’aimerais savoir si vous avez déjà rencontrez des personnes ayant la même morphologie de pouvoir que moi par le passé, et si vous avez déjà eu des cas tel que le mien, de là d'où vous venez. Si vous voulez avoir une meilleure vue d'ensemble, je ne vois pas d'inconvénient à me faire tester.

Manière d'introduire la notion de son passé, également. Ses yeux azur scrutèrent ceux de la femme avec intensité, cherchant à déceler les émotions qui pouvaient les traverser. Et une idée germa lentement, mais irrévocablement dans son esprit, idée née de la convergence de leurs dons, de leurs origines d’apparence si semblables. Peut-être se faisait-il encore des films, peut-être Loïca n’avait-elle rien à voir avec lui. Mais une phrase résonna dans sa tête, forçant la barrière de sa volonté :

Et si Loïca était Marlyn ?




[De même ]

Loïca Jil'Wilën
Loïca Jil'Wilën

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MessageSujet: Re: /!\ +18 | Mon masque à moi n'est que de chaire et de sang. [Terminé]   /!\ +18 | Mon masque à moi n'est que de chaire et de sang. [Terminé] Icon_minitimeJeu 22 Mar 2012 - 16:05

Lev. Juste Lev ?
Loïca tiqua, analysant les expressions du garçon. On avait tous un nom de famille. Tous une famille, quel qu’elle soit. Ne pas dévoiler son véritable nom cachait soit une imposture, soit une volonté d’oubli. Intérieurement elle pria pour l’oubli. A peine arrivée, elle ne voulait guère d’ennui.

Son visage était complètement insondable tant il passait d’une expression à une autre. C’en devenait insupportable, dérangeant !
Ce qui était le plus dérangeant, c’est ce qu’elle avait vu, là-dedans, dans ses spires à lui. Parce que c’était étrange, mais surtout familier. Et cet air de famille, ce dessin qu’il lui semblait connaitre par cœur, ça lui faisait peur.
Et il avait failli. Il avait failli, à son tour, entrer dans les siennes de spire. Loïca paniquait. Rares étaient ceux possédant le pouvoir d’entrer dans l’esprit d’un autre. Qui était donc ce garçon ?
Heureusement, se rendant compte de ce qu’il provoquait, elle était sortie à temps de l’Imagination, tentant de masquer ses tremblements.
Sloann.
Il lui faisait tant penser à Sloann.

Alors son cœur s’accélérait, rien qu’à la pensée que Sloann puisse revenir à elle un jour et fouille à nouveau son esprit, lui fasse subir de nouveaux tests, de nouveaux entrainements.
Mais ce n’était pas Sloann. C’était impossible. Il ne pouvait le connaitre non plus. Ceux connaissant Sloann faisaient partie du village, ou alors, les autres, ceux qu’il croisait à l’occasion de ses sorties, ne l’appréciaient guère, le prenant pour un fou.

Ce n’était que pulsation. De pouvoir. D’attirance. De peu.
Des pulsations, comme celle qui venait de le faire bondir d’un coup, de sa chaise.
Ou celle qui avait fait retourner Loïca, si vivement qu’elle en fit tomber une décoration. Elle la ramassa, tout en refusant de quitter du regard le garçon.
Et il se rassit. Pulsation nouvelle. Calme et serein. Comme s’il ne se souvenait même pas de se récente réaction.
Etait-il possédé ?

Le Fils du Dragon.
Le.
Le cœur de la jeune femme ne cessait de rater des battements.
Le.
Il avait beau s’être repris, il avait dit « Le », naturellement.
Tout comme Sloann l’appelait « L »’élue, ou « La » Messagère.
Le.

Elle déglutit, refusant de comprendre ce qui semblait devenir évident à leurs yeux.
Particularités.
Particularités du don.
Elle voulait hurler « non », ne pas en entendre plus, le faire sortir au plus vite de ses appartements. Elle ne voulait pas savoir. Hors de question !
Ce n’était pas même encore un passé qu’il devait déjà la rattraper ?
Par pitié, non !

Si elle n’avait pas porté ce masque, Lev aurait pu voir naitre une petite larme. Unique et minuscule, mais présente et terrifiée.

S’il te plait tais-toi.
Retire tous ces mots qui confortent mon idée complètement ridicule.
Je t’en supplie tais-t…

-Des hiatus ?

Ce furent les seuls mots qu’elle réussit à prononcer, le souffle coupé. Oui, et non. Pourquoi ? Y aurait-il d’autres raisons ? Etait-ce le même traitement ?
Le tester. Elle en mourait d’envie tout en en ayant une peur bleue.
Par la Dame qui était donc ce garçon ? Que venait-il faire ici ? Etait-ce le Dragon qui l’envoyait à elle ? En message, punition de sa trahison ?
Elle tenta de se reprendre. Pas en punition. La Dame et le Dragon n’auraient jamais voulu qu’elle tue pour eux, qu’elle s’abaisse au même niveau que les hommes les ayant trahis. Elle en était convaincue, et cela malgré le fait que toute sa famille, son village, pensent le contraire.


-Ces hiatus vous parviennent-ils après un effort particulier ? Un effort dans le dessin, peut-être ?

Il lui arrivait fréquemment d’avoir des hiatus lorsque Sloann forçait trop lors des entrainements sur son don. Ce qui avait le don d’énerver plus encore son mentor, et valait à Loïca le double d’exercices dans un autre domaine, ou en dessin la fois suivante.

-Asseyez-vous. Trancha-t-elle.

Elle ne pouvait supporter de rester ainsi encore quelques secondes de plus, sans savoir. Aussi l’amena-t-elle au siège du scintilleur.
Elle s’en servait pour la deuxième fois et ne s’était jamais sentie aussi fébrile. Il lui fallut s’y remettre à deux fois pour fixer la toile blanche tant elle tremblait.


-Oui. Oui, je connais une personne ayant la même morphologie que vous. Et il ne m’étonnerait pas que vous ayez le même dessin qu’elle lors de ce test.

Il s’assit, docile, et la laissa entrer dans l’Imagination pour le tester.

Par les Divinités, faites que je me trompe !

Les couleurs commencèrent à se former sur la toile, en tâches noires pour commencer, puis prenant leurs teintes. Et toujours ce même incendie dans les spires. Il allait faire brûler la toile ! Qu'il cesse de suite, son pouvoir était bien trop grand. Ou bien trop conjuguée à une volonté non contrôlée !
Loïca ne s’était pas trompée.


-Même sans ouvrir les yeux, je suis capable de te dire ce qu’il vient de se graver sur ta toile.

Elle entendit les frottis des vêtements, indiquant que Lev se tournait vers elle. Elle gardait ses paupières closes, et déglutissait, prenant conscience de la réalité.

-Un cercle de Pouvoir qui ne rentre pas dans la toile tant il est grand, mais surtout décalé. Rien n’est centré, pas vrai ? Mis à part ton cercle de Volonté, qui trône et prend sa place. Le tout dans un rayon, comme une éclipse qui s'en va.

[img]/!\ +18 | Mon masque à moi n'est que de chaire et de sang. [Terminé] Test_l13[/img]

Elle ouvrit les yeux.

-C’est ta seule différence avec moi. Ton cercle de Volonté à la place de mon cercle de Créativité. Inversement pour mon cercle de Volonté.

Voyant qu’il était quelque peu perdu, elle traversa une salle, et revint avec une autre toile, qu’elle posa à côté de la sienne.

[img]/!\ +18 | Mon masque à moi n'est que de chaire et de sang. [Terminé] Test_l12[/img]

-Voici mon dessin. L’unique personne que je connaisse ayant la même morphologie que toi, c'est moi.

Le tutoiement était de mise à présent.
Elle le scruta du regard.


-Qui es-tu ? Qui t’envoie ?




[C'est court, mais je me rattrape sur le prochain, promis Very Happy]



Lev Mil'Sha
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MessageSujet: Re: /!\ +18 | Mon masque à moi n'est que de chaire et de sang. [Terminé]   /!\ +18 | Mon masque à moi n'est que de chaire et de sang. [Terminé] Icon_minitimeLun 26 Mar 2012 - 23:19

Il se sentait de nouveau redevenir serein, ce qui était sans doute grâce au sujet déviant sur l’art du dessin, sujet dans lequel il était plus à l’aise. Oh bien sûr, les questions étaient toujours là, l’envie de connaître la jeune femme de même, et le mystère de ses origines qui planait… Il se morigénait intérieurement, et tentait de ne pas se laisser envahir par le poids de la situation. Contrôler, ne pas perdre pieds. Il répondit d’une voix sereine, quoiqu’un peu trop dénuée d’émotion. Le sujet de ses hiatus était douloureux.

- Non, pas quand je fais des efforts trop important.

Il réfléchit un instant pour être sur de son fait : une chose l’avait frappé la dernière fois.


- C’est plus une hypothèse qu’autre chose, mais il me semble que mes hiatus apparaissent lorsque je quitte vraiment l’Imagination.

Ce qui était une assertion assez présomptueuse, lorsque l’on connaissait la voracité des spires et leur besoin d’énergie. Mais la dernière fois, il avait vraiment ressenti la séparation d’avec la galaxie des possibles, et il n’avait pu dessiner par la suite. Coïncidence ? Il secoua la tête, incapable de se souvenir vraiment des circonstances précédentes, tout en ayant au fond de lui la certitude qu’il tenait un morceau de la réponse à sa question. Peut-être Loica pourrait-elle l’aider, elle devait connaître l’Imagination mieux que personne de par son métier.

Lorsqu’il tourna les yeux vers elle, il eut la surprise de croiser un regard brillant, un peu trop. Etait-ce une larme qui débordait de son œil pailleté, ou l’avait-il rêvé ? Quelque peu abasourdit, il ne pipa mot, et se contenta de la regarder intensément, sans le moindre sentiment néfaste. Il n’aimait pas faire pleurer les filles lorsqu’il ne le désirait pas. Et pour une raison qu’il ne percevait pas, il ne voulait pas faire pleurer Loïca. Un sourire doux naquit sur son visage, un sourire désolé d’il ne savait quoi.

Cependant, de par ses mots, elle sembla reprendre contenance, captivée par le mystère que lui présentait le jeune homme. Une assurance nouvelle colora ses traits, ses gestes, lorsqu’elle lui ordonna d’une voix ferme de prendre place dans le fauteuil. Humble, il s’installa au centre des instruments, disposant son long corps confortablement sur les coussins qui adoucissait les courbes de l’appareil. D’un sourire doux, il l’observa pendant qu’elle préparait l’analyse.

L’assurance qui parait ses mouvements achevait de la rendre séduisante. C’était un ballet étonnant que de la voir évoluer au milieu des instruments complexes et délicat, de voir ses mains graciles caresser les courbes de verre, sans jamais percuter quoi que se soit. Elle maîtrisait chaque impulsion, déplaçait de quelques cm les objets, installait, languide, la grande toile blanche sur laquelle apparaitrait la forme de son don, et les oscillations de son corps ne perturbaient absolument pas le gracieux entremêlement de verre et d’acier. Finalement, elle se tourna vers lui, tout était prêt. Il lui adressa un regard confiant et ferma les yeux, se laissant couler dans l’Imagination. Sans être ostentatoire, il se laissa guider par la première image qu’il imagina, c’est-à-dire un masque. Il s’appliqua à le modeler, lui donnant une forme, une texture et de l’éclat, des couleurs pastelles soulignées par une myriade étincelante rubis formant une arabesque le long de la mâchoire, sans déparer l’ombre légère des yeux aux cils fournis. Mais déjà le test était fini. A regret, il abandonna sa création et sortit –pas tout à fait – de l’Imagination.

Ce qu’il vit le stupéfia. Non pas le dessin de son don, il le connaissait déjà, quoi que, il semblait tout de même avoir changé légèrement de forme, les ellipses paraissaient un peu plus proches que la première analyse qu’il avait effectué. Non, mais le dessin du don de Loïca. Exactement semblable au sien. Tout en étant fondamentalement différent. Une sensation étrange lui titilla l’estomac lorsqu’il croisa le regard de la jeune femme. Il ne sut définir son sentiment, c’était très diffus. Mais il sut que quelque chose allait se passer, et qu’il allait devoir prendre garde à ce qu’il allait lui dire, et à ce qu’elle répondrait.

Il se redressa légèrement, mais stoppa son geste, remarquant le passage au tutoiement sans s’en offusquer, interdit devant la question brutale qu’elle lui assena sans férir. Mais pas sans frémir. Parce qu’il vit bien le frisson qui se dégageait de sa posture, ce frisson qu’il ressentit, miroir de ses émotions à elle, qui se distilla jusque dans sa nuque. Il prit le temps de réfléchir alors qu’il se levait, passait devant elle sans un mot, et s’adossait au mur devant son bureau, dédaignant la chaise, enfonçant ses mains fines dans les poches de son pantalon. Il voyait bien qu’elle était secouée, aussi prit-il une voix douce, pour ne pas l’effrayer. La coïncidence de leur rencontre était certes étonnante, mais elle restait ce qu’elle était : une coïncidence.

- Rassure toi, je ne sais pas pour qui tu me prends, mais personne ne m’envoie.

Il jette un œil aux toiles si semblables. Un sourire amusé sur le visage :


- Même si je reconnais le caractère étonnant de nos deux dons.


Elle ne bougeait pas, immobile au milieu de tous ses instruments. Par-dessous les cils, il l’observait attentivement, sans gêne mais sans indiscrétion non plus. Il ne savait que dire, s’il devait aller plus loin, lui demander, lui demander d’où elle venait, et se dévoiler lui-même, alors qu’il avait peur des réponses et de se faire reconnaître. Mais cette occasion était trop inespérée pour qu’il passe à côté. Après un soupire qui lui coûta, il se jeta à l’eau, démuni face à son regard perçant.

- Tanaeveys. C’est mon nom. Je m’appelle Lev Tanaeveys.

Il souffla, comme si cet aveu l’avait vidé de tout l’air que pouvaient contenir ses poumons. Du fond de ses tripes, il ressentit le besoin convulsif de lui dire, de tout lui dire, de lui déballer sa vie comme ça, à cœur ouvert, de l’intégrer à son histoire, parce qu’elle avait un lien, il en était sur, avec son passé, avec ce passé qu’il recherchait plus avidement que jamais. Et il savait qu’elle était quelqu’un de bien, il le savait confusément, mais la belle elle inspirait confiance, malgré son masque magnifique, malgré ses courbes provoquantes et sa voix sublime. Devant elle, dépouillé, écorché, comme un jeune enfant à qui on raconte des histoires merveilleuses et qui se retrouve un jour devant l’ange de l’une d’elles. Il continua d’une voix un peu plus rauque, sans savoir si Loïca prenait la pleine mesure du degré d’importance que prenait pour lui de tels aveux :


- Et je viens d’un village, le Village, qui a disparu depuis longtemps. Je n’ai appris son existence et celle de mon véritable passé par la bouche de mes parents d’adoption, que récemment.

Comment, il ne préférait pas le lui dire, mais le plus important, c’était ce qu’il allait dire. C’est avec un sourire fragile qu’il avoua à demi :

- Je sais, je le sais, que j’ai un don particulier, même si chaque don a sa propre marque. Mais ce que je ressens dans les spires est si fort, si puissant… Je me demande toujours… Pourquoi moi ?

Ses yeux papillonnèrent vers le visage masqué de la jeune dessinatrice. Le poids de son corps pesant sur ses jambes, il fit pivoter le fauteuil pour le placer face à Loïca et s’affala à demi dessus, renversant sa tête en arrière, les yeux fermés.

- Et je te rencontre, et tu me dis, tu me montre, le dessin de ton don, tu me dévoile une partie de toi que je croyais unique en moi, et par la même j’en viens à me demander si tu n’es pas ce maillon que je cherche afin de relier mon passé à mon présent.

Il la regarda franchement, à présent.
- Imagines-tu l’effet que ça fait de se savoir si proche de son passé, tout en sachant pertinemment qu’il est à jamais enfoui ? C’est très perturbant.

Et perturbé, il l’était, pour parler aussi franchement qu’il le faisait, à une presque inconnue. Il secoua doucement la tête, pour tenter de remettre de l’ordre dans ses idées, et surtout pour se donner un peu de temps avant de continuer.

- Je veux pas te forcer à parler de ton passé à toi, je vois bien que tu laisses le mystère planer, je ne sais pas si c’est parce que tu en souffre ou parce que tu souhaites rester discrète, mais dans tous les cas sache que je ne te veux pas de mal. Je suis juste à la recherche de réponses.

Il lui adressa un sourire timide.


- J’aimerais savoir si tu veux bien me parler de toi et d’où tu viens. Mais je comprendrais si tu ne le souhaite pas.


Je comprendrais, mais ça me fera mal dirent ses yeux. Mais il se contenta d’attendre, le plus sereinement possible, la réponse de la jeune femme.


[I love you]

Loïca Jil'Wilën
Loïca Jil'Wilën

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MessageSujet: Re: /!\ +18 | Mon masque à moi n'est que de chaire et de sang. [Terminé]   /!\ +18 | Mon masque à moi n'est que de chaire et de sang. [Terminé] Icon_minitimeSam 7 Avr 2012 - 20:39

Il se mouva, serein, la scrutant du regard. Il en devenait insupportable ce regard qu’il braquait sur elle. Dérangeant, vraiment. Vraiment trop. Sloann était dans le coup, elle ne voyait pas d’autres alternatives. Le contrôlait-il à distance ? Ou peut-être même était-ce lui, déguisé ? Elle ignorait tant l’étendu du pouvoir de son mentor, tout comme son propre don, qu’elle était prête à tout croire !
Toutefois, il se contenta de s’adosser au mur, la rassurant. Mais c’était tout sauf rassurant. Et Loïca grinçait des dents à ne pas savoir comment réagir face à cette créature envoutante et dangereuse.

Et puis il y eut un soupir.
Un « je me jette à l’eau ».
Il se déshabilla. Devant elle.
Oh, rien de physique, elle n’en vit pas plus de son corps. Mais de son histoire, de ses secrets, elle en vit bien plus.
Cette soudaine volonté de se mettre à nu la déstabilisa. Parce qu’en principe cela signifie confiance. Alors qu’au contraire ce qu’il venait de prononcer, ce nom de famille, affirmait ses craintes : ce n’était pas de l’oubli, mais de l’imposture, du secret, du non dit.
Mais il semblait tant qu’il venait de se vider pour s’arracher cet aveu que la compassion ne voulait faire faux bond aux sentiments de l’Analyste.
Dangereux.
Une personne qui se cache est dangereuse.
Elle devait absolument garder cela à l’esprit, et ne surtout pas s’attendrir parce que le jeune homme faisait mine de craquer devant elle.

Le Village.
Un hoquet sortit de la gorge de la dessinatrice. Le Village. Il ne pouvait être le sien, sinon elle l’aurait reconnu. Y avait-il plusieurs villages qui portent le dénominatif si important ?
Une discussion avec Sloann lui revint alors en tête, et elle crut défaillir sur place. Elle datait de l’adolescence de Loïca, la période où elle avait été le plus instable, le plus difficile à contenir. Comment oublier ce moment où une jeune fille faisait onduler ses épis blonds tout en hurlant :


-Tu es le seul à croire à tes conneries, Sloann ! Ce village est le seul, suffisamment atteint pour y croire !

La gifle n’était jamais venue. Sloann n’avait jamais touché Loïca. On ne touche pas l’Elue. Mais cet affront lui avait valu une journée entière, sans pause, d’exercices ardus du dessin. Il n’avait stoppé cette torture que lorsque sa protégée s’était évanouie, épuisée. Elle n’avait retrouvé l’usage de son don que deux semaines plus tard. C’est à ce moment que la voix dur de son créateur avait résonné dans son esprit.

-Nous sommes nombreux. Des centaines. Dispersés dans différents villages, attendant notre heure, notre Elue. T’attendant toi.


A présent la jeune femme était livide derrière son masque. Lev venait d’un village similaire au sien. Et avait sans doute été créé dans le même but qu’elle.
Sauf qu’il avait l’énorme chance de ne pas s’en souvenir.
Elle donnerait n’importe quoi pour oublier ces exercices de dessin, interminables, tortures, et toutes ces attentes sur sa personne. Elle n’avait pas eu d’enfance protégée.
Ah, du monde extérieur elle avait été protégée, plus que protégée même !
Mais des responsabilités, de tous ces trucs d’adulte, jamais.
Elle n’avait pas eu d’enfance à vrai dire.
Sauf qu’elle ne pouvait pas le savoir, ne sachant pas même ce que voulait dire le mot enfance.

Pourquoi moi.
Elle déglutit. Combien de fois s’était-elle posé cette question ? Elle ne le comptait plus. Et l’avait même laissé échappée à Lutchia, dans un murmure de crainte. Elle avait simplement répondu qu’elle ne devait jamais se poser cette question, ne pas se dévaloriser. Que c’était Elle, car les Divinités l’avaient voulu, et que les meilleurs dessinateurs s’adonnaient au rite de création depuis des années afin d’arriver au but, au meilleur.
Lev devait faire parti des meilleurs, aussi, puisqu’il avait le même dessin qu’elle, non ?
Alors pourquoi n’était-ce pas à lui de tuer l’Empereur ? Pourquoi n’était-ce pas à lui qu’on avait appris toutes sortes de choses, imposé l’épreuve de l’eau et du feu, et gravé au dessin éternel des tatouages qui avaient saignés sa peau ?
Pourquoi pas lui ?
Pourquoi moi ?

Perturbant. C’était le mot juste.
Elle croyait s’être enfuie, loin de toutes ces histoires, loin de ses responsabilités, loin de ses peurs.
Et voilà qu’arrivait un jeune homme pour détruire toute cette impression de sécurité, de refuge.
Elle pensait avoir distancé le passé. Mais le passé n’était même plus passé. Il redevenait présent avec Lev.
Lev qui se confiait, qui ne comprenait pas.
Et Loïca qui se cachait, qui ne voulait pas.

Finalement, il n’était pas plus dangereux qu’elle. Il lui avait caché son nom de famille. Elle lui cachait toujours son visage.
Devait-elle enlever son masque ? Se dévoiler à son tour ?
Etait-il vraiment nécessaire qu’il sache ?
Ne vivait-il pas mieux à ignorer son passé, bien derrière lui ? Après tout, peut-être se trompaient-ils, tous deux. Peut-être n’avaient-ils rien à voir.
Hormis le même don.

-Je me la pose tous les jours.

Elle déglutit, fuyant le regard de Lev.

-La question « pourquoi moi ? ».

Aveu. Premier aveu.
Aller plus loin ?
Pourquoi ?
Pour ne faire à nouveau qu’un avec le passé, le faire définitivement passer présent ? Mais où est donc la limite ? La différence ?
Pour traumatiser un garçon qui à l’air suffisamment perturbé comme cela ?
Pour admettre qu’elle se cache, mais ne peut s’en séparer ?
Car oui, elle y croit à tout cela, aux divinités. Et elle n’arrive pas à savoir s’il y a vraiment un Elu, ou une Elue. Elle n’arrive pas à savoir si il y a vraiment un rôle à jouer. Il doit bien en avoir un. Mais est-ce vraiment le sien ? N’a-t-elle pas simplement fui son rôle ?
Si ce n’était pas le cas, pourquoi cacherait-elle encore son visage ?
On ne doit pas voir mon visage.
Il est peint, tatoué d’une idéologie, d’une commande, d’un meurtre incommis, d’une éclipse, d’une famille consanguine, d’une différence que les autres n’acceptent pas, d’une tare.
Tare génétique.

Sloann lui avait seulement expliqué une différence entre Eux et l’extérieur. A l’extérieur il était considéré comme impur, comme immonde et interdit par les lois de s’accoupler entre personnes du même sang. Sloann disait que cette mœurs avait été créé par peur d’une race supérieur, d’un don trop puissant à mêler les sangs communs.

Elle était à l’extérieur à présent. Et donc une tare.

Au bord de la crise d’émotions, elle s’assit sur son bureau, face à Lev, et cessa d’éviter son regard, braquant ses noisettes dans les siens.

-Je viens d’un village. Le Village.

Elle vit de suite une réaction chez Lev, et leva la main.

-Sûrement pas le même que le tien. Je t’aurais reconnu. Mais tout me laisse à croire que nos villages se connaissent, s’assemblent, faisant parti d’une même idéologie, communauté.

Elle le contempla. Il buvait ses paroles, n’en pouvait plus d’attendre, alors qu’elle-même donnerait jusqu’à son don pour tout oublier.

-Tu ne devrais pas demander à savoir. Si tu dors encore, ne demande pas.

La réponse qu’il lui donna fut hélas celle à laquelle elle s’attendait, et non celle qu’elle espérait.
Elle ne voulait pas avoir à faire à lui. Il n'avait pas le droit de détruire ce qu'elle venait tout juste de construire !
Il était là. Restant stoïque.
Alors, elle hôcha la tête, se mordant les lèvres, mais essayant de comprendre le jeune homme.


-Mon village est situé bien plus au Sud, tout au Sud. Il y fait chaud, pleut très peu et est habitué au vent. Il est surtout caché à la ville. Tout comme devait l’être le tien.
Ils sa cachent, car…


Tu es une tare, Lev. Et ça fait mal de s’appeler tare lorsque l’on t’a bercé d’être supérieur.

-…car aux yeux du monde nous sommes considérés comme impurs, tares génétiques.

Elle soupira, s’exaspérant.

-Je m’y prends mal, que les Divinités me pardonnent.

Elle changea de position, rabattant ses jambes contre elle, laissant ainsi apercevoir deux jambes halées et bien formées.

-J’ai été élevée selon une certaine croyance, qui m’habite, et qui habite chaque personne venant du Village. Celle concernant le Dragon et la Dame. Je ne sais si tu connais leur histoire, et si tu veux la connaitre. Mais saches, que selon cette croyance, ma croyance, ils sont créateurs de toute vie, et que la vie les a trahis.

Sa longue conversation avec Attalys lui revenait, et elle eut un sourire. La trahison était certes présente, mais regrettée encore aujourd’hui. L’espoir n’était pas mort. Et le meurtre pas nécessaire.

-Le Village se porte messager des Divinités. On vit pour eux, dans le but de leur rendre hommage, de les remercier et…de les venger. Les meilleurs dessinateurs s’accouplent, entre eux, entre personnes du même sang, afin de créer l’être le plus puissant possible. Afin de créer un Elu, un messager si fort qu’il puisse renverser l’autorité imposteur qui régit Gwendalavir.

Ses lèvres frémir, rencontrer l’unique vérité.

-Je suis née ainsi. De la sœur de mon père et du frère de ma mère. De mon oncle et ma tante à la fois. Eux-mêmes conçus de ma famille. Je suis née lors d’une Eclipse. Sloann, mon…je n’ai pas le droit de l’appeler père car tous les hommes du Village sont mes pères, et toutes les femmes mes mères. Donc mon maître, m’a élevée dans un unique but. Forgeant ainsi ce don exceptionnel et me cachant de l’extérieur.

Et torturant mon corps d’enfant à coups de dessin. Pour faire d’elle celle qui assassinera l’Empereur.
Il n’avait juste pas pensé qu’elle prendrait peur.
Mais était-il vraiment nécessaire qu’il sache tout cela ? Que s’il avait un don si puissant il pouvait très bien être lui aussi l’Elu ? Qu’il pourrait aisément prendre sa place ?

-Alors, oui. Pourquoi moi ? Je ne cesse de me poser cette question, même si j’ai fui le village, et les attentes qu’ils avaient envers moi.

Un long silence tomba. Puis, elle se releva, s’approchant de la fenêtre, calant sa tête contre le rebord, dos à Lev.

-Il y a quelques minutes, je t’enviais. Je t’enviais d’ignorer tout cela. D’ignorer que ton don, si puissant et si incontrôlable qu’il t’en fasse peur, est dû à une modification, à une rupture des mœurs, à une dénaturation. D’ignorer que tu as échappé à l’horreur, aux attentes, aux tests, aux exercices, aux…

La respiration se faisait haletante, désespoir.

-A présent je te plains.





[Edition à volonté wub]

Lev Mil'Sha
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MessageSujet: Re: /!\ +18 | Mon masque à moi n'est que de chaire et de sang. [Terminé]   /!\ +18 | Mon masque à moi n'est que de chaire et de sang. [Terminé] Icon_minitimeVen 20 Avr 2012 - 22:42

Des roues dentées crochetaient sa tête, y treuillant au hasard des sourires, des battements – de cils, de cœurs – et des échardes sur la peau, comme le picotement incertain d’une bise glaciale. Lev, immobile, contemplait Loïca, et Loïca, parfaite, magnifique, détournait, oh le visage et les yeux, les épaules, un peu, et la conversation, elle avait peur, et cela se voyait. Quoique, de peur, on eut pu aisément confondre d’avec l’horreur, le mépris, la colère, la tristesse, peut-être était-ce tout un cocktail qui faisait brûler ses yeux pailletés d’étoiles jaunes. En vérité, Lev observait mais ne comprenait guère. Spéculation, questions et devinettes, il ne parvenait à découvrir les fils invisibles qui s’entortillaient au coin des gestes de la belle dessinatrice. Et ces cils de battre, et de se noyer, sous l’éclat liquide d’une larme avortée, il eut lui-même la sensation d’une déchirure, quelque chose de palpable, un éclat.

Il s’était jeté à l’eau, environné par l’onde, porté au sein d’une matrice liquide qui l’avait lavé de ses doutes, cette chose toute simple qu’était la confiance l’avait mis à nu devant la jeune femme, et de gêne, ce n’était presque qu’une broutille qu’il ressentait. Fils du Dragon, il avait fondu d’arrogance pour s’agenouiller aux chevilles de Loïca. Il s’était jeté à l’eau. Véritablement.
Et Loïca se déshabilla de même, mais, semblait-il, rien d’aussi agréable qu’un bain ne fusait de sous son masque, non, c’était plutôt comme si, au lieu de se jeter à l’eau, elle, elle s’élançait au bucher.

Le feu des souvenirs lui brûlait le front, et ses tempes contractées, mâchoire crispée, de se couler pierre, fauchée par le brasier de son passé. La houle de sentiments confus présents dans ses propos percutèrent le dessinateur, achevant de le déconcerté. Il avait eu raison de croire que la perspective de parler de son passé ennuyait la jeune femme. Mais il n’avait pas mesuré la force du dégout qui suintait à présent, venin, bile amère, de ses paroles. En cela, Lev perdit quelque peu le fil, en le sens où, fasciné de prime par les réponses qu’il allait avoir, il se faisait dévoreur de masque, et se laissait entrainer par la fluctuence des émotions de Loïca, et du mystère qu’elle recelait en ces mots. Mais Le Village eut tôt fait de le rappeler à ses propos.

Son souffle se coupa lorsqu’elle lui annonça, platement, les réponses qu’il cherchait depuis tout ce temps. Elles lui percutèrent les tympan, et d’excitation il se releva à demi, tendu à extrême, restant ainsi, entre la station debout et celle assise, les paumes à plat sur les accoudoirs que ses doigts fins agrippaient férocement.

Il y était ! elle allait lui expliquer d’où il venait, cela ne faisait plus aucun doute ! elle était lancée, à présent, et rien ne pourrait l’empêcher, lui d’obtenir ce qu’il voulait de son récit. Il était déjà parti dans une foultitude d’hypothèses toutes plus rocambolesques les unes que les autres lorsqu’elle interrompis pour lui demander son avis. Agacé, il n’en laissa rien paraitre, ni de son émoi, ni de son impatience. Il se contenta de se rassoir doucement, sans quitter des yeux Loïca, suspendu à ses lèvres comme il aurait aimé l’être de manière littérale.

Et le rêve commença.

Un rêve fou, bariolé de couleurs et d’images, du bleu minéral pour le ciel et des dunes de sable opaque et blanc, des maison, albâtre crénelé et les silhouettes fragilisées par le vent, fantômes de poussière, mais une poussière scintillante comme les étoiles. Il s’y voyait, déjà, l’Elu, son don poussé à l’extrême, démesurément, implacable et formidable, comme le fer forgé d’une lance infinie.
Et ses parents, et sa sœur, des yeux cobalt braqués sur lui, fiers, fiers, fiers et brillant, brûlant d’une amour majestueux, l’entourant, légèrement en retrait, alors qu’il s’immergeait dans les spires et faisait revivre et le Dragon et la Dame, qui, couplés à son don, fusionnaient et d’où naissait l’immense, l’insondable univers grouillant de vie.

Il se voyait créateur et créature, faible enveloppe de peau, de muscles et de nerfs, si chétif dans sa gangue déchirable de vie, et pourtant si formidablement puissant, grâce à la capacité incroyable contenue dans sa boite crânienne de faire naître du néant des images, des sons, des structures. Il était charpentier du monde et ses poutres, moellons, blocs pierreux, il les créait de vent et de lumière, les empilait et créait, sous le regard attentif de ses parents et de sa sœur adorée, le bleu nimbait l’aurore, le bleu, l’infini, le bleu, pétrole, électrique, céruléen, pâle et brillant, lapi sur lazuli, et Lev, myosotis au plus profond des prunelles, bleu d’eau, et flammes grondantes, gazeuses, carbone d’océan et de fusion.

Et il y avait Loïca, en retrait, en arrière-plan, floue encore, après tout n’était-elle pas une inconnue, ou presque ? Loïca et l’or de sa chevelure moirée d’éclats sauvages, son masque, à ses pieds, son masque, appuyé négligemment contre une cheville gracile, parfait, sans qu’il ne puisse, malgré tout son cœur, à voir son visage au-dessus de son cou de cygne. Loïca, qui donnait des couleurs à tout ça, qui peignait de ses cils des formes et des odeurs, l’aquarelle dégoulinait, trop fraiche, sur ses joues, des larmes écarlates et jaunes, mauves et corbeau, détrempée, le ciel se plissait, triste, colère et peur, l’ébauche s’engluait d’elle-même, tourbillon chaotique dont le centre vortex s’enroulait autour des yeux fauves de Loïca qui, impassible et désolée, ne détournait ni le regard ni les épaules.

Il Y avait un hic. Un problème, épineux, pour le moins. Et ce problème, en fronçant les sourcils, c’était que ses parents étaient morts. Que son village n’existait plus, brûlé, détruit par les hordes ennemies. Et qu’en ce monde, à en croire la dessinatrice, il n’était qu’une tare, un monstre, une impureté dans le flux rouge de la vie. Sa bouche se tordit d’un rictus sauvage. Lentement, inexorablement, la colère se mettait à flamber, en lui, autour de lui, touillant sa tête de feu et de glace. Et Loïca, détournée, ne lui offrait que son dos et sa nuque, à son appétit vengeresque, à sa soif de sang qui naissait de ses propos.

Elle le plaignait ? Il faillit laisser échapper un éclat de rire, bref, mais ses lèvres demeurèrent scellées alors que ses doigts s’entremêlaient. Elle était l’Elue, c’étaient ses propres mots. Pourquoi donc, alors, l’amertume noyait tant ses mots ? Pourquoi cette tristesse, cette peur panique à l’idée d’être retrouvée alors qu’elle avait la chance de devenir, d’être née, unique, vénérée, le pouvoir enchainé aux pieds ? Il secoua la tête, que n’aurait-il donné pour être à sa place, pour n’avoir jamais été arraché à son passé, pour demeurer le fils prodige que tout le monde admire et aime, révère comme un jeune dieu ? Les épaules de Loïca semblaient trop frêles pour une telle responsabilité, il s’en rendait compte. Elle n’était pas assez solide, et devait être faite de ce matériau particulier de liberté qui ne souffre pas l’entrave, même au prix d’un don flamboyant. Mais Lev était d’une autre trempe. Il aurait surmonté, surement, les épreuves et les souffrances, il aurait grincé des dents, mâchoire scellée, mais il n’aurait flanché pour rien au monde, à l’appel des divinités.

Un sourire doux flotta sur ses lèvres alors qu’il se levait sans mot dire. Un instant il resta ainsi, immobile, entre le mouvement et l’inertie, avant de faire quelques pas pour se porter à hauteur de Loïca. Elle avait été forte, c’était un fait. Sa stature et cette aura magnifique qu’elle dégageait en était la preuve. Il ne pouvait juger de sa traitrise, ni de ses motifs, mais il la vénérait tout de même, pour ce qu’elle était, pour ces divinités qu’elle incarnait. Il s’adossa au chambranle de la fenêtre et resta silencieux un moment. Constatant que la jeune femme demeurait silencieuse également, il chuchota d’une voix douce :


- Ne me plaint pas. Tu m’as offert, aujourd’hui un passé, une image, un rêve à entretenir.

Il se détourna également vers la fenêtre, laissant son regard se perdre au loin.


- Tu as du vivre des épreuves difficiles pour t’être échappée de la sorte, je ne commence qu’à imaginer ce qu’aurait pu être mon enfance. J’y ai été arraché très tôt, sans mémoire, juste des éclats de rêves qui me lacéraient le cœur. Mon Village ne peut être le tien, puisqu’il a brûlé alors que je n’étais qu’à peine en âge de me souvenir. D’ailleurs mes parents, on effacés ma mémoire à ce moment-là.

Il se tourna alors vers elle, qui lui tournait toujours le dos. Sa nuque délicate semblait frémir légèrement, et Lev ne pouvait déterminer si elle pleurait ou non. Paisiblement, sans brusquerie aucune, il posa deux mains toute de légèreté et de douceur sur ces épaules, lui laissant tout loisir de se retirer, ce qu’il pensait qu’elle allait faire. Étonnamment, cependant, elle n’eut qu’un long frisson mais ne s’échappa pas. Raffermissant sa prise, doucement, il la força à lui faire face. Lui saisissant le menton, il fit tranquillement pivoter son regard d’ambre pailleté vers le sien, tout de ciel et d’océan.

- Je ne voulais vraiment pas te faire de peine ou te forcer à raconter des choses qui te font souffrir. Mais je suis tout de même heureux que tu l’ais fait.

Un sourire enfantin illumina ses traits, un sourire de gosse qui lui mangea le visage jusqu’aux yeux.

- Parce qu’il se peut que la dernière personne de ma famille soit encore en vie, et que grâce à toi, la source n’est pas tarie.

Il en était sûr, maintenant, Loïca n’était pas Marlyn. Confusément, elle ne correspondait pas à l’idée qu’il s’en faisait, et malgré leur beauté particulière à tous deux, ils n’avaient pas vraiment en commun si ce n’est la singularité exceptionnelle de leur don. Ils étaient cependant le fruit d’un inceste de plusieurs génération, issus du même monde, échappés, balancés dans le monde réel avec pour seule arme un savoir tabou et un pouvoir phénoménal. Il comprenait un peu la détresse de la dessinatrice, sans pour autant le ressentir totalement, tout à l’excitation de ces nouvelles informations. Mais le chagrinait tout de même sa manière de tant dénigrer son don, son propre sang, elle-même, également.

- Et que, inceste ou non, un enfant reste un enfant. Tu ne dois pas porter le fardeau de ta création, après tout tu n’y es pour rien, et je ne sais pas comment j’aurais réagi à ta place. Ce que tu nommes tare génétique n’est, à mon sens, qu’un acte contre nature comme un autre, comme la guerre, le meurtre, mais aussi comme l’amour pour un estropié, pour une femme qui ne peut avoir d’enfant, ou comme le sexe sans but de procréation. Il n’y a rien de plus contre nature que l’homme, relativise donc, ce n’est pas écrit sur ton visage, ou plutôt sur ton masque, que tes parents sont frères et sœur.

Ses yeux pétillèrent en quittant ceux de Loïca. Il rapprocha son visage de la vitre de la fenêtre et souffla, formant une nappe légère de buée. D’un doigt habile, il y traça 3 cercles enchevêtrés, puis en rajouta encore 3 pour faire une rosace qu’il agrémenta d’un sourire en son milieu.

- Et toute cette histoire m’aura au moins permit de te rencontrer.

Sa voix s’était faite plus basse. Il ne voulait pas l’effrayer mais il la trouvait véritablement appétissante avec ses courbes à croquer et son masque magnifique. Une femme, elle était une femme, une vraie femme toute de forme et de finesse, toute de peur et de candeur, et il aimait ça. Quelque chose en lui le poussait à la protéger, une autre à l’embrasser sur le champ, encore une autre à l’enlever et à la garder pour lui seul. Il se contenta de la regarder en coin, redevenu presque sérieux.

- Je ne te trahirais pas.

Promesse.


[Notamment si la réaction de Loïca ne correspond pas... n'hésite pas, j'édite ^^]


Loïca Jil'Wilën
Loïca Jil'Wilën

Analyste de l'Académie
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MessageSujet: Re: /!\ +18 | Mon masque à moi n'est que de chaire et de sang. [Terminé]   /!\ +18 | Mon masque à moi n'est que de chaire et de sang. [Terminé] Icon_minitimeJeu 26 Avr 2012 - 22:02

Elle aurait voulu s’enfuir avec son regard, au loin, à travers cette fenêtre. Et en finir avec ces souvenirs, avec ce passé qui n’en est pas un. Elle aurait voulu qu’il crie que cela était faux et qu’il parte vite, très vite, même animé par la plus noire des colères s’il le fallait. Qu’il renie cette possible appartenance, leur ressemblance et même leur rencontre. Elle aurait voulu qu’il se réveille le lendemain sans aucun souvenir de la veille, comme une cuite, comme des mots sortis inconsciemment dont seul l’un des deux se souvient et se remémore jusqu’à la fin de sa vie.

Mais il était là, derrière elle. Et il parlait de rêves. De retrouvailles. De choses joyeuses, comme si elle venait de lui offrir ses parents et qu’il les enlaçait, inconscient qu’ils ne pouvaient revenir à lui. Le passé est le passé. Explication ou non, rien ne lui reviendra.
Mais ça, il ne le comprenait pas.
La remerciant plutôt que l’insultant.
Rêves.

Mais de quels rêves parles-tu donc ? De ceux qui me torturent chaque nuit, qui me font me lever, en sueur, de peur qu’on ne revienne me chercher ? Moi, j’appelle cela des cauchemars.
De cette peur constante de devoir affronter le destin qu’on t’a choisi à la naissance, que les Divinités t’ont choisi et qui fait de toi un meurtrier ?
De cette honte d’avoir trahi tes Dieux, tout en ne sachant pas si croire en leur volonté de meurtre et de coup d’état était vraiment croire en eux ?
S’il n’y avait pas une erreur quelque part, un faux semblant, un mauvais jugement, interprétation ?

Deux mains se posèrent sur ses épaules. Elles se posèrent avec tant de douceur, comme une simple abeille atterrissant sur une fleur pour la butiner, que Loïca en fut surprise de ressentir pour autant un poids. Un poids inconfortable et bien trop lourd pour son corps.
Elle frissonna, prête à fuir de cette charge qu’elle ne voulait pas, mais curieusement ne bougea pas, comme paralysée par l’attraction qu’exerçaient les mains du jeune homme.
Comme si elles lui hurlaient de rester, d’assumer et d’affronter l’évidence droit dans les yeux.
Il lui fit alors penser à Sloann et le frisson redoubla.

Et en effet, il raffermit sa prise, tout comme l’aurait fait son mentor, et la força, toutefois avec une certaine douceur, à lui faire face.
Alors elle voulu l’éviter, comme pour éviter les yeux de son géniteur et la haine et la déception qu’il jetterait alors sur elle à ce moment. Deux doigts fins virent se saisir de son menton, ralliant ses noisettes au regard bleuté et envoutant du garçon.
Elle aurait voulu grogner un « non », s’enfuir, mais une fois encore son corps ne semblait pas lui répondre. Utilisait-il son pouvoir immense dans les Spires pour l’empêcher de partir ?

Mais non. Il avait ce sourire de gamin qui l’envahissait, l’enveloppait tout entière, et ces yeux pailletés d’émotion qui ne pouvaient certainement pas l’utiliser. Il semblait même l’admirer, ce qui était complètement contradictoire en vue de leur opinion contraire sur leurs origines et leurs réactions quant à celle-ci !

Tu me dis ne pas porter ce fardeau.
Et pourtant le poids de tes mains sur mes épaules incite au contraire.
Selon toi rien n’est de ma faute. Mais peut-on vraiment se défendre de ses parents, de sa propre naissance ? Ce serait les renier. Et renier sa famille n’est-elle pas la plus grande faute au monde, car cela est renier la famille originelle, nos Divinités.
Il la quitta enfin, la laissant reprendre son souffle et le soulagement de légèreté. Du plus rien sur ses épaules. De ce semblant d’étreinte enfin terminé.
Et pourtant une partie intime d’elle mourait d’envie de se jeter à lui, à son tour, et de chercher une nouvelle étreinte. Mais le reste de son corps se refuser et se félicitait de cette liberté retrouvée et clamait à le faire partir pour respirer à nouveau normalement.
Ce garçon chamboulait bien trop de choses à la fois, ce ne pouvait qu’être mauvais.

Elle le regarda créer de la buée sur sa fenêtre et y dessiner elle ne savait quoi. Curieuse, l’analyste plissa les yeux pour mieux apercevoir le message qu’il cherchait à lui faire passer.
Des cercles.
Il s’agissait de cercles. Leurs cercles. Enchevêtrés de manière à faire une rosace, plutôt jolie.
Elle tiqua, reculant d’un pas. Enchevêtrés. Comme s’il pouvait à présent y avoir un « nous », un double, lié par leurs dons.
Elle ne connaissait qu’un seul « nous ». Celui qui l’unissait autrefois au Village.
Et en venant à l’Académie elle cherchait justement à détruire ce « nous » une bonne fois pour toutes.
Le passé ne serait-il donc jamais passé ?
Lui faudrait-elle le voir chaque matin dans le miroir ?

Loïca ne put retenir un hoquet à la déclaration suivante, et recula encore d’un pas.
Que voulait-il dire ?
Elle n’était pas habituée aux rencontres. Aussi repensa-t-elle à celle avec Attalys.
Elle était contente, ravie, même de l’avoir rencontré, et aurait pu tout aussi bien lui dire cette phrase.
Elle devenait vraiment parano, cela ne voulait rien d’autre dire qu’un simple « enchanté ».
Mais comment être enchanté par ce qu’il venait d’apprendre ?
Le rencontrer lui inspirait plus de la crainte mêlée à de la curiosité que de l’enchantement à présent.
Particulièrement parce qu’elle n’arrivait pas à déceler ce qui se passait dans son regard et ce qu’il pensait réellement, ce qu’il ressentait.

Elle hocha la tête, sans trop savoir pourquoi, comme une réponse, un « moi aussi ». Il lui fallait dire quelque chose. N’importe quoi, mais quelque chose.
Et même si ces derniers mots sonnaient comme des adieux, Loïca savait qu’il n’était pas prêt de partir. Pas pour de bon. Ils ne cesseraient de se croiser. Et leurs échanges n’en resteraient pas là. Cela était impossible. Pas après ce qu’il venait de se passer.
Et puis il y a cette promesse, qui ne faisait que renforcer le lien naissant, comme un frère protégeant sa sœur.
Elle avait passé son enfance seule.
Rectification.
Elle n’avait pas eu d’enfance. Elle ne savait pas même ce que voulait dire le mot enfance, ni à quoi cela pouvait bien ressembler.
Ce pourrait-il qu’elle découvre néanmoins une famille, une aide, un accompagnement dans ce qu’elle n’avait pas eu ? Une personne à qui se confier sans honte ?

-Moi non plus. Lev.

Juste Lev. J’ai déjà oublié le Tanaeveys. Ou du moins il est suffisamment enfoui pour ne pas ressortir en de mauvaises bouches et oreilles. Bien caché dans le sable, comme un trésor de gamin que nous n’avons jamais eu l’occasion de garder précieusement.

Elle eut alors soudain envie d’un plus. D’un surplus de confiance, de lien, de promesse, de jeux ! Elle se détendit, souriant.


-Il se fait tard…Veux-tu rester pour…diner ?

"Veux-tu rester pour toujours?!!"
Aussitôt jaillit des spires une table napée de blanc et recouverte de victuailles n’existant que dans l’imagination, envoyant valser le bureau sur le côté. Suivi de chaises complètement asymétriques et surement plus qu’inconfortable.
Amusée elle constata l’air surpris de Lev.
Elle avait toujours eu peur de son don, peur de l'utiliser, de ses sautes de maitrise. A présent, Lev lui donnait l'envie de l'exploiter, de jouer avec, pour la toute première fois de l'utiliser comme elle le voulait, et pas comme un entrainement de torture.

Allez viens !
Créons notre enfance !
Jouons !
Même pas chiche ?!


Lev Mil'Sha
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MessageSujet: Re: /!\ +18 | Mon masque à moi n'est que de chaire et de sang. [Terminé]   /!\ +18 | Mon masque à moi n'est que de chaire et de sang. [Terminé] Icon_minitimeMar 12 Juin 2012 - 20:59

-Moi non plus. Lev.

Et Lev de frissonner, de laisser couler le long des épaules les filets de larmes, de peur, de joie, d’envie. Un carcan, et des paillettes plein les os, quelque chose comme de l’éclat, celui d’une victoire peut-être. Elle, la femme au masque, Loïca, au passé douteux et si particulier, Loïca qui avait tant à cacher derrière la moindre remarque, derrière les courbes même de son visage, Loïca la fuyarde, la belle, la sauvage. Loïca lui faisait confiance. C’était un sentiment absolu, que celui de se voir attribuer un morceau d’autre, un bout de cœur, un fragment d’âme. Lev, séducteur, ne vivait, ou presque, que pour cet instant d’absolu où la rencontre se cristallise en promesse, liant les tempes aux confins des émotions. Il adorait ça, s’approprier, lui qui ne rêvait que de contrôle, pour ne plus contrôler, il adorait s’enchevêtrer aux consciences, comme le lierre aux plantes, même s’il devenait poison par la même occasion. A dire vrai, ce qui pouvait se passer par la suite dans la tête de ses conquêtes n’avait plus que peu d’intérêt. Tout le jeu était dans l’approche, le recul, la danse, le tempo qu’il imprimait de ses yeux trop bleus. Quelle jouissance, que celle d’être pour quelqu’un un objet de convoitise, d’amour et de confiance ! Et quelle jouissance ensuite, à ce moment précis où les prunelles se brouilles de larmes, lorsqu’il montre les crocs et les dents, lorsqu’il dévoile une partie du fond monstrueux de son âme psychotique ! Il aimait aimer, et il aimait détester. Vice et versa, vie, et ce sera.

Il sourit à Loïca, doucement, mais déjà l’envers du décor se fondait en son front, alors qu’une chape d’obscurité venait balayer ses yeux. Il voulut dire quelque chose, quelque chose qui appuierait ses dires, ancré en elle la certitude de l’idée qu’elle se faisait de lui, si c’était la bonne, amalgamer, lier un peu plus, séduire et plaire. Mais lorsqu’il croisa à nouveau son regard, lorsqu’il vit un cil posé sur la joue de son masque, lorsqu’il sentit résonner sur sa peau les frissons qui l’agitaient, elle, et ce poids sur ses clavicules délicates, et son air d’attente apeurée, de tristesse et d’apaisement… Il sentit quelque chose remuer dans son esprit. Se décrocher. Et chuter, chuter, tout au fond de lui. Une boule, quelque chose de liquide, de palpable en tout cas. Qui roulait, et roulait, inarrêtable, brûlante, quelque chose de trop lourd, de trop plein, de trop « pas lui ».

Etonné tout d’abord, il voulut parler, combler le silence, mais il ne pouvait détacher ses yeux de ceux de la jeune femme. Il tenta de museler, quoi que ce fut, quoi qu’il se passe dans ses tripes, il tenta de renouer, de colmater, mais comment guérir, se soigner lorsque l’on ne sait pas quel mal nous ronge ? Il se brûla les paumes de vouloir l’arrêter, cette masse ardente qui lui dévastait le crâne par l’intérieur. Son regard se fit perdu, alors qu’il ne comprenait, ne voulait pas comprendre. La bouche légèrement ouverte, encore, ce fut probablement à ce moment précis qu’il sentit son centre de gravité se déplacer, et s’ancrer. Ailleurs. Ailleurs qu’en lui-même.

Il ouvrit la bouche, à nouveau comme pour expulser cette boule qui lui obstruait la gorge, incertain de sa composition, puis il la referma, les mots bloqués, fondus, coulés. Il voyait une telle multitude d’émotion dans le visage de la dessinatrice, qu’il se prit à perdre pied, aspiré par un vortex spiralé, tout de marron et d’ambre pailletée. Par un hasard de circonstances particulièrement inconcevable pour son esprit torturé, il se prenait à se laisser séduire, et pour la première fois, il perdit pieds, perdit le combat, se laissa emporter, contrôler par le simple éclat de ses prunelles mordorées.

Il secoua la tête, et c’est elle qui détourna son esprit de l’énigme sentimentale qu’il sentait bouillonner en lui, de cette chaleur déconcertante et gênante qui consumait ses tripes, et sa tête. Lorsqu’elle se détourna, il souffla, comme si le plomb de leurs regards fondait et se dissolvait. Lorsqu’il baissa la tête vers ses mains, elles tremblaient.

Sa proposition, en revanche, n’acheva pas de le rendre plus serein.

Il ouvrit grand les yeux, véritablement étonné qu’elle lui propose ainsi, à lui, le presque inconnu, de partager son repas, seuls à seuls, alors qu’elle venait de lui avouer ou presque, à quel point elle avait peur d’être retrouvée, faite à nouveau prisonnière. En revanche, cette phrase toute simple, il l’avait entendu plusieurs fois, lorsque des femmes l’invitaient à rester, pour manger, et plus si affinité. L’habitude et le souvenir firent qu’il reprit contenance, et lui décerna un grand sourire, alors qu’il lui emboitait le pas, les yeux fixés sur la courbe de ses hanches. Il pensait, essayait de penser, à ce qu’il pensait d’habitude dans de telles conditions. Il se dit qu’elle était vraiment magnifique, et qu’il n’avait qu’une envie, c’était de lui arracher de masque, ainsi que la totalité de ses vêtements, pour la mettre – enfin – complètement à nue. Il en profiterait, alors, parce qu’il était doué, avec ses mains, avec son corps, il en profiterait et il lui montrerait des jeux d’adulte, des jeux qu’elle n’avait probablement jamais du connaitre. Le piège se refermerait alors irrémédiablement sur elle, achevant de l’emprisonner entre les mailles de ses doigts fins. Il en ferait sa petite amie, jusqu’à. Jusqu’à la fin. Oui, c’était comme ça que tout devrait se passer. Il contrôlerait le temps, et les sentiments, les tordrait pour les faire coïncider avec l’image qu’il souhaitait, et il y arriverait. Comme il y arrivait toujours. Il était le maître des masques, l’empereur des miroirs. Il hocha la tête, comme pour renforcer sa résolution nouvelle.

Mais en lui, quelque chose bougeait toujours. Quelque chose qui lui donna mal au ventre à ruminer de telles pensées. Quelque chose comme « le masque fondait », «Tu n’es qu’un œil sans rétine » et « jamais ». « Jamais tu ne lui fera de mal, tu l’as promis ». Mais les promesses n’engagent que ceux qui y croient, non ?

La réalité se déchira soudain, et avant que Lev n’ai le temps de cligner de l’œil, une multitude de couleur et de formes saugrenues surgirent du néant, éclairant la pièce trop sombre d’une iréalité toute de créativité et d’innocence. Abasourdit, le jeune homme mit quelques secondes avant de reconnaitre les objets, tordus par l’esprit joueur de la femme au masque. Mais plus que leur allure biscornue et l’étalage inadapté de leurs couleurs, ce fut bien la facilité déconcertante et la rapidité avec laquelle Loïca s’était immergée dans les spires, qui acheva de perdre le dessinateur. Il n’avait tout simplement pas eu le temps de la suivre, que déjà la réalité se tordait à son bon vouloir, enfantant de ses créations avec la même facilité qu’on les poumons d’accueillir l’air qui les fait vivre. Et il ne connaissait qu’une seule personne pour qui les spires dansaient pareillement : lui-même.

Alors qu’importe. Qu’importe son cœur secoué d’une passion brûlante, qu’importe si sa peau ne demandait que celle de Loïca, qu’importe le passé et les crimes, les avoués comme les tus, qu’importe les familles, les tuées comme les perdues. Qu’importe l’heure et les interrogations, les mystères du dessin, et les masques en anathèmes de mystères. Ne restait à présent que les spires, vorace de bonheur et d’absolue, d’extase et de vie. Ne restait plus que Loïca. Et lui.

Il détendit les épaules, ferma les yeux, et leva légèrement le visage vers le plafond. Derrière ses prunelles, il y avait du feu. Et sur son visage, illuminé, la joie dévorante de se laisser envahir par le dessin, par les spires toutes entières à sa disposition. Lorsqu’il rouvrit les yeux, il avança d’un pas, et effleura du bout des doigts les dossiers des chaises tordues. Un air aussi sérieux que contrastant avec le sourire de ses prunelles, il répondit, d’une voix de fausser absolument affreuse :


- Très chère, ces fauteuils me paraissent inconcevables pour une personne de mon acabit. Je ne puis poser mes fessier de noble dans de tels disproportions de formes et de couleurs toutes plus affreuses les unes que les autres.

De nulle part tombèrent un amas métallique et scintillant, entrelacé de rubans criards, où chaque ton était plus mauvais encore que le précédent. Un amas de tissus aux dessins affreusement niais tels des chatons mauves baillant des petites fleurs vertes, nappèrent les chaises de Loïca, achevant de les rendre aussi difformes qu’insortables.

D’une allure féline, le regard faussement hautin, il sembla estimer que les chaises étaient à présent à sa convenance, et se laissa tomber dans l’une d’elle. Aussitôt, il se releva, et son masque de noble arrogant fondit sous le rire qui lui traversa la gorge, et d’une certaine stupéfaction :


- Ma parole, ce n’est pas possible de faire aussi inconfortable, même avec des coussins !

Et Loïca, qui riait avec elle, qui laissait la gaité illuminer son visage comme l’aurait fait un rayon de soleil. C’est avec une certaine stupeur qu’il se permit de la suivre au jeu, qu’il se laissa emporter, conscient de ne plus contrôler. Mais ce soir était spécial. Ce soir, le masque était celui de ne pas en avoir. Ce soir, il ouvrait la bouche, et du dessin en sortait, du dessin aussi absurde que délicieux.

Constatant qu’il n’y avait pas de tables, il en créa une, très longue, trop longue, qui prit presque toute la longueur de la pièce. Elle et lui du même côté, ils rivalisèrent d’adresse et de créativité pour la recouvrir d’un panel de plats absolument inconcevables. Parmi ses plus belles créations, citons notamment un morceau de gâteau en triangle, qui tenait sur sa pointe, composé d’une substance grise bistrée incertaine, d’où dégoulinait vers le haut une spirale multicolore qui s’évasait en un brouillard couleur moutarde. Egalement, 3 grosses bulles de la taille d’un gros poing, des grosses bulles avec chacune deux petits bras qui dansaient en rond, farandole sucrée, car les entremêlaient des filaments d’or qui sentaient le caramel tout frais. Un peu plus loin aussi, un petit squelette d’albâtre faisait cliqueter ses os en essayant de faire des claquettes, mais il était empêtré dans une mousse gélatineuse verte à gros points jaunes qui nageaient en son sein. Tout était comestible. Tout. Même la table sur laquelle reposait les créations, ce que prouva Lev en se penchant, et en léchant sur une grande distance, le pseudo bois de la table, qui fondit et laissa apparaître le plancher à travers le morceau qu’il avait croqué. Car, non content de leur allure alimentaire, les objets avaient également un goût. Un goût parfois totalement en désaccord avec leur couleur. En revanche, la texture était plus problématique à préserver, car il fallait pour cela modifier le dessin au fur et à mesure que la salive s’en imprégnait, et le jeune homme ne s’était jamais trop attardé sur ce qui se passait dans sa bouche pour pouvoir créer quelque chose de réaliste.

Cela devint vite un jeu, sans qu’aucun n’ait nul besoin d’en expliquer les règles. Goutait, chiche, celui qui avait le moins peur, malgré les couleurs bizarres et les formes particulières. Il fallait faire attentions aux bonbons bariolés, qui se dispersaient en bouche en une chappe de moutarde ou de graisse avariée une version sophistiquée des dragées surprises de Bertie Crochue quoi .

L’esprit de Lev, leurs esprits, enchevêtrés dans les spires, qui s’en éloignant, qui s’y enfonçant, sans cesse se rapprochant, les entrainaient dans cette valse irréelle où se cristallisait les rêves de gamins que tous, à un moment ou à un autres, ont refoulés du fait de l’impossibilité de les réaliser. Mais Loïca et Lev n’étaient pas des enfants comme les autres. Ils avaient en eux le pouvoir d’exaucer les prières, de faire naître de la réalité, directement ce qui venait de leurs souhait. Et la mousse se mariait aux bulles, le sucre aux murs, les nuages devenaient solides, et le soleil n’était plus qu’une énorme sucette de miel fondu.

Il fit mine de gouter un petit gâteau tout mignon avec des fleurs de sucre rose, qui lui paraissait assez inoffensif. Mais lorsqu’il le déposa sur sa langue, celui-ci se mua en un goût particulièrement horrible mêlant le lait caillé, la myrtille, la graisse fondue et le champignon pourri. Il grimaça sans pouvoir s’en empêcher mais parvint à garder la bouche fermée. Lorsque le frisson de dégout qui l’avait agité passa, il rouvrit les yeux, et les posa sur Loïca. A ton tour. Chiche ?

Avec un petit air provoquant absolument adorable, elle releva le menton avant de se tourner vers la table, les sourcils froncés de concentration. Il ne pouvait s’empêcher de la dévorer du regard, elle, plus appétissante que la plus appétissante des confiseries. Il y avait des tâches sur sa robe, des taches de nourritures, car elle et lui étaient trop doués pour ne fabriquer des objets qu’à moitié. Rien ne s’était encore effacé, prouvant l’un pour l’autre le caractère exceptionnel de leurs deux consciences. Elle lui était apparue magnifique, alors que le doute, la peur, la tristesse nappait ses traits, mais à présent que le masque avait coulé, que le bonheur reluisait dans ses prunelles cuivrées, que sa poitrine se soulevait d’excitation, elle était absolument fantastique. Une envie toute primaire, à la fois brûlante et glacée lui montait le long de l’échine, incendiant son ventre, et un peu plus bas aussi, alors qu’il la regardait, gouter du bout des lèvres, le petit chou à la crème qu’elle avait choisi. Elle fit mine, un instant, d’aimer ce qu’elle goutait, mais elle ne put jouer bien longtemps, alors qu’une grimace de dégout lui déformait la bouche. Faussement vexée, elle projeta l’objet croqué dans sa direction, mais celui-ci changea d’orientation, se mua en une boule de peinture liquide, et revint lui exploser sur la joue dans une parodie vieille comme le monde de tarte à la crème. Elle le regarda du style « tu veux la guerre ? Alors tu l’auras », et, sans que ni l’un ni l’autre ne puisse rien y faire, ils se retrouvèrent à s’envoyer tout un tas de choses à la tête, tout un tas de chose qui changeaient en plein vol pour devenir les plus gluantes, les plus molles et les plus tâchantes possibles.

Finalement, éreintés, couverts de couleurs et de substances abominables, ils s’affalèrent tous les deux sur un énorme matelas de plume qui venait de remplacer la table à moitié mangée. Lev ferma les yeux, et écouta. Il écouta l’adrénaline bienfaitrice qui coulait et se dissipait dans ses veines. Il écouta son cœur qui tambourinait dans sa poitrine, la soulevant, comme cherchant à la crever. Il écouta les dessins s’évanouir presque sans un bruit. Et il écouta Loïca. Sa respiration, son sourire et ses frissons. Le silence s’installa, rompu seulement par leurs deux souffles rapides, qui s’apaisent peu à peu. Contrairement à l’esprit de Lev, qui se réveillait, lui, à fleur de doute, de peur en déroute. Mais il canalisait. Il canalisait, et laissait, tentait de laisser, de côté, savourant simplement l’endroit, comme le moment. Il tourna le visage vers Loïca, et son nez se retrouva non loin de son oreille. Subitement chamboulé par cette proximité qu’il n’avait pas prévu, il mit du temps avant de trouver les mots qu’il comptait prononcé. Il décida de regarder à nouveau le plafond. Ce qui facilitait sa concentration. D’une voix un peu rauque, de fatigue mais aussi de bouleversement émotionnel, il lança :


- Et bien, je crois que le repas est réussi…

Son ventre profita de cet instant pour grogner de manière aussi caverneuse que peu gratifiante, rappelant aux deux protagonistes que, finalement, rien n’avait été ingéré. Ils rirent tous les deux ensemble, et cela fit mal au ventre de Lev. Autrement mal que la faim qui le tenaillait à présent. Evitant de réfléchir plus avant, il cessa de rire, et se releva d’une détente. Il tendit ensuite la main à Loïca, galamment. Il leur fallait quelque chose de plus consistant à se mettre sous la dent, mais Lev ne savait comment s’y prendre, après tout, ce n’était pas ses appartement. Soudain, il eut envie de plus. De plus d’elle.

Une seconde plus tard, une douce musique enrubannait l’atmosphère. Il tendit une main fine à la jeune femme, tout en s’inclinant bien bas. Tu voulais jouer ? Continuons, dans ce cas, je suis joueur né.


- Me feriez-vous l’honneur de cette danse, chère amie ? Un véritable repas ne saurait commencer sans une valse digne de ce nom.

Il la regarda par-dessous les cils, un sourire craquant au coin des lèvres.

- J’en profiterais alors pour vous demander de plus amples informations sur vos souhaits et vos amour, des choses comme des gens, afin de ne point m’en tenir à nos passés, mais plus à nos présent, et surtout au votre, chère Loïca.

Oh, il rêvait tellement d’en connaître un petit peu, un tout petit peu plus… Qu’elle prenne sa main, et lui dise, lui raconte, un bout d’elle avant l’autre, ses peurs et ses doutes, ses vœux et ce qu’elle aimait, en toute chose, en tout lieu… Sa main ne tremblait plus.


[ *cri de soulagement et de plaisir* argh ça fait du bien d'écrire à nouveau ! J'ai pris pas mal de liberté vis à vis de Loïca, à mon sens, alors n’hésite pas si tu souhaite remodeler certaines parties pour les faire coïncider ! Je te laisse également toutes les libertés que tu veux pour Lev, je te fais confiance quant à ses réactions =) bonne lecture ! I love you]

Loïca Jil'Wilën
Loïca Jil'Wilën

Analyste de l'Académie
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MessageSujet: Re: /!\ +18 | Mon masque à moi n'est que de chaire et de sang. [Terminé]   /!\ +18 | Mon masque à moi n'est que de chaire et de sang. [Terminé] Icon_minitimeMer 13 Juin 2012 - 19:27

Loïca ne s’était jamais autant amusé de toute sa vie. A vrai dire, elle ne s’était pas souvent amusé, et ne connaissait pas le rire d’un enfant qui joue avec d’autre et qui oublie complètement les querelles qui peuvent s’enfermer dans sa maison, silencieuses entre deux lèvres de parents. Se servir du dessin pour une fin ludique était encore plus inavouable et inenvisageable du point de vue de la dessinatrice. Depuis la découverte de son don, ce dernier n’était voué qu’à l’entrainement, jusqu’à l’épuisement. On s’exerçait, on dépassait les limites. On se donnait un semblait de « je te contrôle, toi » alors que l’exact évidence serait « contrôle-moi ».
Mais aujourd’hui il n’y avait aucune paire d’yeux inquisiteurs pour surveiller ses faits et gestes et décider de la qualité de son dessin, de sa volonté, de sa force, de sa créativité. Aucune voix tranchante pour annihiler tout espoir de repos et clamer que c’est encore et toujours insuffisant, qu’il faut se montrer digne et persévérer. Et en mourir s’il le faut.
Un malaise n’est rien. Ou plutôt si, un malaise est tout. Il était la faiblesse de la jeune femme. Et la faiblesse n’est pas autorisée. Tu dois tenir l’endurance. Sinon à quoi bon avoir été choisie ? Ne pas tenir, c’est abandonner. Abandonner c’est être lâche. Lâche est synonyme de faiblesse. Et la faiblesse ne fait pas partie de l’Elue. C’était aussi simple que cela. Pour eux.
Ici, elle se savait en sécurité, pourtant accompagnée d’un parfait inconnu, mystérieux qui plus est. Mais elle savait qu’elle pouvait s’arrêter, abandonner, sans qu’il ne tire le glas de l’autorité et qu’elle se soumette, ou ne tombe. Ici, elle n’était pas une peureuse. Elle était humaine. Elle pourrait s’épuiser à en tomber, il la relèverait, mais pas pour la forcer à continuer. Non. Simplement pour la relever.
Et cette sensation, cette certitude était la plus jouissive de toute. Une liberté interdite, sans nom, dans les bras d’un étranger au regard envoûtant et au passé voilé et pourtant semblable. De l’inconscience même. On utilise le dessin comme un jeu, autant Sloann que n’importe quel autre maitre dessinateur s’en arracherait les cheveux !
Alors elle rit, avec Lev, elle apprit à rire. Elle exerça ses cordes vocales à vibrer et soumettre son corps à des hauts le cœur qui chatouillent et ne permettent plus de s’arrêter.

Lev sembla hésiter un instant devant la proposition de Loïca qui en réalité en cachait bien une autre. Elle n’avait aucune intention de diner. Elle ne comprit pas ce moment de doute, trop innocente, ne connaissant pas les codes humains de drague. Pour elle diner voulait bien dire diner. Et non plus si affinités. En fait, elle ne savait pas même ce que voulait dire affinité. Etait-ce de la même manière qu’elle se sentait plus proche de sa génitrice car celle-ci se montrait plus douce et compréhensive que son géniteur ? Cela voudrait dire qu’elle devrait donc se sentir plus proche de Lev car ils venaient d’un même monde ? Mais plus proche de Lev que de qui ? Ici, elle ne connaissait qu’Attalys, et quelques autres de nom. Là s’arrêtait son champ de connaissance.
Et elle demeurait incapable de mettre un mot sur l’envoûtement qu’exerçait l’homme sur lui, se persuadant qu’il s’agissait de la marque des Divinités. Ils étaient faits pour le même but. Tout simplement.

Le feu explosa dans les pupilles du jeune homme qui s’était apparemment bel et bien décidé à jouer, lui aussi. L’analyste savait de quoi en découdre avec son don pour l’avoir testé, mais elle était des plus curieuses de le voir à l’action. Mêlé au sien, ils allaient imploser un véritable feu d’artifice !
Le ton faussé que prit son « élève » la fit à nouveau essayer son rire, et elle se prit à l’imposture, levant le menton très haut, ainsi que le petit doigt comme le faisait souvent Gyriana, une femme du village proclamant à qui voulait entendre que les « Jil’Wilën étaient nobles et que ce n’était pas pour rien ! ». L’échappée de la secte n’avait jamais vraiment réfléchi à sa particule. Elle se savait noble, comme tous les membres du village, puisque tous de la même lignée, ou presque. Mais ne savait pas vraiment si cela était un privilège en soit, tant déjà le fait d’honorer les divinités en était un des plus grands. A y réfléchir, elle supposa que seuls les nobles pouvaient peut-être se permettre d’être digne du Dragon et de la Dame. C’était peut-être cela, finalement, qui les différenciait des autres dessinateurs.

Des chats roses. Des chats roses sur des tissus tombaient du ciel pour venir se poser sur ses chaises distordus, leur donnant l’aspect le plus affreux au monde. Même contrainte, elle refuserait de posséder tel meuble dans ses appartements. Elle n’avait peut-être pas connu le monde, mais elle restait une femme de goût.
Elle tira la langue, montrant son dégoût, et se permettant de rajouter quelques petits rubans d’un rose criard à vomir.
Elle le regarda avec un sourire s’assoir sur cette immondice de la mode, attendant sa réaction comme une enfant attendant une sucrerie, bien qu’elle n’ait jamais connu la moindre friandise. Mauvais pour la ligne et la dentition.
Il se releva d’un bond comme s’il venait de se piquer le derrière et tout masque de noblesse disparut sous un grand éclat d’amusement qu’elle rejoignit avec plaisir tant l’expression de son visage était drôle.

Mais rien ne pouvait s’arrêter ici. Pas aussi rapidement. Pas aussi facilement. Leur don était infini, il fallait donc explorer cette parcelle de leur imagination.
Une table apparut, si longue qu’elle bloqua tout l’appartement de Loïca. Cette dernière s’imagina un instant l’intendant essayant d’entrer pour l’enquérir d’une information et se retrouvant coincée par leur joyeux bordel improvisé. Elle ne retint pas ses zygomatiques qui s’étirèrent à lui en faire mal, mais qu’importe !
Le nouveau défi consista alors à inventer des plats les plus farfelus possibles. Lev était très bon dans ce domaine, toutefois elle fut une rivale de taille, utilisant enfin sa masse de créativité mis à mal par ses entrainements abusifs.
Elle créa ainsi un arbre à olives aux couleurs de l’arc-en-ciel, dont les feuilles dorés faisaient penser à du caramel. Puis une baleine, une dame, en verre qui sentait la menthe et qui plongeait dans une mare visqueuse et chocolatée, mare elle-même éprise de vague faites de quart de grosses oranges napées de coulis violet à on-ne-savait-trop-quoi. Elle s’amusa à créer un dragon également, fait de pâte d’amande, dont la gueule grande ouverte laissait échapper telle une fontaine de grands jets rougeâtres. Du feu qui se mange. On ne pouvait trouver cela que dans les rêves, et cette évidence remplit la dessinatrice d’une fierté sans nom.

Loïca faillit hurler au fou quand elle constata avec stupeur que Lev mangeait la table ! Comestible, même la table était comestible comme une énorme tablette de chocolat qu’elle n’avait jamais connu. Elle lança un regard interrogatif à son compère, s’interrogeant sur le goût de ce bois singulier. Si toutes leurs créations étaient des œuvres d’art, elle doutait sérieusement de leur côté appétissant, ne s’en étant absolument pas soucié. Voyant qu’il prenait de toute évidence plaisir à détruire le support pour le reconstruire, elle croqua à son tour un angle, et ferma les yeux de plaisir. C’était sucré, oui, ça devait être cela le sucré. Et ça fondait sur la langue, comme un doux plaisir qui n’en finit pas. Comme une gourmandise interdite dont il faut se cacher ! Elle poussa un petit soupir de dégustation, se reprenant de suite sous les yeux inquisiteurs du garçon. Elle devait paraitre bien étrange de s’extasier pour une simple saveur ! Mais il semblait la comprendre et ne pas s’en formaliser.
Tant mieux. Elle l’aimait bien.

Ils continuèrent ainsi à faire exploser les spires de mets de plus en plus étranges, de plus en plus loin de la réalité, riant, hurlant, courant, sautant, soufflant de plaisir. On aurait pu croire à une attaque de l’Académie tant il faisait un barouf assourdissant !
Leur joyeux bordel improvisé était de toute beauté !
Et pour la toute première fois de sa vie, Loïca découvrit ce qui pouvait bien se cacher derrière le mot « enfance ».

L’aventure suivante consista à s’attaquer aux plats qui renfermaient les goûts les plus affreux possible, des « pas chiche » et non pois chiches, plein les mirettes !
Elle sourit, provocante d’amusement et fit un tout de table pour choisir sa victime. Elle plissait ses petites noisettes, aussi concentrée par le défi qu’elle l’était lors de ses analyses de don. Elle attrapa entre deux doigts un tout petit chou, mignon à souhait, craquant. Elle laissa sa dentition soignée s’enfoncer moelleusement dans la pate et laissa la crème se poser sur sa langue.
C’était purement infect. Comme du savon avec lequel on lavait le linge au village, mixé avec le poisson peu frais que vendait intentionnellement le poissonnier du coin à tous ceux du village par esprit de contradiction avec la consanguinité. Elle y trouva également des pincées de courge, aliment qu’elle détestait par excellence, et un liquide fort qu’elle n’arrivait pas à reconnaitre, mais qui était bel et bien un alcool s’apparentant à l’eau de vie.
Consciente qu’elle était observée, elle se retint de s’étouffer ou de tout recracher, et afficha un grand sourire avec une expression vocale indiquant que le chou était un délice. Mais la ruse ne fonctionna pas longtemps et elle avala tout rond, tirant la langue de dégout, et empoignant la première bouteille de liquide sucré qui lui passa sous la main. Le liquide, au moins, n’était pas imbuvable et lui rinça le gosier.
Lorsque son attention s’axa de nouveau sur le dessinateur, elle le prit sur le fait d’un grand éclat de rire. Jouant la vexée elle jeta le reste du chou au joli minois de son compagnon de jeu.
Mais le chou n’atteint jamais le but, se transformant en matière liquide de couleur et lui revenant en pleine figure. L’arroseur arrosé. Mi figue, mi raison, elle essuya un instant son visage bariolé, puis lança le plus aguicheur des regards.
Ah ouais ? Tu veux te battre ? Et bien rampe à terre mon petit !

Ils partirent alors dans de grandes batailles d’objets ou de consistances étranges, toutes aussi farfelues les unes que les autres.
Depuis leurs débuts ils ne parlaient pas. Ou très peu. Se contentant de rires et de sourires.
L’affrontement s’épuisa en deux corps s’affalant sur un couffin de plume ayant pris place, une fois la table et les mets disparus.
Tout s’évanouissait, petit à petit. Et l’impression d’être rassasié également. Seuls leurs souffles éreintés témoignaient de l’existence de leurs dessins. Ils restèrent ainsi un instant en silence, puis elle sentit les lèvres de Lev s’approcher de son visage. Pour parler ?
Son corps entier se contracta, ne prenant seulement à présent conscience de la proximité qui était née de ces enfantillages.
Pourtant, il n’émit qu’une phrase banale. Une simple constatation. Mais dans une voix si rauque qu’elle en produisit de drôle de fourmillements chez Loïca.
-Oui… Répondit-elle d’un même ton.

La gêne venait à présent, s’installant aussi naturellement qu’elle avait fui sitôt le premier dessin basculé dans la réalité.

Puis, soudainement, le corps du jeune homme se leva d’une pression, et il se posta à elle, main tendue, dans un air de gentleman. Elle le regarda, effrayée. Que voulait-il ? Au village, lorsque les hommes tendaient ainsi la main à une femme, c’était pour l’emmener dans le cercle sacré lors de la confection d’un nouvel être. Lors du rite où homme et femme se possédaient, enfantaient un nouveau messager. Elle paniqua, perdit le contrôle de sa respiration et voulut hurler, pleurer de s’être fait si facilement berné. Il la ramenait au village. Il voulait l’enfanter, peut-être en espérant que leur enfant serait moins lâche qu’elle et remplisse sa mission !

Une douce musique retentit alors de nulle part, et elle comprit qu’un nouveau dessin naissait autours de leurs deux êtres. Lors d’une conception il n’y avait pas de musique. Mais le village chantait. Et elle prenait de plus en plus peur. Certes ils feraient un enfant si puissant que Sloann en serait ravi, mais elle n’en voulait pas. Elle ne les avait pas fuis pour rien !
Il se courba à elle, lui dévoilant une nuque immaculée. Et l’invita à…danser ?!
Ses sourcils de blé se soulevèrent, perplexe. Elle avait déjà vu des hommes danser ensembles. Une fois, alors qu’elle accompagnait Lutchia pour faire des courses en dehors du village. La ville était en fête et un bal sur la grande place avait lieu. Suite à ses interrogations Lutchia lui avait expliqué que ce n’était qu’hérésie, car les hommes dansaient pour se séduire et non pour honorer les Divinités.
Elle bredouilla suite aux volontés de Lev. Il voulait en savoir plus, sur ses…amours ? Elle ne savait pas ce que pouvait être l’amour du côté des « normaux ». Elle déglutit, à présent la moins rassurée au monde.
-Je ne sais pas danser…Ni séduire.

Elle pâlit, le sentiment d’être étrangère, exclue, plus puissant que jamais. Et elle avait peur, peur de cet homme qui lui faisait franchir tous les interdits.


Il était comme Vivyan pour Merwyn. Le piège détourné, qui envoute et détourne du but principal. Merwyn était, selon Sloann, un Elu, lui aussi, mais tombé dans le piège de Vivyan. Il avait beau l’avoir rendue humaine, il s’en était éternellement perdu aux yeux de la Dame et du Dragon.
Lev avait juré n’être envoyé par personne, mais elle continuait d’en douter, ne sachant que faire. Briser tout ce qu’avaient construit ses géniteurs étaient grisant. Mais qu’en pensaient les Divinités ? Jusqu’où pouvait-elle aller dans le noir et la prohibition ?
-Je ne sais pas. Souffla-t-elle. Je ne veux pas enfanter. Je ne veux pas offenser la Dame et le Dragon. Et je ne sais pas être comme vous. Je ne sais pas ce qu’est danser, aimer, séduire, je viens tout juste d’apprendre à m’amuser et il me reste encore bien des choses obscures dans votre…civilisation.

Sa main était toujours tendue. Et elle mourait d’envie de la prendre et de lui supplier de lui apprendre. Mais ne serait-ce pas tomber dans le piège de Vivyan ?




[wub]


Lev Mil'Sha
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MessageSujet: Re: /!\ +18 | Mon masque à moi n'est que de chaire et de sang. [Terminé]   /!\ +18 | Mon masque à moi n'est que de chaire et de sang. [Terminé] Icon_minitimeMer 11 Juil 2012 - 0:54

Tellement changeante, et malgré son masque, Lev parvenait à voir, tout, tout ce que ses yeux faisaient briller de sentiments, de peur, de joie, d’incohérence. Il ne lui avait fallu que cette main tendue entre eux deux, pour qu’elle ne redevienne l’enfant craintive d’alors, alors qu’elle lui contait son histoire et ce que son passé lui coutait. Elle avait rentré les épaules, courbée par l’effroi, et ses cils de papillonner, ses prunelles de se poser partout, partout sauf dans les siennes à lui. Mais quelque chose avait changé, depuis le début de la soirée. Elle lui faisait confiance, désormais, c’étaient ses mots à elle, de vrais mots. Alors elle lui expliqua. Clairement, avec une innocence et une justesse qui doucha le dessinateur, tellement peu habitué à la vérité, à la naïveté, lui qui ne rêvait que de manipulation, qui n’évoluait qu’entre deux mots, aux tournures de phrases voilées, leur sens plus évanescent qu’un nuage empoisonné. Il masqua son trouble, cependant, et en profitait pour tenter d’extraire le plus d’information de ses mots, d’imaginer son passé, ce qu’aurait pu être le sien. A vrai dire, ça ne semblait pas très joyeux.

Elle n’avait jamais dansé. Elle n’avait jamais séduit. Elle. Elle, Loïca, la femme dont le corps recèle plus de richesse que le plus fabuleux des trésors. Loïca, dont les courbes, absurdes d’harmonie et de langueur, sauraient faire perdre la tête jusqu’aux rêveurs, la belle Loïca n’avait jamais été amenée à séduire ? Lev secoua la tête intérieurement, abasourdit qu’il y ait eut, quelque part, quelqu’un d’assez puissant, d’assez déterminé pour parvenir à cacher aux yeux du monde un joyau d’une telle beauté. Le terme de « secte » commençait à prendre forme dans la tête du dessinateur. Il avait bien remarqué la défiance, une certaine maladresse au tout début de leur jeux, mais pour lui, ce n’était qu’une timidité légère à son encontre, timidité engendrée par ce fait tout simple : elle était une femme, il était un homme. Sûr de lui, il n’avait pas remis ses pensées en cause. Mais à présent qu’elle regardait sa main comme s’il ce fut agi d’une horrible araignée, il se permettait de douter. N’avait-elle donc jamais appris à s’amuser ?

Ses propos suivant firent naître sur son visage une expression interdite. Avant qu’il n’en comprenne le sens. Une vibration de rire prit naissance dans sa gorge lorsqu’il comprit le sens de ses paroles, rire qu’il tenta de museler par la seule force de sa volonté, conscient que la jeune femme se livrait par ces paroles, et que se moquer ne l’aiderait pas à surmonter ses peurs. Mais le terme « enfanter »… C’était tout simplement poilant. D’autant plus que cette soirée ambiguë n’était pas loin de faire naître de tels sentiments chez le dessinateur, et la manière crue dont elle lui faisait part de ses doutes faisait grincer ses zygomatiques de manière affreuse. Le fou rire nerveux est ce qu’il y a de plus inextinguible, de plus compliquer à refouler. Une larme perla au coin de sa paupière, alors qu’il parvenait, il ne savait comment, à ne pas exploser de rire.

Mais Loïca sembla s’en rendre compte, et elle tourna la tête, de biais, son visage masqué tourné vers le sol, les épaules secouées. Elle sembla s’affaisser sur elle-même, comme si une invisible coquille emprisonnait à nouveau le joli papillon qu’elle était devenue l’espace d’une soirée. Le fou rire de Lev disparut instantanément. Une seconde passa avant qu’il ne se rende compte de la bourde qu’il venait de commettre. Dans son ventre, quelque chose craqua. Il faisait souffrir Loïca.

Doucement, pour ne pas l’effrayer, il s’agenouilla devant elle, sans s’approcher. Il tendit une main vers son menton, une main qu’elle évita d’un mouvement de tête, sans jamais tourner les yeux vers lui. Il persévéra dans son geste, cependant, alors qu’il la sentait fragile, trop, sur le point de craquer. Avec beaucoup de douceur, il lui imposa de le regarder, ses doigts fins caressant l’angle de sa mâchoire avec une infinie douceur. Elle résista un temps, pour la forme semblait-il, mais finis par laisser son visage se tourner vers le jeune homme. Et de l’union de l’azur et de cuivre naquit une étincelle. Une étincelle qui fit flamboyer les prunelles électrique de Lev, y imprimant une redoutable intensité. Sans quitter son regard, ancré en lui comme il l’était en elle, il murmura, d’une voix très basse, très chaude :


- Pardonne-moi, Loïca.

Il ne bougea pas, immobile comme une statue aux yeux bleus. Sa main rompit le contact avec le menton de sa belle, pour venir effleurer son poignet, dont il lia les doigts aux siens. Sa bouche s’ouvrit légèrement, et son souffle apeuré fut une véritable torture pour le jeune homme. Son visage ne bougea pas, cependant, affichant un mélange attendrissant de remord, de douceur, et de compréhension. Sa voix se para de tout ce qu’il pouvait mettre de vérité, tant il voulait la convaincre, lui expliquer :

- Pardonne-moi. Je ne sais pas ce qui m’a pris. Je suis complètement stupide, je me rends compte, vraiment, de ce que tu as dû endurer. Enfin, j’essaye de comprendre, puisque je n’ai jamais vécu tout cela. Je n’aurais pas du rire, je le sais. Mais ce n’était absolument pas pour me moquer de toi, je te le promets.

Un tressaillement vint l’avertir qu’à tout moment elle pouvait récupérer sa main, se refermer envers et contre tout, à jamais inaccessible pour le pauvre humain qu’il était. Il s’empressa de continuer, ses yeux plantés dans les siens, vrillés, comme pour tenter, encore un temps, de happer son âme, de ne pas la laisser s’échapper.

- En même temps, si les éléments de cette « civilisation » comme tu l’appelles, te semblent étonnant, je puis t’assurer que la réciproque est vraie, c’est tout simplement la manière dont tu as évoqué si crûment l’un des aspects d’une soirée entre deux personnes de sexe différent qui m’a étonné. Et j’ai encore tellement de rire en moi, après toute cette pagaille qu’on a créé, que je n’ai pas pu m’empêcher de rire. C’était nerveux. Et vraiment bête.

Il lui décerna un sourire timide, ouvrant légèrement les doigts. Sa main ne s’échappa pas.

- Tu es quelqu’un d’exceptionnel, Loïca. Pas pour ton don, pas pour le fait que tu sois l’Elue, ou autre chose s’approchant. Je t’ai promis que je ne te trahirais pas, et je respecterais ma promesse. Je veux juste que tu me pardonne pour ma réaction outrancière. Je ne suis qu’un misérable humain, mais je ne voulais pas te faire de mal.

Elle sembla enfin accepter, au moins en partie, ses excuses. Ses prunelles se firent moins froide, mais la défiance était toujours là, sous-jacente, extrêmement proche. Il n’avait tout simplement plus le droit à l’erreur, et il en était bien conscient.

- Et si ça peut te rassurer, lorsqu’un homme invite une femme à danser, ce n’est pas avec l’obligation pour cette dernière de faire l’amour avec lui.

Devant son petit air interloqué, il en expliqua davantage.


- L’expression « faire l’amour » signifie l’acte d’enfanter, comme tu sembles le caractériser. Dans cette civilisation, un homme et une femme, ou même deux personnes de même sexe, peuvent partager cet instant sans forcément avoir à l’esprit la conception d’une vie. C’est un acte considéré comme très intime, qui témoigne de l’amour de ces deux personnes, mais qui peut avoir un but tout simplement récréatif : c’est une activité qui procure beaucoup de sensations dont certaines personnes sont très friandes.

Il s’empara alors à nouveau de ses mains, nouant ses doigts aux siens, avec une infinie douceur.

- Et c’est de l’envie de cette activité que nait celle de la séduction. Un homme tombe amoureux d’une femme, lors d’une soirée, parfois, et lors de cette soirée, il y a de la musique. Il demande à l’élue de son cœur de bien vouloir lui accorder sa main pour une danse qu’il sait par avance trop courte. Il l’a sert dans ses bras, et la jeune femme ne se débat pas, mais reste distante, pour ne pas faciliter la tâche de l’homme. Elle est ce que l’autre convoite, et elle le sait, de même que lui sait qu’il n’est qu’un jouet de sentiment, ce soir-là, qu’il n’est plus ni noble, ni élu, ni puissant, ni riche. Il est à la merci d’un sourire, d’un battement de cil, d’une caresse de velours, d’un frisson de robe sur une hanche gracile.

Il se releva doucement, entrainant la jeune femme avec lui. Progressivement, le silence précédemment revenu se colora d’un soupçon de mélodie, à peine quelques notes qui ouataient l’air plutôt que le brisait. Il positionna la main de la jeune femme sur son épaule, puis la sienne, du même côté, sur sa taille, effleurant plus que saisissant, papillon plutôt serpent. Et dans son autre main, il laissa reposer les doigts fins de Loïca. Il ne tenta pas de se rapprocher d’elle, ne tenta rien qui put la mettre davantage mal à l’aise. Mais il souhaitait réellement lui apprendre à danser. Parce que séduire une femme sans valser avec elle, c’était un peu comme manger des spaghettis sans bolognaise. C’avait tout de suite moins de saveur. Il continua, sur le même ton pédagogue, sans être à aucun moment rabaissant.


- La valse, c’est la séduction à son stade de l’amusement. La femme possède le plus grand des pouvoirs : celui de refuser, ou d’accepter. C’est l’homme qui mène la danse, mais l’homme pourra danser toute la nuit tant que la femme ne lui octroiera pas son consentement. Et l’homme devra, envers et contre tout, se plier à sa volonté.

Il lâcha les mains de Loïca et se positionna dans son dos. Ses deux paumes se posèrent à plat, doigts écartés, assez fermement pour qu’elle n’ait pas peur de sa présence, assez doucement pour qu’elle soit rassurée sur ses intentions. Lentement, de ses pouces, il commença à masser les trapèzes de la jeune femme. Des tensions ahurissantes y étaient nichées, tensions qu’il entreprit de dénouer, doucement, avec délicatesse, jouant de ses mains comme si la jeune femme était un luth. Il partit de la base du crâne, suivit la tendre ligne de la nuque, pour finir au sommet de ses fines épaules, et descendre légèrement sur l’harmonieuse courbure de son bras. De derrière, il voyait l’attache du masque, et cette vision le dérouta. Il en était venu à accepter Loïca, avec son masque, à ne plus penser au visage qui se cachait dessous. Cette petite accroche le ramenait à la réalité de sa condition, à ses traits qu’il n’avait encore jamais vu. Mais il était probablement encore trop tôt pour cette étape délicate. Il ferma donc les yeux, se laissa envouter par le parfum léger de sa compagne, continua les circonvolutions de ses doigts sur la peau douce de la jeune femme. Il voyait, petit à petit, son massage prendre forme, et ses épaules se détendre, imperceptiblement.

- Le contact entre deux corps, c’est une sorte d’amusement. C’est une sorte de plaisir, quelque chose de très fort. Quelque chose, surtout, qui ne doit pas avoir lieu sans l’accord des deux personnes. C’est pour cela que tu ne dois pas avoir peur. Je ne ferai absolument rien sans ton consentement total. Tu peux me demander tout ce que tu souhaites. Je serai heureux de t’éclairer sur tous les sujets qui te viennent à l’esprit.

Sur une dernière caresse, ses mains retrouvèrent leur place le long de ses flans à lui. Elle se retourna pour lui faire face, tandis qu’il se reculait d’un pas, et qu’il posait un genou à terre, ployant l’échine devant l’intensité de son regard.

- A présent que les choses sont éclaircies, et si votre pardon est toujours à l’ordre du jour…

La musique prit de l’ampleur, et résonna, douce, légère, espiègle, aussi pétillante qu’une couleur vive. La table disparue dans un chuintement, alors que le sol se recouvrait d’une mosaïque boisée, parfaitement laquée. Un chandelier s’alluma au-dessus de leurs têtes, achevant de donner à la pièce un petit quelque chose de tamisé, de complice. Lev releva les yeux vers Loïca, et tendis une main légère :


- M’accorderiez-vous cette danse ?

Ce soir, je t’apprendrai la vie, telle que je la conçois.
Ce soir, tu seras ma reine, et je serais ton roi.
Ce soir, il n’y a plus que toi.
Et moi.


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Loïca Jil'Wilën
Loïca Jil'Wilën

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MessageSujet: Re: /!\ +18 | Mon masque à moi n'est que de chaire et de sang. [Terminé]   /!\ +18 | Mon masque à moi n'est que de chaire et de sang. [Terminé] Icon_minitimeJeu 19 Juil 2012 - 13:30

Il y avait ce rictus, qui ne cessait d’aller et venir sur ses lèvres. Cette petite fossette qui se creusait légèrement et tressaillait, comme une envie irrésistible qu’il fallait contenir.
Et ce petit signe développa une colère silencieuse chez Loïca. Pas de la véritable colère à hurler, taper du pied ou quoi. Non. Un sentiment blessant d’être source de moquerie, une envie de se détacher de cet être qu’elle faisait visiblement rire. Elle se détourna, vexée, humiliée.
Des doigts fins cherchèrent alors son menton, pour l’obliger à se redresser. Elle chassa ce geste d’un coup de tête. Mais il persévéra. Elle se refusa encore une fois. Deux fois. Trois fois. Et la pression se faisait légèrement plus forte, sans jamais lui faire mal. A la quatrième fois, elle craqua, laissant son visage embrasser le sien d’un bref regard. Et alors qu’il s’excusait avec douceur sa main quitta son visage pour venir se lier avec la sienne. Elle pensa un instant se dégager, mais n’en fit rien. Bien trop de choses se bousculaient en elle. Elle ne connaissait pas le pardon. Jamais personne ne s’était excusé envers elle, persuadé d’avoir le comportement adapté. Alors elle soufflait de peur, mais aussi de sentiments nouveaux comme l’attendrissement, le plaisir, la douceur, l’attachement ? L’intimité. Serait-ce donc cela, l’intimité, que Sloann appelait mensonge, cachoterie et inutile chasteté ?
Il la happait de ses mots, et l’espace d’un instant elle crut même voir la peur de la perdre dans l’étincelle de ses yeux. Mais ce n’était sans doute que son imagination, peu habituée à de pareils échanges avec une personne. Car pourquoi aurait-il cette peur ? Il ne la connaissait pas. Et elle venait de lui avouer être une ignorante en matière de séduction ou d’amour. Alors pourquoi cela lui semblait-il si important ?

Elle semblait donc aussi étonnante au monde que le monde l’étonnait. Après tout, cela se tenait de toute logique. Elle ne pouvait se rendre compte de l’étrangeté de ses paroles ou actes auprès des personnes de l’Académie, baignée dans son éducation. Il en était de même pour eux. Là se dressait la barrière de la « normalité », à la limite des connaissances de chacun. Et plutôt que de la juger, Lev tentait de lui expliquer, comme l’oiseau messager perché sur cette barrière. Aussi quand il desserra l’emprise de sa main sur la sienne, elle ne se dégagea pas, gardant la sienne enlacée. Lev avait beau avoir tout les aspects du piège de Vivyan, elle en prenait le risque de lui faire confiance. Et si Merwyn n’en était pas devenu fou ? S’il s’était tout simplement adapté au monde dans lequel il avait choisi de vivre ?
Les graines de méfiance qui restaient, prêtes à germer, se noyèrent dans l’océan des mots qui suivirent. Exceptionnelle. Elle n’avait que trop entendu ce pseudo compliment dans la bouche de Sloann. Sauf que là, Lev la trouvait exceptionnelle, mais pas parce qu’elle était l’Elue, pas pour toutes ces raisons de Dame et de Dragon. Pas pour tout ce que ne cessait de répéter le Village. Mais pour elle. Elle et elle seule. Ce qu’elle pouvait être sans toute cette mascarade.

Donc danser, n’engage à rien, c’est cela ?
Et faire l’amour, chez vous, c’est quoi ?
Explique-moi. Apprend-moi tous ces interdits et jeu de séduction. Montre-moi comment être plus vous, comment m’adapter à votre monde, comment me perdre tout comme Merwyn a pu se perdre en Vivyan.
Et tu serres plus fort encore mes mains tandis que tu parles d’envie d’amour et que tu passes d’une transition parfaite à la séduction.
Remarques-tu que mes paumes sont brûlantes de parler de tout ceci ? C’est étrange, mon corps entier se réchauffe, et ça fourmille dans le bas ventre, d’entendre tes mots feutrés, de m’imaginer plaire et jouer. Je crois que je pourrais être assez douée avec ton aide.
Serais-tu, toi, à la merci de mes battements de cil, de caresse de velours, de frisson de robe sur mes hanches ?

Elle se laissa entrainer dans ses bras, envoutée autant qu’envoutante. Elle comprenait. Elle comprenait et voulait jouer. Aussi battait-elle de ses longs cils à travers son masque et déversait tout le velours possible dans ses pupilles.
Alors qu’il lui indiquait les positions de la valse, quelque part dans les appartements un tourne-disque naissait de son dessin, dévoilant des notes langoureuses.
Elle aimait ce pouvoir qu’il donnait à la femme. Séductrice, elle ne menait peut-être pas le pas de danse, mais elle était l’unique à pouvoir faire valser l’homme de toutes les couleurs, l’enivrant d’envie et de frustration. Et elle voulait essayer. Se sentir femme. Puisqu’elle n’avait pas eut droit à l’enfance, autant être femme, jusqu’au bout.
Mais les bras la lâchèrent vite, et elle sentit le corps imposant de son compagnon de danse se glisser derrière elle. Il pouvait toujours décrire la femme comme investigatrice de toute sensualité et jeu de séduction, il n’en demeurait pas moins qu’il savait tout à fait lui aussi être maitre du jeu.
Deux mains se plaquèrent sur son dos, et Loïca frissonna, ayant l’étrange sensation d’être soudainement nue. Puis ce fut toute son échine dorsale qui se hérissa. D’abord surprise face aux entremêlements de ses doigts sur son dos, elle voulut fuir. Puis le plaisir vint. Plaisir sans nom d’une ondulation qui te parcoure et te fait perdre tout moyen de résistance. Comme un voile de coton qui enveloppe ton cerveau et tes pensées pour te bercer et t’oublier.
Surtout, ne t’arrête pas.
Elle ne l’écoutait qu’à demi, savourant pour la toute première fois la sensation de ne plus penser, de ne plus se faire mal à réfléchir à l’impossible, à démêler l’indémêlable. Et ses doigts quittèrent bien trop vite à son goût sa peau bien trop cachée sous sa robe. Elle aurait voulu pouvoir sentir ces pressions fiévreuses à même sa peau pour encore plus d’abandon.

Loïca se tourna à lui, reprenant ses esprits. A lui de s’abandonner. A elle d’être maitre du jeu. D’essayer du moins. Aussi quand mit-il un genou à terre et pensa une ambiance tout autrement plus intime pour l’inviter à danser, elle lui offrit une œillade des plus velourée, et accepta sa main d’un relâchement sensuel de la sienne. Elle resta silencieuse, n’accordant qu’un demi-sourire en guise de « oui ».
Il se releva, enserrant sa taille de son bras, et ils prirent position. Volontairement elle s’approcha un peu plus de lui que la fois dernière, devinant à présent que le contact de ses formes pouvaient faire tourner bien plus la tête à Lev que la plus folle des valses.
Elle prit vite le pas, comme si depuis toujours la danse et la séduction faisait partie d’elle et ses formes. Elle se sentait désirée, et cette forme de puissance lui emplissait le cœur d’envies qu’elle ne comprenait pas toutes. Son corps n’était que braises, et il suffirait au dessinateur de souffler dessus pour qu’elle s’enflamme définitivement.
Qu’en était-il de son côté ? Il devait avoir l’habitude, on le sentait. A sa manière d’être, à sa connaissance de la chose. Et cela piquait un point la fierté de découverte de Loïca. Aussi voulait-elle le troubler, vraiment. Jouer à l’en faire perdre. Pour se prouver, à elle. Pour mettre un vrai sens au mot exceptionnel. Pour ne pas se sentir utilisée comme un simple pion du jeu de Lev.

Alors, dans le moindre mouvement elle glissait avec aisance et discrétion une impulsion du bassin, si imperceptible qu’on ne pouvait le croire voulu. Ou encore un regard, plus brûlant qu’à l’habitude. Des lèvres qui s’ouvrent et se mordre, l’espace d’une demi-seconde, à peine. Un rapprochement instinctif, involontaire d’apparence, qui faisait chatouiller leurs cils ensembles.
Ce n’étaient qu’intentions cachées de la sorte, et pourtant qui semblaient déclencher des pulsions bien plus violentes dans les yeux de son danseur. Jusqu’à sa glotte qui ne cessait d’aller et venir, comme déshydratée.
Ce sont des plus petites choses qu’il faut se méfier. Ce sont elles qui engendrent les plus grandes réactions.
-Alors ? Est-ce que j’apprends bien ? Susurra-t-elle.

Devant l’œil presque lubrique de Lev, elle précisa, amusée.

-La valse.

Lev Mil'Sha
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MessageSujet: Re: /!\ +18 | Mon masque à moi n'est que de chaire et de sang. [Terminé]   /!\ +18 | Mon masque à moi n'est que de chaire et de sang. [Terminé] Icon_minitimeMer 8 Aoû 2012 - 0:22

Par le Dragon, que c’était douloureux.

Il avait tout d’abord cru qu’elle était douée, simplement douée. Avec un sourire en coin, il avait apprécié la manière dont elle daignait lui accorder sa main, tout en finesse, il aurait presque cru la mascarade bourgeoise dans laquelle il baignait depuis l’enfance. Elle avait accepté ses excuses, plus rapidement qu’il ne l’avait espéré, trouvant dans son empressement les paillettes qui faisait briller les yeux des enfants lorsqu’ils découvraient de nouveaux jeux à étrenner. Qu’elle prenne tout ceci pour un jeu, soit, Lev était joueur né, et dans ses gestes, il distillerait l’humeur, l’amour et l’ardeur, les sentiments qui amèneraient Loïca à ne plus vouloir que son contact, et ses bras musclés autour de sa taille gracile.

Le tourne-disque avait sauté, pourtant, au moment même où la jeune femme s’était rapprochée de lui, vraiment trop près, la pointe de ses seins s’écrasant sur son torse brûlant. Il en avait sursauté. Lui, le bourreau des cœurs, lui qui prenait et contrôlait, comme bon lui semblait, le cœur des femmes malgré ses belles paroles sur l’égalité des volontés. Il avait sursauté parce que, partant de son bas-ventre, une décharge électrique s’était propagée à travers ses nerfs, enflammant son désir d’une manière tout à fait improbable. Surpris, il avait tenté à ce moment-là, de reprendre le contrôle de la situation. Sans brutalité, il avait cependant fermement agrippé la taille de sa compagne, s’emparant voracement de sa main et de ses hanches pour les attirer à lui, surenchère puérile du trouble qu’elle faisait naître en lui. Puis les spires, petit à petit, ouvertes en grand, avait absorbé ses doutes et ses peurs, un instant. La musique s’était développée, les harmoniques battant les tempes, comme leurs pas le plancher. Se coulant entre ses bras, Loïca avait suivi le mouvement, comme si elle avait fait ça toute sa vie. Lentement, tout d’abord, un temps – ridiculement court pour elle -, celui de prendre les marques et la mesure du tempo languide.

Il pouvait se targuer de comprendre, au moins en partie, les émotions de Loïca, ce soir-là. Cette espèce de curiosité enfantine qui la poussait à le suivre, presque à l’aveuglette, nouant ses spires aux siennes sans cette notion de pudeur, de défiance, de précaution que requérait la présence d’un homme inconnu dans ses appartements. Et cette manière qu’elle avait de tout observer, cherchant constamment à apprendre, grappillant comme un oiseau farouche la moindre miette d’information qui pouvait jaillir du dessinateur en effusion éclatante pour ses prunelles pailletées. En ce sens, Lev possédait sur sa conscience un pouvoir immense, qu’il prenait garde à manipuler, doucement mais surement. C’était, finalement, ce qu’il croyait. Mais quelque chose avait changé.

Lev aimait les femmes. Les hommes aussi, mais c’est une autre histoire. Il les aime mais il sait les manipuler, la plupart du temps, sans perdre la tête, s’appuyant sur son principal vice de forme : sa frustration précoce et maladive, entendez sa manière de ne jamais être totalement satisfait, chaque détail comptant dans l’équation de son bonheur, de son désir. Et toujours, toujours, un détail lui rappelle que l’être dans ses bras n’est pas exactement comme il souhaiterait qu’il soit. Il lui suffit donc de focaliser son attention sur ce détail – un nez dévié, une lèvre trop mince, une poitrine désaxée – pour se rappeler à sa condition de séducteur et s’auto-convaincre que, finalement, s’il n’obtient pas la victoire, ce n’est pas grave puisque l’être en question n’est pas parfait. Du point de vue physique, s’entend, en premier lieux, puis psychique, plus tard.

Hors. Hors, Loïca ne lui posait que des problèmes. Il en crevait sur place de la regarder près de lui, et la fièvre luisait aux tempes alors qu’il cherchait, de plus en plus désespérément, ce détail auquel se raccrocher, l’accroc métallique qui lui tracterait la raison à la surface, en lieu et place de cette frénésie de douceur qu’elle distillait en lui. Ses yeux parcoururent son masque magnifique, lentement, puis avec de plus en plus de frénésie, descendant sur sa gorge voluptueuse, remontant le long d’une clavicule délicate, pour atteindre la perfection en termes d’ourlet d’oreille et d’implantation capillaire. Sa gorge tremblota lorsque la jeune femme ancra ses yeux dans les siens. Il savait qu’elle jouait, qu’elle s’essayait à la séduction, sur les bases qu’il lui avait confiées. Pouvait-il s’attendre à ce qu’elle soit aussi douée, que de son corps elle imprime au sien des bouillons ardents de désir et de convoitise lubrique ? Son bassin vint frôler le sien, comme par accident, tandis qu’elle se penchait, lui dévoilant le décolleté le plus apetissant du monde.

Perdu, il était perdu.

Une chaleur enivrante prit possession de ses mains qui devinrent légèrement moite. Ses pupilles se dilatèrent, alors que son cœur pulsait, pulsait à n’en plus finir des volutes terriblement hypnotiques. Sa main descendit comme d’elle-même un peu plus bas, effleurant le haut d’une cuisse, tandis que son corps se rapprochait, un peu, un peu plus. Pourvu qu’elle ne remarque pas ce qui se passait plus bas. Mais il n’en était plus à de telles appréhensions. Son souffle s’accéléra tandis qu’il buvait celui de Loïca qui battait – oh des cils et des hanches-, se rapprochait et s’éloignait, jouant méticuleusement avec le moindre de ses nerfs, mettant comme jamais sa volonté à l’épreuve. De plus en plus à l’étroit dans son pantalon, la musique eut des ratés, la valse s’interrompant en même temps que son self contrôle. Ses lèvres frôlèrent le vide alors que Loïca, d’un pas léger, s’extrayait de ses bras, jouant des cils, regard de braise.

Soudain, elle redevint la petite fille en quête de re/connaissances.

Lev cligna des yeux, plusieurs fois, sa poitrine ventilant puissamment ses poumons imprégnés de la chaleur et de l’odeur de la dessinatrice. Un semblant de lucidité lui fit faire l’appoint sur son visage masqué, sur l’éclat pétillant de ses yeux. Intérieurement, il gémit. Qu’elle était belle ! Belle et douée. Mais trop jeune, trop peu d’expérience. Cette constatation lui fit reprendre le contrôle de lui-même, juste à temps pour qu’il ne lui saute pas dessus et ne lui arrache ses vêtements comme un possédé. Il répondit d’une voix très rauque :

-
Je… Tu es douée, vraiment.

Constatant qu’elle n’était pas aussi innocente qu’elle en avait l’air, et surtout, surtout cet éclat, ce sourire légèrement moqueur qu’elle lui décernait, il eut brusquement chaud. Chaud jusqu’en dessous des joues, chaud, à fleur de peau.

Pour la première fois de sa vie, Lev rougissait.

Il rougissait, mais il ne détourna pas le regard. Ancré en elle comme son odeur en lui, il la dévorait des yeux, brûlant d’un désir à peine refoulé, d’un désir poignant qui faisait miroiter le monde comme d’infinies gouttelettes en fusion. Réfractée, la lumière bruissait, crépitait entre eux deux, alors qu’en elle il retrouvait un simulacre de ses émotions à lui. Pouvait-elle le désirer autant que lui la désirait ? Probablement pas, surement pas. Pas tant qu’elle aurait aux yeux ces spires crevées vomissant ce torent de lumière, pas tant que sa poitrine s’élèverait et s’abaisserait, enivrante, au rythme de son souffle appuyé, pas tant que son masque, noueux d’histoire et de beauté, ne cacherait le visage qui, à présent, lui dévorait l’intérieur du crâne de curiosité. Il craignait tellement d’être déçu, sans pouvoir ne serait-ce que réfréner la convoitise de ses traits, les vrais, les purs.

Mais pouvait-il vraiment y avoir des visages purs ?

Avant de rencontrer Loïca, il aurait juré que non. Tout le monde porte un masque, un masque de chair, de sang, et parfois de pouvoir. Un masque qui colle et crève les os comme des chimères, qui ronge et dégouline, coule et condense, répand, transpire. Un masque soudé aux tempes, au tempo de la peau, qui bruisse pour les autres la musique flouée des personnalités fantômes, désemparées. Il n’est pas de visage, seulement des masques. Et il était extrêmement surprenant que ce postulat, ce matin encore d’une véracité profonde, trouve son exception en la personne de la seule femme véritablement masquée qu’il ait rencontré. Mais en ce moment même, toutes ces considérations idéologiques ne trouvaient qu’un écho tumultueux et très, très vague, relégué dans le seul coin de son cerveau qui n’était pas obnubilé par la sulfureuse Loïca.

Elle s’était reculée, il avança.

Prédateur, à présent que rougeoyait dans l’océan de ses yeux le brasier ardent d’une envie fantastique, grésillante. Et, malgré l’instant qui ployait sous l’instinct, il eut la présence d’esprit de se raccrocher, à la seule force de sa volonté, à un brin de réalité, celui qui empêcherait probablement Loïca de s’enfuir en courant. Les habitudes, cependant, avaient la vie dure, et il lui fut outrageusement facile de nantir son visage d’un sourire, le plus doux, le plus espiègle du monde.


- Mais à quel point, dis-moi ?

Sa main s’échappa vers son épaule et, d’un mouvement sec, fit glisser la bretelle de la robe, dénudant l’épaule déliée de la jeune femme. Sans lui laisser le temps de s’échapper, il s’approcha encore, tout contre elle cette fois-ci, l’emprisonnant doucement dans l’arceau bouillant de ses bras. Constatant avec une satisfaction mêlée d’une indicible décharge électrique que son souffle s’accélérait brutalement, il baissa la tête, lentement, pour qu’elle ne prenne pas peur, vers son oreille délicate, murmurant, distillant :

- Au point de me résister, tu crois ?

Ses lèvres entrouvertes se posèrent à l’angle de son cou, au creux d’une clavicule frémissante. Ses mains, comme douées d’une vie propres, longèrent, à fleur de peau, les courbes légères, épaule, omoplate, puis l’échine, les hanches, pour remonter, façonner, délier, se glisser sous le délicat tissu qui les recouvraient. Du bout des dents, il remonta le long d’un trapèze, sinuant ses baisers comme un fauve ses proies, pour venir mordiller doucement le lobe d’une oreille. Ses mains tremblèrent sur les hanches de la dessinatrice. Reprirent leur danse langoureuse, érotique. Contre son torse, il sentit les prémices d’une potentielle victoire. Un sourire, et sa langue vint lécher, avec une insoutenable lenteur, cet endroit si sensible juste sous le lobe de l’oreille.

Loïca renversa légèrement la tête en arrière.

Et Lev, dans un effort de volonté intense, trouva en lui la force de reculer. De lâcher ce corps offert, de laisser ses mains vides retrouver la froideur de ses paumes. Il affichait un visage très serein, autant que faire se peut dans une telle situation, mais sa respiration ne laissait pas de doute quant à l’état actuel du désir que Loïca imprimait à ses sens. Prenant exemple à son attitude antérieur, ses cils, ses longs cils presque féminins, ternirent son regard avant de le découvrir, à nouveau, plus intense, plus flamboyant que jamais. Reprendre contenance : Fait.


- Tu remarqueras que le jeu a tendance à tourbillonner de lui-même. Comme un vortex, il peut entrainer, faire perdre pied à son instigateur même.

Toi comme moi, jeune Loïca.

Il était difficile, mais étrangement... étrange, de tenir de tels propos, aussi bassement matérialistes que le simple déroulement d'une leçon. Le doute n'était pas permis, son trouble était, malgré tous ses efforts, bien trop flagrant, mais ses mots possédaient une telle sérénité, une telle simplicité, qu'il ne pouvait s'empêcher d'en rire, troublé, intérieurement. Dans un coin de sa tête, il se demandait si elle parvenait à ressentir pleinement le désir, qu’il soit simplement physique ou carrément sexuel. Elle semblait ne jamais l’avoir expérimenté, pouvait-on vraiment savoir les alchimies qui se déroulaient dans un corps, les comprendre, et s’y laisser abandonner, lorsqu’aucun lien ne joignait le sexe à l’amusement, le contact physique à l’amour ? Il décida d’en faire l’expérience sans plus tarder. Voir, également, si elle saurait résister.

Sa main s’empara de la sienne. Sans quitter ses yeux un seul instant, il la porta à son visage, et prit son index dans sa bouche.


Loïca Jil'Wilën
Loïca Jil'Wilën

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MessageSujet: Re: /!\ +18 | Mon masque à moi n'est que de chaire et de sang. [Terminé]   /!\ +18 | Mon masque à moi n'est que de chaire et de sang. [Terminé] Icon_minitimeMer 15 Aoû 2012 - 11:08

Dans son jeu de séduction, la jeune femme remarqua un détail qui l’interpella un moment. Du rouge, une belle teinte rouge ou peut-être rosée sur les bords, qui scintillait sur les joues de Lev. Elle fronça un instant les sourcils, se remémorant une phrase correspondant à ce phénomène.
« Ne rougis pas comme une écervelée, Loïca. » Tels étaient les mots de Sloann.
C’était donc cela rougir. Elle sourit. Son mentor l’avait fortement réprimandé car il s’agissait d’une démonstration de faiblesse. Elle se souvenait parfaitement de ce moment, du pourquoi du comment. C’était un petit garçon du village, du même âge qu’elle à l’époque, qui lui avait dit la trouver très belle. Loïca en avait rougi. Sloann lui avait mis un masque, afin que personne d’autre que ce garçon fortement puni ne puisse convoiter sa beauté.
Alors voir cet homme, si expérimenté en compliment et séduction, rougir à son contact l’emplissait de fierté et de défi vis-à-vis de son ancienne vie. Et l’avantage non négligeable résidait dans le fait qu’elle pouvait toujours rougir à son tour, il ne pourrait le voir, grâce au masque.
Toutefois il sembla vite reprendre contenance, reprenant les rennes de la danse. Sa main glissa, feula sur son épaule, y développant des picots de chair en ébullition, pour, d’un mouvement rapide, la dénuder un peu. Elle n’eut pas le temps de réagir que déjà il l’emprisonnait d’une étreinte brûlante et dérangeante, quoiqu’agréable. Loïca se mordit la lèvre, sentant toute la tentation de Vivyan l’envahir. La nudité n’avait jamais été un tabou dans le Village, puisqu’elle avait vu mainte fois des couples ne faire qu’un pour créer. Mais Lev lui avait appris. Et elle savait qu’ici la nudité n’était pas de mise. Elle impliquait l’amour par plaisir. Chose qui lui était totalement inconnue et interdite.
Il reprenait le jeu en main, la défiant de le résister. Et elle aimait ce jeu de séduction, et savait ce qu’elle devait faire à présent. Elle se contenta donc de sourire, se préparant mentalement à la suite des choses, à la tentation qui allait grandir jusqu’à devenir un monstre prêt à la dévorer d’une embrassade sulfureuse.

Les lèvres du dessinateur se posèrent sur sa clavicule avec une douceur qui ne pouvait pas amener tant d’ardeur, c’était impossible ! Son corps prenait feu, tout comme les spires de ce garçon. Il allait la brûler vive ! Sa peau n’était que chair de poule, et son bas ventre lui chatouillait d’une chaleur inconnue et terrifiante. Pourtant elle mourait d’envie qu’il ne s’arrête pas là, qu’il continue, encore et encore.
Elle laissa s’échapper un léger soupir de plaisir, à peine perceptible. Mais elle savait qu’il ne pouvait que l’avoir entendu. Ils étaient bien trop proches l’un de l’autre pour le contraire.
Ses mains allaient et venaient, avide de son corps autant qu’elle réclamait du sien. Il la tenait. Comme une pauvre enfant perdue. Il la tenait. Et pas par la force. Son emprise était tout autre, tandis qu’il s’amusait à mordiller, caresser, embrasser. Elle allait exploser, il fallait qu’il cesse de suite. Elle savait ce qu’elle devait faire, de son rôle de femme, séductrice, puissante, mais elle n’y parvenait pas, il était bien trop fort.

Sa tête se laissait choir en arrière, quand il cessa tout piège, se redressant. Leurs cils s’embrassèrent pour se ressaisir, tandis qu’il continuait sa leçon. Il joua avec sa main, portant ses doigts à la bouche, ne regardant que ses yeux noisette. Maintenant. Elle devait agir maintenant, profitant de ce court répit.
Avec cette même main, elle le tira à lui, et le guida à enlever l’autre bride sa robe. Elle passa un bras autour de son cou pour le tenir tout près d’elle, tandis qu’elle sentait sa main reprendre les cercles dans son dos, commençant à décrocher les boutures du vêtement trop encombrant à leurs yeux. Elle posa son index sur ses lèvres, en guise de promesse de silence, puis le fit se balader sur son torse, déboutonnant avec langueur la chemise humide qui lui collait certainement bien trop à la peau.
Dans ce manège il tournait toujours, et elle en avait le premier pas, le poussant en arrière, jusqu’à le plaquer, torse nu, contre le mur. Elle sourit, envoûtante, plaçant dans son regard tout l’embrasement possible. Sa robe ne lui couvrait encore la poitrine que par la pression ce celle-ci et n’allait pas tarder à tomber. Elle le lui en empêcha, dans un clin d’œil.

-Et si on passait à côté ?

Elle ouvrit la porte juste à leur côté, ne le quittant pas des yeux, de peur de le perdre, de perdre le jeu.

-Ferme les yeux, j’ai une surprise pour toi…Susurra-t-elle.

Puis, le plus lentement possible, tandis qu’elle l’entrainait dans l’encadrement de la porte, elle approcha ses lèvres pulpeuses des siennes. Elles se frôlèrent, plus intenses interdites et non liées qu’un véritable baiser. Elle recula alors avec une vitesse contrastant la langueur de leurs actes, et referma la porte devant lui, ne laissant qu’un petit espace ouvert, suffisamment pour le voir ouvrir les yeux, et se voir trompé.

-Bonne nuit, Lev. Rit-elle avec une moue autant affriolante et ravageuse que moqueuse.

Elle ferma la porte avec douceur, le laissant dans le couloir de l’Académie qu’il avait pris pour une pièce annexe de ses appartements. Puis elle éclata de rire, sachant qu’il l’entendait, et se plaqua, dos contre la porte.
Elle avait fait ce qu’elle devait faire. Mais son corps en ébullition refusait de quitter le bois de la porte.

-Aurais-tu perdu à ton propre jeu ?

Elle se rhabilla, emplie d’une joie sans nom d’avoir gagné. Décidément, elle aimait bien cette civilisation là. Quel mal à jouer avec Vivyan si l’on gagne ?

Lev Mil'Sha
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MessageSujet: Re: /!\ +18 | Mon masque à moi n'est que de chaire et de sang. [Terminé]   /!\ +18 | Mon masque à moi n'est que de chaire et de sang. [Terminé] Icon_minitimeVen 28 Sep 2012 - 21:07

La musique s’était complètement dissoute à présent. Sous les poutres sombres, il n’y avait plus que l’alchimie sulfureuse des deux corps entrelacés, l’un comme l’autre frissonnant, jouant, jouant à s’en faire perdre la tête.

Les dents de Lev se refermèrent un instant sur la pulpe du doigt de Loïca, ses yeux entrouvert, regardant par le dessous, jugeant, jaugeant, tant que son corps et sa raison lui permettrait de rester immobile à contempler sa compagne.

Un éclat, vif.

Elle lui sauta presque dessus, tant l’empressement faisait luire ses gestes d’une énergie crépitante. Elle prenait vite le coup, la belle au masque, tandis que de sa main elle le guidait à d’autres jeux, non moins sulfureux.
Il tenta peut-être de résister, qui sait. Peut-être qu’à un moment, il eut la présence d’esprit de se dire que le danger guettait, sous le masque, que sa raison vacillante ne lui permettait pas de tels écarts en si peu de temps. Peut-être même qu’un prémices de raisonabilité pointa sous son crâne, peut-être que pendant un temps il estima plus sensé de stopper ses gestes, ses désirs, d’emprisonner dans ses mains les poignets de Loïca, puis de lui coller un baiser sur la joue en guise d’adieu. Peut-être. Peut-être qu’il aurait dû se poser la question, effectivement. Mais il n’en eut pas le temps.

Les spires craquèrent d’énergie dans sa tête.

Son regard ne quittait pas des yeux l’épaule dénudée de la dessinatrice, et sa main, ses longs doigts trop fins posés sur sa délicate clavicule. Non, il ne quittait pas des yeux ce contact physique, terriblement ensorcelant, terriblement irrésistible, imaginant avec une facilité éhontée tout ce qu’il inaugurait pour la suite, le feu et les flammes de la passion. Sa main tenta de descendre un peu plus, attirée comme son regard, magnétiquement, par les courbes douces et voluptueuses de sa gorge, mais se fit rappeler à l’ordre par une Loïca ardente qui le plaqua carrément contre le mur, écrasant sa poitrine généreuse contre son torse à présent dénudé. Son ventre palpita. Il ferma les yeux, sentant petit à petit les coutures se rompre, avec un déclic effrayant.

Lorsque sa vue se voilà, se colora de rouge, lorsque ses doigts se firent griffes plutôt que caresses, il tenta de repousser la jeune femme, cédant à l’instinct inaltérable de sa propre sécurité. Si elle le perdait à présent, s’il laissait libre court à ses fantasmes, il serait en danger. Il serait en danger car les barrières de sa folie seraient implacablement détruites par la puissance de son désir.

Des flash de lumières noyèrent ses iris alors qu’elle soufflait de sa bouche parfaite au creux de son cou. Elle était trop douée. Le clin d’œil qui aurait dû l’alerter, un peu trop espiègle au regard de la situation, lui passa carrément au-dessus de la tête. Avant qu’elle ne puisse lui dévoiler la surprise, il s’empara d’elle, noyant son visage avec férocité dans son cou, humant comme un héroïnomane en manque le parfum léger de sa peau que venait relever l’odeur épicée d’un désir non feint.

Elle était au bord du gouffre, elle aussi, il le sentait dans son regard qu’il retrouvait, il sentait la chaleur qui lui cuisait les joues, sous le papier plâtré, sans se rendre compte qu’à présent, si elle était à la frontière du désir, lui avait fait un grand pas en avant.

Au moment où elle le poussa à reculer, alors qu’il imaginait ses fantasmes devenir réalité, il laissa choir les dernières brides de conscience qu’il lui restait. Son regard s’embrasa littéralement. Son rapport si intime aux spires fit que sous sa peau, des serpents de sang se mirent à serpenter, accentuant avec une violence brûlante la moindre sensation, la moindre caresse.

Loïca, à présent, et sans qu’il ne puisse plus rien y faire, était devenu la victime, un dégât collatéral à son désir. Il ne pouvait plus faire machine arrière. Tout était finit. Et plus rien n’était important, hormis Loïca, Loïca et lui.

Clac.

La porte claqua. Et dans sa tête, il eut l’impression que les spires claquaient aussi. Il regardait le panneau de la porte sans le voir, sans réaliser ce qu’il impliquait. Et lorsqu’il le réalisa enfin, il resta plusieurs longues secondes, la bouche béant d’étonnement.

Il tourna la tête juste à temps pour voir l’œil rieur de Loïca disparaitre de l’interstice, avant qu’elle ne verrouille complètement la porte.

Son poing gauche se serra compulsivement. Un spasme agita sa lèvre inférieure. Il ferma les yeux et posa à plat sa main droite sur le bois, et tenta, tenta vraiment d’endiguer la rage réactionnelle qui broyait ses tripes. Son front lui aussi prit contact avec la porte, comme s’il eut voulu devenir bois, le bois patiné par les âges qui ne devait plus s’étonner, et donc plus souffrir de rien.

Il sentait presque physiquement la présence de Loïca de l’autre côté.

Loïca qui s’était, finalement, bien foutue de sa gueule.

Il aurait dû voir venir le coup. En temps normal, il ne se serait jamais laisser avoir d’une manière tellement stupide. Mais Loïca lui défiait les sens, tout en elle représentait la tentation et les plaisirs de la chair, tout en elle incarnait ce qu’il désirait le plus au monde : la féminité dans toute sa splendeur associée à un trait d’union avec son passé et un don du dessin exceptionnel. Il était de normal de complètement craquer pour elle lorsqu’on s’appelait Lev Tanaveys.

Il lui en voulait vraiment. Mais il la désirait encore plus. Ce qui n’était vraiment pas sérieux. Il avait conscience des risques, Loïca aurait pu mourir si elle ne l’avait pas mis à la porte. Lev n’était pas quelqu’un de reconnaissant. Il ne devait rien aux autres. Mais cette fois-ci, malgré la colère de s’être fait avoir et la brûlure du désir dans ses veines, il ne pouvait s’empêcher de souffler de soulagement, tout en sachant que ce n’était pas grâce à lui s’il n’était rien arrivé de grave ce soir.
De l’autre côté de la porte, Loïca ne semblait pas avoir bougé.

Il souffla, vida ses poumons au maximum, calmant sa respiration par la seule force de sa volonté, ordonnant à l’air qui sifflait dans sa gorge de laver son excitation de calmer les spasmes de son corps. Lorsqu’il sentit un erzatz de sérénité poindre, il murmura, sachant que Loïca l’entendrait :

- Loïca ?

Seul le silence lui répondit.

- Loïca chérie ?

Il entendit un mouvement. Il décida de lui montrer qu’il ne lui en voulait pas. Un rire léger courut sur ses lèvres.

- Tu m’as bien eut. Je ne te pensais pas capable d’un self contrôle. Tu apprends très vite.

C’était un compliment qui venait du fond du cœur.
Il s’empara des spires et saisit d’une impulsion, tenta de faufiler un ruban sous la porte pour ouvrir la porte en silence. Mais Loïca avait pensé à tout. Le ruban carbonisa en passant les gonds. Bon, il n’y arriverait pas par là. Il se rendit compte qu’il avait vraiment perdu, cette fois-ci.
D’une voix douce, un peu triste, il chuchota :


- Tu souhaites que je m’en aille ?

Il attendit un petit peu, un sentiment poignant de rejet lui déchirant le cœur. Il n’avait pas l’habitude d’être repoussé. Et sa quête perpétuelle d’amour trouvait ce soir un contre uppercut qui lui laissait la langue râpeuse et la tête cotonneuse, en souffrance sourde. Ses mains le picotaient encore de la peau de Loïca.

Et ils n'avaient même pas diner.


[sorry pour le retard, en ce moment côté inspi c'est la galère, j'ai mis plusieurs jours à pondre ce texte. En espérant qu'il te plaise =) ]

Loïca Jil'Wilën
Loïca Jil'Wilën

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MessageSujet: Re: /!\ +18 | Mon masque à moi n'est que de chaire et de sang. [Terminé]   /!\ +18 | Mon masque à moi n'est que de chaire et de sang. [Terminé] Icon_minitimeDim 14 Oct 2012 - 9:36

Elle était là, le corps humide d’excitation, collée contre le bois de sa porte, comme si s’en extirper relevait de la torture. Un sourire sans nom gravé sur son visage de femme-enfant qui venait de découvrir en une nuit ce qu’était l’enfance et le jeu, et ce qu’était la séduction et se sentir femme. Tant de choses nouvelles que malgré cet état d’extase la tête lui tournait et l’empêchait de faire le vide des émotions pour clarifier les situations. D’autant plus qu’il était toujours là, si près. Et qu’elle pouvait sentir sa présence dans les Spires. N’importe qui le pourrait. Comment louper un incendie lorsqu’il cherche à vous dévorer ?
Alors elle laissait sa poitrine se soulever et s’abaisser, en espérant qu’avec les minutes s’écoulant elle reprendrait le contrôle d’elle-même. Et qu’il partirait.
Non, elle n’espérait pas son départ. Pas le moins du monde. Mais elle savait qu’elle ne reprendrait pas ses esprits tant qu’il serait là. Et que jouer au jeu de Vivyan peut s’avérer dangereux.

Chérie. Il l’appelait chérie. Mais pas comme Lutchia s’autorisait à l’appeler, en secret, loin de Sloann, pour la bercer la nuit venue. Sa mère originelle l’avait porté durant neuf mois. Et cet instant, cet amour, ne peut pas se défaire. Alors parfois elle craquait, loin des oreilles indiscrètes, elle l’enlaçait et l’appelait « ma chérie ». Rares moments où Loïca se sentait traitée comme une enfant normale.
Mais elle n’était pas normale. Non. On le lui avait dit et répété des milliers de fois. Elle était l’Elue. Et avait fuit l’éclypse.
Mais là. Là maintenant Lev l’appelait chérie. Mais pas du même chérie. Un chérie de velours au cœur de sensualité. Et elle aimait cela. Oh oui. Elle aimait cela vraiment un peu trop.

Il ne renoncerait pas. Il ne partirait pas. Elle le savait du fond de ses entrailles. On ne devait pas souvent dire non à Lev Tanaveys. Elle-même n’avait pas envie de dire non, mais la peur de lâcher prise la retenait d’ouvrir la porte. Que se passerait-il ensuite ? Ils prenaient le risque. Et si elle tombait enceinte ? Porter l’enfant de deux consanguins tout comme l’avait fait Lutchia. Et quoi ? L’appeler Elu et lui graver des dessins sur la peau ? Jamais.
Elle prenait le risque de faire l’inconcevable de sa religion. Faire l’amour sans aucun but de procréation. Juste par plaisir. Une nuit et quoi ? Demain ils repartiraient tout deux comme si cette soirée n’avait jamais existé ? Après tout pourquoi pas ? Elle voulait jouer. Et pas que ce soir. Elle voulait découvrir le seul pouvoir qui lui avait été interdit jusqu’ici : le pouvoir de séduire.
Elle sentit de suite le dessin de Lev. Comment ne pas le sentir alors qu’ils possédaient des dons si similaires. Ça aussi elle en avait peur. Ils étaient bien trop proches. Elle n’aimait pas son don, tant elle en avait souffert. Elle apprenait tout juste à s’en servir pour elle, avec plaisir. Elle aurait donné ce don à qui le voulait pour ne plus être l’Elue, pour être oubliée si cela était possible. Et voilà que ce garçon lui donnait l’envie de l’utiliser, de jouer de son importance. De jouer avec le feu. Avec son incendie.
Elle carbonisa le ruban, histoire de se laisser encore un peu de temps pour prendre une décision, mais jouant tout de même avec une petit flamme. Avant-goût d’un plaisir sans nom.
Lui, il pourrait lui graver la peau à l’en faire saigner qu’elle ne se débattrait pas. C’était flippant. Vraiment trop flippant !

Son murmure déclencha milles picots sur sa peau de miel, et elle ferma les yeux un instant, forts, très forts, pour se donner le courage de répondre. Mais répondre quoi ? La vérité ? Pourquoi pas.
Elle était femme. Elle se découvrait et prenait plaisir à cela. Quel mal à lâcher prise, alors ?
Et puis que la Dame la pardonne si elle pêche, mais elle-même n’a-t-elle pas usé de charme pour séduire le Dragon ? Ce n’était qu’une nuit. Elle se reprendrait demain.


-Non…Chuchota-t-elle à son tour.

La porte se déverrouilla, et elle se recula laissant Lev l’ouvrir.

-Non. Surtout pas.

Sa poitrine ne cessait de s’élever et de s’abaisser, un peu plus vite qu’auparavant. Et elle pouvait presque sentir les vagues de son tatouage au bas des reins ondoyer avec envie.
Elle laissa donc les bras du jeune homme enserrer sa taille, fermant ses paupières derrière son masque pour apprécier ces mouvements d’houles aphrodisiaques.
Une de ses mains s’empara de la nuque de Lev pour l’amener au plus près d’elle.

-Aime-moi.

Un soubresaut de corps, elle ne savait pas même s’il s’agissait du sien ou de l’autre, lui fit perdre son souffle et se sentir plus ardente encore.

-Apprends-moi. Apprends-moi ce qu’est d’être aimé. Juste cette nuit. Apprends-moi. Et aime-moi.

Laisse-moi devenir femme en toi, l’espace d’un instant indéterminé qui finira déjà bien trop vite.
Brule-moi. Laisse ton incendie prendre le dessus de mes vagues et définie-moi le mot « abandonner » dans tes baisers.



[C'pas très long, mais je veux laisser Lev prendre le contrôle de Loïca, alors...=D Et oui, on va vraiment songer à mettre en rouge, ou au moins interdit aux moins de 18 ans dans le titre =p ]

Lev Mil'Sha
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MessageSujet: Re: /!\ +18 | Mon masque à moi n'est que de chaire et de sang. [Terminé]   /!\ +18 | Mon masque à moi n'est que de chaire et de sang. [Terminé] Icon_minitimeJeu 1 Nov 2012 - 21:30

Oh Loïca, tu n’auras de cesse que de me supplier, ensuite, pour que la vague déferle dans tes reins d’ondes pourpres !

Il se sentait plutôt serein, la seconde précédente, pourtant. Il s’y apprêtait, au fond de lui, il pensais réellement que Loïca, avec un soupir, lui demanderait de partir. Il en avait été blessé, dans sa fierté de prime, puis dans un endroit plus profond, quelque chose qu’il ne parvenait pas à caractériser. Quelque chose, là, dans cet endroit obscure où la main d’une mère venait effrayer les fantômes, naître la lumière dans l’ombre des nuits glacées. Il avait été ce petit enfant à qui l’on refusait un câlin.

Mais ça, il ne l’accepterait jamais. Parce que plus que la simple conjecture de ses relations douteuses avec les femmes, il ne pouvait se permettre, aux égards de son propre esprit discriminatoire, d’être l’enfant, celui qui cherche l’affection, l’enfant faible qui ne contrôle pas l’univers en marge de ses paupières.

Lui, se devait de contrôler, d’être l’homme, le vrai, celui qui prend les devants et s’échappe, la grâce d’un instant. Et non pas ce gouffre d’amour qui lui ronge la raison, il devait combler, combler pour s’envoler, cesser de chuter, ces boulets de folie aux pieds.

Le déclic de la porte mit fin à ses idées noires. Il aurait du sourire, alors, au mot étouffé de Loïca, ce « non » qui venait des tripes, qui venait du cœur. La victoire, finalement, ne lui échappait pas totalement. Et dans cette voix rauque, trop chaude, il y avait l’abandon de Loïca, ce phonème si particulier du renoncement, du « à présent, ce n’est plus un jeu pour moi ». Et c’était toute la force de Lev. Parvenir à rester joueur, malgré les affres qui pouvaient lui ronger le cœur. Mais cette nuit, et malgré son apparente victoire, il savait qu’il avait perdu. Au moment même où il avait croisé le regard de Loïca.

Pourrait-il vraiment jouer encore un peu, sans se perdre complètement, si elle lui laissait carte blanche, cette nuit, juste cette nuit ? A cette pensée, ses mains tremblèrent légèrement.

Doucement, il poussa la porte, dans un état second. Et pendant une seconde qui dura une éternité, il posa les yeux sur le corps de cette femme parfaite, et sa poitrine qui se soulevait trop vite, et ses mains qu’elle tentait d’enserrer pour qu’elles ne tremblent pas, et cette allure féline de celle qui a envie mais qui a peur : la lionne fraichement capturée devant la gamelle du dresseur.

Prend garde, Lev, il se pourrait que tu y laisse beaucoup plus que la vie.
Il ne fit pas le premier pas, non. Il n’en eut pas le courage à vrai dire. Lui, il aimait séduire, manipuler, corrompre, tricher. Mais rarement, pourtant, il n’allait jusqu’à l’acte en lui-même. Parce que son esprit était trop instable. Parce que, mis à nu, il n’aurait alors pour seule défense que l’abandon total, ce dont il était presque incapable. Loïca, il l’a voulait vraiment. Il la voulait totalement, inconditionnellement, il la voulait en tenue d’adam, pour lui, découvrir un peu plus ce qui se cachait sous son masque arborescent, et jouir d’avoir joué, jusqu’au bout, avec la plus belle femme qu’il ait jamais rencontré. Il en avait tellement envie, que la peur le clouait sur place.

Ce fut donc elle qui vint vers lui, qui s’approcha. Trop près. Et aussi improbable que cela puisse paraître, au moment où elle venait se lover dans ses bras, il eut l’intuition sublime que tout, ce soir, ne menait qu’à ce moment-là. Il ferma les yeux, lui aussi et respira, respira comme s’il était asphyxié depuis une éternité. Il respira l’odeur de Loïca, ses doutes, ses peurs, sa folie, ses spires qui dansaient, et son envie, son envie de lui, telle qu’elle en couvrait ses avant-bras de chair de poule.

Il aurait voulu faire durer ce moment entre deux eaux. Mais n’en eut pas le temps.

- Aime-moi. Apprends-moi. Apprends-moi ce qu’est d’être aimé. Juste cette nuit. Apprends-moi. Et aime-moi.

Il ne put articuler un son, puisque, ardentes, ses lèvres vinrent trouver la bouche de Loïca. Il y avait tellement de fragilité dans ses mots, tellement de doute et d’envie, de trouble, de vulnérabilité, qu’il sentit son cœur de pierre fondre pour cette femme sublime qui n’avait jamais connu les plaisirs de la chair. Qu’importe alors, qu’importe. Elle n’aurait jamais besoin de savoir que pour elle – il s’en rendait compte à présent, et en cet instant précis – il aurait été capable de tout. Qu’il redevenait, dans ses bras, l’enfant perdu qu’il était au fond de lui, pour la simple et bonne raison qu’elle était encore plus perdue que lui.

Elle lui rendit son baiser, avec une ardeur un peu maladroite. Et cette maladresse lui rappelait au combien elle ne savait se servir de ses charmes. Son sang n’en bouillonna pourtant pas moins. Avec un sourire, il écarta son visage du sien, fit glisser un doigt sous son menton, et fit pivoter son visage vers le sien. Sous l’emprise de son regard, elle s’immobilisa.

- Tu apprends vite. Mais laisse-moi te montrer l’élégance de l’hésitation.

Il savait que, sauf erreur de sa part, cette soirée se solderait par ce qu’il voulait. Cette certitude quelque peu puérile lui octroya pourtant le zèle, la lenteur et le flottement dont il avait besoin, pour ne pas perdre pied. Il allait faire de cette soirée quelque chose d’inoubliable.

Une de ses mains contourna le cou gracile de la jeune femme, tandis que de l’autre, il dessinait l’angle à peine visible de sa mâchoire. Ses yeux brûlaient de désir. Mais il se contraignait à la lenteur, prenant courage de la respiration haletante de Loïca qu’il faisait naître de ses simples gestes.
Doucement, il approcha son visage du sien. La pointe de sa langue vint titiller le coin de sa bouche, et il fuyait, alors que la dessinatrice tendait des lèvres avides vers les siennes. Il voulait la frustrer. La frustrer à outrance pour faire naître de son désir le sublime de la jouissance.

Ses dents mordillèrent un instant le lobe d’une oreille, avant de descendre avec une lenteur insoutenable le long du cou, pour continuer sur l’épaule qu’il découvrait petit à petit, en faisant glisser la robe un peu plus bas à chaque morsure.

Oh, qu’elle était douce, sa peau cuivré, souple, et légèrement salée ! Lev tentait tant bien que mal de se contenir, de ne pas se laisser aller à la passion flamboyante qu’elle faisait naître en lui.

Utilisant ses mains, il défi les lacets dorsaux qui maintenaient sa robe en place. Sentant Loïca frissonner, et ne sachant pas si c’était de peur ou de désir, il stoppa son geste et le reprit avec plus de prudence. Il ne mit pas longtemps à faire glisser la robe le long de ses épaules, sans pour autant dénuder complètement la dessinatrice, accentuant simplement son décolleté magnifique, et faisant apparaître ses fines clavicules. Ce serait elle qui, si elle le souhaitait, ferait glisser le reste de la robe à ses pieds, d’une torsion du buste. Lui, il ne faisait que provoquer, enjoindre, laisser le choix sans le laisser réellement.

Ses baisers se firent plus brûlant encore, plus passionné. Son cœur pulsait, pulsait une mélodie de feu, que contaminaient les notes jusque ses yeux. La robe glissa un peu plus, dévoilant une gorge qui aurait fait chavirer le cœur d’Aziel Ril’Krysant en personne.


- Le jeu a tendance à tourbillonner de lui-même…

La voix de Lev était rauque, rauque de désir refoulé, rauque et chaude comme une braise torturée.

Ses deux mains se crispèrent sur les hanches de la jeune femme, attirant son bassin contre le sien. Il n’était plus qu’une boule ignée d’envie, sa raison vacillait, vacillait comme une flamme jaune.


- Je ne peux pas.

Loïca eut un sursaut, un mouvement qui lui signifiait qu’elle ne comprenait pas ce qu’il voulait dire. Il ferma les yeux, très fort, avec beaucoup trop de tension dans le ventre.


- Je ne peux pas t’apprendre. Je ne peux pas t’apprendre à être aimée.

Ses bras s’enroulèrent autour de Loïca, et la serrèrent contre elle, ses mains agrippées l’une à l’autre dans son dos, son visage enfoui dans le creux de son cou. Son souffle faisait voler quelques mèches de miel aux horizons de son oreille-coquillage.

Et dans sa tête, les prémices de l’irraison.


- Par contre, je peux t’aimer. Que tu apprennes ou non, je t’aimerai.

Oh oui, je peux. Je peux te montrer le brasier qui dévore mes entrailles en ce moment, je peux te montrer ce qu’est l’amour, le vrai, la passion, l’ivresse de la fusion de deux êtres. Je peux te montrer la volupté dont tu aurais dû avoir droit depuis bien longtemps déjà. Et je ne peux que me félicité d’être le premier, d’être celui qui te fera chavirer. Celui qui te fera découvrir l’extrême lascivité que ton corps hurle de devoir retenir depuis toujours. Oh oui, je peux t’aimer. Je peux t’aimer d’être toi, Loïca, je peux t’aimer.

A en perdre la raison.


- Je...

Alors, elle posa un doigt sur ses lèvres, pour qu’il cesse de parler. Il se tut, et plongea l’océan de ses yeux dans le brasier du sien.

La seconde d’après, il lui arrachait sa robe, et faisait passer d’un geste sa tunique par-dessus sa tête. Sa peau chanta d’entrer au contact de Loïca. Il n’eut pas le temps de contempler sa poitrine magnifique, ronde et ferme, luxuriante, que son torse s’y écrasait, ses mains suivant la courbe de ses reins, entrainant avec elles la chute accélérée de la robe de velours pourpre, qui forma un tas soyeux aux pieds de la dessinatrice.

Lev s’empara du visage de Loïca, guida ses lèvres aux siennes, et l’embrasa d’un baiser infernal, brûlant comme un volcan en éruption. Son sang pulsait, pulsait dans son cœur, vidait sa tête pour venir vascularisé les organes qui se devaient de l’être en cette situation. Son pantalon serré lui tira un gémissement à moitié de douleur et de désir.

Loïca apprenait vite. Il le lui avait déjà dit, l’avait constaté à mainte reprise. Mais il ne s’attendait pas à ce que ce soit elle qui vienne détacher sa ceinture et baisser son pantalon, de sa propre initiative.

En quelques secondes, ils se retrouvèrent presque nus, Loïca vêtue de son masque et d’une culotte en dentelle blanche, Lev d’un string rose à paillette estampillé d’un « je suis un objet sexuel » d’un vert pomme ravageur caleçon qui dévoilait plus que ne cachait les effets d’une trop grande promiscuité avec sa belle.

Ils se regardèrent, un instant, se contemplèrent de haut en bas. D’un même mouvement, ensuite, dans une sorte de symbiose magnifique, ils se retrouvèrent accrochés l’un à l’autre. Lev agrippa Loïca par les cuisses, la souleva et la plaqua contre le premier mur qu’il put trouver. Quelques babioles posées sur le secrétaire à côté valsèrent à leur contact. Dans un grognement, Lev mordit le cou de Loïca, son oreille, sa mâchoire, avant de l’embrasser avec une passion torride.

Il savait. Il savait qu’il aurait du s’arrêter. Maintenant. Ralentir le jeu. Mais il savait aussi que ce n’était pas ce que Loïca voulait. Qu’à présent, en ce moment précis, elle n’avait pas besoin de tendresse ni de lascivité. Son corps entier réclamait la sauvagerie, la passion, l’acte sexuel en lui-même. Après des années de désirs refoulés, pouvait-il en être autant, alors que la sueur recouvrait les épidermes, que les bouches humides se cherchaient sans cesse, découvrant les dents plus que les lèvres ?

Il eut l’intuition sublime qu’en cet instant, Loïca et lui voulaient exactement la même chose. Plus tard viendraient les regrets, les doutes et les inquiétudes, les questions existentielles. Place pour l’instant à la terrible perfection du présent.

Tandis que d’une main, il tenait Loïca plaquée contre le mur, de l’autre il remonta le galbe de sa cuisse, pour venir effleurer le duvet du seul textile qu’il lui restait. Ses doigts tentèrent doucement de se frayer un passage par en dessous, mais la position ne s’y prêtait pas vraiment. Les mains de Loïca lui griffèrent le dos, le faisant gémir dans son oreille. Ses épaules luisaient, dessinant les muscles de ses bras et de son cou. Son torse lisse plaqué contre les seins brûlant de Loïca, il se sentait glissé avec délice sur les pentes abruptes d’un plaisir bouillant.

Il ne pouvait plus attendre à présent. Il embrassa chaque parcelle libre du visage de Loïca, n’épargnant pas le masque qui la recouvrait, tandis que dans un râle, il la décolla du mur, la portant dans ses bras, ses jambes à elles enroulées autour de son bassin. A l’aveuglette, il ouvrit la porte de la chambre, et y entra à reculons. L’obscurité subite lui laissa des étincelles dans les yeux.

Face au lit à baldaquin, il décrocha les jambes de la dessinatrice, dénoua ses bras cramponnés à son cou, pour l’allonger sur le dos, peut-être un peu plus brutalement que prévu. Ils s’affalèrent ensemble, perdant l’équilibre, entrainant dans leur chute les rideaux arrachés du lit.

Un rire nerveux s’échappa de la gorge de Loïca.

Lev l’aurait bien prise immédiatement, sans plus de considération sur la virginité de la jeune femme. Son désir atteignait des sommets rarement atteint. Pourtant, puisant dans une volonté vacillante, il parvint à rester suffisamment lucide pour se rendre compte que Loïca devait, malgré sa flamme, être terrifiée. Son petit rire maigrelet en était la preuve. D’une voix chaude et sereine, autant que possible, il tenta de la rassurer :


- Ne t’inquiète pas, Loïca.

Doucement, il la souleva du lit pour en extirper les tentures déchirées. Il s’allongea à ses côtés, et lui proposa son épaule, afin qu’elle y pose la tête, tandis que de ses mains tremblantes, il dénouait l’écheveau de nerfs qu’il sentait rouler sous la peau de son cou et de ses épaules. Terrifiée, donc. Il n’était pas encore temps.

Mais Lev avait toujours été doué, toujours, pour faire vibrer les femmes. Il sentait les cils de Loïca papillonner contre la peau de son torse. Doucement, il s’extirpa de son étreinte, et la mit sur le dos. Prenant garde à ne pas l’écraser, il passa au-dessus d’elle, et se rapprocha de son visage, en même temps que son corps se rapprochait du sien. L’électricité qui le traversa lorsque la pointe de ses seins effleura son ventre était indescriptible. Il haleta, tentant de juguler son désir. Loïca ne gémissait pas encore, mais il aurait donné sa main droite qu’elle ne tarderait pas malgré sa peur. Il glissa un nez joueur près de son oreille.


- N’ai pas peur. Je vais t’aimer, cette nuit, et te le prouver. Comme promis.

D’un coup de pied, il rabattit la couette vers le bout du lit. La chaleur ambiante les en dispensait, et cela lui laissait toute latitude pour bouger à sa guise.

Avec une langueur extrême, frissonnant en rythme avec Loïca, il descendit lentement de ses lèvres le creux du cou, puis l’arrête d’une clavicule, pour effleurer de ses dents la pointe érigée de la poitrine de la dessinatrice. Elle poussa un gémissement à ce contact, mais Lev ne s’en tint pas là. D’une main aventureuse, il dessina les contours de l’autre, s’émerveillant de sa texture à nulle autre pareille, de sa fermeté fraiche, de sa douceur hallucinante, tandis que de sa bouche il titillait l’autre, avec une tendresse qui pour l’instant ne cédait rien à la passion.

Lorsqu’il la sentit se détendre sous ses caresses, il posa sa joue sur son ventre, sa joue un peu rugueuse, et la fit glisser doucement, plus bas, un peu plus bas. Ses mains jouaient avec la peau de Loïca, afin de la rassurer, de la réconforter, de l’intimer de ne penser à rien d’autre qu’au plaisir que, de sa bouche, il lui promettait.

Car Lev, même s’il n’avait pas des centaines d’expériences dans ce domaine, se savait aussi doué qu’instinctif lorsqu’il s’agissait de faire jouir une femme. Il était dans son élément, à présent. Et même si la suavité fabuleuse de la peau de Loïca lui faisait perdre la tête, il restait maître de ses gestes. Et il le resterait jusqu’à ce que la dessinatrice gémisse de plaisir.

Délicatement, il attrapa le bord de la culotte de Loïca, et la fit descendre le long de ses interminables jambes. Pudique, elle les croisa, comme pour lui cacher la vue mystérieuse d’une femme totalement nue. Et Pour Lev, rien n’était plus beau que la nudité complète d’une femme. Le corps des hommes ne devait rien en élégance, en galbe prodigieux, en formes féériques à la beauté parfaite d’une femme plantureuse. Loïca avait des hanches, un petit ventre, une poitrine généreuse, une taille gracile, des jambes longues et galbées, des fesses rebondies. Un corps qui appelle à la volupté pure.

Les mains du dessinateur reprirent leur palpation, tremblantes d’expectative, chauffant la peau des cuisses de Loïca, l’incitant à se détendre et à profiter. Il savait, cependant, qu’en cet instant, en parfaite situation inconnue, il lui faudrait un tact parfait pour qu’elle se sente en sécurité et qu’elle se laisse allée totalement. Heureusement, la lumière était chiche, et devait la rassurer. Il était de notoriété commune que les femmes préféraient l’amour dans le noir. Ce qui continuait d’étonner Lev, même s’il n’allait pas à l’encontre de cette étrange lubie.

Il continua donc sa course, jouant des lèvres pour faire frémir l’épiderme de sa belle. Parvenu à son but, d’une main ferme mais douce, il obligea Loïca à écarter les cuisses, et posa sa joue sur son bas-ventre. Il resta immobile quelques secondes. Comme pour le surveiller, elle posa une main sur ses cheveux. Il releva la tête, embrassa ses doigts, en profita pour en lécher un, puis utilisa les siens, lentement, agissant sur les zones érogènes les moins franches, d’abord, puis devenant de plus en plus précis au fils des minutes. La respiration haletante de Loïca devint heurtée. Elle avait tendu la tête en arrière, lui offrant l’angle délicat de sa mâchoire qui remontait et s’abaissait, simultanément avec sa poitrine offerte au ciel.

Lev serra les dents. Ferma les yeux. A ces tempes, la cadence lascive du souffle de Loïca, une brûlure lancinante. Il pencha la tête en avant, et goutta du bout de la langue la féminité discrète de la dessinatrice. A ce contact, elle arqua brutalement les reins vers le haut, et agrippa la tête du lit à pleine main, poussant un gémissement de pur plaisir, mêlé à un discret étonnement.. Il ne s’arrêta pas là et continua, continua jusqu’à ce qu’elle accompagne de ses hanches les mouvements de sa bouche, faisant bouillonner son sang. Un souffle rauque lui échappa, alors qu’il perdait la bataille.

Un gémissement plus rauque qu’un autre suffit pour incendier les restes de la raison de Lev. Ses mains agrippèrent les fesses de Loïca, tandis qu’il enfouissait son visage entre ses jambes, fondant de désir. N’en pouvant plus d’attendre, il ôta son caleçon d’un geste et s’allongea sur la jeune femme masquée, ses muscles luisants d’une manière torride.

Celle-ci ouvrit grand les yeux. De surprise et de douleur, autant qu’en puisse juger le dessinateur. Il resta immobile, quelques secondes, les plus longues de sa vie. Quelques secondes d’éternité, d’une éternité chaude, humide, en ébullition.

Et ce fut elle qui initia le mouvement.

Des ondes de chaleur intenses grimpèrent le long des nerfs d’un Lev envolé, lui broyant le bas ventre d’un plaisir insoutenable. Il attrapa les poignets de Loïca, comme pour se raccrocher à elle, pour ne pas sombrer totalement. Un râle rauque lui échappa, alors qu’il accélérait le mouvement, son corps unit à celui de la dessinatrice par sa peau toute entière. Brutalement, il embrassa la jeune femme, à pleine bouche, cherchant par tous les moyens à détourner son esprit d’un son plaisir formidable. Loïca gémissait, elle aussi, et il sentait, il sentait au plus profond de ses tripes qu’elle n’était plus loin de son stade à lui, qu’à tout instant, il y aurait quelque chose de formidable qui s’accomplirait.

Il ne pouvait plus s’arrêter, à présent. L’électricité crépitait, brûlait leurs visages, leurs yeux d’étincelles magnifiques, et partout autour d’eux, le temps stoppait sa course, pour noué le vif effréné en leurs deux corps soudés. Lev tendit la tête en arrière, les muscles de son cou saillants d’une tension considérables, alors qu’il ouvrait la bouche sur un cri silencieux. Ses reins se crispèrent de tension, il s’accrochait à Loïca de toutes ses forces, mais il ne l’étouffait pas, non. Parce qu’elle le serrait dans ses bras encore plus fort que lui.

Une étincelle naquit dans leur tête.

Ils ouvrirent de grands yeux étonnés. Se noyèrent chacun dans ceux de l’autre. Aux prémices des univers, une couture craqua. Au bord des cils, l’iris devint cramoisi pour l’un, océan pour l’autre. Une frange dorée détricota le bord du monde. Et dans un cri combiné, ils se connectèrent tous deux à l’Imagination, fusionnant le plaisir des corps à celui des sens, recréant ainsi quelque chose de plus puissant qu’un orgasme habituel. Une vague immense déferla alors sur leurs deux corps réunis, sur leurs cerveaux si semblables, que les spires s’ouvrirent par le milieu, dévorant l’espace autour d’eux.

Une flamme ondoyante creva les yeux d’un Lev survolté, et vint se lover dans celle qui sortait de ceux d’une Loïca non moins échevelée. Autour d’eux, les objets tremblèrent, voltigèrent dans tous les sens, se fracassant par terre dans la plus totale ignorance des deux dessinateurs. Un brasier à moitié bleu et rouge tracta de ses tentacules les corps nus de Lev et Loïca, enroulant ses flammèches bouillonnantes roulant dans l’espace en un vortex igné, brûlant d’une passion crépitante.

Ils n’en eurent cure alors que, dans un dernier cri, ils jouirent l’un dans l’autre, les yeux dans les yeux, partageant, au-delà des corps, l’union formidable de deux dons flamboyants.


[Bon, alors, beaucoup de prises de liberté alors n'hésite pas si incohérence ^^ Et puis j'espère que ça te plaira autant que ça devrait plaire à Loïca ]

Loïca Jil'Wilën
Loïca Jil'Wilën

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MessageSujet: Re: /!\ +18 | Mon masque à moi n'est que de chaire et de sang. [Terminé]   /!\ +18 | Mon masque à moi n'est que de chaire et de sang. [Terminé] Icon_minitimeVen 9 Nov 2012 - 17:30

Il se contentait de la regarder, ne faisant aucun premier pas. Et Loïca avait vraiment peur de cela, parce qu’elle ne savait pas comment s’y prendre. Elle n’avait jamais connu l’interdit, et voilà qu’il la regardait juste. Non, pas juste. Il la regardait avec une lueur enivrante, qui lui donnait l’impression d’être la reine du monde. Son Elue à lui.
Alors la Reine s’avança, se collant à son Roi pour sentir les picots sur sa peau tressauter et hurler au supplice. Et enfin leurs lèvres se trouvèrent. Elle se trouva un peu idiote, au début, de bouger ses lèvres pulpeuses de la sorte. Et puis très vite elle oublia l’apprentissage et la première fois. Elle se laissa juste emporter par la vague qui gémissait encore et encore.
Il la repoussa, mettant fin au contact brulant. Risquaient vraiment-ils de s’enflammer qu’il prenait ainsi des précautions ? Elle voulait de nouveau l’embrasser, se recoller à lui, tant son cœur battait la chamade et réclamait de plus amples sensations.
Il jouait avec tant d’aisance, qu’elle crut défaillir et le frapper de rage. Sa langue venait appeler la sienne et partait aussitôt ailleurs avec tant de raillerie qu’elle pouvait entendre son rire. Loïca n’en pouvait vraiment plus, s’en était du manque, déjà, de la frustration à l’état pur. S’il ne se décidait pas bientôt, elle finirait par l’en griffer à vouloir lui arracher tout ce jeu de plaisir, et ses vêtements par la même occasion.
Elle le laissa néanmoins jouer autours de sa nuque, découvrant les soubresauts de son corps sous cette jouissance chatouilleuse qui provoquait déjà l’éclosion des papillons au creux de son bas ventre. Doucement, Lev, doucement, qu’ils ne s’envolent pas trop tôt.

Sa robe tombait en lambeau de tentation et sa peau ne frissonnait pas de l’absence de tissu pour réchauffer son corps. La voix rauque de Lev lui fit se mordre la lèvre. A la fois aurait-elle voulut lui dire de se taire et d’agir, à la fois cette voix la transportait dans un fantasme qui lui tardait d’accomplir. Son esprit imaginait milles douceurs dont elle ne connaissait ni le nom, ni même si elles existaient vraiment. Mais entre ses mains à lui, tout semblait possible.
Je ne peux pas t’apprendre à être aimée. Le cœur de la belle vacilla devant ce drôle de refus. Que faisait-il donc ? Pourquoi tout détruire d’une simple phrase ? Allait-il la laisser ainsi, tout comme elle l’avait laissé à la porte un instant ? S’était-elle donc bel et bien fait avoir au jeu de Vivyan ?
Alors que la peur grimpait aussi haut que le désir, il l’a délivra de la phrase suivante, et elle se laissa tomber de soulagement dans ses bras de feu, s’abandonnant.
Alors aime-moi. Maintenant ! Et tais-toi !
Le doigt posé sur ses lèvres elle lui offrit une réponse en un regard de braise qui ne voulait dire qu’une chose : je te veux. Maintenant.

Ils s’arrachèrent de coups de reins et de baisers les dernières convenances. Leurs esprits ne répondaient plus, seul l’embrasement de leurs corps humides d’excitation hurlait que c’était bon. Loïca lui retira sauvagement sa chemise, désireuse de voir son corps aussi nu que venait de le devenir le sien. Elle dégrafa la ceinture qui semblait sur le point d’exploser face au pantalon bien trop serré par la contraction du muscle de Lev. Du sexe de Lev. Alors qu’elle faisait glisser le pantalon de son compagnon, la jeune femme poussa un gémissement à l’idée de ce sexe contre le sien. Ils se contemplèrent ainsi quelques secondes, à demi nu, à demi animaux. Et la sauvagerie reprit de plus belle, tandis que sa poigne grisante venait chopper ses cuisses pour la soulever à lui et la plaquer contre le mur. Et qu’importe que son dos reçoive le coup, elle en exultait de plus belle.
Qu’il la morde, la griffe, la scarifie, la sculpte à sa façon, elle n’en avait que faire. Seuls des gémissements implorant que cela ne cesse jamais sortaient d’entre les dents entrouvertes d’extase de Loïca. Et à son tour elle s’agrippait à sa peau sucrée, plantant ses ongles pour y imposer sa marque. Alors qu’elle jouait d’un mouvement de bassin pour lui déclencher l’un de ces frissons si fort que le secrétaire en tremblait lui aussi, il laissa glisser une main venir frôler la surface de l’antre secrète qu’aucune autre personne n’avait jamais touché, ni même vu. Sa tête bascula en arrière dans un soupir, tandis que sa vision devenait floue d’ivresse.

Ils voulaient tout deux à présent une seule et même chose et elle se laissa porter, enroulée autour de lui, jusqu’au baldaquin. Ils churent sur les couvertures de soie, emportant avec eux les rideaux du lit. Elle laissa échapper un petit rire, trop fébrile pour quoi que ce soit d’autre. Son bas ventre implorait celui de Lev, et pourtant elle était pétrifiée à cet instant. Elle le voulait plus que tout au monde, mais le redoutait avec tout autant de force.
Alors prends-moi, que je cesse de paniquer !
Mais il ne la prit pas. Il la rassura de mots mielleux, se posant à ses côtés dans une posture qui donnait envie à Loïca de se jeter sur lui sans plus de précautions. La pointe de ses seins réagit au contact des peaux, et sa poitrine s’apparenta plus que jamais à des meringues.

Les couvertures valsèrent et les lèvres de Lev vinrent jouer avec le corps de la dessinatrice. Dessinatrice qui se mordait elle-même la lèvre sous les baisers, coups de langues et mordillons de son acolyte. Et plus il descendait, plus elle devait se faire souffrance pour que son bassin ne se soulève pas de pulsions trop grandes.
Elle ne sentit presque pas sa culotte valser dans un coin de la chambre, tant les douceurs du jeune homme la transportaient. Sans cesse elle devait se contrôler, se forcer à revenir sur terre pour ne pas laisser son corps faire des siennes. Sa main vint se plonger dans la chevelure de Lev, et déjà celle-ci voulait l’intimer à aller plus loin, et plus fort. Dut-il le sentir car ses cuisses s’écartèrent sous une très légère pression et les doigts d’or qu’il possédait vinrent faire un bonheur sans nom.

La glotte à découvert, elle gémit, resserrant son étreinte capillaire. Et renonça définitivement à garder le contrôle de son corps.
Son bassin s’arqua en tout sens sous le chatouillis de son épiderme. Elle laissa sa voix hurler, sortir des mots simples comme « encore » ou « oui », et souvent, bien souvent, son prénom à lui. Qu’il était jouissif d’hurler son prénom tandis qu’il la faisait monter au septième ciel. Elle ne se souciait pas même de lui donner accidentellement des coups ou de ne pas lui faciliter la tâche tant elle bougeait, savourant cette exaltation nouvelle. Elle crut même passer de spasmes à paralysie lorsqu’il remonta, s’allongeant de tout son corps nu contre elle. Elle sentait son sexe durci contre le sien humide et chaud, et respirait avec difficulté, engourdie d’avoir tant jouis.
Loïca fixa Lev, le dévorant du regard à juste titre. Elle n’avait aucun mot suffisant pour décrire ce qu’il lui faisait vivre à cet instant. Pas de mots, mais un corps, pour que lui aussi sente ce plaisir. Aussi commença-t-elle le mouvement, cherchant la collision de leurs corps pour ne faire qu’un.

Elle eut un peu mal au début, mais vraiment au tout début. Elle n’y pensa plus la seconde qui suivit. Cette intrusion dans son corps de femme était la plus belle intrusion de toute sa vie. Elle sentait le membre dressé aller et venir contre les parois de son intérieur et délivrer une lascivité orgasmique. Elle se sentait à deux doigts de craquer, même si elle ne savait pas vraiment ce que signifiait craquer. S’évanouir peut-être ? Cela ne l’étonnerait même pas tant la jouissance était forte. Il gémit un peu avec elle, tandis qu’une chaleur montait dans son bas ventre et que la pression parcourait toute sa peau jusqu’à sa gorge qui s’ouvrait, prête à pousser son dernier cri. Ils s’accrochèrent l’un à l’autre jusqu’à en mourir, tandis que la chaleur prit forme en elle et que son cerveau valsa, laissant le plafond devenir tache et le cri silencieux de Lev devenir chant de gloire. Dans son état second elle croisa le regard de son amant qui brûlait, et elle se laissa fondre à l’unique endroit de répit qu’il restait pour son esprit : les Spires.

L’appartement de l’analyste trembla de l’orgasme combiné, les verreries explosèrent, les tissus brulèrent dans un concerto pour leur union. Et tandis que ses bras retombaient, engourdis, sur le matelas, elle aurait voulu hurler un dernier « encore » pour durer jusqu’au petit matin. Mais elle ne le pouvait pas. Alors qu’une étincelle avait jailli, à présent leurs corps s’éteignaient. Lev se dégagea de son emprise, laissant un filet charnel s’écouler sur leurs ventres. Ils ne restaient que leurs regards lubriques et le désordre érotique de la pièce qui avait bien failli prendre feu complètement. A bout de souffle, l’Elue caressa le visage de son élu à elle qui se décrispait petit à petit. Leurs mains se lièrent et ils restèrent ainsi un certain temps, allongé sur le dos, pantois, à contempler les dégâts de leurs ébats.
Et puis elle rit. Elle rit de cette merveille. Elle rit d’avoir manqué tout cela jusqu’ici. Rit de leurs dons si similaires et puissants. Rit du risque encourut. Rit du bonheur d’être deux, là, maintenant.

-Merci !

L’éclat de rire redoubla, si fort qu’à nouveau son corps se secoua, lui infligeant déjà les premières courbatures.


Lev Mil'Sha
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MessageSujet: Re: /!\ +18 | Mon masque à moi n'est que de chaire et de sang. [Terminé]   /!\ +18 | Mon masque à moi n'est que de chaire et de sang. [Terminé] Icon_minitimeLun 26 Nov 2012 - 13:33

Oh, que de douceur, de miel dans les cheveux, et dans la gorge le fantôme d’un cri velours, qui chuchote, chuchote à l’obscurité ce que les prunelles ne peuvent taire : la flavescence organique d’un acte qui, plus que la raison, empoisonne les sens, les emprisonne, lascivement, charnellement. C’était cinabre, et ça coulait, partout, partout, dans la tête et dans ses bras, ses jambes, dans son sexe et dans ses veines, et dans son cœur. Surtout dans son cœur.

Il y avait des paillettes partout. Beaucoup de paillettes. Comme s’il s’était amusé à contempler de face les rondeurs blanches du soleil, pupilles grandes ouvertes. C’était un peu ça. Sauf que le pouvoir de Loïca était bien plus lumineux que la plus lumineuse des étoiles, fut-ce leur soleil.

Ses paupières papillonnèrent de contempler le plafond nervuré de tâches violettes. L’obscurité lui donnait l’impression de fondre dans sa poitrine, d’amplifier les battements sourds et régulier de son cœur éreinté. Allongé sur le dos, sa poitrine gonflée d’air affleurant l’amour physique, il sentit les doigts de Loïca se joindre au siens. Instinctivement, il referma sa main sur la sienne, l’emprisonnant à son tour. Grasping reflex. Sauf que c’est pathologique à cet âge, mais chut, c’est juste cool à dire

Ses spires chantèrent à ce simple contact. Il ferma les yeux, son esprit refluant dans son corps. Il serait resté ainsi toute une éternité, la chaleur régressant par vague sur sa peau, l’odeur de Loïca, entêtante, qui lui effleurait les narines, et les palpitations de l’Imagination, en lisière de conscience, comme une monstrueuse vague, pour l’instant apaisée du feu de leurs ébats.

Jamais n’aurait-il cru cela possible.

Leurs dons, unis comme leurs corps, l’un dans l’autre, au plus profond de leur intimité, et c’était quelque chose de plus puissant qu’un brasier. D’un œil rêveur, il fit le tour de la chambre, constatant avec une surprise mêlée le désordre cuisant de ce qui se faisait de mieux en termes de passion torride. Ils avaient bien failli y foutre le feu, à cette chambre bien rangée. Il eut un petit sourire de fierté, mine de rien. De fierté partagée, une fierté lascive d’avoir été deux, et non plus un seul. Parce qu’à un instant donné, au-delà de toute raison – et surtout de la sienne – son individu s’était transcendé, dédoublé, incluant au centre de son petit monde égocentrique une présence flammèche qui s’était imposée sans que son esprit malade n’y puisse rien. Et au regard de ses propres phobies, de ses propres barrières, monstrueuses d’habitudes et de convenances, Loïca n’était rien de moins que le plus puissant des béliers qu’il ait jamais rencontré.

Et malgré le bien-être actuel, malgré le coton qui ouatait ses paupières et la glue de l’amour ses cils, et bien ça le faisait sérieusement flipper.

Le rire de Loïca le fit sursauter. Puis serrer les dents.

Parce qu’inconditionnellement, et de manière bien inatentionnelle, il survenait au moment même où il se faisait la réflexion précédente. Spontanément, ce fut comme si elle se moquait qu’il soit terrifié de perdre des bases sur lesquels il s’était toujours reposé. Il eut mal au cœur. Parce que ça venait de l’intérieur de lui, que ça brûlait, et partait du cœur, enflammant les coronaires d’un mépris qu’il prit comme tel. Il ne sera pas plus fort les doigts de Loïca. Se contenta de regarder fixement les arceaux brisés des rideaux qui lui piquaient le dos. Imaginant une corde, passée en leur centre, et un nœud au bout, un gros nœud plein de boucles, de tour et de détours, retors, très très serré. Autour d’un petit cou gracile, blanc comme une étoile brisée.

Mais au bout de cette corde, il ne pouvait pas mettre de visage. Et la curiosité latente, flouée par leur partie de jambe en l’air, revint en force, et laissa des traces dans sa tête rongée. Il n’arrivait pas à s’imaginer faire du mal à Loïca. Imaginait des scènes morbides, tout en ressentant au plus profond de lui cette incapacité à la faire souffrir, à attenter à sa vie ou sa santé. Sa rencontre avec Einar avait laissé beaucoup trop de marque, et en particulier cette décision incompréhensible qu’il ne pourrait plus faire du mal à quelqu’un qui ne le méritait pas. Ce qui ne l’engageait pas beaucoup, certes, au regard de ses attentes affectives, il pouvait facilement tordre son esprit pour se faire croire à lui-même que ses récriminations, ses caprices, était parfaitement logiques et acceptables. Mais en cet instant, c’était juste pas possible. Parce que Loïca était la plus belle femme qu’il ait jamais rencontré, qu’elle avait un don du dessin capable de lui faire complètement perdre les pédales, et qu’elle était ce trait d’union tant espéré d’avec son passé qu’il recherchait si ardemment. Elle n’avait fait aucune erreur. S’était laissée coulée dans le berceau de ses bras avec une langueur et une spontanéité qui continuait de le confondre.

Seul ce petit rire lui laissait comme des cicatrices sur la peau.

Il décida alors de jouer le tout pour le tout. Parce que le dernier mystère de Loïca l’appelait sans qu’il ne puisse le contenir. Son visage imaginé bruissait à la lisière de sa conscience, se flouait et se découvrait, sous le voile de sa bouche pulpeuse et de ses yeux de biche. S’il était déçu, de quelque manière que ce soit, il pourrait laisser libre cours à sa colère gamine. Parce qu’elle le mériterait. Il s’en savait capable, vraiment, de devenir alors un monstre. Le redoutait, cependant. Parce que jamais il ne s’était sentit aussi bien que sur ce lit à moitié détruit, ses doigts liés, entremêlés jusque dans ses spires ronronantes, son sexe au repos pulsant encore un bien-être rarement égalé. Mais c’était nécessaire, il s’en convainquit lentement. A tort ou à raison. Qu’importe.

Il délia sa main, reprit sa liberté de mouvement. Et toucha du bout des doigts le masque de Loïca, dont le rire s’était apaisé. Il était tendu, à présent. Parce que ce qui allait suivre conditionnerait peut-être un meurtre, et l’obligation de quitter l’Académie. C’était atroce. Mais tellement recevable dans son esprit psychotique…

Il se mit sur le côté, distinguant à peine les courbes du masque de Loïca dans la pénombre. Toutes les lumières avaient été soufflées, ne restait que le liserai fin de la nuit qui luisait de silence derrière la fenêtre obstruée d’un rideau lourd. Il faisait noir. Trop noir pour qu’il puisse véritablement voir son visage. Qu’importe.

Pour ne pas l’effrayer, il fit glisser doucement ses doigts derrière sa tête, effleurant sa peau, l’angle de sa mâchoire qu’il caressa du pouce, et ses cheveux qui exhalèrent une odeur fruitée, piquée de cannelle et de cette pointe si particulière de sueur due à l’amour physique. Le bout de ses doigts tremblait légèrement. Il se fixa sur son visage, les mains en coupe, pour tenter d’enrayer la frayeur mêlée de curiosité qui l’envahissait, lui faisait ressentir en beaucoup plus fort à peu de chose près les mêmes émois des premiers amours. Naturellement, son front vint se poser sur le sien, et ses lèvres glisser sur les siennes. Il respira par le nez, s’enivrant peut-être pour la dernière fois de son odeur fantastique. Il ne lui laissa pas vraiment le choix ensuite, parce qu’il vint se mettre à califourchon sur elle, emprisonnant ses bras le long de son corps en prenant garde toutefois à ne pas l’écraser.

Et d’un geste un peu saccadé, il trouva les agrafes du masque, les décrocha, et le fit glisser le long de son visage, dévoilant le front, d’abord, ou ce qu’il en imaginait, puis le nez sur lequel il butta légèrement, et les lèvres qui s’ouvrirent et soufflèrent, un peu fort.

Sans lui laisser le temps de le repousser, il posa le masque à côté de sa tête, et ses deux mains à plat sur son visage, le recouvrant presque intégralement, comme un second masque. De chair et de sang.

Son cœur fit un bond dans sa poitrine. La boule qui lui obstruait la gorge dévala son œsophage pour se nicher dans son estomac. En plein milieu de sa poitrine qui vibrait, vibrait d’expectative.

Il ne voyait pas son visage. Il faisait trop sombre.

Il n’avait jamais trop songé à développer son sens du toucher. En cet instant, il se fit la réflexion qu’il aurait peut-être dû y penser plus tôt, ne serait-ce que pour cet instant unique. Tant pis, il ferait avec. D’un geste lent, ses doigts suivirent la convexité de son crâne, à la jonction du cuir chevelu et du front, laissant ses doigts fureter dans ses cheveux, tentant de visualiser le plus possible l’empreinte que, de ses doigts, il mémorisait.

Il était dans un état second. Son esprit totalement dissocié de son corps, rampait jusque dans la pulpe de ses doigts. Il n’était pas capable de se rendre compte de Loïca en tant que telle, n’avait aucune conscience de ses mouvements, de ses sentiments, de son droit à faire ce qu’il faisait. C’était trop important. Trop important pour la suite. Son visage l’obsédait.

Il avait beau le palper sous toutes les coutures, il ne parvenait pas à le visualiser autrement qu’en terme de bosses, d’arrêtes, de renfoncements, de biseau. La fièvre le gagnait. Sur son cou palpitait une artère de plus en plus erratique. Ses doigts touchait, effleurait, pressaient, anarchiques au-delà des saccades imprimées à ses avant-bras. Ses paumes sous tensions laissaient poindre un léger film de transpiration. Ses cuisses tressautaient, comme pendant l’orgasme. Sauf qu’il ne ressentait aucun plaisir. Rien qu’un aveuglement affolé, une violence latente qui lui mangeait les yeux et faisait vrombir les spires dans son cerveau délirant.


- Loïca…

C’était un murmure de véritable terreur. Un souffle brisé de son incapacité à être, en dehors d’elle, ce qu’il se savait capable de faire, d’exister. Il avait besoin de son visage. De voir ressurgir sous ses yeux l’éclat de son passé sous forme féminine. Et surtout, surtout, de la dédouaner de son rire, son petit rire hystérique qui lui avait fait tant de mal. Il lui fallait comprendre, visualiser les arabesques allégorique de son amour, voir, vraiment voir sa beauté, la perfection féminine dont elle aurait besoin pour qu’il ne devienne pas le monstre qu’il était avec toute personnes l’ayant déçu.

Mais il n’y arrivait pas. Parce qu’il n’était pas habitué à se servir de ses mains dans ce contexte. Mais surtout, surtout parce que bloquait dans son esprit la folie absolue, absurde et tellement arbitraire de ses propres attentes et l’impossibilité physique de lui faire du mal. Il ne voulait pas être déçu, ne le voulait vraiment pas, de tout son être. Il aurait trop mal, alors, et serait contraint, contraint de faire ce qu’il ne voulait absolument pas accomplir.

C’était un véritable combat de titan que ce dilemme qui hurlait jusqu’à ses tempes qu’il n’était rien, rien dans l’univers hormis, en cet instant, l’amant de Loïca.

Ses mains se posèrent sur son cou gracile.

Il s’immobilisa Instantanément. Un grand vide dans la tête remplaça le tourbillon flou de ses pensées, de ses pulsions. Un silence, étonnant, affolant, choquant. Un silence qui sauva probablement la vie de Loïca.

Il aimait la sensation d’un cou entre ses doigts. C’était un de ses premiers souvenirs, peu après l’âge qu’il devait avoir lors de son transfert : le cou d’un animal qu’il tordait tout doucement, ses oreilles percevant avec délice le délicat craquement des vertèbres qui sautaient, unes à unes. Et les muscles qui s’écrasent sobrement, comme une motte de beurre que l’on presse, affleurant à la peau l’éclat cinabre d’un hématome qui s’étendait, s’étendait, à l’infini, comme une rose de chair et de sang.

Et ça, ça, il avait appris à le visualiser. L’expérience aidant, il sentait profondément le cou des gens, des animaux, le sien et ceux des autres.

Dans sa tête, le silence laissa poindre une estampe décolorée, mais une estampe quand même. Ses mains ne tremblaient plus. Elles se parèrent au contraire d’une terrible douceur, d’une tendresse infinie, alors que ses doigts, enfin, trouvaient l’ancrage d’une image, le début d’une esquisse. Sans précipitation, il laissa ses paumes plus que ses doigts suivre la perspective de la mâchoire, et remonter, jusqu’aux oreilles, venir frotter entre son pouce et son index le doux lobe tiède de ces excroissances harmonieuses. Il imagina des coquillages, et la mer qui s’écrasait par vague sur son visage, sculptant le nez, ponçant les pommettes, ciselant les arcades, tout en onde et courbes de roulement, un visage taillé à même le mouvement, jusqu’aux déferlements furtifs d’une frange d’écume aux cils. L’armature d’une vague prête à s’envoler.

Et la perfection des arcs, du galbe global de son visage, les méandres tous d’harmonie et de volutes ciselées, lui laissa en bouche le gout d’un bonheur sans nom, primitivement lié à ses pulsions les plus profondes. Un élan d’amour insubmersible fit vibrer ses prunelles, alors qu’il fouillait celles de Loïca. Sa bouche s’ouvrit sur un soupire qu’il aurait voulu traduire en déclaration enflammée. Mais les mots restèrent bloqués dans sa gorge.

Il se pencha alors en avant, et enfouit son visage dans la poitrine de Loïca, la serrant dans ses bras comme le plus beau présent qu’il lui ait été donné de rencontrer.

Il resta un instant comme ça, le temps de laisser la vague de tendresse enfler, puis déferler, faisant battre son cœur comme jamais. Parfaite, elle était parfaite. Il releva doucement la tête, et chercha ses lèvres, afin d’y poser les siennes.


- Je t’aime, Loïca.

Et ça, jamais je ne l’ai dit avec autant de force, autant de conviction. J’aurais pu te tuer ce soir. Mais tu as gagné ta vie. De ta perfection, de tes gestes, de tes folies. Je t’aime pour ce que tu es, Loïca, et ça n’aurait pas de sens sans ce que tu incarnes et fait bruire de tes spires embrasées.

Il devint l’enfant qu’il était au fond de son cœur, et se lova dans ses bras, enfouissant son visage dans son cou. Il y murmura :


- Tu as faim, chérie ?

Sans qu’à aucun moment ne viennent lui effleurer l’esprit que son comportement n’était absolument pas ce qui se faisait de mieux en terme de relation. Il l’avait presque brutalisé, l’avait empêché de se défendre afin de découvrir son visage. Il ne pensait pas à sa réaction, à vrai dire cela ne lui traversa pas même l’esprit qu’elle trouve à redire à son comportement. Lui, voulait juste rester avec elle, profiter d’elle, de son odeur, de sa peau, de sa bouche, de son corps, de son esprit et de ses spires. Comme un enfant à qui l’on offre le plus beau des cadeaux.


Loïca Jil'Wilën
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MessageSujet: Re: /!\ +18 | Mon masque à moi n'est que de chaire et de sang. [Terminé]   /!\ +18 | Mon masque à moi n'est que de chaire et de sang. [Terminé] Icon_minitimeSam 15 Déc 2012 - 17:18

La main se délia dans un frisson soudain. Pas que Loïca avait peur de rompre contact avec Lev. Non. Elle le savait là, à ses côtés. Elle n’avait pas peur. Il pouvait bien partir dès maintenant et l’effacer de sa mémoire, elle ne prendrait pas mouche. Elle avait déjà accepté ce risque en s’offrant à lui. Après tout, la nuit qu’elle venait de passer dépassait le merveilleux, malgré la gêne et la douleur du début. Au moins, elle l’aurait vécu, une fois. Et qu’importe les conséquences, il n’était pas encore temps d’y penser. Elle préférait de milles fois rester dans sa bulle dorée, avec la vague pensée qu’elle trouverait bien un moyen si jamais, que ce soit par plantes illicites ou quoi que ce soit d’autres. Le frisson ne venait donc pas de tout cela. Il venait du fait que la main avait quitté la sienne pour venir titiller son masque. Son corps se raidit et le rire s’éteint d’un coup sec. Ses cuisses se resserrèrent, contractée par la peur qu’il n’aille trop loin.

Des caresses du bout des doigts vinrent tenter de l’apaiser, comme on charme un animal sauvage avant de l’emprisonner d’un geste fourbe et traite. Et Lev réussit à l’avoir, en beauté. La dessinatrice se détendit à son toucher, se laissant bercer par la douceur de son amant. Elle tendit ses lèvres pulpeuses en avant pour attraper les siennes et accepta sans rechigner qu’il la chevauche à nouveau. Ce fut seulement lorsqu’elle constata qu’elle ne pouvait plus bouger ses bras, bloquée par son corps, qu’elle comprit. Il était bien trop fort. Il était homme. Et le voilà qui dégrafait dans un léger sourire son masque, tandis qu’elle ne pouvait émettre aucune résistance physique. Elle se contracta à nouveau, la mâchoire collée à lui en faire mal. Elle voulait hurler, le repousser, lui cracher à la figure, mais rien ne venait. Paralysée, les cordes vocales atrophiées, elle ne pouvait que regarder avec stupeur l’horreur se commettre.

Les mains de Lev vinrent salir son visage, glissant avec convoitise sur la courbure de son nez rond, de ses joues rebondies et rosées d’intimidation. Elles empoisonnaient sa peau d’interdit et d’outrage. Elles cherchaient à voir de leur toucher, irritant son épiderme de leur moiteur d’excitation. Et Loïca ne pouvait toujours que retenir sa respiration, priant pour que cela se termine au plus vite, et qu’il ne prenne surtout pas l’idée d’aller allumer une bougie. L’analyste non plus ne pouvait pas voir avec exactitude les expressions de son compagnon, mais elle savait par la pression et le tremblement de ses doigts qu’il était frustré du noir qui l’empêchait de la voir. Il devait avoir de la fièvre, aussi, à l’instant, car sa peau brûlait son visage. A moins que ce ne soit le blasphème qui la brûle toute entière.

Comment pouvait-il faire ça ? Comment, en sachant qu’elle avait une religion. Elle s’était confiée à lui, et il avait promis de ne pas la trahir. Et il la trahissait. Il insultait la Dame et le Dragon en détruisant ce qu’ils avaient crée. Elle. L’Elue. Alors qu’il quittait son visage pour venir saisir sa nuque, une larme silencieuse vint glisser à son tour sur la partie interdite de son corps. Si elle avait prit peur face aux conséquences de sa place face aux Divinités, et qu’elle doutait vraiment de leur volonté de meurtre, il n’empêchait pas qu’elle croyait en eux comme on s’accroche à l’espoir. Et si la Dame et le Dragon avaient décidé qu’on ne verrait pas son visage, alors il en était ainsi. Elle ne pouvait quitter ce masque de pudeur qu’en présence du Village car ils étaient ses créateurs. Et Lev avait beau venir d’un village similaire…Aux yeux des Dieux, il venait de la violer. Pas par l’acte de sexe. Non. Mais de lui avoir retiré son unique protection. Et là, elle se sentait réellement nue, comme Eve s’est rendue compte de sa nudité une fois la pomme mangée. Vide, et trahie. Blasphème. Impure, comment pouvait-elle se présenter ainsi à ceux qui l’avaient conçu un jour d’Eclipse. La bile lui monta à la gorge, avec la soudaine envie de vomir ce dégout qu’elle inspirait à présent aux Divinités. Les caresses de Lev ne comptaient plus.

La pression du corps de ce qu’elle considérait à présent comme agresseur n’était plus là, alors qu’il se lovait dans sa poitrine, et pourtant elle ne bougeait toujours pas, malade. Elle ne savait plus quoi faire. Elle venait de perdre bien plus que sa virginité. En partant du village, elle avait à peu près réussit à faire le tri dans son esprit pour se faire pardonner des Divinités et leur rester fidèle. Mais comment se faire pardonner de cela ? Comment effacer le fait d’avoir été vue, comme Elue, et peut-être même enfantée de son…de ce piège dans lequel elle s’était bel et bien amené toute seule. Honteuse, elle ne pouvait que regarder le plafond de ses appartements, à la recherche d’une solution miracle.

- Je t’aime, Loïca.

Elle frissonna, plus acculée que jamais. Parce qu’au fond, il lui suffirait de le jeter, de le condamner à ne plus jamais la revoir. Partir à nouveau ? Elle pourrait se montrer forte et prouver à la Dame et au Dragon qu’elle leur restait dévouée en bannissant le coupable. Mais il serait toujours là, dans les couloirs, à l’hanter. Parce qu’elle aussi, elle l’aimait. Elle ne pourrait pas renier une personne si similaire. Son don de feu l’attirait, comme un aimant. Jamais elle ne pourrait se débarrasser de son regard, de son souvenir.
Elle venait de se faire avoir, comme la plus faible des humaines. Et en cela elle se sentait sale.

Ne pouvant pas rester plus longtemps dans ses bras, elle se dégagea de son emprise, quittant le lit responsable de leurs ébats, emportant dans sa main son précieux masque. Elle attrapa à la hâte une couverture pour se cacher derrière, mal à l’aise. Dégoutée, elle s’éloignait petit à petit de la proximité récente de Lev, protégeant son corps de la faible couverture, bien qu’il soit déjà trop tard. Elle déglutit, ne sachant quoi dire et comment.

-Je…Tu…

Et la colère éclata dans les Spires, faute de mots.


-Comment as-tu pu ?!

Le reste des rideaux du baldaquin prirent soudain feu, obligeant Lev à quitter d’un bond la couche. Les flammes éclairèrent un instant la chambre, illuminant de manière très brève le visage en furie de Loïca. Et aussi soudainement que le brasier venait d’avaler les tissus, une brise vint souffler la rage de la dessinatrice, ne laissant derrière lui que des restes cramoisis et des grains de cendre sur le sol.
La jeune femme était toujours fixée à sa place, prostrée derrière son tissu, masque à la main, tête baissée de façon que ses épis blonds masquaient le visage interdit. Elle tremblait, secouant sa poitrine de soubresauts.

-Tu avais dis que tu ne me trahirais pas.

Elle fit un nouveau pas en arrière.


-Je suis leur fille. Ils m’ont choisi…Et tu m’as…Tu n’avais pas le droit. Crois-tu donc que je porte ce masque pour t’offrir un accessoire de plus à enlever lors de nos ébats ? La Dame et le Dragon m’ont voulu ainsi, je suis leur création. Et…tu n’aurais jamais du voir…

Elle se dirigea vers l’une de ses fenêtres, fixant la nuit avec angoisse, tentant de trouver l’impossible pour réparer l’irréparable. Et la solution vint droit des cieux. Une étoile filante passa, et le cœur de Loïca put battre à nouveau. L’espoir était à nouveau là. Elle prit une grande inspiration, consciente que la Dame et le Dragon lui offrait une chance de se rattraper.

-Vas-t-en.

L’annonce sonna comme un glas.

-Vas-t-en ou assume.

Elle fit un pas en avant, cette fois-ci.

-Je ne peux me montrer qu’au Village, qu’à mes créateurs et… et à celui qui m’enfantera à son tour pour honorer les divinités et perpétuer la lignée de l’Elue.

Elle déglutit.

-Alors, soit tu t’en vas, et tu mets tout en œuvre pour ne plus jamais recroiser mon chemin…soit tu me vois et tu t’engages à être…mon élu. Ça…ça peut fonctionner, tu viens d’un village similaire, après tout.

Loïca était consciente que le dilemme qu’elle venait de lui imposer était des plus compliqués. Mais tout était de sa faute. Il avait voulu jouer. A lui de décider s’il perdait ou gagnait.

Lev Mil'Sha
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MessageSujet: Re: /!\ +18 | Mon masque à moi n'est que de chaire et de sang. [Terminé]   /!\ +18 | Mon masque à moi n'est que de chaire et de sang. [Terminé] Icon_minitimeMar 29 Jan 2013 - 20:36

C’était un peu puéril, ses excuses, ses sentences, pour un acte qui divergeait totalement, dans son acceptation, sa compréhension, de l’un à l’autre. Et voilà, la faiblesse, le déni, la désillusion. Le mépris. Loïca s’était levée. Avec ce qu’il fallait de saccade pour dissoudre au moins en partie le bien-être dans lequel Lev flottait, flottait, dans l’odeur de la dessinatrice.

Ca avait volé en éclat. Avec toute la douleur de l’espérance, cette fois-là. Parce qu’à un moment, il y avait vraiment cru. Il avait vraiment cru que Loïca serait la femme parfaite, celle qui ne le décevrait jamais, la femme masquée au don brasier. C’était rare, qu’en autant de temps il ne trouve réellement de défaut en la personne qu’il désirait. Loïca et ce qu’elle incarnait, c’était la mer houleuse, la mère, l’amante, la symbiose des spires, le trait d’union d’avec son propre passé. Elle était unique, en cela, plus encore que ce qu’elle pouvait imaginer.

Lev ferma la mâchoire et serra. Les bredouillements de la jeune femme résonnèrent dans sa tête, bien douloureux, cuisants. Elle le quitta. Elle quitta le lit, et sa peau par la même occasion. La tête de Lev retomba sur l’oreiller, sur l’oreiller devenu froid, déjà. Même l’odeur s’en allait. Tout foutait l’camp. Tout. Il grogna. Ses spires entortillées lui éraflèrent l’esprit. Quoi, ne pouvait-ils pas profiter, simplement, de la chaleur que les murs froids de l’Académie réservaient aux élèves dans leurs dortoirs ? Ne pouvaient-ils rester lier, par les spires, et trainer au lit en se murmurant des secrets du passé ? Se découvrir, elle lui raconterait un peu plus le Village, et sa vie à elle, ne pouvaient-il donc pas être sereins, et lui se laisser caresser les cheveux comme il le désirait tant ? Qu’est-ce qui clochait donc pour qu’à chaque fois, à chaque fois, quelque chose merde et lui renvois en pleine face sa propre incapacité à s’attacher à quelqu’un qui le méritait véritablement ?

Il se releva soudain, et vit rouge, ou le cru vraiment. La colère déformait étrangement son visage. Parce que plus que la haine, c’était la déception qui lui hurlait qu’à présent, elle ne méritait plus de vivre. Le noir était trop complet pour qu’elle puisse voir son expression, et en un sens c’était probablement mieux ainsi. Sauf que Lev était déçu. Extrêmement déçu. De la réaction de Loïca, de ses crachotements venimeux, de sa hauteur arrogante, de la pudibonderie dans laquelle elle se drapait. Ce n’était qu’un masque. C’était peut-être important, mais ne méritait-il pas ce petit plaisir après tout ce qu’ils avaient partagé ? Ne lui avait-il pas promis qu’il ne la trahirait jamais ? Parce que jamais il ne révèlerait son secret, ou quoi que ce soit. Pourtant, c’était ainsi qu’elle le voyait : comme un menteur, un traitre. Il y avait tant de honte, de colère, de mépris dans ses mots, que la raison de Lev vacilla.

Il eut une impression étrange. La colère l’embrasa complètement, et son lien avec les spires explosa, choqua l’Imagination d’une onde cataclysmique qui se retrouva… Dans quelque chose de beaucoup plus petit. Les flammes léchèrent soudain les rideaux, brûlant le tissu, générant des étincelles qui lui brûlèrent les bras. Il se sentait en phase avec le dessin. Il portait ses couleurs, ses formes, la chaleur ardente qui brûlait les yeux, il avait rongé l’emplacement qu’il visait, générait en lui les ondes de pouvoirs habituelles des spires et pourtant… Pourtant, ce dessin n’était pas de lui.

Il ouvrit la bouche, pour crier probablement quelque chose de venimeux, d’acide, et faire mal à Locïca avec sa voix, comme elle venait de le faire souffrir. Mais la vision subite du visage de la dessinatrice, déformé par la colère, les cheveux volant autour de sa tête comme ceux d’une sirène ardente, et ses yeux brûlants plus encore que le feu qu’elle avait fait naître… Il en eut le souffle coupé. Sa cage thoracique se vida, alors qu’il ne pouvait prononcer un mot. Ce ne fut qu’un flash, mais il vit, vraiment, de ses yeux, le visage de Loïca. Il aurait probablement préféré qu’il ne soit pas déformé par la haine qu’elle lui portait, mais il n’en restait pas moins que sa beauté éclipsait ses rêves les plus insensés. Ce fut sans doute ce qui la sauva, dans l’instant, d’une enclume lui défonçant le crâne par le haut pour avoir eu l’audace de le défier, de le détester.

En vérité, il tomba à genoux, devant elle.


- Je ne t’ai pas trahi. Je n’ai pas vu ton visage.

Sa voix était douce, apaisante. Cherchait à s’insinuer dans la raison de Loïca, pour la pousser à accepter sa version à lui.


- Jamais je ne te trahirai. Je te l’ai promis.

Mais elle ne voulait rien entendre. Son corps agité de spasme lui donnait envie de nouveaux ébats charnels. Il sentait sa présence chaude dans les spires, qui guettait, un œil accusateur posé sur sa nuque, et les tentacules de pouvoir qui s’enroulaient autour de lui, le ligotant. A moins que ce ne soit les prémices de l’amour qu’il lui portait déjà. Qui l’empêchaient de se soumettre à ses propres désirs, de la ligoter elle et de prendre le pouvoir, le contrôle, sur tout ce qu’elle incarnait. Il se sentait d’une impuissance rare. Celle de celui qui sait ce qu’il veut, et qui sait également que ce désir entre en contradiction avec, oh, des principes, des envies, des habitudes, des devoirs. Il aurait dû lui faire payer cette désillusion. La faire souffrir comme il souffrait. La briser de l’intérieur, et de l’extérieur aussi. Comme il le faisait pour toutes, tous ces gens qui se révélaient trop médiocres pour ses espoirs affectifs. Et il ne pouvait pas. Ne le voulait pas. Ne pouvait que rester à genoux et dévorer des yeux sa silhouette enténèbrée, carbonisée.


- C’est toi. Toi qui m’as montré ton visage, à l’instant.


La sentence sonnait comme une accusation que Loïca ne semblait visiblement pas prête à entendre. Elle se détourna comme si elle ne l’avait pas entendu. Il sentit son corps bouger, s’enrouler dans la couverture qu’elle avait trainé avec elle. Lui, il secoua la tête, tant ses propos résonnaient d’autres paroles que les siennes. N’avait-elle pas conscience de l’irréalité de ses mots ? Qu’ils provenaient d’une enfance qu’elle avait assuré vouloir oublier de toute ses forces, lui signifiant même qu’elle aurait adoré prendre sa place, remplacer ses souvenirs par le néant d’une vie « normale » ? Pouvait-elle vraiment, alors, tenir tellement à ces préceptes d’un autre monde, qu’elle était prête à le rejeter après tout ce qu’ils avaient partagé ? Il ne parvenait pas à comprendre. Ne comprenait pas ses motivations, ce qu’elle désirait. Hormis le fait qu’elle était aussi détraquée que lui. Ca le rassura un instant, avant que ses mots suivant ne boursoufle sa réalité d’un feu brûlant.

Il aurait explosé à l’instant. Au moment où les mots « va-t’en » s’échappèrent de sa bouche sensuelle. Il aurait empoigné ses cheveux, et les auraient arrachés, aurait brisé ses dents, ses doigts, son cou, ses bras. Lui aurait ouvert la gorge, et bu son sang à grande gorgées. Aurait décollé sa peau, brûler son corps tout entier.

Mais elle ne détestait pas autant qu’il l’avait imaginé. Parce qu’au-delà de toute attente, elle lui proposa une porte de sortie. Sa voix avait tremblé, cependant. Pas autant que la secousse qui agita les épaules de Lev lorsqu’il se releva. Il s’immergea dans les spires. Et trouva rapidement ce qu’il cherchait. Les couleurs s’enroulèrent autour de la texture, brisèrent les limites de la réalité, transcendaient le réel, par la forme, par le jeu. Il lui dessina un masque qui se posa sur son visage, et s’accrocha doucement derrière sa tête par une lanière de soie. Juste le temps. Juste le temps d’allumer la lumière. Les chandelles se rallumèrent unes à unes, laissant le temps à Loïca de réagir.

Il fit un pas en avant, lui aussi.


- Je te demande pardon.

Il ne pouvait pas la perdre. Pas maintenant. Parce qu’elle était trop importante, sous beaucoup trop de points de vue. Sa demande était légitime, au regard de ses propres convictions. Il n’empêchait que selon toute vraisemblance, Lev n’était pas prêt à avoir un enfant. A vrai dire, il n’y avait même pas songé, n’y songeait même pas, parce que le moment ne s’y prêtait guère, qu’il avait trop de choses en tête. Elle aurait pu lui demander de s’ouvrir les veines pour faire un pacte de sang qu’il aurait été dans les mêmes dispositions. Il ne pouvait tout simplement pas partir.

Il se rapprocha un peu plus, et posa une main hésitante sur son ventre. Elle se laissa faire. Rentrer dans son jeu. Et ne pas la brusquer. Peut-être que plus tard elle paierait pour ce soir, mais à présent il devait seulement se l’attacher, ne pas la laisser partir. Il voyait bien à quel point ce qu’elle lui demandait était important. Et puis sommes toute, il pouvait simplement ajouter à sa boisson, subrepticement, quelques herbes dont il connaissait certaines propriétés infanticides. Ce n’était pas un problème. Au contraire. L’acceptation le rendrait sincère, à ses yeux.


- Je veux être ton élu.

Et ça, c’était plus vrai que tout le reste. Plus vrai que tout ce qu’il avait pu dire jusqu’à présent. Mais maintenant, il devrait être plus prudent. Loïca ravivait en lui des flammes dangereuses, des pulsions qui ne menaient qu’à la confrontation. Elle ne comprendrait pas s’il lui expliquait réellement. Qu’importe, il avait vu son visage, et il n’avait pas été déçu. Ça valait tout l’or du monde. Simplement, devenir plus délicat, plus subtile, ne pourrait pas lui nuire et lui éviterait peut-être d’autres disputes, d’autres désillusion.

- J'assumerai toutes les conséquences que tu jugeras bon de m'attribuer.

Il s’approcha de Loïca, un air penaud sur le visage. Doucement, il prit la couverture de ses mains et l’en drapa autour des épaules, cachant la partie haute de son corps. Puis il se recula d’un pas. Hésitant un tantinet, il tendit la main vers la sienne, entrelaçant leurs doigts comme sur la couche un peu plus tôt. Sans la regarder dans les yeux, le regard fixé sur ses pieds nus, il murmura :


- Tu crois que tu pourras me pardonner ?

Loïca Jil'Wilën
Loïca Jil'Wilën

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MessageSujet: Re: /!\ +18 | Mon masque à moi n'est que de chaire et de sang. [Terminé]   /!\ +18 | Mon masque à moi n'est que de chaire et de sang. [Terminé] Icon_minitimeVen 1 Mar 2013 - 16:45

Il niait. Il niait complètement la trahison sous une excuse insuffisante. Sa félonie ne résidait pas dans la vue, mais dans le toucher, dans le seul fait d’avoir décroché son masque en profitant de sa lascivité amoureuse. Et cela rendait Loïca plus coléreuse encore. Ses épaules en tremblaient, menaçant de s’effondrer. Il ne pouvait pas comprendre, mais n’essayait même pas. Ce n’était pas lui qui avait vécu dans ce moule de peur et de fascination. Pas lui qui n’arrivait pas à se dépêtre de ses croyances malgré la fuite des responsables. Aurait-on pu le façonner à souhait, qu’il ne s’en souvenait pas. Alors il ne pouvait pas lui reprocher cela. Parce que contrairement à elle, il ne savait pas. Il n’avait pas à chacun de ses gestes l’idée aliénable que les divinités l’avaient créé pour un but bien précis et que s’en éloigner signifiait les insulter. Aucune vague de peur bleue ne venait le réveiller la nuit à l’idée que Sloann vienne le chercher et le punisse dans une nouvelle joute de dessin. Les jours d’orage, ses tatouages gravés de force dans sa peau ne la démangeait pas au point d’en pleurer, parfois.
Il ne saurait jamais. Jamais. Mais serait-ce trop demander que de tenter ? D’imaginer ? Ça, il en était capable lorsqu’il le voulait.

L’accuser, de surcroit, de s’être elle-même dévoilée à lui, était plus qu’elle ne pouvait en supporter. Il en revenait de la traiter d’impure, criminelle aux yeux de la Dame et du Dragon. Elle déglutit avec difficulté, ne sachant comment se sortir de cette situation. Elle aurait pu fuir, mais ce n’était pas à elle de le faire. Ils étaient dans ses appartements à elle, donc à lui de partir. Et quelque chose lui disait qu’il ne le ferait pas, et pas forcément pour la bonne raison.
Lui restait le dilemme de s’unir ou non. Choix qui lui paraissait un peu plus fou qu’auparavant à chaque seconde écoulée. On ne se liait pas comme cela, sur un coup de tête, sur une faute. Cela revenait à dire « tu m’as entière ou pas du tout ». Les extrêmes. Finit l’idée d’une aventure amoureuse sans règles et sans contraintes. Finit la liberté. Liberté qu’elle avait cherchée en venant ici. Loïca soupira, prête à devoir haïr à jamais celui qui venait de lui faire connaitre le plus gourmand des plaisirs. Peut-être en trouverait-elle un autre ?

-Tu veux quoi ?

Son cœur battait à nouveau la chamade, comme aux prémisses de leurs jeux de séduction. Elle s’attendait à de la colère incendiaire et à des insultes. Mais sûrement pas à un engagement. Prenait-il réellement conscience de l’ampleur de sa décision ? Sûrement pas. Ce n’était qu’un enfant. Gâté par la vie qu’il n’avait jamais connu. Pour lui faire l’amour n’avait jamais voulu dire enfanter et créer un nouvel élu. Tout comme il ne percevait pas les changements climatiques comme des signes et humeurs des divinités. La dessinatrice avait beau fui tout cela en quittant le village, elle ne pouvait pas annihiler ses croyances d’une nuit torride.
Il venait de lui dessiner un masque, le plaquant sur son visage nu avec une douceur enivrante. Et sa main plaquée sur son ventre…peut-être que ?
Elle secoua ses épis dorés. Elle ne devait pas se laisser avoir par ce dévouement aussi facilement qu’elle avait accepté le jeu de séduction. Les enjeux n’étaient plus les mêmes. Il s’agissait d’un avenir à deux. D’un futur hasardeux basé sur ses origines et les nouvelles qu’elle tentait d’assimiler. Personne ne pouvait vraiment prédire ce que tout ça pourrait donner.

-Je ne suis pas…Enfin, je veux dire…Tu n’es pas moi. Tu n’es pas comme moi tant que tu n’as pas vécu comme moi. Et tu ne le seras jamais. Alors comment…comment peux-tu t’engager sans même me connaitre, sans même…

Elle poussa un râlement, s’exaspérant elle-même par son incapacité à lui expliquer. Lui raconter son histoire ? Ce serait bien trop long. Et elle était quasiment certaine qu’il ne l’écouterait pas, se contentant d’hocher la tête pour la rassurer. Il faudrait qu’il voit pour comprendre, peut-être ?
Voir.
Tout comme elle avait vu cet incendie en le testant. Mais oui ! Si elle parvenait à lui balancer ce qu’elle était à travers les spires, il pourrait assimiler ce que voulait dire le mot « élu ».

-Approche.

L’analyste fit également un pas en avant, et posa son front contre celui encore en sueur de Lev.

-Et regarde.

Elle ne savait pas trop ce qu’elle faisait, tentant l’expérience pour la première fois. Abusée du dessin, elle n’avait jamais cherché ce qu’elle pouvait en faire. Et pourtant, il lui semblait des plus évident de pouvoir mettre en image son enfance. Après tout, si ces clichés lui revenaient sans cesse au point de la réveiller la nuit, pourquoi pas maintenant, et pour un autre qu’elle. A lui, de cauchemarder, l’espace de quelques secondes. A son tour de porter le poids.

L’Imagination s’ouvrit à eux, vide et plane, prête à recueillir les souvenirs de la jeune femme. Elle hésita un instant lequel choisir. Puis en choisit deux. Et puis trois. Et laissa les uns et autres défiler à grande vitesse pour se finir en l’un des plus marquants.



*Flash*


-Qui es-tu ?


-Je suis l’Elue.

-Qui t’a créée ?

-Les Divinités.

-Qui sont les hommes ?


-Des traites à leurs Dieux.

-Quelle est ta mission ?

-Renverser leurs impostures.


*Flash*

Une petite fille blonde regarde l’analyste de son village quitter celui-ci, un nouveau-né dans les bras.

-Que fait Tykan, Lutchia ?

Lutchia est une femme d’importance, dont la posture est droite et royale. Elle porte le même visage charnel que Loïca, et en devient plus sulfureuse par sa chevelure rouge qu’elle prend soin de teinter.

-Il emmène l’enfant à la ville.

-Pourquoi ? C’est pourtant le sien, non ? Je veux dire…le notre.

Loïca ne comprend pas pourquoi. Elle sait juste qu’elle vient de se rattraper de justesse. Tout enfant du village est enfant de tout le village.

-La Dame et le Dragon ne l’ont pas reconnu.
Explique la mère biologique de la dessinatrice d’une voix douce.

-Alors que va-t-il en faire ?

-Le déposer auprès d’une porte. Là sera son foyer, loin des Divinités.


L’élue ne dit rien, mais fait la moue.

*Flash*

-Et voilà. C’est tout. Ils ne les noient pas, vous avez dit n’importe quoi !

Loïca croise les bras, fière, devant les autres enfants du village.

-Et qui te dit qu’elle ne t’a pas menti ? Nargue Jiork.

-Lutchia ne ment pas. Je dois tout savoir.

-Ah, oui, parce que tu es l’élue. Rétorque Adenor, levant les yeux au ciel.

-Elle y peut rien, Adenor !

-Peut-être, mais en attendant, c’est la seule à ne pas risquer d’être chassé du Village.

-Personne n’est chassé dès que les Divinités nous ont reconnu ! Se vexe Loïca.

-Ah oui ? Alors qu’est-il arrivé à Oryon qui n’a pas réussi à développer le don du dessin ? Tu le vois encore ici peut-être ? Moi, je l’ai vu partir. Et il portait des traces de brûlures sur le visage.


Loïca frissonne, et se lève, quittant la bande.

-Je dois avoir le dessin. Je dois avoir le dessin. Je dois avoir le dessin. Je dois avoir le dessin.

*Flash*

Loïca est bien plus grande, à présent, dix-huit ans, tout au plus. Sloann, musclé et le visage fermé, lui indique de rentrer dans une pièce.

-Sloann…je…je ne suis pas sûre que…

Il ne dit rien, mais ses yeux se font inflexibles. Loïca rentre dans la pièce. Et il fait noir. Entièrement noir. Elle ne peut qu’entendre son maître rentrer à son tour, sans même discerner sa silhouette. Il s’agit d’un noir dessiné, elle le sait. Et n’aime pas ça.

Une cage apparait et lui tombe dessus. Elle ne l’évite pas, et se retrouve derrière les barreaux. Sloann grogne et fait disparaitre la cage.

-Anticipe, Loïca. Anticipe par le Dragon !


-Mais je ne peux pas ! Je ne vois pas !

-Tu peux et tu dois. La vue n’est pas importante, c’est dans les spires que tu dois visualiser le dessin et t’en défendre. On recommence.

Et l’exercice continue, sous les cris de la jeune fille qui se prend des tempêtes d’armes inoffensives en plein visage, sous le mécontentement de son mentor. Mentor qui accentue l’exercice pour la forcer en envoyant cette fois-ci de véritables armes. L’une d’elle frôle la dessinatrice au bras qui pousse un petit cri.

-Mais dessine par toutes les divinités ! S’emporte Sloann.

Elle gémit, et se force à créer un feu indolore pour attaquer son maître.

-N’attaque pas. Contente-toi de te défendre.

Les larmes coulent sur les joues de l’élue. Elle déteste le noir. Elle en a peur. Et elle est coincée avec Sloann jusqu’à ce que son don refuse de répondre par épuisement.

*Flash*


Le contact se rompit aussi soudainement qu’il s’était fait. Et Loïca se dégagea aussitôt du passé qu’elle venait de partager. Elle venait de lui faire voir une de ses plus grandes peurs : le noir. Chose dangereuse, avec laquelle Sloann avait joué trop de fois déjà. Lev en ferait-il de même ?


Lev Mil'Sha
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MessageSujet: Re: /!\ +18 | Mon masque à moi n'est que de chaire et de sang. [Terminé]   /!\ +18 | Mon masque à moi n'est que de chaire et de sang. [Terminé] Icon_minitimeMar 11 Juin 2013 - 22:22

Ca semblait un peu plus difficile cette fois-ci. Oh il n’avait aucun doute sur sa capacité à se constituer prisonnier, remords et tristesses, et acceptation. Simplement, Loïca était une femme intelligente. Et peut-être qu’il avait présumé de son aptitude à comprendre réellement ce que leur union engageait, parce qu’elle resta sur la défensive, troublée.

Il vit clairement le frisson sur ses avant-bras nus, lorsque le masque se posa sur son visage en plumes de spires entremêlées.

Par le Dragon qu’elle était belle. Détournée à demi, une toupie inversée qui oscille, qui se bat, la rage de rester debout et de faire face. Et pourtant… Pourtant qu’est-ce qu’elle souffrait, Loïca, elle souffrait de cette situation, à cause de lui, à cause de son passé, empêtrée qu’elle était dans ses croyances et son avenir, tiraillée comme une écharpe prête à se détricoter.

Il en conçu une pointe de remord, d’être à l’origine de son trouble. Oh, il ne comprenait toujours pas sa manière de s’accrocher aux principes de son enfance alors qu’elle lui hurlait clairement qu’elle était maudite et source de tous ses malheurs. Mais il voyait ses prunelles hantée. Son masque qui tressautait aux flux et reflux des spires qui crépitaient.

Il ne pouvait pas être véritablement lui-même avec Loïca. S’il ne comprenait pas vraiment ses convictions et ce qui la poussait en avant, l’inverse en était de même. Il était persuadé que la jeune femme ne comprendrait pas son besoin profond de renouer avec un passé qui l’avait, elle, traumatisé. Il restait persuadé qu’il aurait été capable de surmonter, que rien n’aurait pu le rendre plus heureux qu’une famille aussi vaste qu’un village pour l’adorer.

D’un côté, Loïca, son corps et ses lèvres, ses hanches, sa chevelure, le feu de son ventre abandonné, et puis tout, tout ce qu’elle incarnait, qui lui donnait l’identité la plus épurée qui soit.
De l’autre, un Lev à l’arraché, prêt à mordre pour se protéger, le passé en miette et l’enfance qu’il avait toujours souhaité devant les yeux, sous la forme d’une femme parfaite.
La compatibilité n’était pas question de toutes ces caractéristiques, s’assénai-il mentalement, se forçant à y croire. Il avait tellement l’habitude de jouer, que le jeu avait pris possession de sa vie. Et continuer, pour s’attacher la femme qu’il aimait, finalement ça ne lui posait pas de soucis. Il en concevait presque une certaine fierté. Quelque chose de primitif qui résonnait, l’homme de Neandertal rattrapé par ses instinct, celui primordial de protéger la femme qui assurerait sa descendance. Sauf que Lev ne comptait pas pour le moment avoir un enfant. Mais il devait protéger sa femme, sa compagne. Lui, plus que quiconque était apte à se mêler à sa vie, personne ne la mériterait autant que lui, ne serait aussi compatible. Tous les liaient. C’était l’évidence même. Et si pour son bonheur il devait jouer nuit et jour, il jouerait, il mentirait, il serait celui qu’elle voulait qu’il soit, constamment. Parce que de son bonheur dépendrait leur relation à tous les deux. Elle ne le briserait pas, non, mais il plierait volontiers l’échine, parce que dans un sursaut de conscience émerveillé, il comprenait quelque chose de primordial : la femme qu’il avait devant les yeux mettrait un jour au monde son enfant.

Oh, pas immédiatement. Il avait encore trop de choses à faire. Mais soudain, l’avenir lui colora les spires en rouge et bleu, Dragon d’eau et cétacé de feu. Si une femme devait un jour recevoir la puissance de son don et en modeler un être qui lui survivrait, ce serait Loïca.

En un instant, cette perspective eut un effet dévastateur. Lui, terrifié du vide et de l’absence, du néant et de la disparition, il venait de trouver une alternative à sa propre mort, à son propre oubli. Soudain, il sut profondément qu’une enfant était la solution à ses peurs les plus enfouies. Cette libération le doucha d’un bien-être sans nom, névralgique, une décharge d’endorphine et de sérénité qui fit briller ses yeux comme des saphirs de feu.

Il déciderait quand. Mais il aurait un enfant de Loïca. Il serait son élu, dans tout ce qu’impliquait une telle promesse.

Mais pour ce faire, réalisa-t-il, il devait prouver à Loïca sa sincérité. Lui montrer qu’il serait toujours là pour elle et qu’il la protégerait, comme l’homme qu’il était. Des notions très archaïques qui résonnaient néanmoins dans toute la peur qui émanait de la jeune femme. De la peur et de la colère. Mais aussi tout un tas de subtilités émotionnelles qui la faisaient flamboyer comme un feu follet. Oh, qu’il l’aima, en cet instant, bien loin de ses néfastes et stupides idées de vengeances !

L’émoi qu’il ressentit lorsqu’elle posa son front sur le sien lui rappela ses premières conquêtes. Il laissa un léger sourire fleurir sur ses lèvres, savourant la douceur de sa peau, et son odeur sucrée qui lui emplissait les poumons. Il ne s’attendait pas à ce qui suivit. Vraiment pas.

Son sourire se fana. Puis disparu.

***

Ce n’étaient même pas des images. Ni des sons, ni des sensations. Ce n’était pas qualifiable, parce que ce n’était pas quantifiable, ni dans le temps ni dans l’espace. Simplement, d’une torsion de spire, il n’y avait rien puis il y eut quelque chose. Leurs deux dons qui palpitèrent à l’unisson.
Des arcanes secrets des sens, le dessin explorait les confins de l’esprit humain. Et dans la maelström d’émotion se dégageaient des compréhensions, plus intuitives que construites, des tourments de la dessinatrice. Une compréhension organique, qui coule et remplit, comme de l’eau, ou comme du sang. Un sang chargé d’une mémoire cellulaire plus puissante que l’esprit, puisqu’elle prenait le pas, enveloppait, emportait. Balayait.

Oh, bien sûr, il mettait des mots sur ce qu’il comprenait, des mots et des images, et définitions. Mais après coup. Une fois que la lame de souvenir avait frappé, et tranché au vif de son corps et des souvenirs qu’il recelait. Ce n’était plus vraiment une connexion spirituelle. C’était axonal, névralgique, terriblement corporel.

Il ressentit profondément tout ce qui constituait les expressions charnelles des souvenirs de Loïca. Les microtraumatismes inhérents à la torture de l’esprit comme du corps, les contractions musculaires, les spasmes vasculaires, et la douleur qui, invariablement, en découlaient. Les poussées d’adrénaline comme autant de fleuves hormonaux, la bouche qui s’assèche et les pupilles dilatées de terreur.

Mais par la même la barrière des esprits, même s’il ressortit de cet échange au moins aussi perturbé que Loïca, cela ne changea concrètement pas ce qu’il pensait des pratiques du village. Il comprenait au moins en partie le comportement de ce « Sloann », et ne pouvait qu’approuver l’esthétisme d’un village dédié uniquement à l’art si noble du dessin. Mais ces pensées là, pas question de les partager avec Loïca. Jamais. Il la perdrait.

Elle se détacha de lui dans un soupir frissonnant, les épaules arc-boutées vers l’avant. Comme pour protéger le corps de l’insupportable vérité de l’esprit. Son corps à lui, synchrone au sien, était couvert d’une pellicule crasse de sueur. Ses prunelles étincelaient brutalement, et cherchaient fiévreusement celles de Loïca. Les ressacs mémoriaux agitaient par spasmes les spires qui se contractaient encore douloureusement. Et à chaque cambrure, ça craquait aux coutures. Il grimaçait, et ses douleurs s’espaçaient petit à petit comme la marée qui décroit dans l’obscurité. Mais sous la surface, espiègle et terrifiant, le cauchemar qui glissait le long des nerfs comme un crocodile affamé.

Lev frissonna de tant de terreurs, devant tant de cruauté, même si pour sa part elle lui semblait justifiée. Il frissonna des épreuves qu’avait dû subir Loïca, de sa capacité à surmonter tant de souffrance. Elle était forte. Forte, belle, intelligente, prodigieuse de pouvoir et de sensibilité. Il en retomba presque amoureux.

Son visage masqué était tourné vers lui, en attente. Les cils battaient sporadiquement, cherchant encore à chasser les souvenirs, comme si la dentelle d’or sombre pouvait balayer l’histoire de ce petit mouvement sec et rapide.

Le regard de Lev était lui aussi hanté. Jusqu’au tréfonds nageaient les crocodiles. Il sut que son apparence servirait ses prochaines paroles, et que celles-ci seraient capitales. Il sut également qu’il n’avait pas droit à l’erreur. Qu’au moindre faux-pas, la biche effarouchée s’enfuirait pour toujours, hors d’atteinte. A cette perspective, son visage se para d’un voile d’horreur tout à fait à propos.

Hésitant, il tendit ses deux mains en avant, attendant humblement que Loïca veuille y déposer les siennes. Il baissa les yeux, conscient que de se noyer dans ceux de Loïca ne pourrait que le rendre plus ivre qu’il ne l’était déjà.

Choisissant soigneusement ses mots, il murmura, juste assez fort pour que Loïca l’entende. Sa voix portait l’écho de ses peurs les plus primales.


- Je… Je comprends. Oh, ma Loïca, je comprends.

Ses mains tremblèrent légèrement, plus une vibration, réellement. Soudain, il se mit vivement à genoux, plaquant sa joue contre le ventre de Loïca, bouleversant d’une subite et fiévreuse angoisse. Sa voix était étouffée par la couverture qui drapait encore le corps de la jeune femme.

- Pardonne-moi, ma Loïca, par pitié pardonne-moi. Je ne mesurais pas. Je ne mesurerai jamais, à quel point ça a pu être dur pour toi. Pardon, je suis un monstre d’égoïsme.

Il enroula ses bras autour de sa taille, la serrant contre son visage comme un enfant.


- Pardonne-moi, je t’en supplie. Loïca…

Par le Dragon, il aimait dire son prénom.


- … Loïca, je comprendrais. Si tu ne souhaites plus me voir. Mais je te promets, je te jure… Loïca, je te jure que si par bonheur tu veux encore de moi, je serais ton élu. Le père de tes enfants, ton compagnon, ta protection et ton confident. Je serai… Je serai ce que tu veux que je sois. Tout ce que tu veux. Et ça… ça, Loïca, jamais je ne l’ai dit à personne. Jamais aucune femme ni aucun homme ne peut se targuer d’avoir entendu ces mots. Je t’aime, Loïca, je t’aime à travers le Dragon et sa Dame, le rouge et le bleu, à travers la marée et ses feux. Je t’aime. Je veux être ton élu.

Il n’osa, alors, pas relever la tête. Ses genoux nus devenaient plus douloureux à chaque seconde sur les dalles nues. Mais il n’en avait cure. Il attendit la réponse de Loïca.

Loïca Jil'Wilën
Loïca Jil'Wilën

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MessageSujet: Re: /!\ +18 | Mon masque à moi n'est que de chaire et de sang. [Terminé]   /!\ +18 | Mon masque à moi n'est que de chaire et de sang. [Terminé] Icon_minitimeMer 3 Juil 2013 - 13:29

La jeune femme tremblait encore de son passé. Le souffle coupé, la peau humide non plus des ébats, mais du stress encouru par son dessin. Jusqu’ici elle n’avait utilisé son don que comme stratégie de défense. Elle ne le contrôlait pas, il surgissait juste lorsqu’elle en avait besoin. Par survie, plus que par envie. Avec Lev elle venait de découvrir que ce don des divinités pouvait bien apporter du plaisir. Et elle voulait recommencer, encore et encore, avec lui. Mais pas sans qu’il sache quels chemins il empruntait. Si depuis son entrée à l’Académie, elle n’avait cessé de rompre les règles du village, il lui restait la foi et la croyance. Déshonorer Sloann ne la dérangeait pas. Mais trahir ses dieux, ça jamais. Éprouvée par ce trop plein d’émotions, elle leva des yeux fatigués vers son amant, cherchant dans les siens une trace de réponse. Pourvu qu’il ne fuit pas. Pourvu qu’il ne l’utilise pas à son tour.
Elle ne put cacher son sourire en voyant les deux paumes s’ouvrir à elle, mais n’y posa pas le s siennes de suite. Sa respiration haletante prit le temps de se calmer un peu, avant que Loïca n’acquiesce et accepte de lier ses mains.
Elle doutait qu’il comprenne vraiment. Il ne pourrait jamais vraiment comprendre. Il avait vu, mais n’avait pas vécu. Le trou béant de cette différence les séparerait toujours. Mais il pouvait compatir, et elle préféra entendre ce verbe dans sa bouche plutôt que l’autre. Il était encore là, avec elle, malgré l’horreur des images, malgré ses indécisions, colères et folies. Comment pourrait-il lui prouver plus qu’ils étaient faits pour être ensembles ? Elle eut un petit sursaut lorsqu’il se laissa tomber à genou pour venir coller son oreille et sa joue contre son ventre plat. Et dans la douceur de ce contact brûlant, elle ferma ses pupilles, l’imaginant dans une position similaire, avec pour seule différence que son ventre serait gros. Et cette vision la fit sourire, tandis qu’elle posa sa main sur la tête de Lev, lui caressant les cheveux avec un mélange de douceur et d’envie.
Sa déclaration acheva de la faire fondre. Et chaque mot murmuré contre sa peau lui donnait de nouveaux papillons dans le ventre et de nouvelles chaleurs. Lorsqu’il eut finit, elle se laissa choir au sol, à son tour, et vint enlacer le dessinateur de ses jambes, s’accrochant à lui avec ardeur. Elle prit entre ses mains le visage envoûtant du futur père de ses enfants, et ouvrit ses lèvres pulpeuses pour lui déclarer, elle aussi, toutes les flammes qu’elle pouvait avoir pour lui.

 
-Je t’aime aussi. Et je suis ton élue. Tu es mon brasier, la flamme qui vient me chatouiller pour me réveiller, et je ne veux que toi. Je te voudrais à vie dans mon corps et ma couche. Tout comme je veux reconnaitre le bleu de tes yeux dans ceux de mes enfants.
 
Elle l’embrassa et ses doigts glissèrent du visage pour venir jouer sur son torse.
 
-Et ensembles on apprendra à maîtriser notre don. Notre, car les deux sont trop semblables pour que ce soit anodin. On pourra faire de grandes choses, et cesser d’avoir peur de notre potentiel.
 
L’adrénaline montait dans ses paroles, comme une libération des chaines qu’elles avaient porté toute son enfance. Elle pouvait faire ce qu’elle voulait de son don, à présent. Et ne se sentirait plus jamais seul grâce à cet homme.
Ses lèvres vinrent se poser dans son cou pour y déposer un baiser, tandis que ses bras l’enlaçait de son corps brûlant, collant sa poitrine dressé de plaisir contre son torse.

 
-Regarde. Je vais te montrer quelque chose que je m’amusais à faire, lors de mes rares moments de repos. Souvent, c’était lorsque je retrouvais mon don, perdu l’espace de plusieurs jours par épuisement. J’étais perdu, et je ne savais pas vraiment à quoi servait ce don, sinon renverser les hommes imposteurs. Alors, pour mieux voir celui-ci, je le sortais de moi, espérant à chaque fois qu’il sortirait définitivement.

Ses mains quittèrent sa peau, pour venir se positionner devant son propre cœur, en force de récipient. Elle ferma les yeux, et expira longuement. Elle avait mis du temps à savoir faire cela, et ne savait toujours pas si c’était réellement son don qu’elle sortait de sa poitrine. Chaque fois qu’elle l’avait fait en cachette, cela n’avait pas duré. Si elle voulait que le don sorte pour qu’on la laisse en paix, elle n’allait jamais jusqu’au bout de son acte, par peur qu’on la renvoie du village, le corps brûlé de honte, comme Oryon.
Peu à peu une lueur sortit de l’emplacement de son cœur, et un premier cercle se forma. Bleu. Il flotta au centre du creux de ses paumes, tandis qu’un deuxième basculait dans la réalité. Le jaune vint se placer par-dessus le bleu, en décalé, et coupé, comme sur sa toile. Enfin, un plus petit, rouge, se glissa sous celui du centre, légèrement coupé, lui aussi, pour terminer l’éclipse.
Les yeux rivés sur son don qui se mouvait entre ses mains, elle chuchota.

 
-C’est l’éclipse de mon cœur. Tiens.
 
Elle tendit le dessin à Lev, curieuse de voir s’il pourrait le prendre. Ce qu’il fit, le recueillant précieusement, comme s’il s’agissait réellement du cœur de sa promise. Loïca sourit.
 
-C’est curieux, je me sens à la fois vide, comme si tu venais de prendre mon cœur. Et à la fois complètement pleine. Moi. Tant qu'il est en toi, il est encore en moi.
 
Elle aurait pu tenter de dessiner à nouveau, pour vérifier la théorie, savoir si en s’arrachant l’image de son don, elle pouvait se l’arracher complètement. Mais elle s’y refusa. A présent, elle le voulait ce don. L’expérience serait pour plus tard, ou jamais. Lev regardait ses cercles avec presque autant d’amour que lorsqu’il la regardait elle, et cela ne la gênait pas. Il aimait son don car jumeaux au sien, et pas par intérêt comme le Village.
Il fit signe de lui rendre le dessin, mais elle ne tendit pas ses mains, préférant désigner d’un mouvement de tête sa poitrine. Il comprit, et avec précaution amena les cercles jusqu’au cœur de l’analyste pour qu’ils reprennent leurs places. La jolie blonde ferma de nouveau les yeux, et cette fois-ci inspira. Elle rouvrit ses pupilles noisette pile dans celles d’océan de son amant, souriant.

 
-Combien je t’aime.
 
Une main sur sa joue, elle le fit basculer en arrière pour le coucher, et l’embrassa à nouveau. Elle se foutait d’être nu avec lui sur le sol bien moins confortable que son lit. Tout ce qui l’importait était d’être avec lui. A jamais.


[On peut clôturer par là, et en ouvrir un nouveau ? I love you]

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MessageSujet: Re: /!\ +18 | Mon masque à moi n'est que de chaire et de sang. [Terminé]   /!\ +18 | Mon masque à moi n'est que de chaire et de sang. [Terminé] Icon_minitime



 
/!\ +18 | Mon masque à moi n'est que de chaire et de sang. [Terminé]
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