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 Les grands esprits se rencontrent... [Terminé]

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Gwëll Yil'Sleil
Gwëll Yil'Sleil

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MessageSujet: Re: Les grands esprits se rencontrent... [Terminé]   Les grands esprits se rencontrent... [Terminé] - Page 2 Icon_minitimeJeu 8 Mar 2012 - 23:25

Tache, ô ma tache ! Esquisse un reflet que je lise mon avenir ! Lala
Et la tâche bougea.

En fait, elle avait pas vraiment bougé. Pas du tout, même. C’était plutôt une ombre qui lui était passée devant le nez. Une ombre, puis la lumière. Comme un reflet dans une boule de cristal ! ... Ou pas.
Mais par contre, trace du futur il y avait. Non dans les reflets tachesques de la tache, mais plutôt dans des bribes de mots, dans la résonance flutée d’une voix. Une voix qu’elle connaissait, en plus. Et qui proposait un jeu. Une bonne idée, qui plus est.
Et le jeu commencerait à l’instant, avait décidé Gwëll.

Attention, top départ !
Je résonne dans une salle.
Entendue dans la salle des loisir aujourd’hui même et ne provenant pas de votre propre bouche, j’appartiens tout de même à une dessinatrice. La salle où j’ai été perçue est quasi vide à l’exception de vous et d’une dessinatrice nouvellement arrivée à l’Académie et Merwyn et elle aussi blonde. Cette même dessinatrice a une voix flutée et douce et généralement de bonnes idées...
Qui a donc prononcé mes mots...?

Gwëll réfléchit longtemps. Ce pouvait être Myra, elle était blonde, c’était une dessinatrice, et en plus, elle travaillait à l’académie... Mais ça aurait aussi pu être Ciléa qui était aussi blonde et avait, en plus, une voix flutée.
Alors là, Gwëll hésitait... C’était vraiment une question très complexe qui requérait tout son cerveau de jeune fille blonde dans la lune.
Puis, d’un coup, d’un seul, alors que sa concentration déclinait, lui vint une illumination. Sous la forme d’un reflet. Un visage... Attalys !
Oui, cette petite nouvelle qu’elle avait conduite et guidée dans les dédales du gigantesque bâtiment. Ce devait peut être être elle !

Gwëll se retourna et découvrit, avec joie et fierté -après tout, elle avait quand même réussi à trouver ! O/- Attalys, des yeux de merlan frit lui dévorant la face et un air d’attente greffé sur ce visage rosi par la satisfaction d’avoir trouvé.
Elle avait proposé quoi, déjà ? Ah oui, un jeu ! Un jeu que Gwëll avait remporté haut la main. Mais elle continuait encore à parler. Quoi ? C’était pas vraiment ça, le jeu ?
Gwëll en aurait presque été déçue si cette nouvelle idée qu’on lui proposait ne l’attirait pas encore davantage que la satisfaction d’avoir découvert le poteau rose -ou pot aux roses, c’est selon... Arrow.

Et en plus, elle était trop forte, Attalys ! D’un coup, d’un seul, elle avait réussi à deviner les goûts de Gwëll ! En plus, ce n’était pas évident, Gwëll n’avait pas pris d livre, et pas non plus de tatouage quelconque qui aurait pu le laisser sous entendre.
Peut être qu’Attalys avait un don de clairvoyance ? C’était possible, après tout, Gwëll la voyait très bien, avec un foulard bariolé sur le front, des grands colliers de perles multicolores et une boule de cristal entre les mains. Ou pas, d’ailleurs. Il fallait dire, Attalys avait pas vraiment le physique de l’emploi.
Mais sans doute, elle aurait fait une voyante vraiment très douée. C’était certain.

Mais avec tout cela, Gwëll en avait oublié de répondre.


Je pense que tu as raison !

Oh, non, zut, c’était pas à elle de jouer. Mince alors... que devait elle répondre, déjà ?

Euh... oui, enfin, t’as raison, quoi... C’est encore à toi, là, non ?

Elle rougit. C’était certain, elle adorait les jeux, mais elle était incapable de se souvenir de la moindre règle du premier coup.


Attalys Til'Ewin
Attalys Til'Ewin

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MessageSujet: Re: Les grands esprits se rencontrent... [Terminé]   Les grands esprits se rencontrent... [Terminé] - Page 2 Icon_minitimeSam 17 Mar 2012 - 18:19

- Je pense que tu as raison !

Sourire. Lumineux. Bon, d'un côté, ça n'avais pas été très compliqué ; elle ne s'était pas vraiment mise en danger.

Tandis que Gwëll s'embrouillait dans ses explications, le regard d'Attalys erra un instant, sans but, sur la salle et les objets qu'elle contenait, puis s'attarda sur une table basse et ronde bordée de tapis aux teintes pastels. S'éclaira. D'un geste rapide, la jeune fille tendit le bras pour ramener sur ses genoux un rouleau de parchemin vierge accompagné d'une petite fiole remplie d'encre violette qu'elle déposa précautionneusement à ses pieds. Elle se saisit ensuite d'une plume d'oie qu'elle trempa à l'intérieur. Puis suspendit son geste. Son amie venait de terminer de parler et la fixait de ses grands yeux constamment étonnés en rougissant un peu. Ah, oui, bien sûr. Le jeu. Elle s'accorda quelques secondes pour réfléchir puis lança d'une voix emprunte d'interrogations :


- Je pense que tu es une Dessinatrice.

Approbation vigoureuse de la part de Gwëll. Ce faisant, elle avait posé la pointe de sa plume sur le parchemin et tracé avec fluidité et précision une série de courbes aux arrondis élégants. Un pétale. Puis un autre, juste à côté. Et encore un autre. Ce fut ensuite au tour du cœur de la fleur, puis de la tige et des feuilles. Après un instant d'hésitation, elle revint alors sur les pétales qu'elle teinta d'un violet plus clair, presque rosé, si concentrée qu'elle ne remarqua même pas que sa compagne l'observait faire avec surprise et curiosité. Un mot lui traversa l'esprit. Lotus, symbole de la vie éternelle et de la résurrection en Égypte antique.
Enfin, elle releva la tête avec un sourire d'excuse et reprit, sans lâcher sa plume :


- Je pense que tu détestes te battre.

Et, cela, elle pouvait le voir rien qu'aux mains pâles et fragiles de la jeune femme, à ses doigts délicats et à ses paumes douces. Des mains de rêveur, des mains d'artiste. Des mains faites pour lire et pour effleurer, pour créer et pour dessiner. Dessiner. Elle s'attaqua alors au ciel et, ne pouvant se décider, le sépara d'un trait fin, légèrement courbé. D'un côté, elle ébaucha un soleil aux timides rayons dissimulés par de gros nuages cotonneux aux allures d'animaux fantomatiques et pelucheux. Puis, de l'autre, elle fit naître la nuit bleue, la lueur argentée du croissant de lune et l'éclat d'or flamboyant des étoiles filantes qui, toujours plus nombreuses, traversaient l'éther en étincelant d'un scintillement sauvage.

- Je pense que tu n'as pas de frère jumeau.

Une maison, maintenant. Esseulée au centre du parchemin, elle dominait le monde par sa taille et son apparence. Elle n'était pas bien grande, pourtant, et même plutôt petite. Largement suffisante, cependant, pour une paisible existence à deux. Et même si Attalys se plaisait à se dire que, un jour, un homme avait foulé de ses pas ce sol dur, avait frôlé ces murs colorés et contemplé cette cheminée d'où surgissait la fumée odorante qu'elle connaissait si bien, un homme qui avait un jour enlacé sa mère et chanté pour sa fille en caressant le ventre arrondi par l'amour, elle aimait aussi l'idée d'un repère qui n'avait jamais appartenu à d'autres qu'Ulira et elle, une sorte de paradis privé ou de jardin secret.
Entre-temps, Gwëll avait acquiescé, une lueur admirative dans le regard. La jeune fille se redressa alors un peu, les yeux dans le vague.


- Je pense que tu adores les framboises.

Elle avait encore fait mouche, apparemment. Plus que de la stupéfaction, c'était de l'incrédulité qu'elle percevait à présent dans la posture de la jeune Dessinatrice. Elle aurait aimé s'arrêter, quelques secondes seulement, pour lui adresser un sourire, ou au moins lever la tête afin de croiser son regard. Elle en fut incapable. Ses doigts semblaient doués d'une vie propre et, lorsqu'elle sentit le souvenir se frayer un chemin jusqu'à elle, jusqu'à son cœur, jusqu'à son âme, elle ne résista pas. Elle revoyait encore la chevelure claire dont les mèches miel et caramel cascadaient sur ses épaules avec tant de grâce, les yeux si verts, la silhouette si mince, le visage si serein et si harmonieux. Elle était si belle.
La jeune femme qui se dressait à présent sur le seuil de la porte de la maisonnette souriait et tendait le bras en agitant la main, les cheveux tourbillonnant derrière elle, emportés par le vent du crépuscule. Si belle.
La jeune fille battit des paupières pour chasser les perles nacrées qui embuaient ses iris émeraude. S'efforçant de ne pas renifler, elle continua doucement :

- Je pense...

Une larme accrochée à son cil roula lentement le long de l'aile de son nez. Secouant violemment la tête, elle crispa le poing sur le parchemin et murmura :

- Je pense que tu n'aimes pas monter à cheval.


Un souffle, un chuchotement. Après tout, pourquoi pas ? Les chevaux sont brusques et les chutes souvent brutales. Et puis, elle avait du mal à imaginer sa camarade juchée sur un fier destrier en train de galoper à travers la prairie dès les premières nuées de l'aube ou les doigts plongés dans le crottin pour récupérer quelque précieux objet ayant malencontreusement glissé de sa poche au mauvais endroit au mauvais moment.

Et, tandis qu'elle attendait sans impatience sa réponse, elle esquissa une surface calme et mouvante, infinie tant elle paraissait bleue et violette sous le firmament de l'aurore. Puis la prunelle. Ardente, véritable brasier dans lequel l'amour et la vie ne faisaient qu'un. La pupille de la Dame.



[Édition à volonté si un goût ne correspond pas...]

Gwëll Yil'Sleil
Gwëll Yil'Sleil

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MessageSujet: Re: Les grands esprits se rencontrent... [Terminé]   Les grands esprits se rencontrent... [Terminé] - Page 2 Icon_minitimeDim 1 Avr 2012 - 18:01

Au début, ce n’était qu’une page vierge, un monde à découvrir, un parallélisme en attente. Puis un trait, un autre, un ligne, droite et courbe. Une étendue, opaque, lumineuse, brisée d’un geste net et sûr par la rectitude d’un rayon opalescent.
Ensuite, c’était la douceur d’une teinte d’entre deux, d’une incertitude exprimée sûrement. Et avec tout ça, le calme d’une main sûre et d’une émotion à peine voilée.

Et une assurance étonnante. Gwëll hocha la tête. Elle était dessinatrice. Son être entier était dessinatrice. De toutes manière qu’aurait elle pu être d’autre ? Elle n’était pas de ces nobles méprisants qui se placent au dessus des autres avec leurs arguments d’autorité, et leurs complexe de supériorité. Mais elle ne ressemblait pas non plus à ces travailleurs qui gagnent leur vie à la sueur de leur front. Elle était elle et n’aurait pas réussi à être quelqu’un d’autre. Elle ne pouvait voir que par ses yeux, sentir que par son nez, toucher qu’avec sa peau, penser que par son esprit.
Elle était elle et elle était dessinatrice à n’en pas douter.

Curiosité. C’était elle aussi. Intéressée par le monde, par les autres. Ce qu’elle voyait l’intéressait. Et ce qu’elle ne comprenait pas, encore plus.
Et puis, ce qui lui plaisait, aussi, c’était le changement. Parce qu’à chaque fois, c’était comme de la magie. On partait de rien et on arrivait à autre chose. Et derrière, c’étaient des sentiments. Toujours car une œuvre est amour de son créateur.

Et puis encore, elle touchait juste. Cette jeune fille, avec sa plume, ses idées et son amour. Elle pensait bien, cherchait, tournait la chose en tous sens comme pour en faire sortir quelque chose, peut être. Et c’était fructueux. Trois fois encore elle réussit. Et Gwëll restait admirative devant ces pensées. D’autant plus que la jeune Aequor n’avait toujours pas lâché sa plume.
En effet, elle n’aimait pas se battre, n’avait pas de frère jumeau, et adorait les framboises. De petites choses, certes, mais vraies, quand même.

Mais là... là, c’était le silence. Plus un bruit, plus un mouvement. C’était comme si le temps s’était arrêté. La main suspendue en l’air, au dessus de la feuille, la plume gouttant doucement dans la bouteille d’encre.
Et puis, surtout, les yeux dans le vague, loin, très loin de cette réalité crue et dérangeante. Et de la brume, aussi. Cette brume fine, qui se dépose systématiquement quand on repense au passé, aux jours heureux d’avant qui peuvent plus exister maintenant. Quand on se rappelle ce qui a tout changé, ce qu’on n’a jamais connu, ce qu’on aurait aimé voir.
On sentait, dans ces mots qu’elle ne prononçait pas, dans ses regards qu’elle ne partageait pas, ces sentiments qu’elle cachait, cette sensibilité qu’elle n’osait pas montrer.

Puis cette douceur coula. Comme une peinture qui s’efface doucement. Et éclata. Poing fermé, colère, tristesse, douleur.
Mais pas de violence, toutefois.
Puis elle reprit doucement sa plume, et se retourna vers son parchemin. Après un souffle. Comme brisé. Elle s’était trompée.

Un instant, Gwëll songea à ne pas lui dire. Elle ne voulait pas lui faire plus mal. Elle sentait sa souffrance qui déjà pointait dans sa respiration. Hachée, douloureuse, sourde.
Mais ce n’était pas le jeu. Et puis, si elle l’interrogeait, elle en saurait certainement plus. Peut être même qu’elle pourrait l’aider ? Non, ça, ce n’était pas sûr, mais Attalys aurait peut être besoin de parler.

Doucement, elle posa son regard sur l’encre qui glissait sur la feuille, sur cette main pâle qui tremblait légèrement, mais qui restait professionnelle.
Une inspiration. Ça voulait tout dire. Elle vit les épaules de la jeune fille retomber. Elle avait eu sa réponse, l’attente était finie.
Gwëll, quant à elle, s’offrit quelques secondes pour songer à sa question.


-Je pense que tu es triste.

Ce n’était pas dur, ça se voyait à l'œil nu. Mais ce qu’elle voulait, vraiment, c’était aider son amie à se confier. Parce que c’est important de parler des choses qui fâchent, des histoires tristes.

-Je pense que ce que tu as dessiné te manque.

Là encore, ce n’était pas dur de le voir, il suffisait de passer outre le voile de pudeur qu’elle s’était créé et de savoir lire entre les émotions avec toute la délicatesse d’une âme féminine.

-Je pense aussi que tu aimerais pleurer...

Était ce cette larme refoulée qui l’avait guidée dans sa déduction ? Ou ces sanglots ravalés ? Ou peut être seulement cette brume qui re-envahissait les grands lacs de ses yeux ?

-Je pense que tu peux me parler, si tu as besoin.

Et ça, elle en était sûre.

[J'aime beaucoup ton post I love you]

Attalys Til'Ewin
Attalys Til'Ewin

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MessageSujet: Re: Les grands esprits se rencontrent... [Terminé]   Les grands esprits se rencontrent... [Terminé] - Page 2 Icon_minitimeLun 9 Avr 2012 - 11:40

« Aimer » devrait être le premier verbe à conjuguer. Et « Je t'aime » la première phrase à prononcer.
Je t'aime, chuchote la mère au bébé accroché à son sein. Je t'aime, promet l'amant à la femme qu'il tient enlacé au creux de ses bras. Je t'aime, murmure l'enfant au vieil homme si ridé qui le serre contre son torse. Je t'aime, scintille le soleil à la première fleur. Je t'aime, tinte le rire-grelot à l'oreille du silence-musique.

Je t'aime.

Je t'aime.

Je t'aime, dit Ulira à sa fille tournée vers elle comme un tournesol en direction de l'astre du jour. Je t'aime.

Je pense que tu es triste.
Je pense que ce que tu as dessiné te manque.
Je pense que tu aimerais pleurer.
Je pense que tu peux me parler. Si tu en as besoin. Si tu le veux bien.

Faux. Faux. Tout faux ! Je ne suis pas triste, je vis. Ce que j'ai dessiné ne me manque pas puisqu'il est toujours présent en moi, au plus profond de mon cœur. Je ne veux pas pleurer. Depuis longtemps, les larmes coulent d'elles-même dans mon âme de lumière et de doutes. Et je ne peux pas te parler, tu ne comprendrais pas. Personne ne peut me comprendre.

Je ne suis pas triste. Je vis.

Seule. Sereine. Entourée de fleurs. De toutes tailles, de toutes formes. Grandes, petites, timides, imposantes, discrètes, majestueuses. Ronds, triangles, ovales, cercles, disques, étoiles, losanges. Rouges, jaunes, bleus, violines, vert d'eau, gris perle, ivoire, rosées.
Je t'aime, souffle le vent léger. Je t'aime, bruisse l'herbe aux mille odeurs. Je t'aime, bourdonne la libellule aux ailes nacrées. Je t'aime, glougloute le paisible ruisseau. Je t'aime, chante l'oiseau coloré.
Vis, ordonne la voix souveraine. Les mots parlent et harmonisent, écoute-les. Les mots entendent et s'expriment, utilise-les.
Je sais, répond Attalys.

Je sais.

Elle ouvrit les yeux. Gwëll. Ce fut la première chose qu'elle vit. Gwëll et ses questions. Gwëll et sa patience. Gwëll et son amitié.
Un bref instant, elle songea à refermer les paupières pour ne plus observer ce visage douloureux penché sur elle, pour ne plus distinguer la plume qui, délicatement, avait glissé à terre sur le tapi pastel.
Souffrance.
Intolérable.
Et puis, lentement, un sourire se dessina sur les lèvres de la jeune fille qui la dévisageait toujours. Un sourire complice. Un sourire qui rassure et réconforte.

La Dessinatrice resta un instant interdite avant de se redresser doucement. Le temps d'une brève respiration, elle effleura le parchemin posé en équilibre instable sur ses genoux. Et leva la tête pour plonger ses pupilles sombres dans les prunelles de sa camarade.
Regard gratitude.
Mais elle ne lui rendit pas son sourire magique. Elle aurait été bien incapable, elle, de créer un sourire qui tient chaud.

Les deux jeunes femmes restèrent coites un long moment. Interminable. Je pense que tu peux me parler, si tu as besoin. C'était ce qu'elle avait affirmé et ce que clamaient encore ses iris noisette, son expression compréhensive, sa posture attentive.
Et son sourire.
L'Aequor se détourna légèrement afin de ne plus se sentir détailler par le regard à la fois tendre et scrutateur de son amie. Les yeux encore embrumés par le voile de la mélancolie, elle hésita une fraction de seconde. Ou des minutes infinies. Puis elle se tourna en direction de Gwëll, se calant confortablement dans son fauteuil, et rabattit les jambes sous elle, sa posture favorite lorsqu'il s'agissait de parler. De raconter. Et d'écouter.


- Il était une fois...

Son ton grave, sa voix rauque, n'échappèrent sans doute pas à sa compagne. Ni les larmes qui, à nouveau, menaçaient de déborder de ses paupières.

- Il était une fois une petite fille qui habitait avec sa mère dans une jolie maison juste à côté d'un grand lac. Elle était heureuse. Formidablement heureuse. Le matin, elle allait chercher les grenouilles qu'elle ne parvenait jamais à attraper parce qu'elles bondissaient trop vite et trop loin, les fraises des bois ou les fleurs aux corolles flamboyantes et aux pétales irisés de rosée. L'après-midi, elle aimer se baigner dans le lac aux multiples reflets, les oreilles emplies des trilles des oiseaux, manger des crêpes au miel, assise au milieu de la mousse encore humide, et se perdre dans les récits fabuleux que lui contait sa mère alors que la nuit naissante dissipait le crépuscule et que les premières étoiles s'allumaient dans le ciel, bercée par la mélodie de la lune.
» Mais la vie est la vie, et toutes les plus belles choses ont une fin. La petite fille grandit et décida un jour qu'il était temps pour elle de voler de ses propres ailes. Sa mère et elle quittèrent donc le nid, leur douillette maisonnette et le grand lac si bleu. Elles se rendirent à la ville toute proche car la fillette, hormis les promenades parmi les papillons dans les prairies verdoyantes et siroter le lait chaud contre le giron maternel auprès d'un bon feu de cheminée, avait une passion : apprendre. Dans son incommensurable prétention, elle s'était convaincue que sa mère n'avait plus rien à lui transmettre, et souhaitait à présent intégrer une école plus prestigieuse que celle de la nature aimante. Elles cherchèrent, donc, longtemps, si longtemps, un établissement dans lequel celle-ci pourrait pleinement s'épanouir, un établissement rempli de manuscrits enluminés et de savants professeurs à barbe blanche. Des semaines, des mois durant, elles cherchèrent, visitant et suppliant sur leur passage. Elles durent s'exiler, loin du lac, loin de la verte plaine et du ciel violet. Et, enfin, elles trouvèrent.
» Heureuse, la fille ingrate ne vivait plus que pour ses études, tandis que la mère s'épuisait à la dure tâche, au travail laborieux essentiel à la réussite de son rejeton. Et pendant que l'oisillon pépiait de joie et batifolait à n'en plus finir, cette pauvre fleur si éblouissante jusqu'alors, lentement, doucement, le regard tourné vers sa fille, avec un sourire toujours plein d'amour où ne se distinguait pas la moindre trace d'amertume, fanait, se flétrissait, s'éteignait aussi délicatement et tendrement que la feuille morte voletant jusqu'au sol pour ne plus jamais se relever. Et c'est ce qui arriva. Elle mourut.


Sa voix se cassa sur le dernier mot. Après un soupir inaudible, elle reprit aussitôt son histoire, d'un ton plus voilé.

- Comment expliquer le désespoir qui s'abattit alors sur la jeune fille ? Les jours devinrent noirs et mornes, de la saveur du deuil et de la couleur du malheur. Elle regrettait d'avoir entraîné sa mère dans cette ville qui, à chaque instant, la dégoûtait un plus. Elle regrettait de lui avoir accordé aussi peu d'attention, de ne pas avoir compris qu'elle se sacrifiait pour elle, pour le fantasme et l'illusion de ses études mirobolantes, de l'avoir usée jusqu'à l'ultime instant. Mais, surtout, elle regrettait que celle-ci n'ait pas pu voir le lac, le splendide lac porteur de tant de rêves, une dernière fois. La dernière fois.
» Et puis... La vie continue. L'homme n'est pas fait pour s'établir, il part, toujours, il part pour ne plus jamais revenir, il part pour ne plus voir le temps fuir devant lui, il part parce qu'il ne sait faire que cela. Partir. Et lorsque l'on regarde derrière soi, il est trop tard. Toujours trop tard. C'est ainsi. Elle partit, donc, à nouveau. Elle partit et, après un éprouvant voyage, arriva aux portes d'une académie renommée dans laquelle sa mère avait étudié, elle aussi, il y a fort longtemps, quand les portes du monde lui semblaient encore grandes ouvertes et qu'elle se croyait invulnérable. Voilà comment la petite fille découvrit l'Académie de Merwyn.


Voilà, c'est la fin de cette histoire. Mon histoire. Je te la donne. Prends-en soin, s'il-te-plaît.
Souviens-toi du grand lac Chen et de la petite maison qui se dresse sur sa rive parsemée de fleurs et de coccinelles, souviens-toi d'Ulira et de l'orgueil et de la sottise de sa fille.
Souviens-toi. S'il-te-plaît.

Alors, seulement, Attalys se mit à pleurer, et chacun de ses sanglots lui secouait les côtes avec tant de violence qu'elle avait l'impression que sa peine et son remord s'enfonçaient à chaque inspiration un peu plus à l'intérieur de son cœur calciné.



[ huglov ]

Gwëll Yil'Sleil
Gwëll Yil'Sleil

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MessageSujet: Re: Les grands esprits se rencontrent... [Terminé]   Les grands esprits se rencontrent... [Terminé] - Page 2 Icon_minitimeMar 1 Mai 2012 - 17:44

Gwëll ne savait pas quoi dire. Tout était, en elle, chamboulé.
Les idées, les sentiments, les ressentis. Comme un globiboulga de sensibilité, les larmes à fleur de pensée.

Et pourtant ! Pourtant, elle n'était pas triste. Pas malheureuse pour un sou.
C'était juste... juste cette émotion qui vibrait dans l'air, qui dansait entre les notes de silences. Et surtout, cette fragilité dans ces mots, dans ces gestes retenus, comme ralentis, comme le temps suspendu qui s'effondre brusquement.

Une fin du monde, un cataclysme. Et ses mains tremblaient.

Mot après mot, elle se libérait.
Au début, elle avait refusé, elle s'était opposée. Pour mieux accepter (raisonnement concessif) ensuite. Et maintenant, elle se déversait. Par mots, par larmes contenues, par tremblements irrépressibles.
Et Gwëll la regardait. Elle ne bougeait pas. Il ne fallait pas qu'elle bouge. C'était ça, écouter. Et, à force de sourires complaisants et encourageants, elle la sentait se détendre de plus en plus. De moins en moins crispée, petit à petit ses phalanges retrouvaient une couleur normale.

Puis l'histoire s'acheva. Comme un barrage qui cède mais a vaillamment résisté. Les larmes s'écoulèrent avec une rage de torrent.
Régression. Les mots ne couvraient plus les sentiments, alors, la culpabilité s'échappait.
Gwëll savait qu'elle aurait dû parler. Mais elle ne savait pas quoi dire. Et elle ne voulait pas dire n'importe quoi. Ç'aurait été une bêtise encore plus grave.

Une larme roula sur une joue sèche. L'émotion tourne comme les hélices du moulin.


Elle a été bien sotte, c'est vrai. Mais c'était une petite fille. Car même si ses bras étaient longs, ses traits fins et sa pensée grandie, elle restait une enfant. On reste toujours des enfants. Elle ne pouvait pas savoir. Elle n'a pas su. Mais elle saura...

Elle saura pour quoi ? On n'a pas cent cinquante milles occasions de savoir. Quand la chance est passée, elle est passée. Alors, elle saurait pour quoi ? Une vie future... un rêve peut être ? Ou alors, elle pourrait le dire. Pour que ça ne se reproduise pas avec les autres.

…C'est normal. Même si ça ne le semble pas. Il faut lui pardonner, ne pas lui en vouloir. Et il faut lui dire aussi...

C'était toujours difficile de dire ça, parce que ça relevait d'une grande tristesse et que ça touchait toujours tout au fond de l'âme, au fond du cœur.

…Lui dire de continuer. De continuer à l'aimer, cette fleur. Parce qu'une fleur ne meurt vraiment que quand on l'oublie. Quand on sèche ses larmes pour toujours et qu'on tourne à jamais la page. Une histoire, la vie, est faite d'avancées et de retours. On ne peut pas être à un moment seulement. Elle est fait de rêves, de voyages et de pleurs.
Parce qu'elle est la vie, et parce qu'elle est triste.


Et parce que tu dois continuer à être heureuse, mais tu ne dois surtout, surtout, pas oublier.
Parce que ce serait une erreur et que les erreurs ne pardonnent qu'une fois.
Joker.


Attalys Til'Ewin
Attalys Til'Ewin

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MessageSujet: Re: Les grands esprits se rencontrent... [Terminé]   Les grands esprits se rencontrent... [Terminé] - Page 2 Icon_minitimeSam 23 Juin 2012 - 8:54

Écouter. Attalys n'avait plus que cela à faire, à présent. Écouter.
Écouter comme on écoute le vent chanter dans les branches des arbres, le soir, ou la pluie tomber sur les pétales des fleurs qui s'ouvrent à l'aube. Écouter comme on parle, écouter comme on chante, écouter comme on rit. Écouter le silence qui s'égrène lentement entre les phrases. Écouter les mots surgissant de la bouche entrouverte de la jeune femme. Ses yeux sont embués, son regard brille, mais elle a les pupilles plongées dans les siennes, comme une promesse d'avenir. Joie et douleur. Souffrance et espoir.

Elle ne devait pas oublier, elle le savait. Et elle devait être heureuse, aussi. Vivre tout en se souvenant mais en tournant la page, ainsi que l'on termine un chapitre pour en commencer un autre, inconnu, nouveau, plus beau, peut-être. Elle était bien égoïste, oui. Elle se trouvait dans l'Académie la plus prestigieuse de l'Empire pour exercer son Don, suivre les cours les plus passionnants qu'elle avait déjà été donnée d'observer et découvrir de nouveaux horizons, de nouvelles cultures, de nouveaux rêves.

Et puis, elle avait rencontré Gwëll. Elle l'avait mal jugée, au début, elle s'en rendait compte à présent. Mais pouvait-elle tout de même la considérer comme une amie ? Elle n'en avait jamais eu et, hormis quelques élèves qui suivaient certaines options avec elle à Al-Far, n'avait jamais eu l'occasion de lier véritablement connaissance avec un de ses camarades

Et pourtant, pourtant, elle restait là, dans son petit coin noir, à se morfondre, à se perdre dans la mélancolie et la nostalgie des jours passés. Son présent était brouillé par la petite maison au bord du lac, par la douce voix maternelle et la caresse des rayons du soleil sur sa peau d'enfant nue. Alors, telle la petite fille capricieuse qu'elle n'avait jamais vraiment cessé d'être, elle se lamentait, sans s'apercevoir que le bonheur était si proche qu'elle pouvait l'effleurer d'un simple doigt. La vie est triste, lui avait dit Gwëll. Mais la vie est également renaissance. Tout est renaissance. Game over.

Et c'était seulement maintenant qu'elle comprenait que sa mère ne serait jamais tout à fait morte tant qu'elle continuerait à faire vivre son souvenir à travers elle, en son coeur, et qu'elle le partagerait avec tous ceux qui le souhaiteraient.

Peu à peu, ses pleurs s'étaient taris, les hoquets avait cessé de lui secouer le corps. Mais, alors qu'elle se redressait lentement, tout à coup, sans prévenir, les sanglots la reprirent, les larmes dévalèrent à nouveau son visage bouffi. Incontrôlables. Irrépressibles.
Elle se tassa un peu plus dans son fauteuil, se mordant les lèvres pour contenir ses spasmes, les mains crispées sur ses genoux. Perdue, noyée dans un océan abyssal. Elle ne flotte plus, elle coule, et même la lumière du petit jour ne lui parvient plus.

Et puis, soudain, elle fut ici, comme un bouée à laquelle se raccrocher. Agenouillée ou accroupie à ses côtés, chuchotante, murmurant des paroles apaisantes. Du plat de la main elle lui caressa les cheveux, le dos, délicatement et avec une tendresse infinie. Alors, Attalys se laissa aller contre son épaule, enfouissant son nez dans le creux de son cou, laissant les paumes si douces achever leur œuvre bienfaitrice. Tout allait bien puisque Gwëll était là.

Bientôt, elle se calma, et ses reniflements se transformèrent en respirations saccadées. Lorsqu'elle releva la tête, c'était fini. Seuls restaient les prunelles d'émeraude légèrement écarquillées et le sourire emprunt de sérénité de la Dessinatrice. Harmonie. La jeune fille était la source qui irriguait son âme.

Elle se leva, et elle la suivit. Elle sortit de la petite pièce pastelle, et elle lui emboîta le pas. Elle marchèrent longuement, côte à côte, et Attalys ressentit l'indéfectible complicité qui était en train de se tisser entre elles. Gwëll l'avait vue pleurer et l'avait consolée. 2-0. À présent, c'était à elle de lui faire découvrir quelque chose, et elle se sentait un peu dans la peau du Petit Poucet sur le point de faire revenir ses frères à la maison.
J'ai visité l'Académie.
Maintenant, je veux te dire merci.

Elle y était déjà allée une fois. Cela allait-il suffire pour qu'elle s'en rappelle le chemin ? Certes, sa compagne connaissait déjà très certainement l'endroit. Cependant, il s'agissait de ce qui se rapprochait le plus et le mieux de...

Elle s'arrêta net. Elles était arrivées. Lentement, elle se tourna vers Gwëll, puis reporta son attention sur le paysage qui lui sembla encore plus vaste et plus magnifique que la dernière fois. Le blanc du ciel dans le bleu du lac. Tout était si simple et si merveilleux. Cela n'avait pas grand-chose à voir avec le Lac d'Al-Chen, bien sûr.

Mais c'était son royaume.



[ Very very désolée pour le retard... Rolling Eyes en espérant que ce post te plaira quand même ^^ - si tu veux, tu peux continuer le RP au lac, et n'hésite pas à me dire si quelque chose ne te convient pas ou si tu trouves que j'ai trop fait intervenir ton personnage, je peux toujours éditer si besoin cat ]

Gwëll Yil'Sleil
Gwëll Yil'Sleil

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MessageSujet: Re: Les grands esprits se rencontrent... [Terminé]   Les grands esprits se rencontrent... [Terminé] - Page 2 Icon_minitimeSam 1 Sep 2012 - 16:35

Voila, j'ai enfin posté, la suite est

Si ça te va =)

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MessageSujet: Re: Les grands esprits se rencontrent... [Terminé]   Les grands esprits se rencontrent... [Terminé] - Page 2 Icon_minitime



 
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