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 Et elle restait là, les yeux dans le vague [Terminé]

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Enelyë Ril'Enflazio
Enelyë Ril'Enflazio

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MessageSujet: Et elle restait là, les yeux dans le vague [Terminé]   Et elle restait là, les yeux dans le vague [Terminé] Icon_minitimeMer 16 Juin 2010 - 23:32

Elle restait là, les yeux dans le vague.

Des mèches d'ébène voletaient, caressant de leurs arabesques le doux visage blanc de la jeune femme assise au bord de l'eau. Un visage assombri, par la teinte terne des yeux, qui avaient dû être éclatants, pétillants, autrefois. Des yeux fixés sur un point qu'ils ne voyaient pas. Un corps immobile, comme une statue, qui n'avait pas bougé depuis des heures, si ce n'était le soulèvement et l'affaissement de la poitrine indiquant qu'elle respirait. Elle était là, mais le cerveau n'avait pas suivi le déplacement, de la chambre au lac. Les odeurs, les sons, rien n'avait atteint la jeune femme fantôme qui se déplaçait lentement.

La Corbac avait mal. Pas tellement à l'épaule. C'était tellement plus une souffrance intérieure ! Pas parce que son maître l'avait blessé. Ca, elle ne s'en souciait pas, sachant pertinnemment que cet acte avait été destiné à la protéger, à la base. Mais parce qu'il s'était enfui. Parce qu'il l'avait abandonné. Pourquoi avait-il fait ça ? C'était peut-être sa faute, à elle. Ce devait être ça. Elle n'avait pas été assez forte pour résister à l'envie de se déconnecter, elle n'avait pas essayé de contenir la douleur... Non, ce n'était pas ça. Il serait resté sinon, à chercher un autre élève, plus fort qu'elle. Mais il avait disparu. Leurs regards ne s'étaient pas croisé depuis des jours. Des éternités aux yeux de la dessinatrice.

Et elle restait là, les yeux dans le vague.

Le Soleil tentait vainement de colorer sa peau, ou du moins de la réchauffer. Le vent soufflait inutilement dans ses cheveux, qui passaient devant ses yeux sans qu'elle ne les chasse, pourtant. L'eau était éblouissante, claire, limpide, et certainement tiède. Cependant, la Corbac était prise dans un tourbillon de froid glacial qui l'entourait entièrement. En partant, Varsgorn avait laissé un grand vide. Elle avait l'impression d'avoir perdu comme une partie de ce qu'elle était, comme si ils se connaissaient depuis toujours.

La dessinatrice tenait une lettre. Une missive de son père, lui annonçant qu'il partait pour un long voyage, une sorte de mission dont elle ne comprenait pas le sens. Toujours était-il qu'elle ne pourrait demander à partir pour le voir, au moment où elle aurait voulu lui parler. Tout le monde la quittait, alors même qu'elle avait besoin d'être entourée, soutenue, aimée.

Et elle restait là, les yeux dans le vague...

Puis silencieusement, elle se mit à pleurer. Des larmes trop souvent retenues, finissant par jaillir de ses yeux éteints, coulèrent sur sa joue, créant des traces à peine plus foncés que sa peau. Elle ne les essuyait pas, n'esquissait pas un geste. Même lorsqu'on s'approcha d'elle, elle ne tourna pas la tête.

[ J'ai écouté Anagantios de Eluveitie tout le temps où j'ai écrit le post xD Edition à volonté =) ]

Elio Tharön
Elio Tharön

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MessageSujet: Re: Et elle restait là, les yeux dans le vague [Terminé]   Et elle restait là, les yeux dans le vague [Terminé] Icon_minitimeJeu 1 Juil 2010 - 11:01

Les pas de l’apprenti guerrier résonnaient dans les couloirs vides de l’Académie. La journée tirait à sa fin et l’entrainement quotidien s’était avéré ardu ce jour-ci. Elio sentait ses muscles crier grâce, chaque mouvement de jambe lui tirait une grimace. Maudis soient les courbatures ! Rompu, il se dirigea vers le lac, espérant y trouver le calme tant attendu afin de retrouver assez de force pour monter les escaliers de pierre menant au dortoir. Lorsqu’il arriva, enfin, à bout de souffle, vers l’étendu d’eau, il fut irrité de constater qu’il n’était pas seul. Une jeune fille était là. Les gémissements de sa voix lui indiquèrent qu’elle pleurait.

*Super, ‘manquait plus qu’une gamine qui chiale ! *

La fatigue augmentait sa mauvaise humeur. De plus l’entrainement n’avait pas été un réel succès. Il avait du touché à la hache pour la première fois, et avec cette arme à la main il se révélait d’une infirmité catastrophique. Trop lourde, trop massive, presque plus grosse que lui, chétif, de plus en plus maigre…La manier avait été éreintant et vexant sous les remarques de son professeur et les sourires goguenards des autres élèves plus taillés pour ce genre d’arme de bourrin. Il avait alors amèrement regretté la présence de son arc.
Son arc.
Il se souvenait du jour où il l’avait trouvé, posé sur une étole dans la rue marchande d’Al Poll. Sculpté et gravé par des faëls. Tout à fait l’arc qu’il lui fallait. Il n’avait pas encore pu déchiffrer les symboles faëls dessinés sur le bois noir, et il lui tardait de rencontrer quelqu’un qui pourrait le faire.
Le temps passait à une vitesse fulgurante à l’Académie. Et il se méprisait de n’avoir pas plus avancé que cela dans la recherche de ses origines et de sa mère. Certes il était sur la voie, enseignée par Marlyn, mais il n’avait aucun élément concret. Et Athesto ne l’avait guère aidé. Toutefois son double entrainement opérait en lui des changements visibles, il avait à présent perdu toute trace de rondeur enfantine, son visage avait prit les expressions trop sérieuses des hommes occupés et réservés, son corps s’endurcissait, et maigrissait aussi. Il était maigre, particulièrement du visage, se nourrissant très peu, mais il gardait ce regard curieux et un physique avantageux. L’ombre qui l’envahissait ne faisait que doubler son aura mystérieuse et attirante. Quant à sa chevelure blonde, elle s’éclaircissait, surtout lorsque le soleil nimbait de ses rayons le clos d’exercice. De blond doré, ils passaient à un blond beaucoup plus blanc, et cela l’emplissait de fierté, puisqu’il y voyait un signe distinctif des faëls. Sa peau restait pourtant encore blanche, il préférait en effet rester dans les coins sombres et oubliés de l’Académie, plutôt que de s’exposer à l’extérieur en pleine journée.
Il ne serait jamais un vrai faël.
Toujours à moitié. Demi.

Les pleurs en continu de la fille multiplièrent son agacement.

*Elle peut pas s’taire ? J’vais lui apprendre pourquoi elle chiale, moi !*

La patiente n’était déjà pas son fort, alors aujourd’hui encore moins que les autres jours. Il se posta derrière l’élève qui troublait sa tranquillité, posa avec force sa main sur son épaule et la retourna face à lui.
Un bref coup d’œil lui appris ce qu’il voulait savoir : corbac, seule, perdue, abandonnée, manipulable. Sûrement couvée par ses parents. Par un seul, l’un devait être mort, et elle s’était attachée beaucoup trop à l’autre. On lui cachait des choses, sans doute pour ça qu’elle avait mal, là maintenant. Mais elle ne lui serait d’aucune utilité. Il n’avait pas envie de jouer ce soir, il était fatigué. D’un autre côté Marlyn serait fière se lui, et il pourrait avancer dans sa voie…
Dangereuse ?

-C’est pas en pleurant qu’ils vont revenir, ceux qu’tu attends, hein.

Elle tenait une lettre dans l’une de ses mains. Tenir était léger comme mot. Elle la broyait, oui.

-Et une lettre n’est pas une poupée vaudou ! Rit-il.

Il reçu en retour un regard noir. Regard qui le fit sourire. Il venait de la toucher en plein cœur... On venait de partir sans elle, et elle ne savait plus quoi faire. Naïve, dépendante, faible.

-T’as quel âge pour ne pas savoir te passer de papa-maman ?

Que le jeu commence. Il lui fallait la tester, la détailler suffisamment pour tout savoir sur cette fille. Il avait du mal avec le premier coup d’œil, surtout quand il s’agissait de la dangerosité ou non de la personne. Ainsi il garda une main dans son dos, nonchalamment, prêt à saisir sa dague en cas de riposte.


Enelyë Ril'Enflazio
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MessageSujet: Re: Et elle restait là, les yeux dans le vague [Terminé]   Et elle restait là, les yeux dans le vague [Terminé] Icon_minitimeVen 2 Juil 2010 - 12:30

La dessinatrice regardait l'eau. Les remous provoqués prouvaient la présence de vie dans l'eau. Elle, tout ce qu'elle voyait, c'était le reflet du soleil. Mais elle avait l'impression que le temps était gris, qu'il était sur le point de pleuvoir, et elle s'étonnait de la tiédeur de l'eau, qui aurait dû être froide. La Corbac releva la tête un instant. Le ciel était magnifiquement bleu, et le Soleil était éclatant. Alors pourquoi avait-elle si froid ?

Les pas s'arrêtèrent derrière Enelyë. Les larmes cessèrent de couler d'elles-même, et la personne derrière elle la fit brusquement tourner de façon à être face-à-face. Cela la surprit, puis l'énerva. Dès qu'il ouvrit la bouche, elle eut une violente envie de le frapper. La Corbac voulait répondre, mais elle savait qu'elle hurlerait si elle faisait ça. Sans s'en rendre compte, elle était en train d'abîmer la lettre en serrant ses poings. Ce qu'elle remarqua lorsqu'il dit très justement qu'une lettre n'était pas une poupée vaudou. Mais cela fit qu'elle serra encore plus ses poings, entrant ses ongles dans sa peau. Elle lui lança un regard noir qui rendait ses cheveux pâles à côté. Elle se détourna de lui. Le voir une seconde de plus l'aurait empêché de garder le contrôle d'elle-même. Mais lorsqu'il se remit à se moquer d'elle, elle ne put tenir. Elle se mit à hurler.

- Mais pour qui tu t'prend ?! J'peux pas pleurer tranquillement ?! Et qu'est-ce qui te dis que je pleure pour les stupides raisons que tu as envisagés ?!

Toute la colère d'Enelyë se déversait en un flot incontrôlé. Son visage avait dû passer par pas mal de sentiments, surtout la tristesse et plus généralement la colère. Pendant un instant, une possibilité vint s'immiscer dans son esprit, qu'elle rejetta aussitôt. Un poignard était caché sur elle, mais elle ne devait pas s'en servir. Quand bien même sa colère la poussait à agir inconsidérablement, le jeune homme en face d'elle n'était toujours qu'un élève, et elle devait garder cela à l'esprit. Malgré tout, il avait peut-être raison. Pourquoi pleurait-elle ? Autant pour Varsgorn que pour son père. Elle ne pouvait pas vivre seule, c'était vrai. Est-ce que cela le dérangeait ? Lui, accepterait-il de vivre seul ? Elle se repassa la scène, calmement, analysant chacun des mots qu'il avait prononcé pour trouver une faiblesse, une faille. Et elle trouva.Lui aussi avait perdu un de ses parents. Il avait accentué sur le "papa-maman". Mais la Corbac n'était pas assez vile pour lui sortir ça en pleine tête. Elle l'était bien plus et attendrait le bon moment.

Affichant un air hautain, elle se détourna. On aurait pu prendre cela pour une erreur. En effet, elle ne savait pas à qui elle avait à faire. Mais chacun de ses gestes était contrôlés. Enelyë voyait encore le jeune homme derrière elle, pendant qu'elle passait négligeamment sa main près de sa hanche, prête à attraper son poignard si il s'avisait de l'attaquer. Maintenant qu'elle savait que Varsgorn était un mercenaire du Chaos, parce qu'elle en était sûre, même si il ne lui avait pas dit, elle se méfiait de tout le monde, fut-il l'élève le plus innocent de l'Académie.

La dessinatrice décida de se calmer et de ne plus répondre aux attaques du jeune homme. Elle laissa retomber sa main. Elle avait été blessée une fois, que lui ferait une attaque de plus ? Même si elle y passait, à qui manquerait-elle ? Elle décida aussi d'ignorer parfaitement le Corbac. Elle se détourna tout à fait, avec une attitude hautaine imprégnant chacun de ses gestes.


[Edition à volonté, pas trop fière de mon post]

Elio Tharön
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MessageSujet: Re: Et elle restait là, les yeux dans le vague [Terminé]   Et elle restait là, les yeux dans le vague [Terminé] Icon_minitimeJeu 8 Juil 2010 - 1:16

- Mais pour qui tu t'prend ?! J'peux pas pleurer tranquillement ?! Et qu'est-ce qui te dis que je pleure pour les stupides raisons que tu as envisagés ?!

Le hurlement de la jeune fille fit sourire Elio.

*L’observation cocotte, l’observation.*

Il jubilait face au flot incontrôlable de son interlocutrice. En trois phrases il avait réussi à la mettre hors d’elle, plus faible que jamais. L’exercice de Marlyn portait ses fruits.
Il se prépara à une attaque, à une crise de larme, à n’importe quoi dans le conflit qu’il venait d’engager. Mais contre toute attente la pleurnicharde se détourna du guerrier, hautaine, lui tournant le dos. Dans un premier temps surpris, il haussa les épaules. Bon débarras.

Mais la facilité de la laisser partir, de la laisser s’enfuir le gênait. Elle était lâche, incapable d’affronter un élève, de sa maison en plus. Trop apeurée, trop seule pour croiser son regard, elle préférait ne pas lui faire face.
Alors il rit, cherchant la provocation :


-Hé mad’moiselle « je-chiale-jusqu’à-m’égosiller,-au-moins-j’pisserais-moins-ce-soir », si tu penses me faire taire en me montrant tes fesses, c’est raté. Elles sont plates comme le cerveau d’un raï.

Elle se retourna, brusquement, affichant un visage de harpie furieuse. Le corbac explosa d’un rire goguenard.

-Roh, détend-toi, se moqua-t-il, on est entre « intimes », on partage la même maison.

Il lui décerna un clin d’œil, rendu par un regard noir et assassin.

-Mais heureusement pas la même chambre ! marmonna-t-il, hilare.

Les diverses expressions de la jeune fille lui offraient un panel très intéressant de la capacité humaine à ressentir.

*Allez, attaque ! Mord ma belle…*

Il voulait s’entrainer. S’amuser. Mais surtout s’entrainer. Il voulait se forger, pour retourner en toute fierté vers son maître.
La main de sa victime glissa derrière son dos. Il comprit de suite.

-Oh, la p’tite est armée. Dis-donc c’est dangereux ça, tu pourrais te couper !

A son tour, il dégaina sa dague, lui montrant l’acier de son arme.

-Tu vois, moi aussi j’ai un jouet sur moi.

Le rire et la moquerie l’avait quitté définitivement. A la place s’étendait un regard sombre, chaotique et empli de défi.
Il se mit en garde, prêt à se défendre et à attaquer. Il ne comptait pas la tuer. Non, elle ne lui avait rien fait qui en vaille la peine. Mais il voulait jouer, voir les limites des hommes et des femmes. Tester.

-Que vas-tu faire? M'attaquer? Tentant de m'effleurer? Et ensuite? Que diras-tu? Que tu as blessé volontairement un élève de ta propre maison parce que celui-ci s'est montré "meuchant" avec toi? Parce qu'il t'a vu chialer comme une gamine?

Elle ne pouvait rien faire. Si elle attaquait, elle était en tort. Il serait aisé de jouer le garçon apeuré, blessé et victime.
Elle ne bougeait pas, sentant le piège. Elle allait craquer. Ce n'était qu'une question de temps, et de mots.

-Ou alors, tu flippes autant que si tu t'retrouvais face à un T'lish.

Elle ne répondit pas.

-Ou c'est mon charme fou qui opère et qui te parylise. Ne t'inquiète pas, je comprends, ça arrive très souv...

Ce fut la phrase de trop.
Bingo!
Il était prêt.



Enelyë Ril'Enflazio
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MessageSujet: Re: Et elle restait là, les yeux dans le vague [Terminé]   Et elle restait là, les yeux dans le vague [Terminé] Icon_minitimeDim 18 Juil 2010 - 12:06

Son poing avait fusé, et au moment où il atteignait la mâchoire de l'autre, le poignard qu'elle avait lâché tomba, brisant par son bruit métallique le silence qui s'était installé. Tout le corps de la jeune femme tremblait de fureur. Ses poings serrés plus que le reste. Elle baissa la tête, cachant la grimace colérique qui dénaturait son visage. Il la cherchait. Elle ne le savait que trop, mais elle ne pouvait faire autrement que rentrer dans son jeu. Elle n'avait vraiment pas la tête à se laisser faire sans répliquer. D'ailleurs, jamais elle n'aurait la tête à ça. Mais le Corbac la cherchait dans un très mauvais jour.

Enelyë releva son visage vers l'autre. Son visage avait retrouvé sa neutralité habituelle. Elle s'attendit à ce qu'il réponde, par un autre coup de poing, une violente coupure de poignard, et pendant qu'elle attendait, plusieurs choses, concrètes ou non, se bousculaient dans sa tête. Elle essayait de mettre dans l'ordre dans ses idées, exercice bien plus difficile qu'il n'y paraissait. Si Varsgorn ne l'avait pas lâchement abandonné, elle serait restée calme bien plus longtemps. Et son père était parti aussi... En fait, le Corbac en face d'elle avait raison. Oui, elle était le genre de personne tout à fait dépendante des autres.

Il avait visé juste. Cela ne plaisait pas du tout à Enelyë. Touchée dans son amour-propre, elle voulait juste lui faire payer. C'était le moment de frapper, au sens figuré. Le moment de lui lâcher à la tête tout ce qu'elle avait perçu dans ses mots, ses gestes, un indicateur bien plus crédible que les secrets partagés entre amis. Ce dont elle était sûre, c'était que cet homme ne serait jamais son ami. Elle le regarda, avec dans les yeux toute la fureur et la haine qui s'était emparée d'elle. Et c'est seulement à ce moment là qu'elle remarqua réellement qu'il avait un poignard, même si elle l'avait déjà vu.


- Et toi, alors ? Tu crois vraiment pouvoir vivre seul, détaché de tout les autres ? J'imagine bien que tu n'as pas de petite amie, vu ton caractère ! sourire sarcastique. Tu crois pas que tes parents auraient voulu que tu fasses preuve d'un peu plus de gentillesse ? D'ailleurs, ne t'auraient-ils pas abandonné ?

Méchanceté sur méchanceté. Son père lui avait toujours dit de ne pas combattre le mal par le mal, car dès lors on
entrait dans un cercle vicieux dont il était difficile de se sortir. Mais au fond d'elle-même, transportée qu'elle était par la haine, elle espérait avoir touché juste. Elle l'espérait de toutes ses forces. La haine, cet horrible sentiment, était en train de la contrôler et d'en faire son pantin. Enelyë avait l'impression que sans cela, on ne pouvait pas grandir. Et elle en souffrait. Et plus elle souffrait, plus elle voulait que l'autre souffre. Cercle vicieux.

Elle attendait l'impact, les yeux fermés.

[Un peu court par rapport à tes post =/ Désolée, me rattraperait au prochain =)]

Elio Tharön
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MessageSujet: Re: Et elle restait là, les yeux dans le vague [Terminé]   Et elle restait là, les yeux dans le vague [Terminé] Icon_minitimeLun 19 Juil 2010 - 13:18

Elio reçut le poing de la jeune fille en pleine mâchoire, avec une force qui ne sied guère à pareille demoiselle. Comme quoi, les jeunes filles faibles qui frappent avec la force d’une fourmi, c’était passé de mode. De sa main il massa sa mâchoire, espérant atténuer quelque peu la douleur, mais ne répliqua pas à cette attaque.

*Garce, tu ne payes rien pour attendre !*

Elle recula, apparemment surprise par l’absence de réaction du corbac. Ce dernier se contentait de serrer avec hargne sa dague, s’auto-motivant pour ne pas la réduire en pièce. Alors il la fixait, d’un regard neutre au possible. Puis, voyant l’incompréhension gagner le visage de son adversaire, il se permit un sourire narquois. Jouer avec elle était tellement amusant. Et il comptait bien lui montrer qu’envers et contre tout ses efforts, ses attaques, il restait le maitre du jeu. Les lèvres pales de sa camarade de maison s’entrouvrirent, furieuses, pour lâcher leur venin.

- Et toi, alors ? Tu crois vraiment pouvoir vivre seul, détaché de tout les autres ? J'imagine bien que tu n'as pas de petite amie, vu ton caractère ! sourire sarcastique. Tu crois pas que tes parents auraient voulu que tu fasses preuve d'un peu plus de gentillesse ? D'ailleurs, ne t'auraient-ils pas abandonné ?

Dans un premier temps, il pensa avec conviction à lui sauter à la gorge. Mais il se retint. Cet exercice était fait pour. Fait pour qu’il contrôle les attaques adverses auxquelles il pourrait être confronté. Il devait prouver à son maitre qu’il était l’exception qu’elle voulait faire de lui.
Alors il explosa de rire. D’un grand rire roué par l’inhabitude à cette expression vocale d’ordinaire joyeuse. Elio ne riait jamais. Et il détestait les rires des autres. Il continua à rire, exaspérant sa partenaire de jeu, mimant une larme à l’œil avec son doigt. Puis il reprit un tant soit peu son sérieux, et prit une voix de séducteur :

-Ah ma belle je suis navré, mais mon cœur est prit, contrairement à ce que tu dis. Ne sois pas triste. On sait tous qu’on frappe par amour!

Il lui décerna un clin d’œil.

-Mais nous deux…hum…non. Je ne suis pas sûr que ma petite amie apprécierait qu’une gamine de l’Académie m’accoste de la sorte.

Il vit le sourire sarcastique de la jeune fille disparaitre. Le sien grandit au contraire. Il fit tourner entre ses doigts sa dague, d’un air nonchalant.

-La gentillesse ? Je ne connais pas. Par contre la franchise oui. Mais je te l’ai dis, franche ou gentille, tu n’es pas pour moi…euh…c’est quoi ton nom déjà miss pleurnicharde ?

Un regard noir lui répondit.

-Aaah si les regards pouvaient tuer, hein ? Je serais mort un paquet d’fois. En retour j’aurais tué pas mal de personne.

Il parlait avec aisance. Ce qui était nouveau pour lui. Son bégaiement avait disparu, pour le moment. Se savoir supérieur et guide de son propre jeu le mettait en confiance. Et cela depuis l’entrainement avec Marlyn. Il grandissait, devenait homme. Et la vengeance coulait en lui comme un poison, le rendant plus fort et confiant.

-Non je n’ai pas été abandonné. Navré de te décevoir.

C’était vrai. Il n’avait pas été abandonné. C’est lui qui avait quitté son père. Ou du moins c’est son père qui avait voulu qu’il parte, trop faible face aux questions de plus en plus justes et nombreuses de son fils. Mais à présent il ne pouvait que l’en remercier. Ici il découvrait enfin des indices sur le meurtre de sa mère. Oui sur le meurtre. Il en était sûr à présent.

-Par contre toi…Toi tu es abandonnée ce soir. Pauvre petite fille, seule au bord d’un lac, pleurant à chaudes larmes les hommes qui l’ont laissé pour orpheline. Qu’ils sont cruels ! Partir sans dire au revoir, ça fait mal, hein ? C’est le principe d’un homme mort. Il part sans dire au revoir...

Il n’avait pas besoin de la frapper pour lui faire du mal. Ses mots même étaient des coups de poignard dans le cœur fragile de la fille. Et il s’en délectait.


[C'est court aussi, pour cette fois, mais...j'ai répondu =D]

Enelyë Ril'Enflazio
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MessageSujet: Re: Et elle restait là, les yeux dans le vague [Terminé]   Et elle restait là, les yeux dans le vague [Terminé] Icon_minitimeDim 25 Juil 2010 - 12:36

Son absence de réaction fit naître en elle un sentiment de suspicion. Qu'attendait-il donc ? Que les Raïs tombent du ciel ? Ou alors il échaffaudait un plan ? Oui, ça devait être ça, et Enelyë se mit sur ses gardes. Son poignard était par terre, et elle ne pouvait pas le récupérer. Qui sait si le Corbac n'attendait pas que ça pour frapper ? Elle releva la tête, pleine d'incertitude, ce qui devait sûrement se lire dans ses yeux. Tout cela avait duré quelques secondes. Puis tout changea.

Le jeune homme éclata de rire.

La dessinatrice ne put réprimer les frissons qui parcouraient alors son corps. Comment un rire pouvait-il être si froid ? Comment pouvait-il être si dénué d'humanité ? Mais au bout d'un instant, ce rire commença à agacer la jeune femme. Elle voulait le frapper, pour le faire taire. Mais elle devait absolument se contrôler. Elle avait déjà laissé sa colère fusé vers la mâchoire du Corbac, elle ne devait pas recommencer. Elle respira un grand coup et recula de quelques pas. Ses pieds d'albâtre touchaient presque l'eau, qui venait clapoter à quelques centimètres. Elle espérait ne pas tomber, mais sa fureur contrôlait sa maladresse.

Enelyë attendit patiemment (du moins, autant qu'elle le put) que l'autre daigne cesser de "rire", car sa haine menaçait de refaire surface. Puis, lorsqu'il parla, elle regretta. Elle aurait préféré qu'il continue à rire. Alors comme ça, son coeur était pris ? Avec un sourire mesquin, elle lui coupa la parole.

- Je me demande bien qui est la fille assez idiote pour...

Elle ne finit pas sa phrase, car le Corbac la couvrait déjà de sa voix étrangement énervante. Le sourire d'Enelyë disparut, laissant place à une autre grimace. Plus du dégoût que de la colère, cette fois. Et son sourire, à lui, s'agrandissait. Puis il lui répondit. Donc, il ne connaissait pas la gentillesse. Ca se voyait, en cet exact moment, tout son corps le clamait.

Miss pleurnicharde. Miss pleurnicharde.

Elle serra ses poings de plus en plus fort, ses ongles déchirant sa peau, créant des étincelles rouges sur le blanc parfait de ses mains. Quelques gouttes qui dessinèrent les courbes, les crevasses et les bosses de ses doigts et de sa paume. Toute sa haine, elle la jettait sur lui en un regard. Il se contenta d'une réplique sarcastique. Elle avait tellement envie de le frapper ! Mais cela n'arrangerait rien. Elle devait s'efforcer de rester calme. Elle oublia le lac. Elle recula, plongea ses pieds dans l'eau tiède. Pour elle, le ciel était gris. Encore et toujours. L'orage qui explosait en elle n'allait pas tarder à devenir une réalité.

La voix du Corbac l'agaçait. L'énervait. La mettait en colère. Elle détestait sa voix, détestait aussi ce qu'il en faisait, détestait chacun de ses mots, chaque parcelle de son être. Elle ne répondait pas. Ses larmes n'étaient plus qu'un vague souvenir, tant elle était perdue au milieu de cet océan de colère et de haine qui désormais était elle. Enelyë était devenue un concentré de ces deux émotions. Tout le reste n'existait plus. Elle s'efforçait de ne pas écouter les mots de l'autre, pour ne pas avoir envie de l'assassiner, ou du moins essayer de se contenir.

Abandonnée.

Ce mot eut pour effet de lui renvoyer sa tristesse en pleine tête. Si elle avait assisté à cette scène, sans en être actrice, elle aurait sûrement lancé un "vlan, dans les dents !" mais là, elle ne pouvait rien faire. Elle baissa la tête un instant, le temps qu'elle digère sa tristesse, qu'elle l'intègre petit à petit, puis releva la tête. Si la colère avait diminué, la haine n'en était que plus forte. Ses yeux étaient le pâle reflet de ce qu'elle ressentait. Ils flamboyaient, presque littéralement. L'éclat du Soleil sur l'eau qui menaçait de couler, sûrement.

- Personne n'est mort.

Enelyë avait la voix qui tremblait. Indignation, colère, haine, tristesse. Il ne la connaissait pas. Pourquoi venait-il se moquer d'elle, alors qu'elle ne lui avait rien fait ?

- Tu es donc si immature pour venir t'attaquer à des gens qui ont perdu ce à quoi ils tenaient le plus ? ça ne se fait pas. Tu n'es rien. Tu essayes d'exister en t'en prenant aux gens, pour laisser une trace de ta haine dans leur coeur. Alors, si ça ne te dérange pas, et même si c'est le cas, ce qui me réjouirait, je te laisse.

Elle enleva ses pieds de l'eau, puis commença à partir.

[J'aime RPer avec toi =D Enelyë s'en prend plein la tête, elle a pas l'habitude xD]

Elio Tharön
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MessageSujet: Re: Et elle restait là, les yeux dans le vague [Terminé]   Et elle restait là, les yeux dans le vague [Terminé] Icon_minitimeMer 28 Juil 2010 - 15:07

La voix de la jeune fille tremblait, mais pas comme celle d'une fillette apeurée lors de sa rencontre avec un ours élastique, plutôt comme celle d'une femme en colère qui ne parvient plus à contrôler ses sentiments face aux attaques fourbes d'un homme trop observateur.

"Tu essayes d'exister en t'en prenant aux gens, pour laisser une trace de ta haine dans leur coeur. "

Elio fronça les sourcils, à la fois surpris et intrigué par cette approche que portait la fille sur son attitude. Il s'attendait à tout, sauf à ça. Alors qu'elle sortait ses pieds de l'eau pour partir, il s'accorda un instant pour réfléchir.
Était-ce cela? Avait-il toujours été ainsi avec les autres pour exister?
Non. S'il voulait exister il lui suffirait de sourire lorsqu'il n'y a pas de quoi rire. Il lui suffirait d'acquiescer aux idées et paroles des autres, parler avec les autres, se montrer agréable, offrir un aspect joyeux de sa personne. Mais cela il ne le pouvait pas. Sans raisons évidentes, certes, mais il ne le pouvait pas.
Et puis, il existait déjà, non? Parce qu'en fait, c'était quoi exister?


-Ne pars pas.

La jeune fille s'arrêta, ne prit pas la peine de tourner la tête, et reprit son pas.

-Reviens.

Elle s'arrêta de nouveau, cette fois-ci planta son regard humide et embué de larmes dans le sien. Ses yeux bleus clairs ne délivraient plus le même message de haine. Non. Cette fois-ci Elio ne jouait pas. Il ne comprenait pas.
Et si une chose l'énervait plus que les autres, c'était bien jouer à un jeu dont il ne comprenait pas les règles.
Voyant qu'elle ne faisait pas mine de revenir, il fit quelques pas en sa direction, gardant tout de même une sorte de distance de sécurité. Pas par peur d'elle, non, il n'en avait aucune crainte. Mais plutôt par...besoin? Besoin de lui montrer que s'il lui parlait plus correctement, il n'en demeurait pas moins qu'il la considérait toujours comme une pleurnicharde à plein temps, et que la distance qui les séparait équivalait bien plus ou moins à l'écart de leur entente. Et puis il s'avançait juste parce que hurler et s'égosiller pour lui poser une question ne l'amusait pas particulièrement.


-C'est quoi exister?

Elle ouvrit de grands yeux.

*Vas-y c'est ça, prends-moi pour un demeuré!*

-Non parce que c'est gentil ton analyse de ma personne, alors que tu ne me connais même pas, mais...Emploie des mots qui ont un sens, quoi! C'est quoi pour toi exister? A part naitre, puis mourir.

Elle voulait le décrypter? Alors qu'elle ne savait rien de lui?
Rien. Absolument rien.
Alors comment pouvait-elle se permettre de le juger, de lui dire ce qui le faisait exister?
Son ton se fit plus sombre, tandis que sous le silence momentané de la corbac, il se détournait d'elle, fixant l'eau limpide comme l'étaient les paroles d'Elera sur son songes habituellement. Aujourd'hui ce n'était plus aussi facile.


-Tu ne sais rien de moi. Tu ne sais pas ce qui me fait exister, peu importe le sens que tu donnes à ce mot.

Baissant la tête il soupira:


-Je ne suis pas celui que tu crois.

Silence. Puis un chuchotement, pour lui, peut-être pour elle si elle s'est approchée sans qu'il ne le voit.

-Je suis bien pire.

Enelyë Ril'Enflazio
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MessageSujet: Re: Et elle restait là, les yeux dans le vague [Terminé]   Et elle restait là, les yeux dans le vague [Terminé] Icon_minitimeJeu 29 Juil 2010 - 18:15

Ses pas la portaient hors d'atteinte du Corbac. Ses pieds étaient encore mouillés, mais cela, elle ne s'en souciait pas. Il recommençait à lui parler. Des ordres. " Ne pars pas ", " Reviens ", autant de mots qui donnaient à Enelyë l'envie de partir plus vite. Elle ne supportait pas qu'on lui donne des ordres, surtout lorsqu'on se moquait d'elle. Seulement, il n'y avait plus de sarcasmes dans sa voix. Alors elle s'arrêta, un instant, à la première injonction. Puis elle reprit sa marche. Il reparla. Cette fois-ci, elle s'arrêta pour de bon. Elle savait que les larmes voulaient couler sur ses joues, mais qu'importe. Elle se tourna vers le Corbac. Il n'y avait plus de haine entre eux, à cet instant. Seulement de l'incompréhension. Elle n'avança pas, se demandant ce qu'il pouvait bien lui vouloir. Alors le Corbac avança, laissant une certaine distance entre eux, cependant.

-C'est quoi exister?

Enelyë ouvrit de grands yeux. Cette fois-ci, c'est elle qui ne comprenait pas. Le jeune homme eut un geste d'agacement. Alors, il se demandait ce que signifiait '"exister" pour elle. Pour elle, "exister" signifiait bien plus que "naître, puis mourir". Elle chercha un instant ses mots, mais n'eut pas le temps de s'exprimer. Le Corbac se détourna d'elle, observant la surface du lac. Enelyë ne savait rien de lui. C'était vrai. Et, il ajouta, dans un souffle, qu'il n'était pas celui qu'il croyait. Elle, actuellement, ne croyait plus rien, recommençant à plonger dans ses incertitudes. Elle fit un pas timide dans sa direction, attendant une réaction quelconque. Comme il n'en avait aucune, elle fit trois autres pas. Il murmura quelque chose, mais elle ne l'entendit pas.

Enelyë voulait maintenant être réconfortante envers celui qui venait de la blesser. Sa raison lui criait que lui non plus ne savait rien d'elle, ce qui ne l'avait pas empêché de la toucher. Que croyait-il, lui, qu'elle était ? Mais elle ne pouvait se résoudre à lui faire subir le même sort en cet instant. Les yeux noisettes de la dessinatrice avaient séchés, et sa voix avait sans doute retrouvé son assurance. Elle expérimenta cela en parlant.

- Je ne sais rien de toi, et tu ne sais rien de moi, nous sommes tout les deux au courant.

Elle avança encore un peu.

- Exister, c'est bien plus que naître et mourir.

Elle plongea ses pieds dans l'eau tiède du lac, sans avoir l'air de s'en soucier, et alla planter son regard dans celui du Corbac.

- Exister, c'est vouloir laisser une marque de soi chez les autres. Pour que personne ne puisse nous salir lorsque nous partirons. Il y aura toujours des gens qui se détesteront, c'est évident et on n'y peut rien. Mais si le nombre de personnes que l'on a aimé et qui nous aiment en retour est plus grand que celui des gens que l'on n'aime pas... Alors on gardera une bonne impression.

Elle s'arrêta un instant, reprit sa respiration avant de continuer.

- Exister, c'est tenter de faire le mieux pour nous. On n'est pas forcé de penser aux autres, pour accomplir ça. Mais si ils peuvent nous aider, ces "autres"... alors c'est tout de même mieux.

La dessinatrice avait baissé les yeux vers sa lettre réduite désormais à des lambeaux de papier, qu'elle laissa tomber, qu'elle laissa voguer sur l'eau, sans la regarder une seconde de plus. Elle releva la tête.

- Je t'avoue que je ne t'aime pas beaucoup. Mais je sais que quelque part, tu peux être gentil. Je ne sais pas où, c'est tout.

Enelyë sortit de l'eau. Est-ce que cette fois, il allait la laisser partir, ou voulait-il encore lui parler, lui demander des choses qu'il n'avait pas compris. Elle se tourna vers lui. Il comtemplait toujours le lac. Elle resta là, s'attendant à tout moment à entendre le son de sa voix.

Elio Tharön
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MessageSujet: Re: Et elle restait là, les yeux dans le vague [Terminé]   Et elle restait là, les yeux dans le vague [Terminé] Icon_minitimeJeu 12 Aoû 2010 - 14:08


Elle parlait. Elle parlait des gens qu’on l’on aime et qui nous aime. Comme s’ils étaient nombreux et constamment autours de nous. Comme si ces gens étaient la clé d’une vie. Alors il fallait être aimé et aimer pour exister ?
C’était stupide. Complètement stupide.


*Qui est-ce que j’aime ?*

Elera. Comment peut-on ne pas aimer un ange ?
Maman. Peut-on aimer les morts ?
Papa. Peut-on aimer le mensonge et le silence ?
Il avait Marlyn aussi. Mais là ce n’était pas de l’amour. C’était de l’admiration et du respect.
En fait, il ne connaissait pas vraiment l’amour. Et même sans amour il existait.


*Qui m’aime ?*

...
Elera ? Un ange peut-il aimer un batard ?
Maman ? Les morts peuvent-ils aimer ?
Papa ? Peut-on aimer et se taire ?


*Maman devait bien m’aimer. C’est le rôle d’une mère, non ?*

Et puis sans tout ça, il existait bien, non ? Avant Elera. Avant Elera il existait, non ?
Elio n’en était plus aussi sûr. Depuis qu’il avait trouvé sa voie, qu’il trouvait des pistes sur la mort de sa mère, et qu’Elera était à ses côtés, il se sentait exister autrement. Pas seulement naitre et mourir. Vivre aussi ?

- Je t'avoue que je ne t'aime pas beaucoup. Mais je sais que quelque part, tu peux être gentil. Je ne sais pas où, c'est tout.

-Mais ta gueule !

Gentil. Gentil, est-ce qu’il avait une tête de « je peux être gentil », lui ? Non, sérieux, c’est quoi cette fille ? Elle sort d’où ? Ils regroupent tous les cas sociaux à Corbarc, ou quoi ?
Et heureusement qu’elle ne l’aime pas beaucoup. Sinon il y aurait vraiment de quoi s’inquiéter ! Il ne fallait pas leur parler de choses sérieuses, sinon tout de suite elles s’imaginaient des trucs farfelus et les prenait pour des « gentils tout au fond de leur cœur, parce que c’est connu chez un garçon il faut bien creuser pour espérer trouver un cœur en or à sauver, sauvons les mauvais garçons, convertissons-le, c’est la mission et le pouvoir des filles Arrow ».
Mais quelle conne.

Devant le regard outré de la jeune fille, il ouvrit son fameux « cœur gentil bien caché » :

-Mais ta gueule quoi ! Gentil. Où t’as vu que j’pouvais être gentil, toi ? T’en redemande en plus ? Mais tu sors d’où ?

Il s’avança prêt d’elle. Puis brusquement offrit un regard empli de tristesse.

-Tu as raison.

Il s’avança un peu plus, collant presque son visage contre le sien, trempant lui aussi ses pieds dans l’eau.

-Je suis un pauvre petit garçon qui ne sait pas comment aimer.

Sa main prit celle de la corbac, caressant le dessus avec difficulté.

-Je suis perdu…

Il leva des yeux brillants.

-J’ai besoin d’être…

Il posa ses deux mains sur les épaules frêles de la fille, l’empoignant cette fois-ci avec force.

-…sauvé !

Sur ce mot il la poussa en arrière, la mettant à l’eau de cette manière. Elio éclata d’un grand rire, les larmes lui venant réellement aux yeux devant la mine surprise de sa victime, à présent trempée de la tête au pied. Il prit un ton faussement aigue et niais, toujours en pleine crise de rire :
-Je suis mignon-mignon-mignon Et elle restait là, les yeux dans le vague [Terminé] 763433

Puis il fit mine d’être impressionné par le regard noir qui lui était décerné :

-Ben quoi ? J’suis gentil non ? Tu ne devrais pas m’en vouloir, au fond de moi se cache un garçon gentil !

Franchement, qu’est-ce que ça peut être bête une fille. Mais qu'est-ce que ça peut viser juste.

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MessageSujet: Re: Et elle restait là, les yeux dans le vague [Terminé]   Et elle restait là, les yeux dans le vague [Terminé] Icon_minitimeVen 13 Aoû 2010 - 1:01

- Mais t'es complètement malade ma parole !

Elle n'avait pas pu s'empêcher de hurler. Ce Corbac la rendait hystérique. Si elle restait là, elle finirait par devenir complètement folle. Il l'avait poussé dans l'eau. Tout d'abord surprise, elle n'avait rien dit, n'avait pas bougé. La dernière chute remontait seulement à quelques jours, et elle avait été beaucoup plus douloureuse. Mais elle ne put empêcher des larmes d'apparaître devant ses yeux. Elle prit sa tête dans ses mains, comme pour enlever les mèches mouillées de son visage, les essuyant dans le même mouvement. Les garçons étaient vraiment stupides.

Enelyë se releva et partit. Elle ne supporterait pas plus longtemps qu'on se moque d'elle alors qu'elle avait essayé d'expliquer quelque chose de sensé. Ses pas la menèrent juste un peu plus loin, au pied d'un saule. Elle se laissa glisser le long du tronc de l'arbre. Elle avait l'impression d'avoir fait un mauvais choix. Elle avait l'impression qu'elle n'aurait pas dû laisser son père insister pour qu'elle vienne dans cette Académie où elle ne trouvait pas sa place. Elle avait cru que rencontrer des personnes lui apporterait un peu de nouveauté et de joie. Mais il n'en était rien.

- Rien que de la douleur...

La Corbac soupira, en posant sa tête contre l'écorce. Elle avait fermé les yeux pour ne plus voir le Corbac qui l'agaçait prodigieusement. Elle arrachait machinalement les touffes d'herbe à ses côtés. Elle voulait rentrer chez elle. Mais c'était impossible, étant donné que son père était parti... Elle ramena ses jambes contre sa poitrine et colla son visage à ses genoux. Est-ce qu'elle pouvait continuer à garder toute sa douleur à l'intérieur, sans jamais craquer ? La réponse était non. La preuve était qu'elle avait hurlé contre le jeune homme dans un accès d'hystérie. Comme quelques temps auparavant, elle se remit à pleurer.

Tout se déversait dans ces larmes. Tristesse et colère. Sentiments mêlés plus que jamais. Elle était en colère contre le Corbac, contre son père, contre Varsgorn, contre elle-même aussi. Et triste à cause des mêmes personnes. Le Corbac l'avait insulté, les deux autres l'avaient abandonnés. Oui, vraiment, même si elle refusait de l'admettre, c'était peut-être bien des abandons. Ce qu'elle ne comprenait pas, c'était pourquoi. Elle regrettait d'avoir laissé les lambeaux de la lettre dériver sur le lac. Mais aller les chercher signifiait repasser devant le Corbac. Elle essuya ses larmes et se remit debout.

Enelyë traversa l'étendue qui la séparait du lac aussi vite qu'elle le put. Elle entra dans l'eau, doucement. Elle apercevait les morceaux de papier un peu plus loin. Ce qu'elle n'avait pas prévu, c'était que la terre se déroberait sous ses pieds. En effet, en avançant dans l'eau, elle venait de se rendre compte que le niveau du sol changeait brusquement. Et elle se retrouva sous l'eau. Seul problème : elle avait toujours été archi-nulle en natation...

[Ah, je me demande comment va réagir Elio en la voyant en train de se noyer pour une stupide lettre xD]

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MessageSujet: Re: Et elle restait là, les yeux dans le vague [Terminé]   Et elle restait là, les yeux dans le vague [Terminé] Icon_minitimeLun 16 Aoû 2010 - 19:05

Et elle hurlait.
Et il riait.
Comment ne pas reconnaitre dans ces situations l’absurdité même de l’homme ?
Il n’est rien de plus drôle que le malheur des autres.
Ainsi il la laissa partir en trombe, furibonde telle une chauve-souris qu’on aurait dérangée à plusieurs reprises dans son sommeil.
Et il riait. D’un rire qui n’avait rien de drôle. N’était-ce pas absurde ça ?
Soudain plus aucun son ne sortit de ses lèvres rosées, qui cessèrent même de s’étirer lorsqu’il vit la jeune fille se recroqueviller près d’un saule, en pleures.

*J’y suis p’tètre aller un peu fort.*

La voir crier, hurler, vociférer, le frapper, pleurer un peu, c’était une chose.
Être témoin, et même coupable, d’une jeune fille perdue qui s’effondre à terre, c’était tout autre chose.
Une fille c’est bête. Et fragile.
L’homme est fragile. C’est une allumette qui s’embrase dès qu’on l’attise, et qui se casse à la moindre pichenette et qui s’éteint si l’on souffle trop fort.
Elio était complètement démuni. Debout, les bras ballant, il ne savait pas quoi faire face à ce retournement de situation. Il l’avait cherché. Mais il pensait qu’elle aurait voulu se battre, ou crier encore et partir. Mais pas tomber ainsi à terre, lui offrant toutes ses faiblesses sur un plateau d’argent, se mettant presque à nue, sans carapace de sécurité. Un autre que lui, plus… « méchant », avec des intentions plus noires que le simple amusement, pourrait avec une facilité qui égale à la tricherie la détruire de suite. Mais il n’était pas cet autre. Non. Il avait assez joué. L’entrainement était terminé à présent, il pouvait partir et la laisser faire ce que bon lui semble.
Il commença à faire quelques pas, l’esprit travaillé.

*Que dirait Elera si elle voyait ce que j’ai fais ? Ce que je fais ?*

Il soupira.
Et si elle faisait une connerie ?
Il l’avait mise dans cet état. N’en était-il pas, par conséquent, responsable ?

*Rah si tu penses comme ça, l’entrainement de Marlyn ne sert à rien !*

Il la fixa, inquiet.

*Un théâtre bordel ! Tu vis sur une scène de théâtre ! Si tu enlèves ton masque, tu sors de scène.*

Elle était sortie de scène.
Mais qu’y avait-il dans les coulisses ? Dans l’arrière du décor ? Le néant ?
Il n’eut pas le temps de prendre de décisions, d’aller vers elle, poser sa main sur son épaule, ou la rassurer d’une quelconque manière, ou même de la laisser là, seule, qu’elle se releva. Et fonça dans l’eau.

*Mais qu’est-ce qu’elle fout ?!*

La corbac s’immergea dans le lac, battant l’eau avec ses faibles bras, comme à la recherche de quelque chose.
Sa lettre.
Elle cherchait sa lettre.

*Mais quelle con !*

C’est alors qu’il ne la vit plus. Il cligna deux fois des yeux avant de réaliser que la pauvre fille ne devait pas savoir bien nager et qu’elle s’était aventurer trop loin dans le lac, perdant ainsi pied. Sa main traversa la surface, appelant à l’aide, cherchant un solide auquel s’accrocher, en vain.
C’était de sa faute. C’était de l’entière faute au guerrier si elle en était à ce point. Et elle ne méritait pas de mourir pour un stupide jeu ou entrainement.
Il courut dans l’eau, s’enfonçant à ses côtés pour la rejoindre. L’eau lui monta peu à peu au ventre, puis à la poitrine, trempant et gonflant ses vêtements. Il se sentit alors plus lourd, et il lui fut plus difficile d’avancer, tandis que la fille se noyait à quelques brasses de lui. Il fit deux pas de plus, puis abandonna la marche pour se consacrer à la nage.
Elio n’était pas un nageur professionnel. Mais il se débrouillait. Petit il aimait se tremper dans la rivière qui longeait les herbes folles, non loin de la chaumière de son père. Il y allait, lorsque ce dernier le surveillait. Sinon, cela lui était interdit. Il savait nager pour lui quoi. Mais jamais il n’avait su nager pour deux. En fait jamais il n’avait su faire quoi que ce soit pour deux.
Il atteint enfin la corbac, et parvint à lui prendre le bras avec force. Mais mine de rien, elle faisait son poids la brune, et il fut emporter sous l’eau claire avec elle. L’immersion le surpris dans un premier temps, et aveuglé il se débattit avec force. Elle devait en faire de même car elle lui mit un violent coup dans la figure. Coup qui eut pour effet de le remettre en alerte. Il enlaça sa taille de son bras gauche, paniquant toutefois. L’air commençait sérieusement à lui manquer. Et elle était sous l’eau depuis bien plus longtemps que lui. Peut-être était-elle déjà morte !

*Non les morts ça ne frappe pas* se rassura-t-il.

La tenant avec force contre son torse, il battait des pieds, et brassait l’eau avec son bras droit pour tenter de remonter à la surface. Il n’aurait jamais pensé que cet exercice s’avère aussi difficile. Le poids de deux jeunes personnes contre l’eau était surestimé. Et encore, le lac ne possédait pas de véritable courant. Avançant peu à peu, il trouva sous son pied une pierre. Il en profita de suite, la tapant à force du pied pour s’élancer vers le haut. Ainsi ils échouèrent tous deux avec force sur la rive.
Si l’amerrissage ne se fit pas en douceur, Elio apprécia tout de même le contact de l’herbe râpeuse sur sa joue. Essouflé, il étendit la jeune fille sur le dos, inquiet de son étant. Elle était pâle. Bien plus pâle qu’avant. Déjà que…Là on aurait dit un cadavre.
Le demi-faël devint blême.

*Non…Tout mais pas ça.*

-Euh…

*Comment elle s’appelle ?*

-Hum…mademoiselle ?

Il la secoua en vain. Les yeux clos elle restait inerte.

*Et merde !*

-Oh Miss Pleurnicharde ! Réveille-toi putain !

Sur ces mots, il lui donna quelques claques, puis une gifle plus forte. La corbac eut alors un hoquet, se pencha sur le côté, et cracha ce qui lui sembla une véritable fontaine sur le sol.
Le guerrier soupira, soulagé de la voir vivante. Elle le fixa, avec de grands yeux. Il haussa les épaules, esquivant un sourire.
Il ne lui devait plus rien à présent.
Aussi il se leva, regardant le lac avec beaucoup plus de froideur qu’à l’ordinaire. Les morceaux de la lettre y flottaient toujours. Narguant avec mépris la pauvre noyée.

-Parfois, il vaut mieux laisser le passé et les mots flotter derrière nous, si on veut pouvoir avancer, tu crois pas ?

Il lui tournait le dos, fixant l’eau, qui venait de perdre sa beauté au profit de sa cruauté.

-Oublie-les. Qui qu’ils soient, ils ne méritent pas que tu te noies pour eux, s’ils t’ont abandonné.

Puis il se retourna, croisant le regard avec l’horizon. Refusant toujours de croiser celui de la jeune fille.

-On croit souvent que c’est pour les morts ou les disparus, ceux qui ne sont plus là, qu’on avance. Mais c’est faux. On avance pour ceux qui restent.

Sur ce, il partit, laissant derrière lui un :

-Relèves-toi. Tu devrais aller à l'infirmerie. Et te changer.

Il ne lui devait plus rien.




[A toi de voir si tu veux rattraper l'blondinet or not Wink Sinon on peut s'arrêter après ta réponse, as you want Very Happy ]

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MessageSujet: Re: Et elle restait là, les yeux dans le vague [Terminé]   Et elle restait là, les yeux dans le vague [Terminé] Icon_minitimeLun 23 Aoû 2010 - 13:30

Le sol, donc, s'était subitement ouvert sous son pas léger. Elle avait, par pur instinct sans doute, tenter de se raccrocher à un quelconque solide. Mais ce fut inutile. Au dessus-d'elle, il y avait la surface de l'eau, et puis, bien plus haut, le ciel. Elle sentit le liquide aqueux tremper et allourdir ses vêtements. Son corps devenait plomb. L'eau s'engouffrait dans ses poumons, prenant la place de l'air. Un chemin brûlant se mit à parcourir son corps. L'onde était pourtant loin d'être brûlante. Et à travers l'eau qui brouillait sa vue, elle voyait le Soleil se moquer d'elle.

Asphyxie.

Sa respiration était bloquée, donc. Elle sentit une secousse dans l'eau, et quelque chose s'agripper à son bras. Dans un mouvement de panique, elle se mit à se débattre, rencontra un obstacle sur sa trajectoire. Le mouvement de trop. Enelyë ne put retenir sa respiration plus longtemps, et elle sombra dans l'inconscience. Les dernières lueurs du Soleil vinrent à disparaître. Les dernières sensations qu'elle éprouvaie devinrent évanescentes. Puis, plus rien. Le néant.



¤¤¤

"Papa, viens jouer avec moi !"

Un soupir agacé. Un homme quitte son bureau et ses papiers, passe une main dans ses cheveux et s'approche de la petite fille. Il caresse tendrement ses cheveux. Il lui explique qu'il a du travail à faire, qu'il ne peut pas jouer avec elle. Puis il retourne à son bureau, et la fillette s'enfuit, se cache comme elle le peut sous ses couvertures. Une larme.

***

"Papa... Il est mort, l'arbre ?"

Une fille, d'une dizaine d'année. Des cheveux d'ébènes qui serpentent dans son dos. Agenouillée devant un arbre, elle pose sa main sur son écorce. Rien ne bouge, jusqu'à ce que sa main se décolle du tronc. L'arbre tombe...

¤¤¤


En cendres... Enelyë se réveilla brusquement. Sa joue était douloureuse, mais sur le moment, elle s'était penchée sur le côté, pour recracher toute l'eau qui squattait son corps. Un frisson convulsif la prit. Sa respiration venait de reprendre, irrégulière, brûlant au passage tout son corps déjà brûlé par le passage ancien et plus présent de l'eau. Puis elle regarda le Corbac, qui malgré tout, l'avait sauvé de la noyade. Le mot de remerciement ne voulait cependant pas franchir les lèvres de l'anciennement noyée. Elle essaya de se relever, mais tremblante, elle retomba. Alors elle décida de s'asseoir. Et d'écouter le jeune homme, tout en fixant le lac et les morceaux de lettres qui flottaient. Elle fixait tout cela d'un regard vide. On avance pour ceux qui restent. A partir de ça, elle arrêta d'écouter. Elle ne regarda pas le Corbac partir. A quoi bon ?

- Merci...

Un murmure qui se perdait dans le vent. Elle n'était pas sûre que le jeune homme l'aie entendu. Elle le remerciait, néanmoins. Parce qu'il l'avait sauvé et lui avait appris. Appris qu'on devait regarder vers l'avant, pas vers l'arrière. Ne pas vivre dans ses souvenirs.

La main de la jeune femme vint se poser sur l'eau qui frémit. Elle était l'alliée puissante qui aidait à nous maintenir en vie. Ou l'ennemie invincible qui venait tout détruire sur son passage.

Puis elle se détourna brutalement, se releva et courut après le Corbac. Lorsqu'elle fut à côté de lui, elle accéléra pour se placer devant lui, sachant qu'il s'arrêterait en la voyant. (Arrow)


- Comment tu t'appelles ?

Question stupide. Il ne répondrait pas. De toutes façons, elle n'avait pas besoin de le savoir. Il resterait Le Corbac insupportable qui l'avait sauvé de la noyade, au pire. Elle laissa tomber les mains qu'elle avait levés pour le faire arrêter.

- Non, laisse tomber. Je m'en fiche.

Puis, elle retourna vers le lac.

Elio Tharön
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MessageSujet: Re: Et elle restait là, les yeux dans le vague [Terminé]   Et elle restait là, les yeux dans le vague [Terminé] Icon_minitimeVen 3 Sep 2010 - 13:19

- Merci...

Ce n’était qu’un murmure venant de sa bouche d’enfant perdu. Pourtant Elio l’entendit. Ou crut l’entendre. Il esquiva un sourire qu’elle ne pouvait pas voir et continua sa route en direction de l’Académie.
Il ne lui devait plus rien.
Pourquoi l’avait-il sauvé ?
Pourquoi l’avoir sauvé, elle, alors qu’il n’avait pas hésité à percer Evaine Derkan de ses flèches.

*Ce n’est pas pareil.*

Mais le geste était si contradictoire…
Il pouvait se dire qu’il s’agissait de garder bonne conscience, de ne pas avoir de culpabilité pour une noyade, provoquée, il fallait le dire par ses remarques.

*Elle a sauté toute seule dans l’eau hein ! J’l’ai pas poussé la deuxième fois !*

Et puis la « bonne conscience » où était-elle lors du meurtre de l’ancienne Première Gardienne ?

*J’étais pas l’seul à vouloir sa peau. Elle était mauvaise.*

Elle avait giflé Elera et l’avait provoqué. Elle l’avait payé, prévenue de ce juste retour des choses.
Justes ?

*Bref, la fille là ne m’a rien fait !*

Oui, ce n’était qu’une pauvre fille perdue. Un peu comme lui lorsqu’il avait mis les pieds à l’Académie. En moins faible bien entendu. Mais c’était une fille, alors…
Des petits pieds couraient non loin de lui. Etait-elle si pressée de rentrer au chaud, à l’infirmerie ? Ou était-ce une nouvelle crise d’hystérie ?
Elle se planta devant lui, mains levées pour l’arrêter. Il leva un sourcil interrogateur, tout en cessant son pas.
Ben oui, il n’allait pas lui foncer d’ssus, elle n’en valait pas l’coup non plus, hein ! :arrow :

- Comment tu t'appelles ?

*Qu’est-ce que ça peut t’faire ?*

Il la regardait, légèrement étonné et désabusé.

*Toutes les filles me courent après, j’vais ouvrir un fan club Cool *

Elle baissa ses mains d’un air résigné, qui le surpris encore plus.

*Ah, elle n’insiste pas elle ? C’pas toujours têtue une fille ?*

- Non, laisse tomber. Je m'en fiche.

Elle repartit en direction du lac. Il la suivi, souriant de la suite des évènements. Chouette, il allait encore pouvoir s’amuser !
Aussi se percha-t-il juste derrière elle, effleurant de son visage sa joue rougie par la noyade –et par son audace veine ?-.


-Menteuse. La taquina-t-il.

Elle se retourna, surprise qu’il soit là, et visiblement vexée d’être percée à jour par le garçon.
Il tourna autours d’elle, vautour aguicheur, enjoué à l’idée de pouvoir de nouveau se moquer d’elle, sans aucune mauvaise conscience.

*Elle m’a tendu la perche en même temps, hein !*

-Mademoiselle la Priiiincesse aux Laarmes veut connaitre le nom du Priiince corbac l’ayant sauvé d’une terriiiiible noyade ?!

Il exagérait les mots, optant pour un ton faussement pompeux.
En même temps quelle imbécile de se jeter à l’eau pour une lettre. Mais un tout petit bout de lui la comprenait. S’il lui restait, ne serait-ce qu’un objet souvenir de sa mère, il serait prêt à risquer tous les dangers pour le récupérer.

*Mais j’le jetterais pas à l’eau ! :roll : *

De même que son arc. Faël.
Pouvait-on tenir plus à une arme, qu’il ne tenait à cet arc, fruit du hasard et du destin ?
Le destin est le déguisement que prend le hasard pour voyager sans se faire repérer. [Denis Langlois]


Elle lui affichait une moue plus que contrariée et un regard irrité. Ce qui le fit rire, gentiment.

-Et rire ça t’arrive ?

Ses yeux noisette s’appuyaient au fond des siens, saphirs, tentant d’avoir un impact. Elle n'allait tout de même pas se remettre à chialer?

-Sourire ? Tenta-t-il, une lèvre retroussée, dévoilant ses dents rondes d’enfant.

Il la vit flancher légèrement, se ressaisir de suite.

-J’te jure sourire ne déforme pas le visage. On pourrait croire hein, mais…à ton stade ça peut que s'améliorer!

Raté. Pas les bons mots. Try again Arrow Merde, pourquoi elle ne voulait pas s’prendre au jeu ?

*C’pas drôle !*

-…Tiens regarde.

Il sourit, ridiculement, prenant un air de clown figé.
Elle sourit enfin, tentant toutefois de cacher cette démonstration dans la barbe qu’elle n’avait pas.


-Tu vois ça marche ! Les princesses sourient toujours aux princes, c’est la règle d’or si elles veulent espérer atteindre ne serait-ce que l’entrée de leur château ! Après pour le lit…faut faire un effort.

Voyant que cette technique fonctionnait plus que la précédente, et qu’il commençait à se montrer un peu trop « gentil » à son goût il se rattrapa de suite.

-Mais rêve pas ! T’atteindras rien du tout chez moi ! D’abord j’ai pas d’château.

Juste une Cabane du Toujours. Mais c’est tellement mieux.

-Et puis surtout j’ai d’jà ma princesse, qui elle sourit !

Il regarda au loin la lettre flotter sur l’eau agitée.

-C’est con une princesse hein ? Surtout quand elles sont tristes !

Au final, il l’aimait bien cette fille. Enfin. Aimer bien est un grand mot. En vrai elle l’exaspérait.

-Elio.

Elle le regarda, surprise. Non ce n'est pas le nom d'une ville.

-J’m’appelle Elio.

Il faillit demander « et toi ? » mais se résigna. Au fond, il n’en avait rien à faire.
Au fond.
P’tètre qu’elle n’était pas si con que ça cette corbac. Tout ce qu’il savait, c’est qu’elle pleurait beaucoup. Trop. Beaucoup trop.



[Profite, c'est la dernière fois qu'Elio est aussi gentil Arrow Faut pas trop lui en demander hein Rolling Eyes]

Enelyë Ril'Enflazio
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MessageSujet: Re: Et elle restait là, les yeux dans le vague [Terminé]   Et elle restait là, les yeux dans le vague [Terminé] Icon_minitimeSam 25 Sep 2010 - 16:33

Enelyë frissonnait. Ses longs cheveux noirs dégoulinaient encore et ses vêtements étaient toujours trempés. Elle ne s'en préoccupait pas, cependant. Elle frotta ses bras pour se réchauffer, même si c'était inutile.

-Menteuse.

La Corbac se retourna brusquement, le rouge lui montant aux joues. Elle ne l'avait pas entendu arriver, ne pensant pas qu'il viendrait. Ce fut lorsqu'elle vit son sourire qu'elle sut qu'il allait recommencer à se moquer d'elle. Elle soupira, ne cherchant pas à se dérober. Pourtant, à la phrase du jeune homme, pleine d'exagération, elle ne put s'empêcher de lui adresser un regard de colère.

Il rit.

Pas comme la dernière fois. Ce rire avait quelque chose de plus chaleureux, presque gentil. Presque.


-Et rire ça t'arrive ?

Enelyë fixa son regard dans le sien. Il se moquait d'elle, ou non ? Elle se retrouva hésitante, ne sachant pas quelle attitude adopter face à un fou furieux.

-Sourire ?

Le jeune homme avait l'air sincère, dévoilant lui-même un sourire qui avait quelque chose de sympathique. Enelyë faillit sourire, mais dans l'incertitude qui l'avait prise, elle se ressaisit aussitôt. La phrase suivante lui confirma ce qu'elle pensait : il était toujours en train de se moquer d'elle. Tsss. Elle soupira, fermant les yeux dans un accès de colère qu'elle voulait retenir. Elle les rouvrit très vite. Elle se tourna vers le Corbac lorsqu'il lui demanda de le regarder. Elle ne put s'empêcher de sourire en le voyant le faire lui-même. Elle tentait de le cacher, mais elle ne le pouvait pas.

Les princesses sourient toujours aux princes.

Mais elle n'était pas une princesse.

Mais avant qu'elle n'ait pu répondre, il continuait, et elle souriait. Finalement, il n'était pas si méchant, ce Corbac. Un peu moqueur, un peu refermé sur lui-même, mais il avait un bon fond. Lorsqu'il eut terminé, elle se mit à parler.


- J'veux pas de château. J'suis pas une princesse.

Non, Enelyë n'a pas du tout l'esprit de contradiction, que vas-tu chercher là ?

-Elio.

Euh, ouais, à tes souhaits ? Enelyë le regarda, se demandant ce qu'il voulait dire. Est-ce que c'était...

-J'm'appelle Elio.

Il ouvrit la bouche, puis la referma, semblant éviter de parler.

- Moi, c'est Enelyë.

Elle se tourna vers le lac. Elle ne voyait plus les lambeaux de la lettre. Elle avait réussi à en attraper un, qu'elle relut. Le passage qu'elle avait le moins aimé.

"Enelyë, je m'en vais"

Oui. Elle était triste, parce que le monde entier l'abandonnait. Mais elle ne pouvait s'empêcher de sourire, car le Corbac l'avait réconforté, sans doute sans le vouloir, mais il l'avait fait. Elle lança le morceau de papier dans l'eau.

- Tu crois que n'importe qui peut être un prince ou une princesse ?

Une interrogation stupide. Mais elle voulait savoir. Peut-être qu'aux yeux de quelqu'un, elle en était une. Mais qui ? Eliaz, mais elle ne le savait pas encore à ce moment. Puis elle s'assit au bord du lac, attendant la réponse d'Elio.

Elio Tharön
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MessageSujet: Re: Et elle restait là, les yeux dans le vague [Terminé]   Et elle restait là, les yeux dans le vague [Terminé] Icon_minitimeMar 12 Oct 2010 - 15:36


- Moi, c'est Enelyë.

*Je t’ai rien d’mandé !*

Mais il se tut, conscient que cette réaction inutile ne ferait qu’accroitre le retour des pleurnichements de la dénommée Enelyë.
Enelyë.
Etrange comme nom. Du genre, « a tes souhaits » quoi. Mais sympatoche.

Elle lui tourna le dos, fixant le lac, et sortant de son poing un morceau de lettre qu’elle avait réussi à récupérer malgré tout.
Elio leva les yeux au ciel.


*Plus mélodramatique, tu crèves.*

Toutefois elle ne pleura pas, au grand soulagement du corbac. Elle jeta même le papier à l’eau, geste qu’il approuva d’un hochement de tête qu’elle ne remarqua pas.

- Tu crois que n'importe qui peut être un prince ou une princesse ?

Inclinant la tête sur le côté, il préféra se taire. S’apercevant que la hache de guerre venait d’être provisoirement enterrée, il s’assit à côté d’elle, suivant la dérive de la lettre sur l’eau.
Elle lui demandait son avis, elle.
Pourquoi ?
Pourquoi lui demander son avis après ce qu’il lui avait fait ?
Pourquoi lui demander son avis, tout court ?
Plus habitué à se battre et à ignorer, Elio n’avait pas vraiment eu de conversations digne de ce nom avec d’autres personnes qu’Elera ou Marlyn. Alors, non, personne ne lui avait jamais demandé son avis, ainsi, sur une question qui ne le regardait même pas vraiment.
Car après tout, en quoi était-il concerné par l’abandon de cette fille fragile ?
En rien.
Par contre, il avait voulu jouer avec cela.

Il n’était donc que juste retour qu’à présent il doive jouer la nounou avec elle et la…réconforter ?

*ça, jamais !*

N’empêche, une occasion de discuter sans taper, c’est toujours à prendre, non ?
C’est fou ce que les filles peuvent s’obstiner, hein. Tu les envoie paître, elles reviennent en courant avec de l’herbe dans la main en guise de cadeau.


-Oui.

Il sentit le regard noisette de la jeune-fille se braquer sur lui, attendant des explications, plus qu’un simple « oui ».
Il haussa les épaules.


-Ouais, tout l’monde peut être un prince ou une princesse. Suffit de l’vouloir.

Il pensa aux divers déguisements qu’il revêtait avec Marlyn, apprenant à être autre pour se dissimuler.

-Tout l’monde peut être qui il veut. A condition de savoir jouer.

Elle fronça les sourcils.

-Tiens, prends les pièces de théâtre qui se déroulent dans Al Poll parfois. Tu crois vraiment que le marchand avare est vraiment marchand et avare dans la vie ? Et que la gourde mariée de force est obligée de se coltiner son con de mari toute sa vie ?

Non. Evidemment. Ce n’est que du théâtre.
Il sourit, devinant ces mots dans la réponse d’Enelyë.

-Ben ouais. Du théâtre. Un comédien qui sait jouer peut devenir qui il veut. Prince, monstre, pouilleux, commerçant, empereur…meurtrier.

Un rictus déforma le visage d’Elio à l’évocation du dernier rôle. Rôle qu’il avait interprété, sans aucun scrupule. Sans aucune difficulté. Jusqu’où s’étendaient les possibilités de rôles ? Où étaient les limites ?

-A toi de voir si tu sais jouer ou non. Alors tu pourras être une princesse.

*Mais pour cela, il faudrait que t’arrêtes de chialer, cocotte.*

-Parce que franchement, tu trouves que j’ai la gueule d’un prince, moi ?

Il rit, difficilement. Rire n’était pas dans ses cordes quotidiennes et résultait l’exercice le plus difficile dans ceux que lui imposait Marlyn. Le masque avec le sourire lui semblait presque impossible à enfiler. Toutefois il s’y forçait, conscient qu’il lui fallait savoir maitriser toutes les facettes de la vie.

-Ben voilà, t’as ta réponse. Tu deviens qui tu veux, mais faut jouer.

Il la détailla, si frêle, si tremblante encore. Elle n’était encore qu’une pauvre gamine perdue, abandonnée, qui ne savait pas comment se relever. N’avait-elle donc aucun but dans la vie ? Un truc, une ancre à laquelle s’accrocher et se battre, la rage au ventre ? Une vengeance quelconque, un secret à dévoiler, un mystère à élucider, une personne à tuer ?

-Et jouer…ben toi tu sais pas.

L’accusation lui valut un regard noir.

-Quoi ?! C’est vrai. Tu chiales à la moindre remarque, tu t’effondres pour un stupide départ, tu te jettes à l’eau pour un bout d’papier et tu t’noies. T’es transparente. Entièrement transparente.

Comme un fantôme. Si facile à déchiffrer, et plus encore à anéantir.

-Si tu veux devenir qui tu veux, faut qu’tu te ressaisisses.

Mais que faisait-il ?
Il lui donnait des…conseils ?
Depuis quand donnait-on des conseils aux victimes ?
C’était comme si une araignée venait prévenir ses appâts de la toile qu’elle venait de leur tisser et leur enseignait comment l’éviter !
Mais elle ce n’était pas tout à fait pareille. Enelyë ne constituait en rien un danger, et elle ne lui serait d’aucune utilité. Et même si. En continuant ainsi, elle lui ferait confiance, aurait une dette envers lui…et lui, pourrait faire ce qu’il voudrait d’elle. Il pourrait la manipuler, sachant par avance ses faiblesses.
Car un homme peut toujours se relever, apprendre à jouer, il reste homme, et précisément l’homme initial qu’il était. Avec ses faiblesses. Il peut se montrer fort et méchant, il suffit d’appuyer sur le point sensible, et vous le tenez, à votre merci.
C’est ce que faisait Marlyn avec Elio. Elle avait su déceler la moindre de ses faiblesses à l’époque où il était tout aussi perdu qu’Enelyë, et elle le tiendrait toujours, par ces mêmes faiblesses.
Du bon boulot de manipulation.

Du très bon boulot.

Lui, serait-il capable d’en faire autant ?
Sans tout lui dévoiler, il pourrait s’exercer à pareil exercice sur la corbac.
Et puis…Elio ne pouvait s’empêcher de revoir en elle, celui qu’il était avant, fragile, peut-être moins, parce que bon, c’est une fille quoi, mais tout aussi perdu. Et il pleurait, à l’époque.


-Fixe-toi un but. Quelque chose à atteindre, coûte que coûte, mais si c’est une putain de vengeance futile contre ceux qui t’ont abandonné.

Il planta son regard azur dans ses iris chocolat.

-Et n’abandonne jamais. Jamais.

Il se leva, tendant sa main, pour la faire se lever à son tour. Main qu’elle prit. Il la souleva avec force, la dressant face à lui. Puis, il lui mit une claque, gentille, pas trop forte, juste pour lui faire comprendre son imbécilité de fragilité.

-Arrête de geindre et de te plaindre. Lève-toi et bats-toi bordel !

Elle se taisait, écoutant avec attention.

-Tu veux être une princesse ? Et pour quoi faire au juste ? Pour te languir d’un prince qui ne viendra peut-être jamais, et restez enfermée dans ton château imaginaire ?

Il attaquait, progressivement. Il fallait la faire réagir, sinon quoi elle resterait passive et soumise aux autres toute sa vie.

-Deviens une princesse si tu veux. Mais une princesse sanguinaire. Un tyran.

Il la poussa d’une main.

-Frappe. Hurler ne sert à rien. Tu t’égosilles pour des absents qui ne t’entendent même pas. Frappe.

Il continuait à la pousser, de plus en plus violemment.

-Tout à l’heure, tu l’as fait. Tu m’as frappé. Tu ne recommences pas ?

Constatant qu’à nouveau elle ne comprenait plus rien, il cessa de la pousser et de l’attaquer. Physiquement du moins.
Soupirant, il secoua la tête d’exaspération.


-Ouais…En fait t’es bien une princesse. T’as aucun but dans ta misérable vie, et tu peux rien faire sans les autres.

Il donna un coup de pied dans une pierre qui trainait sur le sol.

-Il est parti ? Ils sont partis ? Et alors ? On part tous un jour.

Et parfois on ne revient pas.

-Putain, réveilles-toi Enelyë.

Il tira sa dague, et la lança, de toutes ses forces, dans sa direction à elle. Toutefois il visa au dernier moment le sol, et la lame se planta aux pieds de la jeune fille.

-Quand une personne te poignarde, ne fais pas la morte. Prend le poignard à pleine main, retourne-le contre ton attaquant. Et frappe encore plus fort.

En plein coeur.

Enelyë Ril'Enflazio
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MessageSujet: Re: Et elle restait là, les yeux dans le vague [Terminé]   Et elle restait là, les yeux dans le vague [Terminé] Icon_minitimeSam 30 Oct 2010 - 17:54

C'est fragile, une personne. Fragile comme des plumes. Des cristaux qui cassent lorsqu'on les jette par terre. Du bois qui craque lorsqu'on les entaille à la hache. Parce qu'une personne souffre. Parce qu'une personne pense. Parce qu'une personne, même forte, peut ne pas savoir comment réagir face à certaines situations.

Tout le monde a peur. Les peurs sont des faiblesses. Les faiblesses rendent vulnérables. Il suffit de connaître les peurs de quelqu'un pour l'avoir à sa merci. Elio l'avait bien compris. Enelyë, elle... eh bien, c'était la victime de sa peur. Une peur pourtant idiote, qu'elle ne pouvait surmonter seule. Puisque c'était bien la solitude qui lui faisait peur, à travers son abandon... Même si elle ne le comprenait pas, se pensant solitaire alors qu'elle ne l'était pas.

N'importe qui pouvait devenir prince ou princesse, en y mettant du sien. En jouant la comédie. Enelyë était tout simplement incapable d'incarner un rôle, de faire des choses qui ne lui correspondaient pas. Trop vraie, trop honnête, alors même que le mensonge était chez elle comme une seconde nature qu'elle s'efforçait de taire. Elle ne faisait pas exprès de mentir, pas à chaque fois. Elle avait été tellement habituée à mentir, lorsqu'elle voyait les enfants des Itinérants...


* «Voyager ? Bien sûr que j'ai déjà voyagé. Jusqu'en Pays Faël ! C'est très beau. Mon papa il a dit que...» *

Vengeance. Est-ce qu'ils avaient tous ce mot à la bouche ? Elle n'avait jamais penser à se venger. Se venger de quoi d'ailleurs ? Sa mère était morte suite à sa naissance, et son père avait toujours été là pour elle, du moins jusque là. Elle n'était jamais sorti de chez elle, et seuls les enfants qui passaient devant chez elle, généralement les fils et filles des Itinérants, la connaissait, un peu. Jamais d'ennemis. Alors non, aucune vengeance ne la motivait.

Il l'attaquait, peu à peu. Et même si elle s'en rendait compte, à quoi bon réagir ? Enelyë resta stoïque, encaissant les bousculades d'Elio. Lorsqu'il arrêta, elle baissa les yeux. Jamais elle ne deviendrait une princesse sanguinaire, comme il l'avait dit. Elle était incapable de faire du mal à qui que ce soit, alors qu'elle-même avait subi tant de douleur. Non, ce rôle n'était pas fait pour elle. Un but ? Non, elle n'en avait aucun. A quoi bon ? Enelyë pensait que se fixer des buts étaient inutile. Quand elle voyait les autres, avec leurs yeux brillants, rater leur rêve et finalement revenir à la case départ, alors non, elle ne voulait pas de but. Et les autres qui réussissait n'existaient pas pour elle.

Elio lança sa dague vers elle. La lame vibra aux pieds d'Enelyë, pendant qu'une douleur légère prenait place dans le haut de son dos. Elle retira la dague de la terre boueuse et s'avança vers Elio avant qu'il n'ait fini sa phrase.


- Ne. Refais. Jamais. Ca.

Elle tenait le poignard juste devant le visage d'Elio. Elle tremblait légèrement, pas assez cependant pour risquer de blesser le Corbac. Lancer une dague vers elle était la dernière des choses à faire. Elle lui lança un regard noir.

- Ne t'avise pas de relancer ce poignard vers moi.

La fin de la phrase aurait pu être "sinon, prend garde à toi" mais ses yeux parlaient suffisamment pour elle. Elle jetta le poignard par terre, juste entre eux. Et puis, elle décida de répondre, à toutes ces provocations. Elle soupira et croisa ses bras.

- Tu as raison, je ne sais pas jouer. Mais... instant de silence pesant. Je ne suis pas transparente pour autant.

Que savait-il de ses émotions ? Là, elle était vulnérable, prise au piège parce qu'elle s'était laissé découvrir. Elle n'était pas toujours comme ça. Elle avait été tant de fois bien plus discrète et secrète... Personne ne pouvait réellement la connaître, si ce n'était son père.

- Je sais très bien dissimuler ce que j'ai sur le coeur. Tu tombes juste au moment où je craque.

Une fin de phrase inaudible. Mais elle reprenait un peu d'assurance, néanmoins, elle n'osait pas l'attaquer. Elle avait peur, pas de lui, mais du fait qu'il trouvait toujours les mots justes pour lui faire mal.

- Je suis pas une princesse, et j'aurai jamais de château. Déjà, ça sert à rien. Moi j'veux pas être au milieu d'une foule de personne qui t'aime juste parce que tu es comme ceci ou comme cela. C'est ça, les princesses. Des filles stéréotypées. Comme des personnages de théâtre.

Ce qu'elle pensait. Les princesses étaient toujours des filles gentilles, intelligentes, toujours joyeuses, et pourtant tellement idiotes. Elles arrivaient toujours à se mettre dans le pétrin puis attendait que leurs princes viennent. Ce qu'Enelyë n'aimait pas et ce qu'Elio avait justement souligné. Elle ne serait pas une princesse muette et léthargique. Elle irait le chercher, son prince. Et cela, même s'il fallait tuer le Raï gardien de sa tour.

- On part tous un jour...

La dessinatrice avait simplement répété, dans un murmure, les mots du Corbac, les intégrant dans sa tête. Que répondre à cela ? Elle ne savait pas. On passe à l'étape suivante.

- J'prendrai pas le poignard des autres. J'en ai déjà un, elle le prit dans sa main, le rendant apparent, et je le trouve parfait.

Un sourire sarcastique aux lèvres, elle laissa à Elio le soin de continuer à parler.

Elio Tharön
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MessageSujet: Re: Et elle restait là, les yeux dans le vague [Terminé]   Et elle restait là, les yeux dans le vague [Terminé] Icon_minitimeMer 1 Déc 2010 - 18:17

- Ne. Refais. Jamais. Ca.

Elio la fixait avec un air de défi, l’air de dire clairement : et pourquoi pas ?
Réagissait-elle enfin ? Il ne bougeait pas, attendant la suite, un coup peut-être. N’importe quoi, mais une réaction différente des pleurs et de cris. Une réaction montrant que la jeune fille avait compris ce qu’il se tuait à lui dire !

Elle tenait le poignard juste devant le nez d’Elio, tremblant. Lui, restait stoïque, ne souriant pas.

*Vas-y. Bah vas-y, chope le culot de m’attaquer ! Blesse-moi comme je t’ai blessé par les mots !*

Ses yeux noirs lui lançaient des menaces muettes. Menaces qui s’effritaient au fur et à mesure.
Elle admettait son échec. Elle n’essayait même pas.

*Putain, j’y crois pas.*

Il souffla, constatant qu’il ne déclarerait aucune flamme en elle. Elle s’énervait, mais s’éteignait de suite. Une étincelle, aussi brève et mortelle.

*Tu n’iras pas loin. Tu fais partie des victimes.*

Comment lui dire ? Comment lui expliquer qu’en ces temps il valait mieux se montrer prudente et ne pas afficher ses émotions, alors que rodait les fourbes et les comédiens ? Alors que lui-même était un comédien et qu’elle venait de s’ouvrir bien trop à lui ! Alors qu’il pourrait dès à présent l’anéantir à souhait.
Pauvre petite chose.
Pauvre enfant.
Te voilà perdue.
Tu n’as plus que l’espoir que le garçon ait encore lui aussi quelques faiblesses, et qu’il t’épargne le jour où viendra ton exécution. Le jour où il lui faudra se débarrasser de toi.
Pauvre petite chose.

Pauvre enfant.
Parle-lui. Ne pleure plus. Montre-lui ta force, qu’il n’ait plus pitié, mais qu’il te respecte.
C’est ta seule chance.
Pauvre petite chose.
Pauvre enfant.

Blesse-le s’il le faut. Paradoxalement, c’est ce qui peut te sauver.

Il n’est lui-même encore qu’un enfant par moment. Mais il murit. Il gagne en force, en assurance, en manipulation. Et plus il arpente son double apprentissage, plus son cœur se noircit, oubliant son innocence et sa faiblesse d’enfant solitaire et les silences de son père. Il suit la voie qui le mène à sa mère. Il développe son don faël. Et rien, oh non rien, ne pourra lui barrer sa route vers la vérité. Pas même une pauvre petite chose, une pauvre enfant, aussi mignonne soit-elle.

« Tu tombes juste au moment où je craque. »

Piètre excuse.
Excuse de merde, même.
Ne jamais craquer, c’est la règle première.
Ou alors assure-toi que personne ne peut te surprendre.
Car alors tu es vulnérable. Pauvre petite chose. Pauvre enfant.

Tu ne veux pas être une princesse. Mais c’est ce que tu es, que tu le veuilles ou non.
Tu es là. Tu n’agis pas. Tu pleures et tu attends qu’ils ne reviennent.
Tu les veux ? Va les chercher.
Attendre, c’est comme attendre la mort, tranquillement. Comme si la vie n’avait aucune utilité pour toi. Tu n’as pas de but. Comment fais-tu pour vivre alors ?

Tu es une princesse.
Une pauvre petite princesse.

- On part tous un jour...

Et un jour tu partiras. Sous la lame d’un autre.
Espère juste que ce ne sera pas sous la mienne.

- J'prendrai pas le poignard des autres. J'en ai déjà un, et je le trouve parfait.

Elle lui offrit un sourire sarcastique. Tellement faux. Qui ne lui ressemble pas.
Mais un espoir. Un espoir qu’elle bouge ses fesses et qu’elle se révolte. Qu’elle ne survive pas, mais qu’elle vive. Pour elle, et pas pour les autres.
Elio se pencha, ramassant son propre poignard. Puis il la fixa, dévisageant ce visage ravagé.

-Ta gueule Enelyë. Tu parles trop, et tu ne dis rien.

Son sourire s’estompa de suite.

-Tu as un poignard. Bien. Tu l’trouves parfait. Bien. Et ensuite ?

Elle se tut.

-Tu ne tueras pas Enelyë. Tu es trop faible.

Il secoua la tête, résigné par cette fille.

-Pour l’instant.

Faible espoir d’un changement ? Sera-t-elle capable de démentir le blond en osant tuer ? Il le verrait tôt ou tard. Et conclura ainsi de sa faiblesse ou non.
Il se détourna, prenant le chemin du retour.
Il en avait fini avec elle. Il avait tout essayé.
A elle de se montrer digne ou non de sa clémence.

A lui de voir si la manipulation avait fonctionné ou non.

-Fixe-toi un but dans ta putain d’vie, Ene, avant que tu n’deviennes le but de quelqu’un.

Sur ces derniers mots, il la laissa en plan.

-Nous nous retrouverons.

Seule.
Tu détestes être seule. C’est la solitude qui te fait peur, je le sais.
C’est par ta propre peur que tu dois commencer. Réduit-là au néant, et tu sauras être forte.
Sans cela, tu es perdue.

Pauvre petite chose.
Pauvre enfant.

Enelyë Ril'Enflazio
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MessageSujet: Re: Et elle restait là, les yeux dans le vague [Terminé]   Et elle restait là, les yeux dans le vague [Terminé] Icon_minitimeDim 16 Jan 2011 - 1:38

Un but... Enelyë avait capté ce mot dans les phrases d'Elio. Un but... c'était facile de dire ça. Elle avait échoué. Tant de fois. Tant de fois, tant d'échecs. Des buts fixés, mais aucun résultat. Elle ne supportait plus l'échec. C'était la seule raison qui la poussait à ne pas se fixer de but. Néanmoins, à bien y réfléchir, elle en avait. Se fixer des buts peut parfois être une décision inconsciente. Son premier objectif était évidemment de devenir une dessinatrice accomplie. Puis de revoir son père. Et revoir son maître... Elle soupira, puis se laissa tomber à terre. Se mit à creuser, tout à côté de l'eau. Tira son poignard, coupa une de ses mèches. Elle la jetta dans le trou, puis reboucha. Avec son poignard, elle écrivit "Ci-gît l'ancienne Enelyë Wind, Corbac, Princesse endormie." Elle savait que ses mots ne resteraient pas longtemps, qu'ils seraient effacés par l'eau. Mais elle n'y faisait pas attention.

Elle se releva puis se dirigea vers l'Académie. Elle avait des choses à faire.

[FIN DU RP]

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