Quand je suis au théâtre, je mate [Terminé]

Kloa détestait les uniformes. Ca tenait chaud, et en plus ça grattait et ça collait tout en même temps. Curieusement, avant Aziel, ça ne la dérangeait pas de mettre le sien. La couleur sombre et la forme neutre lui convenaient. Mais, à présent que tous les Teylus étaient habillés de la même manière, elle ne le supportait plus et aurait fait n'importe quoi pour pouvoir se vêtir autrement. Même en robe. Quoique non, en fait, à la réflexion, peut-être pas en robe, quand même.

Kloa détestait l'appel, aussi. Se lever aux aurores pour les beaux yeux du nouvel Intendant, se diriger pesamment vers la Grande Salle et attendre, les paupières bouffies de sommeil, serrée contre les autres... Ce n'était pas se réveiller dès l'aube qui l'embêtait, elle en avait l'habitude avec les entraînements matinaux de Locktar. Mais l'idée de se faire compter comme des bestiaux et l'emprise d'Aziel qui se resserrait de plus en plus sur eux, élèves et professeurs - qui avaient également un uniforme, seul avantage qu'elle ait trouvé au nouveau système - lui donnaient envie de vomir.

Et Kloa détestait le couvre-feux. En fait, en y réfléchissant bien, elle détestait tout ce qui avait trait au Grand Intendant. Et comme elle venait de le croiser dans le couloir - il l'avait, d'ailleurs, majestueusement ignorée - entouré de ses sbires, savants mélanges de gardes du corps et de caniches pendus aux basques de leur maître, elle était de très, très mauvaise humeur.

Lorsqu'elle entra dans le théâtre d'un pas vif, elle s'attendait à le trouver désert, comme à l'ordinaire. Elle ressentit donc une légère irritation en se rendant compte que quelqu'un venait de passer l'autre porte, et arqua un sourcil quand il l'appela, de loin. Elle attendit qu'il soit à portée de voix pour demander sur un ton un peu sceptique :

- Je te connais ?

Leurs regards se croisèrent et elle le reconnut. La fête, dans la salle des loisirs. Il en était l'organisateur, elle s'en souvenait à présent. Il fallait avouer qu'elle avait peut-être bu légèrement trop d'alcool non indentifié, et avait oublié certains détails - comme qui avait gagné les Yeux du Serpent, par exemple - tandis que d'autres demeuraient très flous. Mais elle se rappelait Shao-chouette. Oui, elle se le rappelait.

- Ah, oui, continua-t-elle avant qu'il n'ouvre la bouche pour lui décliner son nom. Shaokys, c'est ça ?

Ce n'était pas qu'elle n'était pas contente de le croiser. Cependant, ces temps-ci, elle avait tendance à associer la couleur de l'uniforme rouge des Kaelems à l'Intendant. Et puis, à cet instant, elle ne souhaitait rien d'autre que se rendre à la salle des eaux pour enlever enfin l'uniforme en question.

L'ennui, c'était que Shaokys était juste devant la porte, et qu'il était hors de question qu'elle fasse demi-tour pour repartir de là où elle était venue. Elle soupira et passa une main lasse dans ses cheveux brun-roux.

- Est-ce que tu pourr...

C'est alors qu'elle surprit la lueur qui scintillait au fond de ses yeux. Une lueur qu'elle ne connaissait que trop bien.

Aussitôt, son visage se figea, son masque se fissura, et sa posture avait perdu toute trace d'amabilité lorsqu'elle croisa résolument les bras sur sa poitrine. Son regard était aussi glacial que sa voix quand elle reprit la parole :

- Laisse-moi passer.

Ou je ne donne pas cher de ta peau, fiente de Ts'lich, et ce sourire imbécile n'y changera rien.


[hin hin hin ]

Non. Il lui avait dit non. Quel inconscient...

Kloa soupira et le dévisagea attentivement. Il était plutôt séduisant, avec son visage aux traits délicats, ses cheveux bruns lui retombant sur les yeux et son regard filtrant. Mais il n'avait pas un corps de guerrier, cela, c'était sûr, et elle était certaine d'être plus musclée que lui. Donc de l'emporter dans un éventuel corps à corps.

Ignorant l'interdiction, elle allait passer quand même quand il ouvrit à nouveau la bouche pour reprendre la parole. Elle l'écouta sans comprendre. Un droit de passage ? Mais pour qui se prenait-il ? Elle était tout de même libre de circuler à sa guise dans les salles de l'Académie, non ?

Puis il continua, et son trouble s'aggrava. Pas d'argent ? De toute manière, elle n'en avait pas sur elle. Mais alors, que souhaitait-il ? Pas qu'elle ne songeât une seule seconde à satisfaire ses désirs. Mais elle était curieuse de savoir...

- Il suffit que tu déboutonnes ton uniforme et que tu soulèves ton soutien-gorge. Là, je te laisserais passer, conclut-il dans un sourire.

Ben voyons. Il ne doutait vraiment de rien.

Kloa se sentit rougir. De colère. Pourtant, à la réflexion, cela n'aurait pas dû l'étonner. N'était-ce pas dans cet objectif qu'il l'avait abordée ? Elle tourna la tête pour observer la fenêtre la plus proche. Le défenestrer ? Pourquoi pas, c'était une bonne idée. Mais elle allait sûrement avoir des ennuis si quelqu'un le retrouvait à l'extérieur. En plus, ils étaient au rez-de-chaussée, et ne tomberait donc pas de très haut. Hurler pour appeler au secours ? Bof. Elle ne savait pas pourquoi mais ça la tentait moins. Lui rire au nez ? Plaisant, mais elle n'avait pas de temps à perdre, elle.

Et puis, l'illumination. Ou tout comme. Elle se rapprocha légèrement et remarqua qu'il était plus grand qu'elle. Mauvais, ça. Mais sa taille ne lui serait d'aucune utilité pour faire ce qu'elle voulait entreprendre.

Elle s'avança encore un peu. Le jeune homme la dévisageait, paupières plissées, un sourire ambigu flottant sur ses lèvres fines.

- Shaokys ?

Elle planta ses yeux dans les siens. Son regard flamboyait.

- Je passerai si j'en ai envie.

Et elle le gifla. Fort. Très fort. Elle le vit chanceler, porter sa main à sa joue. Bon, c'est vrai que la claque, ça faisait un peu cliché. Mais, au moins, c'était efficace.

Puis, sans lui prêter la moindre attention, elle le contourna et se dirigea d'un pas tranquille vers le seuil de la porte.


[Au fait, je me posais une question... Shao, il préfère les cartes ou les filles ? ]

Mais, à l'instant où elle allait enfin sortir du théâtre, quelqu'un la retint par la manche. Surprise, elle baissa les yeux et son regard se posa sur la main qui l'empoignait pour remonter le long du bras jusqu'au visage. Ah bah oui, il fallait s'en douter. Shaokys, bien sûr.

Des menaces, ensuite. Grossières tant elles paraissaient peu vraisemblables. Fronçant les sourcils, elle se dégagea sèchement. Tu peux toujours attendre, face de Raï, tu l'auras pas ton prix. Ni maintenant ni plus tard.

Elle attendit qu'il ait terminé pour le toiser froidement, en silence. Poings sur les hanches, à défaut de dissimuler sa trop généreuse poitrine.

- Ton Intendant, je viens de le croiser, figure-toi. Il se dirigeait vers le mur d'enceinte et, d'après ce que j'ai compris, il avait l'air d'en avoir pour un bon moment.

Elle s'interrompit, se délectant de l'expression qui passa furtivement sur le visage marbré du Kaelem et de sa joue écarlate que ne suffisaient pas à cacher les doigts qu'il y avait appliqué.

Et puis, si elle ne le connaissait pas personnellement, bon nombre de rumeurs circulaient sur son compte. Et, d'après ce qui se soufflait durant les repas et auquel elle ne prêtait qu'une attention distraite, Aziel ne semblait pas le porter dans son coeur. Et, même si elle ne croyait qu'à ce qu'elle constatait de ses propres yeux, sa réputation de coureur de jupons n'était pas abusée non plus.

La jeune femme patienta encore quelques instants, à mi-chemin entre la porte et Shaokys, attendant que celui réplique quelque chose. Curieusement, il demeura muet, mais son regard songeur ne la quittait pas. Mal à l'aise, elle finit par hausser les épaules et s'apprêtait à partir définitivement lorsque, soudain, il se précipita en avant. Droit sur elle. Stupéfaite, elle mit une seconde entière avant de réagir, esquivant juste à temps l'attaque intempestive. Lorsqu'il se retourna, elle avait reculé de quelques pas tout en se demandant ce qui avait bien pu lui passer par la tête. Ce n'est qu'alors qu'elle se rendit compte de son erreur. Elle s'était éloignée de la porte, ce qui devait sans doute être l'objectif de son assaillant.

Ca commençait à ne plus être drôle du tout, là. S'efforçant de respirer profondément afin de ne pas lui sauter à la gorge pour l'étriper sur place et en terminer une bonne fois pour toutes, elle se rendit compte que Shaokys l'observait, un petit sourire narquois aux lèvres. Crétin. La baffe ne t'a pas suffi ?

Sans bouger, elle darda sur lui un regard rageur et gronda à mi-voix sur un ton menaçant :

- Je ne te paierai pas, je te dis. Maintenant, pousse-toi.

Fais attention, c'est mon dernier avertissement. Quand je ne me contrôle plus, je ne réponds plus de rien.

Ses yeux la brûlaient.


[Si tu trouves que j'ai trop fait intervenir ton perso, MP bien sûr ]

Par le Héros de la Dame, il était vraiment obsédé, celui-là. Comment pouvait-on être aussi borné ? Elle-même n'était pas si obstinée. ... Enfin, peut-être, à la réflexion, mais elle, au moins, avait de bonnes idées et ne se jetait pas tête baissée dans le danger. Tout le contraire de lui, en fait.

Un instant, elle ferma les yeux et eut l'impression de revenir des années en arrière, alors qu'elle était encore une innocente petite fille. Elle revoyait sa mère, devant elle, qui la regardait en souriant tout en parlant à voix basse parce que son frère s'était endormi, bercé par les chaos de la route :

- Ce n'est pas bien de faire du chantage, ma chérie. Tu le sais, je te l'ai déjà dit.

La Kloa enfant levait un visage boudeur dans sa direction :

- Mais pourquoi c'est pas bien, maman ?

- Parce que ce n'est pas honnête, voilà tout.

La jeune fille soupira. Pas de quoi faire entendre raison à Shaokys. D'ailleurs, à la réflexion, on pouvait tout aussi bien appeler cela un échange de bons procédés.

Et voilà qu'il lui proposait de l'aider à se déshabiller. Quelle galanterie, vraiment. Elle le remercia d'un regard noir tout en réfléchissant. Une idée, il lui fallait une idée...

Elle releva soudain la tête, plissa pensivement les paupières. Elle avait trouvé. Bon, son bain allait définitivement tomber à l'eau (dans la famille des jeux de mots pourris je voudrais la fille) mais ça aurait au moins le mérite de leur faire perdre du temps. De lui faire perdre du temps. Parce que, du temps, ils n'en avaient pas à l'infini, surtout depuis que les horaires étaient beaucoup plus strictes. Ca lui pourrirait sa journée, certes. Mais peut-être que Shaokys, à la longe, se lasserait et s'en irait de lui même. Ou qu'il se rappellerait d'un truc urgentissime qu'il devait accomplir dans la minute et autre que la regarder enlever son uniforme. L'espoir fait vivre, dit le vieil adage.

- Impressionne moi.

L'injonction avait fusé, franche, cinglante.

- Impressionne moi et alors, peut-être...

Elle ne termina pas sa phrase. Autant de ne pas aller trop vite en besogne. De toute manière, elle ne comptait pas s'éterniser ici. Dès qu'elle devinait une brèche, elle filait comme une voleuse. La fuite ne lui plaisait pas, mais elle n'avait pas le choix. C'était presque une question de vie ou de mort. Pour Shaokys, bien entendu.

Kloa vit alors le jeune homme plonger une main dans sa poche pour en sortir, victorieux, triomphant... un paquet de cartes. Elle ne put retenir une grimace de méprise.

- Tu ne comptes tout de même pas m'éblouir avec ce... jeu ? interrogea-t-elle sans parvenir à effacer le dégoût de sa voix et le dédain de son ton.

Je t'ai demandé de m'impressionner, pas de me raconter des contes pour enfants.


[ ]

- Non.

La réponse avait fusé.

- Je suis même déçue. Très déçue.

Oui, même si elle n'attendait rien - ou pas grand chose, en tout cas - de Shaokys, elle avait été déçue. Déçue parce qu'il avait ignoré sa remarque. Déçue parce qu'elle ne s'était même pas amusée en l'observant faire. Il n'y avait eu aucun suspens, aucune stupeur réelle. Elle avait gardé ce regard indifférent, légèrement morne, de celui qui s'ennuie, et n'était sortie de sa léthargie que pour prendre la parole. Très déçue.

Pendant qu'il faisait joujou avec son paquet, elle s'était assise sur les talons pour lui montrer sa bonne foi et commençait d'ailleurs à avoir des crampes. Cependant, lorsqu'elle sauta sur ses pieds, elle n'avait rien perdu de son énergie farouche. Elle s'avança alors vers son geôlier interlocuteur, lentement mais à grandes enjambées.

- Les guerrières ne sont pas faciles à impressionner, commença-t-elle d'une voix sourde, sans timbre. Les guerrières, les vraies, aiment les hommes forts, braves, courageux et, surtout, qui utilisent leurs muscles.

Pour un peu, elle y aurait presque cru elle-même. Sauf qu'elle n'aimait pas les hommes, enfin, pas au sens où Shaokys souhaitait l'entendre, et se débrouillait parfaitement sans eux jusqu'ici. Surtout les hommes trop sûrs d'eux.

Elle esquissa un sourire moqueur et, plantant ses yeux dans les siens :

- Enfin, pour ça, il faut d'abord avoir des muscles, bien sûr.

Et elle ne visait personne. Évidemment. Cependant, il faut croire que Shaokys comprit l'allusion car il lui renvoya un regard noir. Presque aussi noir que le sien, si c'était possible.

- C'est un défi que je te lance.

Et, à ce mot, elle ne put s'empêcher d'ébaucher un nouveau sourire.


[Un peu beaucoup court, désolée...]

Shaokys s'approcha d'elle, retroussa ses manches et, tout à coup, la prit par la taille. Kloa se raidit, mais il se contenta de la soulever de terre avant de le reposer aussitôt, et elle n'entendit que sa dernière phrase :

- Transporter les jolies filles.

Elle se hérissa aussitôt et recula d'un pas pour souffler, le visage blême :

- Je ne suis pas jolie.

Elle ne voulait pas être jolie. Les combattantes n'étaient pas jolies. Juste mortelles.

- Et toi, tu n'es pas beau.

Les mots étaient tombés, tel un couperet.

- On lit trop de morgue sur ton visage.

Trop de beauté tue la beauté. Elle n'en revenait de s'écouter dire des choses pareilles. Souhaitait-elle blesser Shaokys, se convaincre elle-même ou simplement se montrer désagréable ? L'image de Cérys se présenta à son esprit et elle secoua vigoureusement la tête pour l'en chasser. Non, surtout pas. Sa spécialité à elle, c'est l'action, pas les mots. Elle n'aimait pas faire de longues phrases.

Son regard balaya l'immense salle, toujours déserte, pour venir se perdre dans les gradins. Plissant les yeux, elle demeura pensive de longues secondes avant de se tourner vers le Kaelem :

- Suis-moi.

Sans attendre de réponse elle se mit à marcher dans leur direction, convaincue que celui-ci lui emboîterait le pas. Lorsqu'elle fut parvenue en haut, elle s'arrêta, attendant que le jeune homme la rejoigne.

Puisqu'ils étaient au théâtre, autant en profiter.

- On va faire un jeu, d'accord ?

Comme il acquiesçait d'un air légèrement sceptique, suspicieux, elle reprit la parole :

- On dirait qu'il pleuvrait.

Un silence.

- Moi, je serais la voyageuse. Toi, le... ce que tu veux, en fait. Je voudrais passer par la porte. Mais, toi, tu essaierais de m'en empêcher.

Elle désigna les gradins puis l'estrade qu'ils surplombaient de toute leur écrasante hauteur.

- Ici, il y aurait la forêt. Et, là-bas, ce serait chez toi, où tu aimerais m'emmener. Sauf que je ne me laisserais pas faire. Et tous les coups seraient permis.

Évidemment. Un sourire carnassier étira ses lèvres.

- Alors, partant ?

Elle hésita une fraction de seconde avant d'ajouter :

- Si je réussis à partir, le jeu se termine. Par contre, si c'est toi qui gagnes... Son regard se voila et elle planta ses yeux d'améthyste dans les siens. Si tu gagnes, je te laisserai déboutonner mon gilet. Tu as ma parole.

Et, à cet instant, c'était la Thülle qui s'exprimait en elle.


[Édit possible, bien sûr ]

Pas jolie? Qu'est ce qu'elle racontait? C'était faux! Bon, c'était pas la plus jolie de l'académie mais elle était jolie quand même. Le seul truc qui clochait avec elle, c'est qu'elle ne mettait pas en valeur ses atouts. Elle se dissimulait comme pour faire oublier qu'elle était une fille. C'était bien un truc de guerrière ça. Je te mets des trucs qui masquent les formes soit disant parce que c'est plus pratique pour se battre. Shaokys n'en savait rien si c'était pratique pour le combat mais en tout cas, c'était pas pratique pour mater. On voyait quasiment rien avec leur tenue là. Le jour où les guerrières se battront en haut moulant et en mini short, là, ça serait le paradis.

Quoi? Lui pas jolie? Elle était folle ou quoi? C'était pas elle qui s'était pris une baffe pourtant. En fait, c'était ça le truc, Kloa confondait le beau et le moche. Du coup, elle se trouvait moche alors qu'elle ne l'était pas et elle trouvait que Shaokys n'était pas joli alors qu'il était magnifique. Tout s'expliquait. Et c'était aussi pour ça qu'elle faisait en sorte de passer pour un garçon. Peut-être qu'il faudrait qu'il lui donne une claque pour lui remettre les idées en place? Non, à éviter, la baffe risquait de revenir à son expéditeur en dix fois plus puissante. Au pire, il s'en foutait qu'elle ait pas de goût, du moment que Shaokys en avait. Ah ça, lui, il en avait du goût. Il savait par exemple que Kloa était jolie en uniforme mais qu'elle le serait encore plus nue.

Encore un jeu? C'était pas un finit ces conneries? Parce que là, ça commençait à être chiant. Un autre que Shaokys aurait déjà abandonné la partie et il l'aurait laissé passé. Mais l'arnaqueur avait une persévérance légendaire. Une persévérance qui s'était un peu effritée face au mur de refus qu'était Kloa mais il en restait assez pour que le dragueur continue la lutte avec l'espoir de triompher au bout. Kloa flancherait avant lui. Il écouta donc les règles de ce nouveau jeu et la fin lui plu particulièrement. Ainsi il avait sa parole désormais? Il gagnait et c'était bon, il aurait le droit de voir la poitrine de Kloa? Ok, ça marche alors.

Il devait donc l'emporter sur les gradins. Il avait déjà réussit à la soulever, c'était un bon début. Mais là, vu que tout était permis, ça allait être plus délicat. Allez concentre-toi Shaokys, c'est la dernière ligne droite.

Kloa partit en courant, dévalant les marches. Shaokys avec un temps de retard la pourchassa mais il se prit les pieds dans une marche et tomba sur Kloa. Ils se retrouvèrent tous les deux à terre et la guerrière fut la première à se relever. Mais Shaokys ne prit pas le temps de se relever, il attrapa le pied de la Teylus, la renvoyant à terre. L'arnaqueur se releva et attrapa Kloa. Il s'avança vers les gradins. Kloa gesticulait dans tous les sens si bien qu'il finit par la lâcher. Une nouvelle fois, Kloa partit en courant vers la porte et Shaokys la percuta pour la dévier du chemin. Il se replaça entre la porte et Kloa, une place qu'il aimait bien.

- Renonce, tu gagneras pas.

[Je te laisse choisir le vainqueur Edition possible vu que j'ai joué ton perso]

Et le jeu commençait. Non. La chasse commençait.

Shaokys se mit soudain à courir derrière elle et la jeune fille détala comme un lapin, sautant les marches deux par deux, trois par trois, même, pour arriver plus vite en bas. Sauf que c'était sans compter le Kaelem qui, tout à coup, trébucha, l'entraînant dans sa chute. Elle eut juste le temps de se relever en une roulade mais, déjà, l'autre lui saisissait le talon pour la faire à nouveau tomber en avant. Avant qu'elle n'ait eu le temps de se redresser, il l'avait prise dans ses bras pour la ramener vers les gradins. Alors, tout se confondit. Rouge. Noir. Elle ne voyait plus, n'entendait plus. Il n'y avait que Shaokys et elle, le chasseur et sa proie. Sauf qu'elle refusait d'être la proie.

Et Kloa de se débattre frénétiquement, distribuant les coups de pieds, enchaînant les coups de poings. Elle n'avait plus qu'une chose, une unique chose à faire. Il fallait qu'elle lutte. Pour sa survie.

Enfin, il la lâcha et elle s'enfuit en courant, en direction de la porte. Mais n'avait jamais été très douée en vitesse, privilégiant son endurance, comme elle avait toujours préféré la force brute à l'adresse ou à l'agilité. Et Shaokys avait de plus longues jambes. De toute manière, elle savait déjà qu'il était un tricheur

Lorsqu'il la percuta, elle ne dévia pratiquement pas sa trajectoire, mais lui en avait profité pour se replacer face à la porte, la toisant d'un air goguenard.

- Renonce, tu gagneras pas.

Noir. Rouge. Elle ne ralentit pas, ou à peine. Le contourner. Elle devait le contourner. Elle le sentit alors empoigner sa taille, à nouveau, et, cette fois, ne parvint pas à se dégager. Et plus elle voyait la porte qui s'éloignait, plus une rage froide s'emparait de son corps et de son esprit. Lutter pour sa survie.

Mais l'estrade se rapprochait inexorablement tandis que Shaokys, à présent sûr de sa victoire, ne cachait plus son contentement. Elle eut beau lui cracher au visage quand elle jugea celui-ci trop proche du sien, celui-ci dissimulait mal son excitation. Alors qu'ils n'étaient plus qu'à quelques mètres de l'endroit fatidique, soudain, ses doigts se mirent en mouvement. Le tenant fermement d'une main, l'autre commença à déboutonner sa veste d'uniforme, et Kloa put constater qu'il avait en effet de l'expérience en la matière. D'ailleurs, vu la vitesse à laquelle il allait, il aurait certainement achevé son travail avant qu'ils ne soient arrivés sur l'estrade.

Cependant, il s’essoufflait rapidement et dut stopper sa marche un bref instant pour reprendre sa respiration. Sans réfléchir, elle se jeta en avant, vers les doigts baladeurs à l'assaut des quatre derniers boutons. Puis, sans réfléchir davantage, elle ouvrit la bouche. Et mordit. Là encore de toutes ses forces. Ses dents s'enfoncèrent dans la chair et elle sentit un goût âcre lui emplir la bouche. Quelqu'un cria. La main bougea mais elle ne lâcha pas, serrant au contraire un peu plus. Le sang battait à ses tempes, martelait sa poitrine, et elle continuait, sourde aux hurlements, sourde et aveugle à ce qui l'entourait, incapable de ressentir autre chose qu'une profonde jouissance, un assouvissement trop, beaucoup trop attendu à sa haine. À toutes les haines. Plusieurs secondes s'écoulèrent, interminables, avant qu'elle ne consente à desserrer les dents. Elle s'entendait encore affirmer devant Shaokys, tout en haut, deux ou trois minutes auparavant, il y a si longtemps : "Et tous les coups seraient permis". Elle se remémorait son sourire, sa soudaine certitude. Tous les coups sont permis.

Le jeune homme l'observait fixement, immobile. Elle l'affronta du regard avant de baisser les yeux sur la paume en sang, essuyant d'un geste vague ses lèvres colorées de ce liquide qui lui appartenait. Pourtant, il la tenait toujours de son bras valide, serrée contre lui. Quatre boutons. C'était si peu. À nouveau, une formidable rage la saisit, une colère grondante qui explosa avec fracas. Elle ne se débattait plus avec l'énergie du désespoir, une force nouvelle l'avait envahie. Comprenant tout à coup ce qu'elle devait faire, elle tira brusquement sur les pans de son gilet, arrachant les derniers boutons, tandis que Shaokys luttait de son côté avec une brutalité qui en disait long sur sa douleur et sa volonté de vaincre. Mais elle aussi avait souffert, pendant ces secondes, ces minutes interminables où il l'avait broyée contre son corps, et durant lesquelles ses yeux n'était restés sec que parce que son regard la brûlait avec trop d'intensité.

Enfin, l'ultime bouton céda et elle partit en courant sans un coup d'oeil en arrière, lui abandonnant sa veste noire tachée de rouge. Ses poignets lui faisaient mal à l'endroit où il avait serré, marbrures bleues ou violettes qui cependant n'étaient rien face à son amour-propre blessé. Mais, si elle avait cédé son gilet, il lui restait toujours sa chemise qui, tel un rempart, la protégeait des œillades du jeune homme. Le regard de celui-ci, d'ailleurs, pointé dans son dos, semblait la taillader de part en part, brillant, glacé. La poursuivait-il ? Elle n'en savait rien, ne souhaitait pas le savoir. Tout ce qui lui importait était la porte qu'elle franchit d'un bond. Après une brève hésitation, elle finit par se retourner, grave, sans le moindre sourire, et pourtant fière, aussi, si fière.

J'ai gagné.

Et elle disparut dans le couloir.


[Hé hé... Bon, j'avoue, Kloa aurait pu le laisser gagner Du coup, j'édite sans problème. Et puis, si tu veux, tu peux terminer le RP par ton post, pour la réaction de Shao ]