Flammes dans les ténèbres [Terminé]

Lorsqu’elle ouvrit les yeux, elle ne vit rien. Ce constat l’intrigua d’abord puis la fit un peu paniquer : quand on émerge du sommeil, on s’attend inconsciemment à recevoir un afflue   lumineux important qui lance un pique de douleur dans le crâne. Puis, naturellement, les pupilles accomplissent leur travail et s’habituent l‘éclairage. Cependant, ce n’est pas ce que vit Halina  en se réveillant. Elle ne distinguait absolument rien. Etait-elle devenue aveugle ? Puis, elle réalisa qu’elle avait oublié ce qui s’était passé pour qu’elle atterrisse là. Pourquoi n’était-elle pas dans son lit ? Et, par Merwyn, où était la lumière ?! Elle tourna la tête dans tout les sens en s’asseyant. Trop vite. Elle chancela un peu et faillit retomber au sol. Pourquoi Diantre avait-elle si mal partout ? Elle était courbaturée comme après un entraînement intensif de combat. Son regard accrocha une source de lumière, un très mince rayon lumineux filtrait sous quelque chose de massif. Elle s’en approcha à quatre pattes et, à l’aide de ses mains, tenta de savoir ce qui bloquait la si désirée lumière. Une porte, aux gong épais et solides, sans serrures ni poignée ne possédait qu’une ouverture, un carré de la taille d’un livre portant des barreaux resserrés et fermé par un morceau de bois que les personnes à l’extérieur faisaient glisser pour ouvrir. Ce qui ressemblait dangereusement à une porte de prison. Elle jura à voix basse, s’oubliant un peu :


-Par les entrailles putrides d’un Raï, qu’est ce que je fous dans une prison ?! Putain de merde, pourquoi je me souviens de rien ?!


Elle se décala vers le gauche de la porte, se tenant au mur de pierres froides. Elle fit quelques pas et s’affala au sol, tentant de se souvenir de sa journée. Ne se rappelant pas s’être couchée elle soupira. Puis, elle réalisa qu’elle avait passé deux nuits à guetter. Mais quoi ? Et pourquoi ? Des bribes de souvenirs revenaient alors qu’elle réfléchissait. Mercenaires. Résistance. Elle se souvint de sa discussion avec Ichel, puis celle avec les résistants. Elle se rappela d’avoir appris que le Chaos régnait dans l’Académie, que l’Harmonie avait besoin de partisans et qu’on lui avait confié une mission. Repérage. Elle guettait les gardes, les tours et les cachots pour permettre aux résistants de libérer ceux qui étaient prisonniers et otages des mercenaires.


Elle faisait maintenant partie du lot des élèves qui avaient perdu leur chère liberté. Mais, comment s’était-elle fait prendre et enfermer ? Halina n’arrivait pas à se souvenir de se qui s’était passé après. Ah si, nouvelle vague de souvenir qui la faucha : Elle rencontrait Ichel et L… Lorek puis Xzar qui décidaient de l’aider. Eux qui parcouraient des couloirs complètement vides. La tension et la peur devant une porte. La surprise derrière ladite porte. Nouveau trou noir. Plus elle en apprenait, plus elle craignait ce qu’elle allait découvrir. Elle se souvint une voix masculine étouffé pas un mur. Fut incapable de trouver le nom de cette personne. Elle repensait à lui avec pitié.


Puis tout s’accéléra dans sa tête : elle re-entendit le bruit des pas, ressentit la peur puis la détermination, revit son combat contre l’homme en noir puis contre les deux mercenaires et enfin, la haine l’envahit. Elle la sentait comme un feu ardent qui lui dévorait les entrailles. Puis elle le vit, ce visage tant haï. Il lui apparaissait un peu flou. La femme avait un oeil en moins et une longue cicatrice. Etrangement, elle lui ressemblait. Ce constat lui fit peur comme quelques heures plus tôt. Elle sentait le danger par chacun des pores de sa peau. Elle se souvint son immobilité, son incapacité à réagir, ses doutes et sa résignation. Des voix, sa voix et une conversation qui continue. Aucune importance, disait son esprit embrumé. La sensation d’être traînée sur plusieurs mètres. Un bruit de porte qui grince. Et le noir.


Elle ferma les yeux mais n’eu aucun soulagement. Halina sentit ses yeux se mouiller, se remplir de larmes. Elle les retint, voulant comprendre une dernière chose avant de devenir folle. Elle devait faire le tour de sa prison. Savoir à combien de mètres carrés elle avait eu droit. La jeune femme brune se releva en s’appuyant sur le mur, puis, la main gauche toujours sur les pierres, elle fit quelques pas chancelants sur un premier mur à la suite de la porte. Un mètre. Elle passa un angle droit, un deuxième mur et un seau en fer ou l’on devait, déduisit-elle à l’odeur, faire ses besoins essentiels. Elle eu un haut-le-cœur et sentit la bile remonter dans sa gorge mais ne la laissa pas sortir. Trois ou quatre mètres. Elle franchit un second angle droit et parcouru environ un mètre avant que son pied droit percute un objet inattendu. De surprise, elle tomba sur les fesses en portant une main à sa bouche. C’est alors qu’elle l’entendit. La respiration saccadée et discrète. Comment avait-elle pu ne pas l’entendre plus tôt ? Elle n’était pas seule dans sa geôle et l’autre semblait humain mais elle n’en n’était pas sûre, jusqu’où pouvait aller la cruauté des mercenaires ? Elle recula, le cœur battant la chamade et la main droite cherchant désespérément la dague qui aurait du se trouver à sa taille, et celle – plus petite – qui n’était plus dans sa botte. Impuissance. Peur. Curiosité. Sa voix trembla quand elle demanda :


- Et merde, qui êtes-vous ?


Ce fut tout ce qui pu franchir ses lèvres. Elle ne voulait pas parler, de peur que ses larmes ne s’échappent et qu’elle en perde le contrôle. Elle ramena ses genoux à sa poitrine en une sorte de position fœtale assise.


[En espérant que ça te plaise ^^ Bien évidemment, édition possible =D]

Kirfdéin n'avait plus entendu les voix. Il était de nouveau seul. Seul au milieu de l'obscurité. Seul dans sa petite prison. Il commençait à avoir la douloureuse habitude. Il était encore à l'académie..... Il n'arrivait pas à y croire. Il s'était souvent imaginé loin de toute vie, à part celle de ses géôliers bien sûr. Pourtant, il avait été à portée de ceux qu'il avait cotoyé pendant peu de temps en entrant à l'académie. De ses amis. D'Elera, sa maître marchombre. Pourquoi avait-on attendu si longtemps pour venir le voir? Lui, c'était logique qu'il ne sache pas où il était, la seule vision qu'il avait, c'était une petite pièce très sombre. Mais les autres, ils devaient bien savoir où il était quand même. Sa colère montait..... Non, il devait se calmer. Il ne fallait pas en vouloir aux élèves et aux professeurs de l'académie, c'était vers les mercenaires qu'il devait tourner sa haine. C'était eux qui l'avaient enfermé, pas Elera. Il devait attendre qu'on le sorte de là. Qu'est ce que les voix avaient dit déjà? Très bientôt! Ah tant mieux, il était bien avancé. Doucement, il se laissa glisser le long du mur froid. Assis par terre, le dos de la tête contre le mur, il ferma les yeux. Les seules choses qu'il avait à faire dans cette prison, c'était se morfondre sur son sort ou dormir. Il en avait marre de pleurer sur sa situation, autant dormir.

Il n'avait pas eu le temps de dormir. Tout juste le temps de somnoler. Un grand bruit se fit entendre. Quelqu'un approchait. C'était l'heure de la maigre pitance? Kirfdéin ouvrit les yeux et il tourna la tête en direction de la porte. Inutile de se rapprocher de la porte vu qu'on lui demanderait de s'éloigner. Les mercenaires étaient prudents, ils regardaient toujours où était placé Kirfdéin dans la pièce. Ils ne voulaient pas être surpris pour que le prisonnier s'échappe. Pourtant, là, ça ne se passa pas de cette façon. Personne ne regarda à l'intérieur de la geôle. La porte s'ouvrit en grand, éblouissant Kirfdéin. Il distingua deux ombres. Une grande et une plus petite.

- Petite idiote, reste ici ça te poussera à réfléchir un peu.

Une voix grave. Une voix que Kirfdéin ne connaissait pas. La grande silhouette propulsa la plus petite à l'intérieur et la porte claqua de nouveau. Un nouveau prisonnier? Non, plutot une prisonnière si on en jugeait par les paroles de la grande ombre. En tout cas, Kirfdéin n'était plus seul désormais. Le marchombre se leva et il s'approcha de l'endroit où la silhouette s'était effondrée. Il ne voyait pas grand chose mais la faible lumière apportée par l'ouverture de la porte lui permit de confirmer que c'était bien une fille. Elle ne bougeait toujours pas. S'était-elle cognée la tête et était-elle morte? Non, elle était bien vivante, Kirfdéin entendait sa respiration. Evanouie! Bon autant attendre qu'elle se réveille pour se renseigner. Le marchombre avait un présentiment. Faisait-elle partit des voix qu'il avait entendu quelques minutes auparavant?

Il attendit de nombreuses minutes, peut-être même une heure, fixant l'ombre devant lui. Elle bougea enfin. Il la vit faire les cents pas dans la pièce mais lui, il ne bougea pas. Il attendait qu'elle se calme. Elle le repéra soudain. Lui demandant son idée. La voix de la jeune fille ressemblait beaucoup à l'une de celles qu'il avait entendu. Elle avait été capturée.....

- Je m'appelle Kirfdéin. Et toi, tu fais partit des personnes qui m'ont répondues tout à l'heure, c'est ça?

Le marchombre voulait la confirmation mais il était certain de ne pas se tromper maintenant.

Cette voix ! Halina la connaissait mais ne parvenait plus à déterminer où elle l’avait entendue. Voix grave, un peu éraillée de ne pas parler, pointe de déception dans ces mots et soupçon de bonheur. Elle réfléchissait aussi vite que son esprit embrumé lui permettait. Petit à petit, de nouveau éléments s’assemblaient pour ne former qu’une seule chose : ses souvenirs. Cette personne, elle aurait du la reconnaître dès leurs premières intonations. Elle lui avait fait une promesse, une promesse qu’elle ne tiendrait jamais. Elle ne le sortirait pas de là. Kirfdéin. Pourquoi ne l’avait-elle pas reconnu tout de suite ? Elle s’obligea au calme, la situation était déjà trop sinistre pour qu’elle ne s’en veuille pour des broutilles. Au fond d’elle, elle était rassurée, l’espace d’un instant, elle avait cru que cette forme dont elle ne distinguait pas les traits était une bête étrange créée par les mercenaires pour la massacrer. Lui laisser l’infime espoir d’être un jour libérée pour mieux la rabaisser, l’abattre dans tout les sens du terme. Elle sourit dans l’obscurité. Finalement, un peu de compagnie ne serait peut-être pas déplaisante en attendant les rebelles.


-Je me souviens de toi maintenant. Oui, je suis Halina.


Elle avait repris le ton normal de sa voix, contrôlant cette dureté ou familiarité qui jaillissait dans les situations difficiles et quand elle était seule. Elle se rassit dos au mur, à un mètre environ du jeune homme, et se tut pendant quelques instants. Ce silence si lourd, si triste, si déprimant pesait sur les deux silhouettes. Comment avaient-il pu supporter ce silence tant de temps ? Combien de mois s’était-il écoulés depuis la bataille ? Elle serait sûrement morte d’ennui à rester aussi longtemps seule et sans lumière. Cette obscurité et ce silence commençaient à lui taper drôlement sur les nerfs.


Elle fouilla sans grande conviction dans sa première poche et y trouva un cordon court pour attacher ses cheveux. Elle rassembla sa masse capillaire de jais en une queue de cheval. La seconde poche de son uniforme lui apporta une étrange et inattendue surprise. Son briquet à amadou ! Rescapé insignifiant d’une fouille de la jeune femme ? Les mercenaires l’avaient-ils déclaré inoffensif ? Elle se demanda si l’objet n’avait pas une autre utilité, sinon pourquoi lui auraient-ils laissé ? Maigre réconfort dans leur détresse, une flamme avait toujours son message. Elle se releva, passa par-dessus Kirfdéin et continua le long du mur. Trois mètres. Angle droit. Un mètre et demi. Son pied rencontra un autre objet. Elle s’accroupit et fit fonctionner son briquet. La lumière frappa sa rétine et elle le vit, objet tant désiré : une bougie. Petit et de mauvaise qualité mais une bougie tout de même. Elle eut l’envie folle de rire et elle le fit brièvement. Elle ne voulait pas l’allumer tout de suite, savourant l’idée qu’ils avaient de la lumière. Cette bougie était-elle une énième provocation de leurs ennemis pour le jeune homme ? Il l’avait sûrement découverts lui aussi, se morfondant dans l’obscurité ? Elle se rapprocha et s’assit dans l’angle du mur en tailleur. Elle voulait lui redonner l’espoir et le courage mais ne savait pas pourquoi. Peut-être par pitié. Peut-être parce que maintenant ils étaient dans le même bateau tout les deux.


-Tu as vu, nous avons un petit peu de lumière.


Elle avait faim et froid, ce froid intérieur qui vous fait frissonner de la tête au pied. Elle se replia sur elle-même, tentant de calmer ses tremblements qui menaçaient de faire jaillir des larmes de ses yeux gris. Elle respirait calmement comme le lui avait appris son frère pour apaiser ses accès de panique aussi brefs qu’inattendus. Une fois reprise en main, elle tripota ses mèches de cheveux en se demandant s’il fallait qu’elle parle. Pour dire quoi ? « Je compatis », « Maintenant je comprend ton désespoir. » ou « Ne t’inquiète pas, ils ne nous abandonnerons pas » ? Mais en était-elle seulement certaine ? Non. C’était cette incertitude qui risquait de déborder… Elle entendait sa respiration près d’elle et réalisa ne pas connaître son visage. Elle voulait savoir à quoi ressemblait la personne avec qui elle passerait probablement plusieurs mois.


-Excuse-moi, ça te dérange si j’allume la bougie quelques minutes ? En fait, j’aimerai bien te voir…


[ Comme d'hab', édition possible si l'idée de la lumière ne te vas pas ^^ ]

Elle réalisait l’absurdité de sa question, en quoi le voir réconforterait son âme en peine ? En quoi le voir l’empêcherait de sombrer dans le mutisme et la folie ? Elle répondit seule à ses questions, le voir lui prouverait que l’homme est toujours un homme et non un monstre, que la peur peut-être combattue par la volonté et que le jour remplacera la nuit. Elle laissa la flamme s’éteindre tout seule, et les ténèbres reprirent leur place. Elle tenta pour se calmer de coiffer sa masse capillaire avec ses doigts puis la tressa et l’attacha de nouveau. Elle sourit en réponse à l’avertissement du jeune homme et alluma la bougie avec difficultés car la mèche était humide et un peu courte, en se demandant à quoi ressemblerait son compagnon. Blond ou brun ? Visage anguleux ou rond ?

- Et la lumière fut ! ironisa-t-elle.

Elle regarda la flamme qui s’éleva d’abord en crachotant un peu puis qui dansa, vive et agile. Quel réconfort donne une lumière pensa-t-elle. Elle leva les yeux de la bougie, observa sa nouvelle demeure et préféra immédiatement la pire chambre louée pendant ses voyages : la pierre des murs luisait d’humidité, le sol était poussiéreux au possible, la paille qui était censée servir de couche était plus que crasseuse et les toiles d’araignées pendaient au plafond.

Elle s’attarda ensuite sur Kirfdéin en souriant timidement. Il était aussi poussiéreux que le sol : ses vêtements et ses cheveux blonds avaient pris une teinte grisâtre qui contrastait avec ses yeux pétillants. Elle remarqua que sa tenue était typique des marchombres, identique à celle d’Ichel et Lorek, à la différence essentielle que la leur n’était pas déchirée et tachée de sang séché comme le jeune prisonnier. Il était amaigri, des cernes avaient creusé un sillon sous ses yeux vifs et sa barbe mangeait son visage à la mâchoire carrée. Elle vit avec surprise une mèche plus foncée dans ses cheveux et ce demanda ce que du noir faisait dans du blond. Il semblait bien bâti et, malgré les privations, il lui sourit. Elle lui sourit en retour, sourire complice qui veut tout dire en taisant tout pour chasser les angoisses.

Elle réalisa qu’elle non plus ne devait pas être à son avantage. Elle regarda ses mains aux ongles sales, ses vêtements poussiéreux, ses bleus qui devenaient marrons un peu partout sur ses bras et ses jambes et tâta la marque qu’elle avait maintenant au cou à l’endroit où la mercenaire l’avait menacée de sa lame. Alors que le garçon devant elle gardait sa dignité, une sorte de beauté dans ce taudis, elle avait l’impression d’être sale, souillée. Elle laissa Kirfdéin profiter de cette lueur d’espérance avant de briser le silence en souriant :

-Ne t’inquiètes pas pour ça, je suis moi-même pas vraiment à mon avantage. Alors comme ça, tu es l’élève d’Elera ?

Peut-être qu’elle le rendrait nostalgique, peut-être qu’elle lui ferait plaisir à parler de lui, elle ne savait pas. Elle espérait juste mieux le connaître pour arrêter d’avoir peur de son ombre.

Quand Halina approcha la bougie, le marchombre ne put s'empêcher que fermer légèrement les yeux. De loin, la flamme ne le dérangeait pas, mais ses yeux n'étaient pas encore bien habitués à la lumière et la bougie l'avait éblouit. Il se laissa observer sans bouger et dans le silence.

La jeune femme s'éloigna et elle reprit la parole. Il ne voulut pas répondre immédiatement. Une chose l'intéressait beaucoup plus: voir Halina de plus près.

- Tu permets? demanda-t-il.

Sans attendre de réponse, il prit la main de la jeune fille et il l'approcha du visage de son "invitée". Cheveux bruns. Peau pâle, mais était-ce normal ou simplement dû à sa présence dans ces cachots? Yeux gris, tiens, ils avaient au moins un point commun tout les deux. Lèvres minces. Tout cela n'était pas très étonnant finalement. Ce qui attira son regard, ce fut le tatouage et les petits bijoux sur son front. C'était étrange. Kirfdéin se promit de lui poser la question plus tard. Pour l'instant, il était temps de répondre et de ne pas la faire attendre trop longtemps. Il lâcha la main de la nouvelle prisonnière et il reprit sa place contre le mur.

- Oui, je suis bel et bien l'élève d'Elera. On était partit aux Plateaux d'Astariul pour mon premier cours. On revenait après 3 jours d'absence quand on a remarqué que l'académie était attaquée. On s'est mêlé aux combattants mais je me suis fait avoir par plus fort que moi. Un mercenaire qui m'a lourdement blessé. Je me suis d'ailleurs évanouit et je me suis reveillé ici. Depuis, j'ai pas eu le droit de bouger. Je sais même pas depuis combien de temps je suis enfermé. Comme tu vois, il est impossible de savoir si on est le jour ou la nuit dans cette cellule. Je sais seulement que je suis enfermé depuis longtemps, c'est tout.

Il resta ensuite silencieux pendant quelques temps. Se souvenir de son long enfermement était assez douloureux. Il voulait revoir le soleil, pouvoir de nouveau marcher en toute liberté, escalader des falaises, n'avoir que le ciel pour toit. Il ne supportait plus les lieux confinés. Il voulait respirer, voir autre chose que de la pierre. Heureusement qu'il avait de la compagnie à présent. Il est vrai que ce n'était pas une bonne chose pour Halina d'être en cellule. Elle aurait été bien mieux dehors mais sa présence réchauffait un peu le coeur de Kirfdéin. Comme on dit le malheur des uns fait le bonheur des autres.

Il sortit de ses pensées. Il avait plusieurs questions à poser à Halina. Comment s'était-elle retrouvée ici? Qu'est ce que c'était que cet étrange tatouage et ses bijoux sur le front? Qui était-elle vraiment? Ce n'était que quelques questions parmi tant d'autres, il ne savait par laquelle commencer. Autant commencer par le tatouage. Il avait une petite idée sur la façon où elle s'était retrouvée avec lui. Elle avait sûrement croiser le chemin d'un mercenaire en essayant de sortir de l'endroit où elle lui parlait à travers le mur.

- J'ai remarqué un tatouage sur ton front, ainsi que des bijoux. C'est joli mais tu peux m'expliquer comment ça se fait que tu as ça sur ton front? C'est simplement pour faire joli ou il y une histoire derrière?

Elle sursauta quand l’ombre du jeune homme fondit tout d’un coup sur elle et lui attrapa la main. Elle réalisa une fraction de seconde plus tard qu’il lui avait demandé son autorisation mais, perdue qu’elle était dans sa mélancolie, elle ne l’avait pas écouté. En effet, elle songeait au Soleil, cet astre éblouissant qui lui manquait déjà. Elle n’aimait pas les espaces clos mais préférait les routes et les chemins de voyages ou même son dortoir sur peuplé où elle chuchotait quelques temps après le couvre-feu, ce qui lui causait des difficultés pour se lever et même combattre le lendemain. Elle envisageait même avec envie le tapis au pied de son lit pour dormir plutôt que cette pierre humide et poussiéreuse.


Elle se laissa observer et apprécia même le contact de sa peau sur la sienne. Elle frissonna. Légèrement. Etait-ce le froid, la fatigue ou autre chose ? se demanda-t-elle avec surprise. Ce fut quand il approcha d’avantage son visage qu’elle remarque ses yeux gris, couleur rare qu’ils avaient tout les deux. Il sembla interloqué par ses bijoux et elle résista à l’envie de les cacher par sa frange. Il avait le droit de les voir, si tu ne voulait pas que les gens s’interroge dessus quand ils te voient, tu aurais du y renoncer. Il la lâcha et se ré - appuya contre le mur une fois l’examen terminé. Inconsciemment, elle aurait voulu qu’il continue à lui tenir la main, mais sans savoir pourquoi. Mais, au nom de la Dame, que se passait-il dans sa tête ?


Elle l’écouta pour calmer les battements de son cœur et se souvint avec un petit sourire d’Elera, cette petite rousse espiègle qui lui avait appris à jouer à l’Haman-Lô et offert du chocolat volé. Ce n’était pas évident de la voir en maître de quelque chose mais elle se souvint de sa manière très pédagogue d’expliquer les règles du jeu à Enelye et elle. Halina se demanda avec une pointe de désarroi comment on pouvait rire en sachant que son élève ne voit plus le Soleil… Elle ne lui reprochait rien simplement s’étonnait. Mais la guerrière ne savait pas qu’on pouvait cacher une si lourde peine dans son cœur et faire comme si de rien n’était quand on était sous étroite surveillance. Les questions de Kirfdéin la tirèrent de ses interrogations et elle ne savait comme lui répondre. Devait-elle lui dire qu’ils symbolisaient son amour pour Lian, qu’elle n’avait pas vu depuis plus d’une année ? Qu’elle n’était même pas sûre de l’aimer encore ? La simple pensée de son ancien compagnon, lui fit chavirer le cœur, elle se souvenait de ce jour.


***

Matin frais sur les plaines, une caravane rentre doucement en ville, c’est le dernier jour d’un long voyage à travers villes et campagnes. Un voyage initiatique pour la jeune femme qui n’avait jamais quitté aussi longtemps Lian. Il lui manquait terriblement. Lorsque le dernier bœuf est arrêté et attacher, elle salua ses compagnons et se dirigea vers le maître caravanier qui lui tendit sa paye avec un sourire édenté.


Elle le repéra immédiatement dans la foule et son cœur fit un bond dans sa poitrine. Il ne l’avait pas oubliée ou remplacée et était venu la chercher ! Il lui sourit et elle courut se réfugier dans ses bras. Son cœur rata un battement quand ils s’embrassèrent pour la première fois depuis plusieurs semaines. "Je t’aime." lui murmura-t-il dans l’oreille avant de l’embrasser dans le cou.


Sa première paie fut l’occasion de marquer le coup. Ils s’aimaient pour la vie et à jamais selon leurs propres dires. Ils se firent tatouer la même chose, au même endroit ce qui fut très douloureux mais elle serra les dents et la main de son n’amoureux. Ce fut elle qui paya la note et quelques jours plus tard, alors qu’ils se promenaient en ville, Halina tomba en admiration devant un marchand de bijoux en argent. Elle dépensa le reste de sa paie, ses économies et celles de Lian pour de petits bijoux sur son visage et pour lui, des piercings (même si je ne sais pas si ça existait… ) sur l’oreille droite. Ils arboraient fièrement et amoureusement les preuves de leur engagement.


Jusqu’à la séparation.


***

Elle écrasa l’unique larme qui osa quitter ses paupières et se reprit : il était parti et elle avait tourné la page, il fallait qu’elle cesse de penser à lui. C’est alors qu’elle remarqua que Kirfdéin la regardait étrangement. Son désespoir se lisait-il sur son visage ? Elle déclara :


-Excuse moi, c’est un peu dur d’en parler… Je les ai fait avec quelqu’un qui m’était… très… proche. Avant. Elle continua, sur un ton un peu plus assuré: On a le même tatouage mais lui a les bijoux sur l’oreille. Je ne l’ai pas vu depuis longtemps…


Mais pourquoi, diable, lui parlait-elle de lui ? Elle avait autre chose à faire que l’ennuyer avec ses demis - vérités et ses histoires de cœur. Elle tripota son piercing à l’arcade sourcilière pour penser à autre chose de moins mélodramatique et après quelques minutes de silence, elle lui demanda :


- Sinon, tu viens d’où ? Et qu’est-ce qui t’a motivé pour venir ici ?


[ Je l’avoue, j’ai un peu adapté ma fiche de présentation pour les besoins d’un scénario plus plausible et puis l’idée des piercing passe
mieux que les espèces de greffes de ma fiche En espérant que ça te plaise. ]

Quelqu'un qui était proche avant? Avait-elle perdu l'homme ou la femme qu'elle aimait? Etait-il mort ou alors s'était-il simplement perdu de vue? Kirfdéin se posait encore pleins de questions mais là, il se tut. Il ne voulait pas paraître trop curieux. Si jamais l'occasion se présentait, il lui poserait ses questions plus tard. Après tout, désormais, ils étaient dans la même galère et ils allaient certainement restés longtemps enfermés tout les deux. "Je ne l'ai pas vu depuis longtemps" Ah, bon, ça répondait à ses questions. L'homme car c'était bien un homme n'était pas mort, ils s'étaient éloignés l'un de l'autre, c'est tout. L'académie en était-elle la raison? C'était possible après tout. La plupart des élèves devait rompre avec leur vie d'avant pendant quelques temps pour venir étudier à l'académie de Merwyn. Seuls les élèves situés non loin d'Al-Poll pouvait encore espérer voir souvent leur famille et leur amis.

- Sinon, tu viens d’où ? Et qu’est-ce qui t’a motivé pour venir ici ?

Ah on était rendu aux présentations. Tant mieux. C'était plus simple pour discuter ensuite quand on se connaissait mieux.

- Je suis né dans la forêt de Baraïl, non loin d'Al-Far. Mon père était un garde forestier. Il s'occupait des animaux blessés qu'il trouvait en se baladant dans la forêt. Il s'occupait aussi d'un petit jardin qui nous permettait d'avoir tous les jours de quoi manger à notre faim. Ma mère ne travaillait pas par contre. Elle s'est occupé de moi. Elle avait renoncé à une vie un peu plus luxueuse car mes grands parents maternels possédent une petite fortune. Ils n'ont d'ailleurs pas apprécié que leur fille aille vivre avec un simple garde forestier. Ils ne m'ont jamais vraiment aimé. Mais bon, je m'en moquais bien, je les ai jamais vu.

Il marqua un temps d'arrêt avant de reprendre.

- Si je suis venu à l'académie, c'est suite à la mort de mon père. Il a succombé à une maladie qui lui pourrissait la vie depuis quelques années déjà. Sur son lit de mort, il m'a demandé de quitter la maison car si je restais là-bas, il me serait impossible de recevoir gloire et fortune. Il a aussi ajouté que si je restais, je resterais seul car aucune femme ne viendrait me trouver dans notre foyer. Je lui ai obéit et j'ai quitté la maison après son enterrement. Ma mère est retournée chez ses parents car elle ne supportait pas de vivre seule avec de sombres souvenirs. J'avais entendu parlé d'une magnifique académie qui enseignait de grandes choses. J'ai voulu y aller pour voir si j'étais capable d'y entrer. Si j'ai choisis la Voie des Marchombres, c'est que je me sentais incapable de suivre les autres voies proposées. Et même si je n'ai eu que 3 jours de cours, je pense que je ne me suis pas trompé. Je me disais que j'allais ainsi suivre les désirs de mon père mais regarde où je me trouve: dans une cellule. C'est bien loin de la gloire et de la fortune. Et, avant que tu arrives, j'étais persuadé qu'aucune femme ne viendrait me trouver ici, ajouta-t-il en souriant.

Nouveau silence. Repenser à son père lui était assez douloureux. Que penserait-il s'il le voyait dans cette cellule?

- Venir à l'académie n'était pas une mauvaise idée, tout de même, car j'ai reçu une lettre venant de ma mère qui me disait que mes grands-parents étaient fier de moi. C'était bien la première fois, il faut l'avouer. Mais assez parler de moi. J'ai envie d'en savoir plus sur toi. Où as-tu grandit? Et quel enseignement une si belle femme a pu choisir? Raconte moi ton histoire, je t'écoute.

Elle n’eut pas longtemps à attendre pour avoir une réponse contrairement à un bon nombre des questions de leur conversation qui précédaient un silence. La discussion semblait plus aisée et l’écouter parler lui fit penser à autre chose qu’à Lian. La forêt de Baraïl ? Halina se souvint des grommellements de son père quand son frère partait en escapade là-bas avec ses amis. Elle, du haut de ses huit ans ne comprenait pas ce qui attirait Vinor dans cet endroit obscur et plein de méchantes bestioles. Aujourd’hui encore, elle évitait ce genre d’endroit.


- Notre maison se trouvait à Al-Vor alors je connais un peu cette forêt. M’enfin, juste la périphérie parce que je n’ai jamais aimé les forêts, trop sombres et sinistres à mon goût. Ma mère était très belle et douce, mon père travaillait la terre pour le seigneur de la cité, ce qui nous nourrissait mais n’a pas été suffisant pour sauver ma mère de sa maladie. Sa mort a transformé mon père, lui habituellement rayonnant s’est renfermé et mon père travaille à sa place pour qu’on s’en sorte. Quelques mois plus tard, il a pu retourner aux champs et moi, j’ai continué à fabriquer des petits objets, à les vendre et à coudre. J’ai quitté à 14 ans la maison familiale à la suite de mon frère pour l’inconnu des routes où j’ai travaillé dans des caravanes, des auberges plus ou moins fréquentables et aussi à Al-Jeit et Al-Poll. Mon père est mort après mes 16 ans alors que j’étais à la maison depuis quatre mois.


Son histoire, résumée en quelques phrases, lui semblait bien vide un peu triste. Pourtant, repenser à ses parents ne la terrassait pas, elle ressentait juste de l’amour et un manque du côté de son frère. Elle espérait qu’il allait bien et qu’elle pourrait bientôt le revoir. Le compliment de Kirfdéin lui fit chaud au cœur et elle sourit de son audace. Une autre qu’elle, un peu plus susceptible, lui aurait sûrement collé une baffe mais elle était au dessus de ça et ne voyait pas le problème à ce qu’on la drague. Au contraire.


- Nous sommes combattants dans notre sang, ma mère était fille d’armurier, mon père fils de soldat dans l’armée et il nous a appris à mon frère et moi les bases du combat à mains nues et au bâton. Mon frère s’est engagé pour défendre l’Empire contre les Raïs, les mercenaires et les Alines à 17 ans et je compte bien suivre sa voie quand je serais suffisamment forte pour être gradée et pour défendre Gwendalavir.


Elle continua, sans savoir à l’avance ce qu’elle allait dire, emportée par son élan de révélations :


- Lian avec qui j’ai voyagé environ un an est celui qui m’a appris l’art exigeant du lancer de couteau où je suis assez douée, sans me vanter (). C’est avec lui que j’ai fait ces tatouages, que je regrette un peu maintenant car ils n’ont plus de… réelle
signification… Mon cœur ne ressent plus le sentiment d’il y a deux ans…


Elle se tut, réalisant tout ce qu’elle venait de révéler à un jeune homme qu’elle connaissait à peine. En avait-elle trop dit ? Sa vie ne l’intéressait sûrement pas à ce point et pourquoi avait-elle ressenti le besoin de lui parler de Lian ? Pourquoi cette volonté de clarifier sa situation actuelle ? Croyait-elle vraiment que ça lui plaisait ? S’il n’était pas curieux, il allait lui rire au nez ou se demander pourquoi elle passait son temps à se plaindre et qui était la folle qui partageait sa captivité. Elle se recroquevilla sur elle-même et s’interrogea encore et encore sur sa réaction, ne sachant pas quoi dire.

Elle était douée pour le lancer de couteaux? Lui, son truc, c'était plutot les arcs et les flèches. Le danger porté au loin. Voilà ce en quoi ils étaient doué. Une menace venu de plusieurs mètres. Pourtant, même s'ils étaient doué dans leur domaine respectif, ils se retrouvaient tout deux en prison, à la merci des mercenaires. Pour triompher des mercenaires, c'était en combat au corps à corps qu'il faut être doué. Kirfdéin avait bien tenté de se défendre mais son ennemi avait été trop fort. Le mercenaire ne s'était même pas fatigué en le combattant. Le jeune marchombre allait devoir apprendre à se défendre avec une épée s'il ne voulait pas passer sa vie dans des prisons. Enfin, il fallait déjà qu'il arrive à sortir de celle dans laquellle il était déjà enfermé.....

- Tes tatouages ne veulent peut-être plus rien dire mais je les trouve très beau, en tout cas.

Son coeur ne ressentait plus la même chose qu'avant. Elle avait donc aimé mais l'éloignement avait causé la séparation ou alors c'était peut être la séparation qui avait causé l'éloignement? Mais lui, Kirfdéin, avait-il vraiment aimé un jour? Peut-être! Il avait ressentit quelque chose de fort pour Jyliane mais leur histoire n'avait pas duré bien longtemps. Etait ce vraiment de l'amour ou une plus forte amitié que d'habitude? Kirfdéin n'en savait rien. La seule chose qu'il savait, c'est que les premiers temps, il avait souffert de ne plus voir Jyliane mais depuis son enfermement, il ne pensait plus à elle. Sa captivité avait soigné une blessure du coeur en ouvrant des blessures physiques sur son corps. Soigner le mal par le mal, c'était exactement ça.

Suivre la voie de son frère. Partir à travers Gwendalavir pour repousser l'ennemi. Une noble mission mais qui éloigner les amis. Bizarrement, Kirfdéin appréciait déjà sa compagnon d'infortune. Plongé dans la même galère les rapprochait.

- Moi, c'est plutôt comme archer que je suis assez doué. C'est mon père qui m'a taillé mon premier arc dans une branche qu'il avait ramassé dans la forêt lors d'une de ses promenades. Je n'étais pas vraiment destiné pour devenir marchombre. J'ai appris le métier de mon père. Je sais soigner les animaux et comprendre ce qu'ils ressentent. Pourtant, le souhait de mon père, c'était que je devienne quelqu'un, que je vive ailleurs que dans une modeste maison à côté d'une forêt. J'espère pouvoir faire honneur à ses dernières paroles. Je dois sortir de cette prison mais j'ai perdu l'espoir depuis longtemps.

Il se tût en repensant à son terrible calvaire.

- J'ai faillit devenir fou. J'entendais des voix alors que j'étais seul. J'ai bien cru que c'était encore le cas quand vous m'avez parlé derrière le mur. Je ne sais pas si ma folie s'est calmé mais je sens qu'avec toi, ça ira mieux. Je ne suis plus seul maintenant. Ta présence me réchauffe un peu le coeur même si je ne peux me réjouir de voir une autre personne qui va subir l'enfer de l'emprisonnement. J'espère qu'on sortira bientôt. J'ai envie de revoir le soleil, c'est mon désir le plus cher à cet instant.

[si tu sais pas quoi répondre, envoie moi un MP, j'éditerais]

Halina sentit le rouge lui monter aux joues, elle était embarrassée par le compliment. Sans le savoir Kirfdéin était le second à lui dire ça et elle se sentit heureuse, comme une gamine qu’on félicite pour sa nouvelle coupe de cheveux. D’ailleurs, se dit-elle, le coiffeur sera la première chose que je ferai en sortant de là. Enfin, la deuxième après un looooong bain. Elle sentait la crasse sur sa peau et cela la dérangeait. Pas qu’elle soit maniaque, elle avait l’habitude de la poussière des routes de l’Empire mais cette couche de saleté ne semblait pas saine et avait une trop grand influence sur son mental pour qu’elle n’y prête pas attention. En effet, le sang et la crasse dont elle avait l’impression d’être couverte la mettait mal à l’aise surtout devant le jeune homme. On se doit d’être belle pour… Pour quoi faire d’ailleurs ? Croupir dans une geôle ? Discuter de sa vie et de leurs histoires mutuelles ? Elle sourit et le remercia.


- Merci beaucoup Kirfdéin, ça me touche énormément.


Il était donc bon archer, elle se souvint du jour où leur père avait tenté de leur apprendre les bases du tir à l’arc et elle se retint de rire. Elle n’avait même pas réussi la première fois à le bander ce qui attirait la moquerie de son frère, puis quand lui-même tira, la flèche frôla un de ses amis qui venait le voir. Ce fut au tour d’Halina et son père d’exploser de rire, un peu soulagés tout de même. Ensuite, elle avait été incapable de lancer une flèche dans le centre de la cible alors que Vinor, son grand frère, y parvenait cinq fois sur sept. Elle sourit de sa jalousie à l’époque. Qui sait, si elle essayait à l’Académie, elle pourrait peut-être mieux y arriver.


Ca y était, on en venait leur situation actuelle, sans espoirs ni Soleil, et à ses peurs. La jeune femme se doutait que le moment arriverait où il faudrait qu’elle le rassure. C’était une lourde tâche que demander à quelqu’un de ne pas trop douter et d’avoir confiance en de parfaits inconnus. Elle était contente que sa présence soit un calmant pour lui, même si elle ne savait pas trop comment le prendre. L’apprentie guerrière aspirait à survivre ç cette épreuve que lui imposait sa Destinée et espérait en sortir grandie. Le Soleil était son souhait le plus cher ? Et à toi Halina, quel était-il ? Etrangement, sur sa liste interne des priorités, il y avait « manger » suivit de près par « dormir ». Elle lui répondit, un peu hésitante :


- Je ne suis pas en mesure de comprendre tout ce que tu as ressenti seul dans cette étroite pièce mais sache que même si je n’en suis pas sûre à 100%, je pense que l’on ne nous oubliera pas. La reprise de l’Académie est en marche et avant de me faire capturer par ces fientes de Raïs, la résistance s’organisait. Ne renonce pas en l’espoir…


Elle allait lui demander s’il pensait que le service restauration passerait bientôt quand elle entendit le cliquetis d’une clef dans la serrure de la porte. Elle souffla en quatrième vitesse la bougie et se brûla quand elle la mit dans son dos, contre le mur. Ténèbres. Eblouissement. Une silhouette se dessina dans l’encadrement de la porte et posa en ricanant leur informe repas. Halina ne bougea pas d’un cil, elle regardait ses pieds alors qu’elle sentait le regard lubrique de l’homme sur ses formes en clair-obscur. Elle rageait intérieurement, l’envie de se jeter sur lui et de l’étrangler, lui crever les yeux, etc la dévorait comme un feu violent. CLAC ! Noir. Libération. Elle inspira profondément pour souffler les flammes de son cœur. La jeune femme ressortit la bougie, la ralluma et, tout en s’efforçant de se calmer, elle récupéra le plateau repas. Soit : une cruche d’eau, deux pains rassis et du bouillon qui ne semblait pas contenir grand-chose. Après avoir donné sa part à son compagnon de galère, elle déclara en souriant narquoisement :


- Bon appétit ! A mon premier repas chez nos sympathiques hôtes.


Elle fit face à son dégoût, le mit de côté et rompit le pain dans le potage qu’elle but rapidement sans trop réfléchir. Le goût était exécrable mais au moins, son estomac n’était plus vide. Elle apprécia à leur juste valeur les quelques gorgés d’eau qu’elle pu avoir. Comme la lumière, elle lui paraissait être un placebo pour la tristesse. *Car, tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir*, comme le disait sa mère pendant sa convalescence. Malheureusement, elle avait trop d’espoirs en elle et pas assez de vie. Ce souvenir nostalgique associé au pseudo-repas lui donna l’envie soudaine de dormir, pour oublier. Son évanouissement n’avait pas duré assez longtemps pour la reposer et elle avait besoin de dormir tout comme Kirfdéin envisageait-elle. Elle préféra lui demander avant de se rouler en boule, on ne sait jamais, il avait peut-être d’autres questions à lui poser ou une envie soudaine de danser. Elle prit un ton cérémonieux, singeant un nobliau de seconde zone :


- Compagnon d’infortune souhaites-tu discutailler encore ou ne préfères-tu pas dormir un peu pour digérer ce festin digne de l’Empereur en personne ?


Elle faisait le clown pour calmer sa peur et ses angoisses. Halina espérait que le jeune marchombre ne prendrait pas mal ses blagues, pas vraiment drôles certes. :arrow :

La pitance était bien maigre, à peine plus conséquente que quand il était seul. Le seul but des mercenaires était de les garder en vie. Les garder en pleine forme n'était pas dans leur priorité. Kirfdéin était certainement d'avoir maigrit pendant sa captivité, c'était évident. Il mangea ce que la silhouette familière lui avait apporté. Toujours la même personne. Un homme venant narguer les prisonniers à heure précise. La nourriture, bien que très maigre, cala sa faim. Son estomac en demandait plus au départ mais désomais, il avait rétrécit et sa faim en était diminuée. S'il sortait de cette prison, il devrait se réhabituer à bien manger, c'était obligatoire. Enfin, ce n'était que s'il sortait de cette prison. L'espoir était bien maigre désormais. La seule lueur d'espoir, c'était ceux que ceux qui avaient accompagnés Halina s'était apparemment échappé. Pourrait-il prévenir des personnes capables de forcer la retraite des mercenaires? De solides guerriers, d'agiles marchombres et de puissants dessinateurs, voilà ce dont ils avaient besoin. Mais combien de temps faudrait-il pour réunir une telle armée? Car, c'était bien d'une armée qu'il fallait. Les mercenaires avaient apparemment le soutien des Raïs. Les guerriers-cochons étaient-ils cachés non loin de l'académie pour pouvoir défendre leurs alliés en cas d'attaques? Personne ne pouvait le savoir, et surtout pas lui, c'était évident.

Halina rompit la course des pensées néfastes de Kirfdéin quand elle reprit la parole:

- Compagnon d’infortune souhaites-tu discutailler encore ou ne préfères-tu pas dormir un peu pour digérer ce festin digne de l’Empereur en personne ?

Dormir! Belle idée. Mais avait-il vraiment envie de dormir? Pas vraiment. Dormir, manger et penser. Voilà le seul programme de sa journée. Il n'était pas fatigué, non c'était évident, mais elle, elle devait l'être. Elle avait eu une journée mouvementée, sinon, elle ne se trouverait pas dans cette cellule. De plus le repas n'avait certainement pas appaisé ses membres fatigués.

- Nous pourrons discuter plus tard. Dors si tu le désires. Crois-moi, ici, c'est très rare d'être dérangé.

Il l'entendit s'éloigner un peu de lui pour s'appuyer sur le mur. Trouver une position confortable pour dormir était impossible sur ce sol poussiéreux et dur. Le marchombre en avait fait la douloureuse expérience. Depuis, son dos le faisait souffrir mais il avait appris à vivre avec cette douleur. Il se tut et il tendit l'oreille, guettant l'arrivée de la respiration régulière qui accompagnait toujours le sommeil. Ce fut le cas en quelques minutes. Halina était donc bel et bien harassée.

Il était de nouveau seul avec lui-même. Maintenant qu'il savait qu'il était encore dans l'académie, il n'arrêtait pas de penser à ce qui pouvait se dérouler non loin de lui. Des élèves allaient à leur cours sans se soucier qu'il était là, prisonnier depuis des semaines. Qu'avait dit les mercenaires pour prouver sa disparition? Il ne l'avait même pas demander à Halina. Et Elera? Luttait-elle pour venir jusqu'à lui? Avait-elle reçu des menaces dans le genre "si tu n'obéis pas, on tue ton apprentit"? C'était possible, tout à fait dans le genre des mercenaires. Etait-ce pour cela qu'elle ne l'avait pas encore retrouvé? Trop de questions et si peu de réponses. Il aurait été plus fort, il aurait pu sauter sur l'homme qui venait apporter la nourriture et s'enfuir en tentant d'échapper aux gardes qui se trouvaient forcément devant l'entrée. Oui, il y avait pensé mais il n'était pas doué comme marchombre et ses maigres repas l'avaient affaiblis. Il était incapable de courir bien longtemps et les mercenaires n'auraient aucun mal à le rattraper, et ensuite, ça serait encore pire que ce qu'il avait déjà subit en ce qui concerne les tortures et les coups.

Sans s'en rendre compte, Kirfdéin s'endormit. Finalement son cerveau avait besoin de repos.

Après la réponse positive de Kirfdéin, la jeune captive tenta de trouver une position confortable pour dormir. Chose malaisée. Le sol était aussi dur qu’il paraissait et elle se tourna plusieurs fois avant de s’installer, disons, de façon à ne pas avoir mal partout. Bras en guise d’oreiller, corps resserré sur lui-même. Et elle s’endormit. Sans vraiment s’en rendre compte, sans vraiment le savoir. Elle rêvait de manière inattendue et déformée. Elle passait de scènes très colorées et complètement loufoques qu’elle oublierait instantanément en ouvrant les paupières à des paysages tantôt ternes tantôt chatoyants connus. Elle se revit devant un Al-Jeit vert pâle, le souffle coupé ; discutant avec l’aubergiste d’un établissement modestes aux tables en or ; souriant aux pitreries d’un comédiens dans la rue de sa ville ; courant face au vent, les cheveux lui giflant le visage. Riant aux éclats. Pleurant. Vivante.


Elle fut réveillée par une douleur au côté, un angle des pierres du sol se fait sentir contre ses côtes. Elle bougea, les yeux toujours fermés, tentant de se rendormir. D’oublier sa capture, sa trahison. Elle lui laissait un goût amer dans la bouche et une boule dans la gorge. Son entendement lui disait qu’elle avait fait ce qu’il fallait pour sauver sa peau mais, la petite voix de sa conscience lui reprochait de ne pas avoir menti plus, de ne pas avoir protégé ses amis. Elle avait été lâche. Terriblement lâche. Elle s’était « sacrifiée » pour mieux trahir, voilà comment on la verrait maintenant. Elle pria de toutes ses forces pour qu’Ichel, Lorek et Xzar soient loin aujourd’hui, hors de portée de leurs ennemis. Vains espoirs. Comment pourrait-elle regarder en face son amie lorsqu’elle sortirait ? Pourrait-elle seulement s’en remettre ? Comment pouvait-on supporter ça ?


Quelle heure était-il ? Elle avait perdu toute notion du temps alors qu’elle n’était pas prisonnière depuis si longtemps. Un jour et une nuit ? Une nuit et un jour ? Mais comment savoir ? Il n’y avait aucun moyen de déterminer le temps qui passait, à part son horloge biologique qui lui disait qu’elle n’était plus fatiguée. Elle soupira silencieusement et se redressa dos au mur. A sa respiration, on pouvait supposer que le marchombre dormait. S’était-il endormi rapidement après elle ou l’avait-il écouter respirer en attendant le sommeil libérateur ? C’est alors qu’elle réalisa que c’était l’ennui le pire ennemi du prisonnier. Dormir, penser, manger et espérer. Il n’y avait strictement rien à faire d’autre dans la geôle qui tenait lieu de lit, de chambre, de salle à manger, de salle de méditation… Kirfdéin essayait-il de garder ses muscles en forme ? Elle se demanda s’il était possible de faire comme dans les livres, c'est-à-dire de marcher, de faire des exercices de musculation, d’assouplissement ans un endroit aussi étroit. Elle se dit que tout était possible et qu’il faudrait qu’elle essaie, pour pouvoir rêver reprendre les cours dès sa libération. Elle aurait du retard. Beaucoup de retard à rattraper mais au moins elle pouvait tenter de ne pas perdre ce qu’elle avait appris depuis son arrivée.


Elle écoutait le silence, réfléchissant à toutes ces choses quand elle l’entendit bouger, sa respiration calme se transforma et s’accéléra. Il se réveillait. Elle le laissa émerger, continuant le cours de ses pensés déprimées et agitées. Une émotion amenait une cascade d’autres, plus ou moins optimiste. Son cerveau tentait de calmer le flux de réaction et déclarait à l’ensemble de son corps. On va venir de libérer. Sois patiente. Facile à dire quand on ne dort pas par terre, non, loin de ses toilettes et d’un homme seul depuis des mois. Elle avait de la chance qu’il soit bien éduqué, sinon, il lui aurait déjà sauté dessus. Pas que ça te dérangerait vraiment, susurra une partie de son esprit.


Halina chassa cette image et soupira. Kirfdéin était maintenant réveillé, elle l’avait entendu se redresser. Elle lui demanda, sourire inutile aux lèvres vu qu’il ne la voyait pas dans le noir :


- Bien dormi ?


Question idiote ne méritait que réponse idiote et elle s’attendait bien à ce qu’il ne lui réponde pas sérieusement. Elle avait bien envie de rigoler un peu mais ne savait pas quel genre d’humour il avait. Et puis, il n’avait pas vraiment réagit à ses idioties précédentes. Halina s’étira le dos et les bras avant d’envisager essayer ce qu’elle avait pensé avant qu’il ne se réveille.


- Tu sais quoi, je manque d’exercice, j’ai des courbatures et je ne veux pas perdre tous mes muscles alors je crois que je vais faire exercices basiques d’assouplissement. Fais-en avec moi si tu veux.


Elle alluma la bougie, se releva et commença par s’échauffer sur place. Puis se lança dans l’assouplissement. Ses muscles lui répondaient normalement. Une chose qui lui était inconnue depuis qu’elle était captive ressurgit : le bonheur. Elle espérait que son compagnon ressentait la même chose.

Comme à son habitude, Kirfdéin ne se rappela pas de ses rêves en se réveillant. Ce n'était pas des cauchemars en tout cas car il ne s'était pas réveillé en sursaut. Il avait donc assez bien dormit finalement. Enfin, aussi bien qu'il pouvait sur un sol dur et poussiéreux dans une position inconfortable. Il ouvrit les yeux. Contrairement aux autres, il n'avait pas la gêne de l'éblouissement au réveil car, quand il ouvrait les yeux, il faisait aussi noir que s'il les avait laisser fermé. Halina était réveillée car elle prit la parole.

- Bien dormi ?

- Une nuit de rêve dans ce superbe palace, répondit-il.

L'humour. La seule chose qu'il leur restait dans cet enfer. La jeune femme l'étonna pourtant quand elle rompit une nouvelle fois le silence.

- Tu sais quoi, je manque d’exercice, j’ai des courbatures et je ne veux pas perdre tous mes muscles alors je crois que je vais faire exercices basiques d’assouplissement. Fais-en avec moi si tu veux.

Des exercices? Quelle idée! Il ne s'était pas entrainé depuis qu'il était dans cette prison. A quoi bon après tout? Ils ne pourraient s'en sortir, c'était parfaitement inutile de gaspiller ses forces dans des entrainements. Pourtant, il se leva. Pourquoi? Pour faire bonne figure finalement. Se montrer fort devant Halina. Il voulait qu'elle le voit comme un grand homme fort malgré l'enfer dans lequel il vivait depuis plusieurs semaines. Ils commencèrent l'entrainement. Kirfdéin se lanca dans ce qu'il avait appris auprès d'Elera, la seule leçon qu'il avait reçu. C'était une sorte de danse, mais Kirfdéin n'était pas aussi doué qu'Elera ou que n'importe quel autre marchombre. De plus, ses muscles étaient endoloris et ils criaient grâce à chaque mouvement. Le marchombre oubliait les plaintes, il devait continuer et paraître fort. Il n'était pas insensible à la douleur pourtant. En vérité, il souffrait en silence, espérant que son visage ne trahisse pas sa souffrance. En tout cas, ce fut pas forcément son visage que le trahissa le premier, ses jambes, ankylosées, cédèrent sous son poids et il tomba. Ses genoux touchèrent le sol les premiers puis ses mains. Certaines de ses blessures se rouvrirent et le sang recomença à couler. Il n'avait pas été soigné par des rêveurs, ses plaies avaient à peine été refermées et voilà qu'elles se rouvraient. Quel idiot il avait été. Il aurait du se contenter de regarder Halina s'entrainer et de rester dans son coin. Il se remit en position assise et il regarda ses plaies à la lumière de la bougie. Il allait devoir encore attendre qu'elles se referment désormais, en priant pour qu'elles ne s'infectent pas.

- Je vais rester assis, je suis rouillé désormais. Mon corps refuse de s'entrainer, j'ai l'impression, dit-il en plaisantant malgré la douleur qui était revenue.

Halina se sentait bien, enfin elle-même alors qu'elle sentait chacun de ses muscles se contracter au rythme de ses mouvements. Elle n'avait pas perdu de vigueur en une nuit mal installée et pourtant elle préférait rester à des exercices basiques pour ne pas se blesser. Kirfdéin la rejoignit sans qu'elle n'y prète vraiment attention. Son invitation n'avait rien d'une obligation et s'il s'y mettait c'était qu'il se sentait prêt. Cependant elle réalisa vite qu'il n'allait pas bien. Du tout. Du coin de l'oeil, elle voyait la souffrance sur ses traits et espèrait qu'il réaliserait que son corps ne pouvait le suivre. Malheureusement, la volonté ne pouvait pas toujours tout faire. Elle l'observait discrètement, guettant le moment où il flancherait. Elle attendait rien ne vint, peut-être avait-elle eu tort. Elle haussa les épaules et détourna la tête. Avant qu'elle n'ai pu l'anticiper ou le retenir, il s'effondra violemment. Elle s'arrêta immédiatemant en voyant du sang couler.


- Tu as voulu aller trop vite, déclara-t-elle avec amitié.


Elle observa quelques secondes ses blessures avant de se décider, elle arracha une de ses manches et à l'aide du tissu fit des bandages grossiers sur celles qui lui parraissaient les plus susceptibles de se rouvrir et tenta de nettoyer le sang des autres en tapotant avec sa seconde manche. Elle le regarda dans les yeux, lui prit les mains et, un petit sourire aux lèvres, elle se releva. Ils étaient debout, elle sentait Kirfdéin essayer de le rester, elle le soutenait et il ne devait plus craindre de tomber, elle était là.


- Quand un ours élastique m'a littéralement détruit le genou, j'ai été soignée par un guérisseur de campage, non rêveur. Il m'a fallu de longs mois d'immobilisation puis de ré-éducation pour retrouver mes muscles d'antan. Je ne m'y suis jamais réellement remise, d'où mon boitillement. Je vis avec. Les premiers éxercices ont été douloureux mais dis-toi que c'est de la bonne douleur. Une douleur saine.


Halina appuya ses paroles en commença les éxercices simplissimes en le tenant fermement par les bras ou les mains. En le regardant s'essoufler, elle se dit qu'il ne la suivait que pour lui renvoyer une bonne image. Il ne semblait pas en trouver d'intéret.


- Tu ne fais pas les exercices pour moi, rassures-moi? Parce que sinon, j'arrête tout de suite. C'est pour toi que tu devrais vouloir travailler, pour ne plus te retrouver sans défense face aux Fils de Raïs de toutes sortes. Personellement j'ai la folle idée de ne pas être simplement une fille à défendre, incapable de combattre. Mon autonomie passe par mes muscles. Je ne voudrai plus jamais me retrouver dans la même situation qu'actuellement: je ne veux plus être une pauvre chose à défendre, protéger et sauver. Pas toi?


Elle sourit, lui insoufflant du courage. Chaque exercice était d'une simplicité infantile mas porteraient leurs fruits sur le jeune homme s'ils s'entraînait ainsi chaque jour. Ce genre de pratiques avaient été utilisée sur la jeune guerrière après sa blessure et elle espèrait qu'elles seraient aussi utiles à Kirf' qu'à elle-même. Lorsqu'elle sentit que le jeune homme était à bout, ce qui arriva rapidement, elle l'aida à se rassoir, face à lui. Elle s'apprétait à lacher à contre-coeur ses mains lorsqu'elle réalisa l'envie qui la tiraillait depuis quelques temps. Sous sa couche de crasse, il était rayonnant. Malgré ses doutes, il était persévérant. Contre le dsespoir, il avait l'humour. Malgré elle, son coeur battait plus fort quand il la regardait. Sans qu'elle ne la contrôle, sa bouche s'ouvrit:


- Tu es beau.

Trois mots. Trois mois qui la faisait basculer dans un torrent de sentiments. Halina le regarda de nouveau dans les yeux, laissant ses mains, son regard et son sourire les transmettre. Sentiments qu'elle même ne compprenait pas entierement. C'était grand, c'était fort, c'était magique et cela l'emportait sans qu'elle ne veuille lutter. Elle rougit légèrement, signe avant-coureur de son geste et s'avança lentement comme pour lui laisser le temps de s'écarter. Elle fit quelque chose qu'elle n'avait pas fait depuis très longtemps.


Elle l'embrassa.

Halina avait stoppé son entrainement quand Kirfdéin s'était effondré. Elle avait observé un instant ses plaies avant d'arracher l'une des manches et de panser les blessures du marchombre. Pendant qu'elle s'occupait de ses mains et de ses genoux, Kirfdéin avait observé le bras nu de la jeune fille. Finalement, elle ne semblait pas aussi chétive qu'elle ne le paraissait aux premiers abords. Elle possédait des forts jolis muscles. Pas les mêmes muscles que les armoires à glace qui s'amusaient à taper sur le premier qui bougeait, mais des muscles tout de même. Fins et tout en longueurs. Une marchombre aurait pu avoir les mêmes muscles mais pourtant, Halina avait précisé qu'elle était une guerrière. Propos appuyés par l'entrainement qu'elle venait de réaliser qui, bien que fluide, ne ressemblait pas à la danse des marchombres.

Après l'avoir pansé, Halina l'aida à se relever et lui enseigna une nouvelle façon de s'entrainer, ménageant ainsi ses membres endolories et blessés par le traitement des mercenaires. Elle lui expliqua qu'elle avait été blessée par le passé et que cet entrainement lui avait permit de retrouver la forme. Kirfdéin, pour faire bonne figure, débuta l'entrainement. En enchainant les exercices, Kirfdéin repensa à Elera. Que dirait-elle si elle le voyait ainsi, découragé et refusant de retrouver la forme qu'il avait avant d'être enfermé? Le Lotra serait incapable de refaire le seul exercice que sa maître lui avait imposé. En sortant d'ici, il allait devoir reprendre les bases. D'ailleurs, serait-il encore capable de tirer à l'arc aussi bien qu'il le faisait? Son seul talent...... Il espérait vraiment ne pas l'avoir perdu. Oui, c'était décidé, quand il sortirait de cet enfer, il travaillerait dur, deux fois plus que les autres s'il le fallait mais il devait repousser cette faiblesse qu'il avait en lui. Il avait perdu trop facilement dans son duel face au mercenaire et il ne voulait plus se retrouver dans une si petite cellule. Halina avait raison, il devait s'entrainer pour devenir fort.

Fort, il ne l'était pas encore. Son corps était épuisé et meurtri. Une nouvelle fois, les forces de Kirfdéin s'échappèrent. Le marchombre s'attendait à s'écrouler par terre comme il avait fait peu de temps auparavant, mais Halina le retint. Elle l'aida à s'assoir et il s'appuya contre le mur, le souffle court. Il allait avoir du boulot pour devenir fort, c'était certain, peut-être plus que les trois ans habituels pour former les apprentis marchombres. Alors qu'il tentait de retrouver sa respiration, Halina lui fit un compliment auquel il ne s'attendait pas. Non pas un compliment sur ce qu'il venait de faire vu comment il s'était raté, c'était pas un compliment qu'il fallait faire mais un reproche. C'était un compliment sur son physique qu'elle fit. "Tu es beau"! Beau? Comment pouvait-on être beau couvert de sang et de poussière? C'était étrange quand même, et ce compliment ne l'aida pas à retrouver son souffle, d'ailleurs, il en eu le souffle coupé. Mais ce qui suivit le surpris encore plus. Elle se pencha vers lui. Kirfdéin, étonné, ne bougea même pas. Elle l'embrassa et il ne l'arrêta pas. Le voulait-il vraiment? Il ne le savait même pas mais le contact des lèvres de la jeune femme lui fit oublier ses soucis. Ses blessures, son calvaire, les mercenaires, tout lui sortit de l'esprit. La seule chose qu'il avait en tête, c'était Halina. Cette personne qui lui était totalement inconnue deux jours auparavant et qui était en train de l'embrasser à l'heure actuelle. Il ne la repoussa pas car le bonheur qu'il ressentit, il ne l'avait pas sentit depuis des semaines et des semaines. Il avait même oublié ce que c'était de ne plus avoir envie de pleurer. Leurs lèvres se séparèrent au bout de quelques temps. Il n'aurait pas su dire combien de temps ils avaient passé, ça faisait longtemps que le temps n'avait plus de signification pour lui.

Kirfdéin la regarda sans parler d'abord. Etait-ce de l'attirance qu'il ressentait pour elle? En tout cas, lui aussi il la trouvait belle, c'était certain. Il n'avait pas envie de la repousser. Pour l'instant, il avait envie de la considérer comme l'élue de son coeur. Il verait ensuite, quand ils seront sortis, si la situation évolue vraiment dans ce sens ou non.

- Moi aussi, je te trouve très belle. Tu illumines ma cellule depuis que tu es là au sens propre comme au figuré

Cette fois-ci, c'est lui qui se pencha et il l'embrassa. Premièrement, pour lui prouver qu'il ne lui en voulait pas de son geste précédent et deuxième pour retrouver ce bonheur qu'il avait eu quelques secondes auparavant.


[Si tu veux que j'agrandisse mon post, envoie un MP, j'ajouterais des lignes]

L’instant était parfait. Elle ne sentait plus ni ses muscles endoloris, ni son genou qui irradiait d’une douleur sourde, ni ses pensées négatives et pessimistes. Elle n’avait pas oublié cette sensation incroyable qui diffusait une douce euphorie dans son esprit déjà embrumé. Brefs moments d’éternité. Elle ne pouvait dire combien de temps s’était écoulé lorsqu’ils durent se séparer. Elle se recula un peu, le laissant réfléchir, comprenant peu à peu toute la portée de ses actes. Depuis combien de temps n’avait-il pas vu de filles ? Qu’allait-il penser de cette inconnue fougueuse qui embrassait le premier venu ? Mais son cœur lui criait autre chose. Elle le fit taire, enfin essaya : si elle le ré-embrassait, il ne retrouverait jamais un rythme respiratoire normal. Pourtant, tous ses muscles, tout son être un redemandait. Comme un manque. Comme une drogue. Il était trop loin d’elle désormais. Elle se rapprocha discrètement, attentive à son regard, aux expressions de son visage. Qu’allait-il donc dire ? elle espérait qu’il ne la repousserai pas. Etre aussi proche de quelqu’un qu’elle aimait et qui ne voulait pas d’elle serait le pire des calvaires.


Halina faillit soupirer de joie lorsqu’il répondit à l’affirmative. Le compliment, m^me s’il n’était que la répétition du sien, la touchait. Elle rayonnait c’était vrai. La présence féminine attentionnée qu’elle était depuis leur rencontre avait sûrement eu un effet sur lui. Elle se laissa embrasser, savourant le contact de ses lèvres douces sur les siennes et le bonheur de cet instant. Ses yeux brillaient. Ceux de Kirfdéin aussi. Enfin, à moins que ce soit une illusion due à la chandelle vacillante… Elle chassa cette idée et lorsqu’ils se séparèrent de nouveau, elle lui sourit et caressa délicatement sa joue. Elle ne voulait pas être trop entreprenante, ne sachant pas jusqu’où il voulait aller avec elle.


Alors qu’ils s’embrassaient encore, elle réfléchit à ses sentiments. Etait-ce du désir ? de l’amour ? Elle ne pouvait le dire. Il l’attirait ça s’était sûr car malgré la poussière et le sang séché il exerçait sur elle une fascination passionnante. Il lui donnait aussi envie de le charmer, de le séduire. Ce qu’elle ressentait pour Kirfdéin était différent de ce qu’elle avait ressenti pour Lian car alors que celui-ci l’avait rendu femme, avec le jeune marchombre tout était nouveau. Il ne fallait cependant pas qu’elle le compare à Lian. Il ne devait plus être sa référence. Le jeune blond pourrait peut-être le devenir. Qui sait comment évoluerait leur relation une fois libérés ?


Elle s’approcha de lui, leur visage se frôlèrent puis elle esquiva joyeusement un baiser pour vérifier ses bandages. Elle les réajusta car certains avaient glissé pendant qu’elle l’entraînait. Elle faisait exprès de caresser sa peau à chaque fois qu’elle en refaisait un. Elle se doutait qu’elle le ferait un peu frissonner mais s’amusait bien. Elle joignait l’utile, le drôle et l’agréable. Elle ne savait pas trop comment le jeune homme réagirait, serait-il gêné, passionné ou câlin ? Elle avait consciente d’être dangereusement proche de lui. Mais en même temps, cela ne la dérangeait pas vraiment.


[ désolée c'est un peu court. Edition possible, comme d'habitude ! ]

Après de multiples embrassades, Halina s'était encore occupé des bandages du marchombre. Kirfdéin appréciait vraiment les soins qu'elle lui apportait.

" La meilleure des guérisseuses, pensa-t-il. Et la plus jolie en plus"

Il avait vraiment de la chance au coeur de son malheur. Il en voulait beaucoup moins aux mercenaires désormais. Bon, il gardait de la rancoeur et de la colère vis à vis du Chaos tout de même mais il soulageait sa peine en se disant qu'il n'aurait surement pas rencontré Halina s'il n'avait pas terminé au fin fond de la gêole.

L'inspection de bandages ressemblait beaucoup plus à des caresses qu'à des vérifications. Kirfdéin sentit comme si ses cheveux se dressaient sur sa tête mais, étrangement, cela lui fit un bien fou. Il se laissa faire sans bouger, fermant même les yeux. Quand la guerrière stoppa son "inspection", Kirfdéin leva sa main avec le moins de bandage et il lui caressa doucement la joue. La peau de la jeune femme était si douce. Il continua sa caresse en remontant le long du visage de la belle. Il s'attarda un peu sur les tatouages et les bijoux de la prisonnière, se disant que s'il s'avérait qu'il l'aimait vraiment, il partirait à la recherche de quelqu'un capable de reproduire les tatouages sur son torse et son épaule. D'ailleurs, il doutait de moins en moins de son amour pour la jeune femme. Il se connaissait que depuis quelques heures mais pourtant, il ne voulait plus la quitter. L'amour fou au coeur de l'enfer. Etrange, mais réalisable apparrement. Alors que sa main descendait désormais le long de l'épaule de sa compagne de galère, il repensa à son père. Il lui avait demandé de parcourir le monde à la recherche d'une épouse et Kirfdéin venait peut-être de trouver la femme de sa vie dans le dernier endroit où on penserait trouver une épouse: une prison! Son père et sa mère s'était rencontré de la plus banale des façons, eux. La mère de Kirfdéin était en voyage avec ses parents dans la ville d'Al-Far et le père du jeune homme était venu au marché pour se refaire des provisions. Leurs chemins s'étaient croisés et ils étaient tombés amoureux. Situation très banale quand on la comparait avec celle que leur progéniture venait de vivre.

La main de Kirfdéin avait désormais finit l'inspection et la caresse des parties du corps d'Halina (oui toutes, espèces d'esprits pervers ^^). Un corps parfait, rôdé par l'exercice de la guerre. Elle était vraiment belle. Kirfdéin se pencha et il l'embrassa une nouvelle fois. Les mercenaires pouvaient débarqués dans la cellule qu'il s'en moquait. Depuis quelques minutes, il avait retrouvé un moral d'acier, un mental à toutes épreuves. Qu'ils viennent pour le torturer! Il ne leur ferait pas le bonheur d'implorer qu'on le laisse, qu'on l'achève pour qu'il n'endure plus la souffrance. Non! Désormais, il ne broncherait pas et il attendrait qu'on le relâche. Il ne voulait plus mourir. Grâce à Halina, ce n'était plus un pauvre petit garçon implorant et pleurnichant qui se trouvait dans la cellule. C'était un fier marchombre qui se moquait bien des traitements que le Chaos pourrait lui infliger.

- Il me tarde de sortir d'ici. Quand on n'aurait plus ce maudit toit au dessus de nos têtes, je te ferais découvrir des endroits insolites que j'ai trouvé en m'entrainant. Je suis sûr que tu seras charmer par les lieux. De magnifiques paysages à perte de vue et surtout, pas d'horribles murs couverts de poussières autour de nous.

Comment avait-il pu oublier ces lieux? Pourquoi n'y avait-il pas repensé avant? Il aurait pu se visualiser ailleurs que dans sa prison et positiver malgré son malheur. Mais non, il s'était enfermé en lui au lieu de laisser son esprit s'évader. Le baiser d'Halina semblait avoir briser un mur que Kirfdéin avait créé autour de son âme. Ce mur tombé, le marchombre voyait désormais son avenir sous un meilleur jour. Tout ça grâce à Halina.

- Merci

Il avait murmuré ce remerciement. Elle ne comprendrait sûrement pas pourquoi il la remerciait, mais Kirfdéin ne lui expliqua pas. Elle n'avait peut-être pas entendu le merci après tout. Si elle avait besoin d'explication, elle demandrait.

Pour la centième fois certainement, Kirfdéin se pencha et leurs lèvres se touchèrent.

Halina apprécia les caresses qui vinrent en réponse aux siennes. Il semblait avoir bien compris le but de ses « vérifications » et il les reproduisit pour sa compagne. Elle sentit avec bonheur d’agréables frissons la parcourir et elle sourit. Elle ferma les yeux. Et faillit ronronner de plaisir. Malheureusement, elle n’était pas un chat et ne pouvait pas ce jeter sur ses genoux et réclamer plus de câlins. Ce serait… inconvenant. Mais pas désagréable susurra son inconscient. Son elle conscient le fit taire et contrôla ses pulsions. S’il devait se passer quelque chose de plus entre eux, ce serait une fois libérés, guéris et propres. Leur relation n’en serait que renforcée s’il s’aimaient vraiment.


Elle-même ne doutait plus de ses sentiments. Elle savait reconnaître l’amour quand il se présentait aux portes de son cœur. Cet éclat l’illuminait entièrement et elle sentait cette étrange sensation au creux de son ventre, signe explicit. Elle l’observa de nouveau, ce jeune homme qui la rendait heureuse. Simplement heureuse. Il avait l’air moins déprimé, moins résigné. Il y avait comme de la détermination dans ses yeux. Cela aussi lui mit le baume au cœur, il avait l’air décidé à ne plus se laisser abattre. Lorsque sa main se sépara de sa peau, elle eut comme un manque. Encore. Aussitôt calmé par un baiser. Leurs baisers éaient moins passionnés que les précédents, plus langoureux. Plus amoureux.


- Il me tarde moi aussi. Je serai ravie de te suivre. J’ai moi aussi découvert quelques endroits agréables. J’espère ne pas devenir claustrophobe à cause de cette satanée histoire… Ou allergique à la poussière… Je vais me tenir éloignée des coins sombres pendant un moment…


Elle sourit très légèrement à cette pensée. Vivement la libération. Halina attrapa la main du jeune homme après qu’il eu murmuré quelque chose. « Merci. » Elle ses décidemment ses baisers. Doux et sucrés. Caressant. Son rythme cardiaque s’accéléra encore, comme à chaque fois que leurs peaux rentraient en contact. Comme à chaque fois qu’ils s’embrassaient. Comme à chaque fois que leurs regards se croisaient. Elle tenait doucement sa main dans la sienne. Son pouce caressait lentement le dos de sa main.


- Pourquoi me remercies-tu ?


La jeune guerrière plongea son regard gris dans le sien, admirant ses reflets dansant et les fossettes aux coins de ses yeux. Elle voulait courir avec lui, lui montrer la magnificence de la ville, la beauté sauvage des territoires adjacents. La grandeur de la Lune et la splendeur des plaines. Seuls. Tout les deux. Pour se découvrir. Pour s’aimer. Grâce à lui, elle avait de nouveau des projets pour le futur, elle avait envie de tourner une page du livre de sa vie. Elle réalisa alors, un peu étonnée qu’elle lui avait pas encore dit. Ces trois mots qui font toute la différence. Ces trois mots dont toutes les petites filles a au moins rêver une fois. Elle aurait été comblée s’il avait été le premier à lui dire, mais les temps changeaient. Désormais, c’était aux femmes de faire le premier pas.


- Je t’aime, lui déclara-t-elle d’un ton tendre.


[ modifications possibles. ]

Elle lui caressa le dos de la main. Doux contact de chaleur. Comment pouvait-il vivre une telle chose dans un endroit pareil? Etait-il en train de rêver? C'était possible après tout. Il s'était même pas posé de questions quand elle l'avait embrassé, il avait été bercé par la sensation qu'il ressentait au fond du coeur. Mais après tout, peut-être qu'il divaguait, qu'il allait se réveiller dans sa cellule seul et sans Halina, ou alors avec une Halina qui ne l'aurait jamais embrassé. Si ce n'était qu'une halucination, pourvu qu'elle tienne longtemps, qu'elle ne disparaisse pas d'un coup. Il avait connu de nombreux mirages depuis son emprisonnement. A chaque fois, il avait supplié pour qu'ils disparaissent le plus rapidement possible car ils le faisaient souffrir. Mais là, si c'était une divagation, il vivait la plus belle et la plus douce de toutes. Il ne voulait pas qu'elle disparaisse.

Halina lui souffla quelques mots. Des mots qui finirent de remplir Kirfdéin de chaleur et de force. Trois simples mots qui avaient un énorme poids. "Je t'aime". L'amour au coeur de l'enfer. Un enfer qui ne paraissait plus aussi horrible d'ailleurs. Oui, il était toujours dans la même cellule, dans le même pétrin, mais ce n'était plus aussi terrible qu'avant. Désormais, son coeur n'était plus tourmenté. Il n'était plus seul et les ombres qui l'avaient entouré depuis tant de temps étaient chassées par la flamme de la bougie d'Halina. Le jeune marchombre ne put s'empêcher de penser aux mercenaires qui avaient sûrement envoyé Halina dans la cellule pour qu'ils se lamentent l'un et l'autre sur leur sort mais c'était tout le contraire qui était arrivé. Au lieu de le plonger encore plus dans le puits de ténèbres dans lequel il était tombé depuis des semaines, la guerrière lui avait tendu une corde pour le sortir de là. Il avait refait surface.

- Je t'aime aussi. Je ne croyais pas que je vivrais une telle chose dans cet endroit. J'ai vécu au coeur des mirages et des hallucinations pendant des semaines. Si j'en vis un actuellement, je prie le ciel pour qu'il ne s'arrête jamais car je suis rempli de bonheur depuis que je te connais. Si je t'ai remercié, c'est pour ça. Je me voyais mourir dans cet enfer mais depuis ton arrivée, je revis. Je ne suis plus submergé par les ténèbres, tu as allumé une flamme de puissance dans mon coeur. Je ne faisais plus de projets d'avenir et désormais, je me projette dans ce qui se passera après notre libération et tout ça, c'est grâce à toi. Alors, je t'en remercie vraiment.

Il l'embrassa une nouvelle fois. Combien de fois leur lèvres s'étaient ainsi jointes? Aucune idée et peu importe. Quand on aime, on ne compte pas. C'était un bonheur de l'embrasser alors pourquoi s'en priver? C'était ridicule! D'ailleurs, il ne voulait plus être séparé longtemps d'elle. Cette proximité avec elle, il voulait la conserver. S'il devait renoncer à des projets, il en ferait le sacrifice sans souci. Halina comptait plus que tout. Il y a quelques minutes, il n'en était pas sûr mais maintenant, c'était devenu une certitude. Il l'aimait. De tout son coeur. De toute son âme. C'était elle qu'il avait choisit. Halina était Celle-de-son-coeur, heureusement qu'il était pas un nain sinon il se serait évanouit



[Pas super long, dsl. Si tu vois un pb ou si tu veux que je rallonge: MP]

Elle eut soudainement peur. Peur qu’il ne partage pas ses sentiments. Qu’il la repousse. Peur de se consumer entièrement d’amour pour lui. Peur d’être de nouveau dépendante de quelqu’un ou quelque chose. Peur qu’il devienne lui aussi surprotecteur. Qu’elle ne soit plus autonome. Mais, avait-elle un jour été autonome ? Enfant, il y avait sa mère, aimante et figure de proue de sa vie qui s’était éteinte, comme une braise qui se consume. Plus tard, elle avait souhaité très très fort que son frère soit toujours là, il comptait tellement pour elle. Il s’était engagé dans l’armée. Ensuite, Lian qui n’avait pas vraiment essayé de la retenir et qui ne l’avait même pas suivie comme il était prévu au départ. Son père, décédé à un âge raisonnable qui avait aimé trop fort sa femme et ses enfants. C’était elle qui l’avait laissé tomber : alors que son fils le quittait et qu’il avait besoin de soutien, sa fille avait préféré parcourir le monde. Il avait attendu de revoir ses deux enfants avant de mourir. Elle dépendait de la tendresse de ses parents, du courage et de la détermination de son frère, de l’amour dévorant de Lian puis de l’enseignement de l’Académie. Aujourd’hui, elle avait l’impression que son cœur ne lui appartenait plus. Il avait changé de place. Kirfdéin le lui avait pris.


Il l’aimait. C’était bon et doux de l’entendre. Elle était contente de lui avoir dit ce qu’elle ressentait. Moments de Bonheur en Enfers. Le lieu et le contexte n’avaient plus d’importance tant qu’il l’aimait. Elle voulait qu’il lui répète ces trois mots dans le creux de l’oreille. Comme un secret partagé. Une phrase comme caresse auditive et sensitive. En effet, ces trois mots faisaient battre son cœur plus vite et ses joues se rougir. Une sensation douceâtre au creux du ventre. Il continua de lui parler. Elle n’était pas une hallucination et elle ne s’évanouirait pas dans un nuage de fumée rose avec un rire sardonique.


-Je suis bien là, rassures-toi. Nos baisers ne sont-ils pas de bonnes preuves ? Je suis heureuse de t’avoir aidé. Tu as un sourire magnifique quand tu vas mieux.


*Arrête les compliments Halina, tu vas lui faire peur ! * Elle avait si envie qu’ils soient enfin libérés. Voir le soleil se coucher. Main dans la main. S’émerveiller sous la Voie Lactée ou devant un paysage grandiose de Gwendalavir. Courir et s’entraîner ensemble. Vivre à deux. Elle priait de tout son cœur pour que l’on ne l’oublie pas. Pour qu’un jour on ouvre cette porte haïe et qu’on lui dise, le visage souriant, qu’elle était libre. Pour qu’elle puisse devenir forte et se venger du Chaos. Mercenaires qui, sans le savoir et le vouloir, avaient créés une histoire d’amour improbable, une romance salvatrice. Elle l’aimait. Il l’aimait. Cela lui suffisait presque.


La flamme de la bougie s’agita tout à coup avant de s’éteindre. Halina vérifia. *Et merde, elle est complètement consumée !* Elle soupira, l’obscurité avait repris ses droits. Elle commença à avoir peur. Elle ne le voyait plus. Avait l’impression qu’il avait disparu. Sa respiration s’accéléra. Elle ne le sentait plus à côté d’elle. Elle savait rationnellement qu’il ne fallait pas qu’elle s’inquiète, il était juste près d’elle. Mais elle ne parvenait plus à s’empêcher de paniquer. Elle ne voyait plus ses yeux gris, ses cheveux, ses lèvres si attirantes, son visage, ses mains… Elle commença à trembler. Cette peur panique la paralysa et elle ne pu tendre son bras pour se rassurer. Son souffle était saccadé. Elle faisait une crise qui ne semblait pouvoir se calmer que si elle arrivait à faire comprendre à son cerveau qu’il était tout près. Il suffisait qu’il la touche ou même la prenne dans ses bras. Elle réussit à demander, d’une voix basse, stressée et cassée :


-Kirf’, t’es où ?


[ Elle pète un cable, désolée Si ça te plait pas, j'peux modifier ! ^^ ]

[J'adore ton nouvel avatar]

Kirfdéin vivait un véritable rêve éveillé. Eveillé? L'était-il vraiment? Il ne pourrait en être totalement sûr pendant tout le temps où il serait dans cette cellule. Il avait tellement perdu l'esprit pendant qu'il était seul dans le noir. Il avait entendu des voix, vu des hallucinations. Son père était apparu devant lui, sa mère aussi. Pourtant, ils n'avaient jamais été à ses côtés. C'était impossible. Son père était mort et sa mère était à Al-Chen. Ils n'étaient que hallucinations. Halina était-elle une de ses illusions? Le jeune marchombre avait-il finit par devenir complètement fou? Que de questions sans réponses! Mais après tout, Kirfdéin ne voulait pas de réponse pour l'instant, surtout si c'était pour apprendre que la guerrière n'était qu'un tour de son esprit. Il voulait continuer à rêver ou à vivre ce rêve éveillé. Il verrait plus tard pour les réponses à ses questions. Il n'était pas pressé. Dans sa cellule, il avait perdu la notion du temps. Cronos n'avait pas de pouvoir dans sa geôle.

Soudain, la lumière disparu. Kirfdéin ne fut pas surpris. Il fallait s'y attendre. Il n'y avait qu'une bougie qui brillait déjà depuis quelques temps maintenant et elle n'était pas éternelle. La flamme avait finit par consumer le batôn de cire. Désormais, ils seraient plongés dans le noir jusqu'à ce qu'on les sauve. Pour Kirfdéin, ce n'était pas un problème, il avait vécu ça pendant tellement de temps que le noir ne lui faisait plus peur. Mais apparemment, ce n'était pas le cas pour Halina. Il la sentait chercher une source de lumière. Elle s'agitait dans l'obscurité. Elle paniquait. Pourtant, rien n'avait changé. A part cette lumière qui avait disparu, bien sûr. Tout était identique. Ils n'étaient que tous les deux dans le silence le plus total, perdu dans une petite cellule. Rien n'avait bougé. Encore, s'il y avait eu un bruit, Kirfdéin aurait pu comprendre cet état de panique mais là, il était dans l'incompréhension totale. Pourtant, il devait la calmer. Il lui attrapa doucement le bras. Kirfdéin fit alors un geste qu'il n'aurait pas fait si Halina ne lui avait pas montré son amour. Le marchombre posa doucement la tête de la guerrière sur sa propre épaule.

- Doucement, lui dit-il en lui caressant tendrement les cheveux. Je suis là. Ne t'inquiète pas. Tu n'as pas à paniquer, nous ne sommes que nous ici.

Sa mère faisait exactement la même chose quand il était plus petit. Toujours ce même geste pour chasser les noirs pensées qui s'en prenaient à l'esprit de son fils. Ce n'était que quelques mots, quelques gestes, mais ils faisaient l'effet voulu. Le calme arrivait immédiatement. Le marchombre se rappelait encore quand sa mère était venu le trouver alors qu'il hurlait et pleurait dans sa chambre. Il venait de faire un lourd cauchemar et il s'était réveillé en sursaut. Elle l'avait réconforté en lui glissant des mots dans le creux de l'oreille. Il avait fermé les yeux et les larmes avaient peu à peu cessé de couler. Son coeur avait reprit tranquillement son rythme normal. Il s'était calmé et avait pu se recoucher. Une nuit sans cauchemar avait alors suivie, tout ça grâce à sa mère. Kirfdéin espérait avoir autant de talent que sa mère pour pouvoir réconforter la guerrière. Il allait devoir vivre dans le noir, il ne fallait surtout pas qu'elle panique.

Malheureusement, le marchombre n'eut pas le temps de lui caresser les cheveux bien longtemps. La porte de la cellule s'ouvrit à la volée. Immédiatement, Kirfdéin repoussa Halina loin de lui. Les mercenaires venaient d'arriver et le jeune homme ne voulait surtout pas qu'ils les voit enlacé. Le marchombre commençait à avoir l'habitude des fils du Chaos et il savait très bien que, s'ils les voyaient dans une telle position, ils se feraient un plaisir de les séparer rapidement pour annihiler tout lueur de bonheur dans l'enfer qu'ils avaient créé.

Une ombre se dessina alors dans l'encadrement de la porte et Kirfdéin pu entendre une voix féminine. Une voix au ton aussi froid que les montagnes d'Al-Poll en hiver:

- Amener moi le jeune homme, j'ai besoin de me calmer.

Deux mercenaires entrèrent alors dans la cellule et le marchombre fut agrippé. Il fut alors traîner sans ménagement hors de sa prison. Heureusement que la bougie allumée par Halina lui avait offert de la lumière, sinon il aurait été aveuglé par la lueur qui s'offrit à ses yeux.

Kirfdéin fut traîné pendant quelques secondes et il fut posé violement sur une espèce de lit en pierre. Il n'avait pas besoin de se demander où il était. Il le savait très bien. Il était déjà venu. La salle de torture. Il allait souffrir, c'était évident. Une femme s'approcha. Surement celle qui avait ordonné qu'on l'amène dans cet endroit. Kirfdéin la connaissait, elle s'était déjà amusée avec lui. Pourtant, il ne connaissait pas son nom. Il savait juste que c'était une chef, à la façon dont les autres mercenaires lui obéissaient au doigt et à l'oeil.

- Vous pouvez vous acharner autant que vous voulez, je ne vous dirais rien, cria-t-il.

- Tu n'es pas là pour parler. Tout ce que tu pourrais dire, nous le savons déjà, lança la femme.

Pas là pour parler? Alors là, c'était un vrai problème. Elle voulait volontairement le faire souffrir et il ne pourrait rien offrir pour que la souffrance s'arrête. Il allait devoir encaisser sans broncher jusqu'à ce qu'elle se lasse. Ca allait être dur, le marchombre n'était pas un homme qui encaissait la douleur sans se plaindre.

Il fut maintenu par des poignes de fer. Il n'allait plus pouvoir bouger. De toute façon, il n'aurait pu s'échapper, il était trop faible pour ça. Il aurait été rattrapé en un rien de temps et les coups portés auraient été plus violent. Il voulait s'enfuir mais il n'était pas un idiot non plus. Quand il reçu le premier coup dans les côtes, Kirfdéin ferma les yeux pour pas qu'elle voit les larmes couler et il serra les dents pour s'empêcher de crier. Deux raisons pour souffrir en silence: ne pas offrir la satisfaction à la mercenaire et ne pas inquiéter Halina qui l'entendrait sûrement s'il hurlait. Les coups se mirent à pleuvoir. De plus en plus fort. La douleur était intense mais le marchombre ne broncha pas. Mais son silence ne dura pas éternellement. Il reçu rapidement un coup de poing en plein milieu du ventre qui le fit plier en deux. Il poussa un soupir de souffrance et il ouvrit les yeux par la même occasion.

- Ah quand même, j'avais peur qu'il ne se soit endormit, lança la femme sur un ton acerbe.

Les mercenaires qui étaient dans la pièce se mirent à rire bêtement. Kirfdéin fut rallongé de force sur le lit de pierre et les coups reprirent de plus belle. Combien de temps était-il resté allongé en tentant de rester impassible sous les coups? Il ne le savait pas. Pourtant, au bout d'un temps qu'il crut interminable, il fut jeté dans sa cellule comme un vulgaire sac à patates qu'on balançait dans une remise.

Il tenta de se remettre debout mais ses jambes lui faisaient trop mal et il s'écroula. Il sentit alors deux mains tendres sur son dos. Halina. Elle était toujours là. Après les cours qu'il venait de recevoir, il se serait réveillé s'il était endormit à rêver d'une belle demoiselle l'embrassant. Il venait de souffrir et il était toujours dans la même situation qu'avant la torture. Une chose était sûre désormais: il ne rêvait pas. Halina était bien réelle. Elle l'aimait, il l'aimait comme un fou. Il se mit à sourire, oubliant totalement ce qui venait de se passer.

- Je t'aime, dit-il dans un murmure.

[ Post écrit en partie en philo. Qui a dit qu'on se fait chier en philo? Désolée pour le retard. ]

Halina sentit un contact chaud dans son dos. Immédiatement, elle sentit ses battements de cœur s’apaiser, un frisson la parcourir, se muscles se détendre et sa raison re-pointer le bout de son nez. Elle comprenait son erreur : rien n’avait changé, ils étaient toujours dans leur cellule austère, toujours dans le noir que la bougie avait temporairement éloigné, Kirfdéin était toujours près d’elle. Elle le laissa poser sa tête sur son épaule pour que son esprit finisse par s’apaiser. Pour qu’elle ne soit pas seulement un amas de panique et de manque. Il savait s’y prendre pour calmer les gens, il caressait ses cheveux tendrement, il la soutenait pour qu’elle redevienne elle-même. Elle ferma les yeux et apprécia leur contact qui était si doux et agréable. Il fut de courte durée.


Elle entendit la porte s’ouvrir et avant de pouvoir réagir, le jeune homme la poussa loin de lui. Elle se retrouva couchée sur le côté, joue contre le sol. Elle sentit une nouvelle douleur se déployer en elle et se joindre aux autres mais elle ne bougea pas. Visage vers le mur du fond. Paupières closes. Etendue là. Loque humaine. Elle tressaillit de peur. Elle faillit se redresser pour le défendre. Puis, elle se souvint de ce qu’il venait de faire : il l’avait poussée. Il l’avait protégée ! S’ils montraient l’un pour l’autre le moindre attachement, ils seraient séparés. Ou pire, l’un des deux pourrait mourir. Elle serra les poings à s’en faire blanchir les jointures. Halina adressa un baiser mental au jeune homme et une série de baffes aux trois silhouettes sombres. Il fallait qu’elle garde sa tête basse, qu’elle laisse les mercenaires prendre son bien aimé, qu’elle ne réagisse pas, qu’elle ne montre pas sa haine, qu’elle soit forte, qu’il soit fort, qu’il survive et qu’elle supporte les cris qui allaient sûrement bientôt se faire entendre. Elle sentit le regard de la chef sur son dos quelques instants. Je suis inintéressante. Je suis inoffensive. Je suis une loque.


Je suis une loque.


Halina entendit la porte se refermer et, immédiatement, elle se redressa et se tourna vers l’endroit où il avait disparu. Elle lui envoya tout son amour et se prépara au pire. Alors qu’elle tortillait sa mèche, elle réalisa qu’elle avait mal depuis sa chute. Elle observa son épaule et d’un regard dédaigneux jugea sa nouvelle blessure de négligeable. Ce n’était pas elle qui allait avoir besoin de soin. Elle attendit en angoissant le moment où elle entendrait sa voix. Elle avait mal. Dans son cœur. Elle savait qu’il fallait qu’elle soit forte et pourtant, quand quelqu’un hurla à travers les murs, elle tressaillit. Elle se plia en deux et sanglota. Elle était impuissante.


La fière et courageuse guerrière qu’elle croyait être n’avait rien faire d’autre que vendre ses amis pour éviter la torture et n’était même pas capable de défendre celui qu’elle aimait. Elle avait appris tellement de choses et cela ne suffisait pas à lui permettre de tuer tous ces chiens de mercenaires. De tendre un piège au garde qui les nourrissait. De fuir en courant. De se libérer du dédales de couloirs des sous-sols. D’être à l’air libre. De voir le soleil. Non, elle n’en était même pas capable. Il fallait qu’elle reste là, écoutant les cris étouffés de son âme sœur, se morfondant dans l’obscurité en attendant qu’un hypothétique secours daigne les sortir de ce cauchemar éveillé. Elle laissa ses larmes couler quelques minutes, puis les sécha hargneusement. Elle n’avait pas le droit. Etre forte. Elle commença à échafauder une série de plans d’évasion de plus en plus improbables et loufoques pour éviter que son esprit dérive vers Kirfdéin. Elle finit par s’imaginer en guerrière Thül en train d’exploser la porte de la geôle puis sur le dos du Dragon pour tuer l’ensemble de ses ennemis et enfin, récompensée par l’Empereur pour avoir sauver le monde grâce à sa cape dorée. Elle soupira. Elle se laissa aller, dos contre un mur et attendit, inquiète, le retour du Jedi de Kirfdéin. Les ténèbres lui semblaient de plus en plus profondes.


Elle ne savait combien de temps avait passé lorsqu’elle entendit enfin les cris cesser et la clef tourner dans la serrure. Cette fois-ci, elle ne se fit pas loque. Ou presque. Elle resta assise contre le mur, tête baissée. Elle observa du coin de l’œil les mercenaires. Encore celle-là ! Elle avait reconnu celle qui l’avait interrogée et elle se retint de lui sauter dessus. De toutes façons, elle n’avait aucune chance. La porte se referma avec un bruit sec et Halina s’approcha du jeune homme qui tenta de se lever. Alors qu’il tombait, elle le retint. Le noir ne favorisait pas ce qu’elle venait de faire mais elle y parvint. Elle le prit délicatement dans ses bras comme s’il était un objet fragile et précieux qu’on ne veut surtout pas casser. Elle ne pouvait voir ses blessures et donc ne pouvait pas essayer de l’apaiser. Ce qui était vraiment angoissant. Elle passa ses ras autour de sa taille et posa sa tête sur son épaule, doucement. Elle évitait trop de contact pour ne pas qu’il souffre plus.


- Je t’aime.


Ce n’était pas le moment de dire ça. Non mais quel imprudent ! Il fallait qu’il se repose. Qu’il cesse de s’agiter. Elle se l’avoua : elle avait peur. Mais au fond d’elle-même, une petite voix lui rappela que les méchants ne voulaient pas les tuer, juste les garder en otages pour que les gentils ne se rebellent pas. Elle lui répondit, sourire aux lèvres :


-Moi aussi Kirfdéin, moi aussi. Dors maintenant. Je suis là.


Elle le lacha et le laisse s’allonger, la tête sur ses cuisses. Elle, adosse au mur, lui caressait les cheveux tendrement jusqu’à ce qu’il s’endorme. Il en avait grand besoin. Après, il faudrait que le fils du Chaos vienne les nourrir. A ce moment –là, il faudrait qu’ils s’éloignent l’un de l’autre.


-Je suis là, murmura-t-elle pour elle-même.

Il était bien dans les bras de sa belle. Son esprit était appaisé. Toutes ses questions s'étaient envolés. Il savait qu'il ne rêvait plus et il en était heureux. Pourtant, Kirfdéin souffrait dans sa chair. C'était intriguant de cumuler ces deux états. Une souffrance intence du corps mêlé à une joie de l'esprit. C'était ce que le marchombre ressentait. Les mercenaires lui avaient offert l'appaisement à grands coups. Ils s'étaient fait plaisir, croyant détruire le jeune homme encore plus, mais ils s'étaient trompés. Oui, Kirfdéin souffrait. Oui, il maudissait les fils du Chaos au plus profond de son âme. Mais non, il n'était pas détruit moralement. Au contraire, il revivait peu à peu. Chose qui ne serait jamais arrivé sans Halina. Seul dans sa cellule, il s'était laissé sombrer. Il avait écouté les voix de l'obscurité. Il s'était laissé attiré dans l'abime des ténèbres. Il en était devenu presque fou. D'ailleurs, il serait devenu certainement fou si Halina n'était pas venue. On l'aurait retrouvé parlant seul dans sa cellule, totalement hors du monde physique, ou alors, il aurait finit par trouver le moyen de se suicider, sans avoir recours à la grève de la faim. Mais voilà, un rayon de soleil avait transpercé les ténèbres. Cette lumière avait chassé l'obscurité. Elle avait repoussé la folie qui s'en prenait au marchombre. S'il était encore en vie et sain d'esprit, c'était uniquement grâce à Halina. Il ne la remercirait jamais assez pour ça.

Il l'aimait. Il l'aimait de tout son coeur. De toute son âme. Pourtant, il ne pouvait le montrer. Seulement le dire. Son corps le faisait souffrir. Ses muscles affaiblit par la privation de nourriture étaient comme paralysés. Les mercenaires l'avaient cloués au sol pour quelques heures minimum. Il aurait aimé lui caresser la joue, mais il n'arrivait pas à lever le bras. Il aurait aimé l'embrasser, mais il était incapable de lever la tête vers elle. Il restait à la regarder. Avec un regard amoureux. Regard qu'Halina ne pouvait voir maintenant que la bougie s'était consummée. Il lui prouverait tout l'amour qu'il avait pour elle mais pour l'instant, il ne pouvait traduire cet amour que par des mots. Pourvu qu'ils sortent bientôt. Il voulait se balader avec la guerrière, lui offrir de jolis bijoux, observer avec elle le soleil couchant. Dans cette cellule, ils ne pouvaient rien faire. Qu'on vienne les sauver. Vite. Qu'on les sorte de là.

La guerrière s'installa "confortablement" contre le mur, Kirfdéin dans ses bras. Le marchombre savait qu'on ne devait pas les trouver ainsi, pour leur bien à tout les deux. Mais pour l'instant, ce n'était pas ce qui occupait ses pensées. Il était bien. Si bien qu'il en oubliait presque ses blessures, ses souffrances. Il ferma doucement les yeux. Il se dirigeait vers un monde bien loin. Un monde sans souffrance. Un monde de bonheur. Un monde qu'il avait créé selon ses convenances. Un monde où il retrouverait une Halina heureuse. Ce monde, c'était le monde de ses rêves. Il s'endormit très rapidement.

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