Fragile flocon face à l'éternelle étoile (RP terminé)

La brise craque, les flocons semblent voleté en mélodie avec un froid de cannard, les arbres gémissent sous le poid de la neige mais surtout sous celui de la solitude.
Le montagne contemple.
Immensément immobile, atrocement immuable.

Une, puis deux paupières se soulèvent pareil à deux voiles sur la scène de l'embrasement du monde. Deux pupilles aussi brillantes que deux étoiles s'alument sous la beauté d'un univers ouaté que la neige sublime à son regard.

Assise sur un promontoir, une jambe se balançant dans le vide glacé, l'autre sur laquelle un coude est apuyé, Anaïel, le dos au rocher, se délecte de l'ahurissante magnificience de ce lieu qui lui a tant manqué.

Gage de sécurité, la pierre commence à tiedire sous la chaleur de son dos.
La jeune marchombre pose ses paumes sur la roche. Chante. Et se souvient.

Le rentaï. Intense monument de puissance et de finesse. De libertée et de beauté. Le lieu marchombre prisé entre tous que seul une minorité peut approcher. Seul une minorité de minorité peut y grimper. S'y immerger.
entrainée par la plus grande des marchombres à ce jour, chaques secondes, chaques heures l'avait rapprochée de se dénouement merveilleux. Elhya et Anaïel avaient voyagées ensemble, l'une faisant le cadeau de son enseignement, l'autre celui de son corps et de son esprits, elles avaient parcouru des distances énormes pour que la seconde soit prete. Dans son sorps et dans sa tête.

Le rentaï l'avait accepté, l'avait greffée et l'avait renvoyée. Avec pour seul adieu un sifflement magestueux et le grésillement de pouvoir sous ses omoplates et celui déja présent mais de plus en plus puissant dans ses paumes.
Il lui avait offert le plus beau des cadeaux, celui de pouvoir arpenter la voie en la survolant.

Et tout ça, Anaïel le devait à Elhya.

Les arpèges vibrant du rocher se firent plus puissants...

L'air, crampé, tendu, avait semblé voler en éclat alors que le cours se terminait. Le gris du ciel était beau. La feuille, frétillant doucement, trop légère, s'envolant. Anaïel.

Le vol d'oiseau n'est rien comparé au Vol Marchombre. Humer la terre et le ciel, être écorce et nuage, chanter le roc et les perles, brûler l'ardoise et les remous, boire le soleil et la vie. Et surtout...Murmurer le vent...
Il commença à neiger. Dans le froid, l'air ralentit ses mouvements, et le vent s'estompa. la couleur du ciel s'éclaircit, passa du gris au blanc. Le rideau s'épaissit. Et là, devant, le fantome des montagnes. Géantes, immobiles, solides. Plantées là, comme des lames d'acier, barrière infranchissable.

Elle se sentait bien, là, dans l'eau glacée de la neige, dans les nuages paresseux, dans le temps figé. Elle lissait s'engourdir le vent, et la neige, ralenti, trop légère qui essayait d'échapper à l'attraction. Mêm en un jour moins beau, rien n'aurait pu entamer sa joie. Joie? peut-être pas. Son intense sentiment de grâce et de legèreté, cette sensation éthérée, cette langueur trop douce...

Là, devant les immenses colosses de force et de hauteur, la frêle brindille, fine et légère, L'Oiseau. Elle semblait murmurer au vent, se targuant de conaître son language, impatiente de raconter ce secret aux étoiles, attendant la couleur de l'aube, solitaire. Elle chantait. La marchombre réfléchit quelques instants, puis se mit à marcher. Légère, mais pas marchombre. Pas vraiment. Elle ne voulait pas se cacher à sa fille de Liberté. Droite, calme, elle avança. Longtemps. Et à ses pieds, échangeant un regard distrait, elle se sentit immensément insignifiante. Elle posa ses mains sur la pierre, et se déliant comme jamais depuis longtemps, laissant son corps être la pierre, elle apprivoisa la roche, affleura ses aspérités et ses creux, chuchota sa liberté. Arrivée au niveau de son ancienne apprentie, elle croisa ses yeux. une infime seconde.

Ses doigts éffleurèrent la courbe de ses épaules, imperceptible souffle de vent, les traits de son visage, la courbe de sa taille, ses jambes fines. Puis elle se retira. La fixant encore longuement. Elle ne ressentait ni joie ni bonheur. Juste fierté, soulagement, désir et nouvelle envie. Une force blanche immuable. Elle murmura:

-Te voila devenue Aile du Vent...

Rien ni personne n'aurait pu entendre ce son, autre que la personne concernée. La marchombre ne quitta pas des yeux l'ancienne corbac.

Les flocons caressaient doucement la peau brune de l'Oiseau. Il attendait.

Et elle sauta.

La montagne frémit, le ciel retint sa respiration. La pierre sous ses pieds semblait tendue, les arbres aux aguets. Le temps avait fait une pause dans son écoulement. La marchombre ne l'aurait dit pour rien au monde, mais elle eut un battement trop fort, et se pinça les lèvres, quelques millièmes de secondes, mais juste assez pour comprendre combien elle tenait à cette jeune fille.

Et ses ailes s'étendirent. Et le vent la porta. Et le ciel sourit. La montagne s'affaissa, et un caillou, rigolard, tomba du rocher et roula jusqu'en bas, cahotant dans les creux et les prises. Elle s'arrêtta, en fin de course, incapable d'aller plus loin, alors qu'Anaïel...Volait.

- Tu es l'Enfant du Ciel...

Le murmure était à peine audible. La jeune fille se fit oiseaux, planant, jouant le vent, soufflant les nuages. Elhya, immobile, les cheveux virevoltant, regardait. L'actrice s'était faite spectatrice d'un spectacle unique. D'une merveille de la nature. Et Anaïel continua à faire rire le vent. Puis, délicatement, avec une douceur trop iréelle, elle revint, et se posa doucement sur la pierre qu'elle avait quitté, peut-être des siècles auparavant. Ses ailes, ses plumes disparurent, en silence.

- Je te retrouves inchangée...

Toujours de Légèreté et de Vent...Toujours Plus près des Etoiles...
Elle sourit. Doucement.

liberé de son secret envers Elhya, Anaïel se sentit plus légère que jamais, enchainant pirouette sur cabriole, entrainant le vent dans son étrange ritournelle, s'amusant de ses défaillances comme il se riait des sienne, elle l'apprivoisa sous les yeux de son maître, de son amie.

Lorsqu'elle se posa sur le rocher, ses yeux d'habitude si brillant semblaient voilés d'une tristesse infinie.

Si elle pleurait interieurement, aucune larme ne vint soulager ses yeux brulant. Après deux ou trois essais pour parler elle lança, presque aressivement tant ses projets lui tordaient le ventre de douleur.
Mais elle tint bon, rien ni personne ne l'empecherais de faire se qu'elle voulait, pas même elle même.

- je vais partir. Et si je reviens un jour ici, vous ne serez plus la.
Je le sens mais que puis-je y faire ?
Une seule chose me manquait, j'avais besoin de vous dire à quel point votre enseignement m'a fait... plaisir. Merci de m'avoir choisi, parmis tant d'autres.
Merci.

Fiere et droite, Elhya ne cilla pas, elle hocha la tête.
Anaïel la vit qui cherchait ses mots, justes quelques mots à offrir à celle qui resterait son apprentie, même si le cap était désormait passé.

Elle aurait du naître Oiseau...

La pensée légère et pure perça son esprit. Elle aurait dû...Mais si elle avait été oiseau...La marchombre l'aurait-elle rencontrée? Guidée? Ainsi explorée? Sans doute pas...

Désormais, elle serait Oiseau...

Cette idée la fit sourire. Anaïel se posa avec douceur sur le promontoire. Elle regarda son élève se faire de nouveau humaine...Humaine? Pas vraiment...Le ciel se reflétait dans ses yeux, parsemé de nuages, de plumes et d'envies.
Et de sa voix aérienne, la jeune fille parla, grave et profonde, pleine de sagesse et d'avenir avorté. Trop juste. Elle écouta calmement et baissa sensiblement la tête. Trop tôt, déja. Elle quitterait l'Académie. Elle quitterait le berceau de leur relation. Comme elle évait quitté le berceau de sa relation avec Ena. Comme elle avait quitté les autres...

- Je serais toujours ici...Tu seras toujours là...L'âme laisse une trace indélébile partout ou elle a touché...

Elle s'arrêtta. Ses yeux se levèrent vers l'Académie, bien plus loin. Trop Grande, Trop Forte...Et si proche de la rupture. Trop Prisonnière d'elle-même.

- Nous allons partir, chacune vers notre Liberté. Mais l'on se reverra, Anaïel...On se reverra avant que les Nuages Sombres de l'Au-Delà n'assombrissent notre ciel...On se retrouvera...

Elle prit dans ses doigts la chaînette qui entourait son cou. Elle détacha le crochet, et avec douceur la replia dans sa main. Le contact de l'Or froid aviva son sentiment d'être enchainée par la fatalité. Elle se battrait jusqu'au bout, elle se l'était jurée...
Elle prit délicatement la chaîne entre ses doigts, et, guidant Anaïel, lui passa autour du cou avant de relier le crochet dans sa nuque. Elle se recula ensuite, et regarda la jeune fille. Le pendentif reluisait.

Un Phénix aux Yeux d'Argent.

- Merci de m'avoir suivie sur la Voie...

le médaillon planter sur sa poitrine irradiait d'une chaleur sans aucun antécédent pour la jeune marchombre.
La chaleur de l'amour. D'une sorte d'amour plus forte que le temps et l'espace. Rien de lui permettrait d'oublier la marchombre qui fut son maître, rien ne pourrait lui faire oublier l'intimité éthérée qui les avaient unient pendant ses trois années.

Elhya était parfaite pour Anaïel, elle qui ne s'attachait jamais à la gente humaine elle avait apris à l'aimer, cette femme.

Et maintenant elle lui offrait un souvenir.
Et maintenant elles se sépareraient. Peut-être pour toujours.

Anaïel n'avait aucun cadeau à lui faire, aucun objet auquel elle tenait à lui offrir, mais plus qu'une valeur fragile dans le temps, elle lui offrait un regard à sa mesure, libre et puissant, un regard de profond repsect enver l'être qu'elle chérissait et qui la chérissait le plus.
La musique du vent retentit, parfaitement éthérée et ilusoire que le doux fantomme d'un amour lointain.

- Merci de m'avoir suivie sur la Voie...

Se à quoi Anaïel répondt d'une voix douce...

- Merci à vous de m'en avoir montré le chemin...et à plus tard...

Elle s'envolla. Tout simplement. En même temps que se détournait Elhya. Aussi sincronisées qu'une seule et même personne. Elle avait raison. Elle serait toujours la, quoi qu'il arrive. Que quelqu'un s'avise de lui faire du mal.
Elle s'envolla vers sa nouvelle vie. Celle qui avait déja commencer.
Elle s'envolle.

Jamais sa musiqu n'avait retentit aussi puissemment.