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 L'originalité d'origines dont il ne vaudrait parfois mieux pas être originaire [Inachevé]

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Tuuli Kilang
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Domestique de l'Académie
Messages : 72
Inscription le : 11/12/2010

MessageSujet: L'originalité d'origines dont il ne vaudrait parfois mieux pas être originaire [Inachevé]   L'originalité d'origines dont il ne vaudrait parfois mieux pas être originaire [Inachevé] Icon_minitimeMer 27 Juil 2011 - 23:46

Tuuli Kilang, domestique à ses heures, s’examinait dans la surface réfléchissante d’un verre aussi poli qu’il lui arrivait de l’être devant les personnes dignes d’un tel comportement, tout en étudiant la position dans laquelle elle se trouvait. Position qu’elle avait adoptée huit mois auparavant, jour pour jour. D’où l’examen intense qu’elle faisait de sa personne en cette instant, prétexte pour un court bilan des mensualités passées. Un seul fait notable en ressortait : elle avait travaillé. Ses yeux étaient cernés, son front ridé par l’effort, ses mains rêches et ses jambes alourdies et fatiguées. Physiquement parlant, il y avait mieux à faire. Mais Tuuli ne parvenait pas à regretter. Elle avait toujours réussi à se satisfaire de n’importe quelle situation tant que personne n’était là pour lui faire remarquer que ses choix laissaient à désirer. Lorsqu’elle était seule, donc, elle parvenait à s’extasier sur ses propres exploits en matière de ménage et service comme le guerrier regarde son épée avec fierté une fois l’ennemi vaincu.

Restait le regard de certaines personnes. Il était vrai qu’elle n’avait pas opté pour le métier le plus reluisant au monde, surtout venant de son monde à elle. L’importance de ses origines continuait, à ses yeux, à outrepasser tout ce qu’elle avait entrepris par elle-même depuis qu’elle s’était mise à travailler. C’était son bouclier et elle en usait avec joie. Elle n’avait toujours pas dit d’où elle venait exactement mais son éducation lui avait appris comment susciter le respect en tant que noble. D’ailleurs, il serait peut-être temps qu’elle le voie pointer le bout de son nez ce respect qui lui était dû. Très bien, désormais elle agirait avec dignité et force. Elle était la grande Tuuli, la noble au courage invincible qui la poussait à commettre des tâches indignes de sa condition. La noblesse ne s’apprend pas, on nait avec. Et puisqu’elle avait eu cette chance, autant en jouer.

La domestique se redressa. Elle n’avait pas fini sa journée, à vrai dire, elle l’avait à peine commencée car aujourd’hui une lourde tâche lui incombait : faire l’inventaire de tout ce qui se trouvait dans la réserve et balayer un peu ce qui ne l’avait pas été depuis bien des années – parce que la poussière dans la nourriture c’est assez peu recommandé. Certes en temps normal une domestique embauchée pour manier le balai n’avait jamais eu à compter quoique ce soit, tout spécialement dans des caves bien sombres. Or donc, il semblait qu’étrangement peu de domestiques avaient trouvé le refuge dans cet immense bâtiment, ou qu’en tout cas ils étaient bien discrets. Et puis, elle était une des rares domestiques à pouvoir écrire ce qu’elle venait de compter. Personne, autre que les cuisiniers et leurs apprentis ou commis, n’était supposé entrer dans les caves, excepté sur ordre. Cependant, les dites caves abritaient le garde-manger et quoi de plus tentant que de puiser l’eau à sa source, soit dit en passant bien moins protégée que l’embouchure du fleuve.

C’était donc parmi les diverses boissons et denrées séchées donc impérissables que la jeune femme allait passer sa journée. Chandelle dans une main, balai dans l’autre, comme à son habitude, Tuuli descendit les marches qui la séparaient de son dur labeur. Le maniement de cet arme redoutable n’avait désormais plus de secret pour elle et si elle en était fière, elle ne pouvait s’empêcher, par moments, d’envier une position plus honorable et surtout moins ennuyeuse au sein de l’Académie. Puis, toujours comme elle en avait l’usage, elle se reprenait vite en considérant le peu de capacités utiles dont elle avait été dotée. Peut-être devrait-elle apprendre comment s’occuper d’autres activités. La simple idée de passer le restant de ses jours entourée de poussière était inenvisageable. Se rassurant dans l’idée que rien n’était jamais fixé, Tuuli donna plus d’ardeur à ses mouvements. Plus vite la tâche effectuée, plus vite la bibliothèque retrouvée et ainsi dans l’imaginaire être plongée.

Bien. Balayer d’abord, compter ensuite. Mais par la Dame comment donc avait-on pu laisser les choses se dégrader à ce point ? Diverses toiles envahissaient les lieux, des monticules de particules volantes trônaient au sol et de petits habitants non désirés avaient trouvé refuge dans des sachets mal fermés. Tuuli se jura de ne plus jamais toucher un haricot de sa vie, ce qui en soi n’était pas un réel sacrifice mais plutôt une délivrance. La corvée serait finalement sans doute à étaler sur deux jours.

Au bout de quelques heures de nettoyage, la domestique pris siège sur une caisse en bois en se passant une main fatiguée sur le front. Une petite pause bien méritée là où personne ne pouvait voir si elle faisait ce pourquoi elle était payée d’une traite, sans repos. Une petite minute de détente, rien de plus. Suffisamment pour reprendre de plus belle une fois que ce picotement désagréable dans ses membres aura cessé.
Douce crampe !
Chère douleur de mon enfance
Tirant toujours insouciante
Sur mes muscles avec ardeur !
Ses doigts pinçaient des cordes invisibles alors qu’elle se prenait encore à rêvasser. Ah ! La musique ! Si propice à l’oubli, à l’endormissement des sens, l’éveil de la rêverie et de sensations qui n’avaient rien à faire dans une cave poussiéreuse. Mais tout cela faisait partie de la pause. Alors une ballade vint en tête de la demoiselle. Une ancienne ballade d’un romantisme désuet et ridicule, mais légère et amusante tout de même. Et Tuuli chanta la
Complainte d’une Âme Perdue.

«  Preux Chevalier, quand vais-je te retrouver ?
Sur ton blanc destrier tu t’es si vite en allé.
Et pourtant j’ai prié, alors que je t’attendais
Dans cette forêt où tu m’avais délaissée.
Ainsi s’en fût quand un soir j’ai cru t’avoir vu
Mais parti comme la nuit, jamais ne te revis.
Et seule, abandonnée, je n’ai pu que chanter
Au Preux Chevalier, quand vais-je te retrouver ?
»

Un petit rire s’en suivi. Décidément, sans la lyre, les tambours et autres voix censés accompagner la chanteuse, les paroles n’en semblaient que plus sirupeuses. Et le temps vint de reprendre le manche du balai et de se remettre au travail. C’est le moment que choisit la bougie pour s’éteindre. Tuuli pris une pause mélodramatique en jouant de nouveau de sa voix pour exprimer une fois encore ce sentiment d’abandon qu’elle venait de chanter.

- Bougre de candélabre ! Pourquoi me laisser ainsi dans l’obscurité ? Mon cœur s’affaiblit alors que, sans lumière, ma voie s’évanouit !

Ah ! Tour du destin… Et voilà qu’elle allait devoir remonter toutes ses marches infâmes. Par où passer pour éviter de tomber déjà ?

Ciléa Ril'Morienval
Ciléa Ril'Morienval

Sentinelle
Messages : 426
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MessageSujet: Re: L'originalité d'origines dont il ne vaudrait parfois mieux pas être originaire [Inachevé]   L'originalité d'origines dont il ne vaudrait parfois mieux pas être originaire [Inachevé] Icon_minitimeMer 26 Oct 2011 - 18:44

Plusieurs choses lui occupait l’esprit et elle avait du mal à établir ses priorités. Il y avait d’abord, les contacts réguliers qu’elle avait avec Kawel et Syra, qui l’impregnait doucement de la grouillante fourmilière de l’ombre. Elles commençait à comprendre, grâce à leur renseignements, et à leurs discussions que la connaissance parfaite de chaque individu était, semblait-il la meilleure arme dans ce monde. Tout était de l’art de peser pour infléchir, pour soumettre. Il y avait bien des principes communs à tous les êtres humains, leur conscience d’eux même, qui rendait leur orgueil toujours présent, leur appréhension vis-à-vis de la mort, leur éducation plus ou moins achevé, dépendante d’un milieu social qui imposait des codes qu’il fallait apprendre à décrypter.

La deuxième chose qui lui prenait énormément de son temps était les cours. Elle avait eut l’impression d’hériter d’une classe bouillonnante, attendant le moindre de ses faux mouvements pour s’engouffrer dans ses failles en raillant. Même si pour la plupart d’entre-eux, cette exubérance s’accompagnait d’un v
éritable désir de dessiner, il fallait canaliser ces langues trop pendus, ces gestes grossiers d’insolences, être intransigeant tout le temps. Elle se fatiguait de ce besoin de se montrer ostensiblement, en étalant un tas de niaiserie pour impressionner son public sans prêter vraiment attention à son discours . Elle était jeune et ses élèves lui faisait cruellement sentir

Le sous-sol n’était plus un endroit pour elle, elle n’y avait pas remis les pieds depuis son retour à l’académie, comme pour se signaler qu’elle n’avait plus à se terrer dans les recoins à la recherche d’un peu de solitude. Elle vivait au soleil maintenant. Elle devait éblouir, elle devait imposer sa présence à tous, distiller dans l’esprit de tous le poids qu’elle aurait dans leur vie. Et pour cela il fallait s’obliger à l’action qui semblait en total contradiction avec sa nature: Aller vers les autres. Elle se contraignait, elle s’était toujours forcée, depuis sa rencontre avec Maya, malgré la pression de son cœur révulsé à chercher la présence des autres. Même si la confrontation agressive semblait faire partie de son patrimoine génétique, il fallait maintenant jouer sur des plans différents. Il fallait séduire, il fallait transmettre, il fallait tenir une conversation polie, simplement pour meubler le temps. Développer longuement le mensonge mielleux, tenir compte de l’autre, autant de sujets que son éducation aurait du pallier. Pourtant, il lui semblait que malgré le temps qu’elle avait passé en leçons pendant son enfance et adolescence, tout s’était décomposé, évaporé. La roture semblait avoir réussit à lui apposer sa marque malgré ses efforts pour entretenir la couleur de son sang. Impression terrifiante.

Si elle avait pris le chemin du sous-sol , c’était donc pour une raison d’ordre -professionnelle-, elle s’était mis en tête de comprendre le nouvel agencement des sous-sols après l’éboulement de la dernière bataille. Cette éboulement avait interdit l’accès à certaines salles, et avait empêchait la bonne circulation, mais avait aussi liberé de nouveaux passages, mis en évidences des endroits encore inconnus. Elle aurait pu réserver cette tache à Kawel et Syra, mais leurs allez retour dans l’académie devaient rester occasionnel, elle devait elle-même aller vérifier les tréfonds.

Le chant, avait attiré son attention, elle avait d ‘abord cru à un des ces bruits étranges qui hantaient ces endroits noirs, mais le bruit s’avera être mélodie, et chanson. Chanson connue, qui plus ai. C’était une de ses vieille chanson de la noblesse que les précepteurs prenait comme une référence alors qu’ils apprenaient la musique aux jeunes filles. Les paroles puériles lui arrachèrent un sourire en souvenir du temps ou elle avait du elle-même entonné la complainte. Elle avait du user de toutes les ressources de son sérieux pour ne pas éclater de rire la première fois qu’elle l’avait chanté. Mewena à coté d’elle, accusant son manque de contrôle par ses regards glacé avait eut raison de son hilarité.

La personne d’ailleurs était visiblement (d’après le bruit) en train de remonter de la cave, parfait, Ciléa n’aurait pas à revenir pour inspecter tranquillement les parois. Elle descendit les premières marches, puis quand l’obscurité devint plus prégnante, elle fit briller une sphère lumineuse dans sa main droite. L’autre, en bas surement surprise par cette lumière descendit les quelques marches, recula et heurta une caisse pour tomber dans la poussière.
C’était une domestique, le balai ne trompait pas, ni les habits, ni même la poussière qui venait les maculer. Ciléa, lui jeta un coup d’œil dédaigneux, en continuant à descendre. Elle ne put se tenir au silence alors que sa position de force était éclatante.

"Il me semble que l’Intendant te paie pour passer le balai, non pas pour faire vibrer ta luette, roturière . J’ai bien peur que le Seigneur Hil'Jildwin apprenant tes horaires tronquées ne réduise quelque peu ton salaire. A propos… Cela fait plusieurs jours que personne ne passe dans mes appartements pour faire le ménage.. Pourrais tu leur accorder quelque unes de tes heures d‘oisiveté?"

Regarder une personne de haut alors qu’elle-même est à terre parait facilement médiocre, et un homme doté d’une moralité ou d’un sens de la difficulté n'en profiterait pas. Ciléa ne faisait pas partie de cette largetranche de population.


« Et bien relève toi, tu ne vas pas rester assise ici je pense que l’escalier a besoin de tes services. On ne distinguerait même plus les marches à travers la poussière...«
 

Etrangement, ce visage lui rappelait quelque chose. Il lui semblait que ça avait rapport avec Syra, mais elle se trompait peut-être.

[Si problème, un mp =)?]



 
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