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 Ô joie, ô espoir, ô spires éternelles !! [Terminé]

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Myra Ril'Otrin
Myra Ril'Otrin

Primat de Kaelem et Maître dessinateur
Messages : 238
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Age IRL : 30


MessageSujet: Ô joie, ô espoir, ô spires éternelles !! [Terminé]   Ô joie, ô espoir, ô spires éternelles !! [Terminé] Icon_minitimeMer 8 Aoû 2012 - 2:20

L'eau glacée glissait sur sa peau d'une pâleur effrayante et s'insinuait dans ses cheveux d'un blond-or passé. Le liquide était d'une froideur sans nom, des frissons cruels parcouraient ses membres, mais un sourire se frayait tout de même un chemin sur son visage. C'était bien le seul moment où elle en avait un à présent. Ses yeux fermés, elle s'abandonnait aux plaisirs de la douche, elle profitait de ce moment de répit dans sa journée. Une bonne demie-heure s'était écoulée alors que le savon s'enfuyait lentement dans les canalisations et que sa main se tendit vers le linge pendu non loin de la douche. Enveloppée dedans, elle détourna son regard du miroir qu'elle fuyait maintenant depuis six mois. Un miroir qu'elle aurait bien cassé si elle n'avait aussi craint les questions qu'il y aurait pu avoir. Elle passait donc devant sans même regarder à l'intérieur. Elle savait se qu'elle allait y trouver. Une femme maigre et sans aucun gout, une femme dévastée par ses rêves brisés. Un vulgaire corps aussi pâle que la neige elle-même. Un corps sans vie.
Non, ce n'était plus un corps sans vie. Elle se refusait toujours à jeter son regard dans la glace, mais elle savait qu'elle n'était plus qu'un simple corps sans âme. Quelqu'un lui avait redonné des couleurs, quelqu'un la sauvait. Varsgorn. Cela faisait depuis deux mois et des poussières qu'il était apparu dans la taverne, qu'il l'avait sorti de là. Cela faisait deux mois qu'ils se voyaient régulièrement, pour ne pas dire tout le temps. Ils passaient du temps ensemble, il lui enseignait comment vivre en paix sans son Don, comment vivre une nouvelle vie. Jamais elle n'abandonnerait ses recherches pour retrouver sa moitié perdue, mais grâce au trésorier, elle se sentait mieux. Elle se sentait revivre.
Il la sauvait. Ce fameux jour où ils s'étaient croisés, elle n'aurait jamais cru qu'elle accepterait qu'il l'aide. Elle n'aurait jamais cru trouver en lui une épaule secouriste. Et cela lui faisait du bien, étrangement.
La dessinatrice se dirigea vers sa penderie et en sortit sa fine robe de chambre. Elle l'enfila, attacha ses cheveux trempés et se glissa au creux de son lit. Sa tête se posa doucement sur ses gros oreillers de différents dégradés de rouge et elle s'était très vite emmitouflée sous ses draps d'un blanc neige incroyable. Elle était prête à se plonger dans les bras de la Dame. A présent, elle n'avait plus peur des nuits, elle ne faisait plus de cauchemars. Ou du moins, elle n'en faisait presque plus.
Fermant les yeux, elle souffla un bon coup avant de sombrer petit à petit dans un sommeil profond.
Inspiration, expiration.
Rêve.


***

Lumière intense. Chaleur ardente. Rouge, orange, or, jaune...
Dégradés de chaleur dans un énorme brasier. Une fournaise.
Une silhouette d'un noir cendre étrange courre entre les milles bras de l'entité.
Le feu consume, il brûle, il tue. Le feu dévore chaque parcelle de son corps, elle n'en a pas conscience.
La silhouette est une femme à la chevelure d'or, aux yeux de flamme. Elle est coincée.
Entourée du feu du désespoir, elle n'arrive plus à avancer. Elle reste là.
Il ne lui reste plus qu'à penser. Penser au passé, penser aux regrets.
Les flammes se rapprochent, elles lèchent les vêtements de la femme. Ils brûlent.
Elle hurle, elle veut s'enfuir. Elle ne le peut. Le brasier est là, à quelques centimètres.
Il frôle son visage de ses longs bras orangés, il veut voler le corps de la femme. Le prendre.
Une silhouette de feu surgit soudain des entrailles de la fournaise et se jette sur elle.
Elle ferme les yeux. Elle hurle.
Noir. Silence.

***


Myra se releva d'un bond, transpirante, haletante. Une chaleur intense se dégageait de la pièce, elle en conclu que ce n'était qu'à cause de son cauchemar. Sauf que ce n'était pas la cause de cette petite lumière qui brillait sur son lit. Lumière qui se transformait petit à petit en flamboiement. La dessinatrice sauta de son lit, affolée.
Une flamme. Ses draps étaient en train de brûler. Perplexe, elle ne réagit pas tout de suite. Elle ne se posa aucune question, elle était simplement surprise. Ses membres retrouvèrent soudain la mobilité et elle se dirigea vers sa salle d'eau. Prenant un linge, elle courut vers son lit et étouffa tant bien que mal les flammes qui commençaient déjà à prendre de l'ampleur. De la sueur perlait de son front, dernier écho du feu et de son cauchemar.
Elle ne comprenait pas comment ces flammes avaient pu partir, elle n'arrivait pas à une explication logique. Rien n'était allumé dans ses appartements, aucun feu de cheminée, pas même une simple bougie. Le noir complet. Comment ces flammes étaient-elles arrivées là ?
Myra changeait ses draps tout en réfléchissant à l'explication la plus plausible. Une explication qui tardait à venir. Une fois son drap brûlé jeté, elle pu se recoucher non sans appréhensions. Les yeux toujours ouverts, elle peinait à se rendormir. Enfaite, elle ne voulait plus dormir. Ces flammes, ce cauchemar. Ce brasier dans son crâne. La dessinatrice craignait à nouveau de se rendormir. Elle ferma tout de même les yeux et laissa son esprit vagabonder dans ses appartements. Lueur grignotait tranquillement dans sa cage, une goutte fuyait du robinet de sa douche, une légère brise réussissait à passer malgré la fenêtre close, une odeur de brûlé s'échappait du tissu blanc, un...
Les sourcils de la dessinatrice se froncèrent. Quelque chose d'étrange venait d'envahir la pièce. Quelque chose qu'elle n'avait pas remarqué, mais qu'elle sentait depuis plusieurs minutes. Une sorte d'appel. Elle ne savait dire se que c'était, mais elle sentait des attraits familier, comme si elle savait au fond d'elle-même se que c'était. Des ondes, de légères trilles, une sensation agréable, presque jouissive. Une présence rassurante.
Ses yeux s'ouvrirent instantanément.
Elle avait compris.
Un espoir naquit en elle, un espoir tant recherché depuis six mois entiers. Un espoir qu'elle avait tant attendu. Un rêve oublié se réalisait alors qu'elle avait perdu toute espérance. Un sourire s'étira sur son visage, ses dents se montrèrent au grand jour. Elle osait enfin espérer.
Cependant, elle avait peur d'être déçue. Et si... et si ce n'était pas se qu'elle pensait, si ce n'était que le simple fruit de son imagination ? Elle avait peur de se qu'elle allait découvrir si elle tentait quelque chose afin de savoir si elle avait raison. Ce serait tellement beau...
La dessinatrice se releva, leva les yeux au ciel.


- Dame, je t'en supplie... ne me fais pas espérer pour rien.

Un murmure. Une demande. Elle se mit sur ses deux pieds, au bord de son lit.
Les spires...
Oui, elle croyait ressentir le doux appel de l'Imagination, de ses chemins sinueux et lumineux. Mais était-ce réellement cela qu'elle croyait sentir à ses côtés ? Elle devait s'en assurer même si elle craignait le résultat. Elle avait une chance sur deux et rien à perdre. Saurait-elle seulement encore comment y aller ? Oui, c'était comme une vieille habitude, cela ne s'oubliait pas. L'Imagination était dans ses veines, dans son corps. Dans son coeur. Elle n'aurait pu oublier le moment magique lors duquel elle passait du monde réel aux spires. Un moment de pur intensité.
Son esprit débuta un chemin déserté depuis six mois, une route qu'elle n'avait pas oublié. Une route tant recherchée depuis si longtemps. Peut-être enfin retrouvée.
Première résistance. Elle ne s'offensa pas le moins du monde. Cela faisait depuis six mois qu'elle n'avait plus senti cette attirance qu'elle affectait tant, elle était prête à réessayer autant de fois qu'elle le pouvait. Autant de fois qu'elle l'avait fait durant ces derniers mois. Et après tout, à présent que Varsgorn était là, elle ne craignait plus de se retrouver définitivement sans Don. Elle avait autre chose en tête.
Deuxième essai. Second échec. Elle sentait de plus en plus les spires, elles étaient proches. Elle le savait à présent, ça ne pouvait être qu'elles. Un sourire barrait son visage, bien plus grand que n'importe lequel qu'elle aurait pu donner à n'importe qui. L'espoir renaissait en elle et ne semblait plus la quitter.
Le troisième essai, elle ne le vit pas passer. Elle eut l'impression de rentrer dans du beurre. Collant, presque visqueux, mais elle rentra. Lorsqu'elle passa enfin ce dur moment, elle se retrouva face à... face aux spires !! De grandes étendues d'un blanc féerique, des chemins sinueux de toute part, des routes immenses qui menaient loin, très loin. Elle ne put résister à l'appel des hautes spires. Elle s'avança et... se heurta à un mur. Elle était coincée, elle ne pouvait aller plus loin. Condamnée aux basses spires. Tant pis ! Elle avait retrouvé le chemin de l'Imagination ! Le reste viendrait peut-être après. Pour l'instant, une boule au creux de son ventre menaçait d'exploser. Une boule de pure adrénaline, de pure joie.
Elle sortit soudain des spires et une folle envie de hurler sa joie la traversa d'un seul coup. Jusqu'alors, elle restait discrête, sûre que son Don était là, près d'elle. Mais à présent qu'elle venait de gouter à nouveau au pouvoir de l'Imagination, elle ne pouvait se retenir. Trop de temps elle avait attendu, trop de temps c'était écoulé.

Elle sortit soudain en trombe de ses appartements sans même prendre le temps de se changer. Il fallait qu'elle le dise à quelqu'un, qu'elle le dise à son ami. A celui qui avait tout vu, le seul qui s'était tut et qui n'avait pas bronché. Celui qui l'avait soutenu en silence, celui dont elle savait avoir le soutiens. Un ami, le premier.
Elle dévala les escaliers de l'aile ouest, se tordit la cheville au passage, se releva péniblement, clopina jusqu'aux escaliers de l'aile est et les gravit à une vitesse phénoménale. Le deuxième étage s'offrit à elle et passant devant les appartements du fauconnier, elle se dirigea vers ceux qu'elle recherchait. Sans même se préoccuper de l'heure très tardive, elle toqua à la porte. Mais attention, ce n'était pas une caresse, loin de là. Elle y allait de toute ses forces et elle ne serait pas étonnée de voir la moitié de l'aile débarquer afin de voir se qui se passait. Elle ne toquait pas à la porte, elle frappait de toute ses forces afin d'être sûre qu'il l'entende.
Elle entendit soudain des pas s'approcher de la porte, lents et endormit. Même lorsqu'elle vit le visage fatigué et tiré de Duncan, elle ne se posa aucune question sur l'heure qu'il était. Elle lui sauta soudain dessus sans prévenir, elle ne lui avait encore rien dit, mais elle, elle savait. Elle voulait le hurler, lui dire à pleins poumons, mais elle était bien trop heureuse et avait besoin de le montrer. Quoi de mieux qu'un câlin voyons ! Et donc, lorsqu'elle lui rendit enfin le contrôle de son corps et accessoirement de ses esprits, elle se recula et ne perdit pas de temps.


- Duncan !! J'ai récupéré mon Don, il est revenu ! Il est là, je sens les spires qui murmurent à mes oreilles !

Elle était devenue folle, elle ne tenait plus en place. Même le fait d'en avoir parlé au maître des légendes ne lui suffisait pas. Elle était prête à sauter jusqu'au plafond, quitte à réveiller tout le monde. Comme une enfant.
Elle ne s'était même pas encore rendue compte que son ami était en peignoir, d'un magnifique violet d'ailleurs, qu'il venait de se réveiller d'un long rêve qu'elle venait d'écourter de manière peu civilisée.
Elle souriait bêtement et jouait avec le spires.
L'Imagination lui avait tant manqué.


Duncan Cil' Eternit
Duncan Cil' Eternit

Maître des légendes et d'animisme et primat d'Aequor
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MessageSujet: Re: Ô joie, ô espoir, ô spires éternelles !! [Terminé]   Ô joie, ô espoir, ô spires éternelles !! [Terminé] Icon_minitimeVen 10 Aoû 2012 - 22:24

Au nom de la Dame et de ses nageoires, où les élèves pouvaient-ils bien lire ce genre de choses ?
Non, vraiment, il fallait qu’il ait une petite discussion la bibliothécaire, Kehlia Talan. C’était une jeune personne très gentille, très à l’écoute de tout ce qu’on pouvait lui dire et étonnemment cultivée en matière de livres alaviriens malgré son jeune âge, mais elle manquait tout de même un peu de jugeote.
Ou bien elle n’avait pas fait le tri dans les rayonnages depuis un très long moment. Mais c’était scandaleux. Proprement scandaleux.
Pour un peu, il descendrait lui-même dans les rayonnages de la bibliothèque pour en retirer les ouvrages qu’il jugeait scandaleux. Pour un peu seulement, parce que Duncan, sans encore se l’avouer complètement, vieillissait, et lorsque l’on vieillit, on ne peut plus faire de choses aussi aventureuses que déplacer des livres toute la journée. Avez-vous pensé à la fragilité croissante de son dos et à l’arthrite qui commençait à rigidifier ses mains ?

Toujours est-il qu’en fin de journée, après un cours de légendes relativement fatigant en raison d’élèves déconcentrés, Duncan avait dirigé ses pas tranquillement vers la grande bibliothèque. Il s’était enquis auprès de Khelia d’un certain livre de conte où était narrées les aventures de Bomon d’Ombreuse.
Scandaleux, proprement scandaleux.
Laisser des livres pareils, avec des histoires pareils, entre les mains des élèves de Merwyn. Ils risquaient de prendre le mauvais exemple !

Bien entendu, Einar Soham n’était pas le seul élève inconscient à avoir laissé échapper d’aussi terribles d’histoires pendant les cours, et Duncan allait se mettre en quête de tous les volumes contenant des histoires aussi sanguinaires et fallacieuses, en temps venu.
Mais pour l’instant, le soleil s’était couché, il était fatigué, et les épais volumes de poussière étaient très lourds. Aussi remit-il au lendemain sa quête de purification des livres de la bibliothèque. Il repartit en direction de ses appartements à pas mesurés, le recueil de contes calé sous le bras.

D’ordinaire, Duncan était un couche-tôt, comme toutes les vieilles personnes. Certes, il entrait à peine dans la catégorie des vieilles personnes, mais une récente toux le fatiguait bien plus que d’ordinaire. Et il avait bien trop de jugeote pour espérer que cette toux parte un jour, aussi l’avait-il acceptée comme une partie du reste de son existence.
Ce soir-là, Duncan Cil’ Eternit se coucha encore plus tôt que d’ordinaire, à l’heure où la plupart des élèves finissaient tout juste leur repas. Il avait soupé à part, d’un plateau que le cuisiner avait eu la gentillesse de lui faire porter, tout à la lecture d’un petit volume sur l’ère des Ts’liches.

Le vieux professeur de légendes et de lettres s’endormit difficilement, tout à sa solitude, comme ça lui prenait parfois. Il se retourna longtemps entre ses draps de lin, ressassant sa journée. Le jeune Mil’ Sha était un élève particulièrement indiscipliné, et qu’il considérait comme un jeune adolescent doté d’un pouvoir immense mais dénué du moindre sens des responsabilités. Il n’y avait pas grand-chose qu’il puisse faire à ce sujet, à part en parler à Myra, son Primat. Le vieil homme affectionnait particulièrement Gwëll Yil’Sleil et la plupart de ses camarades Aequor, d’autant plus qu’il était leur Primat. La jeune fille avait la fragilité de l’innocence couplée à une remarquable imagination, aussi belle que fleurie, et qu’il affectionnait. D’autres élèves avaient attiré son attention, comme cette Astragal Clegane, remarquablement timide pour une jeune fille de sa carrure.
Ses pensées finirent par se mélanger dans son esprit, comme cela arrive souvent lorsqu’on est sur le point de s’endormir, et Duncan s’endormit petit à petit, secoué parfois par la toux qui lui mangeait petit à petit les poumons.

Il se réveillla en sursaut. On tambourinait à sa porte. Le vieil homme de lettres poussa un soupir de fatigue, comme si tout le poids du monde pesait sur ses épaules. A la raideur de ses membres, il venait tout juste de s’endormir lorsque l’inconnu l’avait réveillé brusquement.
Par gestes lents, le professeur s’emmitoufla dans son peignoir de damas rembourré, et posa ses bésicles sur le bout de son nez. La flamme de la chandelle tremblota lorsqu’il saisit le bougeoir. Enfin, il se dirigea vers la porte de ses appartements, à laquelle l’inconnu continuait de faire un vacarme d’enfer.
Qui pouvait bien demander sa présence à cette heure-ci de la nuit, de toute manière ?
C’était sûrement encore une farce d’élèves. Ce n’était pas la première fois que des Kaelem frappaient à la porte d’un professeur en plein milieu de la nuit et s’enfuyaient dans les couloirs lorsque la victime ouvrait, les yeux bouffis, la porte de ses appartements.

Quelle ne fut pas sa surprise et son effroi lorsqu’en ouvrant le battant de la porte, il fut agressé par… par il ne savait trop quoi. Enserré par quelqu’un qui n’avait pas l’air de vouloir le lâcher tout de suite, Duncan manqua de chanceler. Des dizaines de questions se bousculèrent dans son esprit, quant à l’identité de son agresseur et à la raison pour laquelle on le réveillait en pleine nuit pour lui sauter dans les bras.
Gentilhomme qu’il était, il tapota néanmoins deux trois fois dans le dos de l’inconnnue. La carrure prouvait que ça ne pouvait être un homme, et le parfum de ses cheveux lui était familier.

- Myra !
eut-il tout juste le temps de faire lorsque sa collègue s’écarta. Il dut plisser des yeux dans ses bésicles pour distinguer ses traits dans la pénombre.

Elle lui dit enfin la raison de son réveil brutal, et un sourire ensoleillé se peignit dans son visage aux traits tirés. Il prit la main de Myra et la serra chaleusement !

- Quelle merveilleuse nouvelle, ma chère amie !

Un bruit de pas se fit entendre dans le couloir et la silhouette de Gareth se dessina à la limite de sa chandelle. Il était également dans ses pyjamas et ses cheveux en pétard signalaient qu’il venait d’être réveillé par le vacarme qu’avait fait la Primat dans le couloir. Malgé sa mine ensomeillée, il avait les yeux alertes, et la main portée sur une arme que le professeur ne discernait pas. Duncan lui sourit et répondit, la voix basse :

- Ce n’est rien, monsieur Wilth, je ne suis pas attaqué. C’est uniquement ma collègue, Miss Ril’ Otrin, qui vient m’annoncer une très bonne nouvelle. Veuillez nous excuser de vous avoir réveillés.


Le fauconnier repartit dans ses appartements en maugréant, et Duncan poussa un petit soupir amusé, suivi d’un baillement qu’il étouffa poliment dans sa main.

- Venez, entrez, Myra, nous serons plus confortablement installés à l’intérieur, et nous risquerons moins de déranger notre pauvre ami fauconnier.

Ils s’installèrent tous les deux dans deux fauteuils mitoyens, comme cela arrivait régulièrement quand elle lui rendait visite. Duncan alla allumer deux autres candélabres posés sur des commodes ou des tables basses, et la pièce baigna bientôt dans une lueur orangée. Le sourire de Myra ne s’était toujours pas éteint, et elle trépignait manifestement, au point qu’elle se releva presque instantanément pour faire les cent pas dans la pièce. Duncan resta, quant à lui, assis. La fatigue le tiraillait, et ses vieilles jambes le suppliaient de s’asseoir pour se reposer.

- Quelle heureuse nouvelle, vraiment ! La Dame soit louée ! Nous devrions aller lui offrir une prière pour son heureux cadeau. Mais dites-moi, chère amie, racontez-moi tout. Je n’y comprendrai sans doute pas grand-chose, mais je tiens à connaître tous les détails de ce petite miracle !

Malgré la fatigue, et la douleur de ses articulations, Duncan sentait une chaleur heureuse se répandre sans son âme. Il était convaincu, au fond de lui-même, qu'il était arrivé à un âge où il était devenu dérisoire que l'on s'occupe de lui, alors qu'il pouvait rendre son entourage heureux en les écoutant, en étant pour eux une présence amie à qui ils pourraient se confier, comme c'était le cas pour sa collègue et amie Myra, pour qui il éprouvait une affection toute paternelle.


Myra Ril'Otrin
Myra Ril'Otrin

Primat de Kaelem et Maître dessinateur
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MessageSujet: Re: Ô joie, ô espoir, ô spires éternelles !! [Terminé]   Ô joie, ô espoir, ô spires éternelles !! [Terminé] Icon_minitimeMar 14 Aoû 2012 - 1:32

Duncan prit la main de la dessinatrice dès que la nouvelle arriva à ses oreilles, dès qu'il compris les paroles qu'elle avait prononcé. Il était réellement heureux pour elle. Myra aimait voir un sourire sur le visage de l'homme et il venait de lui en offrir un extraordinaire. Oui, c'était une merveilleuse nouvelle pour lui, mais tellement plus pour elle ! C'était la promesse de son retour, la promesse du commencement de sa nouvelle vie. L'entrée fracassante de Varsgorn dans sa vie, et maintenant le retour de son Don. Elle se sentait revivre. Son coeur battait la chamade, un feu brûlant inondait son ventre, un bonheur infini semblait la submerger de toute part. Elle était heureuse depuis un bon mois et le retour de son Don la rendait plus encore.
Un bruit de pas résonna dans le couloir, des pas pressés. Myra se retourna et aperçut la silhouette du fauconnier dans l'encadrement de la porte. Ah, elle savait que le vacarme qu'elle avait fait allait réveiller des gens, entre autre le voisin de palier de Duncan, ce fauconnier-ci. En pyjama, il avait la tête de celui qui venait de se faire réveiller en sursaut, même si les grandes cernes qui s'étiraient sous ses yeux montraient qu'il ne devait pas dormir beaucoup. La femme connaissait très bien ces poches pour les avoir possédé durant plusieurs mois.
Gareth était en position de combat, il avait visiblement cru que son voisin était victime d'une attaque. Une arme en main, il était prêt à bondir sur l'intrus. Sauf que l'intrus était la Primat, rien de plus. Elle ne ferait pas de mal à une mouche, autant dire qu'il s'était affolé pour rien.
Le maître des légendes le rassura à voix basse, comme si des gens dormaient encore dans cet étage, avant qu'il ne s'éloigne en grommelant. La dessinatrice se retourna face à Duncan et le surpris à bailler, à s'en décrocher la mâchoire. Elle se rendit soudain compte qu'elle l'avait réveillé. Oui, elle n'en avait pas conscience jusque là, elle avait tant eu envie de le dire à son ami. Elle voulait qu'il soit le premier à découvrir la bonne nouvelle et n'avait pas voulu attendre le matin. Elle avait donc omis de prendre en compte l'heure très tardive. Le pire était qu'elle ne s'en voulait même pas, le sourire qu'il lui avait lancé valait des centaines de nuits écourtées.
Il l'invita à entrer afin de s'assoir, mais aussi pour ne pas déranger plus longtemps le fauconnier. Même si elle doutait qu'il ne se rendorme avec les cernes qui soulignaient ses yeux océans.
Elle se posa dans le canapé qu'elle avait maintenant l'habitude d'occuper à chacune de ses visites, mais elle ne tenait pas en place. Elle se força tout de même à rester assise quelques instants, du moins le temps qu'il reprenne ses esprits et qu'il comprenne se qui était en train de se passer. Il alluma des bougies et elle put enfin réellement voir les traits tirés de son ami. Elle s'en voulait tout de même un peu de l'avoir réveillé en pleine nuit avec autant de vacarme. Mais son sourire était toujours présent, infatigable. Une fois le maître des légendes assis, elle se releva. Elle ne pouvait pas rester sur place, elle était bien trop impatiente de voir se dont elle était capable. Elle était impatiente de savoir si elle récupérerait son Don en un seul morceau même si le résultat pouvait la décevoir. Elle ressentait à nouveau les spires, c'était un cadeau bien suffisant pour elle. Que demander de plus pour un dessinateur perdu que de récupérer la clé de l'Imagination ? Elle se retourna au moment même où son ami prit la parole, alors qu'elle commençait à se masser les mains en quête d'un calme caché.
Offrir une prière à la Dame pour son heureux cadeau ? Myra ne savait même pas comment elle avait perdu son Don, alors comment savoir par quel miracle elle l'avait récupéré ? Elle ne donnait pas le retour de son Don à une intervention quelconque de la Dame, ça non. La femme avait pensé plusieurs fois que la forme qu'elle avait croisé dans les spires aurait pu être la Dame ou son Héros. Même si elle trouvait cela absurde, elle avait émit cette hypothèse en désespoir de cause. Pour trouver une explication plus ou moins rationnelle. Non, elle ne remercierait pas la Dame ni le Dragon.
Elle n'avoua pas ses pensées à Duncan afin de le laisser croire à ces divinités dont elle ne raffolait guère. Lorsqu'elle prononçait leur nom, c'était généralement par pur réflexe. Comme tout à l'heure, dans ses appartements. Elle avait lancé une prière à la Dame simplement par pur habitude donnée par ses parents.
Il lui demanda de tout lui raconter. Un miracle. Oui, c'était un miracle, une chance inespérée. Elle n'y croyait toujours pas, elle avait l'impression d'être dans un rêve. Un rêve bien réel.
Sans attendre une minute de plus, elle planta son regard dans celui de son ami et commença son récit.


- Je ne sais pas comment c'est arrivé, j'étais persuadée que je ne sentirais jamais plus les spires. J'étais persuadée que l'Imagination m'était à jamais interdite. Mais je me suis trompée !

Son sourire s'accentua. C'était certes quelque chose de difficile d'accentuer un sourire déjà si grand, mais elle y arriva pourtant. Elle aimait beaucoup Duncan, elle appréciait le caractère de l'homme et sa finesse d'esprit. Il savait toujours quoi dire et lorsqu'elle était avec lui, il lui semblait qu'elle pouvait tout lui dire. Elle lui faisait confiance, bien au delà de se qu'elle imaginait. Elle n'avait jamais eu de réel ami depuis son enfance et Duncan devait bien être un des premiers en qui elle plaçait sa confiance. Un confident. Un ami.
Elle l'observait en pensant à ces moments durant lesquels il l'avait aidé. Son sourire ne disparaissait pas.
Sortant de ses pensées, elle se rendit compte de la légère attente qu'elle venait de créer en Duncan. Il était impatient de connaître l'entière vérité et elle, elle s'étalait sur des souvenirs.


- Depuis plus d'un mois, mes pensées n'étaient plus continuellement fixées sur le Dessin. Je crois qu'elles s'étaient tournées vers autre chose...

Comment mettre un sourire sur un autre ? Impossible. Celui qu'elle avait déjà en stock continuait d'éclairer son visage alors qu'elle pensait à ses nouvelles préoccupations. A se qui occupait à présent ses pensées. A sa rencontre qui s'était produite il y avait de cela deux mois, une rencontre au dénouement plus qu’inattendu. Jamais elle n'aurait cru que Varsgorn l'aiderait après les paroles acerbes qu'elle lui avait donné. Mais il ne l'avait pas lâché, il s'était buté et l'avait suivie. Il l'avait aidé à oublier l'Imagination, il l'avait aidé à trouver un autre centre de pensées.
Elle s'assit un peu et fit face à son ami avant de recommencer son récit.


- J'ai l'impression que ce mois dernier m'a été bénéfique, mais je ne saurais dire pourquoi...

Un déclic se produisit, une théorie se créa dans son esprit. Ses yeux s'illuminèrent de plus belle.

- Mais vous rendez-vous compte de se que cela signifie ? Quelque chose a provoqué le retour de mon Don, sinon pourquoi l'aurais-je retrouvé après six mois ? Pourquoi pas avant ou... jamais ?

Myra était émerveillée par se qui venait de se passer. Les sentiments, les pensées interféraient donc avec l'art du Dessin. Elle l'avait toujours un peu soupçonné, mais jamais testé elle-même. Elle allait très vite se pencher sur la question, mais pas tout de suite. L'instant était au récit et non aux théories.
Elle s'approcha encore et lui avoua que son Don venait à peine de refaire surface.


- Tout à l'heure, j'ai fait un rêve étrange dans lequel tout autour de moi n'était que brasier. Des flammes immenses m’entouraient, m'encerclaient, je ne pouvais fuir. C'est alors que je me suis réveillée en sursaut et vous ne devinerez jamais se que j'ai découvert à mon réveil... Des flammes !! J'avais crée des flammes durant mon sommeil ! Au début, je n'ai pas pensé d'où pouvait bien venir ce feu, mais ce n'est seulement lorsque je me suis recouchée et que mon esprit était alerte que je l'ai senti. J'ai senti l'Imagination ! Elle était là, toute proche, elle m'appelait !

Son coeur avait triplé de cadence, elle n'en croyait toujours pas ses yeux.

- Mon cauchemar a sans doute déclenché une réaction dans mon esprit, apaisé par mon oubli presque total de l'Imagination de ce mois dernier, qui a ouvert à nouveau les spires à ma volonté. Et c'est tout bonnement incroyable ! Je... je n'y croyais pas, mais c'est réel ! Je les sens encore maintenant !

Son sourire semblait infatigable, il ne faiblissait jamais.
Elle regardait son ami droit dans les yeux, elle n'attendait même pas de réaction, elle était simplement heureuse d'avoir pu partager ce miracle avec celui qui l'avait découverte assommée à terre il y avait de cela six mois.




Duncan Cil' Eternit
Duncan Cil' Eternit

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MessageSujet: Re: Ô joie, ô espoir, ô spires éternelles !! [Terminé]   Ô joie, ô espoir, ô spires éternelles !! [Terminé] Icon_minitimeMar 14 Aoû 2012 - 19:56

Le dos enfin confortablement installé dans le fond de son fauteuil rembourré, Duncan ne se déparait pas de son doux sourire. Un sourire beaucoup moins grand et éclatant de joie pure que Myra, évidemment, mais tout aussi chaud et heureux qu’elle pouvait l’être.
Car sa collège rayonnait littéralement. Machinalement, elle marchait par petits cercles concentrés et craquait régulièrement ses jointures, jouait avec ses ongles. Intérieurement, Duncan était satisfait de la voir à nouveau heureuse, lui qui avait connu les premières heures de son malheur et qui avait ensuite passé de très nombreux moments à tenter de la consoler, lorsqu’elle venait dans ses appartements pour discuter. Elle avait toujours l’œil sombre et le teint pâle lorsqu’elle venait s’échouer dans son fauteuil, en quête d’une solution qui n’existait pas ou qu’il était incapable de lui apporter, il l’entretenait alors de la vie de l’Académie, des élèves qu’ils avaient en commun, des très bons livres qu’il lui recommandait, parfois de leur vie respective, sans qu’il ne s’étendît jamais sur la sienne propre afin de ne jamais jeter un voile supplémentaire sur l’humeur de son amie..
Toujours, il arrivait à lui faire décocher un petit sourire dans ces discussions, peut-être quelques fois à la distraire de ses malheurs, mais il savait pertinemment que du moment qu’elle franchissait son seuil pour s’en aller, les soucis abaissaient ses paupières, voûtaient ses épaules et ternissaient l’éclat de ses joues, sans qu’il ne pût rien y faire.

Mais là, tout était terminé, et les nuages avaient changé de ciel, et Duncan, à sa façon, partageait la joie immense de son amie, comme un père partageait celui de sa fille, bien qu’elle ne fut que de dix ans sa cadette.

Comme il savait si bien le faire, Duncan prêta une oreille attentive au récit qu’il avait demandé, et nota avec une certain amusement la difficulté de Myra à remettre les évènements dans l’ordre. Il était, métaphoriquement bien entendu, accroché à ses lèvres. La fatigue le cédait à l’énervement du moment.

Autre chose, dites-vous ? Sans pouvoir l’empêcher, un petit sourire malicieux fendit les traits tirés du Maître de Légendes et de Lettres. L’hésitation de la Primat des Kaelem, et la manière qu’elle avait de préciser à plusieurs reprises que le mois précédent avait été décisif, permettait sans difficulté de deviner ce dont elle pouvait bien parler. Cependant, il ne dit rien et se contenta de rire intérieurement. Le temps des questions viendrait après, et pour l’instant, il était simplement amusé qu’elle ait manqué de lui raconter ce qui lui était arrivé voilà un mois, comme une jeune fille rougirait de ses agissements passé cinq heures du soir.
Il la laissa continuer ses réflexions, car manifestement, elle comprenait de nouvelles choses au fur et à mesure qu’elle parlait –et fort, sans s’en rendre compte, un peu trop fort pour les oreilles fatiguées du vieux professeur.

Vint enfin, alors qu’il était tout ouïe, le récit en lui-même, et ce qui l’intéressait le plus. Même s’il ne pouvait pas comprendre les Spires intrinsèquement, il sentait les mots se bousculer sur les lèvres de sa confidente.
Néanmoins, à peine était-elle à la moitié de son récit que le cœur de Duncan manqua de se décrocher, et il manqua de se lever, dans un mouvement de réflexe. Voyant qu’elle continuait gaiement son récit, il se contenta de serrer le bras de son fauteuil entre ses mains, à en blanchir ses jointures enflées. Des flammes. Durant son sommeil, entourée de flammes, et elle le disait sans comprendre le danger. Et elle s’était recouchée.


Son cœur avec triplé de cadence, à lui aussi, mais il doutait que ça soit pour les mêmes raisons que Myra. Finalement, il n’y tint plus, et lorsqu’elle eut terminé de parler, attendant avidement une réaction de sa part, il se leva, le visage un peu pâle et les mains plus tremblantes que d’ordinaire.

- Des flammes, par la Dame, Myra, vous n’êtes pas blessée, j’ose espérer ? Et vos affaires, vous disiez être entourée de flammes durant votre sommeil ! Oh dame, ne me faites plus de telles peurs !


Il lui avait tenu la main par inquiétude tout du long, mais il finit par retrouver ses sens au bout de quelques secondes, grâce au sourire de Myra. Evidemment qu’elle n’était pas blessée, puisqu’elle était venue le voir pour lui raconter au lieu d’aller à l’infirmerie et n’exprimait sur son visage aucun sentiment de douleur ou de contusion. Mais tout de même, le vieil homme savait que dans de tels états d’extase, il arrivait parfois aux gens de ne pas sentir la douleur ou de ne pas être dans un état suffisamment rationnel pour s’en rendre compte.

- Evidemment que non, vous n’avez rien, puisque vous êtes devant moi et éclatante de joie, mais faites attention quand même !

Il se massa son vieux cœur pour se réconforter, et s’humecta les lèvres. Puis son visage s’éclaira de nouveau. L’inquiétude était passée, et même s’il sentait encore cogner son cœur, il la savait hors de danger. Il resta debout, afin de ne pas montrer que la fatigue pesait sur ses vieux membres. Mais la malice teinta de nouveau les angles de son sourire, alors qu’il prenait une voix murmurante pour lui demander :

- Un mois vous dites ? Ah, Myra, ma chère Myra, vous me faites ici des cachotteries, n’est-ce pas ? Cette autre chose ne serait pas plutôt un autre quelqu’un ? Ah, me seriez-vous infidèle ?
termina-t-il d’un ton humoristique prompt à agrandir le sourire de son amie, et ils éclatèrent de rire ensemble.
- Mais asseyez-vous donc, vous allez creuser un sillon dans mon parquet si ça continue ! Je vais nous faire un thé, les dispositions habituelles, je suppose ?


Elle lui répondit par l’affirmative, et par cette magie qui n’appartenait qu’à l’homme de lettres, un service à thé apparut aussitôt sur la table basse, et la bouilloire commença se faire bouillir l’eau dans la cheminée que Duncan gardait tout le temps ronflante d’un feu revigorant. Myra était venue si souvent qu’il connaissait par cœur les tisanes et les infusions qu’elle préférait, et il ne manqua pas de lui choisir celui qu’elle affectionnait particulièrement.
Préparer le thé lui permettait toujours de remettre ses idées en place, et se concentrer sur les gestes machinaux aidaient à chasser la fatigue qui lui collait au corps. Les flammes des chandelles brûlaient haut et dissipaient les ténèbres de la pièce. Le bruit de l’eau bouillante qui coulait dans les petites tasses en porcelaine, en étain ou en faïence selon l’occasion –Duncan avait une collection impensable de services à thé, le bruit de l’eau bouillante donc apaisait ses sens. C’était un bruit qui avait accompagné toute sa vie depuis qu’il pouvait s’en souvenir, un bruit doux comme seuls le sont certains bruits, et qui vous transcende les sens comme une cascade le long du dos.

Enfin il se rassit, présentant sa tasse à Myra, même s’il se doutait qu’elle était bien trop excitée pour arriver à tenir sa tasse en place, avec le liquide brûlant.

- Incroyable, le mot est faible pour décrire ce qu’il vous arrive, vraiment. Puisque vous êtes capable de sentir les Spires en ce moment-même, seriez-vous capable de dessiner de nouveau pour me montrer à quel point votre Don est sublime de nouveau ? Attention à ne pas brûler mes tapisseries cependant, j’y tiens beaucoup! Mais avant, n'espérez pas vous en sortir sans me raconter les heureux évènements du mois passé
finit-il d’un rire franc.




Myra Ril'Otrin
Myra Ril'Otrin

Primat de Kaelem et Maître dessinateur
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MessageSujet: Re: Ô joie, ô espoir, ô spires éternelles !! [Terminé]   Ô joie, ô espoir, ô spires éternelles !! [Terminé] Icon_minitimeMar 21 Aoû 2012 - 16:35

Lorsqu'elle eut achevé son récit, Duncan se leva d'un bond, le visage un peu plus pâle que d'habitude et après avoir prit sa main entre les siennes, parla avec inquiétude. Il s'inquiéta soudain des flammes qui s'étaient alors allumées sur les draps de Myra. Blessée ? Elle n'avait rien senti, elle n'avait même pas regardé si les flammes avaient brûlé autre chose que du tissu. Non, elle ne souffrait pas et elle n'avait pas l'impression que quelque chose clochait.
Entourée de flammes durant son sommeil ? Elle ne put s'empêcher de retenir un léger sourire. Les flammes gigantesques n'étaient que le fruit de son cauchemar, rien d'autre. Son lit n'avait été victime que de quelques flammèches sans grandes conséquences. Le professeur venait de paniquer pour des broutilles – d'après elle – , mais elle était touchée par cette attention qu'il lui donnait. Elle n'avait jamais réellement eu d'ami noble et ne savait pas comment se comporter avec eux, mais avec Duncan c'était différent. Elle pouvait dire se qu'elle pensait sans avoir besoin de retenir sa langue à chaque phrase qu'elle voulait prononcer. Ils avaient presque le même fonctionnement de pensées et acceptaient chaque opinion, différentes soient-elles.
Elle lui offrit un sourire et il sembla être un peu soulagé. Elle voulut le rassurer, lui dire que tout allait bien, mais il la devança. Il répondit à sa propre question.


- Je vous le promet, je ferais attention.

Il semblait se remettre de ses émotions alors que son visage s'éclaira d'un nouveau sourire. Toujours debout, elle perçut un éclat de malice passer au coin de ses lèvres. Elle sentait qu'il allait finir par lui dire se qu'il avait derrière la tête, car ce sourire en coin présageait une question, voir même plusieurs. Elle ne se trompa pas, car il reprit bien vite la parole.
Son sourire s'étira encore plus lorsqu'elle entendit le sujet de cette soudaine malice et le rouge lui monta aux joues, mais le rire fusa bien vite, car Duncan ne put s'empêcher de finir sa quatrième question sur un ton humoristique. Quelques minutes s'égrenèrent alors qu'ils tentaient de reprendre leur calme. Il lui enjoignit de s'assoir, se qu'elle fit sans rechigner. Il fallait dire qu'elle n'était pas contre se poser un peu dans un bon fauteuil, surtout dans le fauteuil en cuir marron dans lequel elle venait oublier ses soucis à présent presque révolus.
Duncan lui proposa soudain du thé ; il savait exactement comment elle l'aimait. Elle acquiesça et le service à thé apparut sur la table basse. L'eau commença à bouillir sur un feu chatoyant. Cette scène, elle l'avait vécu tant de fois. La plupart du temps – pour ne pas dire à chaque fois – elle venait pour oublier ses problèmes. Parler de choses et d'autres avec son ami, sourire parfois même. Elle le vit prendre le thé qu'elle affectionnait le plus et elle sentait déjà les effluves de la tisane.
Plusieurs minutes s'écoulèrent durant lesquelles la bouilloire sifflait inlassablement, où les chandelles éclairaient leur sourire respectif. L'eau était enfin prête et le son apaisant du liquide dans les tasses résonna. Duncan tendit bientôt la tasse remplie à la dessinatrice qui la prit avec plaisir. La chaleur de la tasse se confronta à la froideur de ses mains. Il se rassit et recommença à lui parler sans qu'elle ne puisse placer un mot.

Incroyable, oui le mot était faible. Bien trop pour exprimer se qu'elle ressentait. Revoir les spires était pour elle une idée qu'elle avait abandonné, mais à présent cela lui était possible. Un choc lui traversa soudain l'esprit ; lorsqu'elle s'était rendue compte que l'Imagination était à nouveau à sa portée, elle ne s'était même pas jeté dedans afin de voir les nombreuses spires qu'elle avait tant parcourues. Non, elle s'était dirigée en hâte chez son ami, sans même penser à vérifier ses soupçons. Et si elle s'était trompée ? Si ce n'était pas les spires qu'elle sentait, mais le simple fruit de ses rêves oubliés ? Non, cela ne pouvait être ça. Elle avait vu les quelques flammèches, elle les avait éteintes. Ce feu ne pouvait être apparu de nul part comme cela, c'était tout bonnement impossible. L'Imagination était à nouveau devant elle, tout autour de son esprit, elle lui murmurait sa présence. Une présence qui se voulait moins rassurante que d'habitude. Le temps où elle n'avait qu'elle dans sa vie était révolu ; elle avait un ami qui l'écoutait et un autre homme qui comptait bien plus pour elle que se qu'elle voulait bien croire.

Elle émit un léger rire lorsqu'il fit allusion à ses tapisseries et aux flammes qu'elle avait créé par accident, mais elle ne put continuer sur sa lancée. La question suivante – qui n'en était pas réellement une – la laissa bouche bée et la fit rougir instantanément. Son rire résonna dans ses oreilles et fit accentuer le rouge qui lui montait aux joues depuis qu'elle avait parler de cet événement. A présent, il voulait connaître le sujet des mois derniers. Les joues de la dessinatrice ne semblaient pas vouloir redevenir roses, bien au contraire. Le regard de Duncan l'accentuait bien plus.
La gêne s'installa en Myra, elle sentait qu'elle n'aurait pas dû parler des mois derniers. Elle n'avait jamais parlé à personne de ce genre de situations et ne savait pas trop par quoi commencer. En réalité, elle ne savait pas si elle avait envie de tout lui dévoiler maintenant. Les choses venaient à peine d'être claires dans son esprit, elle voyait les regards que l'homme concerné lui lançait et sentait les battements de son coeur. Cette complicité étrange qui s'était installé entre eux alors qu'elle ne l'avait traité en ami lorsqu'ils s'étaient croisés pour la première fois, ces rires qui fusaient bien plus souvent que lorsqu'elle se retrouvait avec Duncan – même si elle appréciait énormément leurs rendez-vous – , ces sourires qui avaient petit à petit commencer à illuminer son visage. Depuis leur rencontre, depuis que Myra avait décidé qu'elle accepterait son aide, ils se voyaient souvent, bien plus que le nombre de cours qu'elle donnait. Car il fallait le dire, elle avait perdu le gout pour enseigner. Sans son Don, à quoi bon.
Elle ne savait pas si elle pouvait parler de tout ça avec Duncan. Il était son ami, il l'écoutait, elle appréciait leurs conversations bien plus que n'importe quelles autres, mais pouvait-elle lui en parler pour autant ? Elle était gênée, le rouge s'accumulait encore et encore sur ses joues.
Elle se décida enfin à parler.


- Oh, ce n'est pas grand chose. Une simple rencontre... qui m'a aidée à comprendre que le Dessin n'était pas la seule chose qui pouvait diriger mon existence.

Pas grand chose. Il n'allait tout de même pas se contenter de cela, il n'était pas dupe. Ça se voyait sur le visage de la femme, ce n'était pas qu'une simple rencontre. Au début, elle ne s'attendait certes pas à se que tout ceci prenne de telles ampleurs. Elle pensait simplement trouver en lui un ami, quelqu'un qui pourrait l'aider à surmonter ses démons.
Non, Duncan n'allait pas gober de telles explications.
Myra fit mine de sourire, d'oublier le rouge qui ne descendait toujours pas, et leva la tasse pleine de thé à ses lèvres. Le liquide brûlant coula à petites gorgées dans sa gorge.


- Vous vous êtes encore surpassé, votre thé est divin. Comme d'habitude me direz-vous !

Un clin d'oeil. Tentative naïve de détourner la conversation.
Le professeur n'avait pas oublié sa requête, il voulait connaître toute la vérité. Un silence lourd commençait à poser son voile dans la salle et la dessinatrice savait pertinemment se qui tournait dans la tête de son ami. Elle posa sa tasse sur ses genoux, elle sentait que ses mains commençaient à trembler à cause de cette soudaine panique provoquée en elle par cette demande. Elle souriait toujours, le visage presque cramoisi. Duncan insista soudain afin de connaître les véritables faits. Il ne la croyait donc pas. Comment croire quelqu'un qui venait de tenter de détourner la conversation de manière aussi maladroite ?
Il insistait encore. La primat ne pouvait se résoudre à lui répondre, elle ne savait pas quoi lui dire. Une envie soudaine de titiller la curiosité du professeur la submergea ; elle était de bonne humeur et prête à jouer. Elle n'allait pas lui laisser la tache aussi facile.


- Ce fut une rencontre fortuite qui n'est pas dénuée d'importance, dirons-nous.

Elle lui adressa un sourire agrémenté d'un léger clin d'oeil. Une rencontre qu'elle regrettait pour rien au monde, même si sur le moment elle aurait voulu qu'il disparaisse afin de la laisser à sa beuverie. Elle aurait voulu qu'il la laisse à son oublie, mais il ne l'avait pas fait. Il s'était accroché tel une sangsue sur sa proie. Elle ne regrettait pas qu'il l'ait fait.

- Mais vous avez raison, il ne s'agit pas de quoi, mais bien de qui.

Elle laissa le silence envahir la pièce ; il voulait savoir, mais il devrait être patient. Ses yeux flammes brillaient de la même malice qui habitait ceux de Duncan.

- Une personne à laquelle je semble bien plus attachée que se qu'il me semblait.

La dessinatrice lâchait les informations par bribes afin qu'il se fasse ses propres idées, afin qu'il soit croché à ses lèvres, prêt à connaître la vérité. Son sourire ne disparaissait toujours pas, mais ce n'était pas pour les mêmes raisons que lorsqu'elle avait frappé à la porte. Cette fois-ci, elle s'amusait à titiller la curiosité de son ami.

- Je dirais même qu'il ne m'est pas indifférent, se qui me paraissait impossible lorsque je l'ai rencontré.

Elle sentait qu'il voulait un nom, elle sentait qu'il espérait entendre des syllabes connues sortir de sa bouche. Rien ne venait. Le suspense était à son comble ; elle savait que tôt ou tard il lui demanderait qui cela pouvait bien être. Elle attendait simplement la question.

- On pourrait dire que je vous suis infidèle oui.

Son sourire s'étira encore et un léger rire sortit d'entre ses lèvres.

Duncan Cil' Eternit
Duncan Cil' Eternit

Maître des légendes et d'animisme et primat d'Aequor
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MessageSujet: Re: Ô joie, ô espoir, ô spires éternelles !! [Terminé]   Ô joie, ô espoir, ô spires éternelles !! [Terminé] Icon_minitimeJeu 6 Sep 2012 - 21:53

Tant de rouge sur les joues de sa compagne confirmaient les doutes déjà formés dans l’esprit du vieux professeur. Allons, cette canaillerie adolescente, entre eux ! C’était bien niais, et pourtant Duncan ne pouvait se lasser des sourires en coin, des regards fuyants et des rougeurs sur les joues de Myra Ril’ Otrin, comme si elle eut été sa fille et qu’elle lui eût avoué un mariage. Mais il ne pouvait s’agir de cela, n’est-ce pas ?
Justifiez vous, Myra, cachez vous derrière vos tournures évasives et vos formules interpellantes ! Je vous connais si bien que vous eussiez pu être ma fille en des temps révolus, et je n’ai beau jamais pu m’épanouir dans ce qui aurait pu diriger ma propre vie, du moins n’ai-je pas l’innocence de présumer que nous ne parlons pas ici de galanteries.
Ah, bien sûr que je fais un thé divin, mais vous préféreriez sans doute qu’il soit de son fait, et qu’il vous enbaume autant que le mien, n’est-ce pas ? Les yeux de Duncan pétillaient de malice, et observaient les stratagèmes de sa collègue avec un certain délice. Il n’était pas dupe, et un sujet d’une si grande importance qu’il détournât complètement l’attention de la Maître de Dessin de ses propres Spires, ce n’était pas à négliger.
Sans vouloir dramatiser, il s’agissait peut-être des prémisses d’un pan nouveau dans la vie de Myra Ril’ Otrin, et il appréciait fortement d’en être le premier spectateur. A défaut d’en être acteur, évidemment, mais n’allons pas parler de ça ici, ça n’a plus aucune espèce d’importance.

- Allons, Myra, est-ce si grave que vous n’osez même pas vous confier à un vieil ami ? Que peut-il s’agir dont je ne sois pas digne ?
reprit-il pour rompre le silence te l’inciter à pendre la parole.

Ce qu’elle finit par faire, avec grand gêne, ce que Duncan feignit d’ignorer par politesse. Les phrases de Myra s’égrenèrent lentement, tournant pour ainsi dire autour du pot. Ce que Duncan avait d’abord pris pour de la gêne était en réalité une réelle malice qui se dessinait désormais sur les lèvres de la Primat des Kaelem –soit-dit en passant, il respectait certes sa collègue, mais il lui volerait la victoire à la coupe des trois maisons avec le plus grand plaisir.
Pour se donner une contenance, Duncan but à son tour dans sa propre tasse, autant pour dissimuler son sourire amusé que pour retenir la question qui lui brûlait les lèvres. Myra jouait avec la patience du vieux professeur, et bien, qu’elle essaie donc ! Du haut de ses quarante-sept ans, Duncan Cil’ Eternit était d’une patience de fer.

Après tout, n’avait-il pas attendu vingt-sept ans et ne continuait-il pas toujours d’attendre que Cecilya se réveille et lui dise que tout irait bien ?

Par habitude, ses yeux allèrent se poser sur la petite gravure qui trônait sur la commode, et après un moment de recueillement silencieux, il reposa son regard vert bouteille sur sa collègue, bien vivante et bien amoureuse.

- Ah, que je suis-je dessinateur moi-même pour lire dans vos pensées, mon amie !

Bien entendu, cette pratique le répugnait et il n’utiliserait jamais les Spires à telle fin s’il les avait possédées. Mais parfois, la tentation était grande, et ce soir était une de ces occasions où il aurait pu remettre tous ses principes en question. Allons, Myra, c’est un défi que vous proposez là ! semblèrent dire les lèvres retroussées du vieux professeur.
Un sentiment sourd encore flou prenait lentement la place de sa joie pure. Il était plus qu’heureux que Myra ait quelqu’un avec qui arpenter la voie de la vie, et qui puisse la soutenir dans ses moments de faiblesse. Il en était aussi fier que s’il s’apprêtait à entendre le nom de son futur gendre.

Néanmoins…

Mais ce n’est pas raisonnable de penser cela, sire Cil’ Eternit, vieille branche.

- Je ne puis que me réjouir de cette infidélité, à l’évidence, d’autant que cette personne a l’air d’être aussi charmante qu’attentionnée
, compléta-t-il en souriant de nouveau. Il ne céderait pas, lui aussi avec quelques petits tours dans son sac, et le premier de ces tours était de feindre le désintéressement.
Tant mieux, donc, et puissiez-vous trouver en lui ce que vous manquait !

Evidemment qu’il avait envie de connaître le nom de cette personne. D’un côté, il y avait l’Académie autant de personnes fréquentables que de personnes peu fréquentables, et en tant que confident de Myra Ril’ Otrin, Duncan ne pouvait que s’inquiéter qu’elle tombe dans le piège d’une personne de très mauvaise fréquentation. Imaginez un peu, prenons le scénario le plus absurde, qu’elle ait succombé aux charmes faux et manipulateurs de cette ancien mercenaire qui gérait désormais le trésor de l’Académie !
Mais il connaissait Myra, elle avait le bon goût et le sens de la société, elle n’avait pu trouver qu’un partenaire digne d’elle et de ses talents.

Pas comme lui, manifestement, pensa-t-il malgré lui, amèrement. Qui que fut cette personne, Duncan lui vouait une certaine rancœur, injuste et infantile certes. Mais il avait été auprès de Myra pendant des mois pour l’aider à se reconstruire, il l’avait écoutée pendant des heures et espéré chaque jour qu’elle retrouve le sourire, exécuté chaque soir pour elle une prière à la dame pour qu’elle retrouve son Don, et tout cela sans résultats véritables.
Et voilà que cette personne mystérieuse, qui semblait posséder tous les charmes et toutes les délicatesses de la terre, bâtissait sur les fondations que lui, lui, Duncan Cil’ Eternit, avait entrepris de reconstruire, et ravissait le cœur de Myra en quoi, un mois ! Qu’avait-il fait de faux, que n’avait-il pas vu, puisqu’il suffisait de quelques sourires et de bonnes paroles pour rendre le bonheur à Myra Ril’ Otrin ?
N’en venait-elle pas, justement, de cette personne « à qui elle semblait être plus attachée que ce qu’il lui semblait », peut-être même l’avait-il aidée dans les Spires, peut-être avait-il débloqué son dessin, et peut-être lui cachait-elle cela aussi ?

Honteux de telles pensées, Duncan tenta en vain de les noyer dans une grande rasade de thé. Le thé était déjà tiède.

- Et bien, puisque vous ne me faites pas l’honneur de me dire un simple nom, du moins auriez-vous la grandeur d’âme de me montrer vos talents retrouvés en dessin ?
reprit-il négligemment, comme si la question eut été de moindre importance. Ou bien gardez-vous les merveilles de votre Imagination pour les yeux de cette personne-là aussi ? conclut-il sur le ton de la plaisanterie.

Le professeur avait si bien appris à taire les mauvais sentiments qui tordaient la droiture de son âme qu’il ne laissait transparaitre que la même légèreté joueuse que sa collègue. Pourrait-il néanmoins soutenir toute la soirée cet étalage inconscient de son propre échec à être d’un quelconque réconfort à ses proches ?


Myra Ril'Otrin
Myra Ril'Otrin

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MessageSujet: Re: Ô joie, ô espoir, ô spires éternelles !! [Terminé]   Ô joie, ô espoir, ô spires éternelles !! [Terminé] Icon_minitimeVen 21 Sep 2012 - 19:45

Un silence c'était installé et seuls les sourires des deux amis comblaient le vide. Elle n'arrivait pas à imaginer la réaction de Duncan, elle n'osait y penser. Après tout, il serait sans doute heureux pour elle, car elle retrouvait des couleurs et tout s'arrangeait. Il fallait dire aussi qu'il avait mis tant d'heure à consoler Myra, à lui parler, lui offrir du thé et des sourires. Elle ne le remercierait jamais assez pour cela. A vrai dire, elle disait même qu'il l'avait secourue au moment crucial. S'il ne l'avait pas entendu ce jour-là, s'il ne l'avait pas soutenue, aidée, elle ne savait pas ce qu'elle aurait été capable de faire. Inconsciemment, il l'avait sauvée. Sans doute son regard, sa présence. Le simple fait qu'il l'ait trouvée et qu'il se soit inquiété pour elle. Elle s'était obligée à rester debout, car son regard lui rappelait bien trop ceux de ses parents. Un regard protecteur, un regard amical. Elle avait trouvé en lui le frère qu'elle n'avait jamais eu. Depuis ce jour, leur relation s'était resserrée et elle le considérait comme son grand ami. Celui à qui elle confiait tout, celui en qui elle avait une confiance totalement aveugle. Une confiance absolue.
Elle n'était pas venue le voir en premier pour rien, en réalité elle n'avait pas réfléchi une seconde à sa première destination. Ses pieds l'avaient guidée. Instinctivement, elle était venue vers lui, vers son ami. Celui qui avait tenté tant bien que mal de maintenir sa tête hors de l'eau.
Elle l'adorait, voilà tout. Quelqu'un d'important dans sa vie. Comme l'autre homme.

Duncan rompit le silence de la pièce après avoir jeté un coup d'oeil dans une autre direction. Myra ne chercha pas à savoir ce qu'il avait regardé avec autant d'amertume, mais savait que s'il voulait lui en parler, il le ferait. Dans le cas contraire, ce n'était peut-être pas quelque chose d'important.
Il voulait lire ses pensées ? Il ne fallait pas être devin afin de voir ce qu'il se passait. Peut-être était-ce tout de même pratique pour deviner le nom de l'événement, de la personne concernée. Oui, elle voyait qu'il mourrait d'envie de connaître son identité, il n'avait qu'une seule et unique question au bord des lèvres. Elle se voyait dans son regard, dans ses gestes et dans ses paroles.
Il était heureux pour elle, réellement. Mais qu'en sera-t-il lorsqu'il apprendra son identité ? Elle savait après tout qui il était et ce qu'il avait fait dans son passé. Tout le monde le connaissait et le haïssait sans doute pour cela. Un ex-mercenaire... Il n'était pas bien vu par tout le monde, même s'il avait aidé la résistance. Comment réagirait le professeur des légendes ? Elle avait peur de sa réaction, car elle comptait plus que n'importe laquelle. Que lui importait le jugement des autres, elle n'en avait que faire. Ils pouvaient penser ce qu'ils désiraient, elle ne prenait pas compte de leurs remarques. Mais Duncan... Sa seule crainte était qu'il n'approuve pas son choix, qu'il hurle de colère à l'annonce du nom tant recherché. Qu'il s'inquiète encore pour elle.
Il se réjouissait pour la dessinatrice, il pensait que cette personne était attentionnée et charmante. Pour Myra, il était tout cela. Pour d'autres, il ne l'était guère et même loin de là. Penserait-il cela après avoir entendu ces syllabes ? Elle n'en savait rien, mais l'espérait de tout son coeur. Cela la ferait terriblement souffrir s'il ne verrait que l'homme et non le bonheur nouveau de Myra.
Oui, elle avait trouvé en lui ce qu'elle cherchait. Qu'était-ce donc ? Sans doute cette petite étincelle que toute femme recherchait, cette flamme qui deviendrait brasier de jours en jours, de mois en mois. Un brasier consumant les êtres jusqu'à les unir pour de bon. Elle l'avait trouvé, par accident, mais l'avait trouvé. Cette étincelle.

Duncan semblait soudain se désintéresser de l'affaire et même si Myra doutait qu'il lâche prise, elle savait qu'il allait tôt ou tard revenir à la charge. Et elle l'attendait au tournant.
Il reprit la parole en lui reprochant de ne pas lui dire le nom de son mystérieux inconnu, mais tourna vite le sujet vers une autre horizon.
Le Dessin. Son Don, le retour de sa passion, le retour de son sourire, de sa joie et de sa vie. Une nouvelle vie, qui, elle le sentait, n'était plus basée que sur l'extraordinaire art du Dessin. A présent, depuis ce jour où tout s'écroula pour elle, elle avait fait la connaissance de personnes qui comptaient maintenant autant que son Don à ses yeux. Voir bien plus. Elle s'étonnait d'ailleurs de cette découverte. Entre choisir ses amis et son Don, elle savait pertinemment ce qu'elle prendrait. Et ce n'étaient pas les douces spires. Un ami, un amant et bien d'autres. Elle les connaissait bien mieux et pour deux d'entre eux, elle ferait tout. Son fidèle confident et son amant. Ils comptaient bien trop pour elle et cette sensation était nouvelle pour elle. Depuis toujours, le Dessin était le seul moteur de sa vie. A présent, la roue avait tourné.

Le professeur des légendes venait donc de faire une simple demande : lui montrer ses talents de dessinatrice. Il conclut sa phrase sur une plaisanterie, mais elle sentait bien qu'il espérait être le premier à voir cela. Le premier conscient de la perte horrifiante de Myra, de sa détresse. Elle lui offrit un sourire.


- Je vous préviens tout de suite, je viens de me lever et surtout, de retrouver les spires. Vous serez le premier à me voir à l'action. Même Lui ne le sait pas encore. Vous êtes mon ami, vous m'avez soutenue. Vous avez partagé ma perte, nous allons donc partager le renouveau de mes spires.

Ses yeux flammes retrouvaient des couleurs, ils brillaient de milles feux comme autrefois. Comme si l'Imagination alimentait son regard.
Elle s'apprêtait à se couler dans les spires lorsqu'un choc parvint à elle. Quelque chose d'étrange s'était passé et elle ne s'en était même pas rendu compte. Elle n'avait pas investi les chemins de l'Imagination depuis bien trop longtemps, elle s'enfonçait et ne jurait que par le retour de son Don, mais quelque chose de nouveau s'était produit. Quelques mois auparavant, ce retour se serait passé autrement.
Elle ne se serait pas jeté dans les appartements de Duncan, mais dans les bras de l'Imagination. Son coeur rata un battement. Avait-elle changé au point de ne plus mettre sa priorité à la même place ? Elle n'était plus la même. Elle avait d'autres préoccupations et elle ne se rendait compte qu'à cet instant qu'elles étaient bien plus importantes.
Elle releva son regard et le planta dans celui de Duncan. Elle était sûre à présent, elle n'était plus la même. Bien mieux qu'avant ? Elle n'en savait rien. Seul l'avenir pouvait le dire.

Un sourire, elle hésita à entrer dans les spires. Si elle avait changé, peut-être qu'elles aussi après tout ? Elle commença à trembler. Et si elle était déçue, si ses attentes n'étaient guère satisfaites ? Elle n'osait y penser. Toutes ces journées plongée dans de sombres pensées, elle ne pouvait que être émerveillée par le retour de l'irréel.
Myra sentit soudain une main se poser sur la sienne. Relevant la tête, elle se confronta à Duncan, un sourire aux lèvres et un regard encourageant. Oui, elle pouvait le faire, elle allait y arriver. Etait-elle dessinatrice, bien sûr que oui ! Elle murmura un merci à son précieux ami avant de se lancer enfin dans les spires.
Une lumière aveuglante l'accueilli et lorsqu'enfin elle se fut habituée à elle, la primat découvrit un spectacle ahurissant. Rien n'avait changé, tout était resté identique. Cependant, elle avait tout de même une maigre impression de nouveauté, peut-être parce qu'elle n'avait plus le même état d'esprit qu'auparavant.
Elle était émerveillée et se délectait de cette vision, de ces sons, de ces odeurs. Cela faisait depuis si longtemps... Une larme roula sur sa joue. Quel bonheur c'était de pouvoir retrouver ce qui la constituait, de retrouver la moitié de son être. Elle avait l'impression de ne refaire qu'un, que son corps et son esprit étaient enfin calés dans le même temps. Elle se sentait revivre.

Trop attirée par les hautes spires, elle commença à monter encore et encore, sans réel dessin en tête. Elle se délectait simplement de la vue, de ces routes qui lui avaient tant manqué.
Soudain, elle fut coupée par un mur invisible. Forçant dessus, elle n'arrivait pas à le passer. Elle n'arrivait pas à grimper plus haut que les basses spires, son Don n'était pas revenu intégralement. Pourtant, rien ne pouvait détruire le bonheur qu'elle ressentait et même si son coeur rata un battement lorsqu'elle se rendit compte qu'elle ne pouvait aller plus loin, elle sentait qu'elle n'avait pas à se plaindre. Elle avait revu l'Imagination, c'était le plus important. Et peut-être qu'il allait réapparaître lentement, parcelle par parcelle. Oui, c'était sans doute cela.
Dessiner.
Elle ne réfléchit pas une seconde et se mit à créer une idée qui venait de germer dans son esprit. Elle n'avait rien oublié. Façonnant la base, tordant les spires à son bon vouloir, créant des couleurs incroyables, elle dessinait. Enfin. Elle se contentait des basses spires et savait qu'elle pouvait créer quelque chose d'assez bien pour Duncan. Elle aurait tant voulu pouvoir faire plus, lui montrer l'Imagination dans ses moindres détails, grâce aux hautes spires. Elle se contenterait de cela.
Devant elle, la réalité se brouilla, un dessin bascula. Un pot en cristal finement gravé avec un motif représentant la Dame et son Héros. Dans le pot, une eau d'une clarté livide. Et dans l'eau clair, une grande plante montante d'un vert forêt tirant sur le vert turquoise. Deux grandes fleurs à longues pétales rouge flamme ornaient la plante verte. Cette dernière grimpait sur deux bon mètres et les fleurs diffusaient une odeur incroyable.
Elle ressortit des spires à contre-coeur et observa sa première création depuis des mois. Elle avait le sourire jusqu'aux oreilles.


- C'est un cadeau. J'aurais tant voulu faire bien plus pour te remercier, mais je ne peux monter plus haut dans l'Imagination. La plante ne tiendra que quelques jours malheureusement.

Le tutoiement était enfin sortit, naturel, comme s'ils s'étaient toujours parlé ainsi.
Elle planta son regard dans celui de Duncan et lui serra la main.


- Merci.




[ Naif ]

Duncan Cil' Eternit
Duncan Cil' Eternit

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MessageSujet: Re: Ô joie, ô espoir, ô spires éternelles !! [Terminé]   Ô joie, ô espoir, ô spires éternelles !! [Terminé] Icon_minitimeDim 23 Sep 2012 - 22:09

Le silence était providentiel.
Myra, assise telle une statue de porcelaine, la tête reposée contre le cousin épais qui garnissait le fauteuil, avait les yeux clos, ses cils comme en grillage refermaient l’écrin de son regard, sans que Duncan puisse en contempler l’éclat plus longtemps.
Le vieux professeur de légendes et de lettres poussa un soupir et se renfonça dans son propre fauteuil. Myra était partie loin du monde réel, il le savait, il aurait pu le deviner à son immobilité la plus complète et son air contemplatif. Elle tournoyait dans un monde lointain pour lui, pour lui montrer qu’elle y avait de nouveau accès et qu’elle y excellait de nouveau comme avant. Et lui restait derrière.
Dans le monde tangible, sourd et immobile, à ne posséder que les cinq sens.
Dans un sens, cela le soulageait.

Le silence était providentiel.
Les yeux posés sur la silhouette de son amie en extase, dont il pouvait presque entendre le cœur battre de bonheur, Duncan réfléchissait, silencieux, les mains jointes sous son menton. Il réfléchissait, et il méditait.
Il devait parvenir à faire la part de ses sentiments, de ceux qui n’avaient pas leur place ici et de ceux qui pouvaient avoir leur utilité plus tard. Bien sûr, dès qu’elle serait revenue dans le monde tangible, il n’y tiendrait plus, il faudrait qu’il lui demande qui avait eu le bonheur immense d’accéder au plus profond de son cœur.

Mais il devait le faire d’un regard extérieur. Il devait abandonner l’inquiétude, laisser la jalousie faire place à la curiosité simple. Et s’il fallait qu’il s’inquiète quand même, qu’il s’inquiète seulement comme un vieil homme s’inquiétait de rencontrer son futur gendre.
Rien de plus ; tu es bien trop vieux pour te permettre de telles pusillanimités.

Les yeux de Myra oscillaient sous ses paupières closes comme si elle essayait d’embrasser mille paysages à la fois, pour pouvoir tout retenir. Cela aussi, Duncan lui enviait, mais c’était une envie bien moindre. L’envie que tout non-dessinateur éprouvait en se voyant privé de toute une infinité de merveilles qui était réservée à une poignée d’élus.
Comme tout un chacun, Duncan s’était souvent posé de la question de comment il utiliserait les Spires s’il les possédait, et qu’est-ce qu’il souhaiterait créer en premier.

La réponse était difficile à saisir, et sans pouvoir sentir comment l’Imagination marchait, il était difficile de déterminer la complexité des souhaits que l’on voulait réaliser.
Tout ce qu’il savait, et qui lui suffisait, c’était qu’on ne pouvait pas créer la vie.
Et sans la vie, Duncan n’était pas homme à s’embarrasser d’autres illusions, images moindres et creuses comme certains le faisaient ; jusqu’à Merwyn qui s’était laissé prendre dans l’étau des illusions. Non, Duncan respectait la mort et son caractère irrémédiable, il portait le deuil avec fierté et cette tristesse digne qui le caractérisait. Mais il ne tenterait de tricher pour rien au monde, si c’était pour s’entourer d’illusions provisoires, caresser un bras froid, contempler un regard vide, sentir seulement le vide laissé par un parfum évaporé depuis vingt-sept ans déjà.

Ses réflexions l’entrainèrent si loin, le regard perdu quelque part sur ses étagères, sur certain coffre fermé, que lorsque Myra rouvrit les yeux, il ne le remarqua pas tout de suite.
L’apparition du dessin dans la réalité cependant le tira de ses rêveries d’une manière brusque, et il se rengorgea pour retrouver une contenance. Il put lors apprécier toute l’étendue du talent de sa collègue, et cela le sortit définitivement du sombre marasme de son passé.
Duncan Cil’ Eternit se leva pour se rapprocher du Dessin, de cette petite plante qui trônait à présent dans la pièce, et approcha un chandelier pour pouvoir l’admirer sous tous les angles. Il contempla une à une les petites nervures de chaque feuille, la tiédeur moite des tiges, la palette de couleurs magnifique que produisaient les fleurs à la lueur orangée des flammes.
Ses doigts se promenèrent le long des pétales, pour sentir la texture si réelle de la plante, et il se pencha pour en humer le parfum. Une fragrance si proche de la réalité qu’il s’en tira perturbée.
Si proche de ce que Ceci…
Non, ce n’était pas possible, Myra ne pouvait pas savoir.

- Elle est magnifique, Myra. J’en prendrai le plus grand soin jusqu’à sa disparition.
Quelques jours seulement… cela lui rappelait à quel point le dessin était éphémère. S’il s’était agi d’une plante réelle et durable, il en aurait offert une des fleurs instantanément à sa collègue. Mais puisque le dessin ne devait pas durer, il préféra la garder. Peut-être ferait-il des croquis de cette plante pour la conserver à sa mémoire, dans ses heures perdues…

- Vous êtes bien ici la plus grande dessinatrice de notre école suite à la disparition de notre regretté Merwyn. Nous sommes bien humbles face à votre pouvoir,
fit-il avec un petit sourire sur les lèvres, après s’être légèrement incliné pour lui permettre d’accepter le compliment.

Il n’avait jamais osé demander comment Myra s’était débrouillée pour ses cours lorsqu’elle avait perdu le Don, car cela ne le concernait pas et elle préférait toujours parler d’autre chose quand elle venait le voir. Mais le simple fait qu’elle n’aurait plus besoin d’avoir recours à certains artifices pour pouvoir remplir ses fonctions le rassurait. Enfin, sans doute cela avait-il perdu de l’importance dans l’esprit de la dessinatrice depuis qu’elle avait rencontré cette âme sœur à qui elle semblait tant tenir et qui la faisait rougir comme une écolière dès qu’elle pensait.
Les yeux perdus dans la contemplation de cette œuvre d’art florale, Duncan y puisa le calme de redemander à nouveau, la voix mutine, en murmurant comme un secret :

- Et maintenant, Myra, n’avez-vous pas quelque chose à m’avouer ?

Elle ne pourrait lui refuser éternellement ce privilège, de savoir qui, de l’Académie ou de l’Empire, partageait désormais sa vie.


Myra Ril'Otrin
Myra Ril'Otrin

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MessageSujet: Re: Ô joie, ô espoir, ô spires éternelles !! [Terminé]   Ô joie, ô espoir, ô spires éternelles !! [Terminé] Icon_minitimeDim 30 Sep 2012 - 21:09

Duncan s'émerveillait face à la plante illusoire et fit soudain quelques compliments à Myra qui rougit instantanément. Son visage passa du blanc pâle au rouge tomate en ne serait-ce que quelques secondes. La plus grande dessinatrice de l'Académie depuis Merwyn... Ce qualificatif était bien trop d'honneurs, bien d'autres dessinateurs avaient mis les pieds ici. D'excellents dessinateurs. Et elle ne pensait pas être la plus grande sauf Merwyn. Loin de là.
La femme aimait contempler les Dons des autres et voir l'étendue de leur pouvoir et volonté. Elle se contentait de sourire aux courbures de l'Imagination et ne s'imaginait jamais étant aussi incroyable que pouvait le dire Duncan. Et puis surtout, elle n'était pas la seule ici. La Sentinelle, son assistante, elles étaient toutes deux aussi douées que la primat. Loin à l'idée d'elle de se qualifier bien meilleure que ses deux amies. Elle était bien modeste et le plus inquiétant était qu'elle ne s'en rendait même pas compte.
Elle avait la passion des spires tout simplement et ne voyait pas ce que ceux qui ne possédaient pas le Don voyaient lorsqu'elle dessinait. Quelque chose d'incroyable et d'extraordinaire.
Humbles face à son pouvoir... Non, elle ne voulait pas de ces compliments, elle n'en avait pas besoin. Elle pouvait dessiner et cela seul lui importait. En plus de cela, à chaque fois qu'un mot tel que ceux-ci était prononcé, elle devenait immédiatement aussi rouge que les uniformes kaelem. Et elle avait cela en horreur. Rouge tomate.

Le petit sourire du professeur des légendes ne pouvait la faire réagir, elle était paralysée par la nouvelle couleur de son visage. Il s'inclina afin qu'elle ne puisse pas refuser le compliment qu'il venait de lui faire. Le vil, il savait qu'elle ne dirait rien après cela ! Il la connaissait vraiment bien.
Elle ne pensa donc plus à refuser, mais se contenta de hocher la tête.


- Eh bien merci beaucoup, cela me fait très plaisir même si je n'ai pas l'habitude de me considérer ainsi.

Elle était toujours aussi rouge. A vrai dire, elle n'avait jamais eu autant de couleur sur son visage depuis bien longtemps, car depuis bien des mois, la seule couleur qu'elle arborait sur son teint était le blanc pâle. Donc, cela la changeait un peu de la monotonie, bon point pour elle.
Les yeux de Duncan ne quittaient pas le dessin une seule seconde. La dessinatrice était heureuse que cela lui plaise, elle n'avait pas été sûre de réussir son dessin jusqu'au bout car cela faisait depuis bien longtemps qu'elle ne s'était rendue dans les spires.
Il murmura soudain une phrase presque inaudible, prononcée de manière à préserver le secret. La dite-phrase ressemblait plutôt à une question. Et cette dernière, Myra savait pertinemment qu'elle tournait dans l'esprit de l'homme depuis qu'elle avait avoué avoir rencontré quelqu'un. Il la tournait et retournait dans ses pensées, cherchant une solution, décortiquant chaque parcelle d'indice qu'il avait en sa possession. Mais il ne trouvait rien. Seule l’intéressée pouvait lui donner ce qu'il désirait ; un nom. Quelques syllabes qui donneraient alors un sens aux propos de la femme. Quelques syllabes qui pouvaient en une seconde faire bondir le professeur de joie ou bien d'horreur.
Elle avait peur de sa réaction, car elle savait ce qu'il pensait du trésorier. De l'ex-mercenaire. Elle ne voulait pas qu'il ait peur pour elle ou bien qu'il essaye de la dissuader. Elle espérait tant qu'il soit heureux pour elle, qu'il ne perçoive que le sourire radieux qui illuminait son visage. Mais elle savait ce que certaines personnes penseraient lorsqu'elles apprendraient pour qui son coeur battait. Elle n'en avait que faire. Tout ce qui lui importait était l'avis de Duncan. Elle craignait sa réaction plus que tout autre. Plus que celle de ses regrettés parents.

Elle releva son regard du dessin et le planta dans celui de son précieux ami. Oui, elle devait lui avouer ce petit quelque chose, elle l'avait assez fait mariner. Elle hésita quelques secondes, puis se lança enfin. Il allait enfin connaître le nom de cet homme.


- En effet, je ne pourrais cacher ce nom plus longtemps, surtout lorsque je vois avec quel acharnement vous voulez me tirer les vers du nez.

Elle lui fit un clin d'oeil et son sourire s'intensifia. Elle murmura soudain, comme s'il s'agissait d'un secret d'état.

- L'homme dont je vous parle est... Var...

Elle hésitait encore. N'allait-elle pas déclencher quelques réactions en chaînes ? Comme tout d'abord une grande panique en Duncan qui se demandera alors si son amie ne s'était pas faite abusée et trompée par l'ex-mercenaire ? Elle se demandait si cela valait la peine. Sauf qu'elle ne pouvait lui mentir. Elle ne savait pas le faire.

- Varsgorn Ril'Enflazio...

Elle vit soudain le visage de Duncan changer de couleur. Inquiète, elle s'approcha et posa sa main sur le genou de son ami.

- Tout va bien ? Le thé est-il mal passé ?

S'il te plait, ne panique pas, je sais ce que je fais...





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Duncan Cil' Eternit
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MessageSujet: Re: Ô joie, ô espoir, ô spires éternelles !! [Terminé]   Ô joie, ô espoir, ô spires éternelles !! [Terminé] Icon_minitimeDim 28 Oct 2012 - 21:29

Duncan s’étrangla sur la rasade de thé qu’il était en train d’avaler et manqua de la recracher aussi sec.
Il toussa, fort, pour éviter de mourir la gorge saturée de thé, et pour cacher sa soudaine gêne.

Il avait du mal à le croire.
Plaisantait-elle ainsi ? Elle devait trouver cela hilarant de lui faire ce tour, de lui faire accroire un instant qu’elle pourrait être intéressée par le Trésorier de l’Académie. Après tout, c’était l’incongruité même. On pouvait difficilement deviner deux personnes aussi peu associées. C’était comme d’imaginer que lui-même allait se marier avec l’Intendant de l’Académie. Allons bon ! La blague était bien bonne, mais delà à essayer de la maintenir aussi longtemps… C’était un peu de mauvais gout, il devait l’avouer.

Duncan mit encore quelques minutes à se remettre de son thé tueur, et reposa précautionneusement la tasse sur la table pour éviter d’en renverser encore plus. Si jamais il prenait la lubie à Myra de lui dire tous les noms de l’Académie les uns après les autres pour jouer avec sa naiveté et sa crédulité d’humaniste, il préférait être prêt et ne pas s’ébouillanter avec son propre thé sous l’effet de la surprise.

- Tout va bien, tout va bien, je ne m’attendais pas à pareille révélation à cette heure-ci de la nuit, voilà tout !


Il sourit, préférant ne pas monter qu’il avait été vraiment affecté par cette plaisanterie. Car il s’agissait à l’évidence d’une plaisanterie, et Myra était redoutablement douée pour affecter un air sérieux et contrit, en ce cas. Un petit sourire se forma sur les lèvres de Duncan, comme pour signifier « Je ne suis pas dupe ».

- Ah, je comprends bien quel amour vous aura affecté… L’attrait du danger, sa silhouette sombre et musclée, son œil noir et recélant plein de mystères, les airs mystérieux qui font son apanage, tout cela a de quoi vous tourner la tête !

Et la mienne, aussi, mais pas dans les circonstances que vous pensez. Duncan Cil’Eternit se méfiait énormément de Varsgorn Ril’ Enflazio, c’était de notoriété commune, et c’est sans doute pour cela que Myra avait choisi cette personne pour jouer avec ses vieux nerfs. Canaille qu’elle était, enhardie par les Spires qu’elle avait à nouveau à sa disposition, elle ne devait pas se rendre compte à quel point sa plaisanterie était de mauvais gout. De très, très mauvais goût.

- Ou bien serait-ce son nouveau poste de Trésorier ?
fit-il en lui adressant un clin d’œil. Après tout, c’est avantageux, il possède les clefs de tous les coffres ici, et il est après tout l’un des hommes les plus riches de l’Empire grâce à son empire textile. Il pourra vous offrir tous les bijoux dont vous rêvez, vous procurez tous les folios de dessins les plus rares et les demeures les plus fastueuses… qui n’en voudrait pas ?

Il disait ça lui aussi sur le ton de plaisanterie. Il se doutait bien que quiconque Myra avait choisi pour compagnon, ce n’était pas par souci d’argent. La jeune femme était noble, et possédait son propre patrimoine pour se doter de tout ce qui lui faisait envie, et même si la maison Ril’ Otrin n’était pas parmi les plus grandes de l’Empire, elle possédait néanmoins suffisamment de faste.

- Et puis nul doute qu’avec votre influence, vous parviendriez sans doute à effacer tous les crimes de son cœur, vous êtes une bien trop bonne personne pour ne pas arriver à reconvertir même le plus ténébreux des mercenaires du Chaos. La guilde n’a qu’à bien se tenir !

Ils sourirent de conserve, néanmoins il crut percevoir que c’était au tour de Myra de pâlir quelque peu.

- Allons allons
, fit-il d’un ton chaleureux, vous avez bien failli m’avoir. Maintenant, dites-moi réellement qui se cache derrière votre cœur, mon amie, l’impatience m’étreint !


Myra Ril'Otrin
Myra Ril'Otrin

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MessageSujet: Re: Ô joie, ô espoir, ô spires éternelles !! [Terminé]   Ô joie, ô espoir, ô spires éternelles !! [Terminé] Icon_minitimeDim 4 Nov 2012 - 13:16

Duncan rassura la dessinatrice. Il n'avait pas l'air si bouleversé après tout, peut-être avait-elle bien fait de lui dire la vérité même si elle se doutait quelques minutes plus tôt que la nouvelle n'allait pas forcément le réjouir. Il le prenait plutôt bien. Enfin. Elle le croyait jusqu'à ce que ce sourire se dessine sur son visage. Et les paroles qui suivirent.
Croyait-il réellement qu'elle était attirée par lui à cause de son passé ? De son air dangereux ? Elle aurait dû trouver cette idée ridicule, mais elle savait que la plupart des gens allaient penser cela. Qu'elle n'était attirée que par son côté mystérieux, son charme sombre et sans doute son domaine. Sa richesse. Ce que Duncan ne manqua pas de lui rappeler par la suite.
Tous devaient savoir que l'argent ne l'importait que très peu, qu'elle ne lui donnait qu'une légère considération. S'il pensait réellement qu'elle fut attirée par ses biens, il se trompait lourdement sur son compte. Et cela la décevait. Mais ce qui la préoccupait n'était pas toutes ces raisons plus qu'incongrues les unes que les autres, mais sa voix. Son sourire. Ses gestes. Il plaisantait. Mais pourquoi rire de cette nouvelle ? Pourquoi prendre cela sur le ton de la plaisanterie ?
Puis, il continua sur sa lancée. Effacer les crimes de son coeur. Elle avait beau les connaître, elle n'en prenait pas compte. Jamais elle n'écoutait le passé ; elle ne croyait que ce qu'elle voyait. Et ce qu'elle décelait dans son regard n'était que de la tendresse. Une tendresse intense pour elle. Oui, elle aurait voulu qu'il soit bien mieux perçu par les autres résidents de l'Académie et parfois elle aurait bien voulu se lever et parler pour lui. Mais elle n'osait pas, car ils avaient décidé de garder leur relation secrète pour l'instant. Et puis elle ne savait pas comment leur montrer ce qu'elle elle voyait en lui. Ce qu'elle était sans doute une des seules à voir.

Toujours cette plaisanterie dans sa voix.
Un doute se fraya alors un chemin vers l'esprit de la dessinatrice. Pensait-il qu'elle aussi plaisantait ? Pensait-il qu'elle le faisait encore tourner en bourrique comme au début de leur petite conversation ? Elle avait beau ne pas avoir beaucoup de couleur à cause de ces derniers mois, les quelques restes de pigment qu'elle gardait encore disparurent. Elle devint blanc neige. Bien plus pâle que d'habitude. Et il fallait le faire.
Oui, elle en était sûre à présent. Il pensait qu'elle le menait encore en bateau.
Qui se cachait derrière son coeur...
Elle ne lui mentait pas, elle n'aurait jamais osé. Myra avait apprécié le taquiner au début, mais jamais elle ne l'aurait fait aussi longtemps. A vrai dire, elle n'avait pas voulu tourner autour du pot. Elle connaissait l'impatience de Duncan.

Il pensait réellement qu'elle lui racontait encore des salades pour le faire patienter. Comment allait-elle faire pour lui faire comprendre que c'était la vérité ? Comment allait-elle faire pour le rassurer du mieux qu'elle pouvait tout en lui avouant qu'elle ne lui mentait pas ? La primat n'en savait rien et elle commençait de plus en plus à perdre les dernières couleurs qui subsistaient sur son visage.
Elle n'aurait jamais dû lui dire tout cela, elle aurait dû se contenter de la grande nouvelle du retour de son don. Simplement. Taire le reste, taire sa relation nouvelle avec Varsgorn. Elle aurait pu le lui dire un autre jour et se préparer à sa réaction. Là, elle ne savait pas à quoi s'attendre. Elle commençait pourtant à savoir ce qu'il penserait. Elle était presque convaincue de sa réaction éminente.

Myra se leva soudain, gênée. Elle commença à faire les cent pas, à tourner partout dans les appartements de son ami. Elle ne savait pas quoi lui dire, elle ne savait pas si elle devait lui mentir ou continuer sur sa lancée. Mentir pour qu'il ne s'énerve pas, mentir pour qu'il soit heureux pour elle, mentir pour qu'il ne s'inquiète pas. Pourquoi pas, cela restait une option comme une autre. Mais elle détestait cela. Mentir.
Une voix s'éleva alors dans son dos et elle se retourna violemment pour plonger son regard dans celui du professeur, toujours assis sur son fauteuil.


- Je... Duncan je...

Pourquoi ces mots ne voulaient-ils pas sortir de ses lèvres ? Pourquoi n'était-elle pas capable de lui dire la vérité en un seul souffle ? Elle appréhendait sa réaction, elle avait peur de ce qu'il allait dire après avoir entendu ses dernières paroles. Mais elle devait lui avouer.

- Duncan, je suis on n'peut plus sérieuse...

Elle le vit pâlir au moins autant qu'elle, ce qui n'était pas de bonne augure. Elle se précipita vers lui avant qu'il n'ait le temps de dire mot.

- Il... Varsgorn est bien l'homme dont je parle.

Myra voyait bien qu'il voulait parler, qu'il voulait lui demander d'arrêter de lui mentir, de le faire tourner en bourrique. Mais ce n'était pas le cas. Et il commençait lentement à comprendre la dur vérité. Son esprit commençait à intégrer l'information et un millier d'émotions traversaient son regard.
Il fallait qu'elle parle avant lui. A tout prix.


- Je sais ce que tu penses, je sais exactement ce que tout le monde pensera de cette relation. Et je m'en soucis que très peu des autres. Tout ce que j'espère, c'est que tu ne t'inquiéteras pas trop pour moi, parce que je suis heureuse.

Etait-ce difficile pour lui de se dire qu'elle était heureuse aux côtés d'un ancien mercenaire incapable d'un seul geste de compassion ? Sans nul doute que oui, mais Myra ne voyait pas le trésorier comme cela. Elle avait une toute autre vision de lui. Elle l'aimait et elle ne subissait aucune pression pour cela. Elle était sincère et lui aussi. Elle le sentait.
Honnête et heureuse. Ne pouvait-il pas le voir ? Non, sans doute ne voyait-il que les fantômes du passé.


- Je t'en supplie, essaye au moins de me comprendre. Ce n'est pas pour son argent, j'en ai suffisamment. Ce n'est pas pour sa noblesse, ce n'est pas pour les objets qu'il pourrait m'offrir, ce n'est pas pour son passé, son côté mystérieux... Je l'aime pour lui, simplement. Il m'a montré une facette de sa personnalité dont personne n'a connaissance. Ou que très peu de gens. Je ne te demande pas de l’apprécier, simplement d'être heureux pour moi...

Parles-moi, dis quelque chose. Ce silence m'est bien trop pesant. Je ne le supporterai pas une seconde de plus. Arrêtes de me fixer ainsi, je suis mal à l'aise face à cette situation. Dis quelque chose, je t'en supplie.



Duncan Cil' Eternit
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MessageSujet: Re: Ô joie, ô espoir, ô spires éternelles !! [Terminé]   Ô joie, ô espoir, ô spires éternelles !! [Terminé] Icon_minitimeDim 4 Nov 2012 - 15:18

Lorsque Myra se leva et commença à faire les cent pas, Duncan sut qu’il avait commis une erreur.

- Myra, écoutez…
commença-t-il à répondre pour tenter de redresser les choses. Mais elle l’interrompit, brusque, énervée ; paniquée.

Alors c’était vrai.
Il dût pâlit devant l’ampleur de l’annonce, de ses bourdes, de la panique de Myra. Il tenta à nouveau de parler, mais Myra et la boule qui serrait sa gorge l’en empêchèrent. Varsgorn Ril’ Enflazio. L’esprit du vieux professeur ne parvenait pas à fixer l’idée dans sa tête. Il ne parvenait pas à conceptualiser un autre homme que l’ancien Mercenaire, le Trésorier froid et colérique, que l’on voyait rôder en ces murs. Il avait maintes fois répété à Jehan Hil’ Jildwin que l’engager était une erreur et que pour ses exactions, il devait être emmené devant la justice de Poll, mais l’Intendant ne l’avait jamais écouté. Comment, le si confiant, si philanthrope Duncan Cil’ Eternit, refuser de donner sa chance à quelqu’un qui a fait pénitence de son ancienne vie pour en démarrer une meilleure ?
Cela semblait impossible.
Pour lui, c’était moins impossible que de croire en la romance entre sa collègue et ce trésorier.

Elle resplendissait, oui, jeune femme à nouveau, qu’un homme a paré de ses attentions, elle resplendissait, à croire qu’elle avait percé la carapace d’un homme bourru et plein de noirceur pour l’amener à la lumière, à croire qu’il y avait sous l’armure un cœur capable de battre pour elle et de la protéger. Avait-il le droit de lui ôter cela ? Avait-il seulement le droit, comme elle le disait si bien, de ne pas être heureux pour elle ?
C’était tout ce qu’on lui demandait, toujours.
Soyez heureux pour moi, Duncan, apprenez cette bonne nouvelle, Duncan, ne vous inquiétez pas, Duncan, et soyez heureux pour moi, toujours. N’ayez surtout pas d’opinion ou de sentiments pour vous-même, Duncan, mais soyez heureux pour moi. Faites un petit effort Duncan, ce n’est pas difficile d’être heureux pour les autres.

L’homme de lettres serra les dents, muré dans un silence profond, à fixer Myra. Son visage était honnête, elle croyait vraiment à ses paroles, à leur valeur. Elle devait vraiment aimer le Mercenaire. Rien ne pourrait la retenir, l’empêcher d’être attirée par la flamme comme un vulgaire moucheron. Il l’aimerait peut-être un temps, peut-être la protégerait-il, peut-être, dans ses bras, trouverait-il une quelconque pénitence. S’ill lui faisait un enfant, cela pardonnerait-il tous ceux qu’il avait tués ou rendus orphelins ?
Cela ôterait-il à miss Nilsan ses cauchemars, monsieur Starkhoz ses frayeurs, cela rendrait-il aux Skil’Liches leur propre enfant ?

Oh, le mercenaire n’avait peut-être pas eu directement part à ces horreurs, il s’était peut-être juste contenté de ne rien dire et de ne rien faire contre.

Myra, Myra… que faites-vous là ? avait-il envie de lui demander, mais aucun son ne perça à travers ses lèvres blêmes. Qu’avait-il à dire, de toute manière ? Oui, Myra, je suis heureux pour vous ? Ce serait un mensonge, un mensonge contrefait et viscié qu’il se refusait à proférer. Pourquoi fallait-il que les femmes ne perçoivent pas le danger ? Elles faisaient de la raison leur ami et de la démence leur amant. Et lui, ami, contemplait, sans rien dire.

Le silence s’attarda, lourd, que Duncan se refusait à briser.
Il n’avait rien à dire.
Rien à ajouter qui sonne vrai.

Il ne bougeait pas plus, statue de contemption, muré dans un regard fixe sur Myra. Il cherchait. Cherchait ce qu’il fallait dire, en de telles circonstances. Il pourrait s’excuser de s’être moqué du mercenaire, mais il en pensait encore chaque mot. Le silence pesait sur Myra, elle se tordait les mains, finit par murmurer, en désespoir de cause, un « S’il vous plaît » à peine audible.
S’il lui plaisait ? On ne lui demandait pas son avis. On attendait de lui qu’il donne sa bénédiction, pour peu qu’elle ait un peu de valeur. On n’attendait pas de lui qu’il dise la vérité, pas plus qu’il n’exprime ses propres sentiments. Il avait toujours été l’homme aux sourires doux, aux paroles rassurantes, toujours à vous dire que la vie ira bien et que vos choix étaient bons.
Elle était venue le trouver ce soir pour qu’il soit heureux pour elle, heureux pour son dessin, heureux pour ses sourires, retrouvés –et pas grâce à lui !
Ce n’était pas la vérité qu’elle voulait, non. La vérité, c’était le silence, qui s’éternisait, comme une chappe de plomb, un silence qu’elle cherchait à briser à tout prix.
Il ne pouvait pas.

Il ouvrit la bouche, la referma sans rien avoir dit. Il joignit les mains devant son nez, et serra des dents plus fort. La boule dans sa gorge ne parvenait pas à disparaître, et il ne pouvait pas exposer sa colère, son désarroi, son amertume, sa détresse, peu importait le terme, alors qu’elle n’attendait qu’une seule chose : qu’il lui dise qu’elle faisait le bon choix.

- Sortez
, parvint-il à couler dans un filet de voix, la fixant toujours. Sortez, Mademoiselle Ril’ Otrin.

Partez, je vous en prie, avant que la vérité ne sorte de mes lèvres, sans que je puisse la retenir.


Myra Ril'Otrin
Myra Ril'Otrin

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MessageSujet: Re: Ô joie, ô espoir, ô spires éternelles !! [Terminé]   Ô joie, ô espoir, ô spires éternelles !! [Terminé] Icon_minitimeDim 4 Nov 2012 - 18:06

Le silence. Ce vide de son si déstabilisant, ce néant que Myra commençait à haïr. Elle l'avait écouté durant tant de mois, seule dans ses appartements, seule avec elle-même. Elle ne pouvait plus supporter ce manque de son. De mots.
Elle n'arrivait pas à combler le vide, Duncan ne le faisait pas non plus. Les mains de la dessinatrice se rapprochèrent imperceptiblement et elle commença à jouer avec ses doigts. Elle était stressée. Comment une simple nouvelle pouvait créer une telle catastrophe ? Pourquoi ce silence ?
Le professeur des légendes ne semblait pas vouloir dire un seul mot. Elle sentait que ses pensées fonctionnaient à une allure phénoménale. Mais pas celles de la primat. Ses pensées à elle s'étaient arrêtées sur ce silence intense. Sur son coeur qui battait la chamade, son souffle rapide. Ses membres commençaient à trembler de plus en plus, car elle sentait que Duncan n'allait pas lui dire ce qu'elle aurait voulu qu'il dise.

Pourquoi ai-je parlé, pourquoi n'ai-je pas su tenir ma langue ? Je savais pourtant que tu ne le portais pas dans ton coeur. Que tu ne le porte pas dans ton coeur.
J'aurais dû attendre, te laisser le temps de peut-être le découvrir. Même si je doutais fort que tu ne l'apprécierais jamais. Je sais qu'il ne sera jamais accepté, mais j'espère. C'est inutile. Je le sais.

Son regard vert était fixé sur elle, toujours debout. Encore murée dans ce silence impossible. Les lèvres du professeur s'entre-ouvrirent soudain, mais se refermèrent avant que le moindre mot ne sorte. Ses mains bougèrent, elle sentait qu'il recommençait à revenir à la réalité.
Un mot sortit de ses lèvres. Un seul. Myra crut qu'elle allait s'écrouler.

Sortez...

Le coeur de la dessinatrice rata un battement. Dans tous les mots qui existaient, dans tous les mots qu'il aurait pu prononcer, le seul qui était sorti fut celui-ci. Il voulait qu'elle parte. Loin. Elle le dégoutait. Elle l'avait déçu.
Ses mains s'étaient stoppées à l'instant même où il avait prononcé ce mot. Cette demande, cet ordre. Le temps s'était arrêté tout comme son corps entier. Son souffle ne résonnait plus, son coeur était s'arrêté, son esprit recommençait à se torturer. Encore.
De la sueur perlait sur son front. Elle ne savait quoi faire, elle ne savait que dire. Il lui avait ôté toute parole.

Est-ce ce que tu désire ? Que je m'en aille ? Je ne peux te laisser, là, seul. Je sais que tu n'es pas toujours aussi heureux que tu voudrais le faire croire, je le vois dans ton regard. Je sais que tu cache tes sentiments, que tu fais passer les autres avant toi. Même si j'aimerais que tu sois heureux pour moi, j'aimerais que tu le sois pour toi. Oui, étrangement, je te demanderai toujours ton avis avant de faire quoi que ce soit. Je sais que tu es bien le seul qui sois resté pour moi, le seul qui aies su et qui aies été là pour moi. Tu m'as consacré tant d'après-midis, tant de discussions. Jamais je ne les oublierais. Je te dois tant, mais je ne te le dis pas. J'oublie de te demander comment tu vas, toi.
Je ne mérite pas ton amitié.
Pardonne-moi...

Depuis tout ce temps, depuis ce fameux jour, jamais elle ne l'avait remercié pour le temps qu'il lui avait consacré. Jamais elle ne lui avait rendu la pareille. Peut-être parce qu'il ne le lui en avait jamais donné l'occasion ? Elle aurait tout de même dû lui dire un mot. Le serrer dans ses bras. Un simple merci.
Une vague de remords la submergea soudain. Elle aurait dû le faire. Un remerciement.
La dessinatrice releva ses yeux flamme et eut les plus grandes peines du monde à les plonger dans ceux de Duncan. Son regard était si lourd, empli de reproches. Elle sentait les larmes affluer.
Ses lèvres s'ouvrirent, mais les larmes furent bien plus rapides. Une, puis deux, trois. Elle ne prit même pas la peine de les essuyer. Les bras ballants, elle murmura quelques mots.


- Je... je ne voulais pas que ça se passe comme cela... Excuse-moi...

Elle ne put retenir ses larmes.

- Excuse-moi de ne jamais t'avoir remercié pour tout ce que tu as fait pour moi...

Elle ne tenait plus. Elle ne pouvait plus tenir ces yeux vert qui lui montraient sa bêtise. Même si pour elle, ce n'était que de l'amour. Non, elle devait partir. Pour elle. Pour Duncan. Elle n'y tenait plus et les larmes ruisselaient sur son visage.
Se tournant d'un seul coup, elle se rua vers la porte, l'ouvrit et sortit. Elle ne prit pas la peine de la fermer. Elle pleurait encore et courait dans les couloirs. Elle n'eut pas le temps de faire une très grande distance qu'elle s'effondra sur la première marche d'une grande série d'escaliers quelconques. La tête entre les jambes.
Duncan était celui en qui elle mettait toute la confiance qu'elle possédait, il était celui dont les opinions comptaient le plus. Les autres ? Elle ne les écoutait pas. Elle faisait ce qu'elle voulait, mais lui, elle l'écoutait. Elle le croyait toujours, l'écoutait avec avidité.
Et il venait de lui montrer pour la première fois depuis les débuts de leur amitié, une marque de dégout. De déception. Et elle se sentait indigne de son amitié. Pourquoi ? Ne cherchez pas. Elle comptait tant sur l'avis de son ami. Le seul qui l'avait aidée. Les quelques autres qui avaient su pour son drame ne l'avaient pas aidée. Ignoré même. Lui, il était resté. Et son avis importait plus que tout autre, alors voir ces sentiments dans son regard...

Si tu savais comme je suis désolée... Je ne le quitterais pas, je l'aime. Mais je ne veux pas te décevoir.
Ton regard... Je ne saurais le supporter plus longtemps, je ne saurais revoir cela dans tes yeux.
Comment pourrais-je te montrer son meilleur côté ? Je n'en sais rien. Je ne sais même pas si j'y arriverais.
Colère, amertume, déception. Duncan...

Pleurs. Remords. Elle.



Duncan Cil' Eternit
Duncan Cil' Eternit

Maître des légendes et d'animisme et primat d'Aequor
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MessageSujet: Re: Ô joie, ô espoir, ô spires éternelles !! [Terminé]   Ô joie, ô espoir, ô spires éternelles !! [Terminé] Icon_minitimeDim 4 Nov 2012 - 21:38

La porte resta ouverte sur les échos de ses pleurs.
Duncan la fixa, l’œil vide, en silence.

Il lui semblait encore entendre les mots de Myra résonner dans la pièce, même si elle était partie depuis une bonne minute.
Il n’avait pas souhaité qu’elle pleure. Il savait que ça serait sa réaction à ce qu’il venait de dire, il savait qu’il allait déclencher des larmes, de la colère, de la tristesse, qu’il ferait tout le contraire de ce à quoi elle s’était attendu. Elle aurait du repartir de ses appartements comme elle était rentrée, un sourire grand comme la lune et l’œil luisant. Elle était repartie effectivement l’œil luisant, mais le cœur serré, en courant comme une voleuse.
Et ça arrivait quand même à l’étonner.

Il se sentait vide. Profondément vide. Comme après un ouragan, des montagnes russes d’émotion le laissaient aussi vide qu’un bois flotté sur la plage. Il ne savait pas trop quoi penser. Il sentait juste son cœur battre sourdement, violemment, de colère ou de détresse, il ne savait trop.
Elle l’avait cherché, avait-il envie de croire. Elle s’était attirée son futur malheur sur elle-même, et elle attendait qu’on la félicite. Il avait envie de croire là fort, pour se décharger de la moindre émotion, de la moindre responsabilité. Elle reviendrait un jour, en larmes, si elle revenait, et il devrait encore écouter, longtemps, sourire, beaucoup, être là, parce qu’on considérait toujours comme acquis qu’il était là.
Oh, il l’était, il aimait l’être, il ne demandait jamais rien en échange, il n’en avait pas besoin.

Les derniers mots de Myra le troublaient.
Troublaient sa vue.
Etait-il si égoïste ? Avait-il donné l’impression de réclamer compensation ? Etait-ce vrai ?

- Qu’ai-je fait ?
murmura-t-il à part lui-même. Du coin de son mouchoir, il essuya une larme qui avait roulé au coin de son œil, la seule larme qu’il se permettrait en cette soirée.
Puis il se leva, comme en transe, et fit quelques pas sans but dans la pièce. On aurait dit qu’il somnanbulait. Il se dirigea finalement vers la porte, hésita à la refermer et à aller se coucher, pour que cette nuit étrange s’arrête. Il entendait pleurer, très faiblement. La voix de Myra la hantait-il si longtemps… ?
Non, Duncan, tu le sais très bien. Sois un homme, sois l’ami, redresse la tête, et va la retrouver. Il hésita longtemps.

Puis il sortit de la pièce, en essuyant de sa paume toute trace de larmes de son visage. Dans le noir du couloir, il serait difficile de voir son expression. Et ce n’était pas de ses expressions qu’elle aurait besoin, non.
Il s’approcha doucement de l’endroit où elle était assise, en essayant de se faire le plus silencieux sur les tapis, et s’assit lentement à ses côtés. Elle avait enfoui son visage dans ses genoux pour dissimuler sa tristesse à la face du monde, et ne daigna pas la redresser lorsqu’elle sentit qu’il était là. Ca ne pouvait être que lui, dans ce couloir, la porte était si proche…
Il ne savait pas quoi dire.
Il n’y avait rien à dire. Ils le savaient tous les deux.
Alors Duncan continua dans son silence muré, les lèvres closes et les dents serrées. Il devait ignorer les douleurs de son propre cœur, ses doutes. Ils n’avaient pas leur place ici.

Il ne lui dirait pas qu’il était désolé. Ca ne servait à rien. Ils le savaient tous les deux.

Le vieux professeur de lettres passa un bras autour des épaules de Myra, et elle s’inclina vers lui malgré tout, la tête contre la sienne, à pleurer de tout son soûl. Il la serra contre lui avec toute la tendresse dont il était capable en ce moment-précis, le regard dans le noir des escaliers.
Ils restèrent comme ça un moment, il caressait ses cheveux pour tenter de la rassurer, de calmer ses tremblements. Duncan lui tendit son mouchoir, et Myra le prit pour essuyer ses larmes et pour se moucher.

Il ne saurait dire combien de temps ils étaient restés là, assis sur les marches, mais le petit jour commençait à poindre à l’horizon par les fenêtres de la tour d’escalier. Il se détacha un peu d’elle et s’éclaircit la gorge.

- Vous devriez aller dormir un peu. Prenez votre journée si besoin. Nous avons tout le temps du monde pour en reparler.


Sa voix à lui était éreintée, lasse par manque de sommeil, fatigue, douleur, tristesse, beaucoup de choses. Une chose était sûre, quant à lui, il prendrait sa journée.

[Rp terminé de mon côté]


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MessageSujet: Re: Ô joie, ô espoir, ô spires éternelles !! [Terminé]   Ô joie, ô espoir, ô spires éternelles !! [Terminé] Icon_minitime



 
Ô joie, ô espoir, ô spires éternelles !! [Terminé]
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