Une galère pour une rencontre... [Inachevé]

Je sortis du bureau de l'intendant avec mes nouvelles affaires. Un anneau avec une pierre bleu et un ... Uniforme. Je soupirais en le détaillant plus attentivement. Il était bleu. Bleu ! La seule touche de noir qu'il y avait été sur une paire de bottes semblables à celle que je porte en ce moment, quoique qu'elle monte plus haut et une ceinture. Tout le reste est malheureusement bleu. Assortis à mes yeux bleus-gris certes, mais beaucoup moins classe que ma veste noir et ma chemise blanche sans col. Je fourrais le tout dans mon sac de cuir que je jetais sur mon épaule, mais gardais l'anneau dans ma main. Je l'examinais plus attentivement, il n'avait rien d'exeptionel, un anneau de bronze avec une pierre. Sa valeur ne devait pas s'élever à grand chose puisque chaque élève devait en un avoir un semblable. Je haussais les épaules et détachais la chaîne qui se trouvait autour de mon cou pour passer mon nouveau "bijou", qui était plus un moyen de voir à quelle maison j'appartenais. Je voulus ratachais mon collier, mais ce ne fût pas tâche aisée. Je n'arrivais pas à boucler ce fermoir ! Ah ... Si quelqu'un avez pu m'aider. Un sourire se dessina sur mes lèvres à cette pensée. Etre dans une Académie permettait de voir du monde en permanence et cela me ferait du bien après mon voyage en solitaire.

Je me lançais à la recherche des écuries. J'avais laissé Djal à l'entrée et quelqu'un avait du l'emmener là-bas. Je m'aperçus rapidement que le domaine était assez grand et qu'il était facile de s'y perdre quand on ne conaissait pas les lieux, ce qui était mon cas. D'accord, cette cour ensoleillée était très belle avec sa fontaine en son centre, mais ca fait trois fois que j'y passe. Je tourne en rond ! Je me décidais enfin à aller demander des renseignements à quelqu'un. Je regardais les differentes personnes qui se trouvait non loin de moi et optait pour un homme vetu de l'uniforme orange. 

"Bonjour ! Excusez-moi, pourriez vous m'indiquez les écuries s'il vous plait ?
Dis moi ... Tu ne portes pas l'uniforme ! Tu sais qu'il est obligatoire non ?"

Il avait du se lever du pied gauche ce matin celui-là ... Si je lui demande ou se trouve les écuries, c'est que je ne connais pas les lieux et si je ne connais pas les lieux, en toute logique, c'est que je viens d'arriver. Aussi, je n'ai pas eu l'occasion d'enfiler l'uniforme, sombre idiot !
Je retins une remarque de ce genre et m'adressais à lui d'une voie calme.

"Oui, je sais que l'uniforme est obligatoire, mais je viens d'arriver et je n'ai pas eu l'occasion de le mettre. Et ... les écuries ?
Grrmm ... Là-bas, à gauche.
Merci !"

Je lui tournais le dos et allais dans la direction qu'un de ses gros doigts tordus m'avait indiqué. Et je me retrouvais ... Aux écuries ! Comme quoi, demander est bien plus rapide que chercher. Djal était attaché par un licol à un anneau de métal. Je défis le noeud et allais repertiorer ma jument dans les registres des chevaux de l'Académie. On m'indiqua un box et j'y guidais Djal. Seulement, comme je m'y attendais, elle refusa d'y entrer. Si elle refesait le même cinéma qu'hier à l'auberge, je n'allais pas garder mon calme bien longtemps. Djal était une jument qui avait grandi au grand air et qui n'avait pas beaucoup été enfermé et apparement, elle ne voulait pas que cela change. Je tirais sur la longe du licol, mais ma jument ne semblait pas decider à bouger. 

"Bon ! Tu ne vas pas rester là quand même ..."

Je la caressais entre les deux oreilles et essayer de la faire rentrer dans le box, mais rien à faire, elle ne bougea pas.

"S'il te plaît ! Je vais pas y passer la journée ! J'ai autres choses à faire MOI !"

J'appuyais mon épaule contre le haut de sa patte avant gauche pour lui faire lever son sabot qui semblait peser trois tonnes. J'étais obliger de me baisser et je devais avoir l'air un peu ridicule dans cette position.

"Regarde ce que tu me fais faire ..."

Alors que je commencais à perdre mon calme, Djal fit un écart et percuta ... Quelqu'un. Effrayée, elle rentra precipitament dans le box que je m'empressais de refermer.
Je me tournais vers la personne que ma jument avait bousculé et mon regard tomba sur une jeune femme qui devait avoir une vingtaine d'années tout au plus. Elle avait une longue chevelure noir qui tombait en boucles dans son dos et des yeux marrons Elle portait un uniforme rouge, elle faisait donc parti de la maison Kaelem. Je passais une main dans mes cheveux blonds et pris finalement la parole.

"Désolé, ma jument n'aime pas être enfermée et c'est toute une histoire pour la faire rentrer dans son box ... Euh ..."

Le dernier mot, qui n'en était pas un d'ailleurs était du à la mine étrange qu'elle affichait, les yeux légèrement écarquillés ...

S’il y avait bien une chose qu’Enelyë détestait, c’était de porter des pantalons. Certes, c’était plus pratique pour toutes sortes de choses, et elle comprenait tout à fait que les marchombres et les guerrières les préfèrent ; les jupes, ça entrave les mouvements – disait souvent une des Kaelems. Mais elle, elle n’était ni guerrière ni marchombre, et ne comprenait pas pourquoi les dessinatrices devaient elles aussi obligatoirement le porter. Bon. Mais ce jour-là, elle n’avait pas rechigné à le mettre, son uniforme. Ou du moins, elle préférait mettre son uniforme plutôt que l’une de ses tenues à elle, étant donné qu’elle risquait de se salir. Elle avait prévu de suivre ses cours d’équitation comme il le fallait.

Elle s’était retrouvée avec les débutants, forcément. Clarysse Vornang lui avait demandé si elle comptait vraiment suivre les cours, genre, avec assiduité, et un sourire gêné plus tard, Enelyë lui avait dit qu’elle en avait besoin, et que du coup, oui, elle suivrait bien les cours cette fois. Parce que c’était bien beau de savoir diriger un cheval à gauche ou à droite, mais ne pas savoir l’arrêter, ou au contraire ne pas savoir le faire avancer risquait de lui poser quelques problèmes. La palefrenière lui avait confié une jument douce et docile, la même que d’habitude, et la dessinatrice commençait à l’apprécier. Tant et si bien qu’à la fin du cours, elle se décida à aller aider Clarysse à s’occuper des chevaux. Et aussi pour se faire pardonner ses nombreuses venues bien trop irrégulières pour avancer vraiment.

Lorsque ce fut enfin terminé, que les chevaux furent pansés et les box nettoyés, elle se prépara à partir. Elle s’étira, faisant craquer ses épaules, et avança sans vraiment se préoccuper de ce qu’il y avait devant elle – après tout, les chevaux n’étaient-ils pas tous rentrés ? C’est ce qu’elle se demanda lorsqu’elle percuta un nouvel équidé, sorti de nulle part. Nouvel équidé qui rentra rapidement dans un box dont la porte était ouverte, puis refermée aussitôt par un individu qu’Enelyë identifia tout de suite. Elio. Ses grands yeux marrons s’étaient écarquillés sous le choc. Il commença à parler, et la sonorité de la voix fit alors place au doute. Ce n’était pas Elio qui se tenait devant elle. Elle secoua la tête et se releva. L’espace d’un instant, elle avait cru … Enfin, il ne fallait qu’elle s’imagine qu’il reviendrait à l’Académie. Surtout tant que Ril’Krysant serait là. Et même, ça resterait encore inenvisageable après. Elle soupira et releva la tête, une esquisse de sourire sur le visage.

- Ne t’inquiète pas pour ça, il y a des chevaux comme ça ici aussi. Une vraie galère pour les faire rentrer !

Elle aurait voulu rire, n’y était pas parvenue. La dessinatrice releva le visage vers celui qu’elle avait pris pour son ami.

- Tu connaitrais pas un Elio Thäron, par hasard ? Tu lui ressembles vraiment beaucoup, c’est … perturbant.

Ils faisaient sensiblement la même taille, avait la même couleur glacier dans les yeux. Mais le regard de son interlocuteur actuel avait quelque chose de bien plus doux, de moins brisé dans son regard. Et ses cheveux, à bien y regarder, étaient moins clairs que ceux d’Elio. Elle détourna le regard, consciente que dévisager les gens ainsi n’était pas vraiment une chose à faire. Pas vraiment respectueux, gênant, tout ça. Et elle commençait à prendre l’habitude de faire des choses respectueuses, à force d’être traînée de dîner en dîner par Varsgorn.

- Je t’ai pris pour lui, en fait … Ah, et je m’appelle Enelyë Ril’Enflazio, enchantée. Tu es nouveau non ? Ou, un genre de « rebelle » ? Tu ne portes pas l’uniforme.

En fait, il y avait beaucoup plus de suppositions pouvant expliquer le fait qu’il ne porte pas d’uniforme. Il aurait pu être un invité de l’Académie – jeune, certes, mais. Peut-être en voyage avec quelqu’un de sa famille, qui sait ? – ou bien un rêveur ou encore elle ne savait trop quoi. Le problème étant qu’elle ne voyait pas non plus sa bague. Etait-il seulement passé devant l’Intendant ?

- Tu ne portes pas ta bague ?

Au moins, elle serait fixée, comme ça.

La jeune femme se releva et me regarda longuement la bouche légèrement entrouverte avant de prendre la parole.

Ne t’inquiète pas pour ça, il y a des chevaux comme ça ici aussi. Une vraie galère pour les faire rentrer !

Elle m'adressa un sourire crispé. Le genre de sourire que l'on fait quand on veut faire croire que l'on est heureux, mais que ce n'est pas le cas. Elle avait l'air … déçu quand elle releva la tête vers moi.

Tu connaitrais pas un Elio Thäron, par hasard ? Tu lui ressembles vraiment beaucoup, c’est … perturbant.

Je compris alors. Elle m'avait pris pour une autre personne. Une personne qui devait être son ami. Cet Elio Thäron … Jamais vu. Je ne connait pas grand monde à vrai dire. Les seules connaissances que j'ai sont les personnes qui était dans le convoi où j'ai grandi et quelques voyageurs dont j'ai fait la connaissance durant le voyage qui m'a amané içi.

Euh … Non, jamais rencontré, désolé.

Son regard marron me détailla de nouveau, mais cette fois-ci de façon plus attentive et plus … Gênante. Elle du s'en rendre compte car elle détourna le regard.

Je t’ai pris pour lui, en fait … Ah, et je m’appelle Enelyë Ril’Enflazio, enchantée. Tu es nouveau non ? Ou, un genre de « rebelle » ? Tu ne portes pas l’uniforme.

Je laissais échapper un éclat de rire. Ils avaient quelque chose avec l'uniforme içi, ce n'était pas possible autrement. On ne le portait pas et nous étions un rebelle ? Je n'avais que survolé le règlement, mais ça avait l'air d'être une académie très stricte. Ce qui allait surement me poser problème étant donné que j'avais une légère tendance à ne pas respecter les règlements. Je le lirais ce soir, au moins je le saurais quand j'enfreindrais une règle.

Vous avez tous quelque chose avec cet uniforme ? Je me suis fait interpeller pour ça aussi dehors. Je suis nouveau et être rebelle le premier jour … Il vaudrait mieux éviter ! Mais je t'avoue que je ne suis pas préssé de l'enfiler, il est assez horrible je trouve.
Et moi c'est Lewän !

Enelyë, puisque c'était son nom, portait l'uniforme rouge et la bague qui se trouvait à son doigt aussi. Kaelem. J'avais vu beaucoup d'élèves dans la cour de la Fontaine. La plupart vétu de noir et de rouge ou des autres couleurs pour les maîtres et les enseignats, mais je n'avais vu que un ou deux élèves vétu de bleu. Et avec cette couleur, ils ne passaient pas inaperçu ! Enelyë prit alors la parole, me sortant de mes réflexions sur la tenus des élèves.

Tu ne portes pas ta bague ?

L'uniforme, la bague, ce serait quoi après ? La teinture de cheveux de la couleur de la maison ? Je souris à cette pensée. Pour répondre à sa question je sortis la chaîne de sous ma chemise et lui montrais l'anneau qui y était suspendu.

Aequor. Je n'en ai pas vu beaucoup dans les couloirs et dans la cour. Ce n'est pas une maison très remplie, si ?
Je cherchais la salle commune avant de venir içi, mais je ne l'ai pas trouvé.

Elle n'avait pas l'air occupé. Enfin, difficile d'en juger étant donné que la seule chose que j'avais vu, c'était une jeune femme qui était tombée à cause de Djal et qui me regardait avec un air un peu perdu. Bon, au pire elle refuserait et je trouverais quelqu'un d'autre pour me guider.

Si tu n'es pas occupée, pourrais-tu me faire visiter rapidement ? Ça m'a l'air assez grand ici et, ce serait mieux si j'arrivais dans la salle commune avant demain.

Elle avait laissé échapper le nom d’Elio, espérant un peu que l’autre le connaîtrait. Mais visiblement, vu le regard qu’il lui accorda, ce nom ne lui évoquait rien de particulier, et cette pensée fut confirmée par sa phrase. « Jamais rencontré, désolé. ». Elle ne se demanda pas pourquoi il s’excusait, concentrée qu’elle était à chercher les différences entre les deux jeunes hommes. Et lorsqu’elle constata, sur le ton de la discussion, qu’il ne portait pas l’uniforme, il partit d’un grand éclat de rire. Enelyë sourit, elle. On voyait bien qu’il était nouveau et qu’il n’avait jamais eu à faire au regard d’Aziel au détour d’un couloir. Lorsqu’il critiqua l’uniforme, elle se mit à rire, doucement.

- C’est vrai que c’est pas une joie de le porter ! C’est pour ça que je le porte le moins souvent possible. J’te donnerai des astuces pour éviter Aziel-le-Fiel, t’inquiètes !

Puis Enelyë laissa échapper à nouveau quelque chose sur la bague. Parce que quand bien même l’uniforme était clairement repoussant, elle trouvait qu’il n’en était pas de même pour les bagues. Elle, elle appréciait beaucoup sa petite pierre couleur rubis. Lewän sourit et tira une chaîne de sous sa chemise. Oh. Elle n’avait jamais pensé à l’accrocher à une chaîne. Mais est-ce que ce ne serait pas considéré comme un port d’objet personnel ? Elle ne savait pas trop, mais quelque chose lui disait que le nouvel Intendant risquait d’être particulièrement pointilleux à ce sujet. Elle soupira ; elle aurait tant aimé que Jehan revienne. C’était peut-être un chaos infernal dans l’Académie, mais au moins l’école était beaucoup plus vivante et beaucoup moins oppressante.

Bref, c’était un Aequor, à en juger par la bague bleue. Son regard s’assombrit légèrement. Oh, elle ne la connaissait pas bien, la demoiselle blonde qui était tombée dans l’escalier, mais elle trouvait qu’elle portait beaucoup de joie dans son sillage. Désormais, l’Aequor souriante n’était plus. Néanmoins, elle se demanda si elle devait l’annoncer comme ça à Lewän. Il était tout nouveau ici, mais il risquait fort de ne pas trouver l’ambiance géniale, et autant éviter qu’il ne mette les pieds dans le plat. D’autant qu’il avait remarqué le nombre restreint d’élèves de cette maison. Autant ne pas le mettre dans l’embarras.

- Elle se remplit, en ce moment, je trouve. Par contre … c’est normal qu’ils ne soient pas nombreux à sortir en ce moment. Il y a eu un accident au dernier cours de combat, et une de nos camarades est … enfin, tu vois. Du coup, les Aequors restent un peu en bande dans la salle commune. Si tu veux t’amuser, je te conseille plutôt la salle des loisirs en ce moment. Il y a régulièrement des jeux organisés par les Kaelems.

Peut-être parce que la salle des loisirs était dans leur aile, d’ailleurs. Elle lui décocha un grand sourire, autant pour le rassurer quant à l’ambiance dans l’école que pour effacer de sa propre tête les images qu’elle créait suite à ce qu’en avaient dit les combattants. Hestia, le visage blanc entouré du halo doré de ses cheveux, en bas de l’escalier. Ça avait dû être terrible, vu le visage d’Eileen qui les avait réveillé en leur demandant de ne pas questionner leurs camarades. Ça n’avait même pas traversé l’esprit d’Enelyë. Elle releva le visage vers Lewän, les yeux regardant un peu dans le vide, encore.

- Oh, non, il n’y a pas de soucis ! Puis, je sais très bien où se trouve la salle commune des Aequors.

Bon, techniquement, ce n’était pas pour une bonne raison. Elle avait quand même pénétré le dortoir Aequor pour rendre la monnaie de leur pièce à une petite bande de pouffiasses qui avaient viré Gwëll pour organiser une fête. Mais au moins, elle savait où il se trouvait. Et en fait, elle savait même où se trouvait celui de Teylus, à force de raccompagner des gens de cette maison. Elle ne savait pas trop pourquoi, d’ailleurs, mais certains élèves de cette maison semblaient ne pas vraiment l’apprécier.

- Mais du coup, je vais te faire visiter les endroits stratégiques, ok ? Alors, déjà, est-ce que tu es combattant, dessinateur ou marchombre ? Elle attendit sa réponse, puis, un peu tendue : Oh … Je crois qu’il va falloir que vous vous entraîniez entre combattants seulement, j’ai entendu dire que M’sieur Hil’Guidjek allait être viré … Enfin, peut-être que son assistante va rester, j’en sais rien. Mais bref, on a qu’à passer par la salle d’armes. Comme ça on prend le portique qui rejoint à l’aile Ouest, on monte au deuxième étage et on trouve directement Aequor.

Elle trouvait ça bizarre de lui parler autant alors qu’elle ne le connaissait pas. Mais en se tournant vers lui, elle avait des visions fugitives d’Elio. Et peut-être que c’était ce qui la poussait à bavarder. Soudain, une boule de larmes se fit dans sa gorge, et elle cessa de parler, respirant profondément pour la faire disparaître. Et sans un mot, elle l’invita à la suivre vers l’Académie.

- Et si t’as des questions, hésite pas, réussit-elle à dire sans que sa voix ne soit trop chevrotante.