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| Eclat blanc, éclat noir [Inachevé] | |
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Messages : 687 Inscription le : 04/06/2007 Age IRL : 30
| Sujet: Eclat blanc, éclat noir [Inachevé] Dim 29 Aoû 2010 - 23:59 | | | Yaemgo entrouvrit les yeux. Ses prunelles violettes captèrent les premiers rayons solaires, timides et évanescents, qui annonçaient l’aube levante et le relai de la vie nocturne par la vie diurne. Dans les forêts avoisinant la chaîne des montagnes d’Al-Poll, oiseaux de nuits étaient chassés par les piaillements des nouveaux-nés dans les nids, et le bruissement inaudible des insectes se mettant au travail réveillaient la forêt aussi sûrement que cent mille sylvains.Le jeune homme avait simultanément l’impression d’avoir dormi plus de mille ans et celle de ne s’être reposé que quelques minutes. Malheureusement, la vérité se rapprochait davantage de la deuxième idée : le jeune homme ne s’était accordé cette nuit d’une poignée d’heures de sommeil. En effet, le voyage vers le monde civilisé lui semblait bien plus long et ardu que ce qu’il avait imaginé plusieurs semaines auparavant en quittant la lointaine contrée qui l’avait accueilli.Il releva son buste à quatre-vingt-dix degrés et se cantonna à la position du tailleur, laissant ainsi le sang descendre doucement de sa tête vers ses organes vitaux. Le jeune homme lança un regard circulaire autour de lui et observa le paysage aux alentours ; la veille il avait monté le camp à cet endroit au beau milieu de la nuit, la lune était gibbeuse : il n’avait donc pu voir vraiment le lieu qui l’avait accueilli.Le dortoir d’une nuit de Yaemgo était à la base d’une langue de pierre dépassant d’une falaise, nichée dans les montagnes d’Al-Poll. Des touffes d’herbe, de chardons et autres plantes aptes à vivre dans un environnement aussi minéral envahissaient les interstices entre les rochers aux formes douces et arrondies. Des mottes de nuages s’en allaient au loin, évanescentes fumées qui étaient venues chatouiller le visage de Yaemgo et le tirer ainsi de son sommeil. Quelques fourmis et autres insectes attaquaient l’escalade de ces plantes avec le courage aveugle, impulsif, reptilien que donne le dévouement à une troupe. Le jeune homme sourit à ces petits animaux si forts et si faibles.Mais trêve de digressions. Le jeune homme se leva, ramassa sa paillasse qu’il accrocha dans son dos ainsi que sa sacoche de cuir noir contenant la plupart de ses possessions les plus chères. On y trouvait un arc plié dont les flèches étaient coincées dans la paillasse roulée sur le dos de Yaemgo, une plume, de l’encre et du papier à l’abri de toute casse, et surtout, surtout, dans une poche à part, une petite flûte ovoïde à trois embouchures, faite de faïence blanche et noire, son bien de loin le plus précieux : son ocarina. Cet instrument de musique parfait était le compagnon du jeune homme durant les soirées ou le silence se faisait trop oppressant, et Dieu savait que durant des années il s’était exercé pour maîtriser ses doigts et son souffle. Il enfila également sa ceinture à laquelle pendaient deux dagues qui étaient ses seules armes reconnues, son arc lui servant essentiellement à chasser.Enfin il se mit en route, non sans avoir dispersé les cendres de son feu de la veille, lesquelles se révélaient très fertiles pour les plantes environnantes. Descendant tel un cabri sur les rochers du fait de son faible chargement, il atteignit bientôt un lac de montagne, de ceux dont l’eau gelée vous crispe la chair et vous brûle les os. Il l’avait repéré au loin le jour précédent. Avisant la berge, il se déshabilla et rentra dans l’eau le plus rapidement possible, soufflant et grimaçant tant elle était froide. Enfin, il se sentait bien vivant, et tout son corps était réveillé à présent, mais la brûlure du froid était telle qu’il décida de sortir le plus vite possible. Séchant rapidement sous le vent, il se rhabilla, jeta un coup d’œil à sa carte, puis reprit ses affaires et la route.La marche à pied est fertile pour la pensée, aussi Yaemgo mettait à profit ces longues heures pour tourner et retourner dans son esprit les événements qui lui avaient valu de disparaître de l’Académie ces deux dernières années. Les mercenaires, les Mentaïs, le Chaos, Merwyn, Valen, Marlyn…Lindörm…Quand il s’en était allé, sans que personne ne se souvienne de sa présence, tout le monde feignait l’indifférence face à la situation, ne se rendant pas compte qu’un démon était libre, que le Chaos était en marche et allait investir le point le plus stratégique du pays : l’Académie de Merwyn. Mais lui pensait avoir compris, et il avait pensé qu’il était de son devoir de mener à bien sa mission.« Chacun naît avec une mission, et le but de chaque vie est de mener à bien cette mission. »Yaemgo avait eu besoin de plus de deux ans pour ce faire, mais aujourd’hui il pensait pouvoir être une aide pour l’organisation dont il avait entendu parler : la Résistance. La réponse à l’Ordre du Crépuscule mené par Lindörm, le démon éternel qui avait passé des années et des années niché au fond de l’esprit de Yaemgo, attendant son heure. Et quand il en était enfin sorti, vêtu de sa propre enveloppe charnelle identique à celle du jeune homme, il avait mis ses plans à exécution…Mais l’ancien académicien avait bien changé depuis cette époque. Durant son exil, il s’était métamorphosé, tout d’abord physiquement : son entraînement marchombre à l’Académie de Merwyn lui valait auparavant une carrure athlétique, presque imposante : deux ans plus tard il était plus fin, plus en longueur, les membres plus déliés. Jadis sa peau était blafarde et ses yeux violets sombres et emplis de douleur et de haine. Aujourd’hui quelques couleurs égayaient sa chair ; ses mains, son visage se faisaient plus doux. Il avait également coupé ses cheveux : du bas du dos ils étaient maintenant au bas de sa nuque. Avant mauves, ils étaient maintenant d’un blanc immaculé. Et ses yeux, tout comme sa chevelure, étaient plus clairs qu’ils ne l’avaient jamais été, du moins depuis ses tendres années.A l’instar de son apparence plus paisible, son esprit l’était aussi : débarrassé de Lindörm depuis maintenant longtemps, le jeune homme avait comme purgé son poison et l’entropie chaotique de ses pensées était réduite aujourd’hui, sa voix était plus douce et le regard qu’il portait sur le monde, plus calme.Il avait du troquer cette sérénité contre son entraînement aux techniques traditionnelles marchombres : de ce fait ses sens étaient un peu moins affutés qu’auparavant et il se sentait peut-être moins en phase avec la Nature qui l’entourait. Mais son calme apparent contribuait à comprendre et surtout à accepter le monde autour de lui plus efficacement que n’importe quelle ouïe ou vue surdéveloppée.Son chemin continuait et il finit, après cinq ou six heures de marche, par arriver vers le bas de la montagne : au loin, Al-Poll, ville commerciale peuplée de nombreux brigands, mendiants et meneurs de caravanes mais aussi par une gente plus fortunée. La pente se faisait moins escarpée et une végétation plus dense avait pris le relais sur la pierre. La marche en forêt était une des spécialités du jeune homme et il parvenait à faire très peu de bruit dans cet environnement. Cependant bientôt son corps le ramena à des idées plus terre-à-terre, sous la forme d’un gargouillement de son estomac. Souriant, il avisa une clairière non loin de là et y monta son campement provisoire pour le déjeuner. Un endroit idéal, le soleil perçait doucement à travers les feuilles et les branches, répandant une douce chaleur portée par la brise. Sortant quelques provisions et une gourde de sa sacoche, il commença à déjeuner. Tout à son repas, il faillit ne pas entendre le bruit.Un très léger bruit.Son visage resta serein, bien qu’il vérifia rapidement si ses dagues et son arc étaient à portée de main. Il lui semblait peu probable qu’il s’agisse d’un animal, et quand la silhouette s’approcha il fut sûr qu’il avait affaire à un humain.- Plutôt que de vous cacher ainsi, ayez l’obligeance de partager ce repas avec moi, lança-t-il sans regarder l’ombre. Il continua dans un léger sourire: à moins que vous n'apparteniez au Chaos, auquel cas je crains fort que le déjeuner sur l’herbe soit rapidement interrompu.
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| | Maître chantelame et marchombre Messages : 1043 Inscription le : 26/02/2007 Age IRL : 32
| Sujet: Re: Eclat blanc, éclat noir [Inachevé] Mar 31 Aoû 2010 - 17:32 | | | Il faisait encore nuit quand Tifen avait quitté la grotte, incapable de dormir plus longtemps. La reprise de l'Académie approchait à grands pas, et la tension se faisait sentir dans l'antre de la résistance. Les discussions étaient devenues limitées, chacun se repliant dans ses pensées au fur à mesure que les heures passaient. La rencontre avec Locktar et Ichel avait redonné de l'espoir, certes, mais ne rassurait pas Tifen sur les chances de réussite de leur opération. Ils étaient bien trop peu nombreux, et même avec l'effet de surprise, le combat s'annonçait rude. Un léger rire nerveux lui échappa. L'effet de surprise. Oui, c'était certain, le chaos ne devait pas s'attendre à une attaque extérieure venant de cinq pécores paumés. La jeune femme secoua la tête pour se défaire de ces pensées défaitistes et se concentra sur le chemin. Jusqu'à présent, elle avait marché sans trop réfléchir sur un chemin familier, qui menait jusqu'à une petite clairière discrète qu'ils utilisaient pour les entraînements hors de la grotte, quand le temps le permettait. Mais maintenant qu'elle avait dépassé cet endroit, il fallait prendre garde aux branches et aux racines, invisibles dans l'obscurité nocturne.
Cela l'empêcha de se repenser à l'Académie pendant un temps, mais inévitablement, ce fut la seule chose qui occupa son esprit, très rapidement. Son imagination se représentait sans peine les cachots, les otages. Le silence imposé aux anciens, et les nouveaux, qui arrivaient sans se rendre compte de rien. Ca devait être tellement différent de l'Académie qu'elle connaissait, où les couloirs raisonnaient des discussions des élèves entre les cours, où les repas se déroulaient dans un joyeux brouhaha et où les discussions s'achevaient autour du feu de la salle commune. Perdue dans ses souvenirs, Tifen chuta brusquement et comprit, avec un temps de retard, qu'elle s'était pris le pied dans une racine. Soupirant, l'ancienne élève de Lupus se releva, essuya ses mains tachées de terre sur son pantalon, et reprit son chemin, bien décidée à penser à autre chose. Une créature ailée traversa le ciel, renvoyant la jeune femme à des souvenirs plus anciens. Les chauves souris. Les cachots. Marlyn et sa question concernant Khan. Khan. Elle n'avait pas de nouvelles de son ami depuis son voyage au Rentaï. Malgré le vide laissé par son absence, Tifen s'était toujours interdit de chercher à recontacter Khan, en essayant de se convaincre que si le tigre voulait la revoir, il trouverait bien son chemin tout seul. S'il le voulait...
C'était la deuxième fois qu'elle tombait, sortant brusquement de ses pensées. Tifen maudit son manque de concentration, et décida qu'elle avait assez marché pour le moment. Elle chercha du regard un arbre dans lequel elle pourrait grimper sans trop de mal malgré le manque de lumière, et commença son escalade pour s'installer à quelques branches du sol, adossée contre le tronc. Immobile, la chantelame ferma les yeux, et se laissa porter par les bruits de la forêt.
Une douce lumière chauffait le visage de la marchombre, qui, intriguée, ouvrit les yeux. Le jour était levé depuis quelque temps, et des rayons de soleil traversaient ici et là le feuillage, éclairant les bois. C'était l'un de ces rayons qu'il l'avait sortie de son endormissement. Finalement, le sommeil avait eu raison de la jeune femme, pendant quelques heures supplémentaires. Elle resta un moment immobile, observant les animaux vaquer à leurs occupations. De toute façon, ce n'était pas comme si on l'attendait quelque part, ou si elle avait quelque chose à faire. Les journées dans la grotte étaient tellement longues et insipides, malgré l'entraînement qu'elle dispensait à Einar et Ciléa. Un bruit inhabituel retient soudainement son attention. Un gargouillement. Quelle pouvait être la raison de la présence d'un humain en plein cœur de la forêt ? Intriguée, Tifen descendit de son arbre et avança en direction de la provenance du bruit, la main sur la garde de son sabre. Mieux valait être prudente, il pouvait rester quelques mercenaires à la recherche des fuyards de l'Académie. Cependant, en s'approchant, elle eut une moue étonnée. Un jeune homme, seul. Qui mangeait, sans s'inquiéter de la possible présence des mercenaires. Et son comportement était trop serein et posé pour être celui d'un élève en fuite, même si Locktar pensait qu'ils étaient plusieurs à s'être échappés de l'Académie pendant la bataille. Qui était donc cet homme, et que venait-il faire ici ? Il remarqua sa présence assez vite, ce qui confirma à Tifen qu'il n'était pas un simple voyageur quelconque, mais qu'il avait bien reçu une formation. Et à en juger par son attitude, sa silhouette fine et musclée, il était probable qu'il ait suivi l'enseignement marchombre. Intéressant. Au moins, ses mots semblaient assurer qu'il ne faisait pas partie de la guilde du Chaos, ce qui excluait l'hypothèse du mercenaire à la recherche des académiciens. Relâchant sa prise sur son arme, la jeune femme s'approcha.
- Je n'ai rien d'un mercenaire du chaos. Bien au contraire... Et je serais enchantée de partager ce repas avec vous.
Elle s'installa donc en tailleur face à son interlocuteur, qu'elle put enfin observer de face. Un visage doux, des yeux violets, des cheveux blancs et courts, qui brillaient sous la lumière du soleil. Un visage calme, à l'image de l'attitude de son propriétaire. Propriétaire qui lui rappelait quelque chose, mais tellement vaguement qu'elle se demandait si ce n'était pas simplement une impression. Peut-être que la discussion pourrait lui permettre de retrouver ses souvenirs.
- Je m'appelle Tifen, ravie de rencontrer enfin quelqu'un dans cette forêt peu fréquentée.
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| | Messages : 687 Inscription le : 04/06/2007 Age IRL : 30
| Sujet: Re: Eclat blanc, éclat noir [Inachevé] Mer 1 Sep 2010 - 1:16 | | |
La silhouette jusqu’alors dissimulée entre les arbres s’avança dans l’enceinte de la clairière ombragée. Il s’agissait d’une jeune femme, probablement de moins de vingt ans d’après ce que pouvait deviner Yaemgo. A vrai dire il n’avait pas vu grand-monde depuis déjà un moment. Elle semblait quelque peu méfiante à son égard, ce qui n’avait rien d’étonnant étant donné ce qui se passait en ce moment en Gwendalavir : tout le monde devait se méfier de tout le monde par les temps qui couraient, et la confiance d’entrée de jeu était une valeur taboue. Il lui semblait bien avoir déjà vu cette jeune fille quelque part, et cela ne pouvait être qu’à l’Académie, puisqu’il n’avait pas rencontré grand-monde en dehors de cet endroit. L’Académie de Merwyn… On ne pouvait pas dire qu’elle avait vraiment été un monde meilleur pour lui, mais elle lui avait permis d’apprendre une partie du programme de l’entraînement Marchombre, ce qui lui avait laissé tout loisir de s’enrichir dans ce domaine durant ses deux longues années passées à vivre en ermite. Ce temps n’avait pas vraiment été perdu, dans le sens où il avait pu entraîner son corps et son esprit et se purger des traces maléfiques laissées par Lindörm depuis le temps où il vivait encore dans son esprit, tel une vermine cachée au milieu d’un fruit. Il était aujourd’hui un homme nouveau, et plus important, il avait réussi à obtenir bon nombre de pensées et souvenirs perdus du démon, traces noirâtres restées collées dans son âme que Yaemgo avait exploitées, recensées et notées, obtenant ainsi le précieux objet contenu dans sa sacoche… Il s’assura par un rapide glissement de la main que cet objet se trouvait toujours là où il devait se trouver, et fut rassuré par le toucher familier à travers le cuir noir. Cette personne que le jeune homme avait l’impression d’avoir déjà vue se rapprocha, de toute évidence rassurée par les paroles qu’il avait lancées négligemment. Erreur qui pouvait se transformer en quelque chose de fatal si elle ne s’était pas trouvée en face d’un ennemi du Chaos.
- Je n'ai rien d'un mercenaire du chaos. Bien au contraire... Et je serais enchantée de partager ce repas avec vous.
Quelque peu navrant de la part d’une jeune fille censée combattre Lindörm, les Mentaïs et leurs sbires. Yaemgo lança un regard ni triste ni amusé à la jeune fille, curieux plutôt, le genre de regard destiné davantage à détailler un individu qu’à transmettre des sentiments. Ses cheveux bruns et ses yeux noirs possédaient la force du loup, une sorte de rage de vaincre ou une soif de vengeance. Une beauté libre, une sorte de magnétisme se dégageait de ses gestes ; Yaemgo était sensible à la beauté des femmes et la respectait plus que lui-même, sans plonger dans les limbes du voyeurisme. Sa posture était élégante, et ses traits, fins. Elle était habillée de vert, de la terre aux genoux prouvant qu’elle avait dû tomber quelque fois ; elle devait voyager depuis longtemps. Le sentiment qu’avait Yaemgo de connaître cette jeune fille s’accentua, et le déstabilisait quelque peu. Il ficha ses yeux dans les siens et la fixa intensément.
- Vu votre posture, si j’avais été un Mentaï vous seriez déjà morte une demi-douzaine de fois, lâcha-t-il négligemment en détournant son regard vers le bas.
Cherchant dans sa sacoche, il en tira un bon morceau de pain, de la viande séchée entourée de feuilles, ainsi qu’une gourde pleine d’une sorte de jus de fruit orange. Evaluant ces vivres, il les déposa sur l’herbe entre lui et la jeune femme toute de vert vêtue. Pour le soir, il avait l’habitude de faire un petit feu de bois, mais à cette heure-ci mieux valait manger légèrement pour pouvoir reprendre la route facilement. Il avait quelque peu relâché sa tension et détournait ses mains de l’endroit où se trouvaient ses dagues : il n’aurait jamais eu l’impression d’avoir déjà-vu un membre du Chaos, mais vu la conjoncture mieux valait rester prudent. Tendant la gourde à son interlocutrice, il prit du même geste un quignon de pain.
- Allez-y, mangez donc. Vous avez l’air épuisé.
Lui-même avait commencé à se servir, geste universel prouvant la bonne foi de son service et l’absence de poison dans les plats. Malgré cela elle pouvait rester suspicieuse, c’était son droit : il économiserait ainsi des provisions. A vrai dire l’endroit n’était pas non plus des plus sûres : les branches d’un arbre étaient bien plus sécuritaires en cas de venue d’un fâcheux, pour peu de savoir se déplacer correctement dans une forêt dense comme celle-ci, mais restaient moins pratiques pour déjeuner tranquillement. Le jeune homme avait suffisamment foi en ses qualités et avait assez de raison de croire qu’il pourrait s’en tirer en cas d’attaque de quelques mercenaires pour pouvoir choisir cette place comme halte. Cela faisait maintenant… Plus de quatre ans qu’il s’entraînant aux techniques des Marchombres, et même s’il n’avait jamais vraiment eu de maître ni passé aucun des rites du Clan, il pouvait néanmoins se révéler être un redoutable adversaire pour peu que les Spires, auxquelles il n’entendait rien, n’entrent pas en jeu. Son interlocutrice ne semblait pas être une… Dessinatrice, ce qui contribua à le rassurer quelque peu. Elle prit d’ailleurs la parole après un silence hésitant.
- Je m'appelle Tifen, ravie de rencontrer enfin quelqu'un dans cette forêt peu fréquentée.
A ces mots, Yaemgo s’arrêta dans son repas, laissant glisser le bout de pain qu’il tenait entre son pouce et son index. Il se reprit vite cependant, le ramassant comme si de rien était et fit mine de chercher quelque chose dans son sac. Tifen. Voilà, c’était ça. Des souvenirs venant de quelques années en arrière défilaient dans sa tête : il n’avait pas parlé souvent avec Tifen Layan, élève Chantelame quand il était encore à l’Académie, cependant elle était réputée, et pour le peu qu’il la connaissait elle n’aurait jamais accepté l’infiltration du Chaos entre les murs de l’école de Merwyn, prenant le pas de la Résistance. Cependant le doute était toujours permis… Non, décidément elle ne se serait pas déplacée seule si elle était contrôlée par l’Ordre du Crépuscule, et elle n’aurait eu aucun intérêt à se trouver dans cette forêt qu’elle disait elle-même « peu fréquentée ». Il avait confiance à présent. Mais que penserait-elle de lui, l’ex garçon introverti que les rumeurs décrivaient comme enveloppe charnelle recelant un démon ? Il avait changé radicalement depuis cette époque, elle ne le croirait sûrement pas s’il lui disait qui il était. L’envie l’emporta finalement : il n’encourrait aucun risque à se dévoiler à Tifen Layan, et cela ne pouvait rien lui apporter de mauvais. Et il avait une preuve.
Attrapant quelque chose au fond de sa besace, il le regarda un instant puis ferma le poing dessus. Relavant la tête d’un air neutre, il plongea de nouveau son regard violet quelques secondes dans celui de Tifen. Puis il ouvrit la main, dévoilant la bague de Corbac qu’on lui avait remis à son arrivée à l’Académie et qui aujourd’hui ne lui correspondait plus vraiment.
- Yaemgo, se présenta-t-il avec un sourire amusé. Ça faisait longtemps. Alors comme ça tu fuis le Chaos ?
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| | Maître chantelame et marchombre Messages : 1043 Inscription le : 26/02/2007 Age IRL : 32
| Sujet: Re: Eclat blanc, éclat noir [Inachevé] Mer 8 Sep 2010 - 22:05 | | | Tifen fixa la bague sombre que lui montrait son interlocuteur. La bague des Corbacs, qui prouvait une appartenance à l'Académie. Elle-même avait gardé sa bague de Lupus parmi ses affaires, souvenir de l'époque où elle était encore une élève, insouciante et remplie d'espoirs. Et aujourd'hui... Aujourd'hui, elle était juste perdue. L'espoir était faible, surtout qu'il s'agissait de reprendre l'Académie aux mercenaires du Chaos. Le combat à mener semblait être inaccessible comme une montagne qu'elle ne parviendrait pas à escalader, et elle avait l'impression d'être redevenue une novice. Et ce qui pouvait rester de son insouciance s'était écroulé en même temps que l'Académie. Les résistances avaient besoin d'elle, comptaient sur elle. Tous semblaient oublier que malgré l'entraînement qu'elle avait suivi, elle restait jeune et inexpérimentée du haut de sa vingtaine d'années. Et elle n'avait pas le droit à l'erreur, sans quoi elle condamnerait définitivement l'école fondée par Merwyn. S'ils échouaient lors de la reprise, plus rien ne pourrait se dresser face au Chaos.
La jeune femme détacha son regard de la bague et releva la tête, croisant le sourire amusé de Yaemgo, qui ignorait tout de ses pensées défaitistes. Yaemgo. Où était-il allé pendant ces années, et pourquoi réapparaissait-il maintenant, après tout ce temps loin de l'Académie ? Etait-ce un simple hasard, ou bien était-il au courant de ce qui se passait ? La prudence lui dictait de se méfier, au moins un minimum, et de se renseigner sur les raisons qui avaient pu pousser cet ancien élève disparu à réapparaître. Et puis, même si la forêt était vaste et l'antre de la résistance bien cachée, il n'était pas très loin de ce lieu que les mercenaires cherchaient vainement depuis plusieurs mois. L'heure n'était pas aux étourderies. Mais déjà, il fallait répondre, indiquer à l'ancien Corbac qu'elle se souvenait de lui, qu'elle l'avait reconnu. - Yaemgo ?! Tu as... changé.
Changé, c'était le mot. Radical, le changement. Tifen se souvenait d'un adolescent renfermé et sombre, aux longs cheveux violets. Seuls les yeux de l'ancien Corbac semblaient avoir échappé à la métamorphose du jeune homme, puisqu'ils étaient toujours violets, conformément à son souvenir, même si leur couleur avait légèrement évolué. Ca faisait un long moment qu'elle ne l'avait pas vu, plusieurs années sans doute, mais Tifen n'avait pas l'impression d'avoir changé autant que l'ancien élève qui se trouvait en face d'elle. Même si elle était très certainement mal placée pour juger d'une chose pareille. Enfin, selon les dires de son ancien camarade, elle avait l'air épuisée. Et il ne l'avait pas reconnue immédiatement, pas avant qu'elle ne donne son prénom, elle avait donc dû changer également, sans s'en rendre forcément compte. La jeune femme tenait toujours la gourde que lui avait tendue Yaemgo, et elle but une gorgée avant de la reposer pour un morceau de pain. Appréciant chaque miette de ce repas imprévu, elle réfléchit à la réponse qu'elle allait pouvoir donner à son ancien camarade. Elle fuyait le Chaos, certes. Enfin, c'était plutôt le Chaos qui la recherchait et qui l'avait même déclarée morte au sein de l'Académie, d'après Locktar. Avalant une bouchée, elle se décida donc à répondre avec un sourire
- Oui, on peut dire ça comme ça, je fuis le Chaos. Disons plutôt que le Chaos et moi, ça n'a jamais été une grande histoire d'amour...surtout au vu des derniers événements.
La fin de sa phrase se perdit dans un murmure et Tifen marqua une pause, observant son interlocuteur, avant de continuer
- Et toi ? Que viens-tu faire par ici ?
Mangeant une nouvelle bouchée, la jeune femme attendit une réponse. Avec toujours une seule et unique question qui tournait en boucle dans son esprit. Que savait Yaemgo au sujet de l'Académie et quel était son rôle ?
[Désolée pour le retard =S]
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