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 La chronologie s’est perdue en cours de route [Inachevé]

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Shawna Djee
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Bois
Messages : 175
Inscription le : 08/12/2009

MessageSujet: La chronologie s’est perdue en cours de route [Inachevé]   La chronologie s’est perdue en cours de route [Inachevé] Icon_minitimeLun 8 Aoû 2011 - 12:59

Chaque être à son propre pas, chaque pas sa propre sonorité, une façon de marcher, de se balancer d’un pied sur l’autre, d’équilibrer le poids d’une manière qui lui est propre. Chaque pas à ses propres nuances, aussi, ses subtiles différences qui en disent tellement sur les humeurs pour qui sait écouter. Il y avait les pas rapides et secs de ceux qui se rendent quelque part « d’important », ceux déséquilibrés des esprits embrumés, ceux légers et amples de ceux qui se promènent joyeusement avec leurs amis. Il y avait les pas lents de celui qui se promène sans destination et qui bouffe le chemin des yeux, les pas des enfants qui courent aussi vite que leurs petites gambettes le leurs permet, les pas rythmés des coureurs, les pas affolés de ceux qui s’enfuient, les pas volants des voleurs, les pas patauds de ceux qui portent sans se presser leur embonpoint, les pas de canard, les pas asymétriques des estropiés, les petits pas impérieux des nobles, les pas claquant dans les couloirs, les pas silencieux, les pas pieds nus et les pas chassés. Ceux de Shawna étaient vifs, sa marche rapide se transformant souvent en un élan de course, alors qu’elle n’hésitait pas à s’élancer sur le chemin sans se préoccuper des regards. Il y avait ses pas de danseuse, aussi, toujours amples, jamais mesurés, même si elle savait toujours exactement où mettre le pied quand, suivant le mouvement d’une mélodie qui ne quittait jamais sa gestuelle. Elle avait un pas bruyant, celui de ceux qui ne se laissent pas marcher sur les pieds et écrasent les orteils des autres, un pas parfois léger, parfois rageur, parfois désinvolte, selon son humeur. Aujourd’hui, ses plantes se posaient sur le sol des couloirs avec réticence. Moins terre à terre que d’habitude, absentes, presque, elles n’en frappaient pas moins le sol avec force, et c’était sa mauvaise humeur qui se répercutait sur les semelles de ses sandales. Elle avait le pas de ceux qui ne veulent pas aller où ils vont, et y vont en maugréant. Les sourcils légèrement froncés, elle ressassait ses pensées en silence depuis qu’ils avaient passé les portes, et ne devait pas être une présence très agréable pour le jeune homme qui la suivait de près. Tant pis pour lui, cela ne lui importait guère. Elle ne pensait pas à lui, de toute façon – il y avait déjà trop de choses qui pesaient sur son esprit.

- Ca m’énerve !

Elle n’avait pas pu s’empêcher de parler, perçant le nuage de mauvaise humeur d’une flèche noire d’humeur tout aussi sombre, transformant le ciel grisâtre en ciel orageux. Lâcher les mots n’avait fait que l’énerver encore plus, et ses semelles claquèrent plus fort encore dans le couloir alors qu’elle accélérait, ses mouvements sporadiques, alors qu’elle bougeait brutalement avant d’arrêter son bras sans préavis pour le faire repartir dans l’autre sens. Plus elle marchait, plus elle avançait vers sa destination, et plus elle s’énervait. Parce qu’il le fallait ; cela faisait trop longtemps qu’elle repoussait l’échéance, se promenant parmi les autres sans autorisation, et lorsque les cours auraient repris, ce ne serait plus possible de squatter sans l’autorisation de l’Intendant. Elle était au pied du mur, Lael le lui avait bien fait remarquer, et ça l’insupportait. Elle avait commencé calmement, pourtant. Elle savait ce qu’elle avait à faire, même si ça ne lui plaisait pas. « Ca. » Elle n’en expliqua pas un mot, la frustration pure s’échappant de la syllabe pour fuser dans toutes les directions autour d’elle, insaisissable, et la rouler dans une pelote de mots bien définis et davantage compréhensibles ne lui vint même pas à l’idée. De toute façon, Lael comprendrait. Elle n’avait pas expliqué, mais il comprendrait, parce qu’il la connaissait depuis la charrette, et qu’il savait exactement comment elle pensait. C’était parfois agaçant, d’être complètement transparente, de ne rien pouvoir cacher parce qu’on te connaissait si bien, mais la plupart du temps, c’était plutôt agréable. Confortable, rassurant. Il n’y avait pas de questions, pas de places pour les moqueries mal interprétées, parce qu’ils avaient le même dictionnaire, et savait exactement ce que chacun voulait dire par chaque mot, même si sa signification était à des années lumières de la définition commune du mot.

Elle accéléra encore dans les escaliers, les montant deux par deux en courant presque, et c’est sans ralentir qu’elle arriva devant la porte de l’Intendant. Non, qu’elle arriva dans le bureau de l’Intendant, plutôt, parce que la porte fut ouverte si vite qu’elle ne fut qu’un passage, qu’une fraction de seconde, et que ses pieds énergiques l’avaient déjà fait traverser la salle pour ne s’arrêter que lorsque le bureau les empêchèrent d’aller plus loin.. Shawna posa les mains sur ledit bureau, ou plutôt sur un coffret et une pile de parchemins, à défaut d’une surface de bois visible, se penchant un peu vers la figure de l’Intendant qui venait de lever le nez, surpris par l’entrée soudaine de la jeune fille. Un seul mouvement, un mouvement de colère, qui n’avait pas encore terminé et continuait à s’enchaîner, sans une seule pause, alors que les pensées qui la traversaient depuis qu’elle avait vu les murs de l’Académie se transformaient en mots, en mots qui s’échappaient sans retenue, toujours aussi escarpés, sans introduction aucune. Ce n'était pas prémédité, rien ne l'était, mais elle ne pouvait pas s'en empêcher, ne pouvait retenir ni ses pensées, ni ses mots, ni ses gestes.

- …Je déteste, DETESTE cette Académie, d’accord, et j’ai aucune, mais alors AUCUNE envie de devenir un numéro de plus dans ses rangs ! Y a des saletés d’aristocrates qui prennent les autres pour d’la bouillasse, comme partout, mais en plus y a une bande d’orphelins PLEURNICHARDS qui passeraient leur temps dans les jupes de leur mère s’ils le pouvaient encore, les trésoriers n’ont absolument aucune morale, personne n’a aucune valeur ici de toute façon, les domestiques savent pas tenir un balai, c’est toujours l’élite l’élite l’élite on est les plus forts ouais mais en attendant elle vient de se casser la gueule, cette Académie, et y en a pas plus de deux qui savent recevoir une pique sans se vexer et sortir les poignards dans l’instant qui suit « Oh Dame j’vais la tuer elle a dit qu’elle aimait pas la couleur de mes chaussettes ! », même les profs sont de gros déprimés derrière leurs jolis chapeaux et leurs services à thé, et je parle MEME PAS du sens de l’humour de la populace ou du fait que l’Intendant n’est jamais dans son bureau quand on en a besoin, sauf quand on a pas envie qu’il y soit, t’avais pas besoin d’aller vérifier que tout le monde est bien couché là parce qu’il commence à être tard non, le soleil pourrait se coucher BEAUCOUP plus tôt aujourd’hui et t’imagines pas si les pauvres petits sont dans les couloirs quand il fait noir, ils pourraient se tordre le petit orteil ! Mais tu sais quoi ? Y a qu’ici qu’on peut apprendre à se battre correctement apparemment, et encore, si t’as trouvé un nouveau prof de combat satisfaisant depuis que l’ancien a pris la poudre d’escampette, et moi j’en ai marre de chercher partout pour quelqu’un capable de me supporter plus de deux jours et vous au moins vous acceptez tout le monde, même les crétins c’est pour dire, et puis en plus y a ces stupides cours de Dessin, mais ça j’en parle même pas parce que c’est vraiment pas la peine de gâcher de la salive pour des âneries pareilles, alors j’viens ici, mais j’peux te dire que le moment où je trouve une autre solution, j’me casse.

Elle se tut aussi brutalement qu’elle avait commencé à parler, le besoin de reprendre sa respiration se faisant cruellement ressentir, et ne reprit pas – calme après la tempête, peut-être, en tout cas, elle ne savait plus quoi dire, et resta immobile, les mains toujours posées sur le bureau, incapable pour le moment de répercuter intérieurement tout ce qu’elle venait de lâcher sans faire attention à ce qu’elle disait, trop prise dans l’engrenage, encore, pour en prendre conscience à un niveau autre que celui des tripes…

[Prio Lael]

Laelith G. Eisao
Laelith G. Eisao

Eleveur de Canassons
Messages : 12
Inscription le : 30/08/2010

MessageSujet: Re: La chronologie s’est perdue en cours de route [Inachevé]   La chronologie s’est perdue en cours de route [Inachevé] Icon_minitimeJeu 11 Aoû 2011 - 22:00

On respire. Tout s’embrouille, tout devient incohérent, les couleurs en patchwork dansent et virevoltent sans rythme, on se sent ivre, les sens exaltés, les mots bondissent, tous les repères s’effacent traitreusement. On n’attend plus que l’inexorable chute, et pourtant, l’équilibre se maintient. C’est ce qui arrive lorsque l’on est alcoolisé, ou drogué. Or, à l’instant même, Lael n’était ni l’un, ni l’autre. Son dernier verre remontait à la veille, et il doutait fortement que le morceau de gâteau – avec lequel il venait de manquer s’étouffer, et qu’il avait recraché sans aucune grâce – ait été préalablement imbibé d’une quelconque substance psychotrope. A vérifier. Lorsqu’il aurait davantage de temps, dans l’immédiat, il y avait plus urgent : Reprenons mot à mot la phrase que Shawna venait de prononcer.

« Moi aussi, j’veux être décoratrice. Alors j'repars. A Al Poll. C'est l'seul endroit où ils acceptent les nouveaux sans expérience... »

Gabriel fit maints efforts, tournant les mots dans tous les sens, les agençant dans des ordres plus farfelus les uns que les autres, les anagrammant à tout va, supprimant des lettres, mais rien n’y faisait : Shawna venait d’émettre la pire absurdité qui soit. Avec un petit peu de recul, il se rendrait compte que ça ne l’était pas entièrement. Et puis, cela contrariait singulièrement ses plans : Elle venait de faire flamber l’annonce qu’il voulait lui faire, sa mise-en-scène théâtral du fils quittant les Ecuries de la Lyre Blanche pour suivre le chemin de la Gloire. Non, définitivement, elle ne pouvait pas faire ça. Mais si c’était vrai … l’Académie ne savait pas encore à quel danger elle s’exposait.

___


« La grande Académie de Merwyn ne te survivra pas. »

Sur le trajet qui devait mener les deux jeunes gens à Al-Poll, il n’avait pas cessé de saler copieusement la mauvaise humeur de Shawna, qui n’en démordait pas. Ils allaient à allure lente, le bruit des sabots sur les cailloux avivait le sourire du jeune homme, mais rendait le rejeton Djee totalement indifférente. Il avait du mal lui-même à comprendre ce qui le motivait à accompagner la gamine, mais il se plaisait à le justifier.

« Heureusement que ton Chevalier sera en mesure de la préserver. »

Et il chevauchait allègrement, les cheveux au vent, fredonnant des chansons d’enfants que le défilement du paysage tirait de sa mémoire, souvenirs des voyages avec ma caravane. Les paroles ne lui revenaient que par bribes, sur certains refrains, aussi se contentait-il de siffler, la plupart du temps. Les sons de la caravane, les jeux, les inconnus, le mouvement perpétuel de la caravane lui revenait sans mal en mémoire. Ce trajet à deux lui semblait, par contraste, bien vide et morne. Mais ça n’était qu’un détail. Les silences – d’ordinaire plutôt rares entre eux – ne les avaient jamais gênés et cela ne commencerait pas aujourd’hui. Les pensées du jeune homme en profitaient pour s’orienter librement vers le grand homme qui se trouvait au bout du chemin. L’Ecurie Eventée (EE), installée à Al-Poll, était dirigée par Sire Arthyr Ecal, d’origine bourgeoise, et dont le succès avait ouvert les portes de prestigieux cercles nobles. Mais avant tout, c’était un ami de Cyric Eisao, défunt grand-père de Lael, et un virtuose dans le domaine qui l’intéressait : L’art équestre. Probablement le jeune homme l’idéalisait-il un peu, mais il était gonflé d’adrénaline à l’idée de recevoir l’enseignement de ce Maître en la matière. Bon, évidemment, il allait devoir honorer ses engagements : A savoir, trouver quoi faire à l’Académie afin de surveiller le monstre incontrôlable qu’y serait Shawna.

Il suivait avec un large sourire le pas violent de sa fiancée, que l’idée de se plier aux enseignements de cette école élitiste semblait ravir. Il mourrait d’envie de lui envoyer un-demi million de piques brûlantes, mais par-dessus tout, il tenait à la vie. Aussi s’abstint-il tout commentaire, se tenant, tranquille, dans la trajectoire de la furie. Il ne préférait même pas voir son visage. Les propos qu’il avait tenus au saltimbanque, quelques temps plus tôt, sur ce qu’il pensait de cette institution lui revinrent en mémoire. Il tenta de les chasser, mais il ne parvint qu’à faire le vœu silencieux de ne pas croiser le jeune garçon pédant au sein de l’Académie : Il serait bien embêté d’avoir à justifier sa présence en ce lieu qu’il avait dénigré avec joyeuseté. Ca n’étaient que des détails, après tout. Les couloirs étaient habités d’un tas de phénotypes différents (sales types, braves types, pauvres types, …).

Waow, après se silencieux voyage, qui lui semblait presqu’un recueillement, il comprenait enfin : Elle avait économisé ses mots pour les balancer en bordel dans le bureau de ce qui ressemblait vaguement à un Intendant – Il en avait le bureau, le titre, les papiers, la prestance, la classe, la stupidité. Ne lui manquait qu’à inspirer le respect, ce qui ne marchait manifestement pas avec Sha. Bien, un-zéro. Lorsque la demoiselle prit enfin le temps de respirer, son jeune Chevalier fit quelques pas en avant, droit, s’éclaircit légèrement la gorge avant de prendre la parole – il n’avait absolument pas révisé, ne restait qu’à improviser.

« Sinon, moi, c’est Gabriel … »

Sur quoi, s’étant suffisamment avancé, il osa poser ses yeux sur le visage de Shawna – qu’il ne voyait que de dos, depuis un petit moment déjà, pour découvrir la rougeur de sa peau et ses yeux, somme toute assez peu paisibles, indéniablement. A priori, elle ne préparait pas un nouveau discours emmêlé, ce qui encouragea Lael à reprendre la parole, afin de compléter et éclaircir le message masqué dans ses propos :

« Ce qu’elle essayait de dire, Monsieur, c’est qu’elle serait ravie de pouvoir recevoir les enseignements qui pourront lui être dispensés ici. Quant à moi, je suis le Digne Chevalier et fiancé de cette charmante demoiselle, et je suis ici afin d’assurer la sécurité de votre Académie, une fois que Shawna y aura mis les pieds … »

Il prit une profonde inspiration, pour terminer :

« … Et accessoirement, pour suivre les enseignements que pourrait me dispenser le Fauconnier, si vous en avez un, comme toute grande seigneurerie se doit d’en avoir. »

L’idée semblait avoir fleuri à l’instant dans sa tête, mais y tournait en réalité depuis quelques jours déjà.

« Si vous avez des papiers à nous faire signer, ou d'autres futilités du genre, je pense que vous ne devriez pas trainer … »

Faisant mine de baisser le ton, avançant sa tête au dessus du bureau, plaçant sa main sur le côté de son visage pour masquer sa bouche à Shawna, en aparté à l’intendant, il ajouta :

« … Ces dames sont capricieuses, il ne faudrait pas que celle-ci s’impatiente, n’est-ce pas ? »

Il se mit à pianoter sur le bureau.


Jehan Hil' Jildwin
Jehan Hil' Jildwin

Intendant de l'Académie
Messages : 548
Inscription le : 13/07/2008
Age IRL : 84


MessageSujet: Re: La chronologie s’est perdue en cours de route [Inachevé]   La chronologie s’est perdue en cours de route [Inachevé] Icon_minitimeDim 14 Aoû 2011 - 20:43

Au départ, c’était censé être une journée normale.
Pour autant qu’une journée où Jehan ouvrait les paupières puisse être qualifiée de journée normale.
Il aurait dû se douter de quelque chose. Le lait avait tourné ce matin dans les cuisines, et la tarte à la pomme qu’il avait demandé qu’on lui prépare était arrivée avec une demi-heure de retard. Il aurait du percevoir ces signes célestes. Il savait qu’il aurait du. Ils étaient trop évidents. Mais il avait continué son petit bonhomme de chemin, vagabondant dans les couloirs avec sa tarte, réprimandant et fustigeant des élèves au passage, pinaillant avec des professeurs sur les procédures de la journée, se prenant le bec avec le cuisinier parce que ce dernier trouvait que les livraisons d’orge se faisaient rare ces derniers temps, signant quelques autographes pour ses admirateurs, prenant la pose pour les artistes sur son passage…
Bref, une journée tout à fait normale.
Il avait même pris une initiative tout à fait génialissime, digne de son génie naturel. Il avait décidé de commencer à ranger son bureau. En effet, il avait eu du mal à ouvrir la porte pour entrer dedans aujourd’hui ; c’était signe qu’il fallait faire un peu de rangement. Rien de transcendant, tout de même, il avait encore un peu de place pour écrire sur ses genoux, en se mettant sur le bout de sa chaise. Rien d’urgent. Il déplaca donc quelques piles de dossiers, descendit les plats et les verres sales, et fit quelque chose d’outrancier : il ouvrit la fenêtre pour aérer. Jehan ne faisait évidemment jamais ça : le vent était bien trop perfide, et détruisait l’ordre méticuleux de ses papiers en les faisant voler dans la pièce. Et puis il risquait de tomber dans le vide en ouvrant la fenêtre, la balustrade ne lui arrivait qu’au milieu du torse, c’était encore bien trop bas pour ne présenter aucun risque.
Bref, fier de lui-même et de son sens aigu de la propreté, Jehan s’était remis au travail, dans son bureau rangé. Il n’y avait plus trace de quoi que ce soit de comestible entre les quatre murs. Bon, les piles de dossiers, les objets épars, les bibelots et autres parchemins de la plus haute importance, tout était encore explosé dans la pièce un peu partout, et particulièrement sur son bureau, mais ils n’allaient pas se sauver sur leurs petites pattes. Il rangerait plus tard.

*

Non, vraiment, il aurait du se douter que ça n’était pas une journée normale. Il se trouvait présentement assis à son bureau, décoiffé et décontenancé par un ouragan qui était entré dans la pièce. La tête lui tournait. Ses habits étaient froissés. Sa plume suspendue dans les airs, dans un geste interrompu pour y remettre de l’encre. Il avait la bouche bée, et les idées en vrac. Et maintenant, un jeune homme venait d’apparaître de nulle part, et lui disait des choses.
On aurait presque dit des mots. Enfin, il y avait des lettres qui valsaient, il lui semblait reconnaitre des syllabes, il pouvait même associer les sons. Mais quand à se souvenir de son propre nom, Jehan en était bien incapable. D’ailleurs, cette narration n’a aucun sens, puisque même le narrateur a oublié le nom des protagonistes, soufflé qu’il est par la bourrasque qui a explosé la porte en entrant, et déversé un raz de marée de sons. On aurait presque dit des mots.
Il y a un problème dans la machine, Capitaine. Comment suis-je censé raconter ce qui se passa ensuite, tandis même que je ne connais plus mon propre nom, ou celui du protagoniste, tu sais, là, le bouclé, celui qui a l’air d’un poisson sorti de l’eau, qui est comme deux ronds de flanc ? Improvisons.


- … Certes.

Après cette réponse insensée, sans rapport ni considération pour ce qui venait d’être dit, et d’ailleurs Jehan n’était pas encore dans un état où il pouvait dire s’il avait deux yeux, ou s’il s’agissait de ses oreilles, après ce mot jeté comme une bouée à la mer de sa perdition, donc, l’Intendant de l’Académie se leva lentement de son bureau, les yeux caves et le regard vide (ou s’agissait-il de ses oreilles ?) et sortit de la pièce sans un regard en arrière pour le reste du monde, en murmurant un éthéré et rêveur « ttendeziciuninstantjereviensj’aibsoind’air». Il ferma la porte derrière lui, cette belle porte qui avait eu une crise cardiaque, il le savait, et qu’il faudra encore rassurer des heures sur les risques d’être une porte d’Intendant. Ses pas fantômatiques le menèrent, tout chamboulé et tout perdu qu’il était, vers une salle d’eau voisine. Son reflet dans le miroir lui confirma qu’il n’existait pas, ou tout du moins, qu’il ne savait pas qui le regardait en face de lui. Il se palpa tout le corps, pour vérifier qu’il n’avait rien perdu dans l’épreuve. Bon, ses oreilles se trouvaient toujours sous ses sourcils et de part et d’autre de son nez, il ne devait pas être si amoché que ça.
Jehan, voilà. Il s’appelait Jehan.
Oh, et tiens, d’ailleurs…

-RAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHH !

Ah, ça fait du bien.
Il referma précautionneusement la porte de son bureau en revenant, de manière à ne pas lui causer de coup de sang supplémentaire. Et s’assit tout aussi précautionneusement sur sa chaise, pour éviter de déclencher à nouveau la bombe qui venait d’exploser dans son bureau. Et c’était qui la fille qui venait d’apparaître à côté du jeune homme, d’ailleurs ? Ah oui, c’était elle la bombe. Voilà, il se rappelait. Bon, quant à savoir le nom du narrateur qui dévoilait ses aventures au monde, il verrait plus tard. Il s’éclaircit la gorge –vérifia une nouvelle fois qu’on avait pas planqué d’ouragan sous son bureau, et recoiffa ses cheveux dérangés par la bourrasque- prit la parole, d’une voix encore un peu rauque de son amnésie temporaire :

- Humm oui donc, certes. Vous disiez ? Ah, oui, voilà. Sieur Gabriel, votre requête me pose un léger problème, étant donné que notre dernier Maître Fauconnier a disparu subitement la nuit dernière.. il se plaignait d’un bouton dans un endroit improbable, ça aurait d’ailleurs du me mettre la puce à l’oreille… Non, attendez. Ca c’était l’année dernière. A moins que ça ne date de l’année d’avant ? scratch Bref ! Je rembobine. Je puis donc vous mettre en apprentissage avec notre digne Maître Fauconnier – comment il s’appelle déjà ? Jehan Hil’Jildwin ? Non ça c’est le jardinier… Wareth ! Oui, voilà. Wareth Gilth.


Il se racla à nouveau la gorge, et prit précautionneusement un bibelot fragile sur lequel l’espèce d’ouragan personnifié avait mis les mains, et le retira doucement de sa prise, pour le mettre délicatement dans un de ses tiroirs. Expiration. Toujours tourné vers le dénommé Gabriel, il fit un geste vague en direction de l’autre entité bipède bizarre de la pièce, qu’il n’osait nommer de peur de devoir encore vérifier qu’il avait bien les deux yeux de chaque côté de la tête.


- Quant à votre charmant animal de compagnie, je crains qu’il ne nous pose un problème. Vous comprendrez que nous ne pouvons le mettre avec les autres dans les écuries de notre Académie, il risquerait d’énerver les autres animaux, et certains chevaux sont encore relativement nerveux. Ca serait bien dommage que la rage se propage parmi des bêtes d’aussi bonne lignée… Je peux cependant vous proposer de réaménager la vieille cabane, elle est suffisamment loin des écuries, et en y rajoutant des planches de bois de fer, vous n’aurez pas à vous inquiéter de la moindre évasion ou blessure pour votre animal. Je suis sûr que vous comprenez, les normes de sécurité, tout ça…


Shawna Djee
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Bois
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MessageSujet: Re: La chronologie s’est perdue en cours de route [Inachevé]   La chronologie s’est perdue en cours de route [Inachevé] Icon_minitimeMar 30 Aoû 2011 - 14:29

[Pas d'internet régulier avant la semaine prochaine au plus tôt, mais en attendant, cadeau I love you ]

Elle était comme un ballon en plastique, dans lequel on aurait soufflé, soufflé, soufflé, pour le faire gonfler, gonfler, gonfler, les joues rouges, les oreilles bourdonnantes, la tête protestant en sifflant contre ce trop d’air rejeté, et puis parce qu’elle n’en peut plus – la tête -, elle envoie un signal, saute les synapses avec une aisance arachnéenne, et oblige les muscles réfractaires à tout lâcher. Le ballon traverse les airs dans un capharnaüm indescriptible, se vidant par ses lèvres, percute un mur, et tombe comme une crêpe sur le sol, ou comme une carpe trop stupide qui après avoir sauté hors de l’eau, remue sur la rive après avoir raté la mer. On regarde toujours les ballons vides avec méfiance, au début, comme si on craignait qu’ils ne se remettent à voler partout en causant les bruits les plus atroces, et c’était exactement comme ça que Jehan la regardait, maintenant qu’elle s’était tu. Mais il avait bien fallu qu’elle éclate – presque un an qu’elle connaissait l’existence de l’Académie de Merwyn, et qu’elle refusait obstinément de s’y inscrire. Une saison, qu’elle y entrait sans autorisation aucune, les gardes l’ayant vu tellement de fois qu’ils la croyaient résidente ici ou, en tout cas, ne questionnaient aucunement son droit de frotter ses pieds sur le carrelage merwynien, quand ce n’était pas Kylian qui la laissait passer avec un grand sourire ou une mine faussement sérieuse oui-je-suis-un-bon-garde-et-tout-et-tout. Une saison qu’elle traînait dans les parages sans se plier aux exigences nécessaires pour y rester vraiment, comme elle avait décidé qu’elle le ferait au printemps, à Al Jeit. Mais il fallait bien le faire, à un moment où à un autre. Ce soir, c’était le bal, dans deux jours, le début des cours, et elle n’y aurait pas accès si elle n’avait pas une jolie bague au doigt. (Remarquez la cohérence avec le post pré-précédent. Non mais c’est mouvant la chronologie, en rp.)

Nécessité oblige, elle s’était enfin officiellement rendue dans le bureau de l’Intendant, Lael sur les talons – elle ne savait pas trop pourquoi il s’était décidé à lui servir de Chevalier-Servant, ni où il voyait le moindre atour de Grande Dame sur sa personne, ni ne comprenait pourquoi il tiendrait tant à préserver une Académie qui ne le méritait pas. Au fond, ce n’était que des détails sans importance, l’essentiel étant qu’il était là. Il était là, avec ses ritournelles venues d’antan qu’ils avaient appris ensemble, aux genoux de Leyah ou d’Ombeline, il était là, avec les odeurs flottantes du ranch sur les talons, et il avait un morceau d’Al Jeit dans sa poche, qu’il partagerait, le temps venu, comme il avait partagé son bout de pain plus tôt dans la journée. Elle supporterait mieux Al Poll, s’il était dans le coin. Peut-être même qu’il avait raison, et qu’il serait en mesure de préserver l’Académie du fléau qu’elle pouvait parfois être – bon, d’accord, qu’elle était en permanence. Il la mettait de bonne humeur, habituellement, même quand elle le camouflait derrière de fausses colères au travers desquels il voyait comme à travers le verre, ou qu’elle lui lançait des piques qu’il lui renvoyait pour qu’elle les lui renvoie encore et encore et encore. Ils s’amusaient. Al Jeit avait été le terrain de jeu de leur enfance, et les avait sustentés, protégés, laissés s’épanouir ; la ville s’était étalée à leurs pieds, et avait fait d’eux les plus vils des corsaires, les bandits les plus redoutés, les chevaliers les plus courageux. Ils avaient été Maîtres de la Ville comme ils avaient été Rois de la Colline, Souverains du Ranch, Princes des Rues. Le monde était à eux, et personne n’en doutait. L’Empereur lui-même se prosternerait devant leur maîtrise des lieux. A présent, ils étaient en terres ennemis, loin de leurs contrées natales, et dans les ruelles froides de la cité nordique, ils n’étaient plus que des mendiants qui ont tout à refaire ; mais au moins, ils étaient deux, et Al Poll, au lieu de rester le symbole d’une voie qu’elle ne voulait pas suivre, devenait l’extension d’un terrain de jeu qu’elle adorait enfant, et dont elle comptait bien connaître chaque miette de la carte.

Sauf qu’elle avait oublié Lael pour laisser les pensées noires tourner comme des rapaces et faire cliqueter leurs serres, juste à ses oreilles. Elles avaient rempli son crâne, non pas d’air mais d’acide, jusqu’à ce que celui-ci relâche toute la pression – et on en revient au ballon vide, au regard de l’Intendant, et on a fait le tour. Il pourrait fermer la bouche, au moins. Certes, tout le monde ne devait pas lui jeter ses quatre vérités à la figure tous les jours, mais il pourrait au moins lui dire de foutre le camp, au lieu de jouer à imiter une statue à la cervelle figée. Elle ne savait pas si c’était elle qui était impatiente, ou l’Intendant qui était long à la détente – sûrement les deux, parce qu’on lui avait déjà fait remarquer la première hypothèse, et que Lael le devança.

La présentation, sur un ton léger, trancha tellement avec la frustration qui avait noyé sa tirade qu’elle en fut elle-même hébétée, et qu’elle lança à Lael un regard digne de celui que Jehan venait de lui jeter. Comme si elle prenait soudain conscience d’à quel point elle s’était laissée emportée, et de la futilité de la totalité de ses propos – « sinon, moi, c’est Gabriel. » Repoussée sur le côté, sa tirade, comme un vulgaire trognon de pomme qu’on jetterait dans un ravin. L’effet fut immédiat. La légèreté de Lael était une gomme à soucis. A moins que ce ne soit parce que les ballons vides n’ont plus rien à donner. Du vide ressort le vide. Quoique le nihilisme n’avait jamais été l’une de ses caractéristiques – plutôt le contraire. En tout cas, ses épaules se détendirent et baissèrent d’un cran, et c’est calmement qu’elle fixa l’Intendant, sans ciller cependant. Avant de tourner violemment le regard vers Lael. Oh, pas pour les fiançailles et la chevalerie – qu’est-ce que c’était que cette histoire de fauconnier ? Elle croyait qu’il allait apprendre la voltige à l’Ecurie d’en face, pas entrer à l’Académie. Elle avait envie de protester, déjà, et en même temps, une balle rebondissante – de joie – lui sautait dans le ventre. « Je n’ai pas besoin de chevalier, tu sais, et je suis tout à fait capable de me tenir, je ne vais pas détruire l’Académie à chacun de mes pas. De toute façon, tu fais un piètre chevalier, sans même une épée au côté – et les destriers blancs ne te conviennent pas, tu sais très bien que c’est sur un alezan que tu es le plus… » Ah, mais non, ce serait lui faire un compliment. « Chevalier ? Espion, plutôt, non ? T’as oublié ton masque, Gaby, tu ferais mieux de retourner le chercher. A Al Jeit. » « Tu tiens vraiment à pourrir mon apprentissage plus qu’il ne l’est déjà ? J’étais là avant, casse-toi, si tu veux t’amuser aux dépends des idiots qui peuplent les lieux, t’as qu’à t’inscrire à l’Académie d’Al Poll. Ou trouver une fauconnerie dans le coin. » « Ce n’est pas parce que je n’avais pas envie de venir ici que tu as le droit de me voler la vedette. Fallait te réveiller avant. » « Désolé, Gaby, mais y a de la place que pour deux personnes de la même famille, ici, c’est écrit dans le règlement. Lohan et moi, ça fait deux, t’es à la bourre. » Elle avait envie de lui dire qu’elle ne le voulait pas là, qu’elle se débrouillait très bien toute seule, et qu’il était hors de question qu’il regarde par-dessus son épaule en permanence. Qu’elle avait accepté de s’inscrire, et que ce n’était pas pour traîner son fiancé dans les couloirs. Elle voulait lui dire qu’il la faisait chier, voilà, mais à la place, elle avait comme un sourire sur le visage – pas un vrai, parce qu’elle ne voulait pas, et qu’elle avait toujours les sourcils froncés, mais un sourire intérieur, géant.

N’empêche que fauconnier, c’était nouveau. Pourquoi est-ce qu’il ne lui en avait pas parlé, d’abord ? Pourquoi est-ce que cet inconnu bouclé et particulé était au courant avant elle – puisque même s’ils entendaient les mots en même temps, c’était à Jehan que Lael s’adressait – que son cousin s’intéressait aux oiseaux ?

…Ah, mais oui, c’était elle qui avait imposé le silence, pendant tout le trajet. Elle l’aurait sûrement mordu, s’il avait voulu parlé.

Pas une raison. Elle aurait dû savoir. Il aurait dû lui dire quand même. Elle profita de l’absence momentanée de l’Intendant, qui décidément était bien peu réactif et ne savait visiblement pas comment vivre à l’extérieur de ses instructions bien taillées « bonjour je m’appelle truc je viens pour devenir machin », « bienvenue vous serez à bidule la porte c’est par là », pour faire part de sa désapprobation à Gabriel.

- T’as rien trouvé de mieux que fauconnier ? L’odeur du crottin de cheval ne te suffit plus, tu veux sentir la fiente de piaf aussi, maintenant ?

Une manière comme une autre de lui demander ce qu’il foutait. Et elle aimerait bien la réponse avant le retour de l’Intendant. Qui avait l’air un peu plus frais, maintenant, d’ailleurs. Shawna ne le quitta pas des yeux une seule seconde, alors qu’il revenait s’installer derrière son bureau, ses mains brunâtres toujours posées sur le meuble. Il s’adressa d’abord à Lael, et elle en fut légèrement agacée – elle avait parlé d’abord, était rentrée d’abord, connaissait l’Académie d’abord, c’était elle qui devait être acceptée d’abord – ou refusée, mais elle ne laisserait pas une chose pareille arriver, pas maintenant qu’elle était décidée, et qu’elle avait fait l’effort de venir ici pour le prouver. Et puis il ne la regardait pas, il bougeait tout doucement, comme s’il avait peur qu’elle lui saute à la gorge. Trouillard. L’homme à la tête de cette élite désœuvrée était un trouillard qui tremblait devant une fille qui avait moins de deux fois son âge. C’était pathétique. Quand il retira le bibelot, elle retira ses mains de sur le bureau, et croisa les bras, attendant qu’il finisse – enfin – les formalités. Elle en avait déjà marre, de ce bureau. Qu’est-ce qu’il pouvait être lent. Ah, enfin, il parl-

Animal de compagnie ?

Elle n’en croyait pas ses oreilles. Non seulement il lui faisait l’impolitesse de parler d’elle sans s’adresser à elle, comme si elle n’était pas dans la pièce, mais en plus, il la comparait à un animal, proposant de l’envoyer à la niche, à défaut de place à l’écurie ? Elle le fixa, de ses yeux de braise, son visage vide de toute expression. Elle ne savait pas si elle devait s’énerver de son impolitesse, elle qui était si mal placée pour la pointer du doigt au vue du nombre de vulgarités qu’elle proférait et de personnes qu’elle ignorait avec dédain, ou si elle devait éclater de rire devant l’absurdité de ses propos. Les prendre trop à cœur, et s’enflammer à nouveau, ou les piétiner dans la boue comme les futilités qu’ils étaient. Elle ne savait pas si elle devait se réjouir que cet Intendant ne ressemble pas à tous les autres, et avait fini par retrouver la parole, ou si elle devait le mépriser. Elle avait plutôt envie de rire, en fait – c’était tellement rare, qu’on lui fasse de tels affronts, qu’on ose l’insulter. Surtout de la part d’un adulte. A Al Jeit, à Al Chen, à Al Vor – ils mettaient tous des chaussons, et lui tendaient du sucre, en espérant qu’elle se calmerait, avant de regretter de devoir se débarrasser de l’animal intempestif qu’elle était, pleurant le fait qu’ils n’avaient pas réussi à la dresser. Hil’ Jildwin avait au moins l’avantage de ne pas cacher ses pensées, même s’il mettait quand même des gants. Et bien, elle avait de l’humour – mais n’irait pas jusqu’à exploser de rire, il risquait de ne pas prendre sa tirade précédente au sérieux, après. Et puis elle avait de la fierté, aussi – s’il devait l’ignorer, faire comme si elle n’existait pas, alors elle ferait de même, et ne ferait pas l’erreur de lui adresser à nouveau la parole. Elle se tourna vers Lael, et mit sa main droite sur sa poitrine.

- Tu vas le laisser m’insulter ainsi, Ô Preux Chevalier de mon Cœur ?

Elle le regarda d’un air blessé, mais perdit rapidement sa face de comédienne, sans lui laisser le temps de répondre ni à elle ni à l’Intendant.

- Non mais en fait j’en ai marre, qu’on en finisse et vite. Elles sont là dedans, les bagues ?

Et elle attrapa une boîte posée sur le bureau.

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La chronologie s’est perdue en cours de route [Inachevé]
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