Une annonce heureuse... ou pas (RP inachevé)

Elle avait choisi ce soir-là, et il n'en serait pas autrement.

L'appartement tout de bois était éclairé par la douce lueur du brasier, crépitant doucement dans l'âtre ancien. La petite fille était assise au sol, juste sur le tapis, les yeux rivés sur un livre dont elle n'avait pas tourné la page depuis plus d'une vingtaines de minutes. Elle devait avoir très chaud, là, devant les flammes. Mais elle ne cillait pas, regardant des lignes d'écritures qu'elle ne pouvait pas lire. Ou pas encore. Qu'elle ne pouvait pas lire?
Appuyée sur le rebord de la fenêtre, le jeune femme, les yeux rivés sur sa progéniture, se demanda furtivement si, en effet, Anael ignorait tout de la lecture...Le regard de la mère sur sa fille était le même que celui de la fille sur son livre...Passionnel, curieux, concentré, mais léger. Au bout d'un long moment, Ena quitta la fenêtre, et vint s'accroupir à coté de la petite fille. Le contact était dur à établir. Après 4 ans de séparation, la jeune femme avait oublié comment tenir son rôle de mère, et la petite fille ne savait plus vraiment comment réagir face à cette mère maladroite et parfois trop froide. Leur relation semblait au point mort. Livrée à elle-même durant les cours, la petite fille, déja proche de l'autisme, se fermait au monde qui l'entourait. Alors la jeune femme, suspendu pour la première fois dans un vide en dehors de ses compétences, avait pris une décision. La petite fille ne passerait plus son temps toute seule...

Anael, sentant la présence de sa mère, tourna le tête et croisa le regard noir profond de la marchombre. La jeune femme caressa les cheveux de sa fille, puis lui indiqua:

-Tu es prête? Ce soir, nous mangeons en bas...

La petite fille ne répondit pas, reposa les yeux sur son livre. Ena crut un instant que cela traduisait un refus, mais Anael saisit son livre, le ferma avant de le poser sur le fauteuil, avant de lui adresser l'esquisse d'un sourire. Soudain plus sereine, Ena se dirigea vers sa chambre, saisit la lame posé sur son lit, qu'elle passa à sa ceinture, puis ressortit. Anael l'attendait à l'entrée. Elles descendirent les marches en silence, traversèrent les jardins, puis la cours pour regagner l'aile principale. Quand elles entrèrent dans la Grande Salle, elle était déja remplie, au trois-quart, à vue d'oeil. Peu d'élèves connaissaient Anael, et certains la regardaient, mais celle-ci ne sembla pas le remarquer. Ena s'assit à sa place, à la grande table, et installa Anael à ses coté. Elle regarda la nouvelle venue qui s'approchait. Alatariel. Elle avait déja pu voir les talents de la jeune fille. La voir de retour lui faisais plaisir. C'était absurde, puisqu'elle ne la connaissait que très peu, mais tout de même...Elle lui adressa un petit sourire quand elle fut assise, et attendit.

Après avoir enfin remarqué son cousin la jeune femme le salua presque distraitement. Mais en vérité elle s'inquiétait pour lui qui semblait plus faible que d'habitude. Le repas avait déjà commencé et elle s'était enfermé dans un mutisme de réflexion. Si seulement elle n'avait pas été enceinte, elle aurait put tenir tête à Lindörm ... Elle s'était affaiblie, était devenue molle et ne pouvais plus prendre de trop grand risque. Alatariel dans son état normal ne s'en serait sorti au pire qu'avec des contusion une foulure ou autre blessures sans gravité. Elle n'aurait pas reçut ce violent choc qui l'avait mis hors combat ... Pestant intérieurement contre elle même, elle ne se rendit même pas compte du regard intrigué de la Primat de Lotra qui observait sa mine concentré mais aussi tendue. Il fallait qu'elle le dise mais voilà, elle ne pouvait rien dire de sa grossesse. La Sentinelle se ferait oubliée quelques temps par la société.
Alatariel se leva. Elle aurait préféré que Gelmir soit là mais il fallait au moins une Sentinelle présente à la Citadelle... Elle respira profondément avant de commencé.

- J'escomptait déjà vous rendre visite pour vous annoncer quelque chose d'important quand nous ... nous nous sommes rencontrés... Même si ce n'est pas vraiment le meilleur moment pour ça ...

La jeune femme se demandait ce que penserait Celebriän, si elle était encore en vie, de ses actes.

- Je vais me marier. Avec Gelmir Til’ Valian ... Et j'ai souhaiter que les personnes proches de moi soient présentes ce jour là.

Alatariel se rassit. Elle souriait, comme si elle était vraiment heureuse. Pourtant certaines personnes pouvaient trouvé cela louche et à juste titre d'ailleurs. La jeune femme semblait heureuse et pourtant ... Elle aimait toujours plus que quiconque Valen, son cousin, qui se tenait juste en face d'elle. Elle se sentait coupable mais ne pouvait rien contre ses sentiments...

Alatariel semblait intriguée par Anael. En tout cas, la regardait-elle d'un oeil affuté. Ena aussi, regardait. Quand Valen s'assit à son coté, elle ne put éviter son regard vide, ses épaules afaissée, son visage las. Elle détourna les yeux. Elle n'était pas une personne sur qui il avait put compter. Jamais. Elle était de ceux qui lui faisaient faux bonds, de ceux qui l'enfonçaient au lieu de l'aider.
Alors qu'ellefixait depuis un long moment la nouvelle sentinelle, Ena comprit enfin ce qui tiquait dans sa tête depuis un moment. De nouveau, l'ancienne corbac repassa sa main sur son ventre...Serait-ce possible? Elle failit sourire, et se retint, voyant Alatariel se lever. Peut-être allait-elle avoir une réponse...

Elle n'avait pas visé loin. Elle faillit de nouveau sourire, et se retint de nouveau. Une multitude de films traversèrent son esprit. Des films trop bien connus, ou l'attente d'un enfant obligeait le mariage. Aimait-elle le père de cet enfant? Hypothétique enfant, se corrigea-t'elle. Elle n'en était pas vraiment sure...Elle balaya ses idées, et laissa place à une autre question...Faisait-elle partie des "Proches" d'Alatariel?

- Mes Félicitations!

Les mots pré-fabriqués étaient sortis de ses lèvres avec un sourire, plus authentique. Regardant de nouveau Valen, un peu éteint, la marchombre voulut bien faire. Elle ne l'aurait avoué pour rien au monde, mais l'Etat de Valen l'inquiétait de plus en plus...Et pas seulement pour l'Académie, songea-t'elle.
Comme il ne semblait pas réagir aux propos de la jeune femme, elle voulut arranger les choses... Elle posa une main sur l'épaule du Maître d'Arme, l'encourageant silencieusement, espérant qu'il réagirait enfin aux dires de la jeune femme.
Comment aurait-elle put savoir que cela ne plairait pas du tout à la jeune femme en question?

Valen se tourna alors vers Ena et la regarda distraitement, comme si elle était un songe. Par un vieux réflexe instinctif, il avait posé sa main sur la sienne, mais il finit par la retirer en se rappelant que ce geste appartenait au passé. Alors, il se leva, toujours aussi majestueux que jamais, et il balaya l'assemblée de son regard perçant avant de prendre la parole :

- Au nom de l'Académie toute entière, je pense pouvoir adresser mes félicitations les plus sincères à Alatariel pour cet heureux évènement. Les élèves qui seront invités à prendre part au mariage auront la permission de quitter l'Académie et de rallier la Citadelle pour prendre part au mariage pour finalement revenir dans la semaine. Il aurait été normal que l'Académie toute entière prenne part à cet évènement, mais cela ne sera pas faisable pour des raisons pratiques. Le Seigneur des Marches Frontalières ne peut se permettre de nous accueillir au grand complet. A présent, je vous invite tous à porter une ovation pour célébrer ce mariage.

A ces mots, Valen leva sa coupe et attendit que tous l'eussent imité avant d'en boire le contenu et de la reposer. Un mariage... il pensait en savoir les motifs, rien de plus qu'un mariage de circonstances, une manière de sauver les apparences probablement. Peu importait, sa cousine était libre de le faire... quant à Valen, il n'y assisterait pas, aussi étonnant que cela puisse paraître. Le Magister avait trop de problèmes à résoudre pour se permettre de quitter l'Académie, ne fut-ce que quelques jours.

Le geste de la Marchombre eut le don de l'énerver mais elle se contint et garda le sourire.

- Au nom de l'Académie toute entière, je pense pouvoir adresser mes félicitations les plus sincères à Alatariel pour cet heureux évènement. Les élèves qui seront invités à prendre part au mariage auront la permission de quitter l'Académie et de rallier la Citadelle pour prendre part au mariage pour finalement revenir dans la semaine. Il aurait été normal que l'Académie toute entière prenne part à cet évènement, mais cela ne sera pas faisable pour des raisons pratiques. Le Seigneur des Marches Frontalières ne peut se permettre de nous accueillir au grand complet. A présent, je vous invite tous à porter une ovation pour célébrer ce mariage.

Dans les yeux de son cousin, la jeune femme savait qu'il avait deviné le but de ce mariage ou du moins la forme. Mais désormais la vérité des choses se passeraient uniquement entre Gelmir, Yaemgo et elle. Valen ne devait pas savoir et elle se contenterait de se comporté en cousine au comble du bonheur. Alors que son véritable bonheur c'était lui ... Cette envie qu'il la prenne dans ses bras de sentir ses mains, ses lèvres ne la quitterai sûrement jamais et elle vivrait avec ... La Sentinelle leva sa coupe avec tout le monde. Elle savait que ce mariage n'était pas une erreur. Et Gelmir ferait tout pour qu'elle se sente bien. Peut être qu'avec le temps l'amitié qui les liait se transformerait en amour.
En ce qui concernait les personnes qui se déplacerait à la Citadelle Valen n'en ferait pas partie et elle était consciente, mais à l'instant présent, elle était contente de retrouvé toutes les personnes qui lui étaient chères parmi lesquels figuraient Elera, Valen, Yaemgo, Enoriel, Vivyan, Silind ainsi qu'Ena. Le seul absent des lieux étaient encore Merwyn.

Des instants qu’il avait passés dans l’Académie, ceux que Duncan commençaient à apprécier le plus après le repos dans ses appartements, étaient les repas à la table des Maîtres. De là où ils se trouvaient, ils pouvait embrasser l’ensemble des élèves du regard, ou tout simplement faire plus ample connaissance avec ses autres collègues. Alors qu’ils discutaient à demi-mots, entre deux pauses le temps d’avaler quelque nourriture, les enseignants semblaient soucieux, fatigués.. Etait-il donc le seul à avoir encore le plaisir d’enseigner, entre ces murs ? Peut-être n’était-il pas au courant de tout.. Mais il ne souhaitait pas le savoir. Après tout, il fallait bien que quelqu’un ait encore un peu de joie dans cette Académie et ne participe pas à la déprime ou la fatigue générale. Même les élèves n’étaient pas très bavards entre eux. Des quelques semaines que le professeur avait passées à l’Académie, il avait pu se faire une petite idée de l’état de la plupart des gens, et en était affecté. Surtout pour les élèves ; certains étaient encore jeunes, et pourtant.. ils semblaient avoir beaucoup vécu.
Ce jour-là, quelque chose n’était pas tout à fait comme d’ordinaire. Même s’il avait pris l’habitude de voir la demoiselle Elanessë à leur table, celle-ci semblait plutôt nerveuse, ou tout du moins d’avoir quelque chose d’important à leur faire part. Peu au courant des affaires à l’intérieur des murs, Duncan était plutôt impatient de cette annonce ; même si ses gestes n’étaient pas très différents de l’ordinaire.
Lorsqu’enfin, la Sentinelle nouvellement nommée se leva, il tourna la tête vers elle à l’instar de ses collègues pour écouter Alatariel..
Dire des choses auxquelles il ne s’attendait pas. Un mariage ? Voilà qui était bien singulier entre ces murs.. De plus, ne faisant pas vraiment partie du cercle de connaissances de la jeune femme, il n’y assisterait probablement pas. Mais en y réfléchissant, il valait peut-être mieux ne pas.. Histoire de ne pas raviver de mauvais souvenirs. Un sourire non-feint peint sur les lèvres, de contentement pour la Sentinelle, il se leva à sa coupe et applaudit avec les autres élèves, avant d’adresser un personnel :

- Mes plus sincères félicitations, mademoiselle Elanessë !

A la jeune femme assise quelques chaises plus loin. Il ne la connaissait pas vraiment en temps que personne, mais ne pouvait échapper aux convenances, même si cette idée ne lui traversait pas l’esprit. Se rasseyant en même temps que la plupart des autres, Duncan ne put se défaire de ce sourire qu’il avait sur les lèvres. Enfin une annonce heureuse pour tous..
A moins qu’il ne fut encore pas au courant de certaines circonstances plus âpres auxquelles se relatait ce mariage.
Qu’importait, ce n’était pas ses affaires.