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 Folle imprudence... [Inachevé]

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Invité
Anonymous

Invité

MessageSujet: Folle imprudence... [Inachevé]   Folle imprudence... [Inachevé] Icon_minitimeDim 12 Fév 2012 - 23:20

La nuit était tombée, glaciale comme la tombe sur le parc ou se nichait l'Académie. Obscure, étouffante, elle recouvrait de son manteau d'ombre la nature silencieuse. Les insectes murmuraient d'indolents crissements que le vent léger emportait au loin et les feuillages bruissaient doucement. La vie se faisait plus discrète, soucieuse d'obéir aux ténèbres gardiens des secrets, et le calme ambiant semblait en quelque sorte plus dense, doté d'une saveur particulièrement riche. L'hiver avait déposé sur la terre impassible son manteau de givre scintillant qui se faisait l’écho fantomatique de la lune pleine et des étoiles. A cette heure, les élèves, blottis dans l'étreinte douillette de leurs draps de coton épais, rêvaient paisiblement, satisfait d'un sentiment de sécurité chaleureuse. Demain il leur faudrait affronter la froidure du climat, ce qui ne faisait que rendre ces instants de sommeil au chaud plus précieux encore.

Du moins en allait-il ainsi pour ceux dont l'âme était en paix et lisse de tous soucis. Quant à moi, le sommeil me fuyait, a moins que ce ne soit l'inverse et que ce fus ma propre peur qui m’éloignât de mes cauchemars. Quoiqu'il en soit je ne me trouvais pas au creux de mon lit, ni même dans le réduit de la salle commune des Teylus où je semblais avoir élus domicile pour mes temps de repos. J'étais dehors; libre autant que je pouvais l'être. J'étais seule également, ce qui me permettait de relâcher une partie de cette tension permanente qui m'habitait. Je pouvais marcher sans me soucier de heurter quiconque, levant le visage vers le ciel assombri pour le contempler. Les rayons froids de la lune semblaient épouser la pâleur liliale de ma peau d'une tendre caresse. Le seul genre d'attouchement que je fus capable de recevoir sans hurler et tendre les bras à la folie qui se tenait constamment à la lisière de moi-même.

J'arpentais une allée terreuse sur laquelle mes bottines de cuir ne faisait presque aucuns bruits même si le vent faisait par moment claquer la lourde cape que je portais sur mes épaules, capuchon relevé sur mes cheveux déliés. J'étais encore habillée, d'une robe de velours grise sous laquelle je portait une chemise ébène et un pantalon opaque de lin moulant étroitement mes jambes. J'aimais la douceur du tissu et je laissais souvent mes mains le parcourir, savourant ce délicat effleurement. Ce soir pourtant je me sentais oppressée et mes doigts restaient aussi inertes que si le froid glaçant les avaient rendus insensible à mon commandement. Je m'arrêtais soudain aux bords du lac, m'approchant de sa berge en quittant le sentier jusqu’à ce que mes bottines viennent frôler l'eau légèrement oscillante sous le vent mordant.

Je m'accroupis comme si mes épaules s'était brusquement retrouvée accablée d'un fardeau trop difficile à soutenir, mais en vérité ce poids ne me quittait jamais, je me laissais juste allée à la faiblesse d'en ressentir la violence. Et tandis que les souvenirs de sang et de souffrances affluaient à mon esprit agité les eaux noires se paraient de reflets séducteurs. Il était là. Ses yeux argentés habités de cette passion hideusement pervertie qui me rappelait autant qu'elle annonçait l'agonie de mon corps trop fragile. Ce corps affaibli qui était la proie et le calice de ses assauts aussi bestial que vicieux... combien de fois l'avait-il brisé? Le désespoir ne s'était réellement imprimé en moi que lorsque j'avais saisit l'éternel affliction qui m'attendais, lorsque j'avais compris que chacun de ses viol arrachaient une part de moi qui ne serait jamais retrouvée. A l'époque j'avais aussi pensé que seule ma mort l'arrêterait, et qu'elle viendrait de lui. J'avais eus tord. Pourtant, au fond de moi, l'enfant terrifiée attendait que le monstre revienne s'emparer d'elle à nouveau.

Soudain je ne supportais plus ce chagrin si plein de douleur et je me débarrassais avec une frénésie presque hystérique de ma cape, puis de ma robe, de mes bas, et enfin de mes bottines. Seulement couverte de mes sous-vêtements j’avançais en courant dans l'eau glaciale du lac, cherchant un oubli que mes pensées ne pouvaient m'accorder, même au cœur de la nuit. L'eau était comme de l'acide, si froide qu'elle me brûlait et que j'endurais une torture lancinante qui ne laissa de place à rien d'autre dans mon esprit. Très vite je m'engourdissais et je ne sentais plus mon corps, même le souvenir des injures passé n'avait plus de substance face à cette tétanie. Enfin l'eau m'arriva aux épaules et je plongeais avec soulagement dans l'écrin mortel du lac pour me mettre à nager et à fendre les flots lisse. L'effort à fournir me semblais démesuré, chaque mouvement requérant toute la puissance focalisée de ma volonté. C'était atroce et c'était fabuleux. Je m'oubliais enfin, fuyant le passé dans le présent de ma nage insensée.

Une éternité plus tard qui se résumait pourtant à de trop brèves minutes j'obliquais à nouveau vers la rive. Je n'étais pas loin de pouvoir toucher le fond de la pointe de mes pieds lorsqu'une crampe me saisit. Ma jambe gauche refusa brusquement de continuer à m'obéir et je coulais tête la première sous la surface. Un élan de surprise me fis fermer la bouche trop tard et l'eau s'y engouffra, aussi glaciale que létale. Mes bras lourds s'agitaient bien trop lentement et je n'émergeais qu'une poignée de seconde qui me permis de lâcher un cri et d'aspirer encore autant d'eau que d'air. Puis je sombrais à nouveau, l'eau se refermant sur moi comme un tombeau immobile. Je me débattis de toutes mes forces restantes, réalisant à quelle point j'étais exténuée. Allais-je mourir ici? L'endroit ne me semblait pas mal choisit, mais j'aurais aimé voir la beauté entière de l’Imagination avant cet instant. Au moins, je n'étais pas avec lui.


Halina Nilsan
Halina Nilsan

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Age IRL : 31


MessageSujet: Re: Folle imprudence... [Inachevé]   Folle imprudence... [Inachevé] Icon_minitimeDim 19 Fév 2012 - 16:21

Nuit comme les autres : épuisante et cauchemardesque. Ponctué de songes délavés, de visions foudroyantes. Mais rien ni d’éclatant, ni de brillant, ni même de silencieux ou d’heureux. Tous les rêves se teintaient toujours de peur, de cris ou de pleurs. L’épreuve du Labyrinthe avait beau s’être bien terminée, Halina conservait encore des séquelles. Elle avait de multiples cicatrices. Quelques-unes superficielles, témoins de la Bataille qui l’avait enfermée et de celle qui l’avait libérée. Et surtout, des plaies internes et dissimulées. Des plaies du cœur. La culpabilité de la trahison ne voulait pas céder sa place à la paix. Halina soupira sous ses draps. Elle ne parvenait pas à s’endormir comme tout le monde. Ne le voulait pas non plus, car un assoupissement signifiait l’arrivée d’un nouveau cauchemar et du risque de faire du bruit. Depuis quelques jours, elle réveillait de moins en moins les autres élèves de sa maison. Elle se faisait discrète, elle souffrait en silence et seuls ceux qui la connaissaient très bien voyaient les failles de son masque. Elle ne souhaitait inquiéter personne, ne voulait pas se faire remarquer. Elle en avait déjà bien assez fait.


Mais il était vrai qu’elle allait mieux, elle se sentait plus forte. Elle avait viré la Mentaï de ses phobies hors de sa tête une fois. Ce qui signifiait qu’elle pouvait le refaire. La guerrière ne s’était pas laissé faire. Elle s’était battue, soutenue par ses amis. Soutenue par sa fichue colère. Elle ne se souvenait plus très bien des détails de ce songe créé par l’Imagination d’une autre mais il y avait les mêmes thèmes récurrents. La même douleur. La même culpabilité. Et puis, elle se souvenait de la pitié qu’elle avait ressentie à un moment. Mais c’était flou. Comment peut-on avoir pitié de son bourreau ? La brune ne comprenait pas cette tristesse qui lui serrait le cœur lorsqu’elle tentait de se remémorer du détail de leur échange. Ce sentiment qui atténuait sa colère, ce feu dévorant dans sa poitrine. Et dans ces moments-là, elle se sentait encore plus pathétique et méprisable. Elle était heureuse que Kirfdéin ne soit pas là et qu’il ne la voit pas dans cet état. Il s’inquièterait. Il valait beaucoup mieux qui soit en voyage avec Lya et une inconnue et qu’il ne pense pas trop à elle. Même si au fond, elle espérait qu’il ne l’oubliait pas et que quelques fois, il avait une pensée pour elle.


Il faisait nuit noire et elle ne parvenait, une nouvelle fois, pas à trouver le sommeil. Ou peut-être qu’elle venait juste de se réveiller… Elle n’en était jamais vraiment certaine. Cela étant, Elle se leva, s’habilla chaudement en vitesse et sortit du dortoir. Si elle n’arrivait pas à dormir, ça ne servait à rien de forcer, autant aller se dégourdir les pattes et revenir quand elle serait un peu plus fatiguée. La loi martiale avait été retirée et donc le couvre-feu était moins sévère. Et puis, il fallait dire ce qui était, les gardes commençaient à la connaître. Elle était même sûre qu’ils l’avaient déjà suivie dans son tour habituel pour vérifier qu’elle n’était pas une méchante qui voulait tuer le monde entier. Marcher l’apaisait, surtout avec le froid qui régnait sur Al-Poll. Il fallait s’enrouler dans des fourrures pour ne pas avoir finir geler dans un coin du parc.


Elle prit le même chemin que d’habitude, qui serpente dans le parc, passa près du lac puis revient vers les bâtiments de l’Académie. Parfois, elle le suivait même deux fois. Elle connaissait par cœur chaque courbe et chaque bosse sur le sol. Elle pouvait se comporter comme un automate, ne pas réfléchir. Juste marcher, encore et encore. Seule dans sa tête et seule dehors. Elle saluait les gardes qui patrouillaient et évitait toutes les têtes rousses qu’elle croisait. Elle ne voulait pas voir Lian. Elle n’était pas prête à recevoir ses sarcasmes.


Elle arrivait près du lac lorsqu’elle entendit un bruit inhabituel, un bruit d’eau. Trop fort pour que ce soit un animal et il était trop tard pour que ce soit quelqu’un qui se baigne. Elle courut aussi vite que possible, qui sait ce qui pouvait bien se passer. Une fois sur le berge, elle vit le tas de vêtements. Qui pouvait bien avoir envie de faire un bain de minuit ? Sauf que la personne ne remontait pas à la surface et que les bulles qui crevaient la surface semblaient s’espacer. Halina ne savait pas très bien nager de base. Mais Kirfdéin s’était attelé à la tâche d’essayer de lui apprendre à mieux se débrouiller. C’est pourquoi, elle n’était pas sûre d’être d’une grande aide pour la personne qui était en train de se noyer. De manière complètement irraisonnée, elle retira ses chaussures, sa cape, son pantalon et sa veste. Et elle plongea. Le froid la saisit aussi vite, raidissant ses muscles et serrant sa poitrine dans un étau. Mais elle ne se laissa pas faire, elle n’avait pas peur de l’eau et elle avait un objectif.


Elle attrapa la jeune femme en passant ses bras sous ses aisselles, puis elle dona un coup de pied au sol pour remonter. Puis elle battit des jambe comme on le lui avait enseigné. Elle y mettait beaucoup de force et elle craignait ne jamais atteindre l’extérieur. Elles crevèrent la surface alors qu’Halina se demandait pourquoi l’autre n’avait pas réussi à remonter seule. Le lac n’était pas profond à cet endroit, le bord était stable et il n’était pas difficile de s’y accrocher. Elle tira tant bien que mal la fille hors de l’eau. Etait-elle encore en vie ? Allait-elle se remettre à respirer. Sans vraiment le faire exprès, elle la mit de profil. Et alors, qu’elle allait chercher ses affaires sèches pour cesser de trembler et celles de la fille, elle l’entendit tousser. C’était une très bonne nouvelle. Elle s’approcha à nouveau et lui mit sa cape sur elle. Histoire d’éviter qu’elle ne soit encore plus malade qu’elle risquait de l’être. Halina renfila son pantalon, attacha ses cheveux pour qu’ils ne gouttent pas sur ses vêtements et se serra dans sa cape. Elle grelottait. La guerrière espérait que l’autre se réveillerait et qu’elle irait bien parce qu’elle ne savait pas comment elle pourrait la transporter à l’infirmerie. Elle avait beau s’être musclée, il semblait que cela ne suffirait pas face à sa fatigue. L’effort qu’elle venait de fournir l’avait vidée. Elle se laissa tomber par terre alors qu’elle aurait dû se mettre à marcher pour se réchauffer. La jeune femme finit par ouvrir les yeux. Halina demanda, inquiète :


-Tout va bien ?


Puis elle ajouta, d’une voix calme assez éloignée de ce qu’elle ressentait à cet instant précis.


-Qu’est-ce qui t’as pris de te baigner à cette heure et par cette température ? Si j’étais pas insomniaque, tu serais morte…


 
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