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| Dis, tu m'apprends ?... [Terminé] | |
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Messages : 77 Inscription le : 08/12/2011
| Sujet: Dis, tu m'apprends ?... [Terminé] Lun 13 Fév 2012 - 11:11 | | | L'aube se levait à peine au-dessus du la surface tranquille du lac. De minuscules vaguelettes venaient s'échouer sur la plage de sable fin et abandonnaient derrière elles leur nacre étincelante. Au-delà, loin, plus loin encore que la silhouette du Poll, le soleil dessinait timidement ses premiers rayons. Les nuages s'éclaircissaient de secondes en secondes, passant du noir ténébreux à l'ivoire bordé de gris. Et soudain, l'astre bascula par-dessus les montagnes, illuminant de son éclat doré toute la plaine. Dans un même instant, le lac sembla s'embraser, un peu comme si toutes les couleurs de l'arc-en-ciel s'étaient données rendez-vous à cet instant précis. Le ciel, miroir parfait de la surface ondulante, parut éclater en un milliers de teintes. Le cyan se mêlait au pourpre, sur des nuances d'argenté qui se déroulait en voiles gris perle, tandis que les plages de noir se diluaient en un vermeil éclatant. Armaële ferma les yeux. Cette beauté vint la cueillir au creux du ventre avec violence et elle se sentit incapable de la supporter. Elle hoqueta. Comment quelque chose d'aussi beau pouvait-il être aussi insupportable ? Elle se força à rouvrir les paupières. Là-haut, à des centaines de mètres, les couleurs, déjà, s'effaçaient.
Soudain, un éclat blanc attira son attention. Presque infime tant il était perdu dans cette immensité merveilleuse. Mais réel. Un oiseau ! Qui évoluait en circonvolutions gracieuses, se jouant du vent, passant d'une teinte à une autre sans effort. Soudain, il piqua vers le sol et Armaële put apercevoir ses plumes ocre, ses ailes puissantes bordées de rémiges argent, son ventre blanc et son bec recourbé. Elle se releva d'un bond lorsque, frôlant la surface du lac, il remonta vers la ciel. «Non ! Ne pars pas !». Un cri. Silencieux. L'oiseau, étrangement, parut hésiter, plana un instant au-dessus du lac. Puis, dans un dernier mouvement d'ailes, s'approcha à nouveau comme pour la saluer, avant de s'élever une dernière fois jusqu'à disparaître totalement derrière les nuages. Armaële, bien plus bouleversée qu'elle n'aurait voulu l'avouer, se pencha pour ramasser la plume qui gisait sur le sable. Cadeau ultime du magnifique aigle.
Passé quelques instants de flottement, elle finit par s'assoir sur le sable fin, les vaguelettes touchant presque le bout de ses chaussures. L'eau devait être glacée à cette époque là. Il fallait être fou pour risquer à s'y baigner. Ou particulièrement désespéré. Elle soupira. Il serait bientôt l'heure où elle devrait se lever pour vaquer à ses devoirs d'élève, courant de cours en cours, tâchant de ne pas se perdre. Heureuse. Elle sourit. Retourna sa nouvelle plume entre ses doigts, se demandant ce qu'elle pourrait bien en faire. A cet instant, le visage du vieux mendiant, sans qu'elle sache pourquoi, s'imposa à elle. Lui sourit. Il lui sembla qu'il était là, à regarder par dessus son épaule, ses yeux bienveillants posés sur elle. Sans vraiment savoir se qu'elle faisait, elle traça en tremblant une première lettre dans le sable fin. L. Ce qu'utilise les oiseaux pour voler. Puis, bien plus carré que ce qu'il n'aurait du l'être, O. La lettre le plus simple ensuite. I. Avec un point. Puis, le fameux serpent, celui qui pouvait faire plusieurs sons en même temps. S. Et la petite dernière. O. Mieux réussi que la précédente, celle-là. L.O.I.S.O. Loiso. A vrai dire, elle ignorait totalement si cela s'écrivait ainsi. Mais elle s'en fichait. Elle continua. ARMAËLE. Ça, au moins, elle était sûre de l'orthographe. Avec les deux petits points sur son premier ''e''. C'était étrange de voir son prénom, toute son identité réduite à quelques signes tracés d'une main tremblante sur le sable fin, au bord de ce lac. Étonnamment grisant. [Édition à volonté, bien entendu, si quelque chose te gêne...] |
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| Sujet: Re: Dis, tu m'apprends ?... [Terminé] Mer 15 Fév 2012 - 9:34 | | | « Mon âme est légère comme une aile de papillon est aussi profonde que l'océan. »
Cette phrase résonnait dans l'esprit d'Attalys tandis qu'elle marchait d'un pas vif à travers le parc. Il avait neigé, la veille, et, à présent, un fin manteau immaculé recouvrait le paysage d'une blancheur éclatante. À ses côtés se balançaient les branches saupoudrées de gel des arbres dénudés. Même le ciel avait cédé son panache saphir pour une couleur plus pâle, presque translucide tant les nuages paraissaient lointains et transparents.
Lorsque la jeune fille était sortie de l'Académie, ce matin-là, elle n'avait pas prévu de se promener si longtemps. Juste une petite ballade pour prendre l'air et après, hop, retour au chaud. Mais ses pieds en avaient décidé autrement et, alors qu'elle cheminait allègrement parmi les plantes floconneuses, elle aurait été bien en peine de décrire avec précision la route qu'elle avait emprunté jusqu'à maintenant.
Et puis, alors qu'elle songeait à faire demi-tour, apparut aussi soudainement qu'un mirage... le lac. Avec sa surface couverte d'une fragile couche de givre aussi scintillante que de la nacre, il était là, magnifique dans son habit hivernal. Attalys avait toujours aimé les lacs, et en particulier lorsqu'ils étaient beaux et majestueux. Ce qui était sans contexte le cas de celui-ci.
Elle parcourut presque en courant la dernière dizaine de mètres qui la séparait de son rivage. Quelques timides vaguelettes léchaient la berge sablonneuse, laissant dans leur sillage une imprécise silhouette d'ombre et de lumière. Et sur cette berge...
La jeune femme s'arrêta net en écarquillant les yeux. Une fille était assise, lui tournant le dos. Une fille mince et musclée, petite et pourvue d'une épaisse crinière de cheveux à la teinte indéfinissable, blonds aux reflets auburn. Une fille qui se retourna lentement et dont le visage fut aussitôt accompagné d'un nom. Armaële.
Leur regard s'affrontèrent un moment et c'est Attalys qui détourna finalement la tête d'un mouvement brusque, déroutée par la défiance de la jeune femme. Ses yeux se posèrent alors sur des caractères tracés dans le sable fin. Curieuse, elle s'approcha un peu et s'accroupit, sentant peser les prunelles de feu d'Armaële sur sa nuque.
Le premier mot était simple à comprendre. Il s'agissait d'un prénom qui, s'il le fallait, fit s'envoler ses derniers doutes sur l'identité de la jeune fille. Quant au second... Attalys le déchiffra lentement, les sourcils froncés, avant de se tourner doucement vers Armaële. Elle n'avait pas bougé de sa place, les genoux remontés sous son menton, et la dévisageait d'un air impénétrable non dépourvu d'insolence. Le regard de la jeune femme se posa soudain sur la plume qu'elle tenait serrée entre ses doigts. Une plume non pas rouge mais blanche. Elle lui jeta un bref coup d'oeil intrigué avant de reporter son attention sur les lettres maladroites. L.O.I.S.O. Loiso. L'oiseau !
Sans hésiter, elle tendit un index assuré et écrivit avec grâce un autre mot, juste en face du LOISO tremblotant. Puis tourna la tête vers la jeune fille qui l'observait en silence. Celle-ci haussa légèrement un sourcil et détailla les lettres avec une moue circonspecte pendant plusieurs secondes. Avec stupéfaction, Attalys la vit alors se baisser et reproduire lentement les caractères en esquissant une mimique concentrée : le grand L mal assuré, l'apostrophe un peu petite, le O qui fixe le monde avec bonhommie de son unique orbite, le I, droit et fier, surmonté de son chapeau, le S qui siffle et ondoie dans le vent, le E qu'elle dut refaire par deux fois, le A un peu bancal et, enfin, le U en forme d'entonnoir.
Elle releva ensuite un visage interrogateur en direction de la jeune Aequor, qui acquiesça avec enthousiasme sans chercher à masquer sa satisfaction. Armaële esquissa un sourire hésitant puis baissa la tête, se replongeant sans doute dans ses pensées.
Attalys resta quelques minutes sans mot dire, le regard perdu dans les eaux paisibles du lac. Tout à coup, alors que le silence commençait à devenir pesant, elle se baissa à nouveau pour écrire un nouveau mot d'un geste vif. La jeune Kaelem fronça les sourcils, essayant de déchiffrer les caractères, puis leva des yeux emplis d'une question muette vers sa compagne. Avec un large sourire, celle-ci désigna alors d'un ample mouvement de la main la surface qui miroitait devant les deux jeunes femmes, avant d'indiquer les trois lettres qu'elle venait de tracer.[Pour toi... ] |
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| Sujet: Re: Dis, tu m'apprends ?... [Terminé] Jeu 16 Fév 2012 - 20:38 | | | Lorsqu'Attalys s'était approchée des rivages somptueux du lac, Armaële avait frémit. Elle l'avait observé, la reconnaissant au premier coup d'œil – ce qui n'était pas étonnant, elle avait rencontré si peu de gens ici- attendant qu'elle la remarque à son tour, le visage indéchiffrable. Le regard bon qu'elle avait ensuite posé sur elle, remarquant les lettres sur le sable sans chercher à se moquer d'elle ou à rire de sa stupidité, avait secrètement soulagé Armaële, qui, concentrée sur son périlleux exercice de français, avait oublié d'effacer ses débuts hésitants. Et quand, corrigeant les signes maladroits qu'elle venait d'esquisser d'un doigt tremblant, Attalys lui avait sourit, la jeune femme avait senti une étonnante attirance pour cette fille qu'elle n'avait croisé qu'une unique fois. Armaële n'avait jamais vraiment eu d'amie. Elle avait été chef de bande, protectrice, compagne de misère... mais amie ? Elle se souvient un bref instant du vieux mendiant. Elle entrevit son visage ridé, ses paumes calleuses, ses yeux plein de sagesse. Pouvait-on être ami avec quelqu'un qui avait quatre fois son âge – si ce n'était pas plus ? Peut-être...
Attalys se baissa à nouveau. L'apprentie marchombre eut alors tout le loisir de la détailler sans se faire remarquer, n'ayant pas eu le loisir de la faire vraiment sur les toits ou quelques secondes auparavant, un peu troublée par sa présence : une silhouette fine, une chevelure claire qui tombait en cascade autour d'un visage rieur, d'immense yeux verts pailletés d'or, l'uniforme simple de l'Académie qui ne masquait pourtant son port de tête altier. Belle. Noble. Souriante. Si différente d'elle... Relevant les yeux, toujours accroupie dans le sable, Attalys l'avait dévisagée. Vite détourner le regard. Se concentrer sur les nouvelles inscriptions sur le sable. Trois lettres tracées avec grâce. Trois signes, écrits d'une main gracieuse et assurée. Armaële fronça les sourcils. Elle ne comprenait pas. L... Comme les oiseaux. A... Comme la toute première lettre de son prénom. C... Comme la moitié d'un rond. L. A. C. Trois lettres qui lui restaient totalement muettes et inaccessibles. Ce n'est que lorsque la jeune Aequor lui désigna d'un geste serein et emplit de grâce la surface miroitante qui lui faisait face qu'elle comprit. Lac ! Les trois lettres voulaient dire lac ! Elle demeura un instant perplexe. Mais comment un mot aussi court pouvait-il être représentatif de l'immensité miroitante qui s'étendait sous ses yeux ? Comment un mot, si bref, pouvait-il représenter toute cette beauté ? Elle se tourna à nouveau vers Attalys qui ne s'était pas départie de son charmant sourire. Armaële se sentit rougir. A nouveau... Pourquoi fallait-il toujours qu'elle se sente quelque peu inférieure devant les autres ? Mais elle voulait apprendre. Cette envie, dévorante, la rongeait. Apprendre à lire et à écrire comme tout le monde pour pouvoir surmonter ses origines, sa classe sociale et sa pauvreté. Apprendre. Le plus possible. Le plus de choses. Le mieux qu'elle pouvait. Elle regarda à nouveau Attalys et chuchota : - Tu as tant de chance de savoir lire et écrire... Dis...Une hésitation. Brève. Peur de la réponse. Peur du refus. - Dis... Tu voudrais bien m'apprendre ?... S'il te plaît...Et, sans attendre, pour qu'Attalys ne puisse pas voir son visage écarlate, elle baissa à nouveau la tête vers les inscriptions sur le sable. Elle prit sa respiration. Avança le doigt et écrivit lentement. A. Comme une chose solidement plantée sur le sol, sûre d'elle. T. Les bras en croix vers le ciel, le corps raide. A. Encore cette fameuse lettre. L. Signe simple, à angle droit, empreint d'un son très doux. I. Une barre toute droite surmontée d'un chapeau. S. La lettre qui siffle et qui ondule. A. T. A. L. I. S. Atalis.
Dis, tu m'apprends ?[Merci... ] |
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| Sujet: Re: Dis, tu m'apprends ?... [Terminé] Sam 18 Fév 2012 - 16:48 | | | Et son regard s'éclaira. Un nouveau coup d'oeil en direction du lac, puis vers le mot porteur de tant de merveille. Elle avait compris.
Attalys l'observa tandis qu'elle fronçait imperceptiblement les sourcils, ses doigts caressant d'un geste machinal la plume immaculée toujours serrée dans sa main. Elle pouvait presque voir les rouages cliqueter dans son cerveau, mais elle devina plus qu'elle ne perçut l'émotion qui enserrait la jeune fille dans un étau de sentiments invisibles et contradictoires.
Alors, Armaële se tourna vers elle lentement, presque avec timidité. Dans son regard pouvaient se lire l'hésitation, mais l'espoir aussi. Un espoir formidable doublé d'une crainte non moins immense.
- Tu as tant de chance de savoir lire et écrire... Dis...
Une pause. Une peur. Éphémères. Si présentes.
- Dis... Tu voudrais bien m'apprendre ?... S'il te plaît...
Un murmure, un chuchotement. Qui résonna aux oreilles de la jeune femme avec la puissance d'un coup de tonnerre. Ses yeux se portèrent avec incrédulité sur le visage écarlate de sa compagne, sur son uniforme pourpre, sur sa silhouette mince et souple. Sur sa question. Plus faveur que véritable interrogation, d'ailleurs.
La jeune fille se baissa soudain vivement et commença à écrire. Délicatement, comme si elle voulait juste effleurer le sable et non pas y graver des lettres avec la force des convictions. Six lettres qu'elle lui offrit. Six lettres qui brulèrent dans son cœur et embrasèrent son âme. Six lettres. Atalis.
La jeune Aequor prit une profonde inspiration, et elle se rendit compte que, durant cette fraction de seconde décisive, elle avait retenu sa respiration. Expiration. Intense. Elle sourit puis, ainsi qu'on frôle la corolle d'une fleur imaginaire, souffla doucement sur le mot magique. Le sable tourbillonna tandis qu'elle se jetait dans l'Imagination. Un instant plus tard, les caractères frémissants avait été remplacés par un prénom aux courbes harmonieuses : Attalys.
La jeune femme lança un long regard à Armaële. Celle-ci s'était figée et contemplait, émerveillée, le mot apparu comme par enchantement. Puis, elle leva la tête et ficha ses magnifiques yeux vert de gris dans ceux d'Attalys. Pour la première fois depuis leur rencontre, elle se fit la curieuse réflexion qu'elles avaient pratiquement les mêmes.
- Pour toi, mille fois, s'entendit-elle répondre.
Et, alors que le visage de la Kaelem se détendait, retrouvant toute sa sérénité, elle s'agenouilla sur la rive pour écrire d'une traite vingt-six caractères aux voûtes élégantes. Ensuite, elle se releva pour sourire gentiment à la jeune femme.
- Voici l'alphabet. Mais, je... je crois que tu le connais, non ?
Sans attendre de réponse, elle s'accroupit à nouveau, rédigeant un ultime mot aux gracieux arrondis. Papillon.
- Comme l'arc-en-ciel, il est paré de couleurs et porteur de rêves. Avec deux « L » pour qu'il puisse voler. Sais-tu ce que c'est ?
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| Sujet: Re: Dis, tu m'apprends ?... [Terminé] Mar 21 Fév 2012 - 15:39 | | | Un frémissement dans l’air, presque infime, puis un pâle tourbillon du sable. Qui effaça en un instant les lettres tracées avec difficulté. Armaële écarquilla les yeux, le souffle coupé. Sous son regard émerveillé était apparu une séries de courbes gracieuses qui formaient un mot. Un prénom. Attalys. Comme par magie. Elle releva la tête vers la jeune Aequor pour river son regard au sien. Deux pupilles vertes fabuleusement piquetées d’or. Qui contenaient une émotion d’une intensité peu commune. Un murmure. Qui la transperça avec plus de puissance qu’une flèche faëlle. Une vague de soulagement mêlé à une gratitude infinie l’envahit.
Attalys s’accroupit à ses côtés dans le sable et traça une séries de signes qu’Armaële connaissait bien pour les avoir vu écrit dans la poussière des chemins d’Al-Far, leur nom chuchoté au creux du vent par une voix douce et légèrement rauque. Les mots qui suivirent vinrent appuyer sa certitude. L’alphabet. Tout ce que la langue alavirienne comptait de lettres, pas une de plus, pas une de moins. Des dizaines de signes associables à l’infini. Attalys traça encore quelque chose sur le sable avant de relever la tête vers Armaële, visiblement curieuse, et d’interroger d’une voix claire :
- Comme l'arc-en-ciel, il est paré de couleurs et porteur de rêves. Avec deux « L » pour qu'il puisse voler. Sais-tu ce que c'est ?
La Kaelem fronça légèrement les sourcils, concentrée, faisant appel aux leçons, maintenant lointaine, du vieux mendiant. Une vague de découragement l’assaillit quand elle vit la longueur du mot. Vite repoussée. Il suffisait d’y aller par étape. P et A assemblés faisaient… « pa ». Jusque là, tout allait bien. La suite donc. P et I… Mais après, il y avait deux L… Et puis… Ah, ce que c’était compliqué ! Par étape. P et I faisaient « pi », les deux L, « l ». Et, enfin, O et N, syllabe un peu plus complexe et apprise elle aussi, faisaient… « on » ! Ca faisait « on » ! Elle faillit éclater de rire mais se retint de justesse. Il s’agissait de tout reprendre depuis le départ pour assembler les syllabes qui formeraient le mot. Pa… Pi… L…On. Papilon ? Il est paré de couleur et porteur de rêve. Avec deux « L » pour qu’il puisse voler. L’évidence s’imposa à elle. Papillon. Papillon ! Elle releva la tête vers Attalys qui la regardait et s’exclama :
- Papillon ! Ca veut dire papillon !
Puis, sans vraiment attendre la réponse de l’Aequor, elle reporta son regard vert sur le sable. D’un doigt un peu plus sûr, repoussant une mèche de cheveux qui lui tombaient sur les yeux, elle traça quelques signes de part et d’autre du mot « papillon ». D’abord, le mot qui introduisait. Ca, c’était facile. Tirant à demi la langue, elle écrivit : « le ». Ensuite, il fallait un mot pour désigner l’action. La lettre de la victoire, bras levés ; la lettre-bulle, très simple à tracer ; la lettre à angle droit ; et celle qui avait les deux points dans son prénom. V…O…L…E. Vole. Elle fronça les sourcils. Il manquait quelque chose. Elle sourit quand cela lui revint en tête et, ses longs cheveux balayant le sable, elle traça E… A… U… Eau. Le papillon vole eau !
Elle tourna la tête vers Attalys, attendant sa correction avec impatience.
[Je profite de te répondre car j’ai enfin trouvé un ordinateur possédant le bas débit et, en plus, j’ai le temps : j’suis malade !] |
| | Messages : 352 Inscription le : 04/12/2011 Age IRL : 26
| Sujet: Re: Dis, tu m'apprends ?... [Terminé] Jeu 23 Fév 2012 - 17:38 | | | Attalys sourit. Sourire approbation, sourire félicitation. Sourire promesse.
« … aussi légère qu'une aile de papillon... »
Armaële, sans attendre une réponse qui, de toute manière, n'aurait rien été d'autre qu'un silence complice, se remit à écrire d'une main plus sûre, l'index légèrement tremblant. Devant le mot, d'abord. Un « L » bien droit, puis le « E » d'encouragement, d'énergie et d'envie. D'Armaële, aussi. Mais pas d'Attalys. Elle se décala ensuite un peu sur la droite, les traits tirés par la concentration. Le « V » de voleur, maintenant, avec son sourire un peu tordu, succédé par une bulle légèrement ovale aux couleurs d'infini. Et à nouveau un « L » escorté de son fidèle « E ».
Le papillon vole.
Mais, alors que l'Aequor, allait acquiescer avec la satisfaction d'un maître pour un élève assidu, la jeune fille tendit le doigt pour la dernière fois. Trois lettres. Elle leva ensuite la tête vers sa compagne, les yeux brillants d'enthousiasme et d'impatience.
La jeune femme relut plusieurs fois la phrase, examinant avec intérêt les caractères aux courbes parfois hésitantes. Puis se tourna vers Armaële, toujours souriante.
- Il y a trois façons d'écrire le son « O », expliqua-t-elle en s'agenouillant aux côtés de la jeune Kaelem. Celle-ci... D'un geste précis, elle traça un cercle assuré sur le sable du rivage. Celle-ci... Même entreprise, avec deux lettres cette fois-ci, le « A » qui accompagnait leurs deux prénoms et la voûte élégante du « U ». Et celle-ci. Pour finir, elle rédigea les caractères précédents en rajoutant un « E » à leur gauche.
Sa camarade l'observait avec un regard avide, buvant chacun de ses mouvements et la moindre de ses paroles.
Attalys, continuant sur sa lancée, écrivit alors deux mots dans la terre meuble puis se redressa en souriant, invitant d'un geste gracieux la Kaelem à se rapprocher.
- Voici deux mots à la locution identique : eau et haut. Cependant, ils n'ont pas le même sens. Le premier désigne l'eau que tu bois, celle qui peuple le lac. Quant au second...
La jeune fille effaça le « eau » ponctuant la phrase d'Armaële, le remplaçant par « haut ». Elle esquissa un sourire devant la moue circonspecte de cette dernière.
- Le « H » ne se prononce pas ; on dit qu'il est muet. Pour ne pas l'oublier, tu peux te référer à son apparence : regarde, il a un peu la forme d'une échelle.
Et, pour illustrer ses paroles, elle lui ajouta un échelon, ébauchant le mouvement de monter à une échelle.
Vers le haut.
À ses côtés, la jeune femme hocha doucement le menton puis ferma à-demi les paupières, se plongeant dans la contemplation rêveuse du lac.
Quelques minutes s'écoulèrent. Armaële n'avait toujours pas bougé. Attalys, elle, réfléchissait. Tout à coup, elle se baissa vivement en réprimant un sourire de triomphe et grava trois traits dans le sable fin, créant ainsi trois sections. Chacune était surmontée d'une ou plusieurs lettres : « O » pour la première, « AU » pour la seconde et « EAU » pour la dernière.
D'un doigté rapide et précis, elle écrivit ensuite le mot « haut » dans la deuxième colonne puis « eau » dans la troisième, avant de se tourner vers la Kaelem qui, curieuse ou intriguée, avait relevé la tête et détaillait à présent le tableau d'un visage impénétrable.
- On va faire un jeu, d'accord ? Dans la première colonne doivent aller tous les mots s'écrivant avec un « O », dans la deuxième tous ceux avec « AU » et dans la dernière ceux avec « EAU ». Tu es prête ?
[Voilà pour toi ! Reviens-moi quand même à la rentrée (et bonnes fins de vacances) !!]
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| | Messages : 77 Inscription le : 08/12/2011
| Sujet: Re: Dis, tu m'apprends ?... [Terminé] Dim 4 Mar 2012 - 14:22 | | | [Désolée de l'énooooooooooorme retard... ^^'] - Tu es prête ?
Pas vraiment, non. Contrairement à ce que pensait Attalys, faire une colonne avec les différents sons ''o'' n'était pas si simple. En théorie, ça paraissait plutôt facile. En pratique, nettement moins. Armaële laissa échapper un soupir découragé. Comment différencier les trois écritures alors que les sons ne les dissociaient pas ? Comment parvenir à deviner de quelle façon tel ou tel mot s'écrivait alors que quand on les prononçaient aucun indice n'était à percevoir ? C'était frustrant. Et complètement injuste. Elle reprit son souffle et se calma un peu. Comment faire ? Tout d'abord commencer par le début. Elle traça dans la première colonne le mot qu'elle venait d'écrire dans le sable. V...o...l...e. Vole. Le plus simple. Dans la seconde, elle en griffonna un second. H...a...u...t. Haut. Avec l'échelle, comme lui avait montré Attalys. Dans la troisième, elle s'appliqua un petit peu plus et écrivit soigneusement o...i...s...e...a...u. Oiseau. Comme pour approuver, une mouette passa en criaillant au-dessus de sa tête avant de se perdre dans les nuages. Armaële releva la tête et laissa son regard dériver sur les berges paisibles du lac, les montagnes dans le lointain, la prairie aux alentours avant de revenir vers le visage d'Attalys. Toujours aussi souriante, elle attendait patiemment, un sourire chaleureux dessiné sur son visage fin. Tout paraissait si simple pour elle... C'en était presque rageant. La jeune marchombre baissa à nouveau la tête vers les lettres tracées sur le sable, grimaçant à la vue de ses caractères maladroits, si laids à côté de ceux gracieux de l'Aequor. Pourquoi fallait-il que tout soit toujours si compliqué ? Pourquoi, même les mots les plus simples, semblaient eux aussi se liguer contre elle ?
Des mots qui se liguent contre elle... C'était à mourir de rire. Mais Armaële n'avait absolument pas envie de rire. Pas du tout. Elle avança à nouveau un doigt vers le sable, les mots tourbillonnant dans sa tête. Robe... Chausses... Chevaux... Océan... Crocodile... Château... Possible... Auberge... Coccinelle... Soleil... Hauteur... Robe... Chevaux... Possible... Crocodile... Océan... Non, ça n'allait pas du tout ! Comment savoir si «océan» s'écrivait avec o, au ou eau ? S'il n'y avait pas un t, un h ou encore un e muet à la fin ? Et si «chausses» prenant un s ou bien deux ? Elle prit une poignée de sable et la fit crisser entre ses doigts. Que faire ? Elle voulait apprendre à lire, pour enfin arriver à se débrouiller toute seule. Mais elle n'y arrivait pas. Pas qu'elle soit une fille à renoncer facilement. Au contraire. Mais cette histoire de ''o'', ''eau'', ''au et de ''t'', pas ''t'' mais ''e'', était décidément encore bien trop compliqué pour elle. Elle ne savait même pas lire correctement, comment pouvait-elle écrire ?
Pour finir, elle tourna le dos à Attalys et murmura :
- Je n'y arrive pas.
Une vague de honte la submergea. Elle reprit en balbutiant un peu.
- C'est trop difficile. Je... Je ne... comprend pas très bien... Toutes ces écritures différentes... ça me... |
| | Messages : 352 Inscription le : 04/12/2011 Age IRL : 26
| Sujet: Re: Dis, tu m'apprends ?... [Terminé] Lun 5 Mar 2012 - 19:30 | | | Évidemment. Attalys réprima un soupir. Elle avait fait une erreur, et le savait. La jeune Kaelem ne savait pas lire, comment pouvait-elle alors écrire correctement ? Son regard se perdit dans les profondeurs napées de brume qui lui faisaient face.
« ... profonde comme l'océan... »
Silence réflexion, les yeux fixés sur le lac à la surface lunaire colorée d'argent et d'arc-en-ciel. Les derniers rayons du soleil s'y accrochaient gaiement, le parsemant de taches de lumières aussi brillantes que des petites étoiles. Une bourrasque se leva brusquement, effaçant dans un tourbillon de sable le tableau finement tracé sur le rivage. Tout était si éphémère.
La jeune femme releva la tête tandis qu'un tendre sourire naissait sur ses lèvres. Elle posa alors une main légère sur l'épaule d'Armaële qui, après une infime hésitation, se retourna lentement, le regard obstinément baissé vers le sol.
- Je pense...
Elle se tut, laissant sa phrase et sa pensée en suspens. Faire durer le plaisir pour savourer les mots, leur saveur, leur signification. La douceur de sa voix et le calme de son ton.
- Je pense qu'il faudrait mieux que tu apprennes d'abord à lire.
Le vocabulaire, l'orthographe, la grammaire et la conjugaison suivraient. Peut-être. Sûrement. Armaële serait une élève assidue, elle n'en doutait pas.
La jeune fille se redressa, levant un visage baigné d'espoir vers la Dessinatrice. Celle-ci plissa les yeux tandis que sa gorge se nouait, émue devant tant de candeur. Son coeur, dans sa poitrine, tambourinait follement, et elle avait l'impression de l'entendre chanter sa joie et sa fraîcheur.
Un rire naquit alors sur ses lèvres et tintinnabula dans l'air pur, s'envolant parmi les nuages.
[Ce n'est pas très long, mais bon... À ton imagination !]
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| | Messages : 77 Inscription le : 08/12/2011
| Sujet: Re: Dis, tu m'apprends ?... [Terminé] Mar 6 Mar 2012 - 21:27 | | | Armaële observait avec une attention forcée les grains de sable dorés dispersés devant ses chaussures lorsqu'une main aussi légère qu'un souffle de vent se posa délicatement sur son épaule. Elle sursauta, s'apprêtant à se dégager d'un geste brusque avant de se rappeler qu'elle n'était pas en plein coeur d'une bagarre mais tranquillement assise sur la rive d'un lac magnifique, en compagnie d'une de ses charmantes camarades. Qui s'était mise en tête de l'aider. Sacrée ironie. Armaële serra les poings : l'Aequor ne se doutait pas encore dans quel pétrin elle s'était fourrée...
Une voix douce perça enfin ses pensées douloureuses.
- Je pense qu'il faudrait mieux que tu apprennes d'abord à lire.
Apprendre à lire ?... Pour pouvoir déchiffrer toute seule une phrase inscrite sur un panneau ou un texte manuscrit dans un vieux livre de cuir ? Toute seule ? ! C'était un rêve. Utopique. Illusoire. Irrélisable. Complètement fou. Pouvait-on apprendre à lire à son âge ? Elle était certainement bien trop vieille. Elle ne déchiffrait que de rares mots - avec de grosses difficultés - butant sur chaque syllabes se reprenant à maintes et maintes reprises, s'emmêlant les pinceaux entre les diférents sons et écritures, pour finir par balbutier quelque chose qui s'avérait faux une fois sur deux. Non. Pas une fois sur deux. Neuf fois sur dix. Elle était décidément un cas désespéré. Bon, elle avait des excuses. Les livres ne couraient pas les rues d'Al-Far (il devait même sûrement les fuir) et il n'y avait que très peu d'inscriptions dans les endroits où elle se rendait. Pour dire quoi d'ailleurs ? ''Ici, bande de voleurs, affamés et près à tout pour une miette de pain rassi ?'' ''Bagarre de rue en vue. Attention, écartez-vous du passage ou sortez vos poignards !'' ''Les soldats impériaux viennent d'arrêter un gamin de sept ans pour le jeter en prison. Attention à vous !'' ''Ivrognes, drogués dans un recoin sombre. Prière de faire un détour pour ne pas déranger leurs divagations.'' ...
Totalement illusoire.
Pourtant, Armaële releva la tête avec un léger espoir pour dévisager la jeune Dessinatrice qui se tenait debout à côté d'elle. Celle-ci lui sourit et, se détournant pour contempler l'étendue paisible du lac, éclata soudain de rire. Un rire frais et libre qui s'insunua dans chacune des fibres de l'apprentie marchombrre. La bouleversa.
Le calme revint, accompagné d'un silence troublé par le bruit des vagues qui s'échouaient sur la plage. Armaële ferma les yeux un bref instant frissonna sous la caresse du vent. Elle les rouvrit finalement pour dire :
- Pour apprendre, on pourrait aller à...
Mince, comment ça s'appelait déjà ?... La...
- ... la bibliothèque !
Silence. Armaële n'osa pas regarder Attalys mais reprit tout de même, fière de son idée (et d'avoir retrouver le nom) :
- C'est une bonne idée, non ? [RP terminé ? Ou tu clôtures et on se retrouve à la bibli ? Ou tu fais quelque chose de totalement différent ?] |
| | Messages : 352 Inscription le : 04/12/2011 Age IRL : 26
| Sujet: Re: Dis, tu m'apprends ?... [Terminé] Mer 7 Mar 2012 - 19:08 | | | La bibliothèque. Excellente idée.
Attalys se leva vivement dans un léger froufroutement d'étoffe, aussitôt imitée par la Kaelem frissonnante. La jeune fille se tourna ensuite une dernière fois vers le lac en frémissant sous la caresse subtile du vent sur sa peau nue puis redressa la tête et sourit à Armaële.
- Je te suis !
Et elles s'éloignèrent ainsi, côte à côte, leur épaule se frôlant presque, leurs doigts s'effleurant parfois au grès des caprices du terrain. Deux jeunes femmes unies dans un même but, vers un même désir. Apprendre.
Une amitié venait de naître.
[RP terminé ~> suite à la bibliothèque (tu commences, donc ?)]
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| | | Sujet: Re: Dis, tu m'apprends ?... [Terminé] | | | |
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