Ensemble pour le plus grand des voyages... [Inachevé]

[Je ne sais pas trop quoi mettre donc j'espère que ça te suffira pour pouvoir me répondre, sinon édition à volonté !]

Elisha s'était levée de bonne heure ce matin-là. Il était rare qu'elle fasse la grasse matinée d'ailleurs. Surtout ces derniers temps. L'adolescente aurait aimé avoir débarquer à l'Académie ne serait-ce qu'un un plus tôt. Ainsi elle aurait sut plus de choses, peut-être même serait-elle passée en second cercle. Et dans ce cas, elle aurait pu aidé. Au lieu de devoir rester tranquillement à se ronger le sang dans l'enceinte de la Confrérie, pendant qu'à l'Académie des personnes souffraient de leurs blessures, et du manque d'effectifs des rêveurs. Elle avait soif d'apprendre. De soigner. D'aider. Mais elle n'était arrivée à la Confrérie que quelques semaines auparavant, elle ne connaissait pas grand chose. Du coup elle ne servait pas à grand chose. Pourtant à l'Académie ils avaient besoin de rêveurs. Besoin de soins. Mais voila, seul Mael et Amarylis étaient expérimenté. Angelika n'était arrivée que quelques jours plus tôt, Elisha quelques semaines. La situation lui semblait catastrophique, et pourtant elle ne savait pas grand chose de ce qui se tramait à l'extérieur... Amarylis était enfin rentrée. A vrai dire elle n'était partie que quelques jours. Elisha ne savait pas où elle était allée, Mael non plus d'ailleurs. Du moins il lui semblait qu'il n'était pas au courant. Ce dernier avait soignée la Maitre Rêveuse à son arrivée, et ce matin même Elisha devait aller la voir. Lorsqu'elle sortit de sa chambre pour se diriger vers les jardins, l'aube commençait à se dévoiler. Elisha avait déjà vu plusieurs fois l'aube se lever sur Eoliane, mais elle ne l'avait jamais réellement regarder. Cette fois elle l'observa. C'était réellement magnifique. Indescriptible. Apercevant Amarylis du coin de l'œil, Elisha s'approcha de son professeur sans quitter le spectacle qu'offrait le ciel. Amarylis ne dit pas un mot, et Elisha n'osa pas non plus briser ce silence. Elles restèrent donc là, un moment à contempler, fascinée, le paysage qui s'offrait à elles. Lorsqu'enfin le soleil fut totalement levé, Elisha n'aurait su dire combien de temps plus tard, elle baissa les yeux et tourna la tête vers Amarylis. Celle-ci était vêtue d'une jolie robe bleue nuit, ses cheveux tombant en cascade sur ses épaules nues. L'adolescente ne l'avait jamais vu avec la tenue traditionnel des rêveurs, elle-même ne la mettait pas toujours. Parfois seulement, et encore c'était rare. Le spectacle définitivement terminer, Elisha brisa le silence :

- J'ai vu de nombreux lever de soleil à Al-Chen, mais aucun ne ressemblait à celui-ci...

Elle ne savait pas réellement pourquoi Amarylis l'avait fait venir ici à cette heure, peut-être pour le spectacle qu'elles venaient de voir. Et pour lui donner un cours aussi. Cours qu'Elisha attendait grandement. Elle voulait réellement apprendre, et même si, comme Mael le leur avait expliquer à Angelika et à elle, elle n'apprendrait pas beaucoup à rêver en étant seulement du premier cercle, les cours l'intéressait énormément. Pour plusieurs raisons sans doute, mais celle qui faisait que plus vite elle apprenait toute l'anatomie humain, les gestes basiques des guérisseurs et tous ce qui allait avec, plus vite elle apprendrait à soigner de véritable blessure, devait être l'une de celle qui la motivait le plus. Elle avait soif de soigner. Pas au point de blesser des gens pour pouvoir les soigner bien sur, mais au moins au point de ne pouvoir dormir parfois la nuit en sachant que des personnes pas loin avaient besoin d'être soigné, et qu'elle n'était pas qualifiée pour. Elle travaillait donc. Beaucoup. Et elle y mettait bien plus d'ardeur que lorsqu'elle suivait son entrainement de combattante avec son père où qu'elle tentait - en cachette de ses parents - en apprendre plus sur la botanique et l'art de soigner par les plantes, lorsqu'elle vivait à Al-Chen. Bref, à chaque instant elle attendait avec impatience son prochain cours...

[Désolé je suis pas trop inspirée...]

Amarylis avait raison. Chaque endroit était particulier. Mais cela ne changeait en rien, que tous pouvait être beau. Ils avaient chaqu'un une beauté différente. Elisha sourit en réponse aux paroles de la maître rêveuse. Elle n'avait tout simplement rien à dire. Alors elle restait muette. Après un cours moment de silence, Amarylis recommença à parler. Apparemment elle ne l'avait pas fait venir pour un cours. Elle expliqua à nouveau, elle l'avait déjà fait lorsqu'Elisha était arrivée à la Confrérie, qu'être rêveur était avant tout un état d'esprit, un travail sur soi. La rêveuse l'invita à s'assoir à même le sol, et Elisha toujours sans prononcer un mot, accepta. Amarylis avait raison. L'herbe était confortable. Ce n'était pas la première fois qu'Elisha s'asseyait par terre, mais chaque fois elle remarquait la même chose. Le sentiment d'harmonie avec la nature. Cela pouvait sembler bizarre. Après tout elle ne faisait que s'assoir sur de l'herbe. Le regard toujours plein de questions Elisha continua à écouter attentivement Amarylis. Sans l'interrompre. Malgré son invitation à faire le contraire. Son regard curieux passa au perplexe lorsque la rêveuse lui annonça qu'elle voulait qu'elles parlent d'elle-même. La maître rêveuse ria légèrement en voyant sa mine. Oh ! Ce n'était pas un rire méchant. Il suffisait de l'entendre pour le savoir. Mais Elisha était tellement étonner, que cela en devenait sans doute drôle. Elle ne voulait pas qu'elle se dévoile entièrement. Du moins pas immédiatement. Elle parlait des peurs et secrets non-dévoilés. Disant que cela pouvait en étouffer les gens. Elisha était bien placée pour le savoir. L'adolescente patienta un moment avant de reprendre la parole. Elle n'était pas du genre à se confier. Alors se confier à quelqu'un qu'elle ne connaissait que depuis quelques semaines... Pourtant la rêveuse semblait si pleine de douceur, qu'Elisha ne pouvait pas se refermer. La seule personne à laquelle elle s'était confiée jusqu'à maintenant était sa propre soeur, Ael. Amarylis serait-elle la prochaine sur la liste ?

- Je ne suis pas particulièrement intéressante, vous savez. Je suis une fille plutôt banale. C'est juste que... je n'aime pas le combat.

Elisha s'arrêta un instant. Devait-elle continuer. Alors qu'elle hésitait, le regard encourageant de la maître rêveuse la poussa à poursuivre.

- Pourtant j'ai été formée pour ça. Pour me battre. Depuis que je suis toute petite il était prévu que j'aille à l'Académie. Mais... pour y apprendre les arts du combats. Pas pour y devenir rêveuse.

L'adolescente s'arrêta de nouveau. Amarylis continuait à l'écouter, attentive.

- Maintenant je suis enfin rentrée à la Confrérie. Et malgré cela, alors que des personnes blessé, et peut-être mourante, on besoin d'aide, juste à côté d'ici... je ne suis d'aucune utilité. Parfois je me dis que, si j'avais tenue tête plus tôt à mon père, je serais arrivée plus tôt. J'aurais appris plus de choses. Et j'aurais pu me rendre utile. Mais les regrets ne servent à rien. C'est trop tard maintenant pour penser à cela. Pourtant... je ne peux pas m'en empêcher.

Elisha s'arrêta encore une fois. Elle n'en dirait sans doute pas plus pour cette fois. Peut-être qu'un autre jour, dans d'autre circonstances elle se dévoilerait à nouveau... Du moins un peu...

[uu' J'ai quand même une excuse ! Je devais attendre la réponse de Ciléa pour le RP avec Locktar et Winry. De cela dépendait la réaction de Lisha ici... Et jeudi en plus j'ai tout rédiger, et là bug, tout perdu -_-' ]

Amarylis ne tarda pas à lui répondre. Malgré cela, les pensées d'Elisha avaient eu le temps de tournées vers Locktar et Winry. Elle avait déjà rêver. Elle avait déjà soigner des blessures plus graves que de simples égratignures. Elle n'était pas sensée pouvoir le faire, mais pourtant elle l'avait fait ! Elle n'en avait pas encore parler à Amarylis. Elle n'en avait pas non plus eu l'occasion. Elle se promit de lui en faire part dès que possible. Puis, elle se concentra sur les propos de la primat qui commençait à parler...

Elle expliquait qu'être banale ne voulait rien dire. Que chaque personne avait une particularité en soi. Elle disait ensuite que le fait même qu'Elisha est tenue tête à son père était exemplaire à ses yeux - selon ses propres dires. Que le fait d'avoir choisi sa voix par elle-même lui donnait une force que la jeune rêveuse sous-estimais. Elle parla ensuite de la Mort. Des rêveurs et de certaines blessures incurables. Amarylis finit sa tirade en parlant de son maître, qui lui avait appris à toujours avancer, quoi qu'il se passe ne jamais se retourner sur le passé. Que le chemin des souvenirs était dangereux et que les personnes pouvaient très bien s'y perdre... Cela, Elisha était bien placée pour le savoir...

La jeune rêveuse savait une partie de cela. Mais elle buvait toutes les paroles de la primat. Cette dernière se retira alors qu'elle venait tout juste de finir de parler. Elle lui fit signe de ne pas la suivre et la jeune rêveuse obéit et en profita pour méditer sur ses dernières phrases. Elle y pensait encore alors que la primat revenait, d'une démarche saccadée et le bras ensanglanté. Elisha ne put retenir son cri, et se précipita vers son maître lorsque, à ces images de sang se superposèrent celles des ses combats de jeunesse. Les bandages rapides que lui avait appris à faire son père ne suffirait certainement pas pour soigner cette blessure. Quand bien même elle trouvait quelque chose pour les faire, et se souvenait de la façon de les faire.

Elle commença alors à paniquer, purement et simplement. Comme une gamine en face d'un blessé qui n'a qu'elle pour s'en sortir - même si la primat n'était surement pas en danger de mort. Les images d'un Locktar blessé - un couteau encore planté dans le dos - et d'une Winry agonisante, surgirent alors des brumes de son esprit. Elle avait également paniquer. De la même façon qu'à ce moment précis. Et si Mael n'avait pas été là... Si elle n'avait pas croisé le regard de Locktar... Elle préférait ne pas y penser et refusait que cela puisse se reproduire.

Immédiatement elle se força à se calmer. Elle se reprit enfin puis s'approcha plus près de la rêveuse. Elle commença alors à examiner la blessure. Ce n'était qu'une entaille. Une grande entaille, mais rien que cela. Frôlant doucement la blessure elle ferma les yeux - et ferma également son esprit à ses souvenirs de combats qui risquait de la déconcentrer - et elle commença à rêver...

Oh, ce n'était pas un grand rêve. Pas quelque chose de parfait ni rien dans ce genre là. Mais elle avait soigner des blessures plus graves que celle-là. Elle avait déjà rêver et savait qu'elle ne pouvait plus se permettre de paniquer comme elle avait failli le faire. Comme elle l'avait déjà fait. Surtout en sachant ce qu'il pourrait advenir si cela se déroulait en d'autre circonstances avec d'autres acteurs...

Elle rouvrit les yeux, constatant ainsi que la blessure n'était plus qu'une cicatrice qui disparaitrait facilement, puis leva les yeux vers la maître rêveuse...

- Je..., commença-t-elle.

Elle se tut. Elle n'avait rien de particulier à dire. Absolument rien. Elle regardait simplement la jeune femme avec un brin d'incompréhension dans le regard. Si Amarylis avait été attaquée elle n'aurait surement pas pu revenir ainsi. Et puis, Elisha avait combattu pendant si longtemps qu'elle savait qu'un quelconque combat aurait laissé plus de traces que cela, ou alors différentes. Il ne restait qu'une seule explication plausible. La rêveuse s'était fait cette blessure volontairement. Mais pourquoi ?

[Hum, sinon je suis pas très inspirée, donc si tu n'arrive pas à répondre : édition à volonté pour rajouter quelques lignes à la fin !]

Son joli minois était recouvert d’un air parfaitement étonné. Parfaitement étonné mais surtout rempli d’incompréhension. Une incompréhension telle qu’il n’y avait même pas besoin de sonder le fond de ses yeux pour la découvrir. Elle était parfaitement visible. La jeune rêveuse n’essayait même pas de la cacher. Elle voulait juste savoir. Elle voulait juste comprendre. Comprendre la raison de cette blessure faite de plein gré. De cette souffrance acceptée. Quel intérêt ? Quel but ? Ou : quels intérêts ? Quels buts ?

Elle aurait sans doute toutes les réponses à ses questions. Elisha n’en doutait pas. Mais pas pour le moment. Pour l’instant il y avait sans doute des choses bien plus pressantes à régler. La jeune fille avait compris qu’en temps normal - soit, telle qu’elle était avant le départ d’Amarylis - elle n’aurait pas dû soigner la rêveuse si rapidement. Elle aurait dû paniquer durant une durée bien plus longue. Comme lorsqu’elle avait vu Locktar et Winry dans la salle d’étude. Elle frissonnait encore à l’idée de ce qui aurait pu arriver si Mael n’avait pas été là...

Mais recenser les souvenirs n’avait aucun sens. Aucun intérêt. Tant de chose méritaient une attention bien plus grande que les souvenirs dans lesquels se perdait souvent la jeune rêveuse. Ceux lointains tels les entrainements avec son père, ceux plus proche, les derniers jours avec sa sœur, et enfin ceux, bien plus proche, Locktar et Winry blessés et la rencontre avec sa cousine. Avec Enelÿe Wind. Etrange adolescente que celle-ci. Jeune dessinatrice Corbac. Il se dégageait d’elle une aura de pureté. Mais celle-ci semblait entachée par autre chose.

Quelque chose qu’Elisha n’arrivait pas à définir. Quelque chose dont son instinct lui disait de se méfier. Quelque chose qui ne s’était pas encore développer mais qui était sans doute impossible à tuer dans l’œuf. Ou alors c’était trop tard. Cela ne changeait pas grand-chose au final. Enelÿe risquait de devenir dangereuse lui soufflait son instinct. Seulement l’adolescente, têtue comme elle était, ne voulait pas croire en son instinct - du moins pas par rapport à la Corbac - elle ne voulait pas perdre une partie de sa famille qu’elle venait de découvrir.

Mais ce n’était pas le sujet. Ce n’était pas sur cela qu’elle devait se concentrer pour le moment. Amarylis devait savoir. Elle avait le droit de savoir pourquoi Elisha avait réagit si vite. Ce que s’était passé durant son absence. Ce n’était pas à la jeune rêveuse de tout narrer, et surtout elle n’aurait sans doute pas pu le faire, mais dire qui était venu blesser à la Confrérie était dans son pouvoir. Et elle se devait d’en faire part à son Maitre. Avant même qu’elle n’est pu parler, Amarylis avait déjà réagit.

Et Elisha parla :

- Locktar. Locktar et Winry.

L’adolescente n’avait pas terminé, mais elle se devait de commencer par l’essentiel. De commencer par Locktar car elle était certaine qu’Amarylis le connaissait. Puis Winry car ils étaient arrivés en même temps. Elle devrait bien sur parler de tout le reste. Mais il fallait qu’elle commence par cela. Elle continua, s’expliquant comme elle le pouvait.[/s]

- Ils sont arrivés tous les deux, blessés, à la Confrérie, suite à l’attaque de l’Académie. Je... J’ai dû m’occuper de Locktar pendant que Mael soignait une Winry mourante. Mael s’est occupé de tout, il pourra te narrer tout cela mieux que moi. Valen a été déclaré mort. Julia et Elera sont passées à la Confrérie puis sont reparties. Et Slynn a été nommée magister.

[i]Amarylis la tenait par les épaules. Elisha releva la tête pour planter ses yeux verts dans ceux de son Maitre. Elle avait dit l’essentiel plus qu’autre chose, mais c’était également presque tout ce qu’elle connaissait. Elle était encore assez nouvelle. Après tout, l’adolescente n’était qu’une « petite rêveuse du premier cercle », rien d’autre. Il était normal qu’elle ne sache pas tout ce qui se tramait. Amarylis pourrait toujours demander à Mael et aux autres de plus amples explications...

[Franchement je préfère le début que la fin, je ferais mieux la prochaine fois =) Et puis, tu as ta réponse ^^ Enfin]

[Voila comme ça tu as ta réponse avant que je parte en Espagne !]

Amarylis semblait soulagée soudainement. En même temps cela était normal. La façon dont Elisha avait annoncé l’arrivée de Locktar et Winry à la Confrérie laissait à désirer. On pouvait croire au premier abord qu’ils étaient morts. Ou bien mourant. Mourants ils l’avaient juste été. Morts ils ne l’étaient pas. Et Elisha, comme Amarylis sans aucun doute, espérait que cela tarderait au maximum. Comme pour toutes les personnes vivant au monde d’ailleurs. La jeune rêveuse ne souhaitait la mort de personne, et le jour où cela changerait Elisha ne serait plus elle-même. Ce ne serait plus le moins du monde la petite Elisha Sonjee.

La Maitre Rêveuse tenait l’apprentie par les épaules. Elle sourit de son sourire habituel et Elisha put calmer les battements frénétiques de son cœur. Puis Amarylis commença à parler. La remerciant, la félicitant alors que la jeune rêveuse ne s’en sentait pas du tout digne. Elle n’avait fait que ce qu’on lui avait demandé. Ce qu’on lui avait dit de faire. C’était Mael qui les avait tous sauvés. C’était grâce à Mael qu’elle avait pu rêver. Grâce à Mael que Winry et Locktar était sauf. Rien d’autre. Elle n’avait fait que suivre la douce voix rassurante du rêveur et accompli son devoir. Elle ne méritait pas de remerciement ou félicitations.

Mais elle ne dit rien, sentant que ses paroles seraient malvenues. Amarylis l’invita à s’assoir, et Elisha obéit. Comme toujours. Puis la maître rêveuse s’expliqua enfin. Elle n’avait fait que répéter l’expérience que lui avait fait subir son maître, Ewen. Elisha enregistra immédiatement le joli nom du rêveur qui semblait tant compter pour Amarylis, et il y avait sans doute de quoi, la jeune rêveuse était bien placée pour comprendre son maître. La Rêveuse prit une grande inspiration, comme si elle tentait de dissoudre la peur d’alors. Elisha la comprenait parfaitement, sans l’épisode précédant la coupure d’Amarylis elle aurait sans doute réagit comme elle alors.

Et elle continua de narrer un pan de son histoire à Ondiane. Cette Confrérie semblait si différente de celle d’Eoliane. Ainsi là-bas tout était calme, les situations imprévues n’étaient pas courantes. Les urgences vite comblées. Cela devait être si différent. Cela lui semblait étrange. Qu’était la vie sans imprévu ? Sans surprise. Une vie calme, plate, inintéressante. C’est ce qu’aura pensé la jeune rêveuse seulement quelques jours auparavant. Désormais elle aura largement préféré ne pas avoir à se retrouver si tôt dans la situation qu’avait été la sienne lorsque Locktar et Winry étaient arrivés.

Sa vie avait prit un autre tournant. Cet épisode l’avait transformé. Comme l’épisode où Ewen s’était blessé avait dû transformer Amarylis. Elle avait dû découvrir alors des trésors que l’on ne montre que lorsqu’ils sont sur le point d’être perdu. Elisha comprenait la peur et la souffrance morale que son maître avait dû avoir alors. Pour avoir vécu des instants presque semblables et pourtant si différents Elisha la comprenait. Encore une fois. Et elle continua. S’excusant pour cette « inquiétude vaine ». Argumentant qu’il le fallait, qu’elle comprendrait sa réaction, quelle qu’elle soit. Qu’elle-même avait été en colère contre Ewen à l’époque.

Elle rit soudainement, peut-être au souvenir d’une colère inutile et passée. Ou simplement pour évacuer un stress quelconque et qui n’avait plus aucune raison d’être. Elle lui sourit ensuite, puis elle reprit la parole. La conseillant de faire attention à elle. Lui demandant de faire attention. De ne pas chercher à trop faire l’aventurière comme elle-même l’avait fait. Ajoutant qu’ils avaient des forces mais aussi une faiblesse certaine. Qu’ils ne pouvaient se défendre. Et même Elisha, anciennement destinée à devenir guerrière, comprenait cela. Elle pouvait se défendre mais la répugnance qu’elle en éprouvait l’en empêcherait dans tous les cas.

La jeune rêveuse acquiesça, comprenant encore une fois à quel point elle devrait se montrer prudente et ne pas trop chercher l’impossible si elle ne voulait pas avoir à ressortir ses armes du placard. Et Amarylis continua. Elle parlait mais cela ne dérangeait pas la rêveuse qui savait à quel point ses paroles pouvaient se révéler utiles. Comme l’avaient été celles de son père lorsqu’elle avait dû soigner Locktar. Elle sourit à ce souvenir, jamais auparavant elle n’aurait cru que l’entrainement qu’elle avait subit aurait pu lui être utile à la Confrérie. Encore moins de cette manière-là. Inconsciemment Anrano se montrait utile.

Elle disait que son apprentissage en lui-même était un immense voyage. Elisha était surprise par cela et elle ne fit rien pour le cacher, si bien qu’Amarylis rit quelque peu. Il la transporterait, mais de manière totalement différente qu’elle aurait pu le faire à dos de cheval. « Au cœur de ce qu’elle était. » Se découvrir soi-même devait en effet être un immense voyage, mais la jeune rêveuse n’y avait jamais pensé jusqu’à maintenant. Sans les paroles de la rêveuse elle n’y aura sans doute jamais réellement pensé. Ou alors ne s’y serait pas attardé. Et enfin, Amarylis lui demanda si elle était prête pour ce voyage.

Un ravissement certain devait pouvoir se lire sur le visage de la jeune apprentie. Elisha ne devait pas mesurer toute l’ampleur du voyage que lui proposait Amarylis mais déjà, rien que ce qu’elle devinait l’émerveillait. Elisha avait choisit de suivre la voie des rêveurs et de se détourner de celle à laquelle son père l’avait prédestinée il y avait de cela un moment désormais. Mais cette fois Amarylis lui demandait si elle était prête à s’immerger totalement dans cette voie qu’elle avait choisit. A devenir une rêveuse à part entière, et non la simple apprentie paniquée qu’elle était encore. Et elle ne parla pas, incapable de prononcer le moindre mot, elle hocha simplement la tête, de haut en bas. En un unique mouvement qui signifiait :

*Oui.*

Amarylis sourit au hochement de tête d’Elisha. Elle était fin prête. Prête à tirer un trait sur son passé, et à commencer une nouvelle vie en arpentant la voie des rêveurs. Prête à passer le simple stade de « nouvelle arrivée ». Prête à entrer dans le cercle des rêveurs de son niveau.

-Suis-moi. Ordonna la Maitre Rêveuse avec douceur.

Sachant pertinemment que son élève obéirait, elle se dirigea vers un manège en pierre qui contenait des bancs, et une fontaine en son centre. Il était situé à côté d’un labyrinthe fait de lierre et de diverse plantes grimpant au ciel, comme pour essayer de toucher le soleil de leurs épines fleuries. Elle se plaça au centre du manège et laissa à la jeune fille le loisir de contempler le lieu. Les jardins d’Eoliane étaient grands. Pas autant que ceux d’Ondiane, mais suffisamment pour que les élèves puissent de jours en jours s’étonner des merveilles dont ils regorgeaient. Le temps de certaines explications venait. Pour ne faire qu’un avec un don, il fallait avant tout le comprendre.

-Le rêve est un art méticuleux, et mystérieux. Rares sont ceux qui le comprennent. Pourtant il se rapproche du dessin. Mais si tu y fais attention, ni l’un ni l’autre ne sont compatibles, et n’arrivent à se cerner, à s’assimiler.

Elle s’autorisa une pause, cherchant ses mots.

-Connais-tu le test des dessinateurs ? Il réside dans la « mesure » du don de l’élève ou d’une personne possédant le don. Les analystes divisent le don en trois cercles : un jaune pour le Pouvoir, un bleu pour la Créativité et un rouge pour la Volonté.
Nous ne faisons rien de tel, notre don est indivisible, il ne fait qu’un avec son porteur et forme un tout de ses multiples facettes.

Elle se leva, s’approcha de la fontaine et fit signe à Elisha, d’un geste souple de la main, de s’approcher.

-Toutefois, si le don ne peut être divisé, le porteur peut l’être. Nous autres, rêveurs, séparons l’être humain en trois… « Entités ». Pardonne mon mot quelque peu grandiloquent, mais je n’en trouve pas d’autres pour mieux t’expliquer.

Elle se racla la gorge, tentant de retrouver les formules qu’Ewen avait utilisés pour elle.

-Il y a le Corps, l’Esprit, et l’Âme. Le Corps agit, il est l’élément vital de l’homme, mais il est dépendant, il ne peut agir par lui-même. L’Esprit pense, il est le « mental », c’est lui qui décide, qui est pourvu de la volonté d’un homme, il dirige le Corps et traduit l’Âme. Quant à l’Âme…L’Âme est très compliqué. L’Âme crée. Il crée, Elisha. Il est la pureté, le cœur de chaque individu qui ne demande qu’à recevoir. C’est ton Âme qui reçoit le don du rêve. C’est également lui qui accueille les sentiments et les souvenirs, tout ce qui fait de toi un être humain, et non un monstre.

Sur ses mots elle montra du doigt quatre signes gravés dans la pierre de la fontaine, un sur chaque étage d’eau. Tous représentaient un symbole :

Spoiler:

Mais chacun était accompagné d’un autre dessin. Le premier d’une pomme en bas à gauche, le deuxième d’une plume en bas à droite, et le dernier d’un papillon au dessus. Le dernier, le plus haut placé, était le cumul des trois.

-Le Corps, dit la rêveuse en pointant la pomme, l’Esprit, continua-t-elle en désignant cette fois-ci la plume, et enfin l’Âme, termina-t-elle en posant son doigt blanc sur le papillon. Le tout ne forme qu’un seul et même symbole : un œil, un œil qui voit tout et qui sait regarder au delà de l’apparence.

Puis elle se rassit, calmement, observant la découverte que faisait la jeune fille qui lui faisait tant penser à sa petite sœur par son minois.

-Un rêveur sait toujours retrouver son chemin.

Le visage surpris de son apprentie se leva vers elle.

-Sais-tu comment il y parvient ?

Devant le signe négatif de sa protégée, la jeune femme s’assit sur un des bancs de pierre et s’expliqua :

-Il se retrouve lui-même. Une personne sachant se retrouver intérieurement ne se perd jamais. Quelque soit l’endroit.

Elle permit à Elisha de méditer ses paroles, puis reprit :

-Tu vas entrer dans ce labyrinthe, trouver le cœur de celui-ci et me ramener dans un flacon un peu d’eau de la fontaine, identique à celle que tu vois devant toi, qui s’y trouve.

Les yeux verts étincelants de la rêveuse s’agrandirent, ébahis devant cette nouvelle épreuve. Ceux, gris bleutés, d’Amarylis, se firent rassurants.

-N’ai crainte, Elisha. Souviens-toi de ce que je t’ai dis. Retrouve-toi, ne pense à rien d’autre qu’à ton « toi intérieur », qu’à ton don. Concentre-toi, sens la paix t’envahir et tu sentiras le don couler dans tes veines, comme lorsque tu rêves. Tu sauras alors quelle direction prendre. Tu peux y arriver, j’en suis certaine.

A ces mots, elle prit un petit flacon transparent, posé près de la fontaine, et le donna à son élève. Lorsque leurs mains s’effleurèrent, la directrice d’Eoliane garda celles de la jeune fille entre les siennes.

-Je sais que tu ne me décevras pas. Chuchota-t-elle. Le rêve t’a choisi. Il faut à présent que tu l’acceptes, cette fois-ci avec ton Corps et ton Âme, pas seulement avec ton Esprit.

Sur ce, elle regarda l’aspirante au rêve s’enfoncer dans les couloirs du labyrinthe.