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| Quand le vent souffle, ce n'est pas tant que les cheveux volent, c'est que la liberté se débride [Terminé] | |
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Messages : 510 Inscription le : 20/07/2010 Age IRL : 29
| Sujet: Quand le vent souffle, ce n'est pas tant que les cheveux volent, c'est que la liberté se débride [Terminé] Lun 17 Oct 2011 - 21:24 | | | Ça faisait une semaine qu’il pleuvait sans interruption. Tous les jours, à chaque heure du jour, à chaque heure de la nuit. Le ciel se déversait. Le monde était devenu une flaque. Plic, ploc. Gwëll rêvait de pluie. Ça faisait une semaine qu’elle rêvait de pluie. Chaque nuit, à chaque rêve, elle revenait. Le ciel se déversait même dans son inconscience. Ses rêves étaient devenus des flaques. Ploc, plic.
Gwëll ouvrit les yeux, lasse, déjà. Elle soupira, pensa à tout ce qu’elle ne pourrait pas faire, aujourd’hui encore. La liste était longue. Depuis une semaine qu’elle restait enfermée, elle avait l’impression de tourner en rond. Comme un poisson dans son bocal. À la seule différence que l’eau était en dehors du bocal. Elle soupira encore une fois. Le premier jour, elle avait regardé la pluie tomber. Le deuxième jour, elle en avait fait autant. Le troisième jour, elle avait essayé de voir à travers le rideau de pluie. Le quatrième, lassée, elle avait déambulé sans but dans le couloirs. Le cinquième, courbatue de sa marche, elle était retournée à son poste devant la fenêtre. Le sixième jour, elle avait pris un livre. Le septième, elle avait pris deux livres. Elle ne se sentait pas la force de faire pareil un jour de plus. Elle avait l’impression d’avoir lu toute la bibliothèque et l’idée de s'asseoir dans un fauteuil pour regarder le ciel goutter ne lui disait rien qui vaille.
Elle ferma un instant les yeux et songea à se faire passer pour malade et à dormir toute la journée. Puis elle les rouvrit, prise d’un doute soudain. En une semaine, elle s’était accoutumée à ce petit bruit, ce son doux et infini. Mais là, il lui semblait bien, il s’était arrêté. Ce n’était plus cette musique cristalline qui lui venait aux oreilles, c’était plutôt un petit sifflement, comme si une flute jouait au loin. Depuis son lit, la jeune fille se laissait porter par les notes claires et fraiches alors qu’elle renouait petit à petit avec le sourire. La pluie avait donc cessé.
Sur la pointe des pieds, étant donnée l’heure matinale, elle se dirigea vers la fenêtre. Emplie d’espoir, elle tira le rideau. Il ne pleuvait plus. Seul le vent agitait les feuilles des arbres que le soleil n’éclairait pas encore. Son sourire s’agrandit encore. Plus vite, avec moins de considération pour ses camarades de dortoir encore endormies, elle courut à son armoire. Empressement et au hasard, elle se saisit de vêtements et les enfila. Puis elle empoigna une veste et fila en coup de vent.
Galopant à travers la sylve, passant outre les obstacles, Gwëll sentait, en elle, s’agiter sa liberté. Une liberté de penser, une liberté de ressentir, une liberté d'être, une liberté d’agir, mais d’abord et surtout, une liberté de ne plus penser, de ne plus ressentir, de ne plus être, de ne plus agir. C’était donc cela être réellement libre. Avoir la possibilité d'être ce qu’elle voulait être, mais surtout, de ne pas être ce qu’elle ne voulait pas être. Pourvoir se libérer de toute contrainte matérielle. De ne plus rien être, un instant seulement. Car la liberté, c’était avant tout ça. Pouvoir choisir, mais ne pas devoir choisir. Être libre juste pour un temps...
Le petit cheval accéléra encore. Dans son dos, ses cheveux claquèrent alors que le vent redoublait d’ardeur sur son visage.
C’était tant la soif de liberté que l’envie de braver les vents qui les poussait à accélérer encore et toujours. Plus de limites, pas de peurs. Juste le vent sur leurs peaux. Juste le froid de l’air sur son visage.
Leurs cœurs palpitaient, leurs yeux brillaient. Ils étaient libres, plus rien ne les entravait plus. [Ben, comme tu m'avais proposé, il y a, je le reconnais, un certain temps, c'était pour Rper avec toi ] |
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| Sujet: Re: Quand le vent souffle, ce n'est pas tant que les cheveux volent, c'est que la liberté se débride [Terminé] Jeu 20 Oct 2011 - 22:21 | | | La pluie persistait depuis plus d'une semaine, les nuages ne voulant se mouver loin de là comme la mouche dans la toile brillante de l'araignée. Coincés ici, aucune brise ne semblait les faire bouger. Les élèves étaient coincés pour la plupart dans la grande Académie en observant les gouttes sur les carreaux de leur dortoir ou sur ceux de leurs salles de cours. Gareth, quand à lui, ne quittait que rarement sa volière, car la pluie, il la détestait. Il l'avait en horreur et plus encore sur son pelage. Il ne sortait de son antre seulement pour prendre quelques nourritures. Il fallait bien qu'il se nourrisse. Il avait profiter de cette semaine de pluie torrentielle pour s'occuper de ses précieux protégés. Faisant encore et encore leurs couches avec de la paille fraiche, réparant les cages de l'infirmerie improvisée, les chouchoutant plus encore, leur donnant leurs péchés mignons ou encore soignant les malades. Il avait constater d'ailleurs l'amélioration de la petite chouette qu'il avait retrouvé depuis peu. Son ami la crécerelle restait sans cesse à ses côtés même si elle aurait pu partir. L'honneur n'était jamais aussi forte que chez les animaux. Le fauconnier admirait cette incroyable qualité que dévoilaient ces deux oiseaux. Leur loyauté. Il entendait tout de même le son des gouttes de pluie sur le toit de la volière malgré les piaillements incessants des volatiles. Encore et toujours. Sans s'arrêter, elles devenaient presque monotones et affreusement normales. Il resserrait les liens d'une petite cagette lorsqu'il sentit un manque troublant. Il manquait une chose à la mélodie journalière que lui était ces heures passées dans la tour. Il manquait le son devenu si silencieux de la pluie. Levant les yeux de son travail, il regarda par la fenêtre non loin de lui. Un sourire s'étira sur ses lèvres. Le soleil n'était peut-être pas encore là, mais la pluie, elle, n'y était plus en tout cas. Les nuages se dégageaient gentiment. Ses pattes engourdies criaient au supplice et ses doigts meurtris par le travail ne demandait qu'à s'arrêter. Il laissait tout en place et sortit enfin de la volière, sa maison de fortune. Pourquoi ne pas en profiter et apprivoiser le félin en lui ? Il prit tout de même le temps d'observer le ciel un moment avant de décider de sortir. Il n'aimait vraiment pas la pluie. Il s'élança alors dans les couloirs de l'Académie et atteignit enfin l'entrée de celle-ci. Le soleil illumina d'un léger rayon la pleine qui se dressait devant lui. Un désir intense commença alors à s'insinuer en lui. Il voulait devenir puma. Lorsqu'il sortit des remparts de l'enceinte, il sentit une forte brise s'insinuer dans ses vêtements et mordre sa peau. Un frisson le parcourus de part en part. Un sourire. Il commença à courir. Si vite, qu'il ne sentait presque plus le sol sous ses pieds. Le simple plaisir de pouvoir enfin se retrouver à l'extérieur et de sentir l'air frais, lui illuminait sa journée. Au moins l'odeur des oiseaux le quitterait peut-être durant une journée. Il devrait certainement s'y remettre le lendemain. Lorsqu'il arriva enfin loin des regards curieux, il s'arrêta. Essoufflé, il ne savait pas s'il pourrait faire le chemin de retour à la même allure. Il s'assit alors dans les herbes. Fermant les yeux, il profita du silence du vent et de la caresse de ce dernier sur son visage. Inspiration, expiration. Laissant ses pensées s'évader, il se sentait libre. Inspiration, expiration. Il pensa à sa sœur. Que pouvait-elle bien faire ? Ils avaient toujours eu un lien impressionnant, mais il ne l'avait plus vu depuis plus de deux mois. Trop longtemps à son gout. Inspiration, expiration. Il était prêt. Il se releva sans toutefois ouvrir ses yeux. Une concentration maximale, une inspiration profonde, puis son image se troubla. Une queue, quatre pattes, une fourrure d'un beige éblouissant, deux oreilles pointues et le tout poilu de la tête à la queue. Le puma était là où se tenait Gareth il n'y avait de cela quelques instants. Bougeant ses membres les uns après les autres, il ronronnait de plaisir. Pour la première fois depuis qu'il était arrivé, il prenait plaisir à se métamorphoser. Le félin s'étira longuement avant de s'élancer dans une course folle. Il sentit soudain ses muscles jouer sous sa peau. Sa musculature féline fonctionnait comme une mécanique. Le roulement et les cliquetis du mécanisme lui fit tirer un rugissement digne de ce nom. Les odeurs changeaient. Il sentait tout à l'avance. Il vit arriver un siffleur à environ quatre-vingt mètres. Peut-être moins. Il fallait dire que les odeurs étaient plates sur le plateau. Elles laissaient des traces durables et avançaient plus rapidement. L'herbivore devait l'avoir aussi sentit, car lorsque le puma arriva au point où il l'avait repéré, plus rien. Décevant. Les sons aussi. Il entendit l'aigle haut dans le ciel, le bruit des sabots d'un cheval en plein galop et... D'un galop ? Le félin n'eut pas le temps de se stopper. Un cavalier déboula de derrière une colline à une vitesse ahurissante. La monture, effrayée par le puma qui s'était arrêter in-extremis avant de se faire piétiner, mit à terre la jeune fille qui se trouvait sur son dos. Elle se retrouva les fesses à terre et le cheval s'éloigna à tout allure. Le félin se releva sur ses jambes, mais lorsque la jeune fille l'apperçut, elle parut plus effrayée encore que sa monture. Il s'approcha doucement, dominant de sa stature la jeune fille. Gareth avait oublié qu'il n'était plus le jeune homme aux yeux bleu océan, mais le puma effrayant. Il rugit essayant de lui dire de ne pas avoir peur. Mais cela n'avait pas du tout l'air de fonctionner. Mais alors pas le moins du monde. [ Voilà, chose promise, chose due. J'ai poster aujourd'hui =) à toi de décider de se que Gwëll va faire, mais si problème ou que tu n'arrive pas à répondre, mp ] |
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| Sujet: Re: Quand le vent souffle, ce n'est pas tant que les cheveux volent, c'est que la liberté se débride [Terminé] Lun 24 Oct 2011 - 22:46 | | | Le vent soufflait sur son visage, l’air sifflait à ses oreilles. Leur course folle à travers les étendues sauvages les conduisait au gré du vent. Tantôt, ils filaient vers le soleil levant, tantôt, ils coursaient leur ombre. Mais toujours plus vite, sans jamais faiblir, sans jamais ralentir. Ils étaient libres comme l’air. Ils étaient plus libres que l’air.
Si les nuages vont avec le vent, c’est qu’en réalité, ils sont ce qu’ils paraissent être. Parfois noirs, parfois blancs. Décidés ou hésitants. Impressionnants ou impressionnés. Jamais pareils, mais toujours semblables. Et jamais libres. Flegmatiques ou pressés. Joyeux ou tristes. Solitaires ou nombreux. Toujours guidés. Toujours obéissants. Gwëll se moquait bien des nuages. Elle était libre. Et elle l’avait décidé.
Plaines, forêts, torrents, collines... le paysage défilait, changeant. Et pourtant, où que ce soit, il y avait les mêmes arbres, le même ciel bleu, le même soleil rougeoyant, la même terre, grasse imbibée d’eau de pluie. Partout où ils passaient, c’était la même chose. Et partout où ils passaient, c’était différent.
Les yeux grandis par l’émotion, Gwëll observait. Elle regardait, mais pourtant, elle ne voyait pas. Dilatée, sa pupille lui ouvrait le champ de l’invisible. Elle regardait le visible mais elle ne voyait que ce qui ne l’était pas. Elle voyait, par delà son regard, par delà les hautes cimes, par delà les longues plaines. Elle voyait tout ce qui donnait à la vie son éclat. Elle voyait les milliers de diamants, de paillettes, infimes, qui brillaient dans son regard. Ou alors étaient ce des larmes d’ivresse qui perlaient au coin de ses yeux ? Mais peu importait, puisqu’elle ne voyait pas le visible. Et si elle avait pu voir ce qu’elle regardait, elle aurait certainement pu éviter le pire.
Elle sentit son corps s’élever brusquement alors que son poids la tirait vers l’arrière. Elle bascula, surprise, alors que son champ de visions se réduisait. Elle se reçut, avec assez peu de grâce, sur le dos. Sa tête heurta violemment l’herbe grasse et s’enfonça dans l’épaisseur spongieuse de boue que la pluie avait laissée. Elle se redressa... ...et se retrouva nez à nez avec une bête velue au regard fauve.
Son sang se glaça. Un puma.
Le félin la fixait, vrillant ses iris mordorés dans les siens. Un regard calme, mais intense. Un regard de prédateur. Puis, sinistrement, il feula. C’était comme un glas qui aurait retenti. Elle allait mourir. Dévorée cette fois ci. Derrière les babines luisantes de rosée, la jeune fille devinait des crocs puissants. Parfaits pour couper. Idéal pour tuer.
Gwëll se sentit blanchir. Du fond de la clairière, retentissaient les hennissements affolés du petit étalon. Mais elle ne pouvait rien faire. Mis à part prier. Prier pour que le puma soit végétarien. Prier pour qu’il ait pris un solide petit déjeuné avec un verre de lait et deux tartines de Nutella *sbaff* .
-C’est pas vraiment très sûr que je sois comestible...
Il ne lui restait plus qu’à prier. |
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| Sujet: Re: Quand le vent souffle, ce n'est pas tant que les cheveux volent, c'est que la liberté se débride [Terminé] Mar 25 Oct 2011 - 20:35 | | | Plus le puma avançait, plus il pouvait ressentir la peur croissante de la jeune fille. Elle avait l'air si frêle et ne bougeait pas. Elle devait être paralysée par la peur. Le puma s'approcha d'elle encore, encore et encore. De plus en plus prêt. A présent, il pouvait presque toucher ses pieds de sa grosse patte de velours. Il ressentait son léger souffle rauque qui tentait en vain de l'atteindre alors que le sien, plus intense, plus puissant, la touchait sans peine. Sa queue fouettait l'air avec conviction. Il s'assit devant elle, ses deux immenses yeux rivés dans les siens bien plus petit mais pourtant impressionnant d'intelligence. Le fauve pencha la tête de côté observant encore la jeune fille. Il ne savait pas quoi faire. Son ventre ne lui parlait pas et il n'avait jamais tué un être humain sous cette forme. Il n'aimait pas tuer en tant qu'animal. Pas plus en tant qu'homme. Les pensées du puma étaient confuses avec celles de l'humain. Il ne savait pas si la jeune fille aurait moins peur avec la bête ou l'homme. Peut-être aurait-elle plus peur ? Il savait que la forêt la plus proche n'était pas à deux pas et il ne pouvait pas se métamorphoser devant elle. Gareth l'Homme réfléchissait. Il était difficile pour lui de laisser de côté l'instinct qui le poussait vers son double. Le puma. Il n'aimait pas penser avec lui. Il n'avait pas de réelles idées et ne pensait qu'à courir. C'était un félin, il avait des besoins faciles. Des instincts de prédateur. C'était pourquoi il essayait tant bien que mal de le contrôler afin de pouvoir réfléchir à une solution.
La jeune fille paraissait toujours aussi troublée et pas plus rassurée qu'il y avait quelques minutes. Une idée lui vint alors. Elle allait sûrement avoir une grosse frayeur, mais il le fallait bien si ils voulaient pouvoir être tous les deux à leur aise. Le métamorphe n'avait déniché que cette solution-ci. Malheureusement. Certes, il aurait pu s'enfuir, partir loin d'ici et la laisser tranquille, mais il ne pouvait pas. Elle l’intriguait tellement.
Il se leva alors, la surpassant de toute sa stature féline. Sur ses quatre puissantes pattes, il la fixait encore. Elle aussi. Commençant à grogner, ses crocs apparurent derrière ses babines laissant échapper une immonde bave visqueuse. Les yeux de la fille s'écarquillèrent. Sa peur n'était plus la même. Elle ressentait une terreur immense. Il n'avait pas bougé au contraire de la jeune fille qui se cacha les yeux pour se préparer à la fin. Juste se qu'il fallait au métamorphe. Il arrêta sa comédie et la silhouette de la bête se troubla avant de devenir le jeune homme aux yeux bleu océan. Avant de redevenir Gareth Wilth, le simple fauconnier. La jeune fille tremblait de peur et sursauta lorsqu'il posa sa main sur son épaule. Ses mains s'enlevèrent et elle le regarda droit dans les yeux. Il lut l'incompréhension en elle. Il tenta une phrase avec un peu de peine.
- C'est... c'est bon, le puma est parti.
Croirait-elle cet immonde mensonge ? Croirait-elle qu'un homme comme lui puisse éloigner un félin de cette taille ? Et resterait-elle ? Non, il n'était pas dupe. Il savait qu'elle ne le croirait pas. Qu'elle ne le croirait jamais. Pourtant il le souhaitait de toute son âme, de tout son cœur. Mais comment croire que le puma c'était évaporé comme ça au milieu de cette plaine ? Oui, un félin coure vite, mais un être censé savait que personne ne pouvait aller aussi vite. Elle ne le croyait sûrement pas et avait sans doute toujours aussi peur.
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| | Messages : 510 Inscription le : 20/07/2010 Age IRL : 29
| Sujet: Re: Quand le vent souffle, ce n'est pas tant que les cheveux volent, c'est que la liberté se débride [Terminé] Dim 13 Nov 2011 - 19:11 | | | Les prières, c’est bien, mais c’est pas très efficace. Ou du moins, celles de Gwëll n’étaient pas très efficaces. Le puma était toujours grand. Il ne semblait toujours pas végétarien. Et pas plus rassasié. Il faudrait donc qu’elle s’y fasse. Cette fois elle finirait vraiment mangée. Mais elle ne voulait pas le voir. Non, elle refusait de voir sa fin. Comme un livre. Parfois, on aime tant l’histoire qu’on ne veut pas qu’elle se termine. Alors on ferme le livre -ou les yeux, ça dépend du cas de figure- et on trouve autre chose à faire.
Gwëll ferma les yeux. Elle enfouit son visage dans ses genoux. Elle se cacha derrière ses bras. Ainsi, elle ne voyait rien, n’entendait rien, essayait de ne rien imaginer. Mais à chaque seconde qui s’écoulait, à chaque grain de sable qui tombait au bas du sablier, elle voyait les crocs blancs et luisants, elle devinait l’air farouche, elle visualisait la mort dans les yeux fauves. C’était le plus atroce spectacle qu’il lui avait été donné de voir. Le plus terrible. Le plus terrifiant. Mais surtout, le moins réel.
Le silence alentour lui fit ouvrir les yeux. Le contact sur son épaule lui fit relever la tête -ou bien était ce qu’elle avait sursauté ? Il n’y avait pas d’or, c’était de l’azur. Il n’y avait pas d’ambre, c’était pâle. Il n’y avait pas de puma, c’était un homme. Avait elle rêvé ? Rien de moins certain. Ç’avait été tellement percutant. Comme si... comme si ç’avait été réel. Et puis elle était là, assise, dans la boue, tremblotante, encore traumatisée. Ce n’était pas anodin. Si il n’y avait jamais eu aucun fauve comme celui qu’elle avait vu -imaginé ?- elle ne se serait jamais assise d’elle même sur ce sol humide et mou. Non, c’était vraiment impossible. Le pu...ma ? Par...ti ? Vraiment ? Elle pouvait donc souffler. Elle n’était pas encore complètement folle, il y avait bien eu un puma. Mais il était parti. Le jeune homme l’avait dit, il y avait eu un puma, mais il était parti. Il l’avait dit, ça devait être vrai n’est ce pas ?N’est ce pas ? Ça doit être vrai... vraiment ? Ce n’est pas un mensonge n’est pas ? Il devait être loin maintenant. Sinon, un jeune homme comme celui là ne serait pas là en face d’elle à la regarder. Non, si il y avait un fauve comme celui qu’elle avait vu avant, il aurait eu peur et il ne se serait pas approché. Alors le puma était parti. Gwëll souffla. Elle était donc hors de danger. Mais... Où est mon cheval ? Il a eu peur, il est parti... Jingle ? Jiiiiiingle ? S’époumonant pour tenter d’appeler le petit étalon, elle se releva. En face d’elle, le jeune brun la regardait, un air d’étonnement peint sur le visage. Il ne savait pas ce que c’était qu’un cheval ? Ahurissant tout de même...Ben mon cheval... Avec quatre pattes et une tête et des crins et... Tu ne sais vraiment pas ce que c’est ? Il était quand même drôle celui là ! Un cheval... Un cheval ? Ce n’était pas une licorne ni un centaure, c’était tout de même plus connu... Mais il faut bien des incultes n’est ce pas ? Des gens qui savent et d’autres qui ne savent pas. Certainement qu’il savait des chose qu’elle ignorait. Très certainement. La logique même. [désolée du retard... ] |
| | Messages : 164 Inscription le : 16/05/2011 Age IRL : 30
| Sujet: Re: Quand le vent souffle, ce n'est pas tant que les cheveux volent, c'est que la liberté se débride [Terminé] Dim 17 Juin 2012 - 19:45 | | | Gareth ne revenait pas du débit de parole de la jeune fille. Quelques secondes lui avaient suffit à changer du tout au tout, il n'avait jamais vu ça. Effrayée, apeurée, terrifiée, quelques instants plus tôt elle pouvait à peine bouger le petit doigt, tétanisée par la présence du fauve. Elle avait ouvert les yeux et était surprise de voir le fauconnier devant elle. Normal, deux minutes plus tôt se trouvait une bête féroce qui aurait pu la déchiqueter en quelques coups de crocs, il y avait de quoi avoir peur. Et de quoi être surprise de se retrouver soudain face à un homme en chair et en os. Un vrai humain, sans poils ni oreilles pointues, ni queue touffue, ni crocs impressionnants. Un être humain tout se qu'il y avait de plus normal. Enfin... C'était se qu'elle pensait sans doute, car Gareth était loin d'être un être humain tout se qu'il y avait de plus normal, loin de là. Être capable de se métamorphoser en une bête était loin d'être donné à tout le monde et le fauconnier aurait préféré que ça ne tombe pas sur lui, mais il n'avait pas trop le choix. On ne c'était pas penché au dessus de son berceau lorsqu'il était né afin de lui demander sa permission. Non, ça ne se faisait pas dans son monde. Il était né ainsi, sans demande spécifique. C'était sa nature, tout simplement. La jeune fille se demandait si cela était possible que le puma soit parti. Gareth s'y attendait un peu et il hocha la tête pour confirmer ses dires et essayer de rassurer sa pauvre victime. Elle lui demanda soudain si ce n'était pas un mensonge. Avait-il la tête de quelqu'un qui plaisantait sur une réalité telle que celle-ci ? Non, enfaite il était juste derrière elle et lui, il avait juste envie de la voir se faire dévorer, un sourire machiavélique aux lèvres. Ironique tout de même. Soudain, elle devint folle. Hurlant du plus fort qu'elle put – elle faillit d'ailleurs faire tomber le fauconnier à la renverse tant la surprise fut de taille – pour appeler son cheval envolé par la faute du félin. Par la faute de Gareth qui se sentit soudain très mal à l'aise. Par sa faute, la jeune fille venait de perdre un ami et son moyen de locomotion au même passage. Il était surpris de la puissance de sa voix et écarquilla ses yeux car jamais, au grand jamais, il n'avait vu une personne passer de l'état d'une terrifiante peur intense à un cri suraigu afin de retrouver quelqu'un d'autre. Impressionnant. Terrifiant. Aucun autre mot ne lui venait à l'esprit. Elle se releva enfin ayant presque oublié l'incident avec le félin. Etrange pour quelqu'un qui avait failli périr sous l'assaut de griffes et de crocs plusieurs minutes plus tôt. Peut-être était-ce sa façon de décompresser et de se dire que tout allait bien. Chacun sa manière de gérer son stress après tout. Elle commença soudain à lui expliquer à quoi ressemblait un cheval. Elle le prenait pour qui ? Un imbécile né d'il y a quelques secondes ? Tout le monde savait à quoi ressemblaient les équidés. C'était tout de même le meilleur moyen de locomotion de tout Gwendalavir – si l'on oubliait ces foutus pas sur le côté, bien sûr – . Non mais sérieusement, celui qui ne savait pas se qu'était un cheval devait venir d'une autre planète, voir d'une autre galaxie. Ils parlaient d'un cheval bon sang ! LA monture des alaviriens, LA monture de tout être humain qui se respecte. Il avait beau préférer les rapaces à ces grands animaux, il savait tout de même se que c'était. La remarque si idiote et naïve de la jeune fille – élève de l'Académie d'après ses vêtements qu'il venait à peine d'observer – créa un fou rire qui sortit des lèvres du fauconnier. Il ne put s'empêcher de rire haut et fort, car c'était réellement une question ridicule, jamais il aurait cru l'entendre. Lorsque son rire s’atténua un peu, il put enfin prendre la parole.- Ahahah !! Es-tu réellement sérieuse là ? Jamais je n'aurais cru entendre une question pareille.Il la regarda avec amusement. Elle était rigolote cette petite, elle possédait encore cette naïveté d'enfant que plus personne n'avait en grandissant. Elle semblait être encore en train de chasser les papillons avec son filet magique ou de faire les autres choses que les enfants faisaient. L'enfance était une chose qui partait bien trop vite, une partie d'une vie bien trop vite effacée et relayée au nom de gamineries, de futilités. La jeune fille paraissait différente des autres élèves qu'il avait eu l'occasion de croiser dans les couloirs. Certains ne prenaient plus la peine de regarder les autres, trop pressés de rejoindre leur salle de cours, d'autres ne riaient même plus. Elevés pour devenir de braves sentinelles, de braves soldats, de braves guerriers que l'on manierait avec plaisir. De simples marionnettes. Il avait parfois honte de voir de tels visages. Des visages renfermés et fixés sur un seul objectif : le pouvoir. La réussite. Le fauconnier avait envie de hurler à ces enfants qu'ils auraient assez tôt des responsabilités, mais il ne le pouvait pas. Il avait parfois envie de les remettre sur le chemin de leurs rires d'enfance, de leurs jeux de gamins, mais il n'était que le fauconnier. Celui dont personne ne faisait attention. Celui qui restait dans sa tour avec ses rapaces. Même l'Intendant faisait à peine attention à ses paroles. Il avait beau être gentil, il ne se donnait jamais la peine de venir voir si tout allait bien pour les oiseaux de l'Académie. Trop fixé sur la prospérité de l'établissement, la prospérité de ses têtes blondes.
Un bruit au loin attira son attention et le fit sortir de sa rêverie. Un bruit de galop. Il sourit, car il savait que la jeune fille ne l'entendrait pas. Bien trop loin pour qu'une oreille humaine perçoive le son des sabots contre la terre encore humide. Son Jingle n'était pas loin et venait de s'arrêter. Il était sans doute en train de brouter. Gareth souriait, car c'était bien dans ces moments là qu'il était bien heureux de partager son corps avec un félin, car non seulement il pouvait prendre sa forme, mais il héritait de ses capacités extraordinaires comme son ouïe sur-développée.- Sinon, à part penser que je viens d'une autre planète pour ne pas avoir connaissance de l'existence des équidés, que viens-tu faire ici jeune demoiselle, et toute seule qui plus est ? Et comment t'appelles-tu ?Il se sentait bien et de bonne humeur. Il n'avait pas l'habitude de parler aussi aisément à un inconnu, mais étonnement cela ne le gênait pas. Peut-être parce qu'ils étaient seuls, perdus au beau milieu des plaines.- Si tu veux, je peux t'aider à retrouver ton... ton quoi déjà ? Ah oui, ton cheval ?!Il lui adressa un clin d'oeil amical. Réellement attachante cette jeune fille.[ Raaaaaah je me déteste, je me déteste, je me déteste !!!! Je suis trooooop nuuuulle ! Tu peux répondre si tu veux, ou pas, tu peux me taper sur la tête jusqu'à coma, tu peux... fait se que tu veux ! Désoléééééééé ] |
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| Sujet: Re: Quand le vent souffle, ce n'est pas tant que les cheveux volent, c'est que la liberté se débride [Terminé] Lun 3 Sep 2012 - 17:55 | | | D'abord, il avait pris un air grave. Et secoué la tête. Oui, le puma était parti. Non, ce n'était pas une blague. Oui, il en était sûr. Et puis, il avait quand même l'air gentil, alors, Gwëll avait envie de le croire. Et puis, que risquait elle ? Le puma était parti, alors, à vrai dire, quand bien même ce serait un mensonge, elle ne risquait absolument plus rien. Reparti dans la forêt. Dans la forêt, son territoire. Dans la forêt ? Mais, une bête, dans la forêt, elle y chasse... Son Jingle était en danger ! Alors, elle avait crié très fort, et lui, il avait fait une drôle de tête. Deux drôles de têtes, à vrai dire, d'ailleurs. D'abord, une qui montrait qu'il était touché et triste pour elle. Et puis, après, une tout à fait horrifiée. À coup sûr, il avait pensé la même chose qu'elle. Et il craignait la même chose. Et elle se leva, pour essayer de le retrouver. Et l'autre la regardait bizarrement. Et puis, il se mit à rire. Et ça, elle ne le comprenait pas. Pourquoi il faisait ça ? Il allait pas bien, dans sa tête ? Il comprenait pas ce qui se passait, ou quoi ? Ah, là là, mais c'était horrible, ce qui lui arrivait, là ! Et le garçon de lui demander si elle était sérieuse. ...Mais bien sûr, qu'elle était sérieuse ! Parce qu'elle en avait pas l'air ? Il avait l'air de rire, là, peut être ? Ah, nan, mais j'vous jure ! Et il riait toujours, ce gros nigaud. Et puis, soudainement, il s'était retourné. Et il avait regardé vers la forêt. Et puis il avait souri. Alors, Gwëll avait souri aussi, parce qu'elle avait compris que c'était son cheval, qu'il avait entendu. Et ça l'avait rassurée. Instantanément. Ici ? Rien de particulier, j'étais en train de me promener... Mais j'étais pas toute seule, hein, il y avait Jingle, avec moi. Et toi... euh vous ?Gwëll doutait. Comment devait elle s'adresser à lui ? Devait elle le tutoyer, le vouvoyer ? Après tout, elle ne le connaissait pas, et il semblait plus âgé qu'elle, et plus haut gradé, aussi. Alors, elle décidait de le vouvoyer, ce serait plus simple. Ah, et je m'appelle Gwëll. Et … Vous ?Elle avait souri. Et lui aussi. Et puis, il lui avait proposé de retrouver son cheval, en se moquant gentiment d'elle, et il lui avait fait un clin d’œil. Alors, elle avait rougi et elle s'était dit que faire le petit malin, c'était vraiment pas très malin. Vraiment pas. Ensuite, elle lui avait tourné le dos, comme si elle boudait et elle avait fixé la lisière de la forêt en sifflant pour faire venir le petit cheval.
Et toc, moi aussi, je boude ! [pas très long :/] |
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| Sujet: Re: Quand le vent souffle, ce n'est pas tant que les cheveux volent, c'est que la liberté se débride [Terminé] Mer 12 Sep 2012 - 20:00 | | | La jeune fille cria soudain d'une force sans nom et Gareth en fut surpris, d'où la grimace qui était apparue sur son visage. Il était touché par sa naïveté, mais aussi triste pour elle. Son cheval était loin à cause de lui, mais il n'était même pas capable de lui dire où il se trouvait. Pourtant, il le pouvait. Il fallait croire qu'il aimait bien sa présence – même s'il n'était pas réellement rassuré, comme à chacune de ses rencontres – . La grande blonde avait d'ailleurs elle aussi une drôle de tête, mais elle semblait horrifiée. Elle avait peur pour son cheval, son Jingle d'après son nom, et elle donnait l'impression que le ciel s'écroulait sur sa tête. Elle devait sans doute penser aux autres animaux qui peuplaient les montagnes, plaines et alentours de l'Académie. Elle se leva d'un bond et tournait la tête en tout sens. Ca ne servait à rien, le cheval était bien trop loin pour qu'elle ne l’aperçoive. Pourtant, il était amusé par sa tête et ses gestes. Elle était particulièrement drôle, maladroite aussi un peu sans doute. Ces gens possédaient souvent cet état d'esprit, empli de joie, de naïveté et de couleurs. Elle était drôle et un sourire naquit sur son visage. Son Jingle ne reviendrait pas tant qu'il serait là ou alors il devrait aller le chercher lui-même et essayer de lui faire comprendre qu'il ne lui voulait pas de mal. Chose ardue pour lui, l'homme-puma. Sentant sans cesse le fauve et les rapaces.
Il s'aperçut soudain qu'elle était contrariée. Sans doute sa blague de tout à l'heure. Il se tourna donc vers la forêt afin de la rassurée, qu'elle comprenne que son cheval n'était pas loin et qu'il ne craignait rien. Il lui sourit, la jeune fille lui en rendit un. Elle avait compris et était soudain bien plus calme qu'il y avait quelques secondes. Elle répondit enfin à sa question. Il sourit lorsqu'elle le vouvoya. Il n'était pas si vieux que ça tout de même, pour mériter le « vous » traditionnel ? Et puis il n'était qu'un simple fauconnier, pas un noble dans une cour entouré de gardes armés jusqu'aux dents. Elle n'avait rien à craindre à le tutoyer. Pourtant, c'était un réflexe chez certaines personnes que de vouvoyer les gens plus âgés qu'eux-mêmes. Le fauconnier préférait de loin le tutoiement. Ainsi, elle s'appelait Gwëll ; quel joli prénom.
- Moi, Gareth. Tu peux me tutoyer, je ne suis pas si vieux que ça. Et... pour la bête que tu appelles cheval, tu ne m'as pas encore répondu ?
Encore une plaisanterie. Peut-être celle de trop, car après avoir rougi, elle lui tourna le dos comme si elle boudait. Un sourire vint barrer le visage du métamorphe. Elle était réellement à mourir de rire cette aequor. Comment voulait-elle qu'il ne la taquine pas ainsi ? Et pourtant il n'était habituellement pas de ce genre-là. Plus discret, moins voyant. Il fallait aussi avouer qu'ils n'étaient que les deux, que leur attention à chacun était fixée sur l'autre ; il n'y avait aucun autre centre d'attention. Gwëll siffla son cheval, ce dernier rappliquant avec une obéissance incroyable. L'animal se stoppa tout de même à plusieurs mètres de sa maitresse, craintif du puma. Car lui, il savait qui était Gareth. Seules les bêtes le reconnaissaient. Il fit un signe de tête à Jingle afin de lui faire savoir qu'il ne risquait rien, qu'il pouvait venir vers sa maitresse sans crainte. Cela fonctionna à merveille ; le fauconnier était émerveillé par la facilité qu'il avait à communiquer avec les animaux. Cela le fascinerait sans doute toute sa vie. Lorsque Gwëll se retourna, Jingle à ses côtés, elle ne paraissait plus faire la tête. Elle semblait même fière d'elle.
- Eh bien le voilà ! Il t'obéis au doigt et à l'oeil, tu as bien de la chance. Ou peut-être un talent caché avec les bêtes.
Il s'approcha lentement du cheval, lui faisant comprendre ses intentions. Simplement le caresser. Posant sa main sur l'encolure de l'animal, il sentit son coeur battre la chamade. Le cheval avait encore un peu d'appréhension concernant le métamorphe. Ce dernier se recula donc.
- Tu es de l'Académie non ? Fais-tu des cours d'équitation, tu sembles extrêmement bien t'entendre avec les chevaux et savoir t'y prendre avec eux ?
[ Je savais pas trop quoi faire, alors ça avance pas beaucoup, désolé >< Faudrait qu'on trouve un truc de fou pour nos deux petits persos d'amuuur =D ]
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| Sujet: Re: Quand le vent souffle, ce n'est pas tant que les cheveux volent, c'est que la liberté se débride [Terminé] Mar 25 Sep 2012 - 18:59 | | | Gareth. Qui ne voulait pas être tutoyé. Elle s'en était doutée, bien sûr, que le tutoiement, lui plairait davantage, mais elle avait toujours du mal, avec les gens qu'elle ne connaissait pas. Alors elle le nota, dans un coin de sa tête, elle y repenserait en temps voulus.
Là, ce n'était pas vraiment le moment. Parce que l'étrange jeune homme continuait à la charrier, d'une part, et puis parce qu'elle n'avait rien à dire, d'une autre. Donc pas de tutoiement, pas de vouvoiement, elle se détourna, cachant ses joues qui rougissaient à vue d’œil. Certes, elle n'avait pas été bien maligne, tout le monde sais ce que c'est, un cheval, oui. Mais d'un coté, elle ne pouvait pas savoir, elle avait peur, à ce moment là, et quand bien même on lui aurait dit que l'homme en face d'elle était en fait un puma avec de grandes dents, elle l'aurait cru. Et pourtant !
Et elle repensait à Jingle. Qui devait être quelque part dans la forêt, mais pas trop loin, certainement, vu comme il était peureux. Soudainement, elle se sentit bête. Mais vraiment. Exactement comme quand on lui disait ''Oh, regarde, un marcheur rose !'' en montrant le ciel, et que elle, comme une cloche, elle regardait direct. Vraiment très très bête, j'vous dit. Elle pinça ses lèvres, et siffla doucement. Au loin, elle entendit un bruit sourd de galop. Jingle déboucha dans carrière, courant vers sa maîtresse, et se stoppa à quelques foulées d'elle.
Et Gwëll attendit. Un peu, puis un peu plus longtemps. Mais pourquoi n'avançait il donc pas ? Pourquoi restait il planté comme ça, figé ? C'était étrange, ça lui ressemblait peu, à vrai dire. Puis il y eut un déclic. Et il avança, l'encolure basse, les oreilles pointées vers le jeune homme. Gwëll était perplexe. Elle ne parvenait pas à saisir ce qui se passait sous ses yeux. Pourquoi réagissait il ainsi ? Jamais il n'avait été aussi effacé devant qui que ce soit.
Elle passa tendrement les doigts entre ses crins, trouva une plume de coureur. Elle sourit et l'en décrocha. Elle brillait délicatement entre ses doigts et venait chatouiller la paume de sa main. Instantanément, elle lui fit penser à Lya, à cette après midi qu'elle avaient partagée. Aux lutins et aux elfes. Elle fixa la plume dans ses cheveux, entrelacée dans une mèche couleur de miel. Et puis elle sourit. Et elle se retourna vers Gareth. Son sourire était franc, sympathique, et elle oublia immédiatement qu'elle lui en voulait un peu. Il admira un instant le lien qui reliait ces deux être si différents, et elle se dit qu'on pouvait difficilement être plus proche d'un animal. À moins d'en être soi même un. Mais ça, c'était impossible. Personne ne pouvait être un animal.
Et Gareth de s'approcher du cheval. Il avait tendu la main, signe de bonne intention vers lui, mais Jingle s'était crispé. Les yeux grands béants, les naseaux dilatés. De la peur. Encore. Mais que lui arrivait il donc ? La main se posa, et la peur s'intensifia. On aurait cru qu'il aurait voulu reculer brusquement et s'enfuir au plus loin. Mais ce fut le jeune homme, qui céda. Et qui recula. Le cheval se tranquillisa. Oui, des cours, mais on se connaît depuis bien plus longtemps. C'est pour ça qu'il est si proche de moi. Et elle lui sourit encore, passant doucement la main sur le chanfrein du cheval, caressant les poils du bout de son nez. Mais là... Je sais pas ce qui lui arrive, aujourd'hui, il est bizarre... C'est peut être le coin qui lui fait peur. Vu que c'est ici qu'on a vu le puma toute à l'heure, je le comprendrais tout à fait. Viens, on va aller un peu plus loin, il doit bien y avoir un coin un peu plus tranquille !Et elle sauta agilement sur le dos de l'étalon. Elle s'assit bien confortablement, posa ses rênes sur le garrot et tendit la main au jeune homme. Aller, monte, et tâche de bien t'accrocher ! Elle l'aida à se hisser, et au moment même où il fut installé, sans qu'elle n'ait rien demandé, Jingle partit comme un flèche. Elle eut tout juste le temps de rattraper ses rênes avant de les perdre pour de bon, et elle sentit les bras du jeune homme s'enrouler autour de sa taille. Le pauvre ne devait pas avoir l'habitude, et il était vrai que le départ avait été précipité et peu attendu.
Mais c'était les risques du métier. Et puis, ce n'était pas désagréable, après tout. [si quoique ce soit ne te va pas, Mp ] |
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| Sujet: Re: Quand le vent souffle, ce n'est pas tant que les cheveux volent, c'est que la liberté se débride [Terminé] Dim 30 Sep 2012 - 20:56 | | | Donc, elle était élève. Il ne s'était pas trompé, en réalité, il se trompait rarement. De la prétention ? Même pas. Il n'était pas assez noble pour l'être ni assez d'autre chose. Il ne se croyait jamais plus fort que les autres, bien au contraire. Il avait la fâcheuse tendance de se sous-estimer sans arrêt. Aucune prétention ne débordait du fauconnier, jamais. Il était bien trop occupé par ses oiseaux, bien trop absorbé par ses méditations quotidiennes. Utiles afin de garder son sang froid en toute circonstance.
Ils se connaissaient depuis bien plus longtemps, c'était donc son cheval bien avant son arrivée à l'Académie. Gareth n'avait jamais pensé posséder un jour une monture. Tout d'abord à cause de ce qui venait de se passer il y avait de cela quelques minutes, puis, parce qu'il ne se sentait lui-même pas à l'aise avec ces équidés. Et si le cheval et l'homme ne se sentaient bien, on ne pouvait aller contre la nature. Sauf qu'il n'était pas qu'un homme et c'était sans aucun doute cela qui effrayait ces animaux-ci. La plupart des herbivores, en réalité. Les rapaces n'avaient pas peur de lui, ils étaient censé manger la même chose. Ils étaient carnivores, des chasseurs. Sauf que le métamorphe ne chassait que pour les oiseaux, pas pour lui. Il était végétarien. Etrange ? Pas pour lui, non. Il avait appris à apprécier la nature et ses habitants, il ne pouvait imaginer dévorer sans scrupule une créature, protégé de la Dame. Certains pouvaient trouver cela ridicule, d'autre le qualifier d'idiot. Lui, il comprenait et c'était bien cela qui importait. Il était bien trop proche des bêtes pour penser à en manger, il ressentait les mêmes sensations qu'elles, il vivait parmi elles. Humain et animal. Homme et puma. Même s'il était chasseur sous ces deux formes, il ne mangeait pas le fruit de ses chasses. Il s'y refusait. Bien trop pareil à ces pauvres animaux.
Il ne pouvait donc s'approcher des herbivores sans que ceux-ci ne prennent peur et s'enfuient. Son odeur, tout simplement. Il n'avait pas que hérité des sens sur-développés de l'animal, il possédait aussi son odeur. Trop faible pour les Hommes, mais trop forte pour les bêtes. Il ne pourrait donc jamais posséder un cheval et se refusait à monter sur leur dos. Il n'avait pas envie de les effrayer d'avantage. Il sortit de sa rêverie alors que Gwëll lui souriait. Cela se voyait à des kilomètres qu'elle aimait sa monture et qu'elle la considérait bien plus comme une amie qu'autre chose. Elle le caressait de la main et enfouissait son nez dans les crins de sa crinière. Non, sur ce coup-là, elle avait tord. Son Jingle n'était pas bizarre ; une présence étrange était là. Une odeur, un fauve. Le puma n'était pas parti, loin de là, et seul le cheval le savait. La blonde l'ignorait totalement. Et elle le saurait sans doute jamais. Depuis qu'il était arrivé à l'Académie de Merwyn, il avait tenu bon et n'avait révélé son secret à personne. Enfin, jusqu'à sa rencontre avec Amarylis. Mais cela, c'était une tout autre paire de manches. Il ne voulait pas que d'autres personnes soient au courant. Pour leur sécurité.
Le coin était loin d'être aussi dangereux, ils se trouvaient tout de même dans les plaines environnant la célèbre école du grand dessinateur Ril'Avalon. A part quelques siffleurs et autres animaux innocents, rien à signaler. Sauf qu'elle, elle y avait vu un puma prêt à la dévorer. Il avait été si stupide ! Il aurait dû surveiller ses arrières et ne pas se précipiter dans les plaines ainsi. Il n'aurait pas dû se retransformer, il aurait dû partir loin et courir se réfugier dans les bois. Il n'aurait pas dû rester là, mais la jeune fille était seule et son cheval s'était alors enfui. Il n'avait pu la laisser seule. Il n'avait pu la laisser se débrouiller afin de retrouver sa monture. Il avait cet instinct protecteur insurmontable. Instinct qui l'avait conduit sur le continent avec ses frères et sa soeur, instinct qui lui avait dicté de ne pas se montrer au grand jour afin d'éviter tout contact, instinct qui faisait qu'il protégeait le monde de l'esprit qui rôdait en lui. Instinct protecteur envers tous ceux qui croisaient son passage. Peut-être même que ce sentiment avait éclos avec l'apparition du puma, peut-être était-ce aussi une particularité de l'animal. Protéger son clan. Même s'il n'était pas très attaché aux gens de cette école, il les considérait un peu comme son clan. Tout le monde semblait l’apprécier. Ou en tout cas, personne ne se plaignait du fauconnier. Protéger un clan, une famille. Il était loin de la sienne et pensait sans cesse à retourner vers eux, mais se résignait à chaque fois. Il devait revenir lorsqu'il saurait contrôler la bête. Lorsqu'il sentirait que Tyama le saurait elle aussi...
Il sortit violemment de ses pensées lorsque l'aequor sauta souplement sur le dos de Jingle, montrant une habitude de cavalière. Assise, elle tendit la main à Gareth qui hésita plusieurs minutes. S'il montait, cela risquait de créer une peur incommensurable dans le coeur du cheval, mais au contraire, s'il n'acceptait pas son invitation, elle risquait d'être vexée et elle lui demanderait sans doute une explication. Il choisit de grimper sur le dos de l'animal, juste pour essayer une fois dans sa vie. Il n'avait jamais eu le bonheur de sentir le vent contre ses joues humaines, de ressentir les muscles puissants d'une autre bête que lui-même. Atteindre une allure incroyable en tant qu'être humain et non en tant que puma. Il était à peine assis, que Jingle partit dans un galop endiablé. Sa maîtresse parut surprise et tenta de récupérer les rênes en vain. Ils étaient trop loin pour elle. Quand à Gareth, le premier réflexe qu'il eut, avait été de s'accrocher du mieux qu'il pu à la taille de la jeune fille. Son coeur battait la chamade et ne semblait pas vouloir se calmer. L'esprit se manifesta soudain, mais le métamorphe fut bien plus rapide. Il érigea une barrière infranchissable dans sa tête et la Bête ne put plus rien tenter afin d'utiliser l'adrénaline en lui afin de sortir.
Voyant qu'elle peinait à récupérer les rênes de sa monture, il se pencha un peu plus en avant, l’écrasant quelque peu contre l'encolure de Jingle. Les rênes se balançaient et il peina à les récupérer. Lorsqu'il les eut enfin en main, il ne sut pas quoi faire. Il n'était jamais monté sur un cheval de toute sa vie, alors quoi faire ? Une unique solution s'offrit à lui, celle de donner les rênes à la jeune fille. Se reculant donc, mais sans pour autant enlever ses mains de la taille de Gwëll – il n'avait pas réellement envie de tomber sous les sabots de Jingle – , il lui mit les rênes dans les mains. Il perçut un léger merci auquel il répondit qu'il n'y avait pas de quoi. Il était tout de même sur la bête et risquait de se casser quelque chose. Le pire, un bras ! S'il avait un bras bandé, il ne pourrait plus remplir à bien ses fonctions. Ou dans tous les cas, il ne serait pas aussi efficace que d'habitude. Et il avait cela en horreur.
Le trio se stoppa net et une odeur particulière parvint à lui. De l'eau salée. Il tourna la tête et vit le lac à quelques pas de là. Il délia son emprise et la jeune fille pu descendre de sa monture. Gareth allait faire de même lorsque le cheval se cabra soudain en avant. Le métamorphe fut projeté en l'air et durant quelques instants, il vit le regard de l'animal. Il n'avait pas du tout apprécié porter un félin sur son dos, vraiment pas. Pour lui, c'était contre nature. Le fauconnier se ramassa violemment au sol et poussa un gémissement de douleur. Il vit Gwëll s'approcher de lui et lui demander si tout allait bien.- Ton Jingle ne m'aime pas vraiment apparemment.Il fit une grimace en sentant son dos craquer lorsqu'il se releva. Le lac se trouvait à quelques pas et il s'y dirigea en faisant bien attention au cheval. Il l'avait eu une fois, il ne l'aurait pas une deuxième. Il se pencha et but de longues rasades. Se dépenser donnait une de ses soifs ! Gwëll se trouvait à ses côtés et but aussi, mais beaucoup moins. Il se releva et s'étira. Un vent frais se fraya un chemin dans sa touffe qui lui servait de chevelure et brouilla durant un instant son ouïe. Il ne percevait rien que le vent. Un choc violent dans son dos l'éjecta en avant et il tomba truffe la première dans l'eau. Il n'eut pas le temps de prendre de l'air et se retrouva entouré de millions de bulles et de l'obscurité des profondeurs du lac. Son dos venait de prendre un coup puissant... Qu'est-ce qui avait bien pu lui faire cela ? Il nagea avec difficulté vers la surface. Il détestait l'eau... Il vit enfin le ciel et ce qu'il perçut en premier fut le visage inquiet de Gwëll. Sortant enfin de l'eau, il respira abondamment comme s'il n'avait jamais goûté à l'air salvateur. Elle l'aida à se mettre sur la berge et il s'effondra sur le torse. Son dos le faisait souffrir, il pouvait encore sentir la marque du coup. Sa chemise trempe dévoilait son tatouage qui se prolongeait sur la plus grande partie de son dos, son cou et une partie de son bras. Sans lever la tête, il comprit ce qui l'avait frappé. Le cheval. Ses sabots. La loi de la nature ; se défendre ou se faire tuer. L'équidé avait peur, il se défendait. - Non, ton cheval ne m'aime pas du tout, il me déteste vraiment... Son rire se répercuta contre la surface du lac. Quelle situation ironique, le fauve frappé par l'herbivore.[ Dis moi si quelque chose ne te va pas ] |
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| Sujet: Re: Quand le vent souffle, ce n'est pas tant que les cheveux volent, c'est que la liberté se débride [Terminé] Dim 14 Oct 2012 - 18:46 | | | Et Gwëll souriait, hilare. Elle aimait sentir ces grandes foulées l'emmener loin, puissamment mais aussi avec une certaine légèreté. Et elle riait de voir qu'elle ne contrôlait plus rien, que les sabot du cheval glissaient dans les virages serrés que la courbe du chemin lui imposait. Elle riait de sentir que derrière elle, le jeune homme serrait bien fort sa taille pour ne pas tomber, mais pas trop, pour ne pas lui faire mal. Elle riait parce qu'elle aimait rire et beaucoup moins pleurer. Et elle ne savait plus s'arrêter.
Elle se sentait terriblement bien, et elle aurait souhaité que ça ne s'arrête jamais. Que ça dure une vie ou plus, même. Mais ça ne pouvait pas se faire. Parce qu'on ne peut décemment passer une vie à galoper dans la prairie.
Gareth se baissa, l'écrasant de son torse musclé contre l'encolure du cheval. Gwëll peinait à respirer, n'appréciant que peu la situation, elle n'aimait pas être bloquée, ainsi, ne plus être libre de ses mouvements. Et ses doigts se refermèrent sur le flot de cuir des rênes et il se releva. La jeune fille suivit le mouvement, heureuse de retrouver la plénitude de son champ d'action. Elle inspira une grande goulée d'air, saisit ce qu'il lui tendait et reprit le dessus sur l'animal. Jingle se stoppa, les quatre fers en avant et la course prit fin.
Gwëll soupira une seconde et songea à mettre pied à terre. Seulement, voilà, derrière elle, il y avait Gareth. Et devant, il y avait l'encolure de Jingle. Donc elle était un peu coincée entre les deux, quoi. Elle prit une seconde pour réfléchir, et elle sourit à Gareth qui, derrière elle, lui tendait la main comme un gentleman pour l'aider à descendre. Elle posa sa main au creux de la sienne, tellement petite et fine entre ses doigts d'homme, et se laissa glisser doucement. Elle se retourna, une fois sur ses pieds vers le fauconnier et lui sourit à nouveau. Qu'est ce qu'il pouvait être gentil, tout de même.
Et quelle ne fut pas sa surprise de voir l'étalon se cabrer et le jeune homme se retrouver brusquement à terre. Instinctivement, elle courut vers lui, s'enquérant au plus vite de son état. Le malheureux semblait juste sonné. Mais elle l'accompagna tout de même quand il alla boire au lac, pour être sûre qu'il ne tomberait et se noierait pas en se penchant. Et puis la deuxième salve se fit sentir. Gareth se retrouva propulsé dans l'eau. Gwëll se retourna, agacée.
Arrête ça immédiatement, veux tu ? Il n'a rien fait ! Au contraire !
Elle aurait voulu crier, mais ça voix ne portait pas et elle n'avait réussi qu'à hausser un peu le ton. Et Jingle de baisser l'encolure et de s'en aller un peu plus loin, en traînant les pieds. Elle reporta son attention son Gareth, il tentait péniblement de rallier la surface des flots mais paraissait encore conscient. Elle lui tendit le bras, quand sa tête parvint enfin à percer la surface de l'eau, et lui offrit son sourire le plus confus. Et puis elle l'aida à se hisser sur la berge.
Il respirait douloureusement et, un instant, elle craint qu'il ne se soit cassé une côte ou même pire, plusieurs. Et elle le fixait, catastrophée. Mais il parla et puis, il rit, même, alors elle se rassura. Si il pouvait encore rire, ça devait aller. Et elle sourit.
Et puis, elle se rendit compte que l'eau avait complètement trempé sa chemise et que celle ci était devenu transparente. Pudiquement, elle mit sa main devant ses yeux, pour ne pas le gêner. Mais elle l'entendit bien vite de mettre à rire de nouveau et elle songea qu'il devait se moquer d'elle. Alors, elle écarta ses doigts et laissa les images filtrer entre. Il était toujours allongé sur le sol, mais il s'était retourné et s'appuyait sur ses coudes pour la regarder. Et son sourire était hilare. Elle aussi sourit, mais elle restait penaude, elle se sentait bête, à vrai dire, vu la manière dont il avait réagi.
Et puis, elle s'assit dans l'herbe, à son coté, les genoux sous le menton et elle le regarda. Tout d'abord, elle laissa son regard explorer délicatement les détails de son visage, de la pointe de son nez à l'abîme de son regard. Et puis elle dévia vers ce corps qu'elle avait hésité à voir. Sec et musclé, il était de ces hommes qui donnent confiance sans sembler en abuser. Non pas ni un jeune baraqué, ni un gringalet hargneux. Séduisant, il fallait le dire. Et puis, il y avait ce charme discret, cette légère hésitation dans le port de tête, détails en sa faveur. Enfin, c'était cette chose, qui s'étirait le long de sa silhouette qui captait le regard.
Qu'est ce que tu as là...?
Et elle passa les doigts le long de la tâche bleuâtre. Elle le sentit alors frisonner et elle les retira, de peur de le gêner. Elle avait déjà vu des choses semblables, mais jamais de cette taille. Celle ci était... impressionnante.
Ça te fait pas mal ? Jamais ?
Sa curiosité était timide, toutefois, elle ne serait pas vexée, si il avait voulu ne pas lui répondre.
Je suis vraiment désolée si je te gêne...
Et elle lui sourit encore une fois. Mais son regard ne pouvait se détacher de cette chose si étrange. Vraiment trop étrange pour ne pas être vue. [Miiiiih ] |
| | Messages : 164 Inscription le : 16/05/2011 Age IRL : 30
| Sujet: Re: Quand le vent souffle, ce n'est pas tant que les cheveux volent, c'est que la liberté se débride [Terminé] Dim 14 Oct 2012 - 21:41 | | | Gareth se retourna enfin, se retrouvant nez à nez avec la jeune fille. Il riait encore, tant la situation lui semblait ironique. Sérieusement, le fauve qui se fait frapper par son diner. Enfin, diner, le fauconnier était végétarien, mais ça, le cheval n'était pas au courant. Pour lui, tous les félins voulaient sa chair et il se défendait. Gareth devait bien lui laisser ce droit après tout. Sauf que les coups de sabots faisaient tout de même mal et il s'en serait bien passé. Toujours allongé, mais sur ses coudes, il souriait à Gwëll afin de la rassurer. Il n'était pas fait en verre, bien au contraire. Ce n'était pas un coup comme celui-ci qui risquait de lui casser une côte. Enfin... Il l'espérait. Elle paraissait ne pas savoir comment réagir face à la réaction plus qu'imprévue du métamorphe. Il fallait dire que peu de gens se seraient esclaffés de rire après un tel choc. Mais il n'était pas comme tout le monde, il n'était pas qu'un homme. Elle souriait tout de même, ce qui rassura Gareth. Puis, elle finit bien vite à s'assoir elle aussi dans l'herbe, le menton sur les genoux. Ils s'observèrent mutuellement, mais le fauconnier fini bien vite par laisser son regard planer dans le ciel. Il n'aimait pas trop les jeux de regards. D'un bleu pâle foudroyant, des nuages passaient très rarement sur sa robe océan. Et des oiseaux. Les seuls qui restaient l'hiver dans les parages, les seuls qui ne partaient pas vers le sud pour retrouver la chaleur. Une brise vint se mêler dans leur cheveux, ébouriffant plus encore la tignasse du fauconnier. Il pouvait cependant sentir le regard de la jeune fille sur lui. Le détaillant de part en part. Il se sentait un peu gêné, n'aimant pas réellement être le sujet d'une observation quelconque. Mais il la laissait, il n'avait pas la force de lui dire d'arrêter. Et de toute façon, comment expliquerait-il qu'il ne veuille pas qu'elle le regarde. Il attendait simplement que quelque chose se passe dans le silence du vent.
Et elle parla. Il ne comprit pas sur le moment à quoi elle faisait allusion et ce n'était que lorsqu'elle passa ses doigts le long de son dos qu'il comprit. Sa chemise dévoilait tout son tatouage. Elle n'aurait pu l'ignorer, il était bien trop imposant. Il se serait d'ailleurs inquiété à propos de sa vue si elle ne l'avait pas remarqué. S'étirant sur son dos, son bras et son cou, il était plus qu'imposant. Il impressionnait les regards, les rendait curieux. Il avait frissonné lorsque les doigts de l'aequor avaient frôlés la tâche. Il appréciait que très moyennement que les autres voient sa... particularité. Et surtout, il savait que trop bien à quoi elle se rattachait. A Elle. Ce tatouage était apparut en même temps que sa capacité de métamorphe. Pourquoi ? Il n'en savait strictement rien. Personne ne pouvait lui répondre, car très peu de gens étaient capables d'un tel acte. La métamorphose. Ils ne devaient pas être beaucoup. Une poignée à peine.
Elle parla encore et lui offrit un sourire. Il posa son regard sur elle et vit qu'elle ne pouvait détacher le sien de son dos. Tous les yeux censés étaient attirés par ce spectacle si mystérieux, car personne ne possédait d'aussi grands tatouages. Sauf sa soeur et lui. Il comprenait son attention pour cette chose qu'elle n'avait sans doute jamais vu de sa vie, mais il était gêné de voir qu'elle ne le regardait plus lui, qu'elle ne le regardait plus dans les yeux. Elle lui parlait, mais en ayant son regard fixé sur l'étrange forme sous la chemise. Il se releva et se mit en tailleur de manière qu'elle ne puisse plus apercevoir le tatouage. Ou en tout cas plus que son bras gauche.
- Non, ça ne me fais pas mal, du tout. C'est comme une partie de mon corps, comme un doigt, un nez ou une oreille. Je ne le sens pas. Il fait... parti de moi.
Comme Elle. L'esprit du félin faisait parti intégrante de lui-même et il ne pouvait le nier. Ils ne faisaient qu'un et devaient vivre ensemble, même si aucun des deux esprits ne faisaient l'effort pour cela. Ils voulaient tous deux posséder leur propre corps, avoir le contrôle de leurs mouvements. Pour l'instant, c'était Gareth qui l'emportait. Pour combien de temps...
- Non, ne t'excuses pas, c'est vrai que je n'ai pas forcément de plaisir à parler de cette marque, mais ce n'est pas une réelle honte. Et puis je commence à être habitué aux questions de ce genre.
Pas une honte, mais un fardeau. L'unique détail sur son corps humain qui lui rappelait jours et nuits qui il était et quel esprit l'habitait. Il lui sourit.
- Je l'ai depuis plusieurs années, c'est en quelque sorte un vieux souvenir qui me suivra durant toute ma vie.
Tout le monde possédait un souvenir comme celui-ci, peut-être moins marqué dans la chair. Un objet sans doute ou nu animal. Mais tout le monde en possédait un. Il lui sourit encore.
- Et il est vrai que sa forme peut impressionner.
Pitié, ne me demande pas de te le montrer...
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| Sujet: Re: Quand le vent souffle, ce n'est pas tant que les cheveux volent, c'est que la liberté se débride [Terminé] Dim 21 Oct 2012 - 21:04 | | | Et les formes de tourner, de tourbillonner dans sa tête. Comme ivre, comme un manège, comme les gouttes quand le vent vient aider la pluie à ne pas tomber droit. Et ça roulait, et ça coulait. Comme la bruine sur les carreaux, la vapeur dans la salle d'eau, les flammes qui lèchent la bouilloire en hiver. Ça s'en allait, ça revenait. Comme les feuilles, quand elles vacillent, l'automne, au moment de tomber, comme les vagues, au lac Chen qui s'échouent mais qui reviennent sans cesse. Et ça s'entremêlait en une valse hypnotique qui captait le regard, le gardait, l'emprisonnait.
Gwëll releva les yeux, en le sentant bouger. Et puis, elle rougit. Rougeur ténue, mais timide. Elle ne voulait pas gêner les gens, mais là, c'était plus fort qu'elle, elle était dépassé par ces formes si étranges, si inattendues, là, sur cette peau blanche, sur ce corps gracile mais si musclé. Part de lui et pourtant hors de lui, hors de sa volonté. À son ton, on comprenait que ça pouvait lui échapper. Que ça lui échappait complètement. Et que ça l'inquiétait, aussi, disait le pli de sa peau, sur son front. Et puis, il parla à nouveau. Et elle comprit mieux pourquoi il avait frissonné, quand elle l'avait touché. Et elle rougit de plus belle, baissa un peu les yeux.
Je suis vraiment désolée, je voulais vraiment pas te gêner...
Si, je sais que je te gêne, ne dis pas le contraire. Ça se voit clairement dans tes yeux, dans ton expression. Tu es un livre ouvert, et tu ne le sais même pas, en plus. Ou alors, tu e peux juste pas lutter. Tu subis, encore. Trop, tu subis trop, me disent tes bras ballants. Pourtant, tu pourrais lutter, te battre. Gagner, même. Mais tu n'oses pas. Ce n'est même pas de la faiblesse, en plus, c'est juste de la sensibilité, une peur de blesser, d'échouer. Tu es trop sensible, voilà, c'est tout. Et tu jettes passablement une couverture dessus comme certains jettent de l'eau sur un bûcher. Tu sais que tu ne pourras pas l'éteindre, comme ça, mais tu essayes quand même, sans conviction.
En fait, si tu aides les autres, c'est parce que tu veux que les autres t'aident. Tu es si mignon. Tellement fermé et pourtant si ouvert. Et tu ne le vois pas. Mais tu le sais quand même parce que c'est toi qui le veux. Mais sans le dire. Parce que t'as peur qu'on rie de toi. Parce que sous ta carapace d'homme, tu es quelqu'un de sensible. De trop sensible et ça te fait peur.
Et tu trembles. Mais pas toi vraiment. Car toi, tu ne le veux pas, tu es extérieur à ça, tu regardes tes bras, qui se couvrent de chair de poule, tu t'interroges, parce que tu n'as pas froid. Tu me regardes. Tu te demande si j'ai remarqué. J'ai remarqué. Je te le dis comme je pourrais te dire que je sais pourquoi. Mais je ne te le dis pas, parce que tu n'as pas besoin de le savoir. En fait, tu le sais, mais tu ne te l'avoues pas.
Tiens, bouge pas.
Et je te donne mon pull. Parce que moi, je n'ai pas de corps qui me gène à cacher. Et je tourne le regard quand tu enlèves ta chemise. Oui, je l'ai déjà vu, ton corps. Mais je ne veux plus le voir, je ne veux plus te gêner. Et ton corps arrête de trembler. Il n'y a plus cette crainte, dans tes yeux, cet embarras qui voulait que tu caches ton corps parce que tu en as honte, parce que tu en as peur. Parce que ce tatouage que, moi, je trouve si beau, si fascinant, il te ronge. De l'intérieur, il t'empêche de dormir, de fermer les yeux, il te fait passer après tout le monde, à la salle d'eau, rester caché les jours de pluie, porte un pull au plus chaud de l'été.
Et je ne sais pas pourquoi. Pas encore. Peut être que je ne le saurai jamais ? En tout cas, saches que je ne te forcerai jamais à m'en parler, si tu n'as pas envie. Je ne suis pas un tyran. Mais je suis curieuse, alors, si, un jour, tu veux en parler, si tu veux te confier, je serai là.
Et Gwëll se rapprocha de lui, doucement, pour ne pas lui faire, peur, colla son épaule contre la sienne, posa sa tête sur son épaule.
Accepte d'être mon ami, je ne te demanderai jamais de me parler de cela, mais juste un peu d'affection, parce qu'on en a toujours besoin et jamais assez. Accepte d'être mon ami et je t'aiderai mais, promis, sans jamais te le dire. [ ] |
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| Sujet: Re: Quand le vent souffle, ce n'est pas tant que les cheveux volent, c'est que la liberté se débride [Terminé] Dim 28 Oct 2012 - 11:53 | | | Rouge, elle s'excusa encore une fois. Gareth baissa le regard, il ne savait quoi dire face à ce visage devenu soudainement coloré. Il remarqua alors ses bras recouvert de la chair de poule qu'il ne ressentirait jamais. Cette sensation lui était à jamais inconnue, un sang félin coulant dans ses veines. Il ne ressentait pas le froid, il ne frissonnait presque jamais. Etait-ce un inconvénient ? Il n'en savait rien. Ces petits grains avaient beau recouvrir ses bras, il n'avait pas froid. Loin de là. Il espérait seulement qu'elle n'avait pas remarqué. Qu'elle ne remarquerait rien d'autre que cet énorme tatouage qui recouvrait la plupart de son dos et son bras gauche. Cette marque prouvant son attache à l'Autre. La jeune fille lui donna soudain son pull. Elle avait remarqué. Il ne pouvait refuser un tel geste, surtout lorsque la pensée de pouvoir cacher sa différence était de mise. Il enleva sa chemise et vit qu'elle avait détourné le regard. Comme si elle ne voulait plus qu'il soit gêné par quoi que ce soit. Comme si elle voulait le protéger d'une gêne quelconque. Comme une amie ?
Pourquoi fais-tu cela pour moi, tu ne me connais pas. Et cela aurait été bien mieux si cette situation avait continué ainsi.
Le métamorphe se sentait bien mieux à présent que les arabesques étaient cachées. Beaucoup mieux. Non, c'était faux. Il ne se sentait pas beaucoup mieux. Seulement un peu. Oui, il était caché à présent, mais elle l'avait vu. Elle se posait des questions, elle se demandait d'où ces formes pouvaient provenir. Même si elle ne voulait pas lui procurer de la gêne, elle se posait des questions et c'était bien normal. Il comprenait. Ce n'était pas quelque chose que l'on avait l'habitude de voir, ce n'était pas quelque chose de courant chez les alaviriens. Etrangeté lointaine. Même lui ne savait pas pourquoi ces formes étaient apparues sur son corps lorsque l'esprit du puma s'était réveillé en lui. Il ne savait pas pourquoi ces formes étaient-là, pourquoi cet esprit partageait son corps. Rien. Il ne pouvait même pas répondre aux questions muettes de la jeune fille. Il voyait bien les interrogations dans le regard de l'aequor. Il voyait les mêmes dans chaque regard qui avait le malheur de croiser son dos.
Arrête de penser, arrête d'essayer de trouver des solutions à la tristesse que tu déchiffre dans mon regard. Je sais que tu la vois, je sais que tout le monde la voit. Mais je ne veux pas que quelqu'un cherche une solution. Jamais. J'ai bien trop peur qu'Elle tente quelque chose contre ces personnes qui m'aideraient. Elle est féroce. Elle aime la vengeance comme un modèle. Si tu m'approche, si tu te lies, Elle te classera dans sa liste rouge. Pour me faire souffrir... Et ça, je ne le veux pas.
L'aequor posa soudain sa tête sur l'épaule du fauconnier. Collée à lui, elle semblait se reposer sur son épaule, sans rien lui demander de plus. Sans continuer sur sa lancée. Elle avait déjà oublié le tatouage et il sentait qu'elle n'allait plus jamais lui en reparler. Pas seulement parce qu'il espérait ne plus jamais la croiser, mais aussi parce qu'il sentait dans son souffle, dans ses gestes, qu'elle ne voulait pas relancer le sujet. Elle était adorable, mais ne le connaissait pas. Elle semblait vouloir l'aider à se sentir mieux, mais ne le connaissait pas. Elle paraissait simplement vouloir être son amie sans savoir qui il était. Elle ignorait tout de lui, mais posait sa tête sur son épaule comme s'ils se côtoyaient depuis bien longtemps. Sa naïveté émouvait Gareth. Comment pouvait-on être aussi peu méfiant ? Comment pouvait-elle ne pas voir qu'il n'était pas homme à être fréquenté ? Il n'avait pas les réponses à ces questions et ne les auraient sans doute jamais. La jeune fille restait là à contempler le lac, sa tête posée sur l'épaule du fauconnier. Ce dernier ne savait plus quoi faire et le silence prenait peu à peu de la place autour d'eux. Le silence. Il l'appréciait tant, ce son si doux et si paisible. Un pur bonheur pour son esprit tourmenté. En sa présence, Elle ne forçait jamais le passage. En sa présence, il était en paix. Apaisé. Mais là, il était de trop. Gareth sentait que cet absence de bruit n'avait pas sa place ici.
Un point sombre au loin attira soudain son attention. Il reconnut immédiatement de quoi il s'agissait et sourit. Un léger sifflement et le point changea immédiatement de direction dans le ciel. Sa forme se concrétisait à chaque mètre et bientôt on pouvait apercevoir ces plumes battant l'air d'une force incroyable. Hook. Le métamorphe avait sorti le faucon pélerin le matin afin qu'il se dégourdisse les ailes et n'avait pas eu le temps d'aller le rechercher, ayant croisé la dessinatrice en route. Gareth tendit le bras et le faucon vint se poser avec délicatesse dessus. Il avait senti Gwëll se retirer de son épaule afin de pouvoir contempler l'atterrissage du grand oiseau. Il se retourna vers elle.- Tu as déjà vu des rapaces de près ?Dis-moi quelque chose, donnes-moi une réponse. Je te rendrais la pareille et je m'en irais. Je ne veux plus d'attaches, je ne veux plus offrir de cibles à ce démon qui m'habite, car Elle ne cherche qu'à me faire souffrir. Elle ne peut sortir, c'est moi qui domine et Elle me le fait regretter. Si un jour, par malheur, je n'ai plus aucun contrôle sur Elle, Elle fera tout pour torturer mes proches. Pour torturer ceux que j'aime. Je ne veux pas que tu en fasse partie. Tu es bien trop adorable, bien trop gentille. Une enfant. Naïve. Aucune attache. Ne me revois plus après aujourd'hui. Plus jamais. J'ai déjà bien trop de proches. Beaucoup trop.[ ] |
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| Sujet: Re: Quand le vent souffle, ce n'est pas tant que les cheveux volent, c'est que la liberté se débride [Terminé] Dim 2 Déc 2012 - 0:22 | | | La brise jouait avec les flots, jouait avec les cheveux, jouait avec les cœurs. Ils étaient là, l'un contre l'autre, à la regarder passer. Sans bouger, sans penser. Ils ne faisaient que respirer et regarder. En silence. Et Gwëll sentait son épaule à lui, son épaule d'homme, son épaule de fauconnier, musclée de porter des oiseaux de grande envergure, qui s'élevait, s'abaissait, au rythme du temps. Et elle sentait sa poitrine à elle qui s'en allait et revenait sur un air plus calme. Était-ce normal ? Pourquoi ne suivait elle pas l'air du temps, elle aussi ? Ses yeux papillonnaient, notes douces et feutrées dans cette symphonie délicate. Son regard pleurait vide d'apercevoir l'eau danser. C'était toujours comme ça. Quand elle ne faisait plus que voir, quand elle cessait de regarder, quand elle effleurait sans toucher ce monde qui était le sien, ses yeux pleuraient de ne plus avoir de but. Mais pas des larmes tristes, pas ces larmes salées qu'on promet de ne plus laisser couler, pas ces gouttes de soi que les autres ramassent d'un bout de doigt.
Ses yeux pleuraient des larmes de silence parce que c'était leur manière de remercier. Leur manière de jouer, eux aussi, sur cette portée vierge que la valse des cœurs remplissait à mesure du temps. Et son cœur s'en mêlait, s’emmêlait. Un tempo lent, irrégulier, à trois temps inégaux. C'était une musique douce, comme une ambiance. Une combinaison de sonorités longues et de sons graves, de mélodies lentes et de tempos accélérés.
Gwëll ferma les yeux et tout le manège se stoppa, lentement, comme on s'extirpe d'un rêve. Il n'y avait plus que le ressac des vaguelettes et le frisson de la brise. Et puis un battement d'ailes. D'abord loin, puis proche. De plus en plus proche. Ses paupières se soulevèrent et sa joue quitta l'épaule du jeune homme. Un oiseau. Grand, grande envergure, ailes puissantes, plumes brillantes. Comme un rêve, un idéal. Gareth tendit le bras et le rapace se posa sur son poignet, noble et royal.
Non, jamais... Il est vraiment magnifique. Je peux ?
Et elle vit la seconde d'hésitation, dans son regard. Elle se souvint, toutefois, qu'elle n'avait jamais, au grand jamais, vu un fauconnier tenir un oiseau dans ses mains en restant assis. Alors elle se leva. Et elle lui tendit la main, doigts offerts, doucement. Non pour l'oiseau, mais pour l'homme. Il la saisit et se releva.
Comment on fait ? Je veux dire... il a des griffes, nan, des serres -c'est ça ?-, il va me faire mal, non ?
Elle avait toujours rêvé d'être un oiseau, comme celui là, avec de grandes ailes, et puis des yeux, aussi. Des yeux de rapace. Ambres, brillants, dorés. Des yeux dans lesquels on se perdait, dans lesquels on pouvait errer des heures sans jamais se lasser, des yeux profonds comme l'abysse des plus grands océans. Des yeux qui ne manquaient rien, qui voyaient tout, clairvoyants. Et puis, ces plumes, elle ne pouvait s'empêcher d'y retourner comme elle ne pouvait s'empêcher de revenir au tatouage, un peu avant. Les plumes, celles qui lui permettraient de voler, de planer, d'aller si haut, puis de piquer si vite. Ces plumes qui étaient si magiques. Oh, elle en aurait rêvé. Plus que les yeux, les plumes, c'était un rêve universel.
Dis, tu aurais de belles plumes, comme celles ci, à me donner ? Je me rappelle comment je faisais de beaux mobiles, avec ma mère, quand j'étais petite, avec des plumes comme celles ci. Je te montrerai, si tu veux.
Oui, ces mobiles, elle s'en souvenait bien. Des mobiles qu'elle faisait et qu'elle pendait dans sa chambre, après, au dessus de son lit. Avec plein de belles perles, des plumes et des rubans, aussi. Et quand il y avait du vent, une petite brise dans sa chambre, les mobiles dansaient, dans une petite musique, un tintement de perles.
C'était pour éloigner les cauchemars....
Oui, quand les cauchemars passaient dedans, ils étaient retenus par les rubans, seuls les beaux rêves passaient et elle dormait bien mieux, comme ça. [Désolée du retard T.T] |
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| Sujet: Re: Quand le vent souffle, ce n'est pas tant que les cheveux volent, c'est que la liberté se débride [Terminé] Mar 18 Déc 2012 - 12:09 | | | La jeune fille voulait porter le rapace. Gareth ne savait si c'était une bonne idée. Après tout, elle ne savait rien des oiseaux et n'était pas habituée à leurs humeurs changeantes. Elle pourrait se blesser. Elle se leva alors et lui tendit la main pour l'aider. Non, ça pouvait aller. Hook n'était pas le pire, il était encore doux par rapport à certains autres rapaces de la volière. Le fauconnier prit seulement le temps de contrôler son état – il était tout de même dehors depuis le matin même – et de s'assurer de son humeur. Calme, serein, il ne semblait pas vouloir se rebeller aujourd'hui. Tant mieux. La dessinatrice releva un point pertinent ; les serres. En effet, ses bras frêles ne pourraient supporter le contact vicieux des griffes de l'oiseau. Il sortit un gant en cuir de la poche de son pantalon et le tendit à Gwëll.
- Pas si tu portes ça.
Lorsqu'elle eut fini de mettre le gant, son attention parut se fixer intensément sur le faucon brun. Le fauconnier ne put retenir un demi-sourire. Chacun se voyait transporter lorsque leurs yeux faisaient face à la liberté. Aux ailes d'un oiseau. Elle voulait des plumes. Ces légers brins qui emportaient ces êtres ailés dans les airs. De couleurs si incroyables, si intenses, si différentes. Gareth aimait s'allonger au centre de sa volière lorsque tous les rapaces volaient dans un désordre ahurissant et que leurs plumages se mélangeaient au rythme endiablé des battements de leurs muscles arqués. Ces couleurs se mêlant les unes aux autres, ces formes indescriptibles.
La métamorphe se souvenait de ces mobiles attrapes-rêves, sa mère en faisait avec Tyama. De magnifiques et grands mobiles de toutes les couleurs. Parfois, elle teignait même les plumes en bleu, rouge, jaune et autres couleurs chatoyantes. Des perles, des coquillages, des fils d'argent, tout ce qui leur tombait sous la main. Une fois, Tyama avait même eu l'idée incongrue d'un accroché sa chaussette violette. Il se souvenait du rire provoqué par cette demande, du rire interminable de leur mère. Gwëll en avait aussi fait, avec sa mère. Seules les mères savaient faire ce genre de choses, seules elles savaient réconforter les coeurs apeurés des enfants dans leurs lits, seules elles savaient éloigner les mauvais rêves grâce à de simples plumes pourtant si importantes aux yeux des enfants. Elle voulait lui montrer comment faire. Gareth savait, il ne le lui dirait cependant pas. Ce regard d'enfant illuminé par la joie de lui montrer ce qu'elle savait faire ; il ne voulait pas le détruire. La jeune fille était si frêle, si douce. Une enfant. On aurait dit qu'elle aurait pu s'envoler à chaque coup de vent, à chaque brise, à chaque changement de cap. On aurait pu croire qu'elle pouvait se briser rien qu'en la touchant. Cela faisait depuis longtemps qu'il n'avait vu une âme aussi légère que la sienne, une personne aussi naturelle, aussi souriante, aussi emplie d'envie de vivre. Tout le contraire de lui. Des attrapes-rêves pour éloigner les cauchemars. Si seulement...
- Bien sûr, ils en perdent tellement dans la volière que je pourrai remplir cinq coussins en entier !
Un sourire s'étira sur son visage et son regard tomba sur le doux plumage de Hook. Une plume dépassait, presque libre. La prenant entre deux doigts, il la retira avec délicatesse et la tendit à l'aequor.
- Ca t'en fais déjà une.
Hook commença soudain à s'agiter ; il voulait voler. Le faucon commençait à perdre patience, il aimait le mouvement, la vitesse, la vie. Il voulait bouger, s'envoler. Sentir le vent contre ses plumes. Le fauconnier planta son regard dans celui du rapace comme pour lui intimer de ne plus bouger. Ce qu'il fit. Son attention se reporta alors sur la jeune fille.
- Mets ton bras à l'horizontal, bien droit, aussi dur que la pierre, il ne doit pas bouger. Il faut qu'il puisse supporter le poids du rapace. Bien, comme ça.
Il voyait son regard s'illuminer, il entendait presque son coeur battre la chamade.
- Tu es prête ? Ne t'inquiète pas, il est très gentil.
Son regard suffit à Gareth. Il murmura une phrase inintelligible à l'intention de Hook avant de le faire s'envoler. Quelques secondes. Plusieurs loopings, d'autres tours et des brises intenses. Le vent et l'oiseau. Il allait faire un piqué lorsqu'il croisa le regard du fauconnier qui se trouvait derrière Gwëll, soutenant son bras, prêt à l'aider si besoin était. Il connaissait les rapaces et les savait brusques parfois. Reprenant sa course, le faucon revint vers le sol en douceur. Vers le bras de Gwëll.
[ Edition à volonté si y a un soucis o/ ]
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| Sujet: Re: Quand le vent souffle, ce n'est pas tant que les cheveux volent, c'est que la liberté se débride [Terminé] Dim 23 Déc 2012 - 22:42 | | | Le plus impressionnant, quand même, chez les oiseaux, c'était leur vivacité. Parce qu'ils bougeaient sans cesse. Tout le temps, ils bougeaient la tête, les yeux, un léger tremblement dans les plumes. Et puis, ils semblaient si légers, pour pouvoir flotter, mais d'un coté si denses, pour piquer aussi vite vers le sol. Un paradoxe en un seul être. Gareth sembla hésiter. Avait il peur qu'elle n'ait pas les bras assez forts pour le porter ? Craignait il qu'elle ne l'abîme, son oiseau ? Il fallait dire qu'il semblait très attaché à l'animal. Mais il lui sourit et fouilla dans sa poche. Il en sortit une paire de gants en cuir, pour pas qu'elle se blesse.
Oh, merci. Oula, ils sont un peu grands... Voilà, c'est mis !
Ça flottait un peu, autour de ses doigts, mais au moins, c'était pas trop petit. Ça devait être les siens, de gants, puisqu'il n'en portait pas. Ce qui était bien étrange, d'ailleurs. À croire que ses bras ne craignaient rien. Peut être qu'il était tellement musclé qu'il ne sentait rien ? Ou alors, il était habitué ? Elle ne savait pas et ne le saurait certainement jamais. Son regard croisa celui de l'oiseau, encore une fois. Et elle se demanda ce qu'il pouvait penser, en cet instant. Pensait il, seulement ? C'était une question qu'elle se posait souvent. Et puis, elle s'interrogea, encore. N'était ce pas venir le troubler, que de chercher à le porter ? Pour lui, du moins, ça n'avait aucun intérêt, il était libre, le vent savait certainement mieux le porter que quiconque ne saurait jamais.
Cinq coussins entiers. Il pourrait remplir cinq coussins entiers avec les plumes que les oiseaux perdaient dans la volière. Oh, ça, alors, ce serait merveilleux, certainement. D'autant plus qu'on lui avait dit que la volière de l'académie était bien fournie en oiseaux de toutes sortes et certains avec des couleurs assez inattendues. Pour sûr, ça ferait de très belles plumes, pour fabriquer des mobiles. Elle sourit au soleil qui lui envoyait de si belles couleurs et au ciel qui hébergeait de tels êtres. Il sourit aussi, mais plus modeste, à l'oiseau lui même. Et il retira une plume qui dépassait un peu d'entre les autres.
Pour moi ? Elle est très belle.
Vraiment. Elle la leva, la portant entre le soleil et ses yeux, pour les régaler des couleurs miroitantes qui ondoyaient avec le vent. Des reflets ambrés, des tons chauds, des volutes obsédantes qui n'étaient pas sans rappeler ce tatouage vite oublié. Gareth lui expliqua comment s'y prendre, comment mettre son bras pour qu'elle puisse y accueillir l'oiseau. Elle fit ce qu'il lui demandait et puis elle se rendit compte qu'au bout de son bras, dans sa main presque fermée il y avait cette plume, celle qu'il lui avait offerte. Elle lui fit signe d'attendre un instant et puis elle l'accrocha dans ses cheveux, à une de ses mèches dorées. Fauve perdu dans une cascade d'or. Elle lui sourit et replaça son bras, position horizontale, tous muscles serrés.
Il avança son bras vers le ciel et son regard sembla plus libre, comme si il tendait à l'envol au même titre que l'oiseau. Le fauconnier et l'oiseau semblaient tous deux un seul être et, pourtant, il se dissocièrent. D'un battement d'aile, l'animal gagna l'azur et se propulsa à travers les nuages. Quelques virages, un ballet aérien qui se dansait devant ses yeux. Magique. Gareth saisit son poignet et maintint son bras droit. Elle ne devait pas ployer, sous peine de laisser tomber le danseur. Et plus il s'approchait, plus l'appréhension montait, son cœur battant de plus en plus, vite, sa respiration s'accélérant. Et il accélérait parce que son énergie potentielle de pesanteur décroit, parce que son altitude décroit, alors, comme on applique le principe d'inertie, son énergie cinétique augmente et donc sa vitesse CQFD, fonçant vers le sol à vive allure. Vers son bras à pleine vitesse. Et plus la tension montait dans ses veines plus le fauconnier serrait sa prise sur son bras.
Et puis il remonta, comme par magie, feinte subtile pour reprendre son ballet. Enfin, il plana un peu, vers eux, vers elle, si seule et pourtant aidée, vers le gant, perchoir à son intention. Il déploya ses ailes et perdit les dernières ressources de vitesse qu'il lui restait. Serres en avant, il s'accrocha à son gant. Sous le cuir, elle sentit la pression du rapace et, contre son épaule, le souffle du jeune homme. L'atterrissage avait eu lieu, mais tout n'était pas terminé.
Tremblante de cette présence si impressionnante si près d'elle, de cette pression encore mesurée sur sa chair, elle plongea ses yeux dans les ambres de faucon. Et tout était bien différent. Le message, l'intensité, l'intérêt même que l'animal lui portait. Ce regard, ce regard si pur sondait son essence, débusquait ses failles, évaluait les risques. Un regard scrutateur qui cherchait à découvrir qui elle était vraiment, sous cette enveloppe charnelle, ce qu'elle voulait, ce qu'elle craignait. Une seconde, elle eut peur, et elle sentit les serres exercer davantage de pression. Elle commença à paniquer, à s'affoler, et elle sentit la prise se faire d'autant plus forte qu'elle n'avait peur. Il la ressentait, cette peur, et il jouait dessus. Il n'aimait pas, être forcé à rester sur son bras, il ne la connaissait pas et c'était bien normal qu'il réagisse ainsi, elle en aurait certainement fait de même, d'ailleurs.
S'il te plaît, fais le voler, il me fait mal...
C'était davantage une supplication qu'un demande et Gareth agit très vite. Le faucon s'envola. Elle tomba à genoux, la tête dans les mains. Les rapaces sont des chasseurs. Et tu es la proie. Dans le ciel, l'animal tournait en rond.
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| Sujet: Re: Quand le vent souffle, ce n'est pas tant que les cheveux volent, c'est que la liberté se débride [Terminé] Jeu 27 Déc 2012 - 1:20 | | | Hook ne semblait pas se décider, il continuait sa danse dans les airs sans se préoccuper du bras qui lui était tendu. Il piquait, puis remontait dans les courants sans se décider. Gareth s'apprêtait à l'appeler, mais le rapace fut plus rapide que lui. Il fondit sur la jeune fille, serres en avant. Il s'agrippa à elle, comme à son habitude. Le fauconnier avait peut-être fait une erreur. Hook avait la réputation de ne pas y aller de main morte lorsqu'il s'agrippait à quelque chose. Et puis ses serres étaient extrêmement acérées. Un rapace quoi. Gareth avait senti le choc à l’atterrissage et aurait pu croire qu'elle allait s'effondrer sous le poids de l'oiseau. Elle avait tenu bon, mais elle fit bien vite sentir son mal aise. Pas réellement par rapport à ce poids énorme sur son bras, mais plus par le regard du rapace. Par sa prestance inquiétante. Le fauconnier s'était rapproché afin de contrôler le rapace si l'idée de se débattre lui venait soudain à l'esprit. Il n'était pas habitué à Gwëll, il n'était pas si prévisible que cela. Et c'était bien ce que Gareth aimait chez ces bêtes-là. Personne ne pouvaient prévoir leurs réactions. On ne pouvait même pas les contrôler. Libres. On ne pouvait que essayer de les guider, et encore. Seulement lorsqu'on savait le faire. La dessinatrice tremblait, elle n'était pas du tout à son aise. Petite fille face à la force pure. Le faucon était gros, bien plus gros que le bras de la jeune fille. Beaucoup plus gros. Imposant, effrayant aussi pour ceux qui ne le connaissaient pas personnellement.
Chaque rapace possédait sa propre personnalité et Hook savait lire dans les gens. Il était d'une clairvoyance à toute épreuve, il savait lorsque Gareth se sentait mal, il savait lorsqu'il était épuisé, il savait toujours ce que ressentait son ami, le fauconnier. Ils se comprenaient. Sans un regard, sans un seul son. Hook était un rapace incroyable, comme tous les autres. Mais cela, personne ne semblait le comprendre dans cette Académie. Personne ne s'attardait dans la volière. Tant pis pour eux. Au moins, sa tour avait le mérite d'être tranquille et le métamorphe était en paix. Le faucon lisait en Gwëll. Il essayait de savoir qui elle était, qui elle voulait être, il essayait de tout savoir. Peut-être voulait-il la connaître après tout ? Peut-être voulait-il connaître d'autres têtes que celles de Gareth et de Lyu ? Allez savoir.
Gwëll commença soudain à paniquer. Grave erreur. Les oiseaux étaient extrêmement sensibles aux émotions, ils ressentaient la peur que les êtres humains pouvaient avoir face à eux. Ils la ressentaient et l'utilisaient contre ces êtres patauds qu'étaient les alaviriens. Bien d'autres sentiments encore. Grave erreur. Hook allait utiliser cette crainte qu'elle ressentait soudain. Son coeur ressemblait de plus en plus au rythme lourd du galop d'un étalon lancé à pleine vitesse. La panique montait en elle à une allure fulgurante. Hook n'était pas à son aise lui non plus. Il n'avait jamais été comme cela. Bon, il fallait dire aussi qu'il était bien rare que des élèves demandent à Gareth de porter l'oiseau. La seule élève qui était arrivée ici et s'était portée volontaire pour porter Hook, avait été Lyu. Et le faucon l'avait aussitôt adoptée. Etrange...
Une voix souffla quelques mots dans un souffle. Une supplication. Gwëll voulait que cela s'arrête. Dès qu'il perçut son dernier mot, sa demande, il fut d'une rapidité presque invisible. Le faucon s'envola grâce à un simple sifflement empli d'une autorité sans appel. Gareth était en colère contre Hook. Jamais il n'aurait dû agir de la sorte, jamais il n'aurait dû tenter de surpasser la jeune fille avec sa volonté de fer. Il n'allait pas s'en tirer comme cela. Ah, ça non. Gwëll tomba à genoux dès que l'oiseau fut envolé. La tête entre ses mains. Gareth s'agenouilla et la prit dans ses bras.
- Je suis désolé, ça n'aurait jamais dû se passer comme ça. Il n'est pas comme ça habituellement. Je sais pas ce qu'il lui a pris...
Il se recula ; les étreintes n'étaient pas son fort. Même lorsqu'elles se voulaient le plus réconfortantes possible. Il la fit s'assoir et quitter ses mains. Ses yeux embués de larmes, elle ne semblait pas réellement le voir. Sortant alors un mouchoir de sa poche, il le lui tendit. Il lui sourit et prit son bras ganté afin de voir si elle n'avait rien de grave. Retirant doucement le gant en cuir brun, il observa le bras de la dessinatrice avec toute la douceur dont il était capable. Il n'avait jamais été réellement très doux. Ses mains étaient aussi rugueuses que celles d'un vieillard à force de s'occuper de ses rapaces, à force de maltraité ses mains à la tache. Le bras de la jeune fille n'avait presque rien, mais quelques gouttes de sang coulaient cependant à plusieurs petites ouvertures, trois ou quatre légers trous sans grande importance. Le seul problème allait sans doute être le bleu qu'elle allait avoir.
- Il faudrait que t'ailles à l'infirmerie pour vérifier ces petites blessures, mais surtout, demande une crème pour les bleus. T'en auras sûrement un demain matin.
Il ne voulait pas l'effrayer, il ne voulait pas qu'elle ait peur des oiseaux. Ces quelques blessures pouvaient très bien lui faire peur. Elle semblait si chétive, si naïve. Mais surtout, ce regard de rapace, ce regard effrayant dès les premiers instants. C'étaient ces yeux ambres qui l'effrayaient sans doute le plus. Il se pencha alors vers elle et lui fit un baiser sur le bout de son nez. Sourire.
- Ne t'en fais pas, ces bleus disparaitront bien vite, et puis ça ne fait mal que sur le moment.
Elle était si frêle, si petite. Une enfant. Resterait-elle ainsi pour toujours ou grandira-t-elle ?
- Tu sais, ils sont très gentils, ils ne contrôlent juste pas leur force. Comme moi.
Un grand sourire barrait son visage.
- Tu veux rentrer ? Il commence à se faire tard.
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| Sujet: Re: Quand le vent souffle, ce n'est pas tant que les cheveux volent, c'est que la liberté se débride [Terminé] Ven 11 Jan 2013 - 19:02 | | | Tout avait basculé très vite, en fait. C'avait été un changement brutal, dans son humeur légère, une rupture de ses émotions. Brisée, elle s'échouait dans ses propres bras. Et ses yeux suintaient des larmes d'angoisse. Celles qui s'étaient bloquées dans sa gorge quand le faucon l'avait enserrée dans l'étau de ses serres. Ce n'était même pas de la tristesse ni vraiment de la peur. La peur était passée. Restait l'angoisse qui refusait de partir.
Ses mains étaient crispées sur ses paupières, secouées de minuscules soubresauts. Ses épaules, relâchées tremblaient doucement alors qu'elle ne parvenait pas à se ressaisir. Ce n'était pas tant qu'elle avait eu particulièrement peur, mais le choc qu'avait fait la rencontre avait été tel qu'elle ne l'oublierait probablement jamais. Certainement même que cela changerait à tout jamais sa vision des oiseaux. Saccadée, sa respiration tentait de ralentir, mais à chaque fois qu'elle ravalait ses larmes, qu'elle inspirait un grand coup, l'angoisse revenait et, si elle ne criait pas, c'était qu'elle n'y parvenait plus.
Et puis elle sentit cette chaleur vivante et, un instant, elle eut peur que ce ne soit le prédateur qui revenait. Mais elle sentit les bras s'enrouler autour de ses épaules et elle laissa aller sa tête contre son cou. Elle aurait voulu pleurer des heures, ainsi, bien au chaud dans ce cocon qu'il avait créé juste pour elle, mais elle sentait que ce n'était pas possible alors elle profita juste des quelques instants de douceur qu'il lui dédiait. Et elle écoutait ce qu'il lui disait, même si ce n'était pas pour les mots qu'elle l'écoutait. Elle aimait ce ton que les gens prenaient pour rassurer, cette voix posée, ce sourire audible. Elle ferma les yeux, derrière ses mains et elle respira bien profondément avec tout son ventre, puis elle calma les tremblements convulsifs de ses épaules. Il n'y avait pas de quoi se mettre dans cet état, pensait elle, mais elle ne parvenait pas à s'en convaincre vraiment.
Le contact céda et, entre ses mains elle sentit qu'il la regardait. Un regard bienveillant. Elle eut envie de sourire, mais les coins de sa bouche se tordirent plus qu'ils ne s'envolèrent. Elle sentit deux mains d'homme se poser sur ses poignets et tirer délicatement pour extraire ces mains incrustées sur son visage, elle ne résista pas et le soleil vint briller à la surface des mares qu'étaient ses yeux. Elle eut un sourire pitoyable, entre deux sanglots semi étouffés et ses pommettes se colorèrent de rouge quand elle songea à l'image qu'elle devait renvoyer d'elle même. Il l'aida à s'asseoir et elle le remercia d'un sourire humide. Puis il lui tendit un mouchoir et elle continua à lui sourire. Elle essuya ses yeux et elle dut s'y prendre à plusieurs reprises pour assécher complètement le torrent qui en coulait. Puis, elle lui tendit le mouchoir pour lui rendre et sa vision lui indiqua que ce n'était peut être pas le mieux à faire.
J'vais peut être le garder, en fait... Tu ne dois plus en vouloir parce... qu'il... enfin... Parce qu'il est un peu mouillé...
Elle le fit disparaître dans sa poche. À l'instant même, il posa sa main sur avant bras et lui saisit doucement. Étonnée, elle se laissa faire, ne voyant pas vraiment où il voulait en venir. Il tira sur le bout du gant et la pièce de cuir dévoila un avant bras rougi par le contact puissant du rapace. Son regard s'attarda sur les quelques gouttes de sang qui perlaient sur sa peau fine et elle ferma les yeux. Elle ne les avait pas senties, avant, il n'y avait pas de raisons pour qu'elle y prête attention maintenant.
Oh, non, il n'y a pas besoin... ce n'est rien, je te promets.
Elle récupéra son bras, doucement, mais nettement et doucement, elle passa le doigt sur les perles écarlates. Déjà, le sang avait un peu coagulé et le liquide ne s'étala pas sous son contact. Elle détourna son attention de son membre et, inconsciemment, le ramena contre sa poitrine. Il se pencha à nouveau vers elle et posa le bout de ses lèvres sur le bout de son nez. Un baiser si léger, un bisou-papillon. Elle cligna doucement des paupières et elle lui sourit.
Tu penses vraiment que ça me fera un bleu ?
Il ne voulait pas qu'elle aie peur des oiseaux et elle le comprenait, de la même manière, elle acceptait difficilement l'idée que certaines personnes avaient peur des chevaux. Certainement qu'ils étaient pareils, tous deux, mais de deux manières différentes. Surtout de manières différentes, à vrai dire. Tout les opposait. Certainement, d'ailleurs, qu'elle n'aurait jamais cru qu'ils pourraient s'entendre, à première vue.
Non. Je veux pas rentrer... enfin, je préfère pas. Si je rentre maintenant, les autres vont me demander ce que je faisait. Et... J'ai pas trop envie de leur en parler... Mon dortoir, ils disent déjà tous que je suis en sucre.
Cette idée ne lui plaisait pas trop. Certains se moquaient d'elle ouvertement, des fois et elle en entendait d'autres se moquer dans son dos. La plupart du temps, elle ne relevait pas, mais des fois, elle ne savait plus retenir son sentiment et alors, elle crevait de leur dire que c'était beaucoup moins facile qu'ils n'y pensaient et qu'elle ne faisait pas exprès, en plus, mais elle n'osait quand même jamais, puisqu'elle l'était réellement, en sucre, il fallait croire. Il n'y a que la vérité qui blesse disaient les plus méchants, quand elle baissait les yeux suite à leurs remarques.
Mais si tu dois absolument rentrer, je comprendrai... Seulement, je suis bien ici, je ne veux pas rentrer. Dedans, j'étouffe, en ce moment...
Ne me laisse pas. Je te le demanderai pas, parce que je n'oserai jamais, mais je ne veux surtout pas que tu me laisses seule, parce que je sais pas quand je rentrerais. Peut être même que je sais pas si je rentrerai. Parce que mes nouveaux vieux démons, ils sont encore là, tu sais, ils attendent que tu partes pour me sauter dessus sans ménagement. C'est pas que j'ai peur, mais un peu, quand même. Je suis en sucre, tu sais, faudrait pas que je fonde. Enfin, peut être que ce serait mieux... |
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| Sujet: Re: Quand le vent souffle, ce n'est pas tant que les cheveux volent, c'est que la liberté se débride [Terminé] Lun 14 Jan 2013 - 18:42 | | | Un bleu ? Bien sûr que oui. Elle n'avait pas l'habitude d'une telle puissance sur son maigre bras de jeune fille. Elle aurait un bleu à coup sûr. Plus encore si elle refusait de rentrer maintenant pour aller chercher une pommade. Elle ne voulait pas rentrer à cause des autres ; ils l'embêtaient parce qu'elle était différente. En sucre. Plus sensible que les autres peut-être, plus fragile. Une enfant. Les moqueries. Il connaissait cela tellement bien. Même s'il n'avait pas une apparence repoussante, il possédait quelque chose que les autres n'avaient pas. Son tatouage. Immense. Recouvrant son dos entier, il ne passait que rarement inaperçu. Et lorsque vous êtes un enfant et que votre dos est recouvert de dessins tous plus étranges les uns que les autres, on ne pouvait être tendre avec vous. Les enfants sont les plus ingrats de la race humaine. Adorables, purs, mais ingrats. Méchants. Les moqueries ? Ils s'en amusent et ne voient pas le mal qu'elles causent. Ignorants même. L'enfant qu'était Gareth n'oubliera jamais les mots durs et violents assénés par ses camarades lors de leurs jeux. Il s'était alors très vite privé les baignades entre copains, d'ôter sa chemise lorsqu'il faisait trop chaud. Il ne jouait presque plus qu'avec sa soeur dans la forêt. Un enfant tatoué. Ce n'était pas normal et les enfants le savaient. Ils s'en fichaient et riaient. Les moqueries. Il en avait tant entendues. Souffrir des rires, il connaissait. Tout ça à cause de quelques dessins sur son corps d'enfant. Aujourd'hui, cela impressionnait, effrayait même parfois. Mais pas à l'âge de dix ans. A cet âge, on préférait être comme tout le monde. Un enfant parmi les autres. Ca n'avait jamais été le cas pour lui. Différent. Exclu.
Le fauconnier revint du passé lorsque Gwëll parla à nouveau. Non, il ne devait pas rentrer absolument. Etant maître fauconnier, il n'avait aucun supérieur hormis l'Intendant – qui ne se préoccupait pas réellement du courrier, étant donné qu'il possédait le don du dessin et que par celui-ci, il pouvait envoyer ses propres messages lui-même. Personne n'allait donc réclamer son aide. Il fallait aussi dire qu'il créait ses plannings lui-même et les changeait selon sa propre volonté. S'il désirait rester, il le pouvait. Sans avoir besoin – comme un garde ou un professeur – d'en référer à un quelconque supérieur. Libre de ses mouvements. A vrai dire, il n'avait aucune envie de rentrer tout de suite. Sa seule préoccupation était de se défouler dans ces plaines, ces étendues infinies de vert. Mais elle était là. L'aequor était là, devant elle. Il aurait voulu qu'elle aille mettre immédiatement de la pommade, mais elle n'avait aucune envie de rentrer. C'était son problème après tout ; il n'était pas son maître et ne possédait aucune autorité sur elle – techniquement oui, de par son grade, mais il ne l'utilisait pas. Son instinct de fauve lui dictait de partir, d'assouvir son envie d'espace, mais son coeur d'homme l'empêchait de le faire. Il n'avait aucune envie de la laisser seule. Il était presque dix-huit heure. Le soleil éclairait de ses derniers rayons la cime des arbres et bientôt le noir règnerait en maître. S'il la laissait, elle serait seule. Dans le noir. Il ne pouvait l'envisager. Seule, sans défense, au milieu de ces plaines qui paraissaient si tranquilles. Il était bien un des seuls à connaître la faune exacte qui y élisait domicile.
Il voulait rester, ne pas la laisser seule. Un problème se posait seulement. L'esprit du fauve. Il était bien plus puissant à la nuit tombée lorsque le métamorphe n'était pas dans le meilleur de sa forme. La fatigue était son ennemi et l'allié de la Bête. Et il l'était, fatigué. Elle n'allait donc pas laisser passer une telle occasion. Tiraillé entre l'envie de rester et la sagesse de partir, il ne savait que faire. La dessinatrice était en danger dans les deux cas. Sauf que s'il restait, il pourrait encore contrôler l'esprit. Ce que les charognards de la nuit ne feraient pas. Il allait rester ; il ne pourrait la laisser seule, il s'en voudrait s'il lui arrivait quelque chose. Et puis il ne serait pas étonné qu'elle ne retrouve pas son chemin. Gareth s'assit alors et sourit à la jeune fille.
- C'est comme tu veux, j'suis pas pressé. C'est l'avantage de n'être que maître fauconnier et de ne s'occuper que de la volière – ce qui est déjà conséquent comme boulot – , je n'ai pas de compte à rendre. A personne.
Rester, c'était bien beau. Mais qu'allaient-ils faire et jusqu'à quand ? Le métamorphe n'avait jamais été fort pour les longues discussions. Le silence était bien plus son allié que la parole. Et puis il y avait ce cheval, derrière, qui l'observait. Il décryptait chacun de ses gestes, surveillant ce qu'il faisait avec sa maîtresse. Gareth détourna son attention de l'équidé.
- Tu as l'air préoccupée. Es-tu sûre que tout va bien ? Tu sens toujours ton bras, rassure moi ?
Peut-être se trompait-il, peut-être pas. Mais il savait reconnaître le regard d'une personne obsédée par quelque chose. Son esprit tendait vers une pensée particulière. Laquelle ? Il ne tenait qu'à elle de se confier. Même s'il était loin d'être l'exemple de celui qui partageait sa vie à haute voix.
Tu me donnes l'impression de ne posséder aucun secret, aucun problème. Mais les cacher à la face du monde, tu le peux.
[ Chose promise, chose due !! o/ Edition à volonté =3 ]
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| Sujet: Re: Quand le vent souffle, ce n'est pas tant que les cheveux volent, c'est que la liberté se débride [Terminé] Mer 13 Fév 2013 - 14:11 | | | Il y avait cette espèce de nostalgie qui s'était emparée d'elle, ce spleen qui la laissait sans mots avec les bras ballants. Elle ne savait pas vraiment ce qu'elle regrettait ni ce qu'elle espérait, mais l'impression ne la quittait plus. Certainement qu'elle aurait pu se dire que ce n'était rien, que la vie allait vers l'avant et qu'on pouvait pas dignement avancer vers l'arrière. ''Quand le monde entier te persécute, tu te dois de persécuter le monde entier'' disait Timon sa tante. Mais toute sa famille avait toujours considéré ladite tante comme une illuminée de première, peut être bien à raison, d'ailleurs.
Peut être qu'en réalité, ce qu'elle recherchait, c'était ça, justement. Une famille. Classique, du moins dans le moule, dans la norme. La sienne lui manquait un peu, à vrai dire, même si elle n'en était plus si proche que ça. En réalité, elle ne recevait plus beaucoup de lettres et elle n'en envoyait plus trop. Elle avait bien senti la distance qui s'installait entre eux dans les lettres précédentes. Sa sœur, plus jeune, avait intégré une école plus prestigieuse et progressait bien plus vite qu'elle. Ses frères avaient tous fini leurs études et étaient des guerriers accomplis. Il n'y avait qu'elle, la plus petite, la plus fragile, la gamine, qui retardait. Une honte pour leur famille, un fardeau, un boulet. Enfin, c'était de l'interprétation, ils ne lui avaient jamais dit en face. C'était pas leur genre, il fallait dire.
Bref, cette dimension lui manquait et ce froid dans leurs mots avait investi son cœur. Non que son cœur soit devenu de pierre, mais une partie avait gelé comme une goutte d'eau en plein cœur de l'hiver. C'était un lac, un lac gelé, qu'elle avait, dans son cœur, qui attendait le dégel. C'était une pousse, une petite pousse de fleur sous la neige qui patientait jusqu'au Printemps. Mais le Printemps ne voulait pas venir.
Gareth la regarda et il accepta de rester avec elle. Elle lui sourit en retour. Puis ses pensées la happèrent à nouveau. Et si ils la reniaient, serait elle seulement triste ? Dans un sens, elle aspirait plutôt à retrouver une famille plus apaisée, plus simple, en soi. Plus proche, aussi. Parce qu'elle n'avait parcouru cette distance qui les séparait que trois fois, en réalité, une pour venir et deux pour aller les voir, une fois. Mais pas plus. C'était beaucoup et, de toutes manières, on ne lui accordait pas trop de temps quand elle y était. La voix masculine du fauconnier la sortit à nouveau de ses pensées et la question l'attendrit.
Non, je... C'est rien.
Elle n'était pas sûre de vouloir en parler. Après tout, il avait eu de plus gros problèmes et peut être que sa famille lui manquait alors il trouverait ça bien futile.
C'est un peu bête, en fait...
Bête, c'était pas vraiment le mot, mais elle ne trouvait plus celui qui serait bien rentré dans la phrase. Elle hésitait encore à lui dire, mais il lui tendit un regard plein d'encouragement, alors elle le saisit et elle parla.
C'est... En fait c'est à cause de ma famille. J'ai plus trop de nouvelles, enfin, de vraies, je veux dire. Ils s'éloignent de moi, je crois. Et... Ils me manquent, quand même. Enfin, ils me manquent pas tant que ça, puisque les lettres creuses c'était pas très gentil. C'est plutôt une famille qui me manque...
Son nez la chatouillait et ses yeux piquaient. Elle avala sa salive malgré la boule qui lui bloquait la gorge et elle respira doucement en fermant un peu les yeux. Il lui manquait une famille et il lui manquait surtout une maman. Une maman pour la consoler quand elle était triste, une maman pour lui faire des câlins, une petite maman pour lui faire des bons gâteaux au chocolat, pour raccommoder les coudes de ses uniformes. Une petite maman rien que pour elle et qui l'attendrait tous les soirs avec un grand bol de tisane pour l'écouter raconter sa journée et qui viendrait avec elle le Dimanche, au marché pour acheter du tissu et pour faire des belles robes, qui lui expliquerait comment coudre et comment pas se piquer les doigts avec l'aiguille, parce que ça fait mal et qu'après, il y a plus de pansements.
Oui, enfin, je voudrais une maman pour moi, comme quand j'étais petite... Mais elle dit que je suis trop grande, la mienne... Et un câlin, aussi.
Elle renifla piteusement et elle frotta ses yeux avec ses mains. Une maman lui aurait d'ailleurs sûrement dit qu'il ne faut pas, parce que ça gratte encore plus, après. [ ] |
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| Sujet: Re: Quand le vent souffle, ce n'est pas tant que les cheveux volent, c'est que la liberté se débride [Terminé] Sam 16 Fév 2013 - 19:15 | | | Sa vois fut hésitante, elle ne semblait pas vouloir partager ses pensées avec Gareth. Tant pis. Il la comprenait, lui non plus n'aimait pas parler de ce qui le préoccupait. Il n'aimait pas parler tout simplement. Enfin, ces derniers temps, quelque chose d'étrange se passait en lui. Il brûlait toujours de ce même feu félin, mais quelque chose de différent avait pris place. Il se sentait bien plus à l'aise qu'à son arrivée. Sa langue se déliait parfois sans qu'il ne s'en rende compte. Il devait faire attention. L'aequor prit son courage à deux mains et lui fit enfin part de ses pensées. A cause de sa famille. Cette dernière ne lui donnait pas de ses nouvelles, elle n'était pas présente. Le fauconnier aussi, sa famille lui manquait, il aurait voulu avoir de leurs nouvelles. Sauf qu'ils ne savaient pas où se trouvait leur frère. Gareth leur avait simplement dit qu'il se rendait dans le nord, rien de bien précis. Il avait simplement eu envie de les mettre à l’abri, loin de lui. Loin de cet Esprit malsain qui l'habitait. Ils lui manquaient, mais il se refusait à aller les voir. Bien trop peur de les blesser. Cet Esprit détruisait sa vie, Il l'obligeait à rester loin de ceux qu'il aimait. Il ne pouvait avoir de proches sans qu'Elle ne veuille les éliminer. Elle se vengeait petit à petit de lui, Elle se vengeait pour cette captivité qu'Elle subissait. Sauf que le métamorphe n'en pouvait rien, ce n'était pas sa faute si Elle s'était retrouvée en lui. C'était la Dame. Ou le Dragon. Ou l'Oeil d'Otolep. Dans tous les cas, cela relevait d'une divinité bien supérieur aux êtres humains qu'ils étaient.
La jeune fille avait besoin d'une famille, elle avait besoin d'une mère cajoleuse, aimante, souriante. Une mère simplement. Elle était triste. Cela se devinait comme le nez au milieu du visage. Gwëll était encore une enfant, elle avait besoin d'amour et personne ne semblait pouvoir – ou même vouloir – lui en donner. Sa mère trouvait qu'elle était trop grande. Jamais personne n'était trop grand pour un câlin, pour des conseils, pour des sourires. Personne n'était trop grand pour passer du temps avec sa mère. Ou son père. Gareth aurait voulu que ce naufrage n'arrive pas, il aurait voulu que l'océan ne s'acharne pas sur ce navire, sur le navire de son père. Il aurait tant voulu être là, avec lui. Mais aussi, il aurait voulu que sa mère tienne le coup. Qu'elle pense à ses enfants, qu'elle arrête de ressasser le passé. Eohn ne connaitrait jamais ses parents. A cause d'un ouragan, à cause de l'océan. Il restait une famille à Gareth, il lui restait sa soeur et ses deux petits frères. Il avait joué le rôle du père durant toutes ces années, mais personne ne l'avait fait pour lui. Ayant connu son père, ayant passé beaucoup de temps avec lui, on aurait pu dire qu'il n'avait pas besoin d'un modèle, d'un père. Bien sûr que oui, il en avait eu besoin. Mais il s'était habitué à cette charge, il avait appris seul. Pour ses frères et sa soeur. Ses parents lui manquaient. Sa famille lui manquait.
Il tourna ses yeux océan vers la grande blonde. Elle avait les larmes aux yeux, elle reniflait et fuyait son regard. Gareth ne supportait pas de voir des larmes sur un visage. Il en avait bien trop vu sur celui de sa propre mère. Certes, pas pour les mêmes raisons, mais des larmes restaient des larmes. Elles faisaient bien souvent mal même si l'on ne voulait pas toujours l'avouer.- Ta mère a tord...Il ne put retenir ces mots. Ces lettres qui sortirent instantanément comme si elles le devaient. Cette petite lui faisait bien trop mal au coeur, son innocence était bien trop pure pour être souillée ainsi par sa propre mère. Par sa propre famille. Et cette innocence, elle devenait de plus en plus rare lorsqu'on grandissait. Lorsqu'on découvrait l'horreur de la vie. Le regard dans le vague, il ne pouvait la laisser pleurer.- Elle a tord sur toute la ligne. Tu ne seras jamais trop grande pour avoir besoin d'elle. Jamais. Car tu auras toujours besoin d'elle, quoi qu'elle en dise.Même lui avait besoin de sa mère. De son père aussi. Mais il n'avait plus la chance de les avoir à ses côtés. Ils n'étaient plus. Jamais plus le fauconnier ne pourrait se blottir entre les bras réconfortants de sa mère, jamais plus il ne pourrait admirer son père sur son navire. Il ne lui restait que des souvenirs. Souvenirs aux couleurs qui s'estompent avec le temps.- Tu ne seras jamais trop grande pour un câlin, pour le réconfort.Gareth ne savait pas faire les câlins. Il n'en faisait jamais. C'était déjà un exploit qu'il lui en ait fait un – de sa propre volonté – quelques minutes plus tôt. Il n'était pas du genre à se rapprocher des autres, il avait plus tendance à fuir. Alors faire un câlin... Cela relevait du mythe.- Même moi... Même moi j'ai besoin d'elle... De ma mère.Il avait besoin d'elle, mais seul son souvenir restait en lui. Deux silhouettes lointaines qui s'effaçaient avec le temps. Deux noms qui s'effritaient dans son esprit. Il aurait tant voulu les voir une dernière fois... Son père aurait su quoi faire face à ce qui se passait en lui. Face à cet Esprit. Sa mère l'aurait rassuré comme elle savait le faire. Ils n'étaient plus. Il ne les reverrait plus.- Ta mère est idiote... Ta famille est idiote si elle t'ignore ainsi...[ ] |
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| Sujet: Re: Quand le vent souffle, ce n'est pas tant que les cheveux volent, c'est que la liberté se débride [Terminé] Ven 8 Mar 2013 - 18:28 | | | Gwëll était désemparée. Le fait d'avoir repensé à sa famille, à tous ces soucis, l'avait bouleversée et elle ne savait plus trop où se mettre. Elle sentait ses yeux couler, même si elle faisait de son mieux pour retenir les larmes et même si, pudiquement il détournait le regard, elle sentait bien qu'il était aussi très ému. Elle referma ses bras sur ses genoux, ramenés contre elle et elle perdit ses yeux dans le lointain. Elle aurait bien préféré que cette idée ne lui revienne pas en mémoire. Ça aurait été plus simple et moins compliqué.
Elle renifla et puis les mots de Gareth parvinrent à ses oreilles. Bien sûr qu'en réalité sa mère avait tort. Mais pouvait elle seulement le penser ? Les enfants ne voient pas le mal, car ce sont des êtres purs, mais il arrive que certaines personnes grandissent physiquement sans changer fondamentalement. Et Gwëll ne pouvait même pas songer une seule seconde que sa mère, que ses parents, ces figures d'autorité suprême, puissent se tromper. Mais elle devait admettre que Gareth avait raison. Elle voyait, derrière le masque des apparences, se dessiner un visage bien différent. Elle découvrait, derrière le personnage de mère, le personnage de femme. Jamais auparavant elle n'avait appréhendé sa mère de cette manière. Mais ce visage ne lui plaisait pas, elle préférait bien croire que c'était autre chose, qu'il y avait une raison derrière tout ça. Et pas que ça mère pouvait ne pas avoir raison.
Elle écoutait Gareth parler et sa voix la détendait. Il parlait doucement, comme si il chuchotait, comme si il voulait ne lui dire qu'à elle. Et elle voyait bien que, cette douceur, c'était comme une étreinte.
Brusquement, elle se cassa. Sa voix. Gwëll releva les yeux instantanément à ce changement de ton. On ne parlait plus de la même chose, ce n'était plus les mêmes enjeux et plus le même éclat dans ces yeux. La dessinatrice posa sa main sur la sienne et lui sourit gentiment. Elle n'y avait pas réfléchi, mais maintenant, elle se posait la question de son âge. De prime abord, elle lui avait trouvé une grande force de caractère, une maturité certaine. Mais, maintenant qu'apparaissait cette faille de plus, cette faiblesse émotionnelle, tout était remis en jeu. Elle qui lui donnait l'âge de la raison revenait sur son jugement. Était il possible qu'ils aient approximativement le même âge ? Il ne portait pas sur lui les stigmates de la vieillesse, mais n'avait plus cet air si caractéristique des enfants.
Tous les deux, on aurait besoin d'une nouvelle Maman... Peut être qu'on pourrait veiller l'un sur l'autre ?
Elle rangea les mèches rebelles qui traînaient sur son front derrière ses oreilles et elle rajusta son pull sur ses épaules puis elle se serra contre lui. Elle le sentit frissonner et puis il l'entoura de ses grands bras, un peu maladroitement.
C'était comme ça, que faisait ta Maman, quand tu avais du chagrin ?
En cet instant, elle ne savait pas trop qui avait le plus de peine, si c'était elle, avec ses grands yeux encore pas secs ou lui qui ne disait trop rien mais devait certainement en penser plus. L'étreinte dura un long moment et ils ne bougeaient plus alors elle se demanda si ce n'était pas trop. Elle laissa tomber ses bras et lui aussi puis elle le regarda et lui aussi.
Je ferais un bien piètre mère, à l'heure qu'il est, j'aurais du t'envoyer prendre ton goûter, mais je n'ai rien à te donner...
Et elle sourit. Complice, il le lui rendit. Elle aimait bien l'idée qu'il veille sur elle. Ainsi, elle se sentait protégée, parce qu'il semblait que jamais il ne pourrait rien lui arriver, si il était là pour elle. Il paraissait tellement... fort, comme si rien ne pourrait jamais lui causer de problèmes. Elle appréciait aussi l'idée de se lier dans l'autre sens. Elle n'avait, à l'instant présent, aucune responsabilité et ne demandait qu'à en avoir. En plus, elle aimait beaucoup Gareth et rester proche de lui lui plaisait. [ ] |
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| Sujet: Re: Quand le vent souffle, ce n'est pas tant que les cheveux volent, c'est que la liberté se débride [Terminé] Sam 16 Mar 2013 - 17:45 | | | Une main se posa soudain sur la sienne. Gareth releva son regard vers le visage de la dessinatrice. Elle souriait. Son coeur ne fit qu'un bond. Ce sourire... Eohn. Elle avait le même sourire enfantin que lui. La même candeur, la même innocence. L'enfance vivait en eux. Cette enfance qu'il n'avait pas réellement vécu. Besoin d'une nouvelle maman... Depuis la mort de la sienne, son rôle s'était élevé au rang de parent. Pour sa soeur et ses deux frères. Personne n'avait pris ce rôle pour lui. Malgré ce qu'il pensait, il ressentait parfois le besoin de s'abandonner et de parler sincèrement à quelqu'un. Une personne qui pourrait lui être cher. Proche. Mais il n'en faisait rien. Il oubliait ces envies passagères et se refermait bien plus encore sur lui-même. Enfermant le monstre en lui et protégeant les gens qui l'entouraient. Personne ne s'occupait de lui, personne ne se préoccupait de lui. Il n'avait pas besoin qu'on le protège. D'après lui. Il se débrouillait bien mieux seul. Comme toujours. Les paroles de la jeune fille frappèrent le fauconnier de plein fouet. Jamais personne ne lui avait proposé de veiller sur lui. Sa famille le considérait comme leur protecteur, tant il leur paraissait grand et fort. Et cela faisait depuis bien longtemps qu'il ne leur avait rendu visite. Son entourage à l'Académie n'était pas très étendu, autant dire que personne n'aurait un jour pu lui faire une telle proposition. Il fallait également avouer qu'il n'inspirait pas une quelconque faiblesse lorsqu'on le voyait. Il ne laissait rien paraître. Aucun besoin de veiller sur lui, il le faisait très bien seul. Lorsqu'on le voyait, il donnait bien plus l'impression de pouvoir protéger une Académie entière et que personne n'aurait jamais à se préoccuper de sa protection à lui. Son aura dégageait une force qui venait de ce combat acharné qu'il menait chaque jour avec l'Esprit. Ce dernier l'avait renforcé, il l'avait construit. C'était grâce à l'Esprit que le métamorphe était devenu aussi fort.
Mais cette fille... Elle, elle avait besoin que l'on veille sur elle. Si fragile, si jeune. Son sourire lui faisait immanquablement penser à son jeune frère. Veiller l'un sur l'autre... Autrefois, avant qu'il ne s'établisse dans l'Académie de Merwyn, il aurait été catégorique. Hors de question. Aucun poids mort. Aucune attache. Mais aujourd'hui... C'était différent. Ces murs, ces gens, cette atmosphère le changeaient. Il n'était plus le même. Il sentait son esprit sortir de son armure de vargelite, il sentait qu'il se laissait aller. Son attention se détachait de plus en plus de la Bête qui sommeillait en lui. Le danger était pourtant plus proche que jamais lorsqu'il perdait son attention, mais même malgré cette pensée, il n'y pouvait rien. Il changeait.
Les yeux du métamorphe ne purent s'empêcher de s'écarter lorsqu'il sentit le corps de Gwëll se serrer contre le sien. Il avait perdu l'habitude de ce genre de relations. Les étreintes, il ne savait plus les faire. Depuis bien longtemps. Peut-être était-ce le moment d'apprendre à nouveau... Ses bras se mirent en mouvement et entourèrent le corps de l'aequor. L'homme était maladroit, il ne savait pas comment se comporter. Malgré tout, il sentait qu'elle avait besoin d'une étreinte. Elle avait besoin de tendresse, de quelqu'un sur qui compter. Il sourit lorsqu'elle lui posa une question. Il ne répondit cependant pas. Trop interloqué par ce changement qui s'opérait en lui de semaines en semaines. Ces gens, ces personne qui vivaient entre ces murs, ils étaient particuliers. Pas comme les autres. Il le sentait. Ils ne ressemblaient en rien à ces gens qui l'avaient toujours repoussé pour ses différences. Il n'aurait su dire pourquoi cette sensation l'assaillait. Gwëll arrêta de parler, lui ne parlait plus depuis un bout de temps. Ils restèrent là dans le silence des plaines, aux côtés de ce lac endormi, dans une étreinte qui leur parurent à tous deux bien longue. Soudain, tout fut terminé. Gareth poussa un soupir audible uniquement de sa propre oreille. Les deux silhouettes se dégagèrent et s'observèrent. La dessinatrice sourit lorsqu'elle parla à nouveau pour plaisanter. Il sourit à son tour. Elle était vraiment hors du commun cette petite.- Je n'ai pas besoin d'une nouvelle mère. Je me débrouille très bien seul.Comme j'en ai toujours eu l'habitude. Mais je vois bien que tu es déçue, je vois bien que tu aimerai veiller sur quelqu'un, je vois bien que tu aimerai une telle relation avec une personne. Tu veux grandir, mais tu n'y arrives pas. Tu n'y arriveras sans doute jamais et c'est ça qui fait de toi ce que tu es. Je vois bien que tu aimerai être proche de moi. Et pourtant, malgré mes convictions, malgré que je ne veuille aucune attache, j'aurai tendance à te dire oui. J'aimerai sortir de cet enfer dans lequel Elle me plonge. Aide-moi...- Je veillerai sur toi.Ce pacte n'était pas équitable. Il veillerait bien plus sur elle qu'elle sur lui. C'était évident. Même si jamais personne ne pouvait prévoir ce que l'avenir réservait aux simples hommes. L'avenir est si incertain, jamais il ne tient ses promesses, jamais il n'en fait. L'avenir est imprévisible. Qui savait si Gwëll ne sauverait pas un jour la vie de Gareth ? Personne. Qui savait si elle ne veillerait pas sur lui bien mieux que lui sur elle ? Personne. Peut-être un jour lui viendrait-elle en aide. Seul l'avenir aurait pu le lui dire, mais il gardait le silence. Pour l'instant.- Si tu ne m'oublies pas, je veillerai sur toi. Et puis, veille sur moi un petit peu quand même hein, sinon c'est pas équitable.Il lui fit un clin d'oeil, lui sourit.
Tu me fais penser à mon jeune frère.[ ] |
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| Sujet: Re: Quand le vent souffle, ce n'est pas tant que les cheveux volent, c'est que la liberté se débride [Terminé] Dim 17 Mar 2013 - 20:42 | | | Gwëll souriait. Au ciel, au soleil, à l'herbe et au lac. Aux poissons, aux oiseaux, aux lapins, là bas, au loin. Elle était heureuse, elle souriait au monde et le monde lui souriait.
Et puis Gareth lui répondit et tout s'arrêta. Le sourire quitta son visage et une boule vint se loger dans sa gorge. Il ne voulait pas. Il n'avait pas besoin. Pas envie, peut être. Son château de cartes s'effondrait. Ses yeux piquaient et son nez la chatouillait. Elle croisa ses bras sur ses jambes et plongea son visage dedans. Elle était déçue. Très déçue. Elle ferma les yeux. Elle aurait aimé qu'il dise oui, qu'il accepte. Mais c'était pas le cas. Il voulait pas et c'était comme ça et elle, ça la rendait triste.
Elle bougeait plus et elle sentait que lui non plus. Peut être qu'il avait compris ? Peut être qu'il s'en voulait ? Oh, elle s'en fichait un peu, maintenant, elle était vexée. Enfin, pas réellement, mais juste un peu. Parce que c'était cette réaction, qu'il avait eue, qui l'avait froissée. Cette manière qu'il avait eue de refuser sa proposition l'air de rien ? Comme si il n'avait pas besoin d'elle, comme si il était plus fort que ça, au dessus. Elle était blessée. À l'instant, elle se dit que si elle avait pu s'échapper, s'enfuir très loin, elle l'aurait fait. Mais elle ne le faisait pas, là, parce qu'elle ne pouvait pas réussir à le faire sans qu'il le remarque et si il le remarquait, il l'en empêcherait. De la même manière qu'il essayait de la convaincre.
C'était pas efficace et il devait le savoir parce que sa voix s'était éteinte. Peut être qu'il regrettait et ça lui faisait plaisir parce que là, elle avait envie d'être égoïste. De pas être la seule à souffrir. Et en même temps qu'elle pensait ça, elle s'en voulait. Parce que c'était vraiment méchant, de se dire ça et que peut être, il l'avait pas pensé. Il finit quand même par accepter et elle releva la tête. Mais même si il y mettait du sien, il lui semblait que c'était à contre cœur, qu'il se forçait, juste pour lui faire plaisir. Et c'était pas plaisant. Elle sourit de travers et replongea dans ses bras.
Pourquoi tu veux pas ?
Sa voix était étouffée, même si elle se forçait pour ne pas en donner l'impression. En cet instant, elle le détestait plus que tout. Mais elle ne détestait réellement rien, donc ce n'était pas beaucoup.
Tu as pas besoin de moi, c'est ça ? De toutes manières, personne n'a besoin de...
Et elle s'étrangla dans un sanglot irrépressible. Oh, ça c'était vrai et il y avait que la vérité qui blessait, c'était pour ça, d'ailleurs, qu'elle était aussi triste. Personne n'avait besoin d'elle et même, pire, des fois elle même aurait eu besoin qu'elle ne soit pas là. Elle avait envie de plus être là et, en même temps, de plus être nulle part. De plus être tout court, même, peut être.
Tu sais, c'était pour être gentille...
Pour être gentille et lui l'avait pas été. Mais c'était pas sa faute, ça sa voyait comme le nez au milieu de la figure qu'elle était pas efficace. D'autres auraient certainement été plus francs et plus méchants mais c'était peut être cette retenue qui blessait encore plus. Elle ne pouvait pas protéger, il fallait qu'on la protège elle. C'était injuste.
Elle repensait à quand elle était enfant, à tout ce qu'elle ne pouvait pas faire. Parce que c'était interdit, parce que c'était dangereux, parce qu'elle était trop petite. Elle avait trouvé ça injuste parce qu'elle était petite et qu'elle avait eu envie de les faire, ces choses qu'elle pouvait pas et, justement, parce qu'elle ne le pouvait pas. Mais ça l'était pas, parce que c'était pareil pour tout le monde. Aucun enfant n'avait le droit de toucher avec les bûches qui étaient dans le feu ou de jouer avec l'épée qui était pendue au dessus de la cheminée. C'était comme ça et c'était tout. Mais là, c'était pas ça. C'était juste qu'elle pouvait pas parce qu'il l'avait décidé et qu'il avait pas envie, qu'il lui faisait pas confiance. Elle avait envie de crier que c'était nul et que de toutes manières, elle voulait pas qu'il la protège, lui, parce qu'elle était bien assez grande, mais d'un autre coté, elle voulait se taire et attendre qu'il se rende vraiment compte de ce qu'il avait fait et de comment ça lui faisait mal.
Ses yeux étaient serrés et ses lèvres aussi. Elle ne les décollerait plus jamais, c'était décidé. De toutes manières, on ne faisait pas attention à ce qu'elle disait, à ce qu'elle pensait. Elle ne comptait pas alors elle resterait là pour toujours et toute seule parce que ce serait mieux pour tout le monde. Si elle avait un peu de chance, elle se ferait même manger par une bête sauvage. Et à lui, ça lui ferait une belle jambe. [Roooh, tu me l'as fâchée u.u] |
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