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| Face it, Arro, you'd be lost without me! [Terminé] | |
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Messages : 2181 Inscription le : 30/05/2007 Age IRL : 31
| Sujet: Face it, Arro, you'd be lost without me! [Terminé] Ven 29 Juin 2012 - 22:24 | | | De là où elle se tenait, il lui suffisait de faire quelques pas pour aller se noyer dans le Lac Chen. L’entrepôt terminait une jetée de bois qui allait en s’enfonçant dans les eaux bleutées du Lac, où s’entremêlait l’odeur de la vase et de l’humidité. Les rumeurs des travailleurs sur la jetée se mêlaient au ressac profond de l’étendue d’eau sous ses yeux, et le vent doux qui tournait en permanence dans les environs du Lac Chen jouaient dans les mèches de cheveux qui s’échappaient de son catogan. Elle n’était pourtant pas en train d’attendre sur le toit de cet entrepot pour le simple plaisir d’admirer l’immensité lacustre en face d’elle. Mais à son grand malheur, la mission pour laquelle elle avait été envoyée dans les environs d’Al-Chen nécessitait beaucoup d’attente, de patience et de pondération. Tout ce qu’elle détestait. Et ça ne résulterait même pas en un assassinat. Ce qui était à la fois bienvenu et profondément frustrant. Depuis qu’elle naviguait dans les réseaux plus sombres de Gwendalavir, elle avait découvert que tous les mercenaires et les agents de l’ombre n’étaient pas occuper à assassiner des gens à longueur de journée, et cela avait au début profondément perturbé son ordonnancement de l’univers comme elle le concevait. Mais une mission était une mission, et le pactole à la fin était une motivation suffisante, assassinat ou pas.
Le dernier travailleur sortit de l’entrepot sur les quais en évoquant bruyamment la dernière fois qu’il avait serré une fille entre les ballots de marchandises, quand le patron regardait ailleurs. Les minutes s’égrenèrent encore, le temps d’être sûre. Le soleil d’hiver, blanc laiteux, était à son zénith, ce qui signifiait qu’elle disposait environ d’une heure avant que le traffic de marchandises, ballots et caisses en tout genre ne reprenne. C’était largement suffisamment. La Mentaï fit jouer une plinthe pourrie sur le toit mal joint du bâtiment, puis un deuxième, et autant qu’il fut nécessaire pour se couler par l’orifice. Se laissant couler sur une des poutres qui tenait l’entrepôt debout, la jeune femme atterrit sur un énorme sac de blé qui étouffa le bruit de sa chute. Sa mission était des plus simples. Détruire les marchandises d’un grand magnat du commerce de soir pour avoir tenté de passer outre les payements qu’il devait à la guilde du Chaos pour leurs faveurs. Pas trop difficile, pas trop de risques. Arrivée devant les ballots comportement le sigle du magnat en question, la jeune femme sortit une dague de sa botte, et entreprit, les tissus exposés un à un, de les lacérer dans toute leur longueur, de les brûler avec des flammes générées par les Spires, de les gâter en renversant des jarres d’huile sur certaines caisses. Personne n’entendrait le bruit qu’elle faisait en s’acquittant de sa tâche, il était rare qu’un matelot s’approche des entrepôts lors de sa pause, et le midi était consacré pour la plupart des hommes à la descente de plusieurs litres de mauvais vin dans les goguettes pourries des quais. Dans un des ballots, la jeune femme tomba sur une splendide écharpe de soie moirée de différentes teintes de rouge, agrémentée de noir et de différentes teintes de violet, toutes représentant le Dragon dans différentes positions ; lestement, le tissu disparut dans une aumonière qu’elle portait à la ceinture, comme dû personnel prêlevé à la victime en compensation du temps qu’elle perdait à s’occuper de venger son employeur. Et l’écharpe était, accessoirement, trop magnifique pour être laissée à la merci des flammes.
Plutôt que de remonter les poutres par là où elle était entrée, la Mentaï se dirigea vers les planches à moitié pourries formait la paroi du fond, et donnait directement sur la fin des quais. Un trou dans le plafond en plus ou en moins ne se remarquerait pas, tant le bâtiment était rongé par le temps et les intempéries.
*
Quelques minutes plus tard, elle disparaissait en courant des quais vers la ville, et de la ville vers les plages de sable et d’herbe qui bordaient, folles et sauvages, le Lac Chen. La civilisation les avaient laissées intouchées, et il était plus prudent de rester à l’écart des quais pendant les heures qui suivraient. La dégradation de plusieurs milliers de pièces d’or de soie fine couterait aux travailleurs quelques coups de fouet dans le dos et quelques hurlantes de leur contremaitre, à n’en pas douter. Mais elle ne pourrait rentrer à Al-Jeit que lorsqu’elle en recevrait l’ordre, à savoir lorsque le commanditaire se serait assuré que le magnat de commerce aurait accusé réception de la menace qu’elle venait de perpétrer en son nom. Quelques heures à tuer, donc. Marlyn sortit de sa sacoche l’écharpe qu’elle avait subtilisée et l’enroula autour de son cou, en en admirant les irisations chamoirées. Certainement une parure dont Sareyn Til’ Lisan pourrait s’enorgueillir dans quelques diners, le marchand de soie était apparemment des plus réputés dans la capitale, et certainement des plus chers. Rien de mieux à tous points de vue.
Assise en tailleur sur une souche un peu à l’écart de l’eau, sous les frondaisons, la jeune femme se perdit un instant danns la contemplation du lac, une gourde d’eau menthée à la main. L’ironie suprême serait que la Dame lui apparaisse, alors que de très nombreuses personnes de bien priaient tous les soirs sur les rives et offraient de luxueux sacrifices pour la chance d’apercevoir la créature divine.
Défenses affaiblies par l’état de contemplation sereine dans lequel elle se plongeait, l’œil perdu dans les reflets infinis du Lac Chen, rien n’aurait pu la préparer à ce qui allait lui tomber dessus une demi-seconde plus tard.
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| | Maître Marchombre ...Je crois? Messages : 1301 Inscription le : 17/04/2007 Age IRL : 32
| Sujet: Re: Face it, Arro, you'd be lost without me! [Terminé] Lun 2 Juil 2012 - 0:07 | | | Arro était venu rendre visite à ses parents, seul. Il avait envoyé ses apprentis en mission, dans des caravanes d'Itinérants. Cela allait leur faire du bien d'avoir une petite expérience sans leur maître. Et honnêtement, les temps étaient plutôt calme récemment, ils auraient a affronté quoi... Des pillards peut être ? Des animaux sauvages ? Rien de bien inquiétant. Pendant que Lorek et Ichel travaillait, lui se reposait. Tout en mangeant les bons petits plats de sa mère, il lui racontait ses derniers déboires et les espoirs de guérisons de Kushumaï. Cela avait aussi touché ses parents ce qui était arrivé à la femme de leurs fils. Mine de rien ils s'étaient un peu attaché à leur belle fille. Pour chasser ses idées noires de sa tête, son père le mettait souvent dans le pétrin, ou tout simplement le défiait dans des épreuves de plus en plus difficiles. La dernière en date était une course à la nage dans le Lac Chen. Ayant grandi juste à côté de cette immensité d'eau, Arro savait nager depuis la naissance... Cela faisait longtemps qu'il ne s'était pas baigné et le contact de l'eau du lac lui donna un frisson de plaisir. Reprenant peu à peu ses habitudes de nageur, il devança rapidement son père, qui le rattrapa aussitôt. Pendant plus d'une demi-heure les deux hommes se battirent pour avoir la victoire. Les muscles d'Arro le lâchèrent et son père gagna la course... Il le nargua pendant toute la soirée et le fils jura de se venger un jour. Le lendemain, sa mère l'emmena faire des emplettes. Il est vrai que les vêtements du marchombre étaient bien rapiécés et qu'il ne prenait pas vraiment le temps d'en acheter de nouveau. Il prit donc la peine de faire les boutiques, commandant différentes pièces selon son désir. Pour l'instant, il avait choisi une sorte de manteau en cuir, sans manche, qui descendait jusqu'au niveau de ses mollets, une nouvelle chemise en lin, elle aussi, sans manche et un pantalon de jute marron. Maintenant ils se dirigeaient vers une autre échoppe pour demander des jambières en cuire. Ayant ainsi fini leurs emplettes, les deux personnes retournèrent dans le manoir Skil'Liches, sur les bords du Lac Chen. Après avoir raconté leur journée au père, ils passèrent à table et mangèrent en silence. Puis Arro fit son petit rituel nocturne. Chaque soir, il allait sur le toit de leurs maisons et s'amusait un peu avec le vent avant de s'asseoir et de regarder les étoiles. Parfois, son père venait le rejoindre et il discutait un peu de tout, de rien, du passé, du futur. Cette nuit la fit une de celle-ci. Le paternel commença à parler de l'immensité du lac... Il aimait bien cette vue, car on aurait pu croire que l'eau devenait le ciel et le ciel devenait de l'eau. Alors que les deux hommes papotaient, Arro perçu une silhouette, au loin, sur le toit d'un des entrepôts proches du lac. Le marchombre utilisa sa greffe pour zoomer et crut reconnaître la personne... Son coeur se serra et ses poings se crispèrent. S'excusant auprès de son père, Arro descendit dans sa chambre, n'eut le temps que de récupérer son arc et son carquois, puis s'enfuit dans la nuit. Il devait être sur que ce n'était pas qu'un pillard qui venait cambrioler l'entrepôt... Mais il était quasiment sûr d'avoir reconnu la voleuse. Arro sauta dans un arbre qui bordait le lac et continuait d'approcher de branche en branche. Bientôt, il fut près du hangar, mais elle avait disparu... Rien ne manquait, rien n'était troublant... Une reconnaissance... C'était obligé. Bien, L'homme attendrait ici que l'ombre apparaisse et qu'enfin il sache qui était la. Veillant tard, caché sur une branche d'arbre, bientôt le sommeil l'emporta. Le marchombre ne se réveilla que le lendemain, midi était passé depuis longtemps. Bon sang, combien de temps avait-il dormit ? Il sonda les environs et remarqua un trou dans le toit... Quelqu'un était passé par là. L'homme s'engouffra par la brèche et repéra immédiatement le saccage qu'on avait perpétué ici. Sauf que le vandale était parti depuis belle lurette. Arro allait devoir pister cet étrange personnage. Il passa par la deuxième ouverture qui avait été fait dans le bois pourris qui servait du mur du fond. La personne était douée, elle n'avait laissé aucune trace. Les quais étaient désert. L'homme bouillonnait de rage, il fouilla les environs, cherchant du regard cette silhouette qu'il semblait connaître. Le marchombre la repéra, fuyant vers la ville. Toujours aussi loin. Grommelant dans le vide, il se mit en marche rapidement et suivi l'inconnue. Elle passa rapidement dans Al-Chen pour ensuite se diriger vers les plages de sables et d'herbe qui bordait le lac. L'homme mit du temps à la retrouver, mais il la vit, assise sur une souche, un peu a l'écart de l'eau. Les feuilles, provenant des arbres plantée juste à côté, portaient des ombres sur tout le corps de la demoiselle. Arro se faufila entre eux et arriva non loin de la silhouette. De l'endroit où il se trouvait, il voyait la dame de profil. Au premier abord, il crut s'être trompé... Non ça ne pouvait pas être Marlyn. La dernière fois qu'il l'avait croisée, elle était brisée, cassée, son corps devait la faire souffrir tellement il était perclus de cicatrice... Là, il avait face à lui une femme avec un physique plutôt avantageux. Mais le vent soufflât dans les cheveux, découvrant un oeil mutilé, que même un rêveur ne pouvait soigner. Cela brisa les doutes du marchombre... Il ne connaissait que trop bien cette cicatrice et savait parfaitement qu'une seule personne en avait une pareille. Ne tenant plus sur place, il se plaça sur une branche solide, pris son arc et y encocha une flèche. Il pouvait l'avoir... Facilement. La tué, tout simplement... Mais quelque chose au fond de lui l'y empêchait... Lui murmurait qu'il deviendrait tout comme elle, s'il décochait cette flèche droit dans le coeur... Bien, il devait donc l'affaiblir, pour pouvoir la trainer en justice, l'amener en prison. Il visa la jambe de la fille et décocha sa flèche. Elle fila droit, mais une bourrasque de vent la fit dévié et le trait déchira l'écharpe que la mercenaire avait au cou sans la toucher. Arro pesta et sauta sur le sol, son arc remit sur son dos. Il se maudit de ne pas avoir pris ses dagues... S'approchant face à Marlyn qui s'était levé et le regardait attentivement, le marchombre lança :
-Et bien, voilà qu'on se recroise à nouveau... Tu t'es reconvertie dans le banditisme de bas-échelon ? Moi qui te voyait plutôt à assassiner des nobles pour permettre à ton ordre de gagner en puissance... voilà que tu t'abaisses à détruire les objets d'un marchand... Les missions dans ce genre, d'habitude, on les confie aux bas-échelons... C'est un peu... te sous-estimer ça, non ?
On ressentait toute la colère dans les mots d'Arro. Il essayait de déstabiliser son adversaire, mais le marchombre savait que sa tactique serait inutile. La mercenaire était bien plus futée que ça. L'homme se mit en position de combat.
-Je suis venu pour t'arrêter maintenant Marlyn... Je te préviens, je ne vais pas te faire de cadeau.
L'homme s'élança, rapide comme le vent, survolant le sable, il décocha un atemi dans le ventre. Sa paume ouverte rencontra la peau de la femme. Il lança immédiatement son genou vers le visage de la mercenaire... Il ne fallait pas lui laisser le temps de réagir... Si elle utilisait le Dessin, le combat serait encore plus difficile.
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| | Messages : 2181 Inscription le : 30/05/2007 Age IRL : 31
| Sujet: Re: Face it, Arro, you'd be lost without me! [Terminé] Mar 3 Juil 2012 - 2:56 | | | La soie produit un son extrêmement disgracieux en se déchirant sous le trait qui devait atteindre sa gorge. Alertée brusquement par la flèche qui, après avoir sifflé à son oreille, se planta à ses pieds, Marlyn sauta de la souche et se retourna, les mains posées sur les poignées de ses dagues. Arro Skil’ Liches. Ô Grande Dame, te plait-il à ce point à refermer le monde autour de moi ? Ne puis-je abandonner le passé ?
Les mains de la Mentaï délièrent l’écharpe désormais gâchée qu’elle avait autour du coup. Dommage. Elle aimait bien cette écharpe. L’instant d’après, elle était oubliée. Rien n’avait plus d’importance que les yeux plein de haine qui la fixaient. Elle connaissait Arro. Il n’aurait jamais raté sa cible de si près. Quelque chose ne tournait pas rond. Que faisait-il, si loin de l’Académie où il avait forgé ses propres chaines, emmuré à jamais loin du monde entier dans une école où il dispensait son art à quelques gens qu’il ne choisissait même pas ?
Tu viens aussi exercer une énième vengeance envers Marlyn la Traitresse, comme tous les autres avant toi ? Mais qu’as-tu à y gagner, Arro Skil’ Liches ? Les Marchombres étaient bien trop détachés du monde pour être partials…
Le ton espiègle du jeune homme n’avait pas changé. Tout était étrangement familier… La confrontation, même l’eau du lac derrière elle, exactement comme s’ils se tenaient à nouveau sur les rives du lac de l’Académie à se chamailler pour tester leur force respective.. Combien de fois s’étaient-ils infligés de blessures mutuelles pour la simple raison qu’ils le pouvaient et qu’ils voulaient le prouver à l’autre ? Mais cette époque était morte. Morte avec elle l’affection qu’elle avait pu éprouver un jour pour ce pitre.
- L’un n’empêche pas l’autre, Arro Skil’Liches, siffla-t-elle à part elle-même, trop concentrée sur la posture de combat de son vis-à-vis pour songer à une véritable répartie.
Il venait l’arrêter. La justice alavirienne… Le cœur de Marlyn manqua un battement. Si elle était attrapée un jour, elle serait exécutée. Probablement torturée avant, par bonne mesure, pour extraire toutes les informations qu’elle pouvait délivrer… L’exécution publique… sans doute la pire des morts. Le pire des châtiments. Devrait-elle le tuer lui aussi pour y échapper ?
Elle n’eut pas le temps de répondre à cette question qu’elle se pliait déjà en deux de douleur, et finit sur le dos, la bouche en sang, le menton rayonnant de douleur. L’instinct prit le dessus et elle roula dans le sable avant qu’il ne puisse l’immobiliser, et se releva en fauchant l’air autour d’elle de ses jambes pour l’empêcher d’approcher. Le jeune homme, désormais marchombre accompli, était beaucoup plus rapide qu’elle, et elle ne put dans un premier temps que tenter d’esquiver ou parer la plupart de ses coups. Pourquoi n’avait-il pas de dagues ? La Mentaï profita de cet avantage et dégaina les siennes, fendit l’air à plusieurs reprises pour l’empêcher de lui tordre les bras. Un coup de poing la cueillit à la tempe, et elle répliqua en frappant fourbement dans le genou d’Arro. Il était beaucoup trop rapide pour qu’elle puisse seulement songer à employer les Spires. Une roulade lui permit d’éviter un deuxième atemi, qui l’atteignit à l’épaule au lieu de lui briser les côtes. Une goutte de sang suinta de la joue d’Arro quand elle y créa une estafilade d’un retournement. Mais il prenait le dessus, profitant de son handicap. Les coups sur son flanc gauche pleuvaient, qu’elle ne pouvait pas tout le temps esquiver, parce qu’elle ne les voyait pas assez vite de son seul œil. Elle refusait que tout s’achève ainsi. Elle avait seulement besoin de deux secondes. Et il n’y avait qu’une seule manière de les obtenir… La Mentaï croisa les bras autour de sa tête et arqua le dos ; la douleur perça à son flanc gauche à nouveau, et au niveau de sa tempe, et sur les bras. Mais c’était les deux secondes d’immobilité dont elle avait besoin.
Un mur d’acier brut apparut entre elle et son adversaire. Elle profita du court laps de temps qu’elle avait pour reculer de quelques pas, reprendre sa respiration, essuyer le sang qui perçait de sa lèvre fendue. Arro déjà sautait par-dessus le rempart, et le combat reprenait. Mais elle était prête. Des cordes apparurent, que le marchombre évita toutes souplement, mais il ne vit pas le poing de granit qui le percuta dans le dos de manière traitre. Marlyn le précipita dans le sable, et l’eau du lac léchait leurs vêtements sur la rive. En une seconde, tout pourrait être fini. Il suffisait qu’elle abaisse sa dague. Qu’elle y trace un sourire sanglant.
Le regard si haineux.. Un éclair de compréhension la traversa. Son esprit avait si profondément bloqué ce souvenir de boucherie qu’elle ne comprenait plus la haine d’Arro. N’était-elle donc pas morte ? Ou bien voulait-il venger sa mort ?
- Kushumaï…
Elle hésita. Une fraction de seconde de trop. Un poing animé par la colère et la rage d’avoir entendu ce nom aimé dans la bouche de sa tortionnaire la cueillit en plein thorax, une main se referma autour de sa gorge. Arro Skil’Liches les fit basculer. La seconde suivante, il se trouvait au dessus d’elle.
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| | Maître Marchombre ...Je crois? Messages : 1301 Inscription le : 17/04/2007 Age IRL : 32
| Sujet: Re: Face it, Arro, you'd be lost without me! [Terminé] Ven 6 Juil 2012 - 23:38 | | | Le combat fut aisée, au début. Arro esquivait rapidement les attaques de Marlyn, puis frappait. Les dagues de la mercenaire étaient inefficaces contre les poings du jeune homme. Bien sûr, elle se défendait plutôt bien, quelques égratignure perlèrent sur les bras et le visage du marchombre. Mais celle qui sortirait la plus meurtrit de ce combat resterait la dessinatrice. Les coups pleuvaient littéralement sur tout son corps. Il ne laissait pas une seule seconde de répit sinon, il serait mort, inévitablement mort. Sauf qu'il n'avait pas prévu ce qui arriva. La dame se courba et protégea ses parties vitales. Arro pris peur et tenta tout pour la déstabiliser. Mais seulement avec ses poings il ne put rien faire et deux secondes plus tard un mur d'acier apparut, le séparant de sa proie. Pestant contre sa négligence, l'homme sauta cet obstacle et avança sur Marlyn. Elle dessina des cordes pour l'arrêter, le marchombre glissa entre chacune et alors qu'il s'approchait dangereusement de la mercenaire, il ne repéra pas l'immense poing de granit qui lui broya le dos. Le souffle couper, il fut projeté au sol, la Mentaï en profita pour lui sauter dessus. Ils roulèrent dans le sable et Arro finit sur le dos. Il se maudit de ne pas avoir fait attention, aujourd'hui il allait mourir, le marchombre offrit ses yeux les plus haineux. Elle dit un mot qui fit rager le jeune homme et mit a profit la seconde d'hésitation qu'avait Marlyn. Son poing s'enfonça violemment dans le thorax de son assaillante. Sa deuxième main accrocha le coup de la mercenaire. Utilisant tous ses muscles, il retourna la situation et se retrouva au-dessus de la femme.
-Ne prononce plus jamais son nom ! JAMAIS !
L'homme n'était plus que colère, il tenta de frapper son ennemie au visage, mais sa haine avait effacé les réflexes de simple prudence. Marlyn n'avait pas les poings bloqués et elle profita de cet oubli pour frapper Arro dans le ventre, ce qui le projeta dans l'eau. Le souffle couper, l'homme coula un instant. La fraicheur du lac le calma un peu. Il remonta rapidement pour remplir ses poumons vides. Maintenant, il devait sortir de l'étendue. Le marchombre était vulnérable et nagea vers le bord pour se sortir de là. Mais une force inextricable l'entraîna vers le fond. Il paniqua, elle dessinait pour le couler... Non pas mourir, pas maintenant, il avait tant de choses à faire encore... Peur... L'homme était effrayé et se débattait... Un vent fouetta son visage qui restait tant bien que mal à la surface. Arro se figea et sourit, puis se laissa couler. La peur s'en était allée... Il avait manqué à tous les enseignements marchombre. Ne pas se battre, jouer avec l'eau, devenir ami avec elle. Doucement ses mouvements se firent précis et le courant n'eut aucune prise sur lui. Rapidement, son corps se dégagea du dessin et il disparut totalement. Utilisant le lac à profit, l'homme s'était écarté du combat. Il sortit de l'eau quelque mètre plus loin, histoire de se reposer un peu... Il était essoufflé. La nage forcée lui avait coûté pas mal d'énergie. Ses muscles commençait à le faire souffrir. Reprenant sa respiration, il s'allongea et ferma les yeux. Le bruit du vent s'engouffra dans ses oreilles et l'apaisa, le marchombre laissait vagabonder son esprit. Il sentait le soleil poindre sur lui, le bruit de l'eau qui clapotait doucement et le son d'un sifflement tranchant l'air vint à ses oreilles. D'un coup, l'homme fut sur ses jambes, esquivant trois pieux d'acier qui s'étaient fichés à l'endroit exact où il était allongé. Marlyn était là et le dominait. Elle continuait de l'assaillir de dessin, tous plus différents les uns que les autres. Arro était en mauvaise posture, vraiment. Et il le sentait mal. L'homme se glissait entre les pieux, les flèches, les coutelas et tout ce que pouvait contenir l'imagination foisonnante de la Mentaï. Il n'arriverait pas à s'approcher... Qu'une seule possibilité s'offrait à lui. La fuite. Courant à travers le sable fin, il se réfugia dans la forêt. La demoiselle le talonnait de peu. Il bifurqua une fois sur la droite, puis deux fois sur la gauche et sauta. Sa main agrippa une branche et avec l'élan il s'envola vers le prochain arbre. La dame qui le suivait détruisait à coup de Dessin chaque endroit où Arro se cachait. Pestant contre la nature qui avait fait de lui un piètre dessinateur, l'homme sautait de perchoir en perchoir, tentant de reprendre la situation en main. Bien qu'étant dans le feu de l'action, l'esprit du marchombre se vida, focalisant ses pensées sur un moyen de s'en sortir. Une idée fit petit a petit son chemin. Sautant encore sur une autre branche, l'homme prit son écharpe en main. Elle était encore mouillée, mais tiendrait le choc. Toujours en mouvement, il y accrocha un grappin. Un nouvel arbre fut abattu, mais Arro sauta trop tard pour pouvoir atteindre la prochaine branche. Sauf qu'au lieu de chuter, il fit un mouvement circulaire. Il avait lancé son écharpe à temps et grâce à la vitesse accumuler avait fait un tour complet autour du perchoir. Cela lui permit de se retrouver derrière la Dessinatrice, qui était restée plantée là, face à l'exploit du jeune homme. Prenant de l'élan avec la chute, il arma son poing et le décocha dans le menton de la femme. Elle vola quelque seconde, passa la lisière qui était non loin et glissa sur le sol pour se retrouver dans la plaine qui bordait Al-Chen. Avant qu'elle n'eût le temps de se relever, Arro était déjà sur elle, assénant coup de pied et coup de poing à tire-larigot. Les enchaînements pleuvaient, mais le marchombre ressentait la fatigue de la nage. Ses mains atteignaient moins facilement sa cible. Profitant de cette faiblesse, Marlyn le repoussa d'un coup de genou dans le ventre et entama un mouvement pour percer l'oeil droit du jeune homme. Arro esquiva difficilement et reçu une entaille sur l'arcade sourcilière. Le sang commença à couler abondamment de la plaie, gênant la vision du marchombre. Mais il put renvoyer un coup de poing magistral dans le ventre qui coupa le souffle de la Mentaï. Un deuxième coup de sa main trouva la joue de la femme qui la fit voler quelque seconde avant de retomber sur le sol. Et le combat continuait. Les deux jeunes gens semblaient infatigables, inusable, increvable. Chacun ripostait, l'une avec son don, l'autre avec ses mouvements souples et efficaces. S'acharnant l'un sur l'autre, ils ne remarquèrent pas qu'ils avançaient vers la ville.
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| | Messages : 2181 Inscription le : 30/05/2007 Age IRL : 31
| Sujet: Re: Face it, Arro, you'd be lost without me! [Terminé] Sam 7 Juil 2012 - 0:59 | | | Elle devait le tuer. C’était la seule pensée qui traversa l’esprit de Marlyn en propulsant son ennemi dans les eaux glaciales du Lac Chen. Elle devait se débarasser de cet ennemi trop puissant pour elle, cette menace qui connaissait son visage, son passé et ses actes et pouvait la dénoncer aux autorités à chaque seconde où il respirait. Il devait mourir. Elle n’en tirerait aucune fierté.
Des cordes lestées de grès sortirent de son Imagination pour aller se river aux jambes d’Arro et l’entrainer dans les bas-fonds où il connaîtrait une mort certaine. Contemplant la manière dont le marchombre se débattait, la jeune femme prit quelques secondes, cassée en deux par les bleus et le souffle court, pour reprendre sa respiration. Mais déjà, il ressortait de l’eau, et vivant. Un éclat sombre envahit la prunelle de la jeune femme, et elle se lança à sa poursuite dans la forêt, les bras levés devant elle pour éviter que les branches basses ne lui fouettent le visage. La souplesse et l’agilité d’Arro Skil’Liches en pleine nature étaient déjà légendaires quand elle se trouvait à l’Académie, et il avait encore gagné depuis. La course, l’effort, la fatigue, la rapidité de l’énergumène empêchaient Marlyn de se concentrer suffisamment pour créer autre chose que des dessins primitifs, des piques basiques, du feu, des lames, rien qui ne satisfasse son appétit insatiable pour le Dessin.
Un poing percuta sa machoîre au point qu’elle grince de manière abominable, et la chute brutale lui coupa le souffle, le monde se teinta de myriades d’étoiles pendant l’espace de quelques secondes. La douleur sourdait du menton, nul doute qu’elle en garderait une belle ecchymose. Le combat redoubla, et la jeune femme cracha d’ironie au moment où le sang suintait de l’arcadre sourcilière de son ennemi. Que n’était-il pas borgne comme elle ! Alors elle pourrait le vaincre.
Les minutes s’écoulaient en esquives, en feintes, parfois l’un des deux brisait l’offensive piquait un sprint pour échapper quelques secondes à l’autre, reprendre ses esprits, mais toujours talonné de très près. Tout n’était qu’action violente, coups en cascade, haine mutuelle, volonté de détruire l’autre définitivement pour le passé. Les douleurs, la fatigue, tout cela n’avait qu’un lointain impact dans l’esprit ivre de combat de la MentaÏ La jeune femme était sur le point de matérialiser dans le monde tangible une pluie de pointes acérées lorsque sa jambe s’accrocha dans le filet qui retenait une caisse et l’envoya au sol. Ils avaient atteint la ville.
Arro déjà se jetait sur elle, et elle roula dans la poussière, se releva et sauta par-dessus un étal de viande, et le combat se poursuivit dans les ruelles, sur les toits bas, provoquant ici et là des cris d’indignation de la part de la population. Marlyn serrait les dents. A cause de tous les témoins, il lui était impossible, par instinct de survie, de dessiner en pleine ville, et Arro profitait de cet avantage. Lors d’un revers, elle projeta une aiguille empoisonnée qui se trouvait dans sa manche, mais elle ne fit qu’effleurer Arro. Le cri de douleur qui perça dans la foule un peu plus loin n’atteint même pas la conscience de Marlyn. Tout ce qui comptait, c’était Arro.
Une des dagues de la Mentaï s’accrocha dans les écharpes de son adversaire, les déchirant de part en part, mais le tissu s’était emmêlé autour de la garde métallique, et Arro profita de son déséquilibre pour l’envoyer bouler contre la margelle d’un puits. Elle ne possédait plus que la dague dans sa main gauche. Mais les écharpes rouges et bleues étaient ruinées.
- On est quittes ! lança-t-elle d’un ton ironique et essouflé.
Dans leur frénésie, ils réduisirent en miettes un étal de choux en s’effondrant dessus, sans cesser de se frapper. Quelqu’un hurla, et d’autres voix retentirent derrière eux, suivies du bruit d’épées que l’on dégaine. La milice.
L’estomac de Marlyn se tordit brusquement. Ni une ni deux, elle se redressa et voulut s’enfuir en sautant sur les toits, mais son ennemi juré agrippa sa cheville et ils tombèrent à nouveau l’un sur l’autre. Elle sentait des mains se poser sur ses épaules, et tenter de lui maintenir les bras, d’autres lui enserrer la gorge avec une corde, mais tout ce qui comptait était de réduire Arro Skil’Liches en purée si fine que son fils aurait pu l’avaler.
Ligotée et maitrisée par cinq gardes, elle poussa un cri de rage en ruant une dernière fois. La seule récompense était de voir que son adversaire était aussi tenu en respect par six autres gardes, et que des cordes lui liaient les mains.
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| | Maître Marchombre ...Je crois? Messages : 1301 Inscription le : 17/04/2007 Age IRL : 32
| Sujet: Re: Face it, Arro, you'd be lost without me! [Terminé] Sam 7 Juil 2012 - 2:35 | | | Lorsque l'homme arriva en ville, il pesta. Si seulement il avait fait attention ! Le combat de rue ne passerait pas inaperçu et cela allait certainement mal se finir. Arro réfléchissait, il devait trouver le moyen de terminer rapidement avant l'arriver des gardes. Étrangement Marlyn n'utilisait plus son Don... Ne cherchant pas à savoir pourquoi, le marchombre utilisa cet avantage et se rua sur la Mentaï. Le combat se déporta dans les rues, puis sur les toits. Peu à peu, une foule les entouraient, certain intrigué regardait les échanges avec attention, d'autre indigné crurent bon d'aller alerter les gardes. Les deux ennemies ne remarquèrent pas ces mouvements, trop occupé à leurs propre survis. Arro esquiva notamment un dard empoisonné caché dans une des manches de la mercenaire. Astucieux ce petit gadget... Il nota l'idée dans un coin de sa tête et repartit au corps à corps. La femme l'attaqua encore au visage, d'un mouvement vif, l'homme esquiva, mais ne put sauver son écharpe qui se déchira de part en part. Le marchombre pesta encore. Ce tissu lui avait couté la peau des fesses et il n'en retrouverait jamais un autre pareil. Il contempla un instant les vestiges de ce morceau d'étoffe puis repartit de plus belle dans le combat. Bientôt ils se retrouvèrent dans une des rues commerçante d'Al-Chen. Arro attrapa Marlyn par le col et la projeta dans un étal de choux, qui se détruisit dans un boucan. Le marchombre ne voyait pas le marchand hurler à la mort en hurlant :
-Mes choux ! Mes beaux choux ! Non pas mes choux !
L'homme était concentré sur le combat, ils se frappaient, s'esquintaient, contraient puis repartaient encore et encore. Suites à cet incident, un corps de garde passait sur les lieux et crurent bon de dégainer leurs épées pour mettre fin à cette violence sans borne. Arro ne les remarqua même pas. Trop occupé à empêcher Marlyn de fuir. Ils roulèrent un instant sur le sol avant que des bras puissants les séparent et les menottèrent. Le cerveau du marchombre bouillonnait. Il regardait sa pire ennemie se faire arrêter par les miliciens. Il voulut tenter de se libérer, mais sentant le contact du métal contre sa peau, il sut qu'il n'y avait rien à faire. Ils les entraînèrent dans le poste de milice le plus proches. L'endroit était plutôt sombre, éclairé par endroit avec des bougies qui tiraient sur leurs fins. On les entraînait vers une salle où les gardes fouillèrent les deux personnes chacun leurs tours. Ils dégotèrent des fioles de différentes compositions, une flûte de pan et, avec le plus grand étonnement, des tonnes et des tonnes de crochets, que les deux jeunes personnes planquaient en cas de besoin. Débarrassés de leurs armes et de leurs chances d'escapade, les miliciens les entraînèrent vers une autre pièce qui comportait une cage, où l'on pouvait apercevoir deux autres malfrats, et deux chaises autour d'une table, sur laquel trônait un litron de vin, des verres et des cartes. Non sans ménagement, les deux ennemis furent libérés de leurs menottes et balancés dans la prison. Dès que les gardes furent sortis de la pièce, ils se jetèrent à bras le corps l'un sur l'autre, roulant de nouveau dans la poussière, au pied des deux autres prisonniers. Après quelque minute de morsure, griffure et autre coup-bas, un des malfrats lança pour les calmer :
-Bon mes p'tits pères, c'est pas qu'j'aime pas vous voir vous tabasser, mais faudrait vous fout' dans l'crâne qu'vous êtes maintenant dans le mêm' pétrin. Et qu'si les gardes vous voient empêtrer com' ça vous allez en pâtirent.
D'un même mouvement, les deux ennemis lancèrent un regard noir au voleur et hurlèrent de la même voix :
-Nan, mais ta gueule !
Sauf que son petit discours fit le chemin dans la tête d'Arro. Après quelques secondes de roulage sur le sol, le marchombre se releva et poussa Marlyn contre le mur du fond. Avant qu'elle n'ai pu l'assaillir, l'homme l'arrêta d'un geste et lui dit rapidement.
-Il a raison. Si on veut s'en sortir, faut arrêter de nous battre comme des idiots et réfléchir.
Cela stoppa net la mercenaire. Arro fouilla un instant ses propres poches et différents compartiments secrets. L'homme ne trouva rien, se maudissant d'avoir oublié de prendre ses affaires, trop pressé de coincé la jeune femme.
-Je n'ai rien, ni dague, ni crochet. Tu as quelque chose toi ?
Marlyn lui fit signe que non, les gardes avaient trop bien fait leur travaille. Pestant contre ces stupides miliciens, il s'installa sur le banc et se mit à réfléchir. Les gardes ne devaient pas être restés dans la pièce d'à côté et reprendre leurs rondes, car il n'entendait plus aucun bruit. Il n'arrivait pas à penser, trop d'idées lui brouillait la tête. Pourquoi ne pouvait-il pas tuer Marlyn ? Pourquoi ne voulait-il pas qu'elle reste ici croupir pour l'éternité ? L'homme ne savait pas et cela l'empêchait d'avoir les idées claires. Ne pouvant plus vraiment se retenir, il se mit à pester contre la mercenaire :
-Tu m'énerve... Je devrais me venger, te tuer et repartir le coeur léger... Rien que pour ce que tu as fait à Kushumaï tu mériterais un sort pareil... Mais quelque chose m'en empêche... Mon amitié pour toi ? Le remord ? Je n'en sais rien... Tu m'énerve vraiment.
Plaçant ses mains contre ses tempes, il laissa s'écouler ses sensations.
-Je te hais, c'est d'ailleurs cette rage qui m'a fait arriver ici... C'est peut-être pour ça que je me retiens de te tuer... Parce qu'instinctivement je sais que la vengeance ne mène à rien. Tu dois trouver ça stupide n'est-ce pas ? Ou alors c'est peut-être à cause du retour de Kushumaï, je me suis attendrit.
L'homme remarqua un petit air étonné venant de la Mentaï, il ne pu s'empêcher de sourire.
-Oh, tu sembles surprise, Marlyn Til'Asnil. Oui, elle va mieux. Les douleurs que tu lui as fait subir ne lui ont pas coûtés la vie. Elle a survécu, avec des séquelles, mais elle est de retour... Tu ne me la reprendras plus.
Les deux autres malfrats écoutaient la conversation, conscient qu'ils devaient se taire, sinon la mort s'abattrait sur eux. Arro continuait.
-Si tu savais combien de fois je t'ai maudit, combien de fois j'ai promis de te retrouver... Mais maintenant qu'elle est de retour, tout ça, c'est devenu futile. Je ne sombrerais pas dans la noirceur, comme tu t'y es baigné Marlyn.
L'homme soupira et plaça son dos contre le mur.
-Je me suis d'ailleurs toujours demandé... Pourquoi ? Pourquoi t'es-tu tournée vers le Chaos alors que tu voulais les détruire ? Remarque, vu ce que Slynn t'a fait subir, ça devient compréhensible. Je suis sûr qu'au fond d'elle, elle agissait pour le Chaos, sans s'en rendre compte. Aussi folle que sa soeur jumelle... Heureusement qu'elles sont mortes ces deux-là.
De nouveau, il soupira. Ses bras ballottaient mollement contre ses côtes. Arro aspirait à un peu de repos.
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| Sujet: Re: Face it, Arro, you'd be lost without me! [Terminé] Dim 8 Juil 2012 - 2:57 | | | Marlyn rageait. Cent fois, elle aurait pu déclencher sur les gardes qui les avaient emmené au poste et dépouillé de leurs affaires des tempêtes de dessins qui les auraient transpercés de toute part, et brûlé au point que personne ne pourrait reconnaître les calcinés. Cent fois, elle aurait pu faire un pas sur le côté et sortir du pétrin dans lequel elle avait été plongée. Maudite sois-tu, ô sage prudence.
Il valait mieux passer pour une simple trouble-fête violente que d’être reconnue comme étant la fugitive dont la tête était mise à prix. C’est pourquoi il lui était impossible de dessiner tant que des témoins pouvaient la voir. C’est pourquoi elle était coincée dans la même putain de cage qu’Arro et que deux autres cageots puants. Machinalement, la mentaï essuya le sang qui perlait de sa lèvre fendue, arrangea ses cheveux emmêlés, et donna un coup de pied rageur dans la cage. Elle tournait en rond, en proie à l’agacement et à la rage la plus profonde, trop occupée à tenter de calmer ses éternelles pulsions violentes pour songer à répondre à Arro. Son menton la lancinait, et ses Spires ne demandaient qu’à se tordre pour lui permettre de créer mille tourments de souffrance contre son ennemi.
Elle lui jeta un regard mauvais. Il serait si simple d’assommer les deux traine-misères et de faire un pas sur le côté… Mais les gardes possédaient ses affaires, et elles étaient trop précieuses ou trop uniques pour qu’elle puisse prendre le risque de les laisser aux mains des autorités. Maudit sois-tu, Arro Skil’Liches, ô, maudit-sois-tu…
Et Arro qui entrait en mode « discutons tranquillement de notre haine respective pendant que nous sommes dans la même cage comme si nous étions à la taverne »… Elle aurait bien feulé, mais la plus élémentaire des politesses la retenait. Calmer cette colère. Elle devait impérativement se calmer. La patience serait la clef de sa réussite. Maudite patience, ce que je peux te détester depuis que tu es entrée dans ma vie… Elle l’écouta distraitement en tournant en rond. Le nom de Slynn Ar’Kriss fit se crisper ses épaules encore plus, douloureuses des coups des dernières minutes. Ses phalanges se crispaient et se décrispaient spasmodiquement. Respirer. Egaliser le rythme cardiaque. Empêcher méthodiquement son immense pouvoir de lui faire perdre la raison, et de tout bruler sur son passage. Laisser chaque muscle, chaque crampe se relâcher progressivement. Etudier le cycle de marche, d’abord le talon, puis le plat, et flexion. Flexion. Flexion. Elle expira profondément.
Brusquement, elle se retourna, et sa jambe décrivit un arc de cercle qui se termina contre la tempe de l’un des deux poivrots, et il fut expédié à l’autre bout de la cage par la puissance du coup. Toujours relâchée, la Mentaï saisit le deuxième larron au col et l’envoya se fracasser contre les barreaux de la cage. Une seconde plus tard, ils giseaient au sol, inconscients. Pas de témoins. Arro avait évoqué trop de points cruciaux de son existence, et elle refusait de prendre le risque de laisser filtrer d’autres informations qui pourraient se retourner contre elle un jour.
Relâchée et sa colère finalement tarrie, les deux idiots ayant servi de défouloir, la jeune femme se laissa glisser contre le mur du fond jusqu’au sol, les bras sur les genoux. Le plus loin possible de son ennemi. Puisqu’il fallait attendre le retour de ces abrutis de gardes pour s’échapper, autant tuer le temps.
- L’achever aurait été plus miséricordieux. Elle aurait souffert moins longtemps.. Ta Kushumaï, termina-t-elle en appuyant sur le prénom tandis que son œil unique croisait ceux d’Arro.
Elle retint de justesse un « Mais tu es trop faible pour ça, n’est-ce pas » qui ne demandait qu’à franchir ses lèvres. Le provoquer ne servait à rien. Et la lassitude lui ôtait tout envie d’être cruelle. Il était tellement fier de lui-même, à se placer du côté de la lumière et de la considérer comme une engeance de Ts’lich. Tellement plus simple, tellement plus simple..
- Je ne sais pas. J’ai oublié, ou alors je n’ai jamais su. reprit-elle pour répondre à sa dernière question. D’après beaucoup de monde, je porte les germes du mal au plus profond de mon âme depuis le début, ça simplifie la vie de tout le monde.
Elle eut un ricanement sarcastique.
- Tu sais que je suis incapable de me souvenir si j’ai vraiment été attaquée par des mercenaires, ou si c’était de simples brigands ? C’est ironique, profondément ironique. Elle se cura les ongles plein de sable distraitement. Je survis, c’est tout. Les imbéciles ont des lois ou des codes moraux, ça leur donne l’illusion qu’ils sont protégés de tout. Je n’ai pas ce luxe. J’ai survécu à toutes les personnes que j’ai tuées. Et je vous survivrai tous.
Mieux valait poser pour une renégate en fuite. Ca collait avec son image de monstre plein de noirceur… Protéger ses doubles identités, et son maître, jusqu’au bout. Un silence réflexif s’installait entre les deux. Ils étaient tous les deux exténués, perclus de douleurs, de bleus et d’entailles, sans avoir réussi à prendre le dessus sur l’autre.
- Je n’ai jamais aimé torturer ta Kushumaï. Je n’en tire aucune fierté. Mais je le referais, si je devais. Tout comme tu es incapable de ne pas me haïr, je suis incapable de ressentir de la pitié pour les faibles.
De sa voix ne se dégageait aucune amertume ni ironie. Mieux valait garder le ton neutre, malgré les machoires d’Arro qui se crispaient à chaque fois qu’elle prononçait le nom de sa dulcinée. Son visage se transforma, et une expression de désespoir et de douleur se forma sur ses traits.
- C’est les Spires. Tu ne peux pas comprendre, l’appel insatiable de son pouvoir, il me ronge, il me contrôle, tu serais fou de violence, toi aussi, si le pouvoir infini était à la portée de ton esprit et te hurlait en permanence dans la tête…
Quelle belle comédie à servir. Bien sûr que tout le monde a une raison rationnelle de faire du mal, c’est ce que tu veux croire, hein l’ami… Et bien la voilà, la raison tragique, la belle excuse… Elle détourna le regard, et mima l’effort de reprendre le contrôle de sa voix comme si une boule se formait dans sa gorge :
- Tu es un bel abruti, Arro Skil’Liches, à rester enchainé à l’Académie de Merwyn alors que le monde entier est à ta portée. Tu pourrais partir, et laisser tomber ta ruine de petite femme et ta chère petite école, qu’est-ce qui te retient ?
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| | Maître Marchombre ...Je crois? Messages : 1301 Inscription le : 17/04/2007 Age IRL : 32
| Sujet: Re: Face it, Arro, you'd be lost without me! [Terminé] Dim 8 Juil 2012 - 16:14 | | | L'homme regarda sans broncher Marlyn assommer sans aucune compassion les deux malfrats présent dans la cellule. Elle voulait certainement parler sans d'oreille trop indiscrète. La Dessinatrice s'assit sur le sol pour mieux répondre à Arro. Il l'écouta attentivement, à chaque fois qu'elle prononçait le nom de Kushumaï le marchombre se crispait et faisait tout pour se retenir. Non pas lui sauter dessus, cela ne servait à rien, vraiment à rien. Aucune raison d'aller vers le chaos ? Tout du moins elle n'en avait aucun souvenir. L'homme sourit quand elle parla de supposer « germes du mal », il se retint de rire de la bêtise de ces personnes. Pour lui, aucun être ne nait gentil ni méchant, c'est les expériences, la volonté et les épreuves qui font de nous ce que nous sommes. Il posa ses coudes sur ses jambes et sa tête s'installa sur ses mains. Survivre ? C'était plus ou moins vrai. Arro savait pertinemment que la dame avait quelqu'un derrière elle, mais ne connaissait pas son identité... Surement quelqu'un de puissant, pour pouvoir contrôler Marlyn... Ou alors qui avait quelque chose contre elle... Mais le marchombre n'en avait cure. Son problème était la Mentaï et pas un quelconque supposé maître derrière elle. L'homme eu un petit rire sarcastique quand elle parla de ses sentiments face à la torture de la femme du marchombre. Kushumaï avait été un exutoire à la colère qu'avait Marlyn contre l'Académie, violence pure et douleur gratuite. Même si elle n'en tirait aucune fierté, aucun plaisir, elle l'avait fait et restait responsable de la plupart des malheurs d'Arro. Un instant il voulut plaindre la Mentaï de ne pas ressentir la pitié. Cela aurait évité tellement de dégât... Pitié, plutôt péjoratif n'est-ce pas ? Mais cela restait un sentiment humain... Marlyn était elle encore humaine ? Peut-être, peut-être pas... Qui savait hormis elle-même ? Spire... Ce mot résonna comme imprégné d'un pouvoir. Le marchombre ne connaissait rien de cette dimension, plus qu'un piètre Dessinateur, il n'avait jamais eu aucun contact avec l'Imagination. Si bien que la vigie ne se contentait pas de le « bloquer » mais carrément de l'expulser dès qu'il touchait la protection de la porte. Il sourit face à se souvenir. Non il ne connaitrait jamais l'appel incessant du pouvoir du Dessin, il ne serait jamais rongé comme Marlyn l'était... Et cela était surement mieux. Arro se sentait bien dans son corps, dans son esprit, dans sa voie. Puis vint la question, celle qui turlupinait le marchombre depuis bien longtemps... Pourquoi rester à l'Académie ? Pourquoi s'empêcher d'être libre... Il connaissait par coeur la réponse. L'homme se la répétait à chaque fois qu'il se posait cette question. D'une voix calme et douce, il répondit :
-Dis-moi, est-ce que tu as déjà été amoureuse ? Je ne te parle pas d'une amourette toute simple Marlyn Til'Asnil, mais d'un sentiment profond qui te prend aux tripes, te fait battre le coeur si vite qu'il est à la limite d'en exploser ? Si puissant qu'il t'embrouille le cerveau, qu'il fait disparaître toutes tes raisons ? J'espère, Marlyn, j'espère que tu pourras connaître cela un jour... J'aime ma ruine de femme, comme tu dis, je l'aime tellement que je mourrais pour elle. Je ferai tout, tout pour Kushumaï, c'est pour ça que je suis resté à l'Académie, car elle était ma plus grosse attache, la plus belle raison de rester auprès d'elle et de vivre avec elle.
Il se leva et s'étira, puis commença à faire les cent pas.
-Tu as faillit détruire cela, faillit, à deux doigts. Mon coeur était broyé, en mille miettes, je n'avais plus envie d'enseigner à mes apprentis, j'étais mort, sans âme. Si les rêveurs n'avaient pas travaillé jour et nuit, tu serais surement arrivé à me tuer. Mais elle est en vie et rayonne plus que jamais. Cela m'a ravivé, m'a redonné confiance. Et je suis plus vivant que jamais.
Il s'arrêta face à la Dessinatrice assise, la regardant de toute sa hauteur.
-Et même si je reste beaucoup de temps à l'Académie, cela ne m'empêche pas de découvrir le monde. La preuve en est que je suis actuellement à Al-Chen. L'Académie n'est pas une prison comme ce putain d'endroit.
L'homme frappa du plat de la main le métal de la porte. Il en avait marre, un marchombre n'était pas fait pour rester cloîtré dans une geôle ! Raaa si seulement il avait un crochet, la porte ne l'aurait pas arrêté... Pas de fenêtre non plus, rien qui permettent de s'échapper... Attendre les gardes. Merde qu'est ce qu'ils foutent ces cons. Il maudissait sa négligence et se promis de s'enfuir en laissant un profond souvenir à ces miliciens. Arro cogna encore contre une barre en acier puis se réinstalla sur le banc de bois.
-Tu te rappelles du temps ou l'on se battait amicalement pour se prouver qu'on était les plus forts ? Et à chaque fois on finissait à l'infirmerie... Je me souviens d'une partie de Haman-Lô aussi...
Arro soupira et gratta sa joue. Il toucha un peu la coupure qu'il avait sur l'arcade sourcilière. Le sang avait légèrement coaguler, laissant une petite croûte. Il pourrait effacer cela en allant voir les rêveurs, mais en décida autrement... Il garderait cette cicatrice, en souvenir.
-C'était il y a longtemps... Très longtemps... Le bon temps...
Un nouveau soupire, mais qu'est-ce que foutait les gardes... Le marchombre s'impatientait.
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| | Messages : 2181 Inscription le : 30/05/2007 Age IRL : 31
| Sujet: Re: Face it, Arro, you'd be lost without me! [Terminé] Lun 9 Juil 2012 - 22:58 | | | Le sourire narquois de Marlyn se figea. Voilà qu’Arro Skil’Liches se mettait à parler d’amour… De sa petite ruine de femme. Le rictus de Marlyn se transforma, moins sarcastique, plus illusoire. Evidemment que chacun des mots de son ennemi touchait leur cible, et qu’elle connaissait chacun des sentiments qu’il énonçait comme à quelqu’un qui n’a jamais connu le moindre sentiment de sa vie. Malgré les absences, malgré le silence, et la rancœur secrète qu’elle nourrissait à l’endroit de son fils, elle serait toujours prête à offrir l’univers entier à son Maître. Bientôt, elle serait prête à le revoir, il lui fallait encore quelques semaines de préparation, le masque n’était pas encore prêt, trop mince, trop faillible… Les traits de la Mentaï se durcirent. Personne ne devait jamais atteindre cette zone de son être, cadenassée derrière des montagnes de rage et de fureur. Personne ne devait même se douter de l’existence de pareils sentiments en voyant l’assassine. Les rêveurs… Toujours eux, n’est-ce pas. Quelle belle ironie qu’ils aient dû travailler sans relâche à réparer les dégâts causés par une jeune femme qu’ils avaient maintes fois sauvé des griffes de la mort sans se douter seulement de son identité.
Petite victoire que l’agacement d’Arro Skil’Liches contre sa cage. Petite victoire que d’apercevoir cette rage latente, cette souffrance du marchombre qui meurt de ne pouvoir aller chevaucher la brume et autres fariboles instantanément. Oui, cette prison était vraiment un putain d’endroit. Plus tôt ils en sortiraient, plus tôt elle pourrait le tuer. Une expression de surprise se peignit sur le visage meurtri de Marlyn à l’évocation du passé. Les combats stupides de jeunes adolescents qui voulaient se profiter qu’ils étaient les meilleurs, elle s’en souvenait. Les passages douloureux à l’infirmerie de cette école, également. Mais pas du BON temps. Non, jamais.
Ballotée par les épreuves de la vie, recousue et ramenée à la vie plusieurs fois, tourmentée par les cicatrices, les Spires et les drogues, les souvenirs s’étiolaient dans son esprit comme brume au vent. De la haine profonde envers les dirigeants de l’Académie, de la douleur infinie des tortures, de la peur de la mort, de la honte des châtiments, oui… de la soif des combats insatiables, des insultes et des défis, oui… Etait-il en train d’inventer ce Haman-lô ? Etait-ce une manière de manipuler son esprit, une méthode pour tenter de la ramener du supposément « bon côté » de l’Harmonie ?
- Je ne m’en rappelle pas, non. Ca fait longtemps que j’ai cessé de voir cette école comme un bon souvenir. Malgré elle, elle avait pris un ton acerbe, comme tout ce qui touchait à cette école. Trop de souffrance et de souvenirs sombres, trop de rancœur. Elle n’aspirait qu’à ne plus jamais avoir à mettre les pieds dans ces bâtiments de malheur et vivre sa vie le plus loin possible d’Al-Poll.
Elle se leva à son tour et rejoignit Arro près de la porte de leur cellule. L’enfermement lui pesait tout autant qu’à lui pour des raisons différentes, évidemment, mais c’était le sentiment qui les unissait dans cette courte trêve. Machinalement, elle fit craquer ses phalanges et ses vertèbres, commotionnées par les longues minutes de combat, les coups et les chutes. Elle n’avait même plus envie de le tuer. Juste de partir. De laisser le passé derrière elle, de retourner à sa mission, d’en accomplir des dizaines d’autres sans jamais avoir à remettre en question le système qu’elle avait passé les derniers mois à mettre en place autour de son existence. Qu’elle aille pourrir, l’Académie de Merwyn, et ses résidents avec.
- Et tu dois te douter que non, je n’ai jamais connu ce que tu me décris. Ai-je l’air d’un être capable d’aimer les autres ? J’ai bien eu un maître quelques temps, mais il est mort dans la reprise de l’Académie de Merwyn. Et il était faible, de toute manière. La solitude n’a rien de hon—
Elle s’interrompit en entendant des éclats de voix dans la pièce d’à côté. Les gardes revenaient de leur ronde, et vu leur humeur, allaient sûrement s’attabler en rendant visite à leurs prisonniers. Sa seule crainte était qu’ils aient avec eux un officier susceptible de la reconnaître. Elle empoigna rapidement Arro par le col et lui murmura à l’oreille :
- S’ils nous voient nous battre, ils seront obligés d’ouvrir la porte de la cellule pour nous séparer de nouveau. Tu nous sors de cette pièce, et je récupère nos affaires.
Une première paire d’abrutis en uniforme entra dans la pièce où ils étaient, et leurs yeux s’agrandirent lorsque Marlyn envoya Arro percuter le coté de la cellule en le tirant par le col. Sitôt remis sur ses pieds, le jeune homme poussa une exclamation de rage et se jeta sur la Mentaï, et ils roulèrent au sol en s’assénant des coups presque aussi violents que s’ils étaient réellement en train de se battre.
- Je vais te faire ravaler tes propos, sale fils de chien ! jeta-t-elle en reprenant le dessus dans leur étreinte combattive et en le rouant de coups. Du peloton de garde jaillirent des exclamations de surprise et d’agacement, et des ordres fusèrent sans qu’elle ne les entende exactement.
- Ah tu as tué les deux autres corniauds et maintenant tu veux m’éventrer aussi, hein ! Prends ça dans ta sale gueule !
Arro reprit le dessus et fit mine de lui enfoncer la cage thoracique avec le poing. La Mentaï perçut enfin un bruit de clef qui tournaient dans une serrure. Son œil bleu croisa le regard vindicatif du marchombre. A toi de jouer, maintenant.
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| | Maître Marchombre ...Je crois? Messages : 1301 Inscription le : 17/04/2007 Age IRL : 32
| Sujet: Re: Face it, Arro, you'd be lost without me! [Terminé] Mar 10 Juil 2012 - 3:20 | | | Pas de souvenir, tristesse, aucun rappelle dans sa mémoire. Marlyn était vraiment perdue, totalement dévouée au chaos. L'homme soupira, il n'avait plus envie de la tuer, le marchombre avait juste de la pitié, pour cette personne qui n'était plus l'élève qu'il avait connu. Arro regarda encore une fois cette porte, aucune faille, rien aucun interstice où il aurait pu se glisser. Prison de merde ! Trop bien conçu. Pour une fois que le travail était bien fait, le jeune homme maudit ces artisans perfectionniste de malheurs et leurs créations. La demoiselle parla de ce sentiment qu'elle n'avait plus. Arro eu un rictus sarcastique. Oh malheureuse que tu étais Marlyn, de ne pas connaître cette sensation. C'est alors que leur porte de sortie arriva enfin. Les gardes étaient de retour. La demoiselle l'attrapa par le col et lui expliqua son plan. Bien, s'occuper des gardes, simples... Mais de là à croire que Marlyn allait récupérer leurs affaires, il avait des doutes. Sauf qu'il ne pouvait que jouer le jeu et espérer qu'elle tienne parole et qu'elle ne lui fasse pas un coup vache dans le dos. Les deux premiers miliciens ne furent dans la pièce que la Dessinatrice le balançait avec force contre un mur. Un peu sonné, il s'affaissa deux secondes. Dans un cri rageur, le marchombre lui fonça dessus, l'entrainant au sol, roulant de nouveau dans la poussière. Les coups avaient quasiment autant de puissance que lors d'un réel combat. Mais après tout, ne fallait-il pas donner le change ? Elle lui lança une pique. Arro répliqua :
-Je vais te pourrir la gueule, Crevure de fiente de Raïs !
Et d'un poing dans la figure, pas trop fort, mais assez pour légèrement sonner Marlyn. Les autres gardes les avaient rejoint. Le marchombre pris le temps d'un coup de pied dans le ventre pour les observer. Il y en avait six, six fiers soldats d'Al-Chen. Quatre d'entre eux était de simples gardes, peu gradés, un seul avait quelque chose qui ressemblait à un écusson. Le dernier était un jeune, une nouvelle recrut. Les phalanges de la Dessinatrice rencontrant sa joue, il coupa la ses observations. De nouveau elle le piqua. Quoi ? Lui avoir tué les ...? Non, répliquer aurait donné encore plus de cachet à la demoiselle, il se contenta d'un coup bien placé dans le ventre et la porte s'ouvrit. Sous un ordre de leurs chefs, les quatre simples soldats entrèrent pour les séparer. Puis tout se passa vite, très très très vite. Arro posa ses mains sur le sol, prenant appuie dessus et lança ses jambes en l'air. Ses deux pieds rencontrèrent deux mentons. Avant que les deux corps inconscients ne touchèrent le sol, les deux jeunes gens s'étaient levés. Marlyn profitant de la surprise s'en fuit par la porte. L'homme approcha des deux autres personnes qui êtaient rentrés dans la cellule. Ils n'eurent pas le temps de réagir, deux poings les cueillir au niveau des tempes, leurs têtes se rencontrèrent dans un bruit mat et ils chutèrent mollement. La Mentaï avait déjà atteint la porte arrière. Le marchombre devait faire vite, sinon il ne pourrait pas la rattraper. Elle manigançait quelque chose, il en était sûr. La jeune recrue brandit maladroitement son arme face au fuyard. S'il n'était pas si concentré, Arro en aurait ri. Il glissa le long de la lame et frappa d'un atemi dans le ventre du jeune garçon. Le laissant tomber au sol, le marchombre continua vers le vétéran qui était effrayé par la vitesse à laquelle ses propres hommes s'étaient fait mettre à terre. Il tenta de fuir mais n'eut pas le temps. L'homme avait sauté et lui tomba sur le dos. Sonné par le choc, il resta inconscient. Arro se releva. Il était remarqua cinq autres gardes qui tentaient d'arrêter Marlyn. La femme leurs passa entre les jambes et se retourna, un air sarcastique sur ses lèvres. Elle montra un instant la flute de pan, fier du larcin qu'elle venait d'accomplir. Le marchombre eut des yeux ronds. Non pas ça... Il voulait bien qu'on lui vole ses armes, ses habits, mais pas sa flûte de pan, ça jamais ! Légèrement en colère, il tenta de suivre la mercenaire, mais rapidement les cinq derniers gardes l'entourèrent. Arro ne s'arrêta pas. Un seul mouvement, un seul souffle. L'homme, en face de lui, reçut un crochet en pleine mâchoire et tituba. Continuant sur sa lancé, le marchombre lança son genou dans l'entre-jambe d'un autre. Devenant rouge et cherchant à happer l'air qui n'arrivait pas, le garde s'affaissa. Plus que trois. Arro se lança en arrière, fit un salto magnifique et retomba sur les épaules de deux miliciens. Ils se brisèrent le nez en tombant au sol. Plus qu'un. Le dernier ne comprenait pas ce qui arrivait, le prisonnier était insaisissable, imprenable. Et avant qu'il s'en rende compte, il se retrouvait a terre, avec les côtes plus endolories que jamais. L'homme passa la porte et regarda les rues. Marlyn avait fuie depuis longtemps, elle était quelque part dans la ville... A courir. Il se concentra, ses yeux piquèrent un peu et sa greffe s'enclencha. Zoomant sur Al-Chen, le marchombre cherchait. Un indice, un quelconque indice ! Soudain un petit éclat vert lui assaillit la pupille. Porté par une silhouette qui courrait discrètement sur les toits. Doucement il murmura :
-Ah, tu m'es toujours fidèle, ma bonne vieille flûte de pan.
Car il savait que cet éclat venait de son instrument. Parfait. L'homme s'élança sur les toits. Rapidement, il se calcula un itinéraire pour couper la route à Marlyn. Les tuiles défilaient sous ses pieds. Il sautait au-dessus du vide, utilisait les poutres comme appuie. Il ne faisait qu'un avec la ville. Bientôt il serait à porter, bientôt il pourrait récupérer son bien... Et peut-être qu'il en ferait pâtir les conséquences à la Mentaï. On ne vole pas son instrument fétiche impunément. Il fulminait. Si bien qu'il rata une poutre et faillit tomber dans le vide. Ses réflexes reprenant le dessus, il se recroquevilla et poussa sur le mur contre lequel il glissait. Le marchombre tendit une main et crocheta le rebord du toit suivant. Il remonta rapidement. L'homme avait perdu quelques secondes, mais se remit en route. Ce petit contre-temps l'empêcha de couper la course de Marlyn, mais il était assez proche quand même. Juste derrière elle, quelques mètres les séparaient. C'est qu'elle était rapide la bougresse ! Arro tendit les mains et hurla d'une voix remplie de colère :
-REND MOI MA PUTAIN DE FLÛTE DE PAN ! INFÂME REJETON DE T'SLICHES !
Il continua de lancer des insultes de son cru, parfois bien farfelus et la course-poursuite continuait.
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| | Messages : 2181 Inscription le : 30/05/2007 Age IRL : 31
| Sujet: Re: Face it, Arro, you'd be lost without me! [Terminé] Sam 14 Juil 2012 - 19:55 | | | Courir. Dépasser le groupe de gardes qui lui bloquait le passage, tordre le bras du dernier pour passer par-dessus en roulant sur son dos, et rejoindre la pièce d’intendance où se trouvait le baluchon contenant pêle-mêle toutes leurs affaires. La mentaï s’en saisit sans s’arrêter, mais un bruit d’objet qui tombe attira son attention ; la flûte de Pan d’Arro gisait au sol, dans la poussière. Des éclats de voix perçaient dans le couloir. Une main tenant le sac, elle ramassa la flûte de pan de l’autre et se remit aussitôt à courir, en repassant devant les cinq gardes qu’elle avait évités à l’aller. Le regard stupéfait d’Arro quand elle le nargua en lui montrant sa mignonne petite flûte de Pan suffit à la rasséréner, et elle détala aussitôt dans la rue. Normalement, maitriser les cinq gardes devrait prendre à Arro quelques minutes qu’elle comptait mettre à profit pour s’échapper le plus loin possible. Il fallait qu’elle parte suffisamment loin pour qu’il ne puisse pas la retrouver, et qu’elle trouve une ruelle suffisamment isolée pour se poser et faire un pas sur le côté ; et quitter cet enfer et cet imbécile. Les tuiles dérapaient sous ses pieds, mais elle était suffisamment légère pour garder l’équilibre. De toit plat en toit pentu, de mur délabré aux statues sur lesquelles elle s’accrochait pour traverser une avenue… Elle avait jeté le baluchon en travers de son dos, mais manqua plusieurs fois de lâcher la flûte de Pan, qu’elle décida finalement de fourrer dans les plis de son manteau. Juste à ce moment-là, un bruit de dérapage alerta son ouïe, et en se retournant, elle vit Arro juste sur ses talons. Comment avait-il fait pour la rattraper aussi rapidement ?! Et pour trouver autant d’insultes imagées en si peu de temps ? Elle le laissa l’invectiver et conserva son souffle pour allonger ses propres foulées. Un point de côté perçait son flanc comme un poignard, mais elle ne pourrait s’arrêter que quand elle l’aurait semé. Et elle ne pouvait espérer le semer à la loyale. Si elle avait eu ses affaires directement à la ceinture, ça aurait été tellement facile… Atteindre un embranchement et jeter un écran de fumée pour le semer. Mais tout était dans le sac en corde qui lui barrait le dos. Une main ripa sur le sac et elle perdit l’équilibre, glissant sur les tuiles d’un toit bas ; sa chute se finit dans la poussière de la rue. Sans prendre le temps de regarder en arrière, la Mentaï se remit sur pieds et détala dans une ruelle adjacente. Arro continuait à la courser depuis les toits et réussit finalement à atterrir juste devant elle, obligeant Marlyn à piler et repartir dans une autre direction. Briser le contact visuel juste quelques secondes…
Dans une petite venelle qui partait d’une place, la Mentaï sauta par-dessus un chariot rempli de tonneaux harnachés par une sangle de cuir. Les Spires lui procurèrent la lame dont elle eut besoin une fraction de seconde, le temps de trancher la sangle . Dans un roulement du tonnerre, les tonneaux se déversèrent dans la venelle et éclatèrent, bouchant le passage les quelques secondes dont elle avait besoin. Elle sauta par une fenêtre entrebaillée et s’aplatit dans l’ombre de la masure dans laquelle elle venait de se couler. Juste quelques secondes… Ses spires se déployèrent et elle se concentra sur le port lacustre qui se trouvait à l’autre bout du Lac Chen, à des dizaines de kilomètres d’Al-Chen et de son ennemi. Dessiner les embarcadères, les barges à fond plat, les pilônes recouverts d’algue, représenter l’air vaseux du lac, le roulis, les rumeurs des employés des entrepots.. La sensation délicieuse d’un dessin qui commence à infiltrer la réalité fit frissonner sa peau. Elle se sentait déjà partir… Soudain, un bras entoura son cou dans une tentative pour l’étouffer, et le noir se fit autour d’elle et de la masure délabrée.
Le noir toujours, l’eau qui emplit les poumons, la sensation glaciale de l’eau qui envahit les poumons, le bras autour de son cou… Elle avait raté son pas sur le côté et transféré Arro Skil’Liches avec elle dans les eaux du Lac Chen. Survivre. Survivre à tout prix. Le sac dans son dos commençait à l’entrainer au fond et Arro persistait à vouloir lui écraser la trachée. Violemment, la Mentaï se débattit et flanqua des coups dans les côtes de son nemesis, amortis par l’eau. S’il ne la lâchait pas tout de suite, ils allaient mourir noyés tous les deux… Battant des pieds frénétiquement, les poumons brûlant du manque d’oxygène, Marlyn parvint finalement à se défaire de l’emprise du Marchombre et consacra toute son énergie à regagner la surface, la lumière floue qu’elle percevait au dessus d’elle. L’eau la terrifiait autant que le feu la fascinait. L’eau tuait en silence, petit à petit, elle vous emprisonnait dans une étreinte mortelle et vous entraînait dans des abysse de ténèbres absolus, elle dissolvait les chairs aussi lentement que le temps effaçait les montagnes et glaçait le sang jusqu’à la moëlle..
Et puis enfin, l’air. Elle cracha de l’eau plus qu’elle n’avala le précieux oxygène, mais c’était déjà une délivrance. Arro émerga quelques secondes plus tard à un bras de distance, blanc du manque d’oxygène. La même lueur de survie luisait dans ses yeux. Sans se préoccuper de lui, la jeune femme commença à nager pour regagner la rive, beaucoup trop loin à son gré, tout en luttant contre le fort ressac du Lac Chen. Mourir noyée dans le Lac Chen alors qu’elle avait toujours eu à se battre pour sa survie… Non, elle ne l’accepterait pas. Mais gaspiller son énergie à aller trop vite l’épuiserait bien avant la rive. Aussi, les deux jeunes gens se calquèrent sur un rythme lent mais régulier, chacun nageant de la manière qui lui convenait le mieux. Le poids de ses vêtements trempés, du baluchon qui l’entrainait vers le fond et la froideur de l’eau engourdissaient les membres de Marlyn, et les minutes s’égrénèrent lentement sans qu’elle ne parvienne plus à penser à rien d’autre qu’à la rive qui se rapprochait.
Ses doigts se recroquevillèrent dans le sable fin, et elle s’effondra sur le coin de rive qu’ils venaient d’atteindre, crachant et toussant de l’eau, tremblant de fatigue. Toute envie de combattre pour les mois à venir l’avait quittée, et Arro pouvait tout aussi bien se relever pour lui trancher la gorge qu’elle n’aurait pas l’énergie de lui opposer la moindre résistance. Mais il ne semblait pas en meilleur état qu’elle, plié en deux et la respiration sifflante. Se trainant jusqu’à l’herbe qui bordait une digue un peu surélevée, la jeune femme borgne s’assit en tailleur, concentrée sur sa respiration pour tenter de l’apaiser, et tordit ses cheveux et ses vêtements pour les débarasser de l’eau qui les gorgeait. Elle ne voulait même pas penser à l’état de leur affaires à l’intérieur du sac détrempé. Les instruments auraient subsisté, bien sûr, et les fioles étanches, mais les feuilles, les papiers et la nourriture..
- Je sais pas toi, mais – elle s’interrompit pour tousser- j’en ai marre de t’affronter aujourd’hui. Trève ? demanda-t-elle en sortant sa flûte des replis de son vêtement glacial et en lui tendant.
Arro s’assit à ses côtés et reprit possession de sa flûte. Si elle marchait encore après ce séjour dans l’eau, il aurait de la chance… Mais elle avait le vague souvenir qu’elle avait subi beaucoup d’autres épreuves dans leur jeune temps à l’Académie.
- Ca ne veut pas dire que nous sommes amis pour autant.
L’après-midi tirait lentement à sa fin, à sa grande surprise. Ils avaient passé tant de temps que ça à se confronter ? Pas étonnant que tous ses membres l’élancent de fatigue. Même ses Spires gémissaient, sans énergie ; elle n’aurait pas la force de faire un pas sur le côté avant plusieurs heures, à ce stade. Autant que ces quelques heures se déroulent sans qu’elle ne perde la vie.
- Si on trouve assez de bois, je peux allumer un feu pour sécher nos affaires. Le ton de sa voix restait volontairement dur et distant. A moins que la compagnie de l’assassin de ton fils pour la soirée ne te soit absolument répugnante ?
Son sourire narquois s’accentua.
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| | Maître Marchombre ...Je crois? Messages : 1301 Inscription le : 17/04/2007 Age IRL : 32
| Sujet: Re: Face it, Arro, you'd be lost without me! [Terminé] Mar 17 Juil 2012 - 20:24 | | | La course-poursuite l'avait crevé. Il respirait difficilement et la sueur l'empêchait d'avoir une bonne vision. Mais malgré les supplications de chacun de ses muscles, Arro rattrapa la Mentaï. Il sauta devant elle, mais rapide comme toujours, elle eut le temps de se retourner et de prendre une petite ruelle pour arriver sur une place. Marlyn sauta magnifiquement par-dessus un chariot de tonneaux. Le marchombre voulu la suivre dans le mouvement, mais se rattrapa sur un sol instable. Les fûts roulaient sur le sol, entrainant l'homme malgré lui. Rapidement, il se rétablit, stabilisa le tonneau sur lequel il était et le fit rouler pour continuer la poursuite. Elle avait disparu... Il sauta de son moyen de transport improviser et écouta. La ruelle était sombre, vide et silencieuse... Marlyn était comme Arro, fatiguée. Il la repéra grâce au souffle court et absolument pas discret. Le marchombre sauta par la fenêtre et avança vers la femme qui semblait concentrer. Son bras entoura le cou de la mercenaire, l'étouffant dans une prise machiavélique et puis... Noir... Noir, froid et irrespirable. En un mot : mouillé... De l'eau, plein d'eau partout tout autour d'eux. Sa gorge brûla sous le contact glacé... L'homme était dans un état d'incompréhension... Où étaient-ils ? Où les avait-elle menés ? C'était un pas sur le côté ça ? Le marchombre remarqua enfin que son corps demandait de l'air et que celui de la Mentaï l'entraînait vers le fond. Non pas mourir et surtout pas maintenant. Cherchant une ultime pointe d'énergie, il se propulsa vers le haut et creva la surface. Ses poumons dégurgitèrent l'eau avalée et aspirait du mieux qu'ils pouvaient l'air salvateur. Les yeux aux aguets, il remarqua une berge qu'il connaissait... Ok, le pas sur le côté les avait porté jusqu'au lac Chen. Il repéra Marlyn qui sortait, elle aussi, de l'eau. Arro s'en alla vers la rive et suivi la Mentaï. Elle avait toujours sa flûte et il se battrait jusqu'à la mort pour la récupérer. Il rampa sur la plage pour mieux s'y écrouler... Fatigué, éreinté, il avait combattu tout l'après-midi et la pause dans la prison ne lui avait pas permit de bien récupérer. En plus de ça il était mouillé. Son souffle court propulsa quelques grains de sables au loin. Il se releva pour immédiatement se recroquevillé, ses poumons lui brûlaient affreusement le torse. Le marchombre tentait de calmer vainement sa respiration. Lorsqu'il put enfin se mettre debout, l'homme tremblait autant de froid que de fatigue. Ses muscles tiraillait affreusement à chaque mouvement. Titubant légèrement, il s'approcha de la Mentaï, acquiesça pour la trêve et s'écroula à ses côtés en récupérant la flûte... Il regarda son instrument, le bois était humide, mais pas irrécupérable. Il la secoua pour enlever les dernières gouttelettes d'eau. Il la mettrait à sécher plus tard et la nettoierait avec les ustensiles approprié. Un feu ? Oui, pourquoi pas, un bon feu pour réchauffer ses pauvres os et les vêtements plus qu'humide lui ferais le plus grand bien. Ses dents se crispèrent sur la fin de la phrase. S'il avait eu assez de force il aurait asséné un coup de poing magistral dans les dents de la mercenaire. Il fulmina en silence et se leva pour aller chercher du bois. Ramassant les branchages qui traînaient dans la forêt non loin, il pestait contre cette femme avec qui il allait passer la soirée. L'homme tenta de se calmer, mais la rage bouillonnait toujours au plus profond de lui-même. Respirer lentement, penser à autre chose, ne pas se faire dominer par la colère. Doucement le flux de haine baissa d'un cran, ralentit, puis se tari. Il savait qu'une part de lui pouvait devenir monstrueux, puissant, destructeur... Mais le marchombre l'avait fait quasiment disparaître. Trop faible pour reprendre le contrôle, le berserker cherchait n'importe quelles occasions pour revenir, toutes plus inutiles les unes que les autres. Arro était devenu fort, les épreuves lui avaient coûté cher, mais il en était ressortit changé en bien. Revenant rapidement vers le campement, l'homme disposa le bois. Il laissa Marlyn allumé le feu d'un coup de Spire. Rapidement le feu pris de l'ampleur et le marchombre y jeta deux bûches pour le faire durer. Il s'assit et se réchauffa doucement.
-Passer la soirée avec toi ne me dégoûte pas, pas plus que discuter avec toi. Nous ne sommes pas amis, mais cela n'interdit pas la courtoisie. Si tu as faim, je peux pêcher du poisson ou chasser un gibier dans les bois alentours.
Il posa la main sur son arc qu'il avait récupéré en sortant de la salle des gardes. Il lui restait trois flèches dans son carquois. Il fit jouer ses bras, ses muscles étaient encore faibles, mais il pouvait facilement tuer un siffleur ou un autre animal. Son ventre cria soudainement famine, le gargouillis fut retentissant. Légèrement gêné, Arro se leva.
-Bon, je crois qu'en fait je vais y aller tout de suite. Je reviens.
L'homme partit dans l'ombre, se percha sur un arbre et ferma les yeux. Luttant contre la fatigue, il se concentra sur les bruits ambiants. Il n'y avait pas un souffle de vent, la forêt était silencieuse... jusqu'à ce qu'un animal bouge et fasse craquer une branche. Alors le marchombre se lança à sa poursuite. Fatigué par la course de l'après-midi, il ne put être aussi discret qu'il pouvait. Le siffleur plutôt dodu le remarqua et tenta de s'enfuir. L'animal entraîna avec lui un troupeau. Arro ne les avait pas remarqués. Il ne se laissa pas décontenancer et banda son arc. Ses trois dernières flèches furent décochées. Trois morts dans la débandade de siffleurs. Trois bons gros animaux bien dodus. De quoi sustenté deux personnes affamées. L'homme les ramena au campement. Silencieusement il les prépara, installa un rôtissoire de fortune et les embrocha pour les placer au-dessus du feu.
-J'aurais bien voulu les agrémenter d'herbes et de sel, mais j'ai oublié ma besace au manoir. Bon dans plusieurs minutes ils seront prêts et nous pourrons festoyer.
Le marchombre commença à les faire tourner doucement pour que la chair cuise uniformément. Parfois il tata du bout du doigt les siffleurs. Petit à petit, la graisse coulait doucement des trois animaux et flambait au contact des braises. La douce odeur de la viande rôtie se fit sentir et Arro salivait. Après une bonne demi-heure, l'homme les sortit du feu, les empala sur trois brochettes, en tendit une a Marlyn, en planta une autre dans le sol, assez proche du feu pour rester chaude, puis se garda la dernière. Il s'installa sur le sol et commença à manger. La viande fondait dans sa bouche et il se délectait du bon goût de siffleur. Nom d'un Raï, que c'était succulent. Son ventre remercia la Dame et le Dragon pour un tel don. Arro savoura chaque bouchée, la graisse coulait parfois sur son menton pour immédiatement se faire essuyer d'un revers de la main. Il finit par grignoter les restes de la carcasse et la jeta sur le sol. Il attrapa une cuisse du troisième siffleur cuit et mangea plus doucement cette fois-ci.
-Demain je te laisserais t'enfuir. Je n'ai plus l'envie, ni la haine pour te poursuivre. Peut être nous reverrons nous, peut être nous devrons nous combattre à nouveau... Je n'en ai cure. J'ai des tas de raisons de t'en vouloir, mais j'en ai assez.
Il mordit dans la viande. Réfléchissant en parlant.
-Je continuerais toujours de me battre, si besoin, mais j'aspire à la paix que la nouvelle ère sans Ts'liches promet. Vous avez surement des projets pour le futur... Mais qu'est-ce que j'en ai à faire. Laissez-moi juste tranquille, toi et ton chaos.
Arro finit de ronger l'os et le lança en arrière. Il mit ses bras autour de ses jambes pliées et posa la tête sur ses genoux.
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| | Messages : 2181 Inscription le : 30/05/2007 Age IRL : 31
| Sujet: Re: Face it, Arro, you'd be lost without me! [Terminé] Ven 20 Juil 2012 - 3:07 | | | La chaleur du feu se distillait sur sa peau comme un onguent. Pendant qu’Arro était parti chercher de quoi allumer le brasier, la jeune femme avait sorti leurs affaires et séparé celles qui lui appartenaient de celles qui appartenaient aux marchombres, et placé sur deux roches plates séparées proches de l’âtre pour qu’elles sèchent avec la chaleur. Puis elle avait ôté les vêtements qu’elle pouvait, ne gardant qu’une tunique sans manches et son pantalon dont elle avait retroussé les jambières pour avoir les jambes sèches. Maintenant, le feu crépitait, ses vêtements séchaient, et même, de la viande grésillait sur la broche que le marchombre avait préparé. Pour le peu de flèches qui lui restaient, il avait été remarquablement habile. Impressionnée autant que dégoûtée, elle songea qu’à n’importe quel moment, le jeune homme aurait pu lui transpercer la nuque avec une seule flèche, et qu’il ne l’avait pas fait. Quelle faiblesse. Elle s’en réjouit.
Le silence. Le silence était agréable. Le silence de la trève, de la fatigue. Ils contemplaient tous les deux la viande qui grésillait, en laissant leurs corps se remettre des épreuves de la journée. Il était facile de glisser la main vers ses flèchettes pendant qu’il ne regardait pas, il ne s’y attendrait sûrement pas… mais elle n’en avait plus envie ce soir. Tuer Arro ne lui apporterait aucun sentiment de satisfaction, pas plus que ne lui avait apporté la mort du fils d’Arro et, elle avait supposé, de sa femme. Le soleil entamait sa course vers l’horizon, et elle se perdit dans sa contemplation jusqu’à ce qu’Arro lui tende sa part de viande. Juteuse, grillée. Parfaite. Elle avait toujours aimé la viande. Sentir couler le jus d’un animal entre ses dents, déchiqueter les fibres… La sensation de chaud que cela apportait. Même sans les herbes ; de toute manière, elle avait eu trop souvent le goût de sang dans la bouche pour faire la difficile. L’appétit d’ogre d’Arro lui tira un sourire. Il mangeait les siffleurs avec une férocité pareille à celle qu’elle avait mise à détruire son couple. Elle l’écouta sans répondre. Etait-ce un piège ? Arro était marchombre , les marchombres avaient bien trop le souci de l’harmonie pour tendre ce genre de piège.. Alors il la laisserait partir, comme ça…
Et ses gentils projets. Son futur. Une ère de paix. Marlyn ne croyait pas à la paix. L’humanité était beaucoup trop féroce pour croire une seconde à la paix. Certes, le monde serait débarassé des Ts’liches pour des millénaires, mais il y aurait toujours un malfrat pour voler un passant sans défense, un égorgeur dans les rues, un homme de cour pour infiltrer du poison dans le gobelet de son voisin, des parents pour haïr leurs enfants et les rouer de coups, des mensonges, des trahisons. Toujours. Elle croyait en l’homme violent. Même si certains avaient dompté cette violence et tenté de créer ce qu’ils appelaient la société, et la civilisation, les coutumes, les manières, tôt ou tard, chacun se montrait violent. Primitif. Elle croyait en les moments de paix, et les trèves, et les moments de joie. Elle chérissait tout autant les étreintes, et la confiance aveugle. Elle défendait sa propre tranquillité bec et ongle, et boufferait père et mère pour la survie. Mais jamais. Jamais elle ne croirait une seule seconde en le bien de l’humanité. Seulement en ses moments de trève.
- Tiens, tes affaires, fit-elle d’un ton neutre en lui tendant son manteau, et les affaires dont les gardes les avaient dépossédés.
Elle n’était plus sûre de haïr Arro. Elle haïssait l’Académie et tout ce qui lui rappelait, et la faiblesse plus que tout autre, elle haïssait la faiblesse dont elle avait fait preuve si souvent pourtant… mais d’un autre côté, elle n’était en vie que parce qu’Arro avait décidé de ne pas la tuer. Sinon, il aurait réussi cinquante fois. Elle soupira.
- Comme si le Chaos m’appartenait… Ca fait longtemps que j’ai cessé de les servir. J’aspire à autre chose. Tout comme tu ne veux plus entendre parler de « mon chaos », je ne veux plus jamais avoir à retourner une seule fois entre les murs de l’Académie de ce maudit Merwyn.
Elle laissa une hésitation. Mais la fatigue l’incitait à la confiance, et que pouvaient-ils encore se faire subir ? De nouveaux coups ? Il n’ y avait aucun risque à se laisser aller un peu… Elle s’étira mollement.
- J’ai une vie à faire ailleurs aussi. Maintenant que je suis seule. J’ai d’autres buts que de tuer des gens. Improbable, n’est-ce pas ? fit-elle ironiquement.
Elle le regarda. Ils auraient pu être amis, proches, dans une autre vie. Une autre ère, où elle aurait existé sans cette colère qui l’avait fait détruire les autres avenirs qu’elle avait sous les yeux. Et maintenant, elle ne se rappelait qu’à peine ce passé qu’ils avaient en commun, tant la colère l’avait aveuglée.
- Tous les gens que je détestais sont morts. Que me reste-t-il ? Même te tuer serait ennuyeux. Merwyn aurait su.
Sa propre phrase l’étonnait. La fatigue, le feu, le silence, le Lac Chen.. de vieux sentiments ressortaient, toujours tus. Mais quel risque y avait-il à les confier à Arro ?
- J’ai cru que Merwyn Ril’ Avalon me sauverait, qu’il m’apprendrait à maitriser les Spires. Il me comprenait, lui, il aimait ses élèves de l’Académie de Merwyn. Je serais peut-être autrepart s’il avait été là. Mais il a disparu, et laissé ses chiens faire le boulot, alors que je comptais tant sur lui…
Machinalment, son esprit joua avec les flammes, et lui donnèrent des couleurs et des formes différentes selon les moments. Le brasier s’arrêta sur la couleur bleu, qui se réverbérait sur leux peaux respectives. Au bout d’un moment, elle reprit d’un ton en demi-teinte :
- Je suis désolée pour ta femme. Et ton fils. Ca n’aurait jamais eu lieu, si la Dame et le Dragon s’occupaient correctement de leurs fidèles. Si Merwyn Ril’ Avalon avait vraiment fait son devoir au lieu de disparaître comme un lâche. Tu peux en refaire d’autres, des fils.
Elle ne pensait pas vraiment ce qu’elle disait, mais était-ce vraiment important ? Ils le savaient tous les deux, que ce n’était pas la vérité. Mais ce qui importait, c’était que ce soit dit.
- Quel intérêt d’avoir une famille, de toute manière ? On crève tous, au bout.
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| | Maître Marchombre ...Je crois? Messages : 1301 Inscription le : 17/04/2007 Age IRL : 32
| Sujet: Re: Face it, Arro, you'd be lost without me! [Terminé] Lun 6 Aoû 2012 - 17:50 | | | Arro finit de mâchouiller son morceau de Siffleur et le lança dans le feu. L'os craqua doucement. Marlyn parlait à côté, avouait qu'elle aussi voulait mener une vie ailleurs. L'homme eut un rire quand la Mentaï lui affirma que le tuer aurait été ennuyeux... A la vu du combat épique d'aujourd'hui, ça n'avait pas l'air d'être si emmerdant que ça. Mais il comprit ce qu'elle voulait dire. Elle lui dit aussi l'espoir que Merwyn lui avait arraché, le contrôle des Spires... Quelque chose que le marchombre ne comprendrait jamais. Chacun sa voie... Dessinateur, Mentaï, Marchombre, Guerrier... Au final, on suit en ce que l'on croit. Désolé pour sa femme ? Son fils ? Arro eu une bile amer qui lui monta dans la gorge... Disait-elle la vérité, ou mentait-elle pour lui passer de la pommade et baisser ses défenses ? So what ? L'homme allait chercher le moindre détail dans sa voix pour comprendre le profond sens de cette putain de phrase ? Le marchombre était fatigué, qu'elle dise vrai ou pas, il s'en foutait carrément. C'est clair que Merwyn est coupable de les avoir laissé dans la merde, mais lui aussi avait ses propres problèmes. Vivyan pour n'en citer qu'un. Il devait avoir ses raisons pour disparaître de la sorte. Le marchombre soupira, oui il aurait certainement d'autres fils et oui, on meurt tous au bout, mais sa compagne de fortune avait l'air de ne pas comprendre le sens profond d'avoir une famille. Il racla sa gorge et commença :
-Marlyn, Marlyn, Marlyn... Tu vois toujours les choses trop sombres, toujours le côté pessimiste de l'existence. Certes, on meurt tous au bout... Mais l'important n'est pas la fin de l'histoire, mais tout ce qu'il se passe entre la naissance et la mort. Chacun ses buts, chacun ses attaches. Peut être que tu ne vois pas ce qu'apporte une famille.
L'homme étendit ses jambes, ses bras un peu en arrière et regarda les étoiles.
-Avoir l'impression d'exister pour quelqu'un, d'être important, au-delà de la simple responsabilité. Vivre avec, aimer. Les enfants sont ce qu'on laisse derrière nous, c'est une part de notre personne. On leurs apprend à devenir grand, à vivre. C'est une aventure comme une autre. On meurt tous au bout, mais j'ai envie de mourir en ayant l'impression d'avoir rempli ma vie. Être libre, vivre comme un marchombre aurait pu me suffire... Mais plus maintenant... Aimer quelqu'un est une voie à part entière et elle est vraiment magnifique.
Arro se laissa tomber sur le sol, les bras derrières sa tête. Un sourire était apparu sur ses lèvres. Famille, ce mot résonnait comme une promesse, un espoir, une paix.
-Comprend-tu Marlyn ? Ou est-ce trop futile pour toi ? La famille est une faiblesse, tous ceux qui te veulent du mal chercheront à atteindre ton entourage... Mais elle reste une force, elle te pousse vers l'avant, te murmure de te surpasser pour les protéger.
Le marchombre se retourna vers la Dessinatrice. Il la regarda, oui, ils auraient pu être amis dans une autre vie... L'homme bailla.
-Je suis sûr que tu as quelqu'un à protéger... Même si tu ne veux pas le croire... J'en suis quasi certain.
[i]De nouveau un bâillement, sa mâchoire s'ouvrait jusqu'à se décrocher. Une petite larme de fatigue imbiba ses yeux. Arro ajusta son manteau, le corps frissonnant sous une brise froide.
-Nous devrions dormir... La journée a été plus que fatigante, pour l'un comme pour l'autre. Puis nous repartirons chacun de notre côté, chacun sur notre voie.
L'homme se retourna et ferma les yeux. Avait-il succomber au sommeil ? Non, il restait éveillé, les sens aux aguets. Il ne considérait plus Marlyn comme son ennemi, mais il n'était pas fou au point de se laisser sans défense à côté d'une Mentaï. Le marchombre restait la à écouter les bruits alentours, près à réagir au moindre mouvement suspect. Il pourrait dormir demain. |
| | Messages : 2181 Inscription le : 30/05/2007 Age IRL : 31
| Sujet: Re: Face it, Arro, you'd be lost without me! [Terminé] Mar 7 Aoû 2012 - 22:55 | | | Non. Non, Arro Skil’Liches, évidemment que je ne vois pas ce qu’apporte une famille. Comment le pourrais-je ? songea Marlyn, l’air pensif, en grattant les cendres avec un morceau de bois durci. Il ne tarda pas à s’enflammer lui-même et elle le jeta dans le brasier pour qu’il s’y consume. Les paroles de son ennemi glissaient sur sa conscience sans s’y accrocher, car elle pouvait écouter ce qu’il avait à dire, mais ne pourrait jamais le comprendre. Aveugle, très probablement, sur sa propre vie.
Il ne lui viendrait jamais à l’idée de considérer son maître, son amant, le père de son enfant comme formant avec elle une famille, l’idée était bien troublante pour qu’elle lui accorde du crédit. Dolohov Zil’ Urain n’avait encore jamais vu l’enfant, qui n’avait pas de nom, et qui ne vivrait sans doute pas très longtemps. Pour ce qu’elle en avait à faire et pour l’attachement qu’elle lui portait… Quand à ce grandiloquent Amour dont le jeune homme parlait avec une passion qui étonnait la Mentaï, elle refusait d’y penser également. Admettre pouvoir ressentir ce qu’il tentait de lui décrire, c’était exposer une faiblesse. Et il était hors de question qu’Arro Skil’ Liches, même s’il ne souhaitait plus sa mort, trouve en elle la faille. La faiblesse de la famille, songea-t-elle à contrecoeur.
Marlyn ne pouvait pas admettre qu’il eut raison. Du moins pas ouvertement. C’est pourquoi elle garda un silence buté en fixant les flammes, les genoux remontés contre la poitrine. Elle avait déjà laissé déborder ses sentiments personnels beaucoup trop au cours de la soirée.
Tu ne crois pas si bien dire, eut-elle envie de rétorquer, lorsqu’Arro évoqua la possibilité d’une personne qu’elle voulait protéger de sa vie. La solitude des derniers mois n’avait en rien rogné le sentiment de devoir qu’elle ressentait vis-à-vis de l’aristocrate aux cheveux d’or, même s’il était bien trop puissant et protégé pour qu’elle ait un jour l’occasion de payer ses dettes envers lui. Quant à l’enfant… Malgré elle, elle le protégeait, en un certain sens. Elle l’autorisait à vivre, alors qu’elle aurait pu le tuer et abréger ses souffrances à venir des dizaines de fois depuis sa naissance.
A l’instar d’Arro, la jeune femme bailla à s’en faire craquer la machoire ; le bleu qui s’était formé à l’angle de sa joue l’élançait régulièrement. Il mettrait probablement quelques jours à disparaître, ce qui ne l’arrangeait pas particulièrement.
- Je prie la Dame pour que nos voies n’aient jamais à se recroiser.
Tout comme le jeune homme, Marlyn se retourna comme pour dormir. Tous les deux savaient qu’aucun des deux ne dormait, et ne dormirait. Leurs respirations s’étaient inconsciemment calquées sur celles de l’autre, mais ne ressemblaient absolument pas à celle des dormeurs paisibles. La tête posée sur le baluchon que formait ses affaires désormais sèches, la Mentaï attendait. Quelques minutes passèrent dans le silence, rythmé par le bruit des vagues et de la faune nocturne. L’œil fixé sur les braises, elle attendait. La lumière orangée dessinait encore le contour de la silhouette allongée du marchombre. Les cendres crépitaient faiblement, le feu se mourait lentement. Immobile dans la nuit froide, toutes les fatigues et les douleurs de la journée lui revenaient en plein. Ses muscles étaient perclus de crampes et de courbatures, sa peau l’élançait en divers endroits et les coupures tiraient, pour la plupart à moitié cicatrisées. Néanmoins, ses doigts étaient crispées autour du manche d’une dague qu’elle gardait cachée sous le baluchon qui lui servait d’oreiller, en prévision du moindre danger qui pourrait apparaître.
Le feu mourut enfin dans une gerbe de fumée, et seule la lune éclairait la scène, réverbérée par l’immensité du Lac Chen. Marlyn lâcha une respiration plus profonde, et toujours aux aguets, se glissa prudemment dans les Spires. Elle sentait la résistance que lui opposait l’Imagination à cause de la fatigue, et il lui fallut plusieurs minutes rien que pour déplier ses chemins, ses sens, et manœuvrer dans des Spires supérieures pour créer un pas sur le côté. Les contours d’une pièce se dessinèrent lentement, mais disparurent aussitôt. Tendue, Marlyn avait cru entendre un bruit suspect du côté d’Arro Skil’ Liches. Mais il avait juste changé de position pour étendre ses jambes d’une autre manière. Visualiser la pièce du manoir lui prit énormément de temps, plus qu’elle ne voulut s’admettre à elle-même. Cette vision bien en place, elle tenta de la faire basculer une première fois, mais échoua. Maudite fatigue !
Et toi pouvoir, infini pouvoir qui rugit dans les recoins de ma tête, et puise si bien mes forces, ne peux-tu donc ployer pour moi encore une fois ?
Les mains serrées contre son paquetage, Marlyn sentit les contours de la réalité se distordre ; le Lac Chen fondit dans les décorations d’une des chambres du Manoir d’Al-Chen, dans lequel elle avait erré pendant ses derniers mois de grossesse. La silhouette d’Arro disparut, remplacée par celle d’un portrait suspendu à côté d’une tapisserie. La douceur du sable entre ses doigts fut remplacée par celle de la soie. Exténuée, Marlyn se redressa juste le temps de s’assurer qu’elle avait réussi son pas sur le côté, et poussa un soupir de soulagement. Puis un grognement de douleur en étirant ses muscles endoloris. Rapidement, cependant, la fatigue reprit son dû, et elle s’effondra de sommeil dans les méandres du grand lit à baldaquin de la pièce, remettant au lendemain tous les plans et les projets qu’elle pourrait avoir pour s’assurer de la fin de sa mission et de sa sécurité. Quant à Arro Skil’Liches…
Il avait rejoint le passé. Ruine nouvelle dans une existence dissolue.
[Merci pour ce Rp mon cher ] |
| | Maître Marchombre ...Je crois? Messages : 1301 Inscription le : 17/04/2007 Age IRL : 32
| Sujet: Re: Face it, Arro, you'd be lost without me! [Terminé] Lun 1 Oct 2012 - 19:46 | | | La dernière phrase de Marlyn lui restait dans la tête, « Je prie la Dame pour que nos voies n'aient jamais à se recroiser. ». Oui, Arro l'espérait, il ne voulait plus revivre les souvenirs que la Mentaï lui rappelait. Même si sentait au plus profond de lui qu'un jour, ou était-ce une nuit, il retrouverait la demoiselle, mais dans quelles conditions ? L'homme sortit de ses pensées qui embuaient son cerveau, il fallait rester vigilant, ne pas s'endormir, éviter que la dame qui se trouvait à ses côtés ne le tue. Donc du coup, ses oreilles étaient ouvertes le plus possible, même si physiquement ce n'était pas vraiment possible. Le feu crépitait sur sa fin. Tout le corps de l'homme était engourdi, sa peau brûlait en certain endroit. Les bleues seraient sûrement énormes demain. Une autre sensation le gênait quelque peu. Il se sentait affreusement sale, ses habits étaient remplis de poussière agglomérée grâce à l'eau. Cela l'obligera sûrement d'avoir une autre séance d'achat à Al-Chen avec sa mère. L'homme laissait passer les pensées toutes plus inutiles et avec de moins en moins de lien entre elles. Le feu mourut et ramena Arro à la dur froideur du lac. Un petit vent apportait la fraîcheur de la mer sur la terre et fit frissonner le marchombre. Il sentit une petite douleur un peu plus puissante prendre sa jambe. Il sentait son membre s'ankyloser de ne pas avoir bougé depuis longtemps. Du coup, il tourna un peu, se replaçant dans une position plus confortable. Le maître ne bougea absolument plus, simulant un sommeil lourd, il restait aux aguets. Après plusieurs minutes, il remarqua un manque, une sorte de vide dans les sons ambiants de la nuit. La respiration lente de son adversaire s'était tue. Elle ne pouvait pas être morte, car même les bruits de la brise contre ses vêtements avaient totalement disparus. Ah, le don du Dessin, quelle voie fantastique, quel mystère pour les non-initiés. Ces chemins dans l'Imagination étaient plus qu'attrayant. Pouvoir disparaître, sans un bruit, sans un mot, le rêve ! L'homme se leva en ayant cette petite pensée. Car il ne doutait pas que Marlyn avait utilisé son pouvoir pour s'en aller vite fait. Doucement il épousseta, plus pour la forme que pour l'efficacité, son manteau. Il contempla en soupira les différents trous de ses vêtements. De toute, il avait envie de changer un peu. Son manteau en cuire était parfois lourd, son écharpe chaude et le gênait souvent. Cela allait être un renouveau. Arro tata doucement la plaie au niveau de son arcade. Le sang s'était mélangé à la poussière et avait formé une croûte noire et sale. Il se demanda s'il devait en parler à un rêveur puis décida qu'en fait non, elle ajoutait un peu à son charme et lui rappellerait cette journée infernale. Ses parents auraient des questions, il n'en doutait pas, mais le marchombre savait qu'ils allaient devoir omettre quelque petit passage. Le sang chaud est un trait héréditaire des Skil'Liches, ils s'emporteraient facilement. Arro ne souhaitait pas lier sa famille à ses propres problèmes. Ils comprendraient, de toute façon, il n'auront pas le choix. L'homme haussa les épaules et s'avança vers le lac. Il plongea ses mains en coupe dans l'eau et s'aspergea le visage pour une petite toilette rapide. L'eau était frigorifiée, le marchombre en frissonna. L'idée du bain chaud lui donna un peu de courage et il s'en fut vers le manoir. Le chemin fut long et ses muscles douloureux le lançaient un peu plus à chaque pas. Mais ses pensées n'étaient pas tournées vers ses membres engourdis, il réfléchissait encore et encore, ressassait l'après-midi, le combat, ses ressentiments, ses impressions. Marlyn lui trottait dans la tête, il ne savait pas que faire à propos d'elle. Il n'arrivait plus à la haïr, elle avait fait des choses horribles, certes, mais Arro était fatigué, de courir, de se battre contre le néant. Il avait envie d'une seule chose, vivre ! Avec ses amis, ses apprentis... Avec Kushumaï. Cessez de ressasser le passé, avancer dans le présent. La tête de notre jeune héros se releva, un peu plus souriant. La silhouette de sa maison apparu au loin. La sensation imaginaire d'une eau chaude fictive lui coula chimériquement sur le dos. Cela lui procura une pointe d'énergie et son pas s'accéléra. Bientôt il passa la porte discrètement pour s'engager silencieusement dans l'escalier et alors qu'il allait arriver à la salle de bain, son oreille capta un « KAWABUNGA ». Arro eu juste le temps de se retourner pour voir son père bondir sur lui. Ils tombèrent tous les deux sur le sol.
-Alors, comme ça tu pensais pouvoir rentrer sans que je le remarque ! T'étais où ?
Le jeune maitre marchombre roula sur le sol avec son idiot de père, se releva et grogna en se grattant son épaisse chevelure noire :
-Pas envie d'en parler maintenant.
L'homme glissa par la porte entrouverte de la salle d'eau et la referma à clé. Il se fit couler un bain chaud et s'y glissa avec délice. Puis doucement, apaiser par la moiteur, Arro s'en fut dans les bras de Morphée loin de ses soucis, loin de ses emmerdements, loin de Marlyn.
[Ce fut un plaisir pour moi aussi ] |
| | | Sujet: Re: Face it, Arro, you'd be lost without me! [Terminé] | | | |
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