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 Tu n'auras plus d'autre maître que moi [Terminé]

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Marlyn Til' Asnil
Marlyn Til' Asnil

La Borgne
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MessageSujet: Tu n'auras plus d'autre maître que moi [Terminé]   Tu n'auras plus d'autre maître que moi [Terminé] Icon_minitimeDim 1 Nov 2009 - 13:11

- Elio ? C'est moi.. Après le cours, va dans les cachots. Je connais quelqu'un qui saura te rendre assez fort pour venger ma mort...

Après une dizaine de minutes d'observation dans les neurones du jeune Corbac, c'était ce qu'avait réussi à reconstituer Marlyn pendant le cours de civilisation. Un jeune esprit torturé et indécis, qui cherchait la vengeance à tous prix et par tous les moyens... Elle avait juste appuyé sur les bonnes cordes. Ne faisant plus attention au cours, elle avait transmis ce message par les Spires en prenant la voix de la mère d'Elio Thäron. D'un sourire narquois, elle était partie du cours dans les premières, direction les cachots.
C'était là qu'elle se trouvait d'ailleurs, à revoir son plan de manipulation. Si tout se passait bien, sa proie s'engluerait dans sa toile avec allégresse... Après tout, c'était de cette même manière qu'on l'avait convertie au Chaos. Accroupie sur une des poutres du grand cachot, dissimulée dans l'ombre par ses habits noirs et son entrainement, Marlyn attendait. Sa proie. La suite allait être dure pour elle, même si son don du Dessin était développé. Reproduire un être humain, même pour quelques secondes et avec le peu d'informations sur la mère dont elle disposait, relevait presque de l'impossible. Elle en sortirait fatiguée, un mal de crâne démentiel, mais si ça marchait...
Du bruit se fit entendre dans les couloirs. A en juger par les hésitations, les pauses, ce ne pouvait être que le jeune Elio Thäron. Son hésitation était compréhensible, après tout il croyait que sa mère depuis longtemps défunte lui avait parlé directement dans la tête... La porte s'ouvrit dans un long grincement. Marlyn ferma les yeux et fit le vide dans sa tête. Place au dessin. Place à..

- Elio, c'est toi ?

... L'illusion, le fantôme de la morte. A cause du peu d'informations que Marlyn avait réussi à trouver dans le cerveau de sa proie, les contours restaient flous, et le visage était dépossédé du moindre trait. Mais la voix, la voix elle était parfaite, reproduite avec exactitude. C'était la moindre des choses. De là où elle était, la Mentaï ne pouvait voir la réaction du Corbac car l'ombre masquait son visage ; mais à n'en pas douter, l'illusion marcherait. La tête dans les mains, avec l'impression qu'on lui martelait le crâne à coups de masse, Marlyn alla chercher dans les Spires plus hautes, ignorant sa fatigue.

- Ecoute-moi attentivement, Elio... Je ne peux pas rester très longtemps sous cette forme, le monde des morts m'appelle. La personne qui m'invoque sait comment t'aider; oublie tes convictions, oublie le bien et le mal, oublie même les sacrifices qu'il faudra faire... ton coeur sait que suivre cette personne est la solution. Venge-moi, mon fils...

C'était trop dur. L'illusion disparut dans des volutes de fumée, la pression que devait maintenir Marlyn se relâcha enfin: elle s'adossa contre la paroi de pierres froides, souffla un instant. Sans bouger de sa poutre où elle ne pouvait qu'être aperçue en tant qu'ombre indécise, elle prit elle-même la parole, d'un ton grave, voire dramatique, le même qu'elle avait fait employer à son pantin de fausse mère :

- Jusqu'où sauras-tu t'oublier pour venger ta mère ? Ce sera long, difficile, mais surtout, tu n'auras plus d'autre maître que moi.

Elio Tharön
Elio Tharön

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MessageSujet: Re: Tu n'auras plus d'autre maître que moi [Terminé]   Tu n'auras plus d'autre maître que moi [Terminé] Icon_minitimeLun 2 Nov 2009 - 13:18

Des pas résonnaient dans le long couloir des cachots...Pas précipités. Pas anxieux. La dernière fois qu'il avait emprunté ce chemin c'était involontairement, juste avec l'idée en tête de découvrir un peu plus cette académie. La dernière fois qu'il avait mit les pieds dans les cachots, il y avait rencontré Elera.
Elera.

Il l'aimait. Il avait mis du temps à comprendre, mais à présent il en était sûr. En entrant pour la première fois dans ces cachots jamais il n'aurait imaginé ressentir pareil sentiment. Tomber amoureux. Quelle aventure n'est-ce pas?
Mais à présent c'était une tout autre motivation qui le poussait dans ce lieu froid et attirant. Une motivation qui avait un nom. Et une voix.

Il était en cours. Elève attentif, assis auprès de la fille qu'il aimait. Plus rien ne lui semblait impossible. Heureux. Pour la première fois de sa vie il se sentait heureux! Elera lui avait dit qu'elle l'accompagnerait aux pays faëls pour chercher des traces sur sa mère! Et en plus...en plus elle l'avait...Le souvenir du baiser, après la mésaventure avec la Gardienne de l'Académie, le fit rougir. Rien n'était impossible. Pas même retrouver sa mère. Ou du moins retrouver les traces de sa mère, et les raisons de sa mort! Il ne croyait pas si bien penser! Une voix douce et chaleureuse, tout à fait l'intonation d'une voix maternelle, s'était glissé dans son esprit durant ce cours de civilisation.

- Elio ? C'est moi.. Après le cours, va dans les cachots. Je connais quelqu'un qui saura te rendre assez fort pour venger ma mort...

Le corbac avait fait un bon des plus surprenants. Ignorant les regards des autres élèves, en particulier celui d'Elera, il tourna vivement la tête recherchant la personne qui venait de lui parler. Mais il savait déjà qu'il ne la trouverait pas.
Héliane.
Sa mère! Sa mère venait de lui adresser un message!
Des années! Voilà des années qu'il attendait en vain un signe, un espoir de la retrouver et de la venger! Avec Elera il avait cru un instant y arriver. Elle lui portait chance! Devant le regard interrogateur que celle-ci lui lançait, il lui lança un grand sourire. Tout. Il lui raconterait tout. Mais pour l'instant une personne l'attendait dans les cachots. La fin du cours fut pour lui une délivrance!


Il approchait des cachots. Impatient et nerveux. Enfin! Enfin il allait découvrir comment sa mère était morte! Enfin il allait savoir ce que son père lui cachait depuis des années! Enfin il allait pouvoir la venger!
A l'entrée des cachots son cœur s'emballa. Il ne savait qui il allait trouver. Il savait juste qu'il allait découvrir la vérité. Et mine de rien cette vérité le terrifiait. Il l'avait confié à Elera d'ailleurs, lors de leur première rencontre. Lors de sa première visite des cachots. Mais à présent il n'avait plus peur. Elera avait effacé ses doutes. Il était prêt!

- Elio, c'est toi ?

Le jeune garçon se figea. Devant lui se dressait sa mère. Belle et majestueuse, comme il en avait l'image. La même mère présente dans son rêve le soir de l'attaque de l'Académie!
La taille gracile, et élancée, la peau halée, une longue chevelure blonde et ondulée et de grands yeux bleus. Sa mère se tenait devant lui.
Seule l'émotion retenait le garçon de ne pas courir dans les bras de sa mère.

- Ecoute-moi attentivement, Elio... Je ne peux pas rester très longtemps sous cette forme, le monde des morts m'appelle. La personne qui m'invoque sait comment t'aider; oublie tes convictions, oublie le bien et le mal, oublie même les sacrifices qu'il faudra faire... ton coeur sait que suivre cette personne est la solution. Venge-moi, mon fils...

Elio acquiesça. Tout. Pour elle il ferait tout! L'occasion tant attendue se présentait, il était hors de question de la louper! Il voulut s'approcher, lui prendre la main, mais la silhouette s'évapora, à la manière de la brume.

-Maaamaaaaan!!! hurla-t-il, le bras tendu vers l'endroit où se tenait précédemment sa mère.

Les larmes aux yeux, la tête baissée, il ne parvenait pas à se rendre compte de ce qui venait réellement de lui arriver! Sa mère! Sa mère venait de lui apparaitre, et de lui offrir le moyen de tout élucider!

Une autre voix le fit sursauter, mystérieuse et voilée de promesses:

- Jusqu'où sauras-tu t'oublier pour venger ta mère ? Ce sera long, difficile, mais surtout, tu n'auras plus d'autre maître que moi.

Elio se contorsionna, tentant de voir qui lui parlait. Il devait s'agir de la personne ayant invoqué sa mère. Donc d'une amie. Une aide précieuse.
Reprenant ses esprits, revêtant sa carapace, il inspira un grand coup avant de répondre d'une voix rocailleuse qui ne lui ressemblait pas:

-Jusqu'au bout. Jusqu'au bout j'irais pour découvrir le secret de sa mort et la venger. Je vous suivrais, qui que vous soyez, et deviendrais votre élève. Je déplacerais Al Poll, l'enfouissant au plus profond des terres! Je mourais même, si tel doit être le prix!

A peine sa phrase achevée qu'un ombre bondit à ses côtés, venant de nulle part. Le corbac ne put retenir un hoquet de surprise, mais se reprit vite. Il dévisagea l'ombre, et ne put contenir sa surprise en s'apercevant que c'était une femme!


Marlyn Til' Asnil
Marlyn Til' Asnil

La Borgne
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MessageSujet: Re: Tu n'auras plus d'autre maître que moi [Terminé]   Tu n'auras plus d'autre maître que moi [Terminé] Icon_minitimeMer 11 Nov 2009 - 18:33

Tout marchait. Elio avait mis les deux pieds dans son piège comme un papillon nocturne allait se consumer sur la lampe qui l’attirait, comme un insecte se laissait engluer sur la toile d’une veuve noire, et regardait son meurtrier avec un air béat. Dans le cas présent, il n’y avait ni lampe ni toile, juste une promesse, un enseignement qu’elle pouvait lui apporter. Il était l’élève idéal à manipuler. En un sens, il lui rappelait de très loin son propre destin quelques années auparavant. Elle qui sautait sur chaque occasion de saisir la vengeance, avait été attirée par le pouvoir qu’on lui promettait.
Mais là s’arrêtait la comparaison. Elle avait effacé tous les souvenirs de cette époque de sa mémoire et ne tenait pas à les faire revivre. Elio quant à lui… Il avait une histoire à tracer. Et elle enroulait doucement ses fils autour de ses poignets, pour en faire sa petite marionnette souriante. Une fois la fatigue de l’Imagination passée, et la promesse d’Elio évoquée, la Mentaï se laissa lestement glisser des poutres et atterrit sur le flanc de son futur élève.
Apparemment, il ne s’attendait pas à ce qu’une femme pût être son Maître. C’était un point sur lequel il fallait jouer. Et gagner la partie.
Investissant l’Imagination, Sareyn effleura les Spires les plus basses : les torches des cachots s’allumèrent dans un claquement sec, et la pièce fut baignée d’une lueur orangée. Ce qui suffit à Marlyn pour observer les traits d’Elio de plus près. Il avait les yeux rouges, mais déterminés. Il était à elle, il n’y avait plus aucun doute. Il la suivrait jusqu’au bout des enfers, comme il lui avait signifié plus tôt. Lui également pouvait voir Marlyn ; il l’aurait sûrement vite identifiée comme l’élève étrange, au visage à demi-masqué et à l’histoire inconnue. La Mentaï savait parfaitement sur quels aspects de son propre vécu elle devrait jouer pour conditionner Elio Thäron, à commencer par les cicatrices et plaies derrière le tissu de son visage et de son corps. Mais pas maintenant.

- Mourir est inutile si je n’ai pas eu le temps de te former, et toi le temps de venger ta mère. Le sacrifice est la voie des faibles, et tu n’es pas faible Elio, n’est-ce pas ?


Question rhétorique qui visait à mettre le Corbac en confiance, bien entendu. Marlyn, les bras enroulés autour du torse, se mit en mouvement tant pour assurer sa position dominante que pour s’occuper, tournant inconsciemment en cercles autour de sa proie, sans pour autant que cela fut interprété comme une menace.

- Je veux que tu comprennes bien l’ampleur de ta décision, Elio. Pour le reste du monde, ton allégeance à mon enseignement et à mon ordre n’existe pas, tout doit rester secret si tu veux que cela réussisse. Personne ne doit savoir, tu m’entends, personne. Pas même Elera.


Elera. Cette fille qui encore se trouvait entre Marlyn et ses plans, de manière cette fois inconsciente. Après avoir fouillé l’esprit de sa proie, la Mentaï avait donc appris et décortiqué l’amour que le Corbac portait à son amie. Il faudrait jouer sur ce lien, le briser, le corrompre, l’empoisonner, pour qu’enfin, l’amoureux se retourne contre sa maîtresse. Ce pourrait être long si elle s’y prenait mal, mais très rapide si elle parvenait à trouver les bons arguments.

- Je sais que tu l’aimes. Mais tu devras l’oublier. Quoiqu’il en coûte, et quelle que soit la douleur que tu éprouveras à le faire. On fait tous des choix douloureux dans la vie, et je sais que tu es assez fort pour faire le bon. J’ai aussi dû choisir entre le pouvoir et Elera, un jour…

Le mettre en confiance en lui parlant d’expériences personnelles –qu’elles soient véridiques ou non. Même si Marlyn avait effectivement connu Elera, elle n’avait jamais du choisir entre elle et le Chaos, ayant toujours refusé la Lotra. Mais Elio ne le verrait certainement pas de cet œil.

Elio Tharön
Elio Tharön

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MessageSujet: Re: Tu n'auras plus d'autre maître que moi [Terminé]   Tu n'auras plus d'autre maître que moi [Terminé] Icon_minitimeLun 16 Nov 2009 - 18:13

La femme qui se tenait devant lui le fascinait. Elle dégageait une aura de mystère et de puissance. Son visage, à moitié caché son un bandeau inspirait la crainte de découvrir ce qui s'y cachait. Et pourtant tout le monde sait que l'inconnu attire. Particulièrement quand il est source de pouvoir et de force. Surtout quand il vous promet le but de votre vie, la réalisation de tous vos projets, le fin mot de votre quête!
A présent Elio sentait sa source d'espoir tourner autours de lui. Il ne dit rien. Offusquer cette femme serait une grave erreur. Elle détenait tellement de sa vie entre ses mains.

- Mourir est inutile si je n’ai pas eu le temps de te former, et toi le temps de venger ta mère. Le sacrifice est la voie des faibles, et tu n’es pas faible Elio, n’est-ce pas ?

Il secoua la tête, pourtant pas si sûr de lui. Il avait des faiblesses, mais il les connaissait. Et puis pour retrouver la trace de sa mère il ne serait pas faible. Non il serait fort. Le plus fort.

- Je veux que tu comprennes bien l’ampleur de ta décision, Elio. Pour le reste du monde, ton allégeance à mon enseignement et à mon ordre n’existe pas, tout doit rester secret si tu veux que cela réussisse. Personne ne doit savoir, tu m’entends, personne. Pas même Elera.

Le secret n'était pas un problème. Le corbac n'avait personne à qui se confier. Personne à part Elera. Et voilà justement où résidait le problème!
Elera!
Une boule vint se coincer dans sa gorge. Il aurait tellement voulu sortir en courant, l'embrasser et tout lui raconter. Voilà qu'on lui interdisait.
Elio tiqua.
Jamais personne ne lui avait interdit quoi que se soit! Il était libre, libre et indépendant!
La femme continua sans même attendre sa réponse.

- Je sais que tu l’aimes. Mais tu devras l’oublier. Quoiqu’il en coûte, et quelle que soit la douleur que tu éprouveras à le faire. On fait tous des choix douloureux dans la vie, et je sais que tu es assez fort pour faire le bon. J’ai aussi dû choisir entre le pouvoir et Elera, un jour…

Au mot oublier la colère le prit, et il grogna. Serrant les poings il dut se contenir. Jamais il ne pourrait l'oublier.
Elera était la femme de sa vie! Son seul port dans cette Académie! Son seul port dans la vie!
Comment cette femme pouvait oser lui dire pareille chose?!
Et pourtant cette femme avait fait apparaitre sa mère! Elle était le cœur de la vérité!

L'inconnue ou Elera?
La Vérité ou l'Amour?

Choisir l'un serait trahir l'autre! Soudainement le choix lui apparut autrement:

*Maman ou Elera?*

*Elera a échoué elle! Quand elle a voulu retrouver ma mère elle a échoué, et n'a rien pu faire!
Alors que cette femme me l'a matérialisé devant moi! Je l'ai vu! Je l'ai entendu! Et elle sait tout! Elle connait mes sentiments, mon but! Elle détient la vérité!
Mais Elera va m'accompagner! Elle a dit qu'elle m'accompagnerait en pays faël!*

Mais quand? Et rien n'était sûr. Ce n'était même pas une promesse. Et il n'était pas encore assez fort pour entreprendre ce voyage. Alors que là...maintenant...il pouvait accéder au pouvoir, à la force, à la vérité!
Mais toute vérité a un prix.
Et pour celle-ci il devrait renoncer à Elera.
Une larme coula le long de la joue du garçon. Pourquoi avait-il fallu qu'il ouvre son cœur à cette fille? A présent il avait tellement mal!
Il fixa la femme qui attendait avec patience. Elle aussi avait du faire un choix, le même choix apparemment. Il était clair de quel côté avait penché la balance. Avait-elle réussi à se remettre de la perte d'Elera? L'avait-elle seulement aimé comme il l'aimait lui?! Non ce n'était pas possible!

Il n'avait pas vraiment le choix. Cette inconnue était sa seule chance d'atteindre son but, de découvrir la véritable raison de la mort de sa mère. Et de la venger!
Relevant la tête, il essuya ses larmes, qu'il espérait être les dernières pour Elera, et répondit dans un grognement:

-Aucun mot ne sortira de ma bouche. Je suis à présent à toi, et je te suivrais quel que soit la destination. Elera n'en saura rien. Cependant je ne pourrais l'oublier. Je l'aime c'est vrai. Mais surtout je n'oublie jamais. Elle sera toujours présente dans mon esprit, et cela tu n'y peux rien. L'as-tu oublié toi?

Il n'attendit pas la réponse. Il se rapprocha de la femme et chuchota:

-Dis-moi ton nom. Montre-moi la voie de la vérité!


Marlyn Til' Asnil
Marlyn Til' Asnil

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MessageSujet: Re: Tu n'auras plus d'autre maître que moi [Terminé]   Tu n'auras plus d'autre maître que moi [Terminé] Icon_minitimeVen 11 Déc 2009 - 1:59

Colère, tristesse, amertume, doute, honte… Toutes ces émotions qui traversaient le jeune homme en à peine quelques secondes, toute cette boule concentrée d’indécision, qui venait de virer couleur ténèbre… C’était une proie vraiment intéressante. Un instant, la Mentaï se rappela son propre passé, lorsqu’à 18 ans elle bouillonnait de toutes ces émotions instables de vengeance, jusqu’à l’arrivée de son maître qui avait canalisé cette énergie en un trait meurtrier et intraitable, son Chaos. L’identique pouvait être reproduit ici… et le serait. Malgré l’amour que semblait éprouver pour Elera et la douleur qui déformait ses traits, il ferait le bon choix. Marlyn avait confiance et surtout, elle avait la patience de son côté.
Qu’importe qu’elle réussisse aujourd’hui, ou demain. Maintenant qu’Elio connaissait cette main gantée qui lui était offerte, il devrait subir la tentation de se laisser guider par elle jusqu’à son but final… La victoire vint ; ce fut la larme qui en devint le symbole. Les mains croisées derrière le dos, droite et tendue, elle scruta le visage d’Elio, tandis qu’il livrait sa liberté à la Mentaï sur un plateau d’or.
Son nouvel élève avait des questions, il voulait connaitre ce maitre mystérieux qui avait fait luire la vérité. Il allait falloir doser habilement les informations à livrer, celles à cacher, celles à déformer pour les accomoder aux attentes du jeune Elio. Sareyn n’excellait pas dans cet art malgré son maître si pernicieusement doué dans l’art de la manipulation, mais elle ne doutait pas de sa réussite.


- Non, je n’ai pas oublié Elera… seulement l’histoire qui nous liait, elle et moi.

Elle se tut pour pouvoir se concentrer sur les dessins qu’elle manipulait mentalement. Deux-trois coussins apparurent sur le sol devant eux, de manière à les séparer du froid intransigeant des dalles. Les flammes des torches se détachèrent des flambeaux ; et les boules incandescentes se dirigèrent vers eux, pour ne plus former qu’un globe écarlate – de la taille d’un ballon- d’où exhalait une douce chaleur. Le globe contenu entre ses deux paumes ouvertes, Sareyn convia Elio à s’asseoir sur les coussins, et se plaça elle-même à sa droite de manière que seule la partie masquée de son visage lui apparut.

- On m’a donné plusieurs noms, au cours de ma vie, et même entre ces murs. Oui, reprit-elle pour répondre à l’interrogation qui allait peut-être venir d’Elio, j’ai été un jour une élève de la grande Académie de Merwyn, et j’ai partagé l’histoire d’Elera dans ces années-là. Mais qu’importe.. Pour la sécurité de notre secret, appelle-moi Maître, ou contente-toi de m’adresser la parole. Toutefois…

Un temps d’arrêt pendant lequel, Marlyn, songeuse, repensait à ses premiers instants en temps qu'Elève Mentaï, à ses premiers cours, à ses angoisses et aux réponses du Maître. La relation qu’elle avait eue avec le noble blond était à des années lumière de celle qui était en train de s’établir avec Elio Thäron. Tous les élèves étaient différents, les mots étaient uniques, et c’était à elle, Mentaï, de forger son propre enseignement à partir de celui qu’elle avait reçu.

- Peut-être as-tu entendu parler un jour de l’histoire de Marlyn Til’ Asnil, la disparue de Félixia, celle qui aimait être dans les cachots pour être avec les chauves-souris ?

Grâce aux informations qu’elle avait glanées dans l’esprit ténébreux de son nouvel élève, Marlyn avait su reconstituer une des premières phrases qu’Elera avait dites à Elio lors de leur rencontre sur l’ancienne pièce préférée de l’être chaotique. L’œil unique rivé dans la sphère cinabre qui éclairait leurs deux visages d’une aura sanguine, Sareyn réfléchit un temps avant de continuer, la voix lointaine.

- Toute l’histoire de cette Marlyn a été résumée au fer blanc derrière ce masque que tu vois. L’académie était la scène, Valen Til’ Lleldoryn et Slynn Ar’ Kriss en étaient les acteurs. Eux qui ont tué Marlyn dans une salle non loin de ces cachots, ils sont le parfait exemple des apparences trompeuses. Comme tu peux le voir, Elio…

Marlyn tourna la tête vers son élève, son œil noir luisant à l’aura de la boule de feu.

- Le mal ne se lit pas seulement dans ceux qui ont les yeux noirs.

[ Erf, je suis partie carrément en live sur la fin, si y'a un problème hésite pas, étant donné le peu de temps que j'ai trouvé pour taper ce post en fraude :s ]

Elio Tharön
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MessageSujet: Re: Tu n'auras plus d'autre maître que moi [Terminé]   Tu n'auras plus d'autre maître que moi [Terminé] Icon_minitimeMer 23 Déc 2009 - 23:11

Elio scrutait les contours de la femme, avec curiosité et soif de connaissance. Il mourrait d’envie de lui demander de faire de nouveau apparaître sa mère, afin qu’il puisse lui dire tout ce qu’il avait sur le cœur depuis quinze ans. Il voulait également en savoir plus sur le lien entre elle et Elera. Mais il se taisait, attendant ses réponses avec avidité.

- Non, je n’ai pas oublié Elera… seulement l’histoire qui nous liait, elle et moi.

Le guerrier se renfrogna. Oublier une histoire d’amour…La première histoire d’amour de sa vie…La première personne qui avait su lire son cœur et percer sa carapace…Plus facile à dire qu’à faire ! En avait-il vraiment envie ? Pour sa mère il le devait. La vérité était plus importante, une fois découverte rien ne l’empêcherait de retourner vers Elera. Mais l’attendra-t-elle ?

Soudain deux coussins apparurent sur le sol, de même que des sortes de bougies sans formes, des halos de lumière. Il ouvrit grand la bouche, puis la referma précipitamment, se claquant la mâchoire à s’en faire mal, conscient qu’il devait avoir l’air stupide ! Des dessins ! La femme était une dessinatrice ! Un don qu’il avait toujours admiré et qui faisait d’elle un vrai maitre de l’illusion ! Maitre de l’illusion certes, mais illusion décelant la vérité ! Quoi de plus mystérieux et attirant ? Le jeune garçon trépignait, tel un gamin, et il s’assit à l’invitation de son interlocuteur avec entrain ! Alors qu’elle s’asseyait en face de lui, il tenta de discerner son visage, mais elle ne lui permit de découvrir que la face cachée de celui-ci.
Sa voix se répercuta dans les profondeurs des cachots :

- On m’a donné plusieurs noms, au cours de ma vie, et même entre ces murs. Oui, reprit-elle pour répondre à l’interrogation qui allait peut-être venir d’Elio, j’ai été un jour une élève de la grande Académie de Merwyn, et j’ai partagé l’histoire d’Elera dans ces années-là. Mais qu’importe.. Pour la sécurité de notre secret, appelle-moi Maître, ou contente-toi de m’adresser la parole. Toutefois…

Elio tiqua un instant sur l’appellation maitre, mais ne pipa mot. Jouer sur les mots ne lui apporterait pas la vérité et la fin des secrets de son père…Bien au contraire ! Après tout, elle était un maitre, il l’avait lui-même reconnu il y a quelques secondes. Et il serait fier d’être son élève. Il la fixa donc, sans rien dire, buvant chacune de ses paroles comme un breuvage à la fois apaisant sur sa soif de vengeance et mortel sur ses principes qu’il croyait acquis…Mais quels étaient ces principes en réalité ? La seule ancre qu’il détenait dans sa morale était Elera…
Etait.
Il devait se détacher d’elle. Pour sa mère.
On ne pouvait donc pas avoir deux femmes dans sa vie ?

- Peut-être as-tu entendu parler un jour de l’histoire de Marlyn Til’ Asnil, la disparue de Félixia, celle qui aimait être dans les cachots pour être avec les chauves-souris ?

Le corbac ne put retenir un hoquet de surprise. Lors de sa première rencontre avec Elera, dans ce même lieu, celle-ci lui avait en effet parlé d’une ancienne amie, aimant particulièrement les demoiselles de nuit ! Coïncidence ? Non. Non tout le ramenait à Elera, et elle, Marlyn. Comment oublier Elera, comment se séparer de cet amour réciproque, alors que tout ce qu’il découvrait le transportait vers elle ? A moins que la jeune fille à la crinière de feu n’ait été le premier signe envoyé par sa mère afin de le conduire au creux de l’axiome…

- Toute l’histoire de cette Marlyn a été résumée au fer blanc derrière ce masque que tu vois. L’académie était la scène, Valen Til’ Lleldoryn et Slynn Ar’ Kriss en étaient les acteurs. Eux qui ont tué Marlyn dans une salle non loin de ces cachots, ils sont le parfait exemple des apparences trompeuses. Comme tu peux le voir, Elio…

Il ouvrit grand les yeux. Du théâtre. Tout n’était qu’une immense pièce de théâtre ! Soudain un murmure lui vint en tête. Une voix douce lui chuchota quelques mots :

« Cette vie est un théâtre, Elio, contente-toi de rire quand la pièce est comique, de pleurer lorsqu’elle est triste et d’applaudir à la fin de la représentation. »

*Maman !*

Aucun doute, cette voix appartenait à sa mère ! D’où venait-elle ? Soudain les images rejoignirent la voix, une femme à la peau halée, et à la longue chevelure blonde est penchée sur un petit garçon blond qui pleure.

Un souvenir ! Un souvenir venait de se présenter à lui, pour la toute première fois ! Tant de fois il avait cherché au plus profond de lui des souvenirs de sa mère, en vain ! Et là…Il releva un visage réjouit vers son maitre. Marlyn était la clé de tout. Y compris de cette pièce de théâtre. Et lui se voulait être la chute.

En réponse à ce sourire prometteur d’une fidélité sans faille, le Maitre d’illusion tourna la tête, dévoilant un œil noir, aussi noir que le néant. Elio n’eut pas peur. Une vague de crainte, mêlée d’admiration l’envahie, mais il n’eut pas peur. Il était confiant, et prêt. Ensemble ils construiraient la plus grande farce jamais connue dans le monde du théâtre. La farce de la tombée des masques !

- Le mal ne se lit pas seulement dans ceux qui ont les yeux noirs.

Elio sourit. La tombée des masques se préparait au centre des cachots, et personne ne le savait!
Ainsi il murmura dans le silence que générait de pareilles révélations:

-Apprends-moi!

Marlyn Til' Asnil
Marlyn Til' Asnil

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MessageSujet: Re: Tu n'auras plus d'autre maître que moi [Terminé]   Tu n'auras plus d'autre maître que moi [Terminé] Icon_minitimeDim 24 Jan 2010 - 0:41

[Je suis terriblement désolée pour ce retard, j’espère que ça se reproduira plus…]

S’il fallait une dernière confirmation de l’asservissement de son élève, elle venait de lui être présentée sur un plateau d’argent. Avec ce « apprends-moi » qui ne souffrait plus aucun doute ni aucune hésitation quant à sa vie antérieure, Marlyn était certaine qu’elle pouvait contrôler Elio Thäron, le manipuler, le formater à entrer dans leur Ordre..
Il semblait même prêt à renoncer à Elera, à la repousser sur un ordre de la Mentaï. Le combat n’était pas complètement gagné sur la marchombre de Lotra, mais Marlyn avait bonne espérance que bientôt, toute trace d’amour dans le petit cœur du Corbac serait annihilée. Il suffisait de lui montrer les bonnes pièces du puzzle, dans le bon ordre, en saupoudrant le tout de promesses, promesses d’une destinée glorieuse et vengeresse… Il fallait trouver les bons mots, au bon moment. Et savoir se taire lorsqu’il le fallait. Comme en cet instant précis, alors que la fougue d’Elio résonnait encore entre les murs humides du cachot. Il n’y avait pas de mot qui puisse porter son enthousiasme plus loin, qu’un silence approbateur. Les flammes déclinantes de l’orbe dessiné traçaient sur la joue de la Mercenaire du Chaos ce qui ressemblait à un sourire ; qui n’en était que l’ersatz. Une ombre furtive qui glissait le long de ses pommettes et déchirait la peau, pour aller mourir à la naissance de son œil noir… Il y avait bien longtemps que la seule chose qui étirait le bord de ses lèvres pâles était la cruauté, l’absorption vampirique de la souffrance des autres, de leur malheur… ou de leur désir de vengeance, comme c’était le cas d’Elio.

Maintenant que son allégeance lui était complètement acquise, Sareyn pouvait jouer sur ses haines et ses idées reçues.. Elle devrait faire attention à l’attacher aux bons fils, sa première marionnette ; devrait se baser sur ceux qui la liaient à son propre maître, et en créer des nouveaux, des uniques pour Elio… Elio avait beau ressembler à ce qu’était Marlyn lors de sa conversion, de nombreux aspects de leur personnalité étaient différents.

La Mentaï possédait un atout, une carte sur laquelle reposerait toute sa stratégie : c’était son visage, ces secrets dissimulés par l’étoffe sombre, ce mystère qui attirait déjà Elio comme une flamme attirait le papillon.. Il fallait juste faire attention à ne pas lui brûler les ailes trop profondément, juste de quoi le faire chuter de ses convictions. Ces cicatrices étaient le témoignage qui lui fallait, le ciment de son édifice : et le masque qui le masquait, l’illusion, la brume qui masquait le Chaos.


- Patience, Elio, je vais t’apprendre… beaucoup, de choses.

Je t’apprendrai à devenir le pantin d’un pantin, Elio… Un être au courant des secrets les plus noirs qui se trament dans l’Académie, dans le cœur de ton aimée Elera, un être qui ira très loin pour venger sa chère mère ; trop loin… Je t’apprendrai à être une rose devant le monde, et à les meurtrir de tes épines ; je t’apprendrai la subtilité des poisons et des mensonges, ceux des sourires que je ne sais plus faire et des rires que j’ai désappris à imiter.
D’un geste lent, la jeune Mentaï tendit la sphère enflammée à Elio, pour qu’il la prît entre ses propres mains. Même si le jeune homme semblait un peu étonné de ce geste, Marlyn lui indiqua qu’elle n’était pas chaude et ne pouvait pas brûler, puisque c’était un dessin ; elle eut enfin les mains libres. Pour ce qu’elle projetait de faire, il lui fallait bien ses dix doigts pour ne rien… endommager. Alors avec des gestes lents et précautionneux, ses mains commencèrent à délier les fines sangles de cuir qui maintenaient son masque en place, au creux de sa nuque.

Le meilleur moyen d’apprendre à Elio, c’était de lui montrer les risques, les erreurs à ne pas commettre, le danger à frôler sans courir. Les pièces de métal tintaient les unes contre les autres, dans un chaos harmonique des plus aimables. Quand elle sentit que tous les liens compliqués recouverts par ses cheveux d’obsidienne étaient détachés, Marlyn posa précautionneusement les deux paumes sur le masque, et le retira. A la lueur du dessin enflammé, on pouvait nettement distinguer une longue cicatrice qui partait du front, pourfendait le sourcil, la paupière déchirée, la joue, et terminait en crevant le bord des lèvres de la Mentaï. Elle ne formait plus qu’une ligne saillante et claire qui traversait son visage, grâce aux soins du rêveur que Sareyn avait côtoyé quelques mois durant…

Feignant le désintéressement complet pour son œil mort et son visage marqué, la jeune femme montra le demi-masque à Elio, et prit la parole d’une voix teinte :


- Tu vas devoir apprendre à te construire un masque comme le mien, Elio. La différence qu’il y aura, c’est que le tien sera impalpable, c’est une identité, un personnage dont tu dois recouvrir la partie de ton âme qui est blessée, qui porte des cicatrices.

Elle avait tourné ses phrases dans sa tête durant tout le temps qu’elle avait mis à ôter son propre visage de cuir ; n’étant pas instruite, elle avait tourné au plus simple, au plus percutant pour son élève. Dans un même mouvement, Marlyn reprit le globe des mains de son élève et le fit disparaître, les plongeant un temps dans une semi-pénombre… Qui ne dura pas, car les torches s’enflammèrent le long des parois, ravivant la lumière des cachots. Puis la Mentaï se leva, et reprit :

- Mais assez de théorie, ça ne te sauvera pas lors des combats que ta vie t’imposera. Que sais-tu déjà faire ? Montre-moi ce que l’on t’a enseigné à l’Académie, et on pourra partir de là pour te rendre meilleur, assez fort… pour venger ta mère.

Elio Tharön
Elio Tharön

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MessageSujet: Re: Tu n'auras plus d'autre maître que moi [Terminé]   Tu n'auras plus d'autre maître que moi [Terminé] Icon_minitimeMer 10 Fév 2010 - 18:09

- Patience, Elio, je vais t’apprendre… beaucoup, de choses.

Elio frétillait. Apprendre. Apprendre était un verbe tellement beau. Surtout lorsqu’il s’accompagnait d’un complément d’objet direct, comme « apprendre la vérité ».
Les cachots lui soufflaient un air nouveau dans ses narines, emplissant ses poumons d’une soif inconnue auparavant : la vengeance.
Marlyn donna alors la sphère de lumière à Elio. Il hésita à la prendre. Non pas parce qu’il la pensait chaude, comme devait croire la femme en face de lui, mais parce que cette sphère ne lui rappelait que trop le cadeau d’Elera. Soigneusement rangée dans sa chambre, il évitait de se balader avec toute la journée, par peur de la briser. Cette sphère lumière qui le guiderait où qu’il aille. Etait-ce une coïncidence qu’on lui tende un objet similaire, bien qu’ordinaire dans ce cas-ci, à l’instant ? Le corbac ne croyait plus aux coïncidences. Une lumière voulait à tout prix le guider, lui montrer la bonne voie. Sa mère, il en était sûr ! Et elle lui disait mot pour mot de suivre cette voie ! Il était en total accord avec ce conseil, à moins que ce ne soit un ordre ? Peu importait.

Le Maitre d’illusion déshabilla alors avec précaution son visage, retirant le demi-masque qui cachait une partie de sa figure. Le jeune garçon ne put retenir un hoquet de surprise. Son visage était atrophié ! Une longue cicatrice s’étalait à la place du masque, et elle n’était pas vraiment agréable à regarder. Marlyn avait du souffrir. Vraiment souffrir !
Et si tel devait être son cas, afin de découvrir la vérité, alors il serait prêt à endurer mille tortures, se courbant, mais au grand jamais se pliant à d’autres volontés que celles de son maitre et les siennes. Qui ne faisaient désormais qu’une.

- Tu vas devoir apprendre à te construire un masque comme le mien, Elio. La différence qu’il y aura, c’est que le tien sera impalpable, c’est une identité, un personnage dont tu dois recouvrir la partie de ton âme qui est blessée, qui porte des cicatrices.

Elio sourit. Oui. Oui, il apprendrait à se déguiser, à se forger un masque pour mieux détruire ceux des autres et percer enfin ce secret si bien gardé ! Il deviendrait autre. Comme un comédien, il entrerait sur scène, vêtue d’un habit qui n’est pas à lui et prêt à interpréter une personne qu’il n’est pas. Il tromperait le monde pour le mettre à nu !

Marlyn lui reprit la boule, la fit disparaitre. Le noir les envahit, mais très vite les torches accrochées au mur prirent feu, éclairant la salle vide.

- Mais assez de théorie, ça ne te sauvera pas lors des combats que ta vie t’imposera. Que sais-tu déjà faire ? Montre-moi ce que l’on t’a enseigné à l’Académie, et on pourra partir de là pour te rendre meilleur, assez fort… pour venger ta mère.

Son sourire s’élargit, enfin l’apprenti guerrier allait pouvoir faire ses preuves !
Mais que lui montrer ? Que lui dire ?
La réponse lui vint, évidente et fière.

-Donnes-moi un arc et des flèches.

Sa voix confiante le surprit. Depuis quand se maitrisait-il ? Depuis quand pouvait-il se venter de savoir faire quelque chose de grand ?
Depuis qu’il avait découvert son don faël.
Depuis qu’il l’avait fait.
Dans les mains de son maître apparut un arc, et trois flèches. Simples, mais largement suffisant pour montrer de quoi il était capable. Il les prit, sans précipitation, pour une fois en possession de ses gestes et de ses décisions.

Il examina la salle. Mis à part le vide et les chauves-souris il n’y avait rien. Aucune cible. Peut-être devrait-il lui demander une cible, un obstacle ou…
Non. Ce serait trop facile. Son œil s’arrêta sur un mur en recoin qui formait une marche assez haute, sorte de perchoir.
Parfait.
Calant l’arc dans son dos, et mettant en sureté les flèches entre ses dents, il se hissa sur la marche, glissant quelques fois, mais arrivant au bout, grâce aux prises que formaient certaines pierres. Il avait à présent sa position d’attaque.
Restait la cible.
Une idée germa dans son esprit et il rit intérieurement du spectacle auquel allait assister son maître. Peur, grosse frayeur, colère, et puis soulagement. C’est ce qu’il prévoyait. Ensuite ? Il espérait fierté !
En silence, il encocha les trois flèches. Accroupi, il se tenait prêt à l’attaque. Il visa l’autre coin de la pièce, à son opposé, le plus loin possible. Y sommeillait une chauve-souris.
Trois flèches. Qui ne formaient qu’une seule. Il avait essayé cette technique il y a peu, cherchant les limites du don reçu par sa mère.
Il dissocia les trois flèches, les écartant les unes des autres légèrement, afin de les guider dans leurs futures trajectoires. Puis il se tint paré.
Ses doigts fins lâchèrent la pression de la corde et les trois armes partirent en unisson.
Toutes trois fusèrent vers la demoiselle de nuit qui dormait sans prendre garde à la mort qui venait à elle.
La première se planta au dessus de son crâne, la deuxième à sa gauche, frôlant son aile, et la troisième à droite, de la même manière que la précédente. Les trois sœurs de fer venaient de prendre au piège l’animal. Ce dernier ouvrit de grands yeux effarés, ne comprenant pas vraiment ce qui se passait.

Elio jubilait. Jamais il n’avait voulu tuer cette pauvre bête. Non, il voulait prouver ses compétences en la mettant « en cage ». Mais il lui fallait des explications. Alors il s’adressa à son maître :

-Voici ce que ma mère m’a légué, je suis archer. Et je compte mettre ce don à profit de mon but. Pouvoir acculer des gens, les faire plier en les attaquant de tous côtés. Mais sans les toucher. Juste me tenir tapi dans mon coin et me faire simple ombre meurtière. C’est ainsi que j’ai fait pour ma seule ennemie. Ma première, et à ce jour ma dernière. Je l’ai défié, je l’ai prévenu. Elle ne m’a pas écouté. Elle avait nombre d’ennemis. Je n’étais pas le seul à souhaiter sa mort. J’ai profité de cette faiblesse.

Il sauta à terre, se rapprochant de Marlyn qui l’écoutait.

-Alors perché dans un arbre, à l’abri de quelconques regards j’ai suivi la même voie que tu me fais emprunter aujourd’hui.

Il respira, laissant la tension monter.

-Oui…Oui je l’ai tué. Au sein même de l’Académie ! Et aujourd’hui personne ne sait, mis à part toi désormais, que c’est un des leur qui leur a ôté une félonne de trop.

Un court silence s’ensuivit. Court, mais pensant. Il sentait l’interrogation de Marlyn fuser. Elle voulait savoir qui.

-C’est de ma flèche qu’Evaine Derkan est morte.

Un sourire malsain se peignit sur son visage en découvrant l’expression de son maître.
Il se savait entre de bonnes mains, avait beaucoup à apprendre. Mais venait de prouver de quoi il était capable. A présent elle ne pourrait plus avoir aucun doute sur lui.

-Mon masque est une ombre. Chuchota-t-il.




[Edition à volonté, of course Wink]

Marlyn Til' Asnil
Marlyn Til' Asnil

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MessageSujet: Re: Tu n'auras plus d'autre maître que moi [Terminé]   Tu n'auras plus d'autre maître que moi [Terminé] Icon_minitimeJeu 8 Avr 2010 - 0:42

Un Archer. Si Marlyn ne tiqua pas par contrôle mental, l’intention y était. Elle aurait du s’en douter par la carrure qui jouait plus de finesse et d’agilité que de force brute, mais tout de même ; elle-même peu versée dans l’arc des projectiles, elle n’avait jamais pris soin d’apprendre à tirer un arc, privilégiant le dessin et l’infini des possibles qui se présentaient par là-même. Qu’Elio fut versé dans l’archerie signifiait qu’elle ne pourrait que très peu lui apprendre dans ce domaine ; le contrôle sur son élève ne serait qu’incomplet car – et il ne l’apprendrait jamais- il était sans doute meilleur qu’elle pour tirer des flèches. Cela allait se déterminer sur la démonstration.
Même lorsqu’il saisit les armes sobres qu’elle fit apparaître, Marlyn put noter l’excitation et la confiance caractéristique d’un élève dans son domaine de prédilection. Il faudrait lui apprendre plus tard à cacher ce genre d’émotions, terriblement révélatrices des points faibles et des points forts, à un œil ennemi. Elle en revanche, appréciait tout particulièrement cet étalage de fierté, qui facilitait son observation à un point difficile à imaginer. Loin de se laisser décontenancer, la mentaï croisa les bras et suivit attentivement du demi-regard les faits et gestes de son jeune apprenti.
Quand il grimpa sur un promontoire plus haut dans la salle, la jeune femme nota les quelques hésitations qui parsemaient son ascencion ; ne s’en formalisa pas. Il était encore jeune et terriblement malléable, il aurait tout le temps de travailler l’escalade à l’Académie – ou avec Elera s’il ne parvenait pas à la quitter. La pièce ne présentait aucune cible potentielle, à part elle-même. L’esprit en alarme, Marlyn se prépara à dissoudre immédiatement ses dessins, dans l’éventualité où l’élève se révélait félon et tentait de l’attaquer-le fou. Elle avait trop pris l’habitude des traitrises pour croire tout de suite à une soumission complète. Elio cependant visait un autre endroit de la pièce, plongé dans la semi-obscurité ; en apparence dénué de toute cible potentielle. Trois flèches ? Ambitieux. Mais peut-être pas impossible, s’il se trouvait que le garçon avait un don.. Après tout, elle était loin de saisir toutes les subtilités qui liaient les Faëls à l’archerie.
La chauve-souris.
Un micro-spasme agita les jointures de l’être chaotique, quand elle perçut enfin la cible innocente des flèches de son élève. Le volatile membraneux qui dormait, inconscient ; que cherchait Elio ? Que lui montrait-il avec cette cible ? S’il voulait faire étalage de la cruauté inutile dont il était capable, le but était atteint.. La dextérité n’était que limité car la bête était immobile et endormie. Que voulait-il lui montrer ?
L’espace d’une seconde, elle songea à désintégrer les flèches, l’arc, voire les incendier dans les mains de son apprenti ; pour lui apprendre. La haine était une force puissance, la cruauté un moteur suffisant, mais pas quand il était dirigé contre les mauvais êtres. Et les chauve-souris étaient les symboles, les allégories volantes du Chaos ; n’avait-il pas compris cela !
Heureusement pour l’élève, Marlyn n’eut pas le temps de prendre une décision. En n’agissant pas assez rapidement, elle lui laissait la chance de démonter ses théories ; les flèches étaient déjà parties. Son œil valide trop imparfait ne lui permettait plus de déterminer la trajectoire des traits.. mais la jeune femme retint ses gestes.
Jusqu’à l’impact.
Qui n’arriva pas là où elle pensait ; c’était positif. Les jointures toujours tendues sous l’amertume du moment, Marlyn plissa l’œil pour déterminer exactement les points d’impact : la pierre aux trois endroits, la demoiselle de nuit était intacte ; éveillée. En cage. Jolie métaphore. Marlyn laissa échapper un haussement de sourcil approbateur, et observa son élève, qui regorgeait de fierté. Il avait joué dangereusement et avait eu de la chance. S’il avait raté sa démonstration, la Mentaï lui aurait montré comment concentrer la cruauté sur les éléments utiles.. de la manière forte. Quand les yeux brillants d’Elio croisèrent la prunelle de Sareyn, celle-ci acquiesça de la tête, bien qu’aucun sourire ne vint déformer ses lèvres translucides.
Aux explications de son élève, elle ouvrit une oreille attentive ; il présentait déjà un bon sens de la tactique, qui ne manquait d’affinage que l’humilité qu’elle comptait lui enseigner… De mot en mot croissait l’intérêt de Marlyn. Quoi de mieux que d’avoir en son contrôle un Télémaque ? Mieux encore..
Un meurtrier. L’invitant d’un regard attentif à continuer son récit, la Mentaï ne décroisa pas les bras, mais la commissure de ses lèvres frémit –l’espace d’une seconde, avant de reprendre son marbre habituel. Il avait déjà tué, le petit Elio.. Et pas n’importe qui. Quelqu’un de l’Académie, tout récemment. De manière discrète, puisqu’elle n’était pas au courant. Il n’était pas rare de trouver un élève mort à cause d’une imprudence, dans la forêt ou les montagnes, et ce n’était pas le genre d’incident auquel elle faisait particulièrement attention. Mais s’il s’agissait du meurtre de son élève corrom…

Derkan.
Evaine. Derkan. La fille d’Ivan Derkan, l’ultime engeance du cafard. Morte. De surprise, l’être chaotique déplia les bras et cilla. Cette donnée n’avait en soi rien de crucial pour l’avancée du Chaos. Mais pour elle, dont le passé avait été lié de trop près avec celui du père Ivan Derkan, la mort de sa progéniture sonnait comme une victoire. Une terrible victoire. Un sourire carnassier vint se peindre, dénudant des dents que l’ombre rendaient pointues, animales. Il était difficile pour la jeune femme de contenir l’émotion violente qui envahissait le moindre de ses sens, mais il fallait absolument conserver la face devant son jeune élève. Ne pas montrer ses faiblesses, ou ses folies. Ni même son histoire. Sa jubilation sanglante redevint une joie froide, un respect profond qui marqua une lueur dans l’obscurité de son œil.


- C’est une.. très bonne nouvelle. Je te félicite, Elio. En tuant Evaine Derkan, fille d’Ivan Derkan, tu as gagné ma confiance mieux qu’en massacrant des dizaines d’Académiciens. Tu manies très bien l’arc et la dissimulation, et pour cela, je ne peux qu’être fière d’avoir pareil élève.

Si le ton n’avait pas été aussi neutre qu’elle avait voulu, il trahissait toujours cette surprise et cette joie incroyable qui la traversait. Son souffle s’était légèrement raccourci, et elle passait ses paumes sur le cuir de ses épaules lentement, lascivement. L’idée de la mort des Derkan lui emplissait tellement l’esprit qu’elle ne parvenait pas sur l’instant à retrouver son calme, son sérieux, ou la suite de ses discours. Il fallait un changement de décor.

- Sortons. J’ai beau aimer l’atmosphère rance et obscure des cachots de cette Académie, y séjourner trop longtemps pollue l’esprit. Dehors, nous serons mieux à même de discuter, et de tester ton nouveau masque, parmi la foule de tes.. amis ?

Sans attendre de réponse de la part d’Elio, réponse qui ne pouvait être que l’affirmative après l’œillade rassurante qu’elle lui faisait, Marlyn replaça avec des gestes précis le demi-masque sur son visage. Ses dents se serrèrent quand le cuir crissa sur la peau sensible de sa cicatrice, mais rien n’y parut plus. Elle se dirigea vers la porte de son pas alerte de mercenaire. Une fois arrivée à quelques pas, sa physionomie changea complètement : ses muscles se décontractèrent et ses épaules s’affaissèrent, la jeune femme perdit en apparence toute tension pour redevenir une élève normale, en balade avec un camarade de classe dans les couloirs sécurisés de l’Académie de Merwyn.

-Quand nous franchirons cette porte, je cesserai d’être ton Maître, pour n’être plus qu’une connaissance. Agis comme tel, et tu pourras être fier de toi. Je te laisse choisir où tu veux que nous marchions. J’exige seulement que tu fasses très attention aux gens que nous croiserons, et que tu me décrives les faiblesses de trois d’entre eux, d’après ce que tu auras pu observer de leur démarche. Ce n’est pas un exercice facile et je n’attends pas que tu réussisses tout de suite.. Mais nous avons tout le temps devant nous pour faire de toi une arme redoutable, un esprit acéré.

Voilà. Par des discours et une attention peut-être excessive à son attitude corporelle, Marlyn avait réussi à masquer le trouble de la mort d’Evaine. Plus tard dans la conversation, quand elle saurait maitriser ses nerfs, elle raconterait à Elio l’histoire qui la liait aux Derkan – avec les déformations, les hyperboles et les secrets nécessaires à la perversion parfaite de l’élève auditeur.

[>> J’considère le Rp ici comme terminé, tu postes la suite où tu veux Very Happy]

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Tu n'auras plus d'autre maître que moi [Terminé]
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