Départ vers l'aventure... et retour (RP privé) (RP inachevé)

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Il faisait froid et la neige avait rapidement pris possession d’Al-Poll. Pourtant, Geïsgan se tenait au centre de la cour, appuyé contre la fontaine aux eaux prisonnières par le givre. Habillé de fourrures chaudes, Brindille sellé et chargé de ses bagages, un aurait dit quelqu’un sur le point de départ. Et c’était effectivement le cas. Pas que l’Académie n’intéressait plus le jeune homme, au contraire. Mais ce terrain de combat couvert de neige, ces cours inexistants pour les combattants, le fait qu’il n’ait toujours pas réussi à avoir des liens avec les autres membres de la place… Tout cela l’avait plongé dans un profond et long ennui. Évidement, il y avait cette sympathique Kyla, qu’il avait rencontré durant le bal, mais il n’avait pas eu la chance de lui reparler. Sans compter que son esprit aventurier le faisait chaque jour souffrir au souvenir de sa plaisante vie nomade. Et puis, il y avait…
- LILUOS!!!

À peine le légionnaire avait-il posé pied à terre que le jeune blond lui sautait dans les bras, le visage illuminé d’un grand sourire. L’homme, d’abord surpris, répondit bien vite à sa puissante étreinte, et le gamin ferma les yeux de bien être malgré le froid mordant de l’armure contre sa joue nue. Après un long moment où le temps semblait s’être figé, ils finirent par se séparer, Liluos jetant un coup d’œil au gamin.
- Tu n’as pas changé.
- Vous non plus. Mais ça fait à peine quelques moins, après tout.
- Juste quelques mois? J’ai l’impression que ça fait un an!
Le rire communicatif de Geïsgan arracha un sourire tendre à son mentor qui lui ébouriffa gentiment ses cheveux dorés.
- Alors, ils ont accepté que tu m’accompagnes au front pendant l’hiver?
- Et bien, ça l’a été difficile de leur expliquer et de les convaincre… Mais ils ont accepté quand je leur ai promis de revenir dès l’arrivée du printemps.

Un échange de sourire, qui veut tout dire sur le lien qu’entretenaient les deux hommes. Puis, sans un mot, ils montèrent d’un seul homme en selle, Geïsgan emmenant sa monture près de celle de son mentor.
" Merci. " glissa-t-il en rougissant légèrement. " Merci pour tout. "
Sûrement l’homme prit-il la teinte rosée pour une réaction au froid, mais son sourire s’élargie. Et soudain, ils talonnèrent leurs montures et quittèrent la place dans un tourbillon de flocons. Leur destination : la citadelle des Frontaliers.

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- Je suis nerveux.
Cette déclaration de Geïsgan juste avant qu’ils n’atteignent Al-Poll surpris fortement Liluos, d’habitude peu impressionnable. En effet, rares étaient les fois où le blond montrait de l’anxiété, étant d’un naturel fonceur et sûr de lui. Et si pareil sentiment s’en prenait à lui, il le masquait derrière un large sourire et une attitude crâneuse. Mais cette fois, il était clair que quelque chose clochait, et il ne faisait rien pour le cacher ou le nier. Ses jointures étaient blanches à tant serrer les rênes, son visage légèrement crispé alors qu’il se mordait la lèvre inférieure et fronçait les sourcils d’inquiétude. Ses yeux mordorés ne cessaient d’aller et venir sur le décor alentour et sa position sur selle était tendue, le dos droit comme un piquet de clôture.
- Pourquoi?

Geïsgan passa une main dans ses courts cheveux blonds ternis de poussières pour finalement se gratter la nuque, geste qu’il faisait quand il était embêté ou gêné. À force de le côtoyer, le légionnaire avait appris à analyser son comportement dans chacune de ses mimiques, avec une précision à faire pâlir un archer passé maître en observation. Finalement, le jeune combattant lui offrit un faible sourire se voulant rassurant.
- J’avais promis d’arriver un peu avant la belle saison. J’ai manqué mon coup.
Effectivement, le printemps se faisait bien sentir. Il y avait maintenant plus d’herbe que de neige au sol et les bourgeons des arbres commençaient à éclore. Il avait faillit à sa promesse. Dire pourtant qu’à la Citadelle des Frontalier, l’hiver commençait tout juste à fondre! Liluos regarda profondément son élève, et celui-ci compris bien vite son silence, plus communicatif encore que ses mots.
- Ce n’est pas que je crains une correction… Bon, d’accord, oui, un peu. Mais j’ai surtout peur que l’on m’interdise d’autres hivers avec toi.

Le regard de son mentor n’avait toujours pas changé, perçant regard qui avait le don de pousser les gens à la confidence. L’adolescent n’échappait pas la règle, et en particulier lui.
- Bon, c’est vrai, qu’ils me l’interdisent ou pas, j’en aurais fais à ma tête quand même.- Alors pourquoi s’inquiété?
- … Je crois que mon retard n’est pas la raison de mes inquiétudes. Je crois que j’ai peur de ma nouvelle vie. Je crois aussi que… j’ai peur de te remplacer par un autre mentor.
Un moment de silence. Geïsgan se peina de lire un instant la tristesse dans les yeux de son maître, ami et presque père, qui détourna le regard pour fixer la route devant lui. Et si leur chemin se séparait aujourd’hui? Et si, malgré leurs promesses, ils ne se revoyaient pas l’hiver prochain?

- Liluos?
- Hum? fit se dernier d’un ton absent.
- L’hiver prochain, je veux combattre un raïs. À tes côtés. D’accord?
L’homme fit un sourire si rayonnant à son élève que ce dernier ce demanda un instant s’il était prêt à quitter l’Académie pour suivre son modèle jusqu’à la fin de ses jours. Mais il avait promis d’y être pour cette année. Peut-être que l’an prochain, si l’expérience académique lui déplaisait… C’est un peu plus confiant, mais toujours légèrement nerveux, que le blond entra dans Al-Poll en montant fièrement Brindille, suivant de près son grand ami. La place du marché était bondée et c’est avec difficulté qu’ils se frayèrent un chemin entre les passants, notant au passage les magnifiques tulipes ornant les fenêtres et les quelques terrasses ouverts malgré l’air encore un peu frisquet. Enfin, ils atteignirent la fameuse Académie, bien différente depuis la dernière fois où ils l’avaient laissé. Ne restait du manteau blanc et piétiné qu’un tas en train de fondre à l’ombre. Quant à la fontaine, elle gargouillait allégrement, libérée de ses glaces. Les deux hommes posèrent pied à terre avec un parfait synchronisme, approchant par la suite leurs cheveux de l’eau pour qu’ils puissent se désaltérer. À peine cela fait que la porte du Hall s’ouvrit à la volé, ne absolument présageant rien de bon et faisant légèrement se courber d’appréhension les épaules de Geïsgan. Il était cuit.

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- Satané bon sang de bois en ferraille blanche !

Voilà l’élégance avec laquelle Jehan Hil’ Jildwin fit irruption dans son propre bureau, tempêtant et pestant contre vents et marées, et dieu sait que lorsqu’il s’y mettait, ça faisait mal. Pour le moment, le seul spectateur de sa rage puissante était la fenêtre ouverte, apportant ingénument une brise de printemps dont l’homme se serait bien passé. Et pourquoi ? Parce que ça faisait pencher les sillons de fumée qui sortaient de ses oreilles, et que c’était horrible. Pour en revenir aux choses sérieuses, Blacksad avait une très bonne raison de tempêter de la sorte. Des élèves quittaient l’Académie, certains disparaissaient, d’autres s’enfuyaient ou étaient emportés par des parents outrés des divers « incidents » qui avaient pris place dans les murs.. Alors en plus, en plus ! Ceux qui partaient et disaient revenir étaient en retard ! Là, ça n’allait plus du tout ! C’était inconcevable d’être en retard de presque une semaine sur la date prévue, même si les routes n’étaient pas aussi sûres que l’Empereur se plaisait à le dire dans ses missives fastidieuses.
Missives qu’il faudrait brûler, en y repensant, histoire qu’elles servent à quelque chose..
Mais bref ! Cet élève qui avait pris le loisir de ne pas répondre à l’appel que lui avait fixé l’Intendant.. Geïsgan..
Dont le nom était affiché sur un morceau de parchemin, en gros, en gras, en souligné double, à l’encre rouge, avec des lettres énormes, un point d’exclamation et tout. Sur le mur, évidemment, que Jehan puisse fulminer rien qu’en relevant les yeux.

D’un geste emporté, l’Intendant se saisit d’une plume et entreprit d’écrire une lettre orageuse à l’Empereur, pour exiger d’avoir au moins trois gardes par élèves, et un convoi de Légionnaires noirs pour les suivre dès qu’ils sortaient de l’Académie.. et des alarmes, aussi, pour pouvoir savoir quand ils sortaient de l’Académie. Ca devrait être suffisant, nan ?
Et puis après tout..
Le parchemin crissa horriblement lorsque Jehan en fit une boulette compacte d’un geste rageur, lançant le projectile ainsi créé contre le mur.. atterrissant mollement sur le sol, comme si rien ne pouvait la perturber. Et lui, ça le perturbait.
Mais il ne fallait pas se laisser aller à des pulsions pour une simple.. boule de papier. L’assassiner était futile, et puis aucun sang ne coulait, ce n’était pas drôle.

Bruits de graviers. Chevaux. Paroles. Deux personnes. Sur chevaux. Chevaux sur graviers. Puis personnes sur graviers. Peut-être.. ? Espoir.. ? Geïsgan.. ?
Jetant un coup d’œil anxieux par la fenêtre, les doutes de Jehan se confirmèrent. Par la barbe de Merwyn, il allait entendre parler de l’Intendant encore longtemps, ce chenapan, qui osait en plus revenir le sourire aux lèvres et en bonne compagnie, au lieu de refaire son entrée discrètement et avec l’humilité qui s’imposait !
Explosant tous les records de Gwendalavir de course, de saut et de haies, Jehan se jeta hors de son bureau, sa fureur croissant à chaque pas. La grande porte s’ouvrit en une explosion lorsqu’il apparut dans la cour, sans prendre le temps de s’arrêter.

- Satané bon sang de bois en ferraille blanche !

Ne prenant pas compte de l’impression de déjà-vu qu’il nota dans un coin de son esprit avant de l’oublier, Blacksad se dirigea instamment vers l’élève en faute, ses pas produisant un grand « bom » à chaque fois qu’ils martelaient le sol. Arrivé à la hauteur du coupable, Jehan reprit un peu de lucidité dans son ire pour saluer rapidement l’homme qui se tenait aux côtés de l’adolescent, et ne s’en formalisa pas plus.

- Sir Vrogvik ! Avez-vous seulement idée du retard que vous avez pris à revenir entre ces murs ? Avez-vous seulement idée de l’effet que ça fait de voir les élèves partir et ne pas revenir à temps ? Avez-vous seulement idée du trouble dans lequel vous avez plongé nos directeurs, à ne pas être là dans les délais prévus ? Avez-vous seulement idée du nombre de paperasses et calculs qu’il m’a fallu refaire parce que votre présence manquait aux registres ? Avez-vous seulement idée d’être en faute ?!

Le temps de reprendre son souffle, afin de satisfaire les poumons qui à présent agonisaient par manque d’air, Jehan se tut. Mais ça n’empêcha pas la fumée de sortir par ses oreilles, ses narines, bref, partout où un Jehan bouillant d’agacement est susceptible de pouvoir évacuer la vapeur. Se redressant avec dignité, il reprit d’un ton glacial :

- Elève Geïgsan Vrogvik, qu’avez-vous à dire pour votre défense ?

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Il avait eu raison de s’inquiéter. La fureur de l’Intendant était d’une telle ampleur que même Liluos, d’habitude impassible, tressaillit. Une horde sanguinaire de cent raïs ne lui aurait pas fait plus peur. Mieux encore, même la calme et paisible Brindille colla ses oreilles contre son crâne et relevant brusquement la tête, piaffant d’un mélange de peur et de colère. C’est que pour son maître, elle était protectrice comme une mère, cette jument! Mais cela, Geïsgan n’y porta aucune attention. La tête basse, ses longues mèches blondes et sales masquant ses yeux, il se mordait la lèvre au sang pour s’empêcher de… de pleurer? Non, il n’était quand même plus un gamin!
* Foutu hormones féminines, elles me perdront. *
Mais ce n’était pas une question d’hormones. Sur tous les gens de l’Académie, le jeune combattant n’en avait connu que deux. Et même s’il ne leur avait parlé que brièvement, il s’était tout de même attaché à eux.

Ils avaient réussi à le convaincre que cette place était la sienne, qu’il pouvait progresser, apprendre, découvrir, et ce sans avoir à s’isoler de la civilisation, à errer ici et là sur son poney, sans autre relation humaine que son mentor. Et l’Intendant avait été le premier à lui souhaiter la bienvenue, si sympathique et si étrange en même temps. Aussi était-ce un poignard en plein cœur. Oui, il avait fauté. Oui, il avait causé du trouble. Mais cette scène lui rappelait tellement… avant. Ce temps où il… où elle était Nalim. Ce temps sombre de son existence, aux règles étouffantes et aux innombrables corrections. Alors il était comme ça, lui aussi? Comme ses crétins de parents de riche?
- Je… Je…
Merde, si ça continuait comme ça, il allait vraiment commencer à pleurer comme une gamine. Il avait quinze ans! Quinze ans! C’est cette phrase qui résonnait dans sa tête alors qu’il s’essuyait rageusement les yeux d’un revers de manche.

- Si je vous donne une excuse, ce serait vous manquer de respect… Je suis… vraiment… vraiment…
Un instant, il hésita entre dire « Je suis désolé » et « Je suis vraiment trop stupide », tentant par la même occasion de reprendre son souffle, celui-ci devenant difficile à cause d’une boule qui lui serrait douloureusement la gorge. Liluos fut bien vite alerté par la réaction tout à fait inhabituelle de son élève – Geïsgan inquiet puis Geïsgan sur le point de pleurer, du jamais vu. Aussi vola-t-il au secours du blond.
- C’est moi qu’il faut blâme, monsieur. Je n’ai pas eu conscience de cette arrivée précoce de la saison à Al-Poll. Le climat et plus rude à la Citadelle des Frontaliers et cela à jouer sur mon jugement. Je suis entièrement responsable de…
- NON!
Le cri leva d’étonnement les sourcils de Liluos.

- C’est moi le responsable! C’est ma faute! Je suis désolé, j’étais trop sûr de moi, et je… je…
Geïsgan paniquait, la boule dans sa gorge doublant de volume du à l’angoisse. Si la faute allait sur Liluos… On allait les interdire de se revoir le prochain hiver. Et ça, plutôt mourir. Liluos, c’était son mentor. Son meilleur et seul ami. Son presque père. Ils n’avaient pas le droit de les séparer! Une main se posant sur son épaule le fit sursauter et se retourner brusquement. Le regard calme et apaisant du légionnaire croisa aussitôt le sien.
« Tu as le regard fou. Calme-toi… Tout iras bien, crois moi. » lui murmura-t-il à l’oreille.
Geïsgan rougit et baissa la tête. Non mais quel con il était! L’Intendant devait s’amuser du spectacle…
- Excusez sa panique, nous avons peu dormit durant le voyage et je crois que la fatigue n’aide pas beaucoup son état.
L’adolescent se mordit la lèvre inférieur, embêté et les joues toujours aussi rouges, avant de lever un regard inquiet à l’Intendant. Faite qu’il ne les sépare pas pour l’an prochain. Par la Dame, faite qu’il soit clément.

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Mais c’est qu’en plus, il chialait le gamin ! Plus aucune fierté de nos jours, les mioches. Rhalalala. Du temps de Jehan, il aurait dressé le menton fièrement, sans pour autant être insolent. Mais pas se démonter complètement, pleurer toutes les larmes de son corps et trembler comme un môme de quatre ans, ça non ! C’eut été une honte trop cuisante pour Jehan-miniature. Bon, ok. Il était destiné à devenir assassin, ça jouait peut-être en sa faveur.. Mais bref, les hommes, les vrais, ne se laissaient pas ainsi submerger par leurs émotions, quoi qu’en fut le prix !
.. Ou alors Jehan faisait tellement peur que ça ? Pourtant, il n’était pas devenu un alligator 427 aux griffes d’or et de diamant ( Excusez Jehan, il écoute trop de Thiéfaine ), ni un Raï fumant. Ah, si, peut-être le fumant. Mais pas un Raï ! Surtout pas, on osait insulter sa grandissime personne de Raï ! Ca n’allait plus, là !
Le pire, c’était qu’il s’auto-insultait, et blâmait le reste du monde, mais ça, il n’était pas censé le savoir.

Blacksad revint suffisamment sur terre pour entendre la piètre excuse de Geïsgan ne suffit pas à empêcher Jehan de fulminer, tempêter, et autres synonymes équivalents dans le registre du tût-tûtage. Mais après tout, on lui montrait de l’humilité et de la franchise.. Il faudrait peut-être réviser son protocole de punition. Passer de l’écartelement à la pendaison, par exemple. Cela devrait suffire, il était déjà assez souple comme ça, namého !
Mais soudain, alors que Jehan commençait doucement à prendre l’inconnu à côté de l’élève pour un pot de fleurs, ou au plus, une fontaine dans le lointain,le pot de fleurs en question se mit en avant, et commença à prendre la défense de l’adolescent, dont il semblait être le Maître. Toisant cet homme à l’apparence fière et guerrière, l’Intendant se demandait si un article du Règlement précisait que l’on avait pas le droit d’introduire d’inconnu dans l’enceinte de l’Académie, pour le simple et bon plaisir de le mettre dehors à coup de balai.. ou de pot de fleurs, au choix.
Malheureusement, sa science ne lui livra aucune réponse, et sa réflexion de démiurge fut interrompue par la voix fluette du Félixia, qui tenta malgré tout de garder l’entière responsabilité sur lui. Il devait vraiment être attaché à cet homme au charisme pour le moins immense, ce que Jehan pouvait comprendre malgré sa colère..
Qui diminuait à mesure que les minutes passaient, à son plus grand damn. S’attendrir devant la panique apparente de l’un de ses élèves, c’était pour le moins ~~impossible~~ normal. Après tout, les pauvres petits oisillons tombés du nid étaient fragiles, à leur âge.. Aussi, la punition prévue passa de la pendaison à la noyade, on se rapprochait de la clémence.

Geïsgan perdait ses moyens, et il ne fallut pas moins qu’une intervention de la part de son mentor pour la ramener à la raison. Il faudrait qu’il apprenne à se contrôler, le petit.
Après une brève explication, Jehan crut bon de rajouter :

- Ce que je peux comprendre. Mais si vous êtes bien celui qui vous chargez de son enseignement, vous devriez lui apprendre à maîtriser ses émotions, il suffirait d’une aiguille pour le faire exploser, tant il est gonflé de honte.

Pas une once de compassion, fallait pas exagérer non plus. Il venait de passer d’une tempête, d’un ouragan, d’un cyclone et d’un malstrom à un simple agacement, cela méritait déjà une médaille. D’un signe de tête, il est invita à venir s’asseoir sur la margelle de la fontaine de la cour, ne serait-ce que pour que l’élève se passe la tête sous l’eau pour reprendre le fil de ses pensées. Ne jugeant pas utile de s’abaisser à tenter de reparler à l’affolé pour l’instant, Jehan se tourna à nouveau vers le mentor, et lui répliqua :

- Pour cette fois, je peux passer l’éponge, au vu de l’état de votre protégé.. On voit dans ses yeux qu’il crèverait plutôt que d’être puni de la manière que j’aurais dû lui faire subir, et ce n’est pas le but de cette Académie, de faire fuir les élèves. Et puis, il est revenu en un seul morceau, je peux m’estimer heureux pour mes registres.

Après un haussement d’épaules, Jehan se releva subitement, comme se souvenant de quelque chose. Moorbleu ! Sa tisane ! Il l’avait oubliée ! Elle allait ébouillanter toute la pièce, ou alors s’évaporer totalement ! Sacrénomdeladame, fallait-il toujours qu’on le dérangeât dans les instants où il ne fallait surtout pas qu’on le dérangeât ! Une tasse de tisane gâchée.. Et de la tisane partout sur les murs si la chaleur faisait exploser sa tasse de porcelaine.
Quoique..
Non, attends attends. C’était pas grave ! Il avait posé la tisane dans le bureau de Valen Til’ Lleldoryn, en allant chercher un papier. C’était donc son bureau qui allait se retrouver parfumé à l’infusion de thé.. pas le sien.

Revenant s’asseoir tranquillement auprès de l’homme et de l’élève, il lança alors, d’une voix plus ou moins compatissante :

- Geïsgan, as-tu vraiment cru que j’aurais eu le droit de te battre, de t’écarteler ou tout autre supplice du genre ? Je n’en aurais pas eu l’occasion. Et puis, je ne suis pas si terrible que ça.. quand on revient.

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