Cours de tir à l'arc [Inachevé]

Ca faisait tellement longtemps qu’il n’avait plus touché à cet arc. Il l’avait pris avec lui dans sa fuite avec les résistants externes, mais quand ils étaient dans la grotte Chantelame, il l’avait laissé dans un coin car il n’en avait pas l’usage, et depuis, tout s’était trop précipité pour qu’il ait eu le temps de s’entrainer correctement avec. Ce bel arc qui ne lui appartenait même pas au départ… Elera lui manquait. Il ne la croisait pas vraiment dans les couloirs et depuis les évènements au Bal, il n’avait plus eu l’occasion de lui reparler. Pourtant, il aurait eu tellement de choses à lui dire… Mais ses propres contraintes chantelames n’étaient pas compatibles avec les libertés fantaisistes de la marchombre et ses voyages multiples.
Ce matin-là, il saisit l’arc qu’il avait rangé sur le ratelier du dortoit, et fit un crochet par l’armurerie pour prendre un carquois de flèches. Il ne connaissait pas ce nouveau professeur de tir à l’arc, et ne connaissait pas non plus son organisation, aussi jugea-t-il plus prudent de prendre ses propres flèches. Certains enseignants étaient tellement loufoques… Ca lui rappelait un peu certains membres de sa famille. Mais bref. Apparemment, la nouvelle prof’ était jeune. Ca ne le dérangeait pas, en ce sens que son Maître Chantelame était à peine agée d’une vingtaine d’années, mais il se demandait quand même comment il devrait l’appeler.
Madame ? Vous, tu, on ? Au pire, il verrait. D’ailleurs, il arrivait. La salle d’armes était étonnamment silencieuse, elle qui d’ordinaire accueillait quelques petits groupes d’élèves avec leur enseignant respectif ou même des groupes d’élèves venus s’entrainer de leur propre volonté. Tant mieux. Il n’avait plus touché à un arc depuis longtemps, et n’était pas non plus le meilleur archer. Il préférait reprendre ses marques dans le calme et le silence. Sans que personne ne le voit. Les problèmes dans la salle d’armes, il en avait soupé.

Quand il fut entré, il se dirigea vers la jeune femme qui s’était retournée à son entrée, et la salua respectueusement.

- Je m’appelle Einar, c’est bien vous la nouvelle prof’ de tir à l’arc ?

Elle avait déjà tout préparé ; pour une fois qu’un prof’ était sérieux. Il allait pas s’en plaindre. Il déposa ses affaires dans un coin de manière à ne pas marcher dessus, et revint devant la jeune femme.

- J’suis pas un super tireur à l’arc et je n’ai pas eu l’occasion de vraiment tirer avec l’arc que j’ai, c’est un cadeau. J’espère que ça ne posera pas trop de problèmes ?

[pas de soucis pour le retard]

C’était vraiment bizarre d’être vouvoyé. Les professeurs de l’Académie ne vouvoyaient généralement pas les élèves, car le fait de vivre sous le même toit amenait une certaine proximité. Certes, y’avait toujours des loufoques comme le prof’ de civilisation pour s’adresser à eux de manière bourgeoise et élégante, en insistant particulièrement sur les noms de famille, et ça faisait particulièrement bizarre à Einar chaque fois que c’était le cas. Il se considérait encore trop jeune pour être vouvoyé, ça lui donnait l’impression d’être son père, d’être Monsieur Soham, et il aimait certes beaucoup son père, mais il n’avait pas envie d’être dégarni et plein de rides tout de suite.
Le Teylus posa l’arc faël d’Elera sur un ratelier proche, et nota dans sa tête qu’il ne devrait pas l’oublier en sortant de la salle. Il se connaissait, après tout… Il prit une demi-minute pour admirer l’arc qui venait de lui être confié. Beaucoup plus long et fin que celui des faëls, il était clairement désigné pour les humains. Il était superbe, en tout cas ; le jeune garçon ne put qu’admirer la pureté avec laquelle le bois avait été gravé, et la délicatesse des motifs. Si c’était un des arcs d’exercice de l’Académie, il était impressionné par leur haute qualité.

Il suivit les instructions de Papillon et leva le bras broit, en faisant attention de ne pas plier le coude, puis amena sa main droite tenant le corde jusqu’à sa joue, comme il avait fait plus tôt avec l’arc faël d’Elera. L’arc de l’Académie était moins difficile à tendre que le sien, et il pourrait sûrement tirer plus de flèches d’affilée avec, ce qui n’était pas plus mal, vu qu’il avait tendance à se fatiguer relativement vite. Alors qu’il allait lâcher la corde et se remettre en position d’attente, il se rappela les instructions, et revint donc sans ôter ses doigts de la corde. Il tourna la tête vers Papillon, et reprit d’un ton curieux :

- C’est bon ? Au fait vous le tenez d’où, cet arc ? Il a l’air presque trop joli pour faire partie des armes d’exercice de l’Académie.