Comme un vent de Chaos (RP terminé)

Qu'avait dit le démon? Qu'il fallait se méfier des apparences? Quelle ironie... Le Mentaï caressa d'une main le tronc noueux du chêne le plus proche. S'il y avait bien un maître de la comédie et des dissimulations d'apparences, c'était lui. Aucun menteur ne pourrait être assez doué pour le brner, jamais.

Comme chaque soir depuis une semaine, il la guettait... Elle, frêle silhouette sombre, telle une brindille dans le vent, une âme en peine, une âme abandonnée... Totalement offerte. A lui, à jamais.

Ce soir là, il semblait que le Chaos s'était incarné dans l'esprit du vent, torturant chaque être qui s'opposait à sa voie, hurlant aux oreilles de ces êtres insignifiants qui ployaient devant lui. Tout puissant, le vent soulevait la poussière comme le mentaï le faisait pour les doutes enfuis en chacunes de ses victimes. Mais surtout, et pour Dolohov c'était le principal, le vent entraînait dans son sillage ceux qui avaient assez d'intelligence pour ne pas lui résister. Ceux-la allaient loin... Très loin...

Un sourire carnassier étira ses lèvres fines. Enfin, elle était apparue. Dissimulant son visage comme tout bon mercenaire le fait pour son identité, Ses longs cheveux ébènes balayés par le souffle impétueux. Un instant, il tenta de s'imaginer ses grands yeux noirs, dans lesquels il avait décelé à plusieurs reprise cette colère sans nom qui rongeait l'adolescente depuis longtemps... Qui lui avait permis de voir au delà des apparences, et de deviner en Dolohov cet être machiavélique qu'il dissimulait à ses semblables.

De là où il était, il pouvait disséquer chacun de ses gestes... Tout en notant chaque expression. Cette jeune fille parlait davantage avec son corps qu'avec sa voix... Ses épaules courbées témoignaient d'un poids trop grand à assumer pour elle, l'hésitation perseptible dans ses gestes était à elle seule une preuve de la totale maléabilité de son esprit... Cette délicatesse, pourtant, lorsqu'elle caressait la surface du lac... Il la croyait propre aux femmes nobles. Hors, cette jeune fille était une sauvageonne, un de ces êtres des bois à s'être pratiquement élevée seule. Se pouvait-il qu'elle fut d'ascendance noble? Il faudrait qu'il songe à le lui demander.

Enfin elle se redressa, lasse. Elle tourna dans sa direction son visage fin et s'approcha. Elle ne l'avait pas vu, pas encore. Elle avait perdu l'espoir... Et pourtant elle revenait vers lui. Comme si leur rencontre était inéluctable, et vouée à se produire lors de cette sombre soirée tourmentée par la tempête. Leurs regards se croisèrent. Il se rendit compte que comme elle, ce moment, il l'avait ardemment désiré. Il sortit de l'ombre du sous bois, offrant sa longue chevelure claire au vent. Avec elle, pas besoin de porter sa cagoule de mercenaire... Ils s'étaient déjà vu. Elle avait lu en lui, tout comme lui en elle. Il avaient joué, et le Mentaï avait gagné. Elle serait à lui pour l'éternité.

-Je t'attendais, commença t'il de sa voix douce et grave.

Il s'avança encore, jusqu'à n'être séparé d'elle que par une vingtaine de centimètres. Il passa un de ses doigts le long de sa joue, pour chasser une de ses longues mèches ébènes qui lui baraient le front. Son épée de mercenaire buta contre sa jambe, balayée par le vent, comme pour le rapeler à l'ordre. Pas de tendresse. Il n'y avait pas de place dans sa vie pour ça. Il s'agissait d'être éficace, d'accomplir ce pourquoi il étai ici. De la mener définitivement sur LA voie.

-Offre-moi ton nom.

Son nom... Le plus grand trésor d'un serviteur du chaos était le secret de son identité. Encore quelque chose en plus qu'il connaitrait d'elle. Viendrait ensuite d'autres questions. Avait-elle un Don du dessin? Suivait-elle les cours de maniement des armes? Des soins? Quelle était son histoire? Toutes ces choses que d'ordinaire il étudiait méticuleusement afin d'être certain de choisir les élèves les plus parfaits. Jamais au grand jamais il n'avait fait étalage de son ignorance face à une de ses futures élèves.. Mais après tout, avec cette fille étrange, rien ne pourrait être comme avec les autres. Ce n'était pas lui qui était venu la chercher... C'était elle qui l'avait trouvé. Il ne savait rien de son passé, de ses fréquentations. Il savait juste qu'elle était une âme sur mesure pour servir la voie des ténèbres. Qu'elle avait dans les yeux cette sauvagerie teintée de doute... Et qu'elle ne manipulait pas les mots mais bien les attitudes. Il lui apprendait... Avec lui, elle comblerait chacune de ses lacunes; Elle deviendrait la mercenaire parfaite...Et il serait le seul qu'elle respecterait jamais. Son Maître. Ses yeux se mirent à étinceler comme jamais auparavent. Quant à elle... et bien...

[... damned. J'ai le feu sacré, niveau inspi, là... xD bon, ben j'espère que tu sauras en faire une belle réponse (Je n'ai aucun doute la dessus, en fait) Mouhahahaha j'aime les RP! ]

[Je t'ai déjà dit que j'adorais tes Rps ? Ah bon ? T'es sûre ? *Shbam !! *
Va falloir que je suive le niveau..allez, let's go la réponse ]

Il était venu .
Il était venu !
Elle avait encore du mal à y croire, pourtant, c'était bien lui ; impossible d'oublier ces longs cheveux clairs, cette impassibilité détachée et surtout ces yeux, qui luisaient plus que jamais maintenant qu'ils n'étaient voilés par aucun faux-semblant .
Il murmura, d'une voix mielleuse et terriblement attirante qu'elle ne lui connaissait pas .
Il s'était approché, s'offrant silencieusement au vent, son regard étrange fiché dans le sien .
Impossible de s'en détacher .

Il est dangereux !! Trop dangereux !

Elle redevint la proie, une proie stupidement téméraire qui s'était précipitée par orgueil dans les griffes d'un fauve trop puissant .
De nouveau ce sentiment d'urgence, impératif...
Il était si près, maintenant . Si près et elle ne savait toujours pas quoi faire . Devenue presque totalement incapable de réfléchir, elle le regarda s'approcher encore .

Fuis, fuis vite .

Je ne peux pas....

Fuis ! Agis, tant que tu le peux encore .

Elle aurait pu dire quelque chose, s'enfuir ou même attaquer...s'il cessait de la regarder .
La panique s'empara soudain de son être .
Elle se déroba, effarouchée, pas assez vite cependant pour ne pas ressentir le contact glacé de la main de l'homme contre sa joue .
Comme une marque indélébile au fer rouge .
Comme si elle n'était qu'un objet, qu'une vulgaire machine prête à l'emploi .
Comme si désormais son âme ne lui appartenait plus .

De spasmodiques et violents tremblements secouèrent la jeune fille tétanisée, lui faisant définitivement perdre toute trace d'assurance ; pas même de la colère, cette fois, juste incompréhension et peur .
Elle ne comprenait pas ce qu'elle lisait dans le regard du mentaï .
Cela plus que tout l'effrayait .
D'autant plus que ces mêmes yeux la retenaient clouée sur place, avec infiniment plus de sûreté que n'importe quel poigne d'acier .

Il fallait fuir, crier, agir de n'importe quel façon ! Ou simplement baisser la tête...

Le vent fou revint, faisant tournoyer au passage les longues chevelures des deux humains . Il repassa sur le lac, sur la plaine, tenta de s'engouffrer dans les sous-bois, hurla de rage quand il s'en trouva incapable, força pour se venger les êtres vivants présents à courber l'échine .

Alasa cessa un peu de trembler, légèrement remise en confiance par la tempête devenue si familière, et profita d'une bourrasque particulièrement violente pour baisser les yeux .
Les questions revinrent : pourquoi ne s'était-il pas montré avant ? Comment savait-il qu'elle serait ici à ce moment ? Etait-il déjà venu au lac, auparavant ? D'ou venait-il ? Quel étaient ses buts ? Que cherchait-il ? Pourquoi était-il venu ? Devait-elle rester ? La tuerait-il, si elle essayait de s'enfuir ? Allait-il parler ? Devait-elle l'écouter ? Deviendrait-elle un pantin comme Marlyn, si c'était le cas ?

Malgré les hurlements du vent qui ne cessaient de ganer en intensité, la voix douce n'eut aucune peine à se faire entendre de nouveau, lui demandant son nom, requête à laquelle elle obéit immédiatemment, à sa propre surprise :

-Je suis Alasa...Sil'Shïmay .

Pourquoi ajouter le nom ? Jamais, jusqu'à présent, elle n'avait décliné sa complète identité .
Le malaise revint .
Cette dernière information dévoilée, ces quelques minutes ressemblaient à un pacte .
Un pacte impossible à détruire .
Un pacte qu'elle aurait passé à son insu .
Il tenait les rênes . Depuis le début, bien qu'elle eût voulu de toutes ses forces se persuader du contraire .

Essayant de passer à autres chose, elle posa, néammoins avec beaucoup plus d'hésitation que lors de leur dernière rencontre, la première question qu'elle lui avait soumise, il y avait déjà deux semaines, et dont elle n'était plus sûre de vouloir la réponse :

-Qui es-tu ?

Ses yeux rencontrèrent de nouveau les siens .

Du vent, encore du vent, toujours du vent .
Qui emporte mots et mensonges, qui ne laisse que les regards .
Prise au piège d'un regard .
Voilà tout ce qu'elle valait .

Mais je suis libre...je le serais toujours . J'ai juste besoin d'en savoir plus .

Tu n'y crois pas toi-même...

Je suis libre, et personne ne m'enlèvera cette liberté ! Jamais ! pas même...pas même...

Un déchirant pressentiment .
Et un fataliste sentiment d'impuissance .
Elle se remit à trembler encore plus violemment dans le froid grandissant, au milieu des longues plaintes lugubres du vent venu du Nord .

Son prénom tinta dans l'air, solitaire quelques secondes. Bientôt rejoint par un nom de famille noble. Ainsi, il avait vu juste? Derrière la sauvageonne se cachait une jeune femme de noble naissance. Sil' Shïmay... Où avait-il pu entendre ce nom là auparavent? Il cilla. Son maître l'avait un jour prononcé, il devait y avoir... plus d'une dizaine d'année de cela. Oui... Une famille noble, dangereuse. On ne lui en avait pas dit plus. On les avait cherché, longuement... Traqué aurait été un terme mieux choisi. Les Sil' Shïmay avait été traqués et extérminés, tous autant qu'ils étaient. Il en déduisit donc que la jeune fille était plus fine qu'il ne le pensait, et s'était choisie un nom de famille sur mesure: noble, agréable à l'oreille, et plein d'histoire. Un nom qui lui allait à merveille et qui accentuait encore sa singularité.

A nouveau, la voix de la jeune fille s'éleva, posant la question qui d'ordinaire précédait le rituel des Mercenaires. Leurs regards se croisèrent à nouveau, et Dolohov plongea ses prunelles dans les ténèbres des yeux de la jeune fille. Des vieux réflexes de Mentaï le reprirent, comme recontrôler légèrement l'expression de son regard, de manière à ce qu'elle redevienne apaisante. Pis se reculer légèrement, comme pour faire comprendre au futur élève qu'il était libre de ses choix. Illusion, bien sûr... Mais illusion utile. Aucun merenaire n'avait jamais trahi grâce aux illusions maîtrisées par les Maîtres. Maintenant, il s'agissait de répondre.

- T'offrir mon nom est un luxe que je ne puis me permettre. Il en va de nos sécurités. Quant à ce que je suis...

Le vent continuait de souffler, insensible au charme des grands yeux noirs de la demoiselle, insensible à la manipulation du Mentaï, à la fascination qu'il parvenait à sussiter chez ses disciples et semblables. Indéfférent, quelque soient les menaces, les morts, les clans que choisissaient ces êtres vivant qu'il se plaisait à tourmenter. Il soufflait simplement, meublant ces silences lourds de signification que laissaient plâner le Mentaï et celle qu'il appelait d'or et déjà sa disciple.

A nouveau, l'héritier de la famille des Zil' Urain sentit son épée lui battre le côté, et accentua son sourire.

-Je suis ce que tu attends de moi. Un inconnu qui peu disparaître à tous moments de ta vie... Un prétencieux noble rencontré à la foire... Un combattant, qui pourrait, si tel était ton désir, devenir un guide et un ami.

Il s'aprocha. Il sufisait d'un mot pour répondre à la question précédément posée: Mentaï. Mais ce mot était dangereux pour celui qui l'employait sans s'en méfier. Il était pour la masse sinonyme de meurtres sanglants, de conspirations de douleur et de tromperie... Au sain de la guilde des Mercenaires du Chaos, il était simplement un signe de puissance considérable, de danger, de promesse d'infini...
Et Dolohov préfèrerait vraiment qu'Alasa le voie comme ça.

L'autre problème des mots comme Mentaï, mercenaire et chaos, c'était leur totale transparence. Ils étaient à eux seuls des informations claires et nettes qu'on ne devait fournir qu'aux alliés. Il se concentra à nouveau sur son regard, plus conscient que jamais de l'importance du lien optique.

Il attendit simplement qu'elle formule ce qu'elle voulait réellement. Peut-être que lorsqu'elle serait devenue son élève, il arrêterait de la considérer comme une personne différente... Lorsqu'elle serait devenue une manipulatrice à son tour, le trouble qu'il ressentait à son égard disparîtrait. Elle ne serait plus qu'une disciple parmi d'autres.

-Tu n'as rien à craindre de moi, demoiselle.

*Tu as juste à te méfier de ces mots avec lesquels je joue, et de ta propre réserve... Ils te mèneront à ta perte.*

[CDM tes RP sont à damner les dieux!!
Pardon, sur ce coup je suis minable... ><" et j'ai plus le temps de paufiner. Maudis soient les devoirs.. ]

[ *regard sévère et terrifiant de Cdm* Trolle, je t'ordonne de cesser a) de me surestimer, mais surtout b)de te sous-estimer ! Même quand ils sont un tout petit peu plus courts, tes rps sont parfaits..]

L'illusion de calme et de respect mutuel instaurée par le mentaï porta ses fruits ; Alasa se détendit légèrement, comme un peu mise en confiance .
Si les évènements continuaient sur cette voie, la jeune fille perdrait bientôt presque inconsciemment sa chère liberté...
Elle ne réfléchit même pas lorsqu'il refusa, en une phrase parfaitement maîtrisée, de lui dire son nom .
Car selon sa logique qu'était-ce qu'un nom ? Un pseudonyme idiot, mièvrement offet à la naissance par des gens qui ne savaient encore rien de vous . Une stupide abberation sans aucun rapport avec l'âme qui la portait .
Il y avait des choses bien moins superficielles qui ne s'effaçaient jamais : la façon de parler, de se déplacer, les gestes inconscients, l'odeur .
Pas besoin d'aller plus loin . Comment pourrait-on se servir d'un nom contre vous ?
C'était en fait plus la fin de la phrase qui l'intéressait .

Fin de phrase qu'il éluda .
Alasa commença à reprendre doucement conscience, tout doucement, comme s'éveillant d'un rêve particulièrement prenant, le genre de rêve qui vous laisse les jambes en coton et la bouche pâteuse .
Trop doucement...si rien ne changeait d'ici qu'elle aie entièrement retrouvé ses esprits, il serait alors trop tard .

Si le jeune homme avait dit mentaï, tout simplement, elle aurait répété la question ou tout du moins demandé plus d'explications . Ce mot déjà vaguement entendu quelque part ne lui aurait rien apporté .
Peut-être venait-il de commettre sa première erreur .

Il avança de nouveau, ses yeux si attirants la tenant toujours en état de semi-hébétude . Les mots coulèrent de nouveau, qui n'auraient eu aucuns sens n'était le son de cette voix si calme, si douce...
Pourquoi aurait-elle dû le croire ?
Mais parce que c'était lui . Un humain à part, tellement étrange, tellement dangereux .
S'il le lui demandait, en cet instant, elle l'aurait suivi en enfer...

Ce fut à ce moment là que le vent la gifla, avec assez de fureur pour la faire vaciller . Lui qui s'était tenu calme un instant reprit sa danse mouvementée dans un sifflement rageur .
La jeune fille tourna la tête pour échapper à la brise mordante qui venait de l'interrompre, s'aperçut-elle soudain, alors que ses pas la rapprochaient inconsciemment du mentaï .
Comme pour lui reprocher tant de soumission .

C'était tout ce qu'il fallait pour l'éveiller presque entièrement . Le farouche sentiment d'indépendance revint, plus pressant que n'importe quel regard au monde .
Qu'est-ce qui lui avait pris de baisser les bras ainsi, sans même écouter ce que l'homme avait murmuré ?
La désagréable impression qu'il avait gagné cette confrontation ?
On ne trouvait pas agréable la victoire d'un autre, pourtant...
Décidemment, quelque chose clochait .

Il lui fallait remettre un peu d'ordre dans sa pensée .
Elle fit soudain demi-tour pour se rapprocher du lac qui, quelques mètres plus loin, lorgnait son sombre oeil tumultueux vers le ciel qui osait le défier .
Se laisser tomber sur la rive . Déjà . Pour le moment, elle ne craignait rien .
Puis réfléchir .
Quel était son but initial, déjà ?
Il lui revint, tellement stupide qu'elle faillit éclater d'un rire amer .
Dire qu'elle avait pensé se servir du jeune homme . Quelle naïveté .
Mais maintenant, autant aller jusqu'au bout .
Jusqu'au bout de quoi, exactement ?

Tout prendre en compte ; les motivations de l'inconnu . Ses propres motivations . Un combat perdu d'avance . Son obstination insensée .
Et surtout, surtout, se rappeler de Marlyn, de ce qu'elle en avait perçu et conclu .

Sans se retourner, de peur de replonger dans les yeux hypnotiques de l'héritier des Zil'Urain, Alasa interrogea :

-Que..que proposes-tu ?

Malaise . Le "tu" ne semblait pas s'appliquer à cet humain-là, comme s'il lui fallait autre chose, qu'elle n'avait tout simplement pas le droit de lui parler comme à un autre .
Mais quoi d'autre ?
Pour le moment le tutoiement suffirait bien .

-Et...si je ne connais pas ton nom...comment dois-je t'appeler ?

L'hésitation était sincère .
Et seul un habitué des mensonges et de la tromperie aurait pu comprendre que cette dernière phrase n'avait rien d'innocent .

[Rien d'original..x_x désolée]

Pour la première fois de toute sa vie de Mentaï, il sembla que le charme fut rompu à cause de ses paroles. Alasa résistait. Il le lut dans le regard qu'elle lui lança, après cette bourasque particulièrement violente. Elle doutait, mais dans le mauvais sens. Qu'avait-il dit? Qu'avait-il fait de mal? Que c'était-il passé? Où son plan d'attaque avait-il failli? Les fautes, un Mentaï ne les comettait qu'une fois. les erreurs étaient fatales. Il ne fallait plus en commetre. Plus la moindre.

Elle se détourna, offrant à l'héritier des Zil'Urain le loisir de contempler son dos tout en finesse. Sa proie se débattait. Sa proie résistait. Une sensation nouvele naquit alors dans l'esprit du Mentai. Une sorte de soif, inapaisable.
L'envie.

Dévastarice envie de la soumettre aux lois de son camp, de lui voler sa liberté, de la manier, de l'étudier longuement, de façon à cerner chaque faiblesse de son personnage. Puis comme les autres, la mettre au pied du mur, en jouant sur la corde sensible. Et cette envie lui nouait le ventre.

Mêlée à ça, une curieuse sensation, propre aux défis personnels. Cette fille se jouait de lui. Lisait en lui. Portait un nom digne de sa caste. Alasa Sil' Shïmay, sans leur rencontre aurait probablement fini par découvrir la voie des Marchombres.

La voie des Mercenaire était plus secrète encore. Propre à ceux qui étaient choisis. Inexistante dans les livres d'Histoire, pour la simple et bonne raison que la voie était propre à chacun. Le mal avait d'attirants un nombre incalculable de choses à offrir. Le pouvoir. La richesse. La vengeance.
Et il était si facile de faire pencher la balance en faveur du mal... Il suffisait d'attaquer là où ça faisait mal. D'appuyer fort... Et de tendre la main.

La poussière se souleva à nouveau, dessinnant dans l'air des dizaines d'arabesques, bientôt détruites par un autre souffle, plus puissant. Une fine bruine atteignit le Mentaï, toujours planté à l'orée du bois... Le lac, déchainé par les vagues le rassura. Quoiqu'il arrive, même s'il fallait tuer Alasa... Le monde ne changerait pas. Il serait toujours ce noble prétencieux et niais aux yeux de la cour, cet endetté qui parvenait toujours à s'en sortir au dernier moment, puisant dans on ne savait quelle fortune... Un mentaï passé maître dans l'art de manipuler et de dresser.
Qu'importait cette fille au joues creuses et aux longscheveux noirs? Dans le fond, elle n'était rien de plus qu'un rouage dans la formidable machine de guerre qu'ils préparaient, le démon éternel et lui... Ou un grain de sable dans celle-ci.

Elle parla, et le vent apporta ses mots aux oreilles du noble blond. "tu"? Son regard se durcit. Il n'était un "tu" pour personne, encore moins pour une jenette de 15années sa cadette.

La jeune fille parla à nouveau, prenant conscience de sa maladresse...
Ou pas.
Ainsi, malgré elle, il commençait déjà à détindre sur sa personnalité? Cette dernière phrase était parfaitement ambigüe, pour qui savait l'interpréter. Manipulatrice... Encore quelque chose en elle qui lui plaisait. Dire qu'il avait suffi d'une rencontre pour qu'elle laisse s'exprimer cette facette de sa personnalité!

-Commence par me vouvoyer. Il n'est pas convenable de se faire appeler "tu" par une jeune fille aussi peu âgée que toi, commença t'il en s'aprochant. Ca peut te sembler bizarre, mais je tiens un minimum aux convenances. Bien sûr, tu peux également me demander de te vouvoyer, si tel est ton désir. Je suis avant tout un homme poli.

Il hésita, et finalement renonça à l'idée de passer ses doigts dans ses longs cheveux. Le fait qu'elle se soit éloignée de lui prouvait une certaine inclinaison à la liberté, à la distance. Il s'assit donc, à distance respectueuse.
-Je ne te propose rien de plus et rien de moins que précédemment. Je te propose de t'enseigner une voie, ma voie... Celle qui fait que lorsqu'on se regarde, tu ne peux détacher tes yeux des miens, celle qui te pousse à éviter les foules, et qui, à présent, t'enseigne à mettre du double sens dans tes paroles... Une voie qui, je pense, te corespondrait mieux que celles qu'on te propose à l'Académie et qui, je crois, ne te satisfont pas.

Le poignard dans sa botte, près à l'emploi, Dolohov attendait la réponse d'Alasa. Espérant secrètement qu'elle serait positive. La tuer ne lui paraissait pas concevable.

[Mais euh...]

Voilà . Ils avaient atteint le point de non-retour . Maintenant, c'était se soumettre ou mourir .
Et aucune des deux solutions n'étaient acceptable .
La jeune fille se raidit lorsque Dolohov, un rien plus agressif, parla des convenances ; ce mot même lui répugnait . Ne pas réagir, ne surtout pas montrer que le peu qu'il lui restait de confiance venait de partir en fumée . Ne pas se retourner non plus .
Même s'il venait de bouger, même s'il entrait désormais en mouvement, même s'il lui suffisait de tendre la main pour la toucher...même si cette main pouvait contenir une lame acérée .
Paniquer était bien la dernière chose à faire .

Le vent reprit de plus belle comme si rien ni personne, jamais, ne pourrait l'arrêter . Au fond, c'était bien lui la seule entité véritablement libre...libre de toutes contraintes, celles imposées au corps et à l'âme comme les autres .
Libre de tourmenter le temps qu'il lui plairait la terre qu'il agaçait .

Alasa s'accroupit sur la rive ; pour la deuxième fois durant les quelques minutes qu'avaient durées cette prépondérante rencontre, son regard plongea dans le lac obscur .
Elle ne pouvait pas accepter .
Pour la deuxième fois le miroir de nuit lui rendit son reflet .
C'était bien toujours le même ; les mêmes joues creuses, le même teint blafard, les mêmes cheveux sombres emmêlés . Seuls les yeux avaient changés : il y manquait la petite flamme farouche qui les animait d'ordinaire...
Est-ce que ça ferait mal ? Est-ce qu'elle aurait le temps de se défendre ? De parler, peut-être .
Comment c'était, de l'autre côté ?

Noir, noir comme l'image que te renvoie l'eau . Sombre comme tes yeux éteints .

C'était peut-être mieux ainsi . Elle n'avait plus aucune destinée .
Qu'est-ce que le monde aurait à faire de la disparition d'une enfant sans famille ni liens ?
Rien . Et tant mieux . Qu'on ne se souvienne surtout pas d'elle . Qu'on la laisse pour une fois dormir en paix .
Est-ce que c'était froid ? Est-ce qu'il y avait autant de bruits qu'ici ?

Froid, glacé comme cette poudre blanche que pleure le ciel en hiver ; gelé comme l'eau que tu regardes .
Et silencieux . Silencieux, sans même une respiration . Juste peut-être tes pas . Et rien . Le néant .

Comme le néant sombre du lac en face d'elle .
Elle imagina le sang gicler soudainement, goutter lentement le long de ses bras maigres pour s'écraser comme une larme dans ce néant . Elle imagina le froid, l'engourdissement soudain et implacable .
Peut-être que le mentaï parlerait . Peut-être qu'il murmurerait, de sa voix douce et grave, des mots qu'elle écouterait sans comprendre .
Il l'avait fait douter . Il avait gagné .
Qu'elle ne lui laisse pas une complète victoire .

Il aura ton corps . Vide d'âme . Inutile .

Alors, elle partirait comme elle était venue, traînant dans son sillage détresse et colère . Et jamais personne, sur terre ou ailleurs, ne se rappelerait qu'une jeune fille nommée Alasa avait un jour marché sur ce sol . Elle partirait sans un bruit, surtout sans un cri...

C'est peut-être cela, finalement, la seule véritable liberté .

Elle leur laisserait ce monde . A eux, ceux de sa race, ce monde qu'ils avaient dressé à leur image . Ce monde qui, dans quelques années tout au plus, n'aurait plus rien de sauvage, ce monde qui n'imaginerait même plus le sens d'une utopique liberté . Il serait à eux pour toujours . A ces sales humains, ces sales créatures dont elle faisait partie . Ceux qu'elle aurait tout donné pour détruire...tout...

Dans le lac, la petite flamme faite de haine et de sauvagerie s'était ranimée .

Elle ne pouvait pas se soumettre . Elle ne pouvait pas non plus partir sans rien faire .
Dolohov avait en fait gagné depuis le début sans qu'elle en eut conscience ; cette voie qu'il lui "proposait" était sa seule alternative .
Le reflet se brouilla . Alasa se leva .

-Je ne sais pas trop à quoi je dois dire oui...car la bonne réponse est oui, n'est-ce pas ? Mais je n'ai pas le choix, murmura-t'elle, plus pour elle-même que pour le jeune noble .

Une façon comme une autre d'acquiescer sans se sentir soumise .
La jeune fille se retourna, les yeux brillant d'une haine qui lui permit cette fois de soutenir le regard de l'homme sans perdre ses moyens :

-Mais je te....vous...préviens : je ne compte pas être un pantin . Tiens-le...tenez-le...vous pour dit .

Chaque "vous" avait été prononcé avec un mépris sans bornes . La rage d'obéir malgré soi ?

Il pouvait toujours la tuer . Ou pas .
Tout venait de se jouer .
Et cela quelque soit l'issue .

Le n'était plus à présent que tourmente. Une tourmente merveilleuse, perpétuellement en changement. Une tourmente à l'image qu'il se faisait de Gwendalavir:
Le vent qui menait où il l'entendait les victimes de ses manipulations, les rocs lui résistaient, tant bien que mal, jusqu'à s'éfondrer, les nuages, rapidement conquis par ses soins, qui se déplaçaient alors avec lenteur, se mellant, s'entrechoquant, déclenchant les vromissements du tonerre et la caresse de la pluie sur les visages, faussement purifiante.
Le vent était le maître du jeu, tel le mentaï parvenu à berner totalement son monde.. Et qui avait le pouvoir entre les griffes. S'il jouait bien, tous suivaient ses volontés, jusqu'à arriver à former un chaos parfait. Un monde parfait. Son monde.

Mais en cet instant, le monde, le lac, le ciel... Rien n'avait d'importance. Alasa avait gardé le silence, et pour Dolohov Zil'Urain cela ne signifiait qu'une chose: qu'il n'était pas parvenu à la convaincre pleinenement. Pire, qu'il avait échoué. Ainsi, il n'était pas capable de manipuler les gens sans un minimum de planification avant? Il ne savait improviser, ou capter les sentiments des êtres en les regardant seulement dans les yeux...?
Cuisant échec. Sa main se crispa sur le poignard. Alasa Sil' Shïmay, si tel était vraiment son nom venait de le mettre face à une faiblesse aussi.. dangereuse que dérangeante pour son orgeuil démesuré.
Elle semblait tellement détendue... Pourtant, elle devait bien avoir compris qu'elle jouait sa vie. Si sereine... Ses grands yeux noirs rivés au lac. Ses lèvres s'entre ouvrirent, le temps d'une réponse. Positive, évidemment.

Elle n'était pas stupide, loin de là. Elle était même parfaitement intelligente, et si fine... Si incroyablement perspicace. Elle ferait une manipulatrice hors pair, et bientôt une femme magnifique. Elle pourrait très bien, tout comme lui, montrer les échelons sociaux et tenter d'atteindre le pouvoir par l'intermédiaire de l'empereur, si elle le souhaitait...
Elle se tourna vers lui, offrant une fois de plus son visage fin à celui du Mentaï. Racée... Haineuse. Méprisante. Divinement attirante. Et tellement farouche.

-Marionnetiste ou marionnette.. Il suffit parfois d'un choix. Une proie peut devenir un chasseur si elle sait tirer les bonnes ficelles. Qui parle de toi comme d'un pantin? S'il est bien une chose que je devine dans tes yeux, c'est cette indépendance.. Et lors de notre première rencontre, tu m'as prouvé au delà de tout ce que je pouvais imaginer que tu étais bien trop fine pour être une poupée de chiffon. Mais, si Sil'Shïmay est ton vrai nom, tu as la manipulation dans le sang.

Une courte pause, le temps d'une respiration, d'un battement de paupière calme. Le poignard retrouvait sa place dans la botte... Il s'agissait maintenant de convaincre Alasa, en lui montrant réellement ce qui s'offrait à elle. Fugacement, il s'introduisit dans son esprit, totalement indétctable, et en resorti quelques souvenirs.

-Tu sais ce que je suis. Tu sais ce que tu veux. Tu sais que ce qu'ils t'offrent à l'Académie ne te satisfait pas. Tu es seule, ces idiots ne te comprennent pas. Ni les élève, ni les professeurs. Ils se laissent mener par leur idéal, leur soi-disant voie... Ce que je t'offre, c'est un moyen de trouver et de combler toutes tes attentes. je serai là pour t'écouter, t'enseigner ce pour quoi je suis doué, te demandant en échange un serment, un secret additionné à quelques gouttes de sang, et du respect.
Je ne te prends pas ta liberté, je t'offre le pouvoir de mener ta vie, et les gens, où tu l'entends.

Il la regardait dans les yeux, neutre. Sincère dans ses idées. Il savait que certains mercenaires l'estimaient trop doux avec ses élève. Il n'aimait pas les châtier corporellement, préférant les mots, adroitement placé, qui marquaient bien plus longtemps que les dagues ou les fouets. Il s'en fichait, sachant pertinnement que son enseignement portait ses fruits. Ses élèves étaient tout aussi bons, sinon meilleurs que ceux des brutes. Ils étaient également plus discrets.

-Que tu n'aies pas vraiment le choix... Si j'essayais vraiment de faire de toi mon pantin, je t'aurais demandé avec une lame sur la gorge de rejoindre mon camp. Comprends moi... En te rencontrant, visage à découvert, je risque ma vie.

Nouvelle interruption. Nouveau battement de cil. Le poisson mordait-il à l'hameçon? Ou plutôt, avait-il pris dans ses filets cette sombre sirène capable de voir clair dans son jeu? Une dernière chose, cette fois plus mesquine, échappa à ses lèvres.

-Tu l'as toujours su... Même lorsque nous nous sommes rencontrés pour la première fois. Je suis ce que tu attends. Tu m'as choisi. Tu as voulu me revoir. Tu as décelé en moi ce que tu cherchais... Tu veux devenir chasseur -comme moi- et non rester une proie toute ta vie. Détrompe-moi si ce n'est pas le cas, Alasa.

[Si ça ne va pas, j'éditerai, hein ^^]

Tant d'opposition... Dolohov ne comprenait pas. Pourquoi s'opposer à une voie lorsqu'on se savait fait pour elle? Pourquoi douter autant de ce qu'elle avait au fond d'elle même?
Son maître, lors de leur rencontre avait su mettre de mots sur ce qu'il avait en lui... Avait su guider ses pas sans qu'il ait jamais à regretter ses choix...
N'était-il donc plus capable de faire ressentir ce genre de choses à ses futurs apprentis? Ou était-ce simplement Alasa...
Peut-être aurait-il dû lui laisser davantage de temps. Le temps de commencer à arpenter la voie des Marchombre, qu'elle aurait fini par prendre à l'Académie.
Attendre la greffe, les défauts impossibles à effacer, le potentiel gâché? Non... Quelque chose en lui criait qu'il avait fait le bon choix. Qu'Alasa ne devait jamais commencer son apprentissage... Parce qu'elle aurait pu se dominer, par amour de son indépendance et sa chère liberté...

Il lui semblait que son statut de mercenaire n'était pour la jeune fille qu'une banalité. Comme si... Elle ne savait pas exactement de quoi il s'agissait. Qu'avait-elle donc vu en lui qui l'avait attiré?
Avait-elle vu le combattant puissant? Le marchombre?
Qu'est-ce qui avait changé depuis cet instant là? Elle était venue chaque jour au lac pour le voir. Et maintenant qu'il était là, elle s'opposait à lui de toutes ses forces.

Et pourtant, doucement elle rendait les armes. Elle parla. Des mensonges fait à elle-même... En avait-elle seulement conscience?
Personne n'était libre. Jamais. Mais selon l'héritier des Zil' Urain, la liberté ressemblait plus à la voie du chaos qu'à celle des chevaucheurs de brume.
Le haïr? Il en doutait... On était rarement fasciné par quelqu'un qu'on haïssait. Et le regard qu'elle lui lançait était certe farouche et rebel... Mais surtout fasciné. De là à dire que c'était de l'amour... il y avait une marge, bien sûr. Une grande marge.

Le vent soufflait toujours. Aucun des deux être ne se souciait de lui à présent... Il fallait attendre, oui, car le mal se devait d'être patient. Et Alasa craquerait... Ils avaient tous craqué avant elle.
Enfin, elle prononça la phrase qu'il attendait.

-Et bien... Il te sufira de prononcé un serment qui impliquera du respect à mon encontre. Inversément, je jurerai de te traîter comme l'être libre que tu es, mais également comme un élève. Nous mêlerons ensuite une partie nos sangs. Lorsque tu auras fini ton apprentissage... Tu reformuleras le serment, avec tes mots. Et tu deviendras mercenaire du chaos... ou Mentaï, si tu as le Don. Mais j ne pense pas qu'il en soit ainsi...

[scuse moi... c'est... ridicule]

Dolohov ferma les yeux, savourant les parfums que le vent portait à ses narines. PAr le sang de ses ancêtres, qu'il aimait ce temps...
Qu'il aimait gagner.
Qu'il aimait mentir.
Il savoura le silence précédent les mots qui signifierait définitivement qu'il avait remporté une manche de plus... Qu'il avait fasciné -et abusé- un être de plus...
Mentir aux autres, toujours plus, toujours davantages, jusqu'à ce que la vérité leur paraisse terne... Leur lancer de la poudre aux yeux, pour leur faire oublier la platitude morne de leur quotidien, les abuser, les droguer doucement de cette réalité créée de toute pièce... accessible seulement par ses mots, ses gestes et sa voix...
Cette réalité qui permettait au mentaï perpétuellement insatisfait et en manque de pouvoir de combler le vide de son âme...
Sa drogue.
Comme certains avaient besoin d'alcool. Comme d'autres avaient besoin de corps à effleurer, de fumer, de courir, de bouger...
Lui était drogué aux illusions, qu'il avait perdu trop jeune... et à tout ce qu'elle permettaient.
Mais de tout cela, on se fichait...

Il ferma les yeux, s'impreignant de la voix de sa nouvelle apprentie...
Rebelion et soumission à la fois. En accord parfait avec les hurlements du vent...
Douce méloddie que celle de la victoire, d'autant plus si elle était chantée par un esprit fort et des éléments déchaînés...
Ses paupières se soulevèrent, laissant apparaître le regard sombre du mentaï.

Il se glissa vers elle, lui offrant son sourire le plus machiavélique... Le chasseur venait de convertir sa proie.

-Mêle ton sang au mien, disciple, comme nous croisons aujourd'hui nos destins. Offre-moi ton âme, comme je t'ai offert mon visage. Apprend à vivre cachée, sers tes intérêts et ceux de ton camp... Mens, trompe,tue, assouvis tes ambitions, laisse toi guider vers ce que le chaos t'offre...

Le poignard de la botte fut dégainé, avec un naturel déconcertant... Tout cela était une comédie jouée et rejouée...
Le combat était gagné, la victoire était semblable aux autres... Simplement moins facile. Mais Dolohov Zil'Urain se moquait bien de la facilité, surtout une fois qu'il était sûr de ne plus rien risquer.
Il joua un instant avec la lame, avant de retracer une ligne sanglante au dos de sa main...
Ca faisait 3 lignes, maintenant...
2 liens cicatrisés, prémédités, calculés, puissants, triés sur le volet...
Et celui-là, légèrement incurvé.
Une surprise aussi splendide qu'inespérée...
Il lui tendit la lame, dont la tranche était à présent pourpre.
Leurs regards se recroisèrent...
Où s'arrêtait la réalité? Est-ce que la froideur d'Alasa éait une illusion? A quoi pensait-elle...? Le vent s'en moquait, contrairement au mentaï, qui n'oubliait pas qu'il ignorait presque totalement à qui il avait affaire.

Pour la première fois depuis le début de leur entrevue, il constata qu'elle avait un poignard. Son sourire s'accentua. Alasa serait mercenaire, et elle n'aurait pas peur de donner la mort.
La lame glissa contre sa peau, y gravant une arabesque simple...
Discrète et douloureuse.
Le serment était terminé. Le silence reprenait ses droits, il était tellement plus vrais que les mots...
Et sa morsure tellement plus vivifiante que celle de la lame...

-C'était une merveilleuse journée pour choisir son destin, constata l'héritier des Zil'Urain, d'un ton plus grave, plus naturel... Plus lointain...

[i]Il reprit le poignard, et le replaça dans sa cachette d'un geste élégant et précis.

-As-tu encore du temps? J'aimerais en apprendre davantage sur toi... Pour te guider plus efficacement, je dois connaître a personne que tu es.D'ordinaire, j'apprends ce genre de détails avant de rencontrer physiquement mes élèves mais... Rien ne sera ordinaire avec toi, je crois, Alasa....

[Bon, c'est toujours court... mais c'est un peu mieux]

Sa rebélion et son mépris étirèrent ses lèvres fines.
Il aimait les défis et elle en représentait un magnifique.
L'éclat dans son regard lui promettait qu'il devrait user de tout son charisme pour la garder dans sa voie...
Alasa ferait un traître parfait, et ses ennemis ne tarderaient pas à le comprendre, malgrés l'apparente stupidité qu'ils affichaient souvent...

Toute en méfiance, Alasa lui demanda ce qu'il souhaitait savoir. Bien, il ne devrait pas lui apprendre

-Je voudrais savoir d'où te vient cette soif d'indépendance. Ce dégout des convenances... Je voudrais savoir qui tu fréquentes. Quelle était ta famille. J'aimerais que tu me dises pourquoi je te répugne autant que les autres...

Le vent l'interrompit d'une bourasque, repoussant auloin les feuilles mortes... Caressant l'onde juste assez fort pout éclabousser les jambes menteur d'une gerbe d'eau.
Il ne fallait jamais oublier que le chaos suivait ses propres règles, et que ses serviteurs payaient toujours les conséquences.

-Qui t'a chassé pendant tout ce temps? Qui t'as rendue aussi méfiante? Qui t'a légué cette noblesse des traits? Qui t'insuportes? Quelles sont les lois que tu suis? A quoi ressemble ton idéal...? Utilises-tu ce poignard souvent? Pour la défense, l'attaque ou seulement l'intimidation?

Le flots des mots devenait plus précis, plus personnel. Il s'agissait d'être précis, le mentaï ne voulait courir aucun risque supplémentaire. Que faudrait-il chercher à lui cacher? Par quelles paroles se laisserait-elle séduire?

-Que souhaites-tu? L'affection, le respect, le pouvoir, les richesses, l'amour, la paix? Serais-tu prête à te battre pour les atteindre? A tuer ceux qui te mettront en péril? Possèdes-tu le don du dessin? As-tu déjà pris la vie d'un humain? A visage découvert?

Les yeux sombres ne quittaient pas les siens, et lä voix du mentaï restait douce... pourtant grave.
Ne pas passer pour un docereux ou un moqueur avec une élève... D'abord gagner un semblant de confiance. Trouver les mots. Ensorceler.
Dire que toutes ces techniques venaient de l'Autre monde dont parlait les légendes... Dire que Catilina avat failli conquérir le plus grand des empires rien qu'en corrompant la jeunesse du peuple...
Quel génie. Il s'en était fallu d'un cheveu...
Ce cheveu était un adversaire plus éloquent que les textes appelaient Cicéron. Le sourire du mentaï s'accentua, il aimait se dire qu'il n'avait aucun rival dans ce domaine là. Qu'il avait su se choisir les meilleurs alliés.
Lui marquerait l'histoire Alavirienne.
Il deviendrait le parfait mélange de César et Catillina.
Brillant orrateur, excellent manipulateur, capable d'étendre encore le pouvoir au delà de toutes les frontières, avec des alliés parmi les Alines, parmi le peuple des porcs, et grâce à Lindörm, parmi les Ts'liches.
Bientôt, il serait Empereur.

Dire qu'Alasa ignorait tout cela... Ne restait que quelques ombres sur l'idylique tableau dressé: Comment avait-elle su, elle?
Elle était tellement jeune... Et semblait manquer de nuances et ne pas maîtriser l'art d'assembler les mots à haut niveau. Et même s'il l'avait bernée, elle ne serait jamais totalement dupe, il l'avait compris.
Elle restait... Potentiellement dangereuse, et la preuve de son infaillibilité. Ou étaient ses failles?
Pouvait-il encore les combler avant d'être repéré? un mentaï repéré était un mentaï tué.
Dolohov Zil Urain ne souhaitait certes pas mourir.

-Je voulais savoir pourquoi tu étais venue à moi. Comment tu m'avais repéré. Ce que tu faisais là. Et pourquoi à résent que je te donne ce que tu veux tu ne sembles plus aussi.. hm? intéressée?
Je crois qu'on peut commencer par ça, acheva t'il.

Un craquement sur leur gauche se fit entendre, et le mentaï tourna la tête, soudain aux aguets. Il aurait été dommage d'exprimer tout ça sous les yeux d'un témoin.
Fort heureusement, personne. Juste un hêtre dont le vent avait eu raison. Le mentaï cilla.
Il n'aimait pas les arbres, qui prouvaient que l'être humain n'était qu'éphémère, poussière balayée par le vent, et insignifiance. Dolohov aimait les flammes tout en passion, tout en puissance. Il aimait les voir avaler des hectars, lécher les briques des demeures... Il aimait les voir s'élever alors que les gueux hurlaient... Il aimait les éteindre aussi...
Dommage que l'air soit si humide à cause du lac. C'aurait-été un jour parfait pour assister à un incendie.

-N'omets rien. Chaque détail a de l'importance.

[Hum... Disons que je suis un peu partie dans mon trip, là... J'espère que ça t'ira, ma p'tite cdm... ]

[Je vais te faire un fan club, tu sais ça?! ]

Visiblement déstabilisée, alasa resta néanmoins sur ses garde.
Le mentaï, tous ses sens en éveil commença à analyser la jeune fille comme il aurait dû le faire dès le départ. Ne pas se mettre en danger. Contrôler la situation.
Regard inexpressif, il chercha la faille, le petit détail qu'il utiliserait pour mieux la contrôler...
Elle se mordit les lèvres. Retenir ses mots? Bon point, ça faciliterait une bonne partie de son enseignement. Son visage s'était assombri, et ses yeux se dérobèrent aux siens.

Il suivit son regard, et tomba sur un corbeau, qui frôlait du bout des ailes l'onde du lac. Emblème de l'académie, le corbeau aux plumes aussi sombre les légendes qui se rapportaient à sa race...
Les yeux acier du mentaï se reposèrent sursa jeune apprentie, dont le regard se durcissait petit à petit.
Elle eut un soupir, puis lui répondit d'une voix pleine de rancoeur et de colère contenue.

Bien, elle avait déjà vécu la mort en face, elle était capable de se débrouiller et avait visiblement développé son instinct de survie. Encore un bon point. Elle ne dessinait pas. Il s'en était douté. Tant mieux.
Ca fairait au moins un avantage de puissance qui permettrait de la contenir envers et contre tout.
Elle évita les questions les plus personnelles, de façon trop nette pour passer innaperçue.
Il faudrait lui enseigner les nuances... Alors, ce serait parfait. Elle était assez discrète pour ne pas se faire remarquer...
En un mot, elle était le parfait opposé de son élève actuelle, et tout aussi parfaite pour la voie du mal.
L'indépendance maladive de la jeune fille transparut bientôt dans tous ses propos, entre coupés de silence...

Il aimait qu'elle lui résiste, et tester l'étendue de son influence pour la faire fléchir était un magnifique défi...
Farouche, Alasa se reprenait sur l'emploi de "vous" qu'elle crachait avec tout le dédain qu'elle pouvait. Ses propos traduisaient une réussite plus importante que ce que le mentaï aurait imaginé.
Alors elle ne comprenait pas...? Intéressant. Et ça expliquait parfaitement sa résistance... Elle était attirée, comme un papillon par une flamme, et son indépendance maladive l'empêchait de se brûler les ailes d'un coup...

Un fin sourire étira les lèvres du mentaï. Finalement, tout allait bien... Même le temps s'adoucissait... Avec un peu de chance, il aurait même l'occasion de se rendre au gala organisée par la noblesse d'Al-Poll. Il faudrait juste changer de chemise... Et ôter l'armure de cuir, on ne savait jamais...

le silence reprit place et le mentaï crut qu'il n'aurait pas droit à d'autres informations... grossière erreur. Le meilleur était à venir.
La frêle jeune femme lui avoua d'une voix parfaitement calme que oui, elle avait déjà eu du sang sur les mains. Le mentaï se reconcentra sur la jeune femme, remarquant ses doigts qui s'enfonçaient dans la chair de son bras droit... Nervosité? Culpabilité? Non, autre chose...
Sentiment qu'il retrouvait dans de nombreux regards de ses semblables cagoulés. L'envie.
Sa voix se fit murmure, et son secret porté par le vent, devenu caressant, trahissait une habitude profondément encrée en elle...
Elle tuait, sans pouvoir s'en empêcher, en savourant chaque goutte de sang versé. Tuer en traitresse, comme un serpent, avec sang froid, avec préméditation...

Elle tourna vers elle son regard où dansait fantômes de haine et douleur...
Du moins, était-ce ce qu'il y voyait. Les lèvres bougeait de plus en plus vite, confiant aux vent toute la colère tout le dégout qui se dissimulait dans le coeur de la frêle jeune femme...
Merveilleux contraste avec la douceur du vent.
Dolohov gardait pour elle toute son impassibilité. Une fois que le masque commençait à se fêler, tout était fini... Il saurait ce soir tout ce qu'il y aurait à savoir. Les mots s'enchaînaient... il fallait se méfier, la colère entraînait souvent la folie dans son sillage, et une mort de cette sorte n'était pas à la démesure du mentaï.
Non.. Mieux valait rester lucide, et sur ses gardes.

Les mots s'enchaînaient, et le mentaï savourait la colère. Elle allait être parfaitement manipulable. Et plus elle criait son dégout et sa colère, plus celle-ci semblait s'intensifier... Et le spectacle de ses yeux fous et haineux était tout simplement magnifique.
Puis, semblant réaliser le poid de ses paroles, elle recula, lâcha son poignard dans la boue. Sa respiration sembla se calmer, et elle contempla, perdue, les marques sanglantes laissées par ses ongles. Le sourire du mentaï finit par apparaître clairement.

-Bien bien bien... , commença t'il de sa voix grave. Je vais réfléchir à tout ça. Trouver des moyens de canaliser ta haine, d'apporter davantage de technique, de berner... En bref, d'exaucer tes attentes.
Sois présente à midi dans la rue marchande de Al-Poll lors de la prochaine après midi libre de l'académie. Je t'attendrai. Maintenant relève la tête, et cèle tes lèvres. A bientôt...

[si ça ne te va pas, j'éditerai, hein ^^']