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| Nous on aura toujours des chimères en cavale, des songes de troubadour pour arrêter le temps (8) [Terminé] | |
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Messages : 123 Inscription le : 12/05/2011 Age IRL : 33
| Sujet: Nous on aura toujours des chimères en cavale, des songes de troubadour pour arrêter le temps (8) [Terminé] Ven 10 Fév 2012 - 22:03 | | | C’était une journée de grisaille, avec un petit quelque chose d’électrique derrière la mine empressée de la plupart des personnes de l’Académie. Quelque chose de fiévreux, comme si les regards savaient, par-delà la conscience de leurs détenteur, que l’orage venait, et qu’il allait être foudroyant.
Lev aimait l’orage. Mais il n’aimait pas la pluie.
D’un pas nonchalant, et à son habitude les mains engoncées dans les poches, il déambulait sans idée fixe, laissant ses pensées étioler la réalité des pavés sous la plante de ses pieds. A vrai dire, pour une fois, il ne jouait pas le jeu des masques, et c’est sans doute dans ces moments-là de rêveries que l’on pouvait apercevoir ce qui était ou semblait être le dessin le plus précis de son visage, sans que celui-ci ne soit couturé de séduction, de mépris, de hauteur ou de gentillesse, même si les émotions qu’il vivait par-delà ses rêveries mâtais légèrement ses commissures et ses tempes. Tempe à laquelle restait accroché, vaille que vaille, la trace de son combat avec Einar. Et même si celui-ci n’avait rien de glorieux, la légère cicatrice noirâtre lui donnait un air canaille plutôt sexy.
C’est donc sans se presser outre mesure qu’il avançait, folâtrait le long des murs, divaguant, rêvant à la possibilité que, des années plus tôt sa sœur en eut fait de même, à l’endroit exacte où il laissait courir la pulpe de ses doigts. C’était une exquise chimère, un fantasme qui le faisait voyager à travers le temps et l’espace, jouant du mirage de sa sœur comme on joue avec un ballon : un peu plus loin, shoot encore, de la pointe du pied – attentions aux escaliers. Escaliers dans lesquels il s’engouffra, dans cet état de semi-torpeur dans lequel le mettait invariablement ses songes, alors que l’imagination s’ouvrait, à la limite de son champs d’action. L’air faisait voler ses cheveux autour de son visage, alors qu’il émergeait au sommet de la tour aux oiseaux, la prison de plume qui nichait bien haut au-dessus de l’Académie. Ivoire, les colombes d’albâtre se mariaient à l’ange déchu, le faucon qui tournoyait et trouait le ciel de ses plumes striées, et les plumes volaient, sous la joute céleste qui se déroulait sous ses yeux.
Un temps, il resta ainsi à les observer, alors que ses bras nus confessaient le froid qui lui remontait jusque dans les os en une chair de poule coriace. Quelque chose dans la grâce des oiseaux le laissait toujours rêveur, une élégance pleine de justesse, qui tranchait avec l’armature cru de la volière, avec les éclats de verre et les fientes qui constellaient le sol, y formait des tâches brunâtres et nauséabondes. Il y avait ici plus que de la beauté. Comme dans chaque parcelle de ce monde, il y avait son revers, le soulagement de ces êtres de plume si beaux, leurs déchets organiques, et un cadavre là-bas qui se putréfiait tandis qu’un oiseau de proie plongeait son bec dans ses entrailles probablement encore chaudes. Sans aménité, le monde offrait dans cette petite salle un aperçu de ce qu’il pouvait faire de plus beau et de plus laid. Et cela plaisait à Lev.
Il était donc là, adossé à un mur de pierre, lorsque survint une présence. Lev ne tourna pas tout de suite les yeux – il fixait le rapace non identifié qui se nourrissait à l’autre bout de la pièce – mais il cru apercevoir une vague de cheveux châtains accompagnés l’apparition. Il tourna la tête vers elle, et fut tout de suite conquis par la délicatesse de ses cils, qui ombraient deux joues rougies par le froid et l’effort de la montée. Il resta un instant à la regarder, détaillant son visage, le dotant d’un nom, celui d’Attalys, celui d’une jeune femme qu’il avait déjà aperçut lors du cours du professeur de civilisation. Il ne savait rien d’autre d’elle, en revanche.
Lorsque ses yeux accrochèrent les siens, il sembla s’éveiller, et lui revint en mémoire toute les subtilités et les conventions d’un dialogue, à savoir une présentation, amicale de préférence, et un sourire, afin de ne pas mettre l’autre mal à l’aise.
Sans laisser le temps au silence de devenir trop lourd, mais sans le briser tout de suite néanmoins, il lui lança, d’une voix basse mais intelligible :
- Bonjour.
Un temps.
- Je m’appelle Lev. Lev Til' Naveys.
Enfin, le frappa toute la séduction de la situation. La jeune femme était vraiment belle, toute fine, et avec ces longs cils noirs, elle était absolument à croquer. Et par un hasard de circonstance particulièrement étonnant, Lev se retrouvait avec elle, seul, au sommet de l’antre des oiseaux. Un sourire doux vint étirer son visage, alors qu’il laissait ses yeux effleurer les courbes de son visage, puis se détournait, rêveur, pour venir défier celui des oiseaux. D’une voix douce il continua :
- Tu es Attalys, il me semble ? Tu viens observer les oiseaux ?
Montre-moi ce que cachent tes beaux yeux, minette, et je t’accorderai probablement l’azur des miens.
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| Sujet: Re: Nous on aura toujours des chimères en cavale, des songes de troubadour pour arrêter le temps (8) [Terminé] Sam 11 Fév 2012 - 9:59 | | | Gris. Infini. Partout. Le ciel, les nuages, les contreforts de pierre, les marches sombres, la tour au toit pointu. Gris granit ou gris pâle, gris vert ou gris perle. Infimes variations aux reflets délicats. Gris pluie, aussi. Lorsque les premières gouttes commencèrent à tomber, Attalys venait de quitter le bâtiment pour s'engager dans l'escalier menant à la volière. Elle resserra frileusement son écharpe autour de son cou en frissonnant et plongea ses mains gantées dans les poches du vieux manteau qu'elle avait déniché dans ses malles après une bonne heure de recherche frénétique. Elle esquissa un sourire en voyant une brume transparente s'échapper de ses lèvres rougies par le froid puis former devant son visage frémissant un brouillard de buée opaque. Malgré l'humidité, malgré le froid, ou peut-être à cause de cela, tout n'était que beauté fragile et émouvante.
Fichues marches qui, à chaque pas, sont un peu plus glissantes. Fichue rampe qui paraît prendre un malin plaisir à se mouiller davantage alors que la pluie redouble d'intensité. Fichus escaliers qui semblent ne jamais avoir de fin.
Et soudain, l'arrêt. Brusque et éternel. Fugitif moment d'absolu pendant lequel le temps stoppe sa course affolante pour profiter pleinement de la vie. De la mort, aussi. Devant elle, le vide. Au-dessus, le ciel. Autour, les oiseaux. Grands ou petits, fins ou majestueux, intimidants ou intimidés. Cacophonie de criaillements de toutes sortes et de toutes significations. Les plumages sont rouge éclatant, bleu pervenche, jaune safran ou noir charbon. Les yeux, telles de minuscules billes ambrées, suivent chaque mouvement, perçoivent le moindre geste. En attente. En éveil. Farouches ou curieux, insolents ou moqueurs, craintifs ou confiants. Entravés et libres. Et puis, tout à coup, le furtif instant de magie s'évapore. Ne restent plus que les nuages menaçants et le froid mordant les doigts. Seule une perle irisée délicatement accrochée aux longs cils de la jeune fille subsiste quelques secondes encore, avant de s'évanouir à son tour.
Attalys resta pendant plusieurs minutes à contempler rêveusement le paysage s'étendant devant elle, songeant qu'il lui faudrait revenir ici par jour de soleil afin de profiter pleinement du panorama. À condition, évidement, qu'elle en retrouve le chemin. Elle s'apprêtait à se détourner pour reprendre sa visite lorsqu'elle perçut une présence. Simplement une impression fugace, mais qui lui suffit néanmoins à se retourner vivement. Un jeune homme était adossé un parpaing, juste en face d'elle. Ses cheveux noirs en bataille contrastaient singulièrement avec le reste de sa silhouette, mince et et comme sculptée dans du marbre tant il se tenait immobile. Et puis, il tourna la tête. Lentement, avec une grâce indéniable et un sourire scintillant comme les étoiles qu'elle se plaisait tant à admirer. Un silence. Leurs regards se rencontrèrent, et le garçon écarquilla légèrement ses fascinants yeux azur. Gênée devant l'insistance avec laquelle il la dévisageait, la jeune fille se détourna sans un mot, le souffle court.
- Bonjour.
Voix basse et agréable. Si chaleureuse qu'Attalys releva aussitôt la tête pour observer l'inconnu. Non, pas l'inconnu. Elle l'avait déjà rencontré quelque part, mais où et dans quelles circonstances, elle n'aurait su le dire, tout comme elle était incapable de mettre un nom sur ce fabuleux visage. Car il était beau, à n'en pas douter. Peut-être pas au sens propre du terme, avec ses traits légèrement asymétriques, mais également emprunts d'une noblesse et d'une douceur incroyables.
- Je m’appelle Lev. Lev Til' Naveys.
Une pause, un soupir. Comme pour reprendre son souffle. Lev Til' Naveys. Attalys fit longuement résonner dans ses oreilles ces mots qu'il venait de lui offrir. Lev Til' Naveys. C'était son nom. Un noble, donc. Comme elle. Consonance étrange et mystérieuse. Puis un sourire. À peine ébauché. Cela lui plaisait.
- Tu es Attalys, il me semble ? Tu viens observer les oiseaux ?
Cette fois-ci, la jeune fille se troubla. Comment ce jeune homme - Lev, donc - pouvait-il la connaître, elle, alors qu'elle n'avait jusqu'alors aucune idée de l'identité de celui-ci ? Elle hésita, puis hocha la tête.
- Oui, c'est ça, je suis Attalys. Attalys Til'Ewin.
Elle sourit. Deux questions. Deux réponses, donc.
- Et je viens ici pas seulement pour les oiseaux mais pour... tout ça. Elle engloba d'un large geste le paysage fantomatique. Les nuages et la pluie, le vent et le brouillard, le gris du ciel et le blanc des montagnes.
Nouveau sourire. Tranquille et assuré. Cette nuit, une étoile ne brillerait que pour elle, elle le savait.
[Voilà, tout frais tout beau, servi sur un plateau... J'espère que ça te plaît.]
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| | Messages : 123 Inscription le : 12/05/2011 Age IRL : 33
| Sujet: Re: Nous on aura toujours des chimères en cavale, des songes de troubadour pour arrêter le temps (8) [Terminé] Lun 13 Fév 2012 - 19:44 | | | Les nuages et la pluie, le vent et le brouillard, le gris du ciel et le blanc des montagnes.
Une rêveuse, donc, à l’esprit poétique, ce qui lui plu. Lui n’aimait pas tellement le gris, à la fadasse nuageuse des jours brumeux il préférait les couleurs électriques des lever de soleil, alors que le sang coulait du ciel, que l’or fondait dans les veines stratifiées des nuages, lorsque la nuit s’assombrissait jusqu’à l’encre, profonde, opaque, noir corbeaux et scintillances d’étoiles glacées. Mais il n’en dit rien, puisque de toute manière rien n’était jamais vraiment gris. Il parvenait toujours à trouver un éclat, quelque chose de vif, enfin, fragmenté. Comme dans ce petit bout de femme, somme toute assez banale, dont l’éclat langoureux des cils, dentelle pétrole, ourlait le regard, le trempait d’élégance.
Elle parut surprise, dans le bon sens qui plus est, par la mémoire de son visage, et sa capacité d’y accoler un nom sans même hésiter. Mais Attalys était jolie, et c’était probablement une chose assez importante pour que le dessinateur décide de se souvenir de son prénom. Et puis, il n’avait pas vraiment de mérite, les classes n’attirait pas non plus autant de foule que lors des réceptions mondaines dont il avait l’habitude, plus jeune.
A propos de réception mondaines… Attalys était noble elle aussi, sa particule l’attestait, et comme un clin d’œil qu’elle n’osa pas faire, il sentit qu’elle s’en était rendu compte et que cela participait à son charme.
Lev tourna son regard à travers la croisée venteuse, avec dans les yeux un éclat d’expectative, toute sa posture tendue à la pointe de son oreille. Une masse d’air se déplaça, remonta les escaliers et s’engouffra dans la volière, noyant la jeune femme dans un tourbillon de cheveux et d’écharpe, la poussant inopinément de quelque pas en direction du dessinateur. Celui-ci ébaucha un sourire étonné, comme si ce vent, ce courant d’air fortuit, pouvait ne pas être de sa création.
Le regard perdu au dehors, il sifflota quelques instant dans le silence qui s’appesantissait, puis lança, nonchalamment :
- Moi j’préfère le vif. Tout ce qui est couleur, chaudes ou froide, du moment qu’elles sont électriques, vivantes, vivifiantes, celles qui transfixient les yeux comme des échardes, celles qui contrastent et créent, par leur seule apposition, des tableurs flamboyants.
Soudain, il se tourna vers elle, et s’approcha, félin, pas vraiment agressif, mais pas vraiment serein. Elle ne bougea pas, la minette aux yeux de biches, alors qu’il se glissait devant elle et lui prenait un poignet gracile entre ses loins doigts, et qu’il l’a tirait, comme un enfant candide vers une surprise, en direction de la fenêtre qu’il venait de quitter. Elle suivit le mouvement, gracieusement, et, alors que le sommet de sa tête lui arrivait au menton, il se coula dans son dos, lui laissant la place aux premières loges de la fenêtre. Il lâcha son poignet et se tint immobile, son menton effleurant le haut du crâne de la jeune femme. D’un mouvement de tête, il lui désigna l’horizon qui roulait de lourds nuages, charriant l’orage dans leurs méandres comme un torrent de boue charrie des maisons et des arbres entiers. La puissance du ciel s’échappait par bouffées chaudes, entre tempête et calme profond, les prémices d’un spectacle flamboyant.
D’une voix basse –après tout il ne s’adressait qu’à elle dans l’immense volière vierge de présence autre que celle des oiseaux – il murmura, la voix chargée d’admiration.
- Regarde, tout ce que le gris n’est pas.
Et en effet, le gris avait fait place au noir, au violet chargé de cuivre, même le blanc des montagnes semblait plus électrique depuis leur perchoir d’éther et de ciel. Soudain, un éclair troua le ciel et piqua vers la terre, fracturant la croute de silence qui lourdait l’atmosphère. Lev posa une main sur l’épaule d’Attalys, la serrant doucement, comme pour lui signifier de bien regarder le spectacle. Lorsque l’air redevint immobile, sa main n’avait pas bougé de son perchoir, délicatement posée, comme une caresse de papillon. C’eut put être par inattention, simple nonchalance, mais Lev était un calculateur. A vrai dire, il attendait juste de voir si elle allait se déplacer et fuir son contact, ou rester ainsi, offerte et pourtant si lointaine, au bout de ses doigts. Avec un éclat de rire subit, il lança :
- C’est quand même mieux de regarder tout ça avec de la compagnie, tu ne trouve pas ? Au fait, tu viens faire quoi dans l’Académie ?
[Si quoi que se soit te gène, si tu pense qu'Attalys ne se sera pas laissée touchée ainsi par exemple, ou autre, dis le moi et j'éditerais =) en espérant que ça te plaise ! ]
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| | Messages : 352 Inscription le : 04/12/2011 Age IRL : 26
| Sujet: Re: Nous on aura toujours des chimères en cavale, des songes de troubadour pour arrêter le temps (8) [Terminé] Mar 14 Fév 2012 - 18:14 | | | Il la contemplait, immobile, ses grands yeux azur fichés dans les siens, alors qu'un tourbillon d'air chaud les environnait tous d'eux. La jeune fille, étonnée, n'esquissa pas le moindre geste, et la masse de vent diminua finalement jusqu'à disparaître complètement, laissant la place à une petite brise fraîche et vivifiante. Lev tourna alors son regard rêveur vers le lointain et se mit à siffloter une mélodie, sans doute de sa composition. Une jolie mélodie, gaie et entraînante, qui donnait à Attalys des envies de rires et de soleil. Ce fut alors qu'il lança, faussement indolent :
- Moi j’préfère le vif. Tout ce qui est couleur, chaudes ou froide, du moment qu’elles sont électriques, vivantes, vivifiantes, celles qui transfixient les yeux comme des échardes, celles qui contrastent et créent, par leur seule apposition, des tableurs flamboyants.
Elle se figea.
« Les couleurs sont infinies et éphémères, chaleureuses et lumineuses ou froides et silencieuses. Moi, je les apprécie toutes, à différents degrés, ainsi qu'on apprécie un ami cher et intime. J'aime la teinte des nuages lorsque le soleil se couche et que le ciel s'embrase ; j'aime les tons chauds et sucrés, comme j'aime le bleu glacé qui peuple ton regard et hante à présent le mien. »
Mais elle ne dit rien, se contentant d'observer à la dérobée le séduisant visage du beau jeune homme brun.
Il s'avança soudain vers elle pour lui saisir vivement le poignet. Elle sursauta mais, dans sa surprise, ne tenta pas de se dégager quand il la conduisit doucement vers une fenêtre de verre. Son contact, curieusement familier et rassurant, lui parut tout à coup aussi essentiel que la chaude écharpe de laine blanche dans laquelle elle était emmitouflée, et elle tressaillit lorsqu'il la lâcha enfin.
Devant elle s'étendait le ciel, un ciel chargé d'électricité et de crépitements d'argent. Elle l'admira un instant, stupéfaite par les couleurs entremêlées en une trame inexplicable et féérique. Le turquoise voisinait l'indigo, le pourpre se mêlait à l'orangé et l'écarlate se mélangeait avec le magenta. Elle secoua lentement la tête, perdue dans ses pensées, et une phrase lui traversa l'esprit : Les couleurs dansent à l'horizon comme elles dansent dans mon cœur. Dans son émotion, elle ne remarqua pas tout de suite que Lev s'était glissé dans son dos et que son menton frôlait à présent le sommet de son crâne. Il lui chuchota soudain dans le creux de l'oreille :
- Regarde, tout ce que le gris n'est pas.
Attalys plissa les paupières, s'imprégnant du spectacle multicolore éblouissant de lumière. Puis murmura à son tour, d'une voix si basse qu'elle en était presque inaudible :
- J'aime le gris parce qu'il est le juste milieu entre le blanc et le noir, la vie et la mort, le jour et la nuit, l'amour et la haine. Le gris est la couleur du ciel avant l'orage et de la mer avant la tempête. Les couleurs trop vives agressent, alors que le gris soulage et réconforte.
La vision du Lac Chen dont l'eau agitée reflétait les nuages grisonnants dansa un instant devant ses yeux. Aequor, la maison de l'eau qui dort... Elle esquissa un sourire au souvenir de sa rencontre avec Gwëll tandis qu'un éclair blanc striait l'horizon d'un long trait flamboyant. Et puis, lentement, presque avec tendresse, la main du jeune homme effleura ses cheveux, hésita un instant, s'aventura sur son épaule. Un frisson parcourut sa nuque. Les doigts baladeurs se figèrent et un éclat de rire troubla soudain le silence.
- C’est quand même mieux de regarder tout ça avec de la compagnie, tu ne trouves pas ? Au fait, tu viens faire quoi dans l’Académie ?
Sans se retourner, Attalys posa sa paume sur la main fine du jeune Dessinateur et la retira de son épaule avec délicatesse. Elle se décala ensuite de quelques pas puis tourna légèrement la tête pour lui décocher un sourire facétieux, bien que son regard demeura grave et sérieux.
- La même chose que toi, il me semble, prononça-t-elle sur un ton malicieux tandis que l'image du souffle d'air qui les avait rapprochés lui traversait l'esprit.
Sur ces mots, elle se plongea dans l'Imagination. Une fraction de seconde plus tard, une pierre aux reflets émeraude reposait entre ses doigts tendus, presque aussi brillante que les yeux qu'elle posa sur son compagnon.
[Pas d'inquiétude, c'est superbe ! =)]
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| | Messages : 123 Inscription le : 12/05/2011 Age IRL : 33
| Sujet: Re: Nous on aura toujours des chimères en cavale, des songes de troubadour pour arrêter le temps (8) [Terminé] Sam 18 Fév 2012 - 21:00 | | | Lorsqu’Attalys se déplaça, fuyant avec légèreté leur nouvelle promiscuité, il ne put s’empêcher, un très court instant, de laisser poindre un éclat de déception dans ses yeux. Sa mâchoire se crispa, mais c’est un sourire qui naquit sur ses lèvres, un sourire qui ne contamina pas ses yeux. La jeunette semblait bien jeune, à peine majeure, et pourtant si femme, si gracile, si innocente, qu’il ne pouvait empêcher ce petit papillon virevoltant de se cogner contre les parois de son cœur émoustillé. Aussi la laissa-t-il partir, à regret il est vrai, loin de lui. Sa main retrouva le confort de ses poches, tandis qu’il en pliait les articulations. Le bruit du tonnerre résonnait dans la vaste pièce, aussi serra-t-il le poing, mais le silence revint au moment précis où une décharge de craquements sourds traversaient l’épaisseur de tissu de son pantalon. Il détourna la tête vers l’horizon, offrant à la jeune fille le profil de son visage.
Il écouta attentivement ses mots, mais ne réagit point, se contentant d’afficher une moue alerte, dévouées aux mots de sa belle. Il secoua la tête lorsqu’elle eut fini, mais elle le prit de cours et confectionna un dessin, une pierre banale dans laquelle se miraient tout un panel de couleurs virides.
Un sourire enchanté illumina son visage, transformant sa légère asymétrie en un masque de gaité absolue qui fit pétiller ses yeux de bonheur. Ses mains papillonnèrent en sortant de leurs poches, alors qu’il s’emparait avec douceur de la pierre et l’examinait sous toutes ses coutures. Sa transformation, le passage du jeune homme attentif et sérieux au gamin émerveillé était ahurissant. En moins un clin d’œil tout son être s’était illuminé de l’intérieur alors qu’il constatait qu’Attalys était une dessinatrice et par la même qu’elle partageait une partie de ce qui régissait son existence depuis toujours, que le pouvoir fabuleux du dessin unissait leurs esprit autour d’une notion que peu se targuait de connaître vraiment : le pouvoir.
Il rendit la pierre à la jeune fille, effleurant ses doigts au passage, et ce simple contact lui électrisa inexplicablement la peau. Ses yeux émeraudes le fixait, joueurs, et tout son corps rendait grâce à la pureté de sa création, à l’évidence qui lui chaloupait les hanches, celle d’une féminité pas encore éclos, mais qui ne demandait qu’à être, qu’à devenir.
Doucement, Lev s’empara des deux mains de sa belle, et l’entrelacs de leurs doigts lui tira un sourire doux. Sans lui laisser le temps de s’éloigner à nouveau, il s’immergea dans les spires, alors que son regard se voilait doucement, et que son esprit quittait la terre des mortels pour le vortex des dieux. La présence d’Attalys était toujours perceptible, aussi n’eut-il pas à chercher inutilement. Le fantôme de son passage laissait une trace mouvante en vibrion, déformée déjà par la spirale en constant mouvement. Mais la cartographie de son pouvoir était toujours la même, et il n’eut pas de mal à la fixer entre ses mains d’éther, la saveur de son don le transperçant pour se graver dans sa tête.
Une de plus. Une de taille.
Puis, il n’eut pas envie de sortir déjà de l’Imagination. Après un instant de réflexion qui ne dura en temps réel que le battement d’un cil, il virevolta dans les spires et dénicha ce qu’il souhaitait faire basculer. Il sentit la familière flamme de pouvoir grandir en lui, sans se rendre compte qu’elle s’immergeait dans le réel sous la forme d’un flamboiement électrique dans le bleu profond de ses yeux fichés, sans les voir, dans ceux d’Attalys. Il peignit les couleurs, s’amusant de contrôler, tout, jusqu’à la plus infime nuance de réalité, vaporeux et affairé, il dessina profondément pendant une bonne minute, concentré comme peu souvent. Finalement, après une poussée de volonté, sa création bascula dans la réalité, la distordant, faille béante, afin de lui faire subir le subit afflux de pouvoir qui habitait le dessinateur.
Un oiseau minuscule, à peine la taille d’un colibri, virevolta devant leurs 4 yeux. Son plumage atypique créait la lumière, plutôt que la reflétant, et c’est tout un panel de gris, de noir, de blanc et de bleu patiné par le temps qui vint se mirer sur leur visage. Les plumes délicates semblait d’une matière unique, à mi-chemin entre le duvet habituel et le métal liquide. Elles possédaient par la même une myriade de caractéristiques lumineuses, et dans le dessin des couleurs pastels, on pouvait retrouver toute la quintessence de l’orage qui se déchainait au loin. Manière de dire que Lev avait bien écouté, le bon élève, alors qu’il présentait à la dessinatrice une création magnifique toute de gris et de bleu.
D’un mouvement élégant du bras, il présenta sa paume sous l’animal qui se posa dessus. Ses petits yeux noirs, des billes d’obscurité, se posèrent sur le visage doux d’Attalys, alors que Lev déposait délicatement l’oiseau sur l’épaule de la jeune femme. Ensuite, il se recula, dénouant leurs mains avec un air de regret, afin d’admirer le tableau que représentait la dessinatrice, sa création sur l’épaule. Lev pencha légèrement la tête, et l’oiseau fit de même sur la joue soyeuse de sa compagne, avant d’étirer ses ailes menues pour s’envoler à travers la fenêtre. Il fut dissout dans l’atmosphère peu après être hors de vue, mais le dessinateur n’en dit rien pour ne pas briser la magie de l’instant.
Qu’elle était mignonne, ainsi plantée au beau milieu de la grande pièce soufflée par le vent balayant sa chevelure et colorant ses joues de deux délicates roses pourpres ! Un sourire d’une tendresse envoutante lui incendia les yeux, alors qu’il tendait une main en avant et lançait, d’une voix chargée d’émotion :- Tu viens avec moi ?Qu’importe la destination, l’inspiration lui viendrait bien à un moment ou à un autre. A ce moment-là, tout ce qu’il souhaitait, c’était prendre sa main dans la sienne, et réchauffer ses doigts délicats pour qu’elle n’ait pas froid.
[où tu veux ] |
| | Messages : 352 Inscription le : 04/12/2011 Age IRL : 26
| Sujet: Re: Nous on aura toujours des chimères en cavale, des songes de troubadour pour arrêter le temps (8) [Terminé] Dim 19 Fév 2012 - 14:46 | | | Le souffle court, les yeux légèrement écarquillés, Attalys attendait. Et regardait.
Lev tendit doucement la main, se saisissant délicatement de la pierre pour l'examiner longuement avec une attention rieuse. La jeune femme avait bien conscience qu'il ne s'agissait pas d'une œuvre d'art mais, dans sa précipitation à gagner l'Imagination, elle n'était pas montée bien haut, se contentant des basses Spires aux créations plutôt banales et bien souvent – trop souvent – éphémères. Et en effet, lorsque le jeune Dessinateur déposa le morceau de roche aux scintillements de jade au creux de sa paume comme s'il s'agissait du plus précieux des trésors, la frôlant de ses doigts fins, elle sentit avec regret sa création s'alléger jusqu'à s'évanouir définitivement, retournant à l'éther des secrets. Cependant, sa peine fugace s'envola au moment où elle releva la tête vers le jeune homme qui l'observait en silence, avec sur ses lèvres ce mystérieux sourire qui l'avait séduite dès que ses yeux s'étaient posés sur lui.
Soudain, l'éclat de son regard s'intensifia et, sans qu'elle le prémédite, il lui saisit les mains. Ses doigts étaient chauds, doux comme la mousse et aussi puissants que sa poigne pouvait l'être, guidée par la force de la certitude qui pulsait en lui et de ce mot magique qui lui tira des frissons quand elle le prononça tout bas, bruyante et muette à la fois. Mais curieusement hésitants, aussi. Ils frémirent un instant, semblant quêter un assentiment ou une approbation de sa part dans le contact qu'ils eurent brièvement avec sa paume prisonnière.
Volonté trop forte ou détermination erronée ? Cette fois-ci, elle ne chercha pas à se dégager, savourant la pression des mains du jeune homme sur les siennes et, alors qu'elle souriait, joueuse, elle sentait ses dernières résistances s'écrouler, l'ultime garde-fou s'évaporer aussi brusquement que s'il n'avait jamais existé, tandis qu'un sentiment nouveau, froid et brûlant, coulait dans son cœur. Oh, comme elle aurait aimé se glisser près de lui, caler sa tête au creux de son cou, s'abandonner contre son torse ! Mais, tout à coup, les yeux de Lev se voilèrent et, en fixant son regard absent, elle comprit qu'il s'était plongé dans les Spires. La jeune fille ne bougea pas, ne parla pas, se contentant d'admirer le visage concentré et l'expression rêveuse de son compagnon. Durant un bref instant, ses iris d'azur flamboyèrent d'un étrange éclair électrique, et elle sentit soudain toute la puissance de son don.
Un minuscule oiseau surgit alors du néant, barbouillé de bleu roi, de gris pâle, de blanc patiné et de noir étincelant. Il virevolta devant eux, représentation unique de la joie et de la gaieté, son plumage à l'étrange consistance brillant de mille feux. Les couleurs se mêlaient en un improbable festival, comme le ciel d'orage au-dessus de leur tête, l'inca et l'ébène, l'immaculé et l'argent. Celui-ci, surtout, était présent, clair ou sombre, discret ou imposant. Superbe teinte aux multiples tons, il était à la fois le chef d'orchestre, le soliste et la basse de cet incroyable concert.
D'un large mouvement élégant, le jeune homme tendit le bras, présentant sa main ouverte au superbe volatil. Après une pirouette, celui-ci s'y percha, petite boule de plumes chatoyantes au creux de la paume du talentueux Dessinateur. Il sourit, et son regard d'infini s'accrocha aux prunelles d'Attalys. À son tour, l'oiseau tourna la tête, fichant ses pupilles sombres sur son visage rosi par le froid et l'émotion. Lev se déplaça alors légèrement afin de le déposer avec délicatesse sur l'épaule de la jeune Aequor puis recula de quelques pas, visiblement heureux de pouvoir détailler à sa guise la silhouette fine et la cascade de cheveux clairs aux multiples reflets de sa compagne. L'oiseau tressaillit, pencha un furtif instant la tête pour effleurer sa joue, et, enfin, déploya ses ailes de diamant et de saphir pour prendre gracieusement son envol, traversant la fenêtre et disparaissant parmi les nuées. La jeune femme le suivit des yeux avant de se tourner vers le Kaelem qui la dévisageait toujours, les paupières mi-closes.
Qui es-tu, Lev ? Et que suis-je pour toi ? Qui-suis je ?
Il sourit. Tendresse. Infinie. Les yeux pétillants, il tendit le bras dans sa direction. Silence chargé d'émotions et de questions muettes. Et puis...
- Tu viens avec moi ?
Ce fut l'interrogation plus que le geste qui la décida. Elle s'avança avec une lenteur mesurée, soudain aussi timide et craintive qu'une fillette, et glissa sa main dans celle du jeune homme qui attendait, chaleureuse et accueillante. Lorsque ses doigts se refermèrent sur les siens, Attalys sentit sa peur et son hésitation s'élever dans l'air embrumé, tournoyer un moment au-dessus de sa tête puis s'envoler à leur tour par la fenêtre ouverte, comme le petit colibri un instant plus tôt. Mais il restait encore tant de sentiments dans ce tourbillon fou que formait son pauvre cœur battant à tout rompre... La légère pression qu'exerça la paume du Dessinateur l'apaisa aussitôt. Tellement plus significative que de longs discours, porteuse d'un sens si simple et si limpide que son regard s'embua.
Les mots sont des armes. Pas des fleurs, et encore moins des étoiles. Pas comme celles qui brillent dans ton sourire. Pas comme celles-ci qui brillent dans mon âme. Pas assez de phrases et, pourtant, beaucoup trop. Trop de tout. Et trop de trop. Elle acquiesça sans rien dire, laissant le silence accomplir son œuvre. Juste le regarder. Regarder son visage charmeur et ses yeux si bleus qui, tels deux grands lac d'azur et de saphir aux saveurs d'absolu, l'attiraient irrésistiblement. Le voir pour la première et la dernière fois. S'y perdre. À jamais.
Elle se laissa conduire, calme et sereine, hors de la volière, puis dans les escaliers. Lev la guidait doucement, veillant à ce qu'elle ne trébucha pas sur les marches parfois humides et glissantes. La jeune fille le suivait posément avec l'impression persistance d'évoluer dans un rêve particulièrement réaliste. Un rêve très beau, si magnifique, baigné de tant de magie et de merveilles que, parmi les doutes qu'elle ne pouvait s'empêcher de ressentir, il y avait une conviction, une certitude : surtout, ne pas se réveiller.
Lorsqu'ils s'arrêtèrent enfin, elle n'aurait su dire si quelques minutes ou une demi-heure s'était écoulées. Reprenant peu à peu ses esprits, elle observa avec circonspection le lieu où il se trouvaient. Il ne s'agissait pas d'une salle à proprement parler mais plutôt d'une sorte de large couloir flanqué d'imposantes colonnes d'un marbre étincelant et surmonté par un toit gigantesque et immaculé. Ce ne fut qu'au bout de plusieurs secondes qu'elle put finalement nommer le grandiose endroit, pour l'avoir une ou deux traversé en coup de vent : le portique est.
Au-dehors, la pluie avait fait place à un brouillard opaque et vaporeux troublé par quelques rares souffles d'air aussitôt étouffés par la présence de la brume lourde et pâteuse. Épaisse et fluide, elle collait aux rares personnes se risquant à l'extérieur, s'engouffrait dans les interstices des murs, éteignant bruit et lumière pour plonger l'univers dans une atmosphère chargé d'électricité immobile et crépitante. Même l'orage, devant sa toute-puissance, avait battu en retraite, emportant avec lui les éclairs aux éclats vifs et les nuages de charbon loin de ce scintillement gluant.
À ses côtés, Lev n'avait pas lâché sa main.
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| | Messages : 123 Inscription le : 12/05/2011 Age IRL : 33
| Sujet: Re: Nous on aura toujours des chimères en cavale, des songes de troubadour pour arrêter le temps (8) [Terminé] Dim 19 Fév 2012 - 16:10 | | | ===> Portique Est (je t'envoie un mp quand j'aurais posté ! )
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| | Messages : 352 Inscription le : 04/12/2011 Age IRL : 26
| | | | Sujet: Re: Nous on aura toujours des chimères en cavale, des songes de troubadour pour arrêter le temps (8) [Terminé] | | | |
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