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 Et le vent brouillera mon reflet pour laisser vivre mon âme... [Terminé]

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Athesto
Athesto

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MessageSujet: Et le vent brouillera mon reflet pour laisser vivre mon âme... [Terminé]   Et le vent brouillera mon reflet pour laisser vivre mon âme... [Terminé] Icon_minitimeJeu 7 Jan 2010 - 18:51

Son pas léger frôlait les pavés en silence. Athesto s'arrêta un instant, laissa le doux soleil du matin caresser son visage et illuminer son regard flamboyant et, plissant les yeux; admira l'admirable fontaine qui trônait au centre de la cour. L'eau cristalline y retombait en produisant un bruit clair qui calmait coeur et âme. Athesto se remit en marche, bondissant à travers la cour. Cette dernière était déserte, mais cela pouvait être mit sur le compte de l'heure avancée; élèves et professeurs devaient déjà être plongés dans leur travail...

Elle aurait peut-être dû y être aussi. La pensée, sournoise, tournoya un moment dans son esprit puis se dissipa. Elle était arrivée hier, et devait sûrement être autorisée à profiter d'un petit temps d'adaptation, non? Elle ignorait où elle devait aller, n'avait pas rencontré d'enseignant marchombre et avait justement l'intention de chercher quelqu'un capable de la renseigner...

Elle avait atteint la fontaine et plongea une main dans l'eau glacée. Elle fronça légèrement les sourcils mais ne la retira pas. Pourquoi l'aurait-elle sortie de l'eau juste après l'y avoir plongé? Cela aurait rendu son geste précédent ridiculement inutile. Et rien, dans sa vie, ne se devait d'être inutile. Alors elle garda sa main, rougissant de froid, sous l'eau. Elle s'assit sur le rebord et, ignorant son reflet, ferma les yeux.

Une lourde fatigue due à son long voyage –combien de temps avait-elle marché?-, au choc provoqué par la mort de son père et la révélation de ses origines pesait encore sur ses épaules, et elle savait que si quelques jours suffiraient à ce qu'elle retrouve sa pleine forme physique; elle sentait que la blessure ouverte par son deuil ne serait effacée que par le temps... Mais malgré tout l'amour qu'elle portait à cet homme qui lui donna la vie et construit à ses côtés les fondations de son être, elle s'efforçait de tourner cette page rayonnante, sans pour cela en oublier la couleur de l'encre.

Elle poussa un petit soupir. L'air était frai sans être froid, mais la jeune demie Faëlle frissonnait sous son uniforme. Elle rouvrit les yeux. Elle regarda avec amusement la bague couleur de feu qu'elle avait passée hier autour de son annulaire briller dans l'eau transparente.

Hier... Elle venait alors d'être répartie; et il était déjà tard quand elle avait investit le dortoir des Felixias. Elle y était entrée en silence, y avait repéré un lit qui semblait inoccupé s'y était à peine allongée et déjà endormie. Lorsque le soleil, joueur, avait promené ses rayons sur sa joue, elle avait ouvert les yeux, s'était une fraction de seconde demandée ce qu'elle faisait là, puis s'était souvenue.

Il n'y avait plus dans le dortoir que des lits vides, aux draps plissés par l'empreinte des rêves qui avaient durant la nuit agités les dormeurs. Résistant à l'envie de se blottir sous sa couette, Athesto s'était forcée à se lever, à s'habiller et faire un brin de toilette, avant de partir en exploration...

Et maintenant elle était là, penchée au dessu du miroir limpide de l'eau, à profiter d'un matin presque trop paisible après toutes ces épreuves, à se poser des milliards de questions; sur la vérité, sur l'avenir, sur elle, sur sa mère, sur cette académie, sur la force qui la poussait à se maintenir debout alors qu'elle sentait que quelque chose en elle tendait à s'effondrer...

Que vais-je devenir ?

C'était une des seules questions pour laquelle se formait un semblant de réponse. Une réponse en un mot, un mot pour elle presque vide de sens; car il ne s'apparentait en rien à un mot Faël, mais porteur d'un incroyable espoir. Tracé au milieu de la poussière, elle se rappelait encore comment ce mot mystérieux avait brillé à la manière d'une flamme à travers ses larmes et avait insufflé dans son cœur une sensation inhabituelle... Et elle faisait confiance à son père, car elle savait qu'il n'aurait pas jugé nécessaire de tracer ces derniers mots sans but.

Marchombre.
Académie.


Elle avait l'académie. Elle allait devenir Marchombre.

C'était sur cette pensée réconfortante qu'elle sortit sa main hors de l'eau, la posa sur le rebord en pierre et la laissa se réchauffer au soleil. Alors, elle remarqua le reflet d'une silhouette sur l'eau. Elle se retourna et, tombant nez à nez avec une personne -comment se pouvait-il faire qu'elle ne l'ait pas entendue arriver?-et ouvrit de grands yeux.

-Qui tu être?


Elera
Elera

Marchombre
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MessageSujet: Re: Et le vent brouillera mon reflet pour laisser vivre mon âme... [Terminé]   Et le vent brouillera mon reflet pour laisser vivre mon âme... [Terminé] Icon_minitimeDim 10 Jan 2010 - 18:10

Le printemps serait bientôt là.

Elle le sentait. C’était une odeur dans l’air, une sensation dans le vent encore froid mais ragaillardi d’une force nouvelle, un espoir qui perçait sur le sol d’un brun riche et ferme maintenant dénué de neige, même si les jeunes pousses printanières ne le parsemaient pas encore et que le froid tardait à partir. Les saisons tournaient ; les arbres mourraient pour mieux renaître, les marmottes hibernaient pour mieux se réveiller. Les extrémités des branches frémissaient en sentant la sève couler plus vite vers elles, et acceptaient avec délice l’offrande du soleil qui perçait de temps en temps, sentant lui aussi les cellules qui n’attendaient qu’à devenir feuilles. Elle aussi, elle était tombée pour mieux se redresser… Les yeux parcourant la plaine, sa silhouette droite sur les remparts alors que le vent de l’espoir soufflait doucement, Elera attendait. Elle serait prête lorsque le printemps arriverait enfin. Prête à grandir…

Le temps devint inertie dans l’immobilité d’un instant infini, puis il s’écoula enfin à nouveau lorsqu’un changement modifia légèrement la scène. La silhouette disparut, laissant les pierres couleur néant vides de toutes présences, comme si elles avaient toujours été ruines sous la rosée du matin. Mais non ; bientôt, une autre silhouette vint remplacée celle de la Marchombre, et le garde resta lui aussi un instant à regarder la plaine, cherchant un ennemi entre ses herbes givrées sans remarquer la vibration du printemps qui n’attendait qu’à être libéré pour éclore à la surface. Puis lui aussi continua sa ronde, et les pierres furent abandonnées à nouveau.

La Marchombre, elle, retournait vers l’intérieur, les pas de son geôlier résonnant étrangement derrière elle. Elle aimait le silence du milieu des matinées d’hiver ; les Dessinateurs s’entraînaient à l’intérieur, d’autres suivaient les cours de légendes, de lettres ou de potions dans les salles de cours, et les combattants s’entraînaient encore dans la salle d’armes, le Maitre D’Armes n’ayant plus l’envie sadique de les faire travailler dehors dans le froid glacial comme il le voulait d’abord au début de l’hiver. Bientôt, ils reviendraient utiliser le clos d’entraînement tous les matins, emplissant l’air du fracas des armes s’entrechoquant, des cris des apprentis et des ordres des maîtres, mais pas encore. Quand aux marchombres, ils n’étaient nulle part en vue. Ena Nel’ Atan devait être dans la tour, à retourner les mêmes pensées dans sa tête, celles qui ne l’abandonnaient plus depuis la chute de l’Académie et l’enlèvement de sa fille. Arro Skil’ Liches, lui, était sûrement avec ses deux apprentis, mais il n’avait pas choisi ce lieu pour les entraîner aujourd’hui. Anaïel n’était toujours pas arrivée, et pouvait être n’importe où ; oiseau de liberté, Elera n’essaierait pas de deviner ses agissements. Khelia serait bien sûr à la bibliothèque, à s’occuper de ses chers ouvrages en tournant les pages une par une avec le plus grand respect… Quant à elle, avançant d’un pas pensif dans la Cour de la Fontaine, elle réfléchissait. Elle devrait retrouver Lya, et commencer son apprentissage, mais il était si dur de savoir où commencer…

Tiens, une fille.

Elera s’arrêta, intriguée. D’abord par sa présence à l’extérieur, alors que seuls les gardes étaient actuellement dehors. Puis simplement par son être… Faëlle. Non, pas faëlle. Elle avait leurs oreilles, elle avait leur aura, les mêmes mouvements qu’Ayron et Sialys, mais elle n’était pas comme eux, non plus. Trop grande. Trop claire. Demi-faëlle, alors… Elle ne l’avait jamais vue ici. Et pourtant, les demi-faëls n’étaient pas si nombreux que ça à l’Académie. Il y avait Elio, et puis l’une des Felixia, Althéa… Il lui semblait aussi que l’un des lupus l’était, mais elle n’était pas sûre. Et son visage… Elle semblait… perplexe. Plongée dans ses pensées, plongée dans ses questions. Seule avec l’eau, sans inquiétude pour le froid, profitant elle aussi de l’une des premières journées de beau temps. Une nouvelle élève, puisqu’elle avait l’uniforme et la bague sertie d’un rubis flamboyant… Elera s’approcha. Lorsque la jeune fille la remarqua, elle posa une seule question, question à l’accent flûté qui raffermit les impressions premières d’Elera. Demi-Faëlle. Et éduquée parmi ses derniers… Elle prononça sa réponse d’une voix douce, sans hésitation.

- Elera. Marchombre.

Deux mots. Deux mots qui reflétaient son être et se suffisaient à eux-mêmes, et qui sonneraient sûrement vides de sens dans l’esprit de la jeune fille, qui n’y verraient que quelques syllabes inventées par les hommes… Souvent, elle se contentait de donner le premier. Mais après les longs moments passés sur les remparts à écouter, elle était trop plongée dans son rêve pour ne pas énoncer cette simple vérité. Le mot suivant vint avec difficulté ; elle se replongea dans les tréfonds de ses souvenirs, creusant le temps à la recherche de son maigre vocabulaire faël, les mots attrapés au vol en écoutant Ayron et Sialys parler plusieurs années plus tôt coulant juste hors de sa portée. Elle le trouva, finalement, les syllabes exotiques flottant sur sa langue alors que le mot redevenait sien :

- …Aide ?

Elle ne tenta même pas de faire une phrase complète, s’en sachant parfaitement incapable. Seuls quelques mots-clés de la langue maternelle de la jeune Felixia lui étaient accessibles…

Athesto
Athesto

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MessageSujet: Re: Et le vent brouillera mon reflet pour laisser vivre mon âme... [Terminé]   Et le vent brouillera mon reflet pour laisser vivre mon âme... [Terminé] Icon_minitimeVen 15 Jan 2010 - 18:18

Athesto aurait d'abord pu croire que ses cheveux brûlaient -une crinière aussi miroitante, cette couleur éclatante, ça n'existait pas, chez les Faëls-.

Elle aurait ensuite pu ensuite se dire que c'était la première personne qu'elle rencontrait à l'Académie et qu'elle devait en profiter pour en apprendre un peu plus. La femme aurait finalement répondu à sa question par un "Je m'apelle machin.", et Athesto lui aurait répondu "Je m'appeler Athesto, je être nouvelle et je chercher Enseignant Marchombre", et l'inconnue lui aurait répondu en haussant un sourcil devant son accent et sa terrible maîtrise de la langue qu'il fallait traverser la cour, tourner à droite et longer le bâtiment pierre avant d'arriver à la salle de cour marchombre, mais...

Athesto ne retint que l'amplitude souple et silencieuse de ses mouvements, l'aura de paix et de grâce qui l'entourait et le feu qui brillait dans ses yeux. Et dans ses cheveux.

- Elera. Marchombre.

Athesto n'avait pas eut le temps de faire un geste que déjà un autre mot venait.

-...Aide?

Trois mots, deux certitudes, une question; une question Faëlle, une marchombre, un avenir; une Voie. Qu'Athesto sentait se dessiner quand elle observait la jeune femme.

Athesto bondit avec vivacité de son rebord de pierre. Elle ne remarqua pas qu'elle était légèrement plus grande que la Marchombre, et se contenta de plonger ses yeux dans les siens. Ce n'était pas une Faëlle. Comment connaissait t-elle leur langue?

Quoi qu'il en soit, Athesto lui sourit, touchée au cœur et reconnaissante. Cela faisait si longtemps qu'elle n'avait pas entendu un mot prononcé dans sa langue natale par une autre voix que la sienne lorsque, terrassée par une terrible mélancolie, elle dialoguait avec son ombre! Elera se rendait-elle compte du trouble qu'elle avait jeté dans son esprit? La jeune Demi Faëlle inclina légèrement la tête, en guise de remerciement pour cette femme qui lui offrait souvenir et aide. Elera pouvait-elle lire au fond de ses iris multicolores combien retenir les larmes qui lui montaient aux yeux était difficile? Certainement.

Et pourtant elle voulut paraître forte. Ses yeux brillèrent mais aucune larme ne s'en écoula. Etait-ce la bonne solution? Peut-être. C'était celle qu'elle avait choisit.

Un rayon de soleil arracha un éclat rouge à sa bague quand elle répondit. En Humain. Elera avait fait l'effort de s'exprimer dans une langue qu'elle n'avait pas l'air de maîtriser; dans sa langue; alors elle en ferait de même.

-Athesto. Demi Faëlle, répondit-elle en imitant, à son insu, la manière de se présenter de son interlocutrice.

L'essentiel. Simple, -sans conjugaison-, doux, profond et certain. Deux mots pour résumer un être, deux pierres aux fondations de son être; deux certitudes gravées dans la roche. Les fondements d'un édifice aux tours vertigineuses, aux sombres salles cachées en profondeur et aux fenêtres lumineuses; tout de bois, de roche et de cristal; en construction sans véritable maître d'œuvre. Un édifice branlant.

Alors, lui souriant, elle tenta de lui expliquer ce qu'elle avait cherché. Et trouvé, puisqu'elle l'avait sous la main.

-Je avoir été répartie dans la masion... Maison Felixia hier et aujourd'hui je arpenter l'Académie pour trouver Enseignant Marchombre. Car je être venue ici pour devenir Marchombre. Mais maintenant je t'avoir trouvée, dit-elle en souriant.

Elle se tu, et fixa la Marchombre; à l'affût de la moindre information sur cette Académie et ses enseignements.

Elle ne lui avait rien dit de son ignorance sur le sens du mot Marchombre, de son manque d'information quand à l'enseignement qui en découlait. Elle ne lui avait pas non plus expliqué qu'elle était là parce que son père l'y avait guidée. Elle n'avait pas non plus précisé qu'elle ignorait si elle avait bien fait de se rendre à l'académie. Mais il était possible que tout cela se lise au fond de ses yeux.


Elera
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Marchombre
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MessageSujet: Re: Et le vent brouillera mon reflet pour laisser vivre mon âme... [Terminé]   Et le vent brouillera mon reflet pour laisser vivre mon âme... [Terminé] Icon_minitimeDim 17 Jan 2010 - 14:51

En voyant la réaction de la demi-Faëlle au simple mot qu’elle avait prononcé dans sa langue, Elera se promit d’essayer de se souvenir davantage, et d’apprendre à nouveau. Pour voir la joie nostalgique qui dansait dans les yeux de la Felixia, elle retournerait de nouveau entre les mots, laissant les sons voguer sur sa langue jusqu’à ce qu’ils redeviennent des amis pour elle. Elle n’avait jamais su parler correctement le faël ; elle avait simplement appris les bases de leur langue musicale à force d’écouter les deux Faëls qu’elle avait retrouvés tous les étés sans exceptions pendant cinq ans. Ayron et Syalis n’avaient jamais voulu lui apprendre ; c’est par l’écoute, le refrain de leur voix et l’instinct qu’elle avait commencé à comprendre, et à jouer avec les sons qui n’avaient jamais été faits pour être prononcés par les humains. Et puis, la langue des Faëls étaient tellement plus simple. Ils se contentaient du nécessaire, leurs mots transportant des idées sans avoir à être dérivés dans les multiples formes humaines… Pour eux, la vie était toujours la vie. Elle ne se transformait pas en vivres, vivons, vivaient, vivra ou vitalité. Et c’est pour cela que la petite fille qu’elle était avait commencé à comprendre… Et puis elle était partie ; elle n’avait plus croisé la route du moindre Faël alors qu’elle faisait ses premiers pas dans un monde typiquement humain, et les mots s’étaient posés au sol comme une feuille morte qui n’est plus portée par le vent, abandonnée sur la terre grouillante jusqu’à la prochaine brise. Inutilisés. Fuyant lentement loin de sa conscience pour n’être qu’une minuscule trace aux tréfonds de son esprit. Même lorsqu’elle avait rejoint la forêt de Baraïl avec Ena, elle n’avait pas eu l’occasion de parler ni de se souvenir… Athesto était la brise printanière après l’hiver d’inertie, et les feuilles crépitaient en se superposant, chacune voulant être la première à reprendre son envol.

Athesto. Trois syllabes, elles aussi étrangères aux oreilles de la Marchombre qui avait finie par s’habituer aux noms de ses camarades. Trois syllabes qui retenaient le monde, un monde qu’Elera ne pouvait qu’effleurer des doigts. Différente. En âme et en esprit. Et pourtant, avec les mêmes rêves qui brillaient au fond de ses yeux que tellement d’autres entre ces murs… Marchombre. Un mot hésitant sur sa voix, l’hésitation de celui qui utilise un mot qui ne lui ait pas encore familier, et avec pourtant un goût d’espoir et de détermination derrière l’incertitude première. Elle n’avait pas peur de manier cette langue qu’elle ne connaissait pourtant pas parfaitement, n’avait pas peur des erreurs, n’avait pas eu peur de traverser la moitié de Gwendalavir pour venir ici malgré les difficultés ; et toujours cette simple joie de vivre dans ses gestes dénués de crainte. Savait-elle seulement ce que signifiait ce mot qui l’avait poussée jusqu’ici ? ..Oui et non, décida Elera en observant son corps ivre de vie et ses pupilles écarquillées qui semblaient boire son entourage au fond de leur puits d’encre noire. Comme tous ceux qui venaient ici avec cette voie résonnant sous leur crâne et voyageant dans leurs veines, au fond… Elle savait, même si elle était incapable de répondre à la moindre question sur eux. Les mots d’Elera se ralentir pour entrer dans le temps de celle qui vivait entre deux mondes, de façon à ce qu’elle puisse comprendre facilement sans pour autant que leur échange ne prenne une lenteur insupportable.

- Oui, tu m’as trouvée. A moins que ce ne soit – que ce être - le contraire…

Peu importait. Qu’Athesto l’ait trouvée, qu’elle ait trouvé Athesto, qu’elles se soient trouvées ensemble, elles Etaient. Deux forces dansantes l’une avec l’autre, comme elle dansait avec le vent ou la rivière et que le vent ou la rivière dansait avec elle. Elera s’assit sur le rebord de la fontaine et leva les yeux vers la demi-faëlle.

- Ena Nel’ Atan. Elle est Marchombre aussi, et humaine, mais elle connait ta langue… Si tu veux – c’est vouloir, - lui parler un jour, elle est souvent dans la tour.

Elera montra le bâtiment à leur droite ; l’aile est de l’Académie leur bloquait la vue, mais on apercevait le haut de la tour au dessus des toits, et un morceau des jardins qui permettaient d’y accéder à travers le portique.

- Pourquoi veux-tu être Marchombre ?

Doux murmure. La même question qu’Ena lui avait posé, si longtemps auparavant, avant qu’elle ne devienne son apprentie…

Athesto
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MessageSujet: Re: Et le vent brouillera mon reflet pour laisser vivre mon âme... [Terminé]   Et le vent brouillera mon reflet pour laisser vivre mon âme... [Terminé] Icon_minitimeLun 18 Jan 2010 - 21:49

Elle s'était levée vers la marchombre, et la marchombre s'asseyait désormais devant elle. Cela ne voulait rien dire, n'exprimait en rien une quelconque coïncidence destinée à les réunir; non, mais Athesto remarqua son mouvement. Mais peut-être était-ce parce que chacune des fibres de son corps mémorisait et s'abreuvait de la souplesse des mouvements de la femme qui lui faisait face. Ou peut-être pas.

Athesto resta debout. La Marchombre s'asseyait; elle faisait ce qu'elle voulait, après tout. Mais la jeune Demie Faëlle aussi faisait ce qu'elle voulait. Et elle ne voulait pas s'assoire. Etre debout lui faisait du bien. Elle avait besoin de mouvement.

Silencieuse, elle sourit.
D'abord en apprenant l'existence d'une femme, d'une marchombre –encore!-; qui parlait sa langue. – Coïncidence ? Tous les marchombres connaissaient t-il son langage? Athesto, qui ne cessait de s'interroger sur eux, se demanda si cela traduisait une sorte d'ouverture vers le monde. Possible. Cela méritait réflexion.
Puis en entendant la femme adapter sa langue à son niveau, traduisant les verbes conjugués en infinitifs... Elle lui en fut, premièrement, reconnaissante, puis eut un mouvement d'hésitation. Elle était ici pour apprendre. Et comprendre et parler la langue humaine était un de ces buts. Elle ne devait faire l'affaire d'aucun traitement de faveur. Il valait mieux qu'Elera lui parle comme à une élève normale au risque qu'elle ne comprenne pas tout; mais ainsi, certainement, elle réussirait à percevoir les infimes variation du langage Humain, et, qui sait, le maîtriser un jour!

Elle tenta de lui exposer ses pensées.

-Elera...

Ô maudits mots dits!

-Je te remercier de rendre la langue Humaine accessible à moi; mais... Je préférer tu parler normalement. Je ne pas mériter que tu te donner peine et je devoir comprendre, et apprendre ce Langage. Ce être vital et je avoir à m'adapter à la langue Humaine. Et pas le contraire.

Vint alors la question mystère. Athesto ferma les yeux. Pourquoi voulait-elle être marchombre? N'était-ce pas après tout qu'un gros hasard? N'était-elle pas là parce que son père lui avait indiqué la route à suivre? N'aurait-elle pas jamais entendu parler des marchombres si il n'avait pas tracé ces lettres dans la poussière? Mais, si elle ne parvenait pas à comprendre pourquoi marchombre avait été un de ses trois derniers mots, elle savait que cela ne pouvait être un hasard. Le hasard n'était pas Faël.

Inconsciemment, elle caressa du bout des doigts la pierre flamboyante de sa bague. La méritait-elle vraiment?

Alors que son esprit tourmenté par des questions sans réponse semblait s'emmurer dans l'incertitude, un bruit clair parvint à ses oreilles. Là, près d'elle et pourtant si loin, le glouglou scintillant de la fontaine apaisa son cœur qui s'emballait et distilla un peu de paix dans son esprit.

Alors, rouvrant les yeux, elle se rendit compte qu'elle savait.

Mais comment l'expliquer?
Elle scruta le sol et trouva ce dont elle avait besoin. Là, entre deux dalles mal ajustées, un peu de terre affleurait. Elle en saisit une poignée et gratta avec ses ongles pour en récupérer un peu plus. Elle modela la Terre, rendue humide par la rosée, jusqu'à en faire un grosse boule.

-Ca être Destin, dit-elle d'abord en désignant la boule marron.

-Je penser que beaucoup gens laisser Vent, Orage, Pluie et Soleil et autres Intempéries modeler Destin à leur place.

Disant ces mots, elle écrasa la boule, l'étira, lui donnant une forme indéfinie et... Sans intérêt.

-Moi, je vouloir être Libre de modeler mon Destin comme je le vouloir. Je vouloir lui donner la forme que je souhaiter pour profiter de ce que lui m'offrir et ne pas, quand je atteindre âge de rejoindre Ciels, regarder ma Vie et me dire que elle ne pas avoir été comme je souhaite. Et Vie être tracée par Destin. Et je désirer Destin tracé par moi.
Elle sourit, et aplatit la boule entre ses mains.

-Je savoir que beaucoup d'Intempéries se Dresser sur la route de... De mon Auto-modelage de Destin et je savoir aussi que je ne pas pouvoir entreprendre modelage seule ou Intempéries toujours rattraper moi, comme elle le faire avec autres Gens. Je ne pas vouloir assister à son modelage sans être capable de bouger petit doigt. Je avoir à comprendre comment rendre malléable pâte du Destin et comment modeler pâte du Destin pour en faire le Devenir. Et je ne pas être capable faire cela seule. Potier ne jamais faire poterie sans argile préparée et sans apprentissage; termina t-elle.
Elle se tu un instant.

-Et... Je croire que Marchombre être la Voie qui m'apprendre cela.

Entre ses mains fines, la boule prit progressivement la forme d'un oiseau qui déployait ses ailes, puis revint à sa forme initiale pour devenir un petit chat qui s'étirait paresseusement au creux de sa main. Puis une sorte de feuille de chêne. Puis une boule, ronde, marron, gluante. Un Destin en passe de Devenir.

Elle leva les yeux vers Elera.


Elera
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Marchombre
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MessageSujet: Re: Et le vent brouillera mon reflet pour laisser vivre mon âme... [Terminé]   Et le vent brouillera mon reflet pour laisser vivre mon âme... [Terminé] Icon_minitimeMer 20 Jan 2010 - 20:12

- Lorsqu’un combattant aguerri – ça veut dire fort - se bat avec un apprenti pour lui apprendre les mouvements inscrits dans les fibres de son corps, il ralentit. Il se met – mettre - au niveau de son apprenti, pour que celui-ci puisse imiter les mouvements. C’est seulement lorsqu’il les a compris, comprendre, que le Maitre accélère, jusqu’à ce que l’apprenti soit capable de lui faire face sans qu’il n’ait – avoir – à abaisser son niveau.

La métaphore se dénouait doucement, les mots d’Elera doux flocons dans l’air froid, s’évadant lentement pour être certains d’être attrapés par les fines et longues oreilles de la demi-faëlle. Pour être certains qu’elle comprendrait malgré les images, et malgré les protestations précédentes de la jeune fille. Elle voulait lui expliquer. Lui expliquer pourquoi elle ne parlait pas normalement, et pourquoi elle faisait l’effort de traduire au fur et à mesure…

- Les mots sont, être, pareils. Le Maitre qui utilise toutes ses compétences pourra – pouvoir - battre son apprenti en quelques secondes à peine. Si je parlais comme je parle à ceux qui connaissent ces mots depuis leur petite enfance, tu ne comprendrais rien. A quoi bon briser le silence avec des sons qui ne veulent rien dire ?

Elera avait toujours préféré le silence. Elle avait pris des jours à accepter l’usage du langage humain, et à laisser échapper plus d’une phrase à la fois, lorsqu’elle avait rejoint l’Académie de Merwyn et avait découvert que les hommes avaient besoin des sons qu'elle ne prononçait habituellement pas pour se comprendre entre eux. Habituée aux regards, aux silences, aux mouvements d’épaules, aux grognements de fond de gorge, aux acquiescements de tête et aux flancs laissés sans protection, elle n’avait pas compris. A présent, elle parlait sans le moindre état d’âme, et si elle avait toujours une préférence pour le silence, ses phrases d’abord abrégée au plus court pour ne contenir que le stricte nécessaire avaient gagnées en ampleur. Elle ne pleurait plus les mots inutiles qui passaient ses lèvres, et avait appris à aimer leur chanson. Mais parler pour parler, laisser une kyrielle d’éclats phonétiques incompréhensibles nager dans le vide au lieu d’être mouvement tendant vers cette compréhension qui était au cœur de son harmonie, elle ne le pouvait pas.

- Alors je parle lentement. Je n’utilise pas seulement les infinitifs, ou tu n’apprendrais rien de notre langue… Mais tant que tu auras – avoir - besoin d’aide, et Elera prononça ensuite le mot faël qu’elle lui avait offert à leur rencontre, je l’utiliserai. Et quand tu pourras – pouvoir – comprendre sans elle, j’aiderai moins jusqu’à arrêter complètement… Apprendre l’Humain ne se fera pas en un jour, et t’aider au début ne t’empêchera pas de parler parfaitement plus tard. D'accord ?

Elle fit une pause, attendant la réponse de la Felixia qui semblait encore essayer de saisir la portée de ses paroles, à moins qu’elle ne sache pas quoi décider. Avant qu’elle ne réponde, pourtant, Elera souffla une dernière phrase, une phrase qui lui laissait quand même le choix final. Parce que ce n’était pas à elle de choisir comment Athesto apprendrait la langue de l’un de ses peuples…

- Si tu préfères quand même que je parle normalement, alors je le ferai.

Puis Elera plongea ses yeux dans ceux soudain emplis de sérieux de la jeune fille, avant de suivre les mouvements de ses mains, alors qu’elle arrondissait, aplatissait, séparait, reformait cette boule de terre entre ses paumes. Cette boule de terre encore si malléable, et qui pourrait devenir tout ce qu’elle voulait d’être… Elle tendit la main vers celle d’Athesto, et referma les doigts de la jeune fille sur cette boule de terre et d’eau, dissimulant son Destin au creux de sa paume.

- Les Intempéries peuvent aussi avoir forme humaine. Certains voudront modeler ton Destin selon leur bon vouloir, te pousser tel le Vent, te noyer tel l’Orage, t’interdire de le modifier à nouveau en le séchant à petit feu, pour qu’il se brise en une myriade de morceaux si tu refuses de garder la forme qu’ils auraient – avoir - choisie… Ne laisse personne te voler ce magnifique Destin, Athesto. C’est à toi de choisir à quoi il ressemblera.

Elle attrapa son regard du fond de ses pupilles, et ses pensées s’envolèrent. Vers Lya, qu’elle avait accepté quelques jours plus tôt, vers le Chaos qui frémissait dans l’ombre, vers Ena aussi. Que penserait-elle du fait qu’Elera avait pris une apprentie, elle qui avait arrêté d’enseigner à sinuer la Voie des Marchombres après la capture de Kirfdéin ? Et du fait qu’elle aimerait déjà en prendre une deuxième, alors qu’elle avait échoué une fois, et n’avait pas encore fait ses preuves ? Elle était jeune. Cela ne faisait pas six mois qu’Ena l’avait libérée, marquant la fin de son apprentissage… Mais au fond, cela ne changeait rien. Athesto l’avait trouvée et elle était prête. Elle était prête et elle continuerait à avancer, quoiqu’il arrive. Du mieux qu’elle le pouvait. Elle avait confiance ; elle tendrait vers l’Harmonie, jusqu’à ce qu’elle puisse glisser sur tous les liens qu’elle avait avec le monde, sans plus se laisser ligoter par eux. Elle apprendrait à Lya à faire de même et, si elle le souhaitait, à…

- …Athesto, accepterais-tu que je devienne ton maître potier ? De me laisser trois ans pour t’apprendre à modeler ton Destin, avant de te laisser partir le façonner avec ton âme ?

Athesto
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MessageSujet: Re: Et le vent brouillera mon reflet pour laisser vivre mon âme... [Terminé]   Et le vent brouillera mon reflet pour laisser vivre mon âme... [Terminé] Icon_minitimeVen 22 Jan 2010 - 21:58



Athesto se contenta d'un hochement de tête et d'un clignement de paupière pour faire comprendre à la Marchombre qu'elle était d'accord avec ses mots. Si elle pensait que la meilleure manière de la faire progresser était celle-ci, alors qu'elle continue ainsi. Athesto, d'une façon ou d'une autre, lui faisait entièrement confiance. La Marchombre lui avait déjà fait un grand effet et le simple fait qu'elle arpente la Voie qu'elle même voulait enprunter sufisait à lui atirer un certain respect de la part de la Demie Faëlle.

Néamoins, elle n'était pas influençable. Ou, dans le pire des cas, très peu. Seulement, les mots d'Elera, vibrants de justesse, s'étaient faufilés entre les mailles de son armure de convictions, trop vrais pour qu'elle les ignore et, ses lèvres s'étirant dans un semblant de sourire, elle laissa les arguments de la marchombre la convaincre. Elle avait certainement raison. Non, plus que cela. Elle avait raison. C'était un professeur, après tout. Mais enseigner ne signifiait pas nécéssairement être compétent.

Le sourire de la jeune fille s'agrandit. Elle était heureuse d'être là. Il faisait beau, il faisait froid; le vent portait ses cheveux et se glissait le long de son dos comme pour la pousser à... A quoi? Elle fronça les sourcils. Quand la marchombre évoquait ces intempéries Humaines, de qui pouvait-elle parler? ...Il existait donc des êtres assez vils et malfaisants pour détruire le Destin d'autres ? Quel bizarerie. Quelle horreur !
Elle frissonna.
Pourvus que jamais elle n'en rencontre! Et si elle en rencontrait, pourvut qu'elle parvienne à ne pas se laisser entrainer! Qui qu'ils soient; il n'étaient pas Faëls, ce n'était pas possible, non. Il ne pouvait y avoir que des humains pour faire une chose aussi abjecte! Les Faëls, eux devenaient qui ils voulaient, indépendants et libres; sans laisser quiconque entraver leur chemin et sans briser celui des autres. Ô étranges êtres humains...

Et dire qu'elle était à moitiée l'un d'eux! Que serait-elle devenue si elle avait étée éduquée par sa mère; par son côté humain?

Athesto se mit alors à penser à sa mère. Elle s'efforçait de s'imaginer ses traits mais ceux-ci ne lui apparaissaient pas autrement que fins, avec une peau noire et de longues oreilles... Elle soupira. La trouverait-elle un jour, avec pour seule information sur elle son prénom et sa race? Certainement. Il ne pouvait aps en être autrement.
Qui pouvait-elle être?
Aimait-elle aussi contempler le clair de lune se refléter sur l'eau ondulante d'un lac? Respirait-elle avec délice l'odeur des fleurs recouvertes de la rosée du matin? Savait-elle escalader les falaises et se laisser emporter par ce vacillement qui vous saisissait lorsque vous ne faisiez plus qu'un avec la pierre? Qu'avait-elle donc de spécial pour que son père et elle aient réussit à s'aimer?

Sa mère était-elle de ceux qui regardaient leur Destin avancer en les traînant derrière eux? Ou faisait-elle parties de ces intempéries humaines qui... Elle secoua la tête. Jamais son père n'aurait aimé une femme ainsi.

Elera reprit la parole. Athesto vacilla. Elle lui proposait de devenir son maître marchombre! Elle réfléchit néamoins quelques secondes. Elle était consciente qu'elle engageait trois ans de sa vie et son existence future dans une simple réponse. Elle sut pourtant rapidement que sa déscision était prise depuis qu'elle avait entrevue l'Académie se détacher sur le ciel bleu pour la première fois, comme la promesse d'une nouvelle lumière au milieu du néant grandissant qui s'épanouissait autour d'elle.
Elle n'était pas venue pour rien!

-Je accepter, dit-elle tout simplement, avec un inclinement imperceptible de la tête.

Elle aurait aimé dire combien elle était heureuse que la Marchombre lui propose son enseignement, combien elle savait que trois ans, ce serait long, dur, combien elle sentait que sa vie prenait un tournant si improbable et combien elle était comblée par ce nouveau virage. Elle aurait aussi voulut lui exprimer sa gratitude et en même temps lui rappeler qu'elle n'avait qu'une vague idée de ce qu'étaient els marchombres...

Mais elle ne savait pas comment le dire. Alors elle se tu, plongea ses yeux dans ceux d'Elera, et laissa ses mots couler le long de ses iris qui, étrangement, avaient prit une couleur globalement verte après la proposition d'Elera. Peut-être que cela voulait dire quelque chose. Elle ne s'en aperçut même pas.

-Et maintenant, que nous faire? Demanda t-elle finalement.


Elera
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MessageSujet: Re: Et le vent brouillera mon reflet pour laisser vivre mon âme... [Terminé]   Et le vent brouillera mon reflet pour laisser vivre mon âme... [Terminé] Icon_minitimeDim 24 Jan 2010 - 16:22

Je accepter, avait-elle dit simplement, accompagnant sa réponse d’un infime hochement de tête.

Je accepter.

C’est à ce moment là, plus qu’auparavant encore, qu’Elera entendit l’âme de celle qui était mi-humaine mi-faëlle tinter comme mille clochettes d’argent, mélodie prometteuse d’un avenir filant entre cimes et sommets pour effleurer le ciel de sa douceur. Elle était la troisième à accepter de la prendre pour maitre, ou de devenir son apprenti, peu importe, mais cette acceptation l’ébranla plus que les deux précédentes.

Kirfdéin, le premier. Un oui qui l’avait transformée de Marchombre à Maitre Marchombre, et qui avait marqué l’une des plus importantes courbes de sa vie, mais un oui qui s’était noyée dans une longue phrase aux balancements amples, dans des explications, dans des impressions.

Lya, la seconde. Son choix avait été décidé, mais l’hésitation l’avait précédé et la peur suivi, alors que la jeune fille vacillait en se demandant si elle avait fait le bon choix. En se demandant si cette voie était bien celle qu’elle avait cherché jusque là. En se demandant si elle serait à la hauteur, et ce qui l’attendait, et si elle mourrait… La confiance avait soufflé ses doutes, mais ils n’avaient pas moins existés.

Athesto, la dernière. Deux mots dits de travers alors que la conjugaison fuyait, hétéroclite, mais deux mots qui se reflétaient dans ses iris verts, un vert qui n’était ni celui de l’herbe des plaines ni celui des épines des sapins, mais plutôt un buisson entre les deux, buisson aux teintes panachées qui formaient un tout harmonieux. Chaque nuance semblait refléter l’une des choses qu’elle voulait ajouter, les soufflant en silence à travers les deux mots qui formaient une réponse simple et complète… Il semblait à Elera qu’Athesto, plus encore que Lya et Kirfdéin, prenait conscience de toutes les implications de son choix.

Peut-être que cette simple réponse, cette simple manière de découvrir la Voie des Marchombres, reflétait la personnalité de chacun de ses élèves. Kirfdéin, toujours à expliquer, à répondre longuement à ses questions, pour ne rien laisser dans l’ombre et ne rien oublier. Lya, arrachée par les doutes, qui devrait voir un peu plus du chemin qu’elle avait choisi et gagner confiance en elle-même, maintenant qu’elle faisait confiance en Elera, pour pouvoir voler haut sur la Voie. Et Athesto, un rêve et un destin vibrant en elle, souhaitant simplement l’atteindre, malgré les difficultés à venir, malgré le peu de connaissances qu’elle avait sur les Marchombres, et même sur les Humains en général. Avec un petit sourire en coin, Elera se souvint du moment où elle-même était devenue Marchombre. Elle n’avait jamais accepté explicitement de suivre Ena ; elle était simplement arrivée, était entrée dans son bureau, et lui avait dit qu’elle était là pour devenir son apprentie. Un peu comme Athesto qui avait d’abord annoncée l’avoir trouvée, même si Elera lui avait ensuite demandé plus symboliquement… Elera se leva pour quitter le rebord de la Fontaine, regarda un instant autour d’elle, avant de choisir l’un des portiques, dont elle s’approcha en répondant à la jeune fille :

- Maintenant, nous grimpons.

Et elle fit signe à Athesto de commencer, et qu’elle la suivrait directement. La montée ne devrait pas être bien difficile. Elera se doutait que la Felixia escaladait souvent les arbres vertigineux de la Forêt de Barail, et les pentes escarpées des montagnes ; elle verrait maintenant ce qu’elle savait faire face à un mur droit dont les pierres laissaient un espace filiforme pour y glisser les doigts entre chacune d’entre elles. Il leur faudrait ensuite avancer sur les tuiles, leurs pieds dansant prudemment pour ne pas glisser sur celles qui étaient mal accrochées, et grimper de nouveau en arrivant devant le bâtiment principal, qui se dressait avec un étage de plus. Au centre de celui-ci se trouvait la Vigie, de laquelle les Dessinateurs puissants pouvaient observer l’intégralité des Plaines de Shaal, le lac qui s’y trouvait, la rivière et la cascade qui s’y écoulait, les bosquets d’arbres et, loin en bas, Al Poll. En tournant autour de la Vigie arrondie pour laisser glisser son regard dans une autre direction, on pouvait voir les montagnes de glace se profiler à l’horizon, ainsi qu’une barre verticale au loin qui tenait lieu de Citadelle des Frontaliers. En se tournant vers le sud, finalement, l’horizon semblait encore plus loin qu’ailleurs, et laissait même une partie des Plateaux d’Astariul nus au regard du Dessinateurs.

Ni Elera ni Athesto n’étaient capable d’entrer dans la Vigie, le rideau la protégeant interdisant à tous les non-Dessinateurs de profiter du spectacle.

Mais pourquoi observer le monde de l’intérieur de la Vigie, lorsqu’on le pouvait d’encore plus haut, sur son dôme, bercé par le vent et les nuages ?

Le dôme serait la partie la plus délicate de l’escalade, celui-ci étant assez lisse, mais elle serait juste derrière Athesto et cela n’avait rien d’impossible. Encore, s’il pleuvait, les choses en auraient été corsées, mais le soleil les observait paisiblement et le vent, s’il soufflait bien aujourd’hui, n’était pas au summum de sa force. Cela prendrait un certain temps, mais elles arriveraient en haut. Et Elera avait hâte de voir l’expression sur le visage de la demi-faëlle lorsqu’elle verrait des hauteurs le monde du peuple dans lequel elle cheminait, et celui dans lequel elle formerait son Destin…

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MessageSujet: Re: Et le vent brouillera mon reflet pour laisser vivre mon âme... [Terminé]   Et le vent brouillera mon reflet pour laisser vivre mon âme... [Terminé] Icon_minitimeMer 3 Fév 2010 - 20:46

[désolée pour ce temps de réponse =/ ]

-Maintenant, nous grimpons.

Je grimper-tu grimper-il grimper-vous grimper-ils grimper. Nous grimpons. Grimper.

Le corps d'Athesto fut parcourut d'un frisson irrépressible. Elle adorait grimper. Non, plus que cela. Grimper faisait partie de sa vie. C'était inscrit dans son sang, martelé sur le moindre de ses gènes, gravé en lettres brûlantes dans la moindre particule de son corps.

Souvent, tout le temps, la nuit, le jour, le matin, le soir et surtout au crépuscule, son père et elle gravissaient d'immenses falaises. En haut, les bras grands ouverts, ils respiraient l'air le plus doux qui soit et imprégnaient leur âme de toutes les sensations que l'on pouvait ressentir, lorsqu'il n'y avait plus au dessus de leurs têtes qu'un ciel enflammé par un coucher de soleil resplendissant... Elle se rappelait le respect teinté de silence qui les accompagnait dans leur ascension. Elle doutait qu'on puisse ressentir pareille émotion en grimpant le long d'un mur. Ce n'était pas beau, un mur. Cela ne servait à rien d'autre qu'à cloisonner le monde et à cacher l'horizon. Quoi d'autre, sinon? C'était une chose inerte, triste, nue, sans vie, et...

Mais après tout, pourquoi pas ?

Elle se tourna vers son maître, qui, elle, ne la regardait pas. Son regard semblait passer au delà des murs pour y voir quelque chose qu'Athesto ne percevait même pas. Elera lui proposait-elle cette escalade parce qu'elle savait que les Faëls aimaient grimper ou plutôt à la manière d'un test ? C'était marchombre, l'escalade?

Elle leva elle aussi la tête, caressant du regard le monde des pierres menant au ciel. Le parcourt ne semblait pas extrêmement difficile. Des blocs de pierres, un toit, des pierres encore et un drôle de dôme, lisse. Elle ne l'avait même pas remarqué. Mais, désormais découvert sous son regard, atteindre son sommet devenait attrayant. Se demandant vaguement ce qu'il pouvait y avoir dessous, elle se promit de s'y rendre, quand elle aurait un peu de temps.

Mais maintenant, elle grimper.

L'expérience était nouvelle. Les arbres, les falaises, elle en avait l'habitude; mais elle ne se rappelait pas avoir une seule fois tenté d'escalader un véritable bâtiment fait de véritables pierres. Un muret à franchir, au mieux. Pourquoi ne l'avait-elle jamais fait? Elle n'en savait rien. Un sourire éclaira son visage. Les Faëls n'escaladaient, pour ce qu'elle en savait, que ce que leur offrait la nature. Mais elle n'était pas que Faëlle et allait sortir des rangs sans se faire prier.

Sans attendre un signal de la marchombre –elle avait comprit que celle-ci la laissait passer devant-, elle glissa ses doigts fins dans un interstice assez large pour être une prise convenable, en fit de même avec sa deuxième main, puis posa son premier pied sur le rebord d'une pierre qui dépassait à mi-hauteur. C'était un appui convenable. Elle s'apprêtait à s'élancer vers les hauteurs quand une infime hésitation d'escaladeuse aguerrie la retint. Le mur était trop droit pour qu'elle le gravisse comme une falaise... Il allait falloir qu'elle change ses appuis et que...

C'est ainsi que, prudemment d'abord, elle se mit en mouvement. Rendue mal à l'aise par la nouveauté de cet élément, elle avançait sans souplesse, ses mouvements rendus rigides et son avancée chaotique par ses hésitations.

Elle parvint néanmoins au toit sans encombre. C'est alors que, marchant sans grâce sur les tuiles glissantes, que son regard se déposa sans le vouloir sur Elera. Athesto se stoppa, une fraction de seconde; puis se remit en marche, l'image gravée dans son esprit. Elera ne marchait pas, non, elle glissait, coulait, dansait sur les ardoises sans qu'une mousse un peu trop humide ne la fasse déraper à la manière de son élève.

Athesto se sentit d'abord ridicule, si pataude devant tant de grâce, honteuse que son maître puisse être déçue par sa prestation peu convaincante. Il lui fallut atteindre le second mur pour se reprendre en main. Son cœur se mit à battre plus régulièrement; et cette assurance tranquille qui l'avait quittée dès le premier instant de son escalade, revint, plus confiante encore.
Elle était Faëlle.
Elle était grimpeuse.
Un simple mur n'allait pas l'arrêter.
Ce n'était, après tout, qu'une sorte de falaise artificielle.
Et, après réflexion, non sans charme.

Alors, elle grimpa. Comme une Faëlle. Ses gestes avaient retrouvé leur fluidité naturelle et chacun de ses mouvements était bercé par une sorte de souplesse et de puissance contenue. Son souffle s'accéléra quand, enivrée par ce nouvel élément, elle accéléra l'allure. Elle en oublia presque la présence d'Elera... Bientôt, elle arriva au dôme, qu'elle gravit sans trop de peine, car les pierres laissaient d'assez larges prises agrandies par le vent et la pluie.

Enfin, au dessus de sa tête ne fut plus que le ciel. Les yeux fermés, elle rejeta la tête en arrière et inspira profondément. Ici, l'air déjà doux se faisait frai. Ici, le vent inexistant au sol faisait tournoyer ses cheveux et ceux d'Elera, lui donnant l'air d'être une flamme vivante. Ici, elle était loin du monde et pourtant elle en faisait partie.
Elle ouvrit les yeux.
Et tressaillit, stupéfaite. La vue était... La vue était... Elle fit un tour sur elle-même. Pas un arbre ne lui cachait l'horizon. Et la vue était... Le monde était si vaste! Si plein, si fourmillant de vie qu'elle s'en sentit toute retournée. Elle tourna un regard plein d'émotion vers Elera qui la regardait, silencieuse.

-Ce... Etre magnifique, dit-elle.

L'escalade, la vue, cette nouvelle vie qui se profilait devant elle, l'académie vue du ciel, cette promesse d'avenir, le monde, le vent dans ses cheveux, ses muscles échauffés par l'exercice, la présence de la marchombre à ses côtés; la bague à son doigt.

La Vie, flamboyante.


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MessageSujet: Re: Et le vent brouillera mon reflet pour laisser vivre mon âme... [Terminé]   Et le vent brouillera mon reflet pour laisser vivre mon âme... [Terminé] Icon_minitimeJeu 11 Fév 2010 - 23:32

[De même ><]

Lya aimait courir, et c’était en courant derrière Elera qu’elle avait appris à quoi ressemblait le monde des Marchombres. Athesto aimait grimper, et c’était en grimpant qu’elle allait entrer parmi eux… Cela semblait tellement juste. Si l’envie n’était pas là dès les premiers pas, à quoi bon continuer sur ce chemin difficile ? Alors Elera avait choisi en conséquence, souriant en voyant la joie exploser sur le visage de la Faëlle alors que le verbe devenait compréhensible à ses oreilles. Grimper. Quelque chose qu’elle aimait depuis longtemps déjà… Il y avait eu un instant de contrariété, en observant le mur vertical, et Elera observa le contraste étrange entre les prises offertes par les falaises naturelles face à celles des humains, contraste que respirait chaque geste minutieux de la demi-faëlle. La différence avait été nette sous ses doigts dansants, en consistance comme en balance, alors que ses doigts crochetaient les fissures et que ses pieds utilisaient des appuis inhabituels, son corps penchant au dessus du vide et son équilibre se fondant sur de toutes autres bases. Pourtant, grimper était toujours grimper, quel que soit les moyens, et l’escaladeuse reprit rapidement ses moyens… Elle était Rapidité. Fluidité. Accord, avec la pierre et avec elle-même. Faëlle. Arrivée en haut, accroupie sur le dome, Elera laissa ses yeux fondre dans le paysage en même temps que son apprentie, et ses mots suivirent de près ceux d’Athesto.

- Oui, c’est magnifique…

Elle l’avait autant dit pour qu’Athesto apprenne à dire ces mots correctement, que pour lui faire savoir qu’elle partageait son sentiment. Le vent chantait autour d’elle, et Elera leva les bras pour lui offrir ses paumes, sa chanson l’emplissant d’une joie devenue rare ses derniers temps. C’était là haut, entre ciel et terre, trop haut pour faire partie du monde tellurien, trop bas pour voler dans le rêve céleste, à la pointe de ce poste d’observation qui lui offrait une vue sur les deux univers, qu’Elera contemplait le mieux la beauté de la vie… L’aspiration soufflait en elle, son corps vibrait au rythme du soleil, et elle devenait joie de vivre alors que le sentiment disséminait toute autre préoccupation. Il n’y avait plus que le ciel, la vue, le vent, et elle. Elle, et Athesto… Leurs yeux se croisèrent, yeux jumeaux dans lesquels brillaient les mêmes espoirs, alors que l’apprentie comme le maître s’apprêtaient à avancer plus loin sur la Voie, ensemble. La phrase s’envola pour se noyer dans le bleu cobalt d’un ciel limpide et vide de toute intempérie.

- Bienvenue chez les Marchombres, Athesto.

Puis elle resta là, debout, respirant lentement, au rythme du vent, de son cœur et du calme environnant. Sérénité. Elles restèrent longtemps ainsi, à observer le panorama, Elera certaine qu’elle pourrait rester des journées entières à suivre des yeux la ligne d’horizon qui se profilait au loin sans jamais se lasser. La faim n’existait pas, la fatigue non plus, et ses jambes pourraient la soutenir toujours encore, la douleur n’existant plus au sommet des vivants. L’instant était éternité, l’éternité était instant, et plus rien n’avait d’importance que la brise et les formes miroitantes qui les entouraient. Elle finit par briser le temps figé par elles, pourtant, alors que le soleil était monté encore pour changer la luminosité du paysage, leur donnant de nouvelles choses à voir là où leurs yeux étaient restés fixés si longtemps déjà. Ce ne fut qu’un murmure, doux et calme, encore, simple hypothèse sans conséquence qui ne fut pas accompagné du moindre geste.

- Pose tes questions, si tu en as.

Si elle n’en avait pas, elles resteraient encore. Ou elles descendraient. Elles resteraient ensemble, ou elles se sépareraient. Ou autre chose, si l’envie les guidait ailleurs… Le futur n’était qu’un amas de possibilités éthérées, toutes aussi lointaines les unes que les autres, et seul le présent lui semblait réel. La suite disparut dans le brouillard de son esprit, et seule la réponse d’Athesto garda de l’importance.

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MessageSujet: Re: Et le vent brouillera mon reflet pour laisser vivre mon âme... [Terminé]   Et le vent brouillera mon reflet pour laisser vivre mon âme... [Terminé] Icon_minitimeVen 12 Fév 2010 - 19:50


Il n'y avait pas un seul nuage dans le ciel. Limpide, le bleu du ciel emplit le cœur d'Athesto d'un sentiment qu'elle mit un certain temps à identifier. Un sentiment nouveau. Elle ne lui trouva pas de nom, se contenta de le conserver en elle comme une perle minuscule, avec, d'abord, la peur qu'elle ne s'évade; puis, une fois après avoir constaté qu'elle ne fuyait pas, la fit enfler en s'imprégnant de ce qui l'entourait.

C'est magnifique.

Une voix tranquille lui souffla qu'elle se souviendrait longtemps de cette phrase. De cette formule. Magique.

Lorsque Elera la prononça, Athesto fut traversée d'une émotion étrange. La marchombre semblait, en répétant les mots de son apprentie, sceller la promesse de la Voie sur laquelle elle allait la guider.

- Bienvenue chez les Marchombres, Athesto.

La phrase de la marchombre certifia cette pensée. Athesto sentit, sans vraiment le savoir, que son choix avait été le bon. Elle en apprenait de plus en plus sur les marchombres, et si son savoir restait encore limité, elle ne pensa pas un instant qu'elle avait pu se tromper de tournant. Confiante. Il ne lui restait plus qu'à avancer encore et encore vers son but qu'elle, aussi loin qu'il pouvait être, atteindrait. Et dépasserait. Elle se le promit, devant le monde et la vie qui l'attendait en contrebas.

Et au sommet de cet endroit.

Ses yeux croisèrent ceux de la marchombre et elle lui sourit. Le vent emporta le merci qu'elle avait soufflé à son intention. Néanmoins, elle ne se répéta pas. Elle aimait imaginer que son maître ait pu entendre ce remerciement porté par le vent. Et puis, elle pourrait le lui répéter. En trois ans, elle aurait le temps.

Elle se détourna et se replongea, vibrante et immobile, dans le paysage. Longtemps, elles restèrent, sans un geste mais tellement vivantes, à respirer au rythme que leur dictait une force incompréhensible, les cheveux rejetés en arrière par le vent, les joues rougies par le froid et les yeux brillants, à contempler le spectacle qui s'étalait sous ses yeux. La pâleur du ciel, l'émeraude des forêts, les miroirs formés par les lacs et étangs des alentours, et la splendeur magnificence de l'Académie de pierre qui s'étendait sous leurs yeux.

Ici, tout s'oubliait. Ou plutôt, tout était surpassé par la puissance des éléments. La douleur, les doutes, la peur, la fatigue, la différence, l'incertitude, tout s'abandonnait devant cette éternité de mouvement qu'était la vie. Athesto, pour une fois depuis longtemps, était en paix. Elle ne se souciait pas de savoir si cela allait durer. Elle profitait simplement du battement profond de son cœur et du rythme lent de sa respiration, qui s'étaient accordés à la sérénité du lieu.

En bas, dans la cour que la fontaine baignait d'un gargouillis apaisant, des élèves marchaient. Sans les voir.

Athesto suivait des yeux la ligne brouillée de l'horizon que le soleil descendant avait parsemé d'ocre quand un murmure parvint à la faire sortir de sa transe éveillée. Elera.

Alors, épuisée par l'émotion et le temps incertain qu'elle avait passé debout, elle s'effondra, et tomba, assise, sur le sol de pierre. Ce qui ne l'empêcha pas de soupirer en regardant la perfection du ciel illuminé par un astre flamboyant.

Avait-elle des questions?

Oui.

Trop.

Il y avait des milliers de choses qu'elle aurait aimé savoir sur les marchombres, sur des centaines d'autres choses encore; mais malgré la clarté dans laquelle son esprit se trouvait, elle avait du mal à la exprimer correctement. Elle voulait savoir trop de choses pour que cela fût bien organisé. Alors, caressant du plat de la main les pierres chaudes du bâtiment, elle demanda, aussi incongru que cela puisse paraître :

-Que y avoir sous nos pieds ?


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MessageSujet: Re: Et le vent brouillera mon reflet pour laisser vivre mon âme... [Terminé]   Et le vent brouillera mon reflet pour laisser vivre mon âme... [Terminé] Icon_minitimeDim 21 Fév 2010 - 17:04

Son Être était Gratitude. Elle vibrait dans chacune des fibres de la demi-faëlle, cavalait sur sa peau claire d’humaine, douchait son visage éclatant de lumière. Elera ne savait pas à qui elle était adressée, si elle lui était destinée ou si c’était la vie qu’Athesto remerciait ainsi, de toute son âme. La vie, l’avenir, les portes ouvertes et les chemins qui l’avaient menée jusqu’ici. Le paysage, le ciel et la toile étoilée d’existences entrecroisées. Le monde dans lequel elle venait d’entrer, celui des humains, mais aussi celui des Marchombres, dont la Voie semblait filer transcendante sans jamais entraver les autres chemins qui parcouraient la terre. Elera ne savait pas. Mais, les yeux fixés dans ce bleu qu’elle ne pouvait pas décrire, et qui semblait la noyer dans sa pureté, elle aussi Remerciait. Pour tout cela, pour l’apprentie qui venait d’attacher ses pas aux siens, et pour plus encore. Pour Anaïel qui lui avait rendu espoir, pour les ailes d’un ange de feu, pour Lya dont la détermination avait remis ses pas fatigués sur une voie qui ne lui demandait que d’avancer. Pour Tout. Et puis pour cette question, cette simple question incongrue que le vent n’osa pas leur voler en sentant sa pointe joyeuse et curieuse fuser de l’esprit vif pour se fondre dans les pierres réchauffées par le soleil.

Il finit par la prendre, pourtant, pour chérir la curiosité enfantine de cet être balançant entre deux mondes, et la répéter à qui voudrait entendre, la siffler aux oreilles des vieillards assis devant leur porte, des enfants courant dans les rues avec leur chien, et jusqu’au voyageur qui, rêveur, levait le nez au lieu de regarder où les chevaux menaient sa charrette. Jusqu’au sourire d’Elera, qui laissa son souffle soulever ses poumons deux fois avant de répondre.

- Nous l’appelons –appeler- la Vigie. Plus haut sommet de l’Académie, c’est là que viennent, venir, les Dessinateurs pour observer la vue. Un rideau bleu en constitue la porte, interdisant -interdire-, l’accès à tous ceux dont le Don du Dessin ne coule pas dans leurs veines. Je n’ai jamais essayé de le franchir. N’en ai jamais eu – avoir - envie.

Envie qui, mêlée à la curiosité, semblait brûler dans les yeux d’Athesto. Gentiment, elle murmura :

- Je ne connais aucun Marchombre Dessinateur. Les deux Voies semblent sinuer à distance, chacune formant leur art sans jamais mélanger les deux.

Ces mots n’empêcheraient sûrement pas Athesto d’essayer de traverser le rideau, si elle le souhaitait, ou tout du moins c’était ce qu’Elera espérait. Essayer. Avancer. Former sa Voie à force d’exploration, de volonté et de chemins propres à soi-même. Quoique les autres aient faits avant nous, quoiqu’aient été leurs échecs. Pour savoir, et goûter soi-même à la vie, au lieu de s’en tenir aux Possibles des autres. Mais sa réponse n’était pas terminée.

- Il est dit que seuls les Dessinateurs peuvent –pouvoir- entrer dans la Vigie et observer les contrées de Gwendalavir d’en haut… mais nous, Marchombres, créons nos propres portes.

Les Dessinateurs n’avaient jamais senti le vent s’insinuer dans leurs cheveux alors que, une journée entière, ils restaient immobiles à fixer le soleil, écartant le froid, la faim, la soif, les muscles avides de mouvement dans un monde qui n’existait que dans cette seconde égrenée de beauté insondable. Elera se laissa glisser en bas de la coupole, suivant les tuiles incrustées de ses pieds dansants, arrivant au bout pour regarder la cour en bas, avant de faire demi-tour, observant l’autre côté du toit, cette fois-ci, et ce qu’il recelait derrière sa structure imposante. Elle se jouait du monde, en emplissait ses yeux améthystes des merveilles qu’il parsemait partout pour ceux qui savaient l’écouter. Avec leur âme…

- C’est tellement beau en haut. Mais je crois qu’en y restant toujours, ce qu’il y a d’autre sous nos pieds me manquerait trop.

Elle crocheta une tuile, se balança un instant dans le vide, puis ouvrit ses doigts et chuta. Le bruit fut presque imperceptible lorsque la plante de ses pieds rentra à nouveau en contact avec les dalles horizontales de la cour, qu’elle caressa un instant du bout des doigts avant de se relever, en même temps que ses yeux qui remontèrent vers les toits où se tenait encore Athesto.

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MessageSujet: Re: Et le vent brouillera mon reflet pour laisser vivre mon âme... [Terminé]   Et le vent brouillera mon reflet pour laisser vivre mon âme... [Terminé] Icon_minitimeJeu 25 Fév 2010 - 20:57

Alors, elle irait.

Quelque chose au fond d'elle lui soufflait qu'elle ne passerait pas cette mystérieuse barrière, mais elle était décidée. Obstinée.

Qu'importait le fait qu'il n'existe pas de Marchombres-Dessinateurs -mais le fait qu'Elera n'en ait jamais rencontré excluait-il la possibilité qu'il en existe?- ; qu'importait le fait que, à demie Faëlle, il était peu probable qu'elle ait plus de Don qu'un poulet en rut (xD) et, négligeable le fait qu'Elera n'en ait jamais eut envie. Avait-elle besoin de savoir qu'elle y soit allée ou pas pour, elle, décider de tenter l'expérience? Non.

Elle irait. D'abord pour voir à quoi pouvait ressembler une porte barrière bleutée et magique, ensuite pour essayer de franchir cette terrible limite imposée par de prétentieux Dessinateur décidés à établir des frontière; et à creuser ainsi un fossé de plus entre les êtres. Pourquoi réserver le passage à ceux de leur caste, si ce n'était pour montrer leur suprématie sur les êtres normaux?

Sans le montrer, Athesto était révoltée. Qui donc pouvait s'amuser à dresser des barricades pour sélectionner une bande d'individus qui ne devaient leur originalité qu'à un mystérieux don tombé comme par magie du ciel ? Les dessinateurs n'avaient pas d'autre mérite que celui d'être né sous la bonne étoile du Dessin. Et ils se permettaient de sentir au dessus des autres, et d'exposer leur sentiment de suprématie au grand air!! Il n'y avait aucune gloire à en tirer.

Une flamme rageuse naissait dans ses yeux et, sans chercher à la cacher, elle dévisagea intérieurement l'image qu'elle avait des Dessinateurs. Etrangement, elle en savait beaucoup, sur eux et sur leur prétendu Don, et ce de part la bouche de son père... Qui lui racontait toujours sa rencontre avec un dessinateur de talent... Ivre et occupé à bombarder une façade avec des tomates toutes droit sorties de son Imagination. La bouche de la demi Faëlle s'étira dans une mimique mémorable.

Les Dessinateurs.

Méprisables et...

Incompréhensibles.

Mais les deux étaient peut-être de mise?

Les humains étaient, -une preuve de plus-, vraiment très complexes. Jamais un Faël, elle, son père ou un autre, n'aurait attendu, devant sa cheminée durant une vingtaine d'années, dans l'espoir qu'un miracle naisse dans son esprit comme une évidence; et ce pour allumer un feu sans utiliser ses mains. C'était à la limite du risible. Comment pouvaient-ils connaître la vie, la réalité, si un magnifique Don leur facilitait jour et nuit la tache? Jamais ils ne connaîtraient la joie de... La marche, de l'escalade, de l'effort récompensé si ils se contentaient d'user cette alternative devant le combat! C'était... Monstrueux.

Alors, si elle ne pouvait pas passer, elle ouvrirait sa propre porte. Et si elle passait, elle ouvrirait sa propre porte quand même.

Perdue dans ses pensées, elle n'avait pas suivit le manège d'Elera qui observait les environs sous différents angles. Elle n'entendit pas non plus la dernière phrase, sibylline, qu'elle lança dans le vent... Avant de se laisser tomber du toit.

Athesto tressaillit. La hauteur était démentielle, le vent trop fort, le sol trop dur pour exécuter un saut pareil sans en ressentir de néfastes conséquences!

Elera atterrit sur le sol sans une égratignure. Comme un chat. Souple et vive.

Athesto se demanda si elle attendait d'elle la même chose. Elle faillit rechigner, mais elle était l'élève; et Elera le maître.

Imitant ses gestes, elle se leva, glissa sur les pierres de la coupole, faillit perdre l'équilibre quand son pied se glissa dans une petite faille, se récupéra en écartant les bras, et sauta sur les tuiles. Elle marcha, d'un pas vif, jusqu'au bord du toit puis marqua une hésitation.

Le toit. Le mur. Le sol. Elera.

Un saut. Une chute. Un maître.

L'envie de progresser. Le besoin d'avancer et de se dépasser.

A la manière des Faëls, elle sauta et se retourna dans le vide à la dernière seconde, juste à temps pour se saisir du bord du toit. La tuile qu'elle tenait, instable, ne lui offrait qu'une misérable prise insuffisante pour maintenir en l'air son corps irréfutablement attiré par le vide.

Décidant qu'il valait mieux choisir de chuter que de subir la chute, elle posa ses pieds à plat contre le mur et donna une petite impulsion pour projeter son corps en arrière. Et lâcha prise.

Le vent s'engouffra dans son uniforme pour la ralentir, mais elle du luter contre le vent pour ne pas être projetée contre les pierres durant l'imperceptible écoulement du temps que dura sa descente. La tête à 30 centimètres du mur, elle toucha enfin le sol, et se réceptionna, accroupie, dans un sinistre craquement de cheville. Elle gémit et, emportée par son élan, effectua une roulade arrière qu'elle termina debout. Sa cheville fut traversée d'un vague de chaleur. Serrant les dents, elle la secoua, et la douleur diminua, sans disparaitre. Habituée des fractures, elle était presque certaine que son pied n'était ni cassé, ni fêlé. Elle avait eut de la chance.

Elle ne parvint à retenir un soupir de soulagement.

Elle était en un seul morceau et elle ne s'était pas éclatée la tête contre le mur.

Alors, elle releva les yeux qu'elle planta dans ceux d'Elera, dans un air de défis. Tu vois, j'en ai été capable, je l'ai fait, semblait-elle penser.

Et, au fond de ses yeux, résidait encore le méprit qu'elle avait envers les Dessinateur et les dresseurs de barrières.

-Je vais aller dans Vigie. Je essayer de passer. Je peut-être alors comprendre pourquoi cette porte-limite avoir étée érigée, dit-elle, sans parvenir à contenir une pointe de colère contre les créateurs de cette porte.


Elera
Elera

Marchombre
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MessageSujet: Re: Et le vent brouillera mon reflet pour laisser vivre mon âme... [Terminé]   Et le vent brouillera mon reflet pour laisser vivre mon âme... [Terminé] Icon_minitimeSam 6 Mar 2010 - 15:16

Tellement de colère étouffée dans les prunelles d’Athesto, qui étaient devenus le reflet de la maison enflammée dans laquelle Jehan l’avait répartie. Tellement de rage, d’indignation qui l’emportait irrémédiablement au cœur de pensées-tourbillons qui siphonnaient autour de son incompréhension. Elera ne s’inquiétait plus sur le fait qu’elle laisse de simples mots et la décision d’un autre l’empêcher de sinuer sur sa voie ; l’idée n’aurait jamais dû lui traverser l’esprit. C’est plutôt le rejet en bloc et cette grimace de mépris sur le visage de son apprentie qui traça une fine ligne sur son front, comme pour continuer le long de l’arrête de son nez. Et puis Athesto s’approcha du toit, son courroux vibrant encore autour d’elle, et sauta à son tour.

Elera ne bougea pas.

Elle avait su, dès les premiers instants de la chute, qu’Athesto avait bien amorcé sa descente et qu’elle ne devrait pas se faire trop mal, et avait senti que son intervention ne serait pas la bienvenue; il fallait qu'elle réussisse seule. Elle se réceptionna correctement en effet, malgré la peur qui s’enfuyait de son cœur trop rapide et de la douleur qui s’échappait de sa cheville pour pulser chaleureusement. Elle lui lança ce regard de défi qui signifiait qu’elle ne laisserait rien l’arrêter, qu’elle ne laisserait jamais aucune barrière l’empêcher de voler libre, et ce fut comme un nouveau coup de poing dans l’âme de la Marchombre. Ena avait-elle ressenti la même chose en voyant ses élèves embrasser la Voie ? En voyant la détermination briller si fort qu’elle aveuglait ? La phrase suivante expliqua la réticence et la presque-haine qu’Athesto avait envers les Dessinateurs, mais c’est avec une question sans rapport qu’Elera répondit, se remettant encore de ce coup de poing abstrait qui remuait son âme :

- Pourquoi es-tu descendu de la même manière que moi ? Pourquoi... Pourquoi toi descendre comme moi ?

Elle ne lui avait pas demandé de sauter. Ne lui avait pas interdit d’utiliser le mur, au lieu de former une arabesque au creux du vide avant de rejoindre la plénitude du sol. La jeune fille avait eu peur de sauter, chancelant au bord de ses indécisions, avant que sa détermination, son courage et sa force d’esprit ne dirigent le saut. Avant de choisir l’inconnu et le danger, plutôt que l’habitude et la sécurité. Elle avait choisi de suivre la voie ouverte par Elera, plutôt que de s’inventer sa propre descente, aussi. C’était un choix comme un autre, qu’Elera ne jugeait pas. Elle voulait comprendre pourquoi, simplement. Aider son apprentie à prendre conscience de ses propres choix, de ce qui l’avait modelée et l’influençait encore. Tant qu’elle ne saurait pas pourquoi elle agissait comme elle le faisait, comment pourrait-elle se libérer de l’emprise des Intempéries qui l’entouraient ?

Elle attendit la réponse avant de se replonger dans le Dessin qui animait une réaction si vive de la part d’Athesto. Elle prit le temps de chercher ses mots, incertaine de ce qui répondrait le mieux aux interrogations de la jeune fille. Comment expliquer des certitudes qui pulsaient en elle depuis toujours ? Elle n’avait jamais voulu entrer dans la Vigie, n’avait jamais voulu essayer de passer le rideau d’énergie bleutée. Si cela avait été le cas, elle l’aurait fait, tout simplement, comme elle était un jour entrée dans les Spires par curiosité, avec l’aide d’une Dessinatrice. Pour voir. Mais elle aimait la Voie des Dessinateurs comme elle aimait celle des Rêveurs – elle la respectait de loin, sans ressentir le besoin d’aller y voir de plus près ou d’embrasser leurs idéaux. Elle était Marchombre, et c’était la seule chose qui comptait. Alors elle chercha comment lui dire le respect, la tolérance et la distance. Elle chercha, puis ses mots coulèrent comme de la sève liquide sur l’écorce séchée :

- Ne les condamne pas pour leurs différences, Athesto. Leur voie est tout aussi belle que la nôtre à leurs yeux. Les Spires sont aussi magnifiques que ce que tu as vu là haut, simplement différentes…

Mais ce n’était pas exactement le Dessin que repoussait Athesto, plutôt le comportement des hommes qui en profitaient, attendant leur Don, se considérant comme supérieurs pour ce cadeau que les autres n’avaient pas, seuls à pouvoir profiter de la Vigie ou protéger Gwendalavir, Sentinelles de l’Empire au bord de ses frontières. Ne voyait-elle pas que tous les Dessinateurs étaient différents, tout comme deux Marchombres identiques ne pouvaient pas être trouvés ? Elle laissa le silence s’étendre encore un moment, puis les explications s’égrenèrent, peut-être pour se perdre, peut-être pour atteindre leur but, elle ne savait pas. De toute façon, il faudrait autre chose que des mots pour convaincre Athesto ; il lui faudrait voir par elle-même, découvrir la vérité et se former sa propre opinion de ce qu’elle percevrait.

- Tout comme tu as sauté et repoussé ce que tu croyais impossible, eux aussi passent leur temps à dépasser les limites, en avançant toujours plus loin sur les chemins de l’Imagination. Cette porte-barrière n’en est qu’une de plus. Ils créent le feu d’une simple pensée, nous le créons de nos mains, chacun sinuant sur son propre chemin pour arriver au même endroit. Ils Imaginent une échelle, puis descendent tranquillement là où tu dois te contenter de la réalité qui t’entoure. Tu sautes, et survis, là où ils se seraient brisé le cou. Quelle importance, qu’ils passent à travers le rideau bleu et nous par le toit ? Le résultat est le même. Quelle importance, qu’ils puissent entrer dans la Vigie et que d’autres non ? Il y a tellement d’autres endroits qu’ils ne verront jamais, et où tu peux te rendre à chaque instant…

C’est en essayant d’expliquer ceci qu’Elera prit conscience de la difficulté de la langue humaine, qui venait si naturellement à ses semblables. Elle ralentissait, répétait, donnait l’infinitif des verbes et devait parfois reformuler, tournant sa phrase dans l’autre sens pour que la lumière d’incompréhension disparaisse du visage de la demi-faëlle. Les concepts finirent par être partagés, pourtant, et elle se tut enfin, ses yeux glissant sur la silhouette indépendante qui lui faisait face, s’arrêtant un instant sur le coup de soleil qui commençait à se faire remarquer sur son visage doux, après une journée passée à offrir sa peau au soleil et aux cieux. Le même devait colorer ses propres joues, mais pour le moment, elle ne sentait rien. Les pupilles d’Athesto continuaient à briller, et l’affirmation qui avait précédé les explications d’Elera continuait à résonner autour d’elle. Je vais aller dans la Vigie. Je essayer de passer. Deux certitudes sédentaires qui ne laisseraient rien les ébranler. Alors Elera sourit, puis murmura deux mots dans la langue des Faëls.

- Va. Vois.

Pas des ordres, comme ils auraient pu le sembler en humain, mais deux prières pour l’accompagner ; deux espoirs, qu’elle suive son chemin et qu’elle comprenne ce qu’elle cherchait à comprendre au bout de celui-ci. Autour d’elles, quelques étudiants commençaient à sortir dans la Cour, papotant joyeusement après les cours, sans regarder plus que nécessaire les deux jeunes femmes qui s’y tenaient déjà. Au dessus d'elles, les rayons du crépuscule teintaient d'or la coupole de cet endroit interdit, condamné par une porte d'eau qui ne mouillait pas... Elera avait hâte. Hâte de savoir ce qu'une simple porte, fût-elle créée par le meilleur des Dessinateurs, pouvait faire face à ce corps de détermination qui s'apprêtait à la traverser...

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MessageSujet: Re: Et le vent brouillera mon reflet pour laisser vivre mon âme... [Terminé]   Et le vent brouillera mon reflet pour laisser vivre mon âme... [Terminé] Icon_minitimeLun 5 Avr 2010 - 12:17

Alors, pour la première fois depuis que leurs deux chemins s'étaient croisés, Elera sembla prise au dépourvu. Ses yeux violets oscillèrent un instant de la valse de l'incertitude; et sa question, pourtant claire, fut par deux fois répétée. Athesto, remise de sa descente, sourit.

À Elera.

À la question.

Marchombre n'était donc pas un synonyme d'Omniscience. La voie qu'elle avait choisie n'était ainsi donc pas parée de certitudes. La liberté était ouverte à la découverte. Le mouvement de la vie entraînait virages et changements.
C'était mieux.

Incapable de prédire si elle en serait capable, elle se promit de faire de tout son possible pour se souvenir de cette évidence si facile à oublier. Pour lire à nouveau ce si bel étonnement dans les yeux de son professeur.

De son guide.

C'était ce guide qu'Athesto avait suivit dans une chute vertigineuse; dans une descente dépendante de sa volonté. C'était aussi, qu'elle se l'avoue ou non, par défi, comme pour se prouver qu'elle était digne de la suivre; par respect, car si Elera ouvrait la Voie devant elle, elle se devait de faire tout son possible pour y rester et en comprendre les aléas. Et si cette Voie était la vie, elle était décidée à aller jusqu'au bout. Et plus loin encore.

Si elle avait bondit, ignorant les signaux d'alarme qu'hurlaient son cerveau " Toi pas sauter sinon toi risquer BOUM ", c'était aussi pour repousser ses limites. Pour sentir à nouveau sa vision s'aiguiser, son cœur bondir dans sa poitrine, son souffle s'accélérer, à cause d'un risque prit volontairement; pour savoir le vent dans ses cheveux, le mouvement de son corps dans l'air durant cet ultime instant d'éternité qu'était le saut dans le vide.

Elle frissonna. Du danger, la chute était la sève et l'atterrissage l'ambre. Sauter, éprouver cette intime sensation de vertige et de défaillance au plus profond de soi ? Et ensuite, faire entièrement confiance à son corps, ses réflexes, ses ressources, pour arriver saine et sauve ?
Si la présence d'Elera ne la retenait pas au sol, elle aurait re - escaladé le mur et sauté une deuxième fois, par plaisir et pour tenter de repousser la peur qui l'avait saisie, là haut.

Mais elle devait une réponse à son professeur.

-Je t'avoir suivie dans ta... Chute? Descente? ...ton saut car je avoir... C'était si dur à exprimer! ...envie de progresser, pour devenir Marchombre et je... Ressentir le besoin d'avancer et de me dépasser. Je avoir eut peur de sauter et je avoir eut besoin de dépasser cette peur. Car je savoir dé-grimper; et si je dé-grimper ici pour descendre je ne pas progresser.

Elle soupira. Cette explication était loin d'être claire et elle détestait cette manière brouillone qu'elle avait de s'expliquer. Lui vint alors l'idée d'une métaphore.

-Ce être trop facile de rester sur les chemins que je connaître déjà. Je passer par forêt, je devoir faire attentions prédateurs et pièges et alors je découvrir ce que je ne connaît pas. Persévérer à rester dans ce qui m'être connut est dommage quand inconnu sonner à ma porte.

Athesto soupira à nouveau et sa bouche rose se tordit dans un rictus malhabile. Elle était gênée de ne pas pouvoir offrir une meilleure réponse à Elera. Elle passa une main dans ses cheveux. La cascade brune ondula jusqu'au creux de ses hanches, et Athesto la ramena sur son épaule. Elle passa une mèche qui tombait sur son front derrière son oreille. Son nez commençait à s'échauffer, et elle en déduit qu'elle avait attrapé un Tatouage-façon-soleil, comme disait son père. Ses yeux étincelèrent. Son père. Il lui manquait. La forêt veillait-elle sur lui ?

La Marchombre se remit à parler. Athesto fronça les sourcils. Les Spyhrres ? Qu'est-ce que c'était ? Elle ne demanda pas. Irait chercher par elle-même, plus par curiosité que par réel intérêt. Elle eut alors un petit sourire triste. Elera n'avait pas comprit. La demie Faëlle voulait bien la croire quand elle lui affirmait que le Dessin était une belle chose, bien qu'elle n'aurait certainement jamais les moyens de vérifier. Les différences des Dessinateurs lui importaient peu. La rage qui l'avait envahie était due au fait qu'ils profitent d'un Don; qu'ils n'avaient en rien mérité, qu'ils ne devaient qu'à leur bonne étoile et à leurs parents; pour bâtir des limites qui excluaient tout ceux qui n'avaient pas eut la même chance qu'eux ?
Mais Elera reprit ses explications.

Compliquées. Athesto parvint à en retenir l'idée générale, et se dit qu'elle avait peut-être raison. Son animosité à leur égard diminua mais elle préférait attendre de voir par elle-même avant de tirer des conclusions et des préjugés. Il était temps qu'elle se rendre à la Vigie.

A Elera, elle ne su pas quoi répondre. Elle trouvait, au contraire, que le fait que certains puissent entrer dans la Vigie et que d’autres non était invraisemblable. Et peut-être humain. Mais le vocabulaire lui manquait, la grammaire nécessaire à exprimer son idée aussi, alors elle ne dit rien. Regarda Elera dans les yeux.

- Va. Vois.

Elle tressaillit en entendant sa langue. Elle s'inclina brièvement, remerciant Elera pour sa bénédiction, pour son aide et la Voie qu'elle lui offrait. Sentant que la jeune femme closait ainsi leur "entrevue" peu ordinaire, Athesto lui lança la sourire le plus éclatant dont elle était capable, se retourna, et sans précipitation, prit la direction de la Vigie.

Determinée.


[Rp terminé, pour une suite prochaine, rendez-vous à la Vigie =)]

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Et le vent brouillera mon reflet pour laisser vivre mon âme... [Terminé]
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