Cours de lettres : leçon n°1 (RP terminé)

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A mesure que les interventions fusaient dans son cours, le sourire de Duncan se faisait grandissant, alors qu’il était tranquillement installé sur le coin de son bureau. Parfois, il laissait échapper un petit rire avec d’autres élèves, ravis que la plupart d’entre eux se prenaient au jeu et inventaient toute une épopée de la scène, rivalisant d’imagination pour développer leurs arguments ou se défaire de l’emprise de ce truand imaginaire qu’il leur avait livré sur un plateau. Pour sûr, les brigands n’auraient pas résisté à tant d’attaques ironiquo-comiques de la part de ses élèves. Le professeur était d’ailleurs relativement fier de voir des élèves aussi enjoués ou imaginatifs. Cependant, lorsque vint le tour d’une élève de Lotra qu’il connaissait de nom pour avoir entendu son nom –Elera- résonner dans la bouche d’autres professeurs, il arriva un malheureux incident à Sÿa, qui avait renversé son encrier par mégarde.. ou était-ce par surprise ? Feignant de ne pas l’avoir aperçue pour éviter que le regard des élèves se tournât également vers elle, Duncan continua de recevoir des participations en surveillant tout de même les faits et gestes de la jeune Corbac, qui semblait bien gênée d’avoir renversé de l’encre noire dans toute l’allée et s’empressait d’éponger.
Il fut étrange de constater qu’elle ne voulut se relever après avoir grosso modo fini son œuvre –que Duncan finaliserait après la fin des cours avec l’aide du concierge. Pour la libérer de cette espèce d’attente craintive, entre deux interventions de ses élèves, Duncan lui lança un regard nullement sévère, mais compatissant et engageant, signifiant qu’il ne lui en voulait en rien d’avoir sali son parquet. Malheureusement, il ne sut voir si Sÿa se releva, puisque déjà une autre élève, Khelia, enchaînait avec son récit. Appréciant avec un sourire amusé, Duncan donna alors la parole à Julia, qu’il crut vouloir à son tour faire part des mots qu’elle prononcerait dans ce cas…

Mais à leur entente, le visage du professeur s’assombrit soudain. Elle avait évoqué bien des choses vraies, ce en quoi il ne pouvait négliger la pertinence. Cependant.. elle avait compté dans son intervention sur le fait que non, il n’avait eu à soutenir une telle situation. Bien sûr, il était logique de penser que quelqu’un comme lui n’intéressait pas les voleurs. Seulement..
Devait-il seulement évoquer ce fait, ou alors encaisser intérieurement les paroles de Julia, dénier le fait qu’il avait connu cette situation, rire et passer à autre chose en interrogeant quelqu’un d’autre ? C’était un choix extrêmement difficile, qui mettait en jeu la discrétion contre la pédagogie. Certes, il se devait de parfaitement rebondir sur les propos de la Lupus.. mais si cela devait inclure des éléments de sa vie privée qu’il mettait un point d’honneur à ne pas donner aux élèves pour tout simplement éviter de les ennuyer, comment réagir ? Pendant un instant, le professeur Cil’ Eternit resta muet, le regard tourné vers la fenêtre pour tenter d’apporter une réponse qui n’endommagerait aucune de ces deux images qu’il donnait à ses cours. Mais le regard des élèves était à présent fixé sur lui, attendant qu’il réponde à leur camarade.
Prenant une inspiration profonde, Duncan reprit alors, sans paraître atteint :

- Votre hypothèse et votre description –des plus véridiques, je ne le nie pas- exclue seulement le fait que j’ai pu penser à vous mettre facticement dans cette situation sans penser que cela pouvait réellement vous servir. Vous pensez bien que cela ne peut jamais m’être arrivé, le professeur anodin et pas outrancièrement riche, qui passe son temps entre donner des cours et étudier. Vous pourriez avoir visé juste, certes.. Mais présentement, cela n’est pas le cas. Il se trouve que je me suis bien trouvé dans une situation hautement, très hautement similaire. Vous vous doutez bien que je sais en aucun cas me battre et que fuir aurait été le coupe-gorge. Or, user des mots lorsqu’on est démuni d’autres armes, comme ce fut mon cas, peut se réléver grandement utile. Et si je vous fais réfléchir sur cet exercice d’apparence inutile, c’est parce que je suis encore vivant pour en parler.

Prenant une légère pause le temps que ses paroles fassent effet sur les élèves, Duncan se mit à réfléchir. Les élèves avaient du répondant dans cette Académie.. Posaient des questions pertinentes –qui pourraient passer pour de l’insolence- et préféraient insister sur la véracité de ses dires plutôt que de le suivre moutonnement. Des débrouillards, ces petits..

- Mais je pense que s’étaler sur ce regrettable incident n’est pas utile, et je ne tiens pas non plus à vous endormir ! Comme la plupart d’entre vous ont su résoudre un exercice comme celui-ci, je propose de passer au prochain. Mise en situation : notre très estimé Intendant, Jehan Hil’ Jildwin, vous reçoit pour votre répartition d’une humeur de Raï fumant. Sans raison aucune, sinon de l’agacement personnel et de la mauvaise foi, il vous refuse l’entrée à l’Académie, ce qui d’ordinaire est extrêmement rare ET justifié. Victimes de cette injustice, tentez de convaincre Jehan de vous laisser rentrer. Vous DEVEZ rentrer à l’Académie.

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Sya.
Le professeur eut beau passer à autre chose, l’attention d’Elera était complètement vrillée sur Sya qui épongeait l’encre qu’elle avait renversée. C’était lorsqu’elle avait parlé, lorsqu’elle l’avait vu qu’elle s’était affolée. Combien de personnes avait-elle déçue en partant sans un mot ? La liste se rallongeait un peu tous les jours. Valen, Ena, Slynn, Jehan, Julia, Sya, et elle ne voulait même pas essayer de continuer. Comment allait-elle ? Est-ce qu’elle avait trouvé sa balance avec Seena ? Est-ce qu’elle lui avait parlé encore, est-ce qu’elles se comprenaient mieux ? Seena était-elle encore là, déjà ? Elle en avait raté des choses, en six mois… ‘’Je ne dirai rien.’’ Un signe qui fit l’effet d’un coup de poing. Elle ne dirait rien, mais elle pensait. Et Sya était bien trop loin pour lui parler en douce. Elle gribouilla donc sur une feuille de papier, espérant que le professeur serait trop occupé par les réponses des élèves ou les garçons du fond pour le remarquer. Puis elle plia le papier en deux, écrivit ‘Sya’ dessus, se baissa pour donner le papier à son voisin au dessus du banc vide qui les séparait et lui chuchota la phrase rituelle, c'est-à-dire, ‘’fais passer.’’ Sur le message, quelques mots.

Aprè les cour, a l’an droi abituel ?

Elle espérait que la Corbac comprendrait. Comme pour se rattraper envers le professeur, elle redoubla d’attention sur ce qu’il racontait et se jura de participer à sa prochaine demande, quitte à se ridiculiser. Elle se demanda ce qu’il avait bien pu répondre au bandit, mais se douta que poser la question serait indiscret après le rapide changement de sujet. Elle se tut donc, et attendit la suite. Jehan Hil’ Jildwin… Mmph. Sa main hésitante vacilla en se tendant un peu plus haut que d’ordinaire. Lorsqu’elle eut la permission de parler, elle se lança.

- Puis-je vous aider, Sir Hil’ Jildwin ? Vous semblez avoir quelques problèmes, si je puis vous être utile de quelque façon que ce soit… Ensuite vous pourrez m’expliquer pourquoi vous me refusez, parce que je ne comprends pas, et si je dois partir, j’aimerai au moins en connaître la raison. J’ai marché longtemps pour arriver jusqu’ici… Et puis, que dirai-je si on m’interroge ? Que l’Intendant est un taureau furieux qui m’a claqué la porte au nez ? Je sais que ce n’est pas vrai, et je doute que le Magister soit heureux de l’entendre…

Cela lui ferait sûrement comprendre qu’il n’était pas logique et le rappellerait à son devoir. Et ca lui donnerait un moyen de calmer sa fureur en utilisant son aide pour ce qui l’avait mis dans cette humeur…

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[Oui, bon, on va dire que c'est l'heure tardive ]

Qu’espérait-t-elle donc, la petite, à espérer qu’il n’était pas assez bon professeur pour avoir les yeux aiguisés du lynx, du faucon et de grand-mamie Josette, les trois réunis ! Avec répétition du mot espérer, s’il vous plaît, sinon c’est pas drôle. Les prunelles ultra-perfectionnées de Duncan suivirent le petit bout de parchemin qui passait des doigts d’Elera à ceux d’un voisin peu au courant des douleurs atroces que la complicité impliquait, parchemin qui semblait destiné à quelqu’un du rang d’à côté. Sÿa, peut-être ? Pourquoi pas après tout, elle s’était distinguée en épongeant le parquet, sa copine voulait sûrement s’assurer que tout allait bien, ou quelque chose du même genre.
Mais ça n’allait pas se passer comme cela, corne de bouc ! On ne faisait pas de petits mots sous son nez, foi de Duncan. Et même foie de veau, c’était bon le foie de veau.. mais, bon ou pas bon, c’était pas la question.
Alors qu’Elera cachait son méfait en levant la main, main à laquelle le professeur accorda le droit de parler –étrange, n’est-il pas ?- le papier arriva effectivement à la destination prévue, à savoir Sÿa. Coupables ! Objection monsieur le Juge ! C’était absolument inconcevable !
Préparant son plaidoyer, le professeur approuva la réponse de la Lotra par un :

-TrèsbonneinterprétationmademoiselleEleracinqpointspourLotra.

Mais alors, alors que personne ne semblait vouloir participer, ce qui entre parenthèses était un peu décevant, Duncan fondit sur sa proie ! Tel un faucon, tel un lynx, tel Grand-mamie Josette ! et arriva tout tranquillement à la table de Sÿa, qui allait cacher le petit morceau suspect, et que Duncan lui prit gentiment des doigts avec un petit sourire victorieux.

- Mon cours est-il donc si passionnant qu’il vous faut vous envoyer des lettres par élève interposé pour vous en extasier, mesdemoiselles Sÿa.. et Elera ?

Retournant à son estrade dans un claquement de cape ~~comme le professeur Rogue, attention, il s’était entraîné.~~, le professeur reprit instamment la parole :

- Faites-en donc profiter la classe, chères amies ! Alors alors.. que nous cache ce petit pa-GASP !

Manquant de s’évanouir et de faire une crise cardiaque sous la violence du choc, l’homme de lettres s’appuya sur un coin de son bureau pour ne point défaillir, et relit du coin de l’œil les quelques mots contenus dans le parchemin en question. Que de fautes en une seule ligne, mon dieu mon dieu mon dieu !

- Et bien.. Voilà qui nous fait un nouvel exercice, chers élèves. Le but du jeu est donc, attention, de relever toutes les fautes contenues dans cette phrase !

-Recopiant la perle rare au tableau, soit « Aprè les cour, a l’an droi abituel ? » le regard de Duncan croisa celui d’Elera, puis celui de Sÿa, essayant de leur faire comprendre qu’il ne leur donnerait aucune sanction – car il détestait ça !- et reprit l’attention de la classe en continuant :

- Chaque élève donne une faute. Deux points par faute. A l’attaque, comme dirait je-ne-sais-quel-stratège !

**Sÿa** Messages : 180 Inscription le : 23/07/2007

La jeune fille faillit manquer le regard que le Maître lui envoya, lui indiquant avec douceur qu'il n'allait pas la punir pour sa maladresse. Elle se redressa, juste à temps pour voir un papier passer des mains d'Elera à celle de son voisin. Elle fixa le papier avec stupeur, et se demanda à qui il était destiné. Elle le regarda poursuivre sa course, l'oreille plus ou moins attentive aux paroles qu'Elera prononça, cherchant manifestement à cacher son geste précédent. Quand elle eut le papier entre les mains et qu'elle vit son nom écrit dessus, elle faillit sursauter, se révélant purement et simplement au professeur. Quand elle eut finit de déchiffrer les quelques mots, elle fut toute surprise de relever le nez sur le Maître. Il prit le petit morceau de papier, plein de délicatesse, et Sÿa sentit son coeur battre un peu trop fort. Comment s'était-elle encore débrouillée pour tout faire tomber à l'eau? Elle comprit vite qu'elle n'était pas la cause de l'interception, étant donné qu'il savait de qui venait la lettre. Technique purement et simplement inneficace avec ce professeur. Tant pis. Elle crut que le Maître allait faire une syncope quand il lut le mot, et elle se fit toute petite sur sa chaise, même si elle n'était pas l'auteure directe de ces mots. Pire, il écrivit les mots au tableau, et la jeune corbac pria pour disparaître sous son pupitre, l'encre noire et son écriture hachée avec elle, tant qu'à faire. Supprimer toute trace de son existence ici. Manque de bol, elle ne trouvait personne à qui adresser ses prières, et renonça donc rapidement à être écoutée. Elle se redressa, ignorant les regards qui se tournaient vers elle, et quand tous se furent de nouveau concentré sur la phrase, elle regarda Elera, attendit que celle-ci croise ses yeux, et agita ses mains, de manière brève et très courte.

- Oui.

Elle espérait que la jeune fille avait comprit. Elle regarda alors la phrase avec attention. Elle relut chaque mot, l'un après l'autre, cherchant les fautes. Quand elle en eut trouvé une, elle se demanda subitement si elle devait la donner. Rabaisser son amie ainsi, elle ne pouvait le supporter...Finalement, elle leva la main. Son amie l'avait bien abandonné 6 mois. Et puis, elle ne faisait que faire l'exercice. Comment pourrait-on le lui reprocher? Elle allait écrire sa réponse, quand elle regarda son écriture innomable, et renonça. Se tournant vers Elera, elle se demanda si celle-ci accepterai de traduire. Ne pouvant se résoudre à écrire, pour la première fois, elle tenta. Elle signa:

- Peux-tu traduire? "Il y a un "h" au mot "Habituel" Je crois..."

La gorge nouée, elle attendit.

Messages : 1576 Inscription le : 12/08/2007

Rouge feu. Comme le soleil qui se couche derrière le sable du désert, au moment où l’été atteint toute la force de sa jeunesse, et que le ciel se teinte de rose et d’or. C’était la couleur de son visage lorsque le professeur écrivit sa phrase au tableau. C’est à peine si on pouvait discerner la différence entre ses cheveux roux et la peau d’habitude très pâle de son visage. Dame qu’elle avait honte. Pourquoi fallait-il que ce professeur ait des yeux de faucon, aussi ? Et Sya, qui après avoir accepté son… invitation, lui demandait de rappeler l’attention de tous les autres sur elle, alors que le professeur venait de l’apporter ailleurs… Et puis, elle était bête aussi. Pourquoi n’avait-elle pas utilisé les signes ? Ils ne laissaient aucune trace. Elle aurait juste bougé ses mains devant elle, en regardant le professeur et sans vraiment faire attention à ses mouvements, pour qu’il pense qu’elle s’amuse seulement. Sya aurait compris, et tout aurait été pour le mieux. Mais non. Il avait fallu qu’elle écrive, alors qu’elle n’y était pas douée. Et même en vrillant ses yeux sur la phrase, elle ne voyait pas ce qui n’allait pas.
Aprè les cour, a l’an droi abituel ?
Et bien, elle avait écrit comme elle prononcait. C’était très bien, non ? Tous les sons y étaient, et Sya avait compris le message. Mais visiblement… le professeur était loin d’être satisfait. Prenant une grande respiration, elle leva la main. Elle n’avait pas le choix… qui d’autre pourrait traduire les propos de Sya ?

- Sya dit qu’il y a un ‘’h’’ au mot habituel…

Puis elle se fit toute, toute, toute petite. Tiens, elle pourrait même entrer dans un trou de souris. Avec un morceau de fromage, on la laisserait bien entrer. Mais elle n’avait pas de fromage, et elle resta bien en vue dans la salle. Au moins n’était-elle pas au premier rang. Et elle continuait à scruter la phrase maudite, se demandant oh pourquoi il y aurait un h qui ne sert à rien au mot habituel…

[Duncan, je n'avais pas mis d'accent sur le a, une faute de plus Smile

]

Messages : 486 Inscription le : 03/03/2007

Khelia écoutait, retenait, observait, autand de chose quelle mettait à l'oeuvre et qui était à sa portée, mais elle ne pouvait et ne voulait pas répondre au professeur pour une simple chose, ellle ne connaissait pas le dénommer Jehan. Sa répartition étant faite par Dame Vivyan, elle n'avait jamais rencontrer ledit Sir Hil’ Jildwin, et d'après ce qu'elle en concluait d'après les parole de Ducan, elle était heureuse de ne pas l'avoir encore rencontrer.
Elle sursauta presque quand le professeur intercepta le papier messsager d'Elera qui était destinée à Sya, en voyant que le prof allait presque faire une synope, elle se demanda ce que pouvait bien contenir le mot.

Voeu formulé, voeu éxausé

- Et bien.. Voilà qui nous fait un nouvel exercice, chers élèves. Le but du jeu est donc, attention, de relever toutes les fautes contenues dans cette phrase !

« Aprè les cour, a l’an droi abituel ? »

Elle regarda lentement la phrase, Sya en profita pour donner une faute le "h" d'habituel, elle repéra une erreur, elle leva la main et se leva pour la dire.

-Il y a un s à "Après", enfin je crois!

Cela fait elle se rassit et pria pour qu'Elera ne lui en veut pas de trop.

Messages : 1576 Inscription le : 12/08/2007

Elera lança un sourire piteux à Khelia. Non, bien sûr qu’elle ne lui en voulait pas pour faire l’exercice demandé… Et puis, c’était de sa faute. Elle aurait dû être plus discrète, et le professeur n’aurait jamais rien su. Il la regardait comme pour leur dire qu’elles ne seraient pas punies, mais avait-il la moindre idée de la torture qu’il lui faisait subir ? Elle n’était pas douée en écriture, mais devait-il le montrer devant toute la classe ? Ruminant ses pensées, elle attendit que quelqu’un d’autre lui montre ses erreurs. Pendant ce temps, le professeur passait par toutes les situations embarrassantes auxquelles elle pouvait penser. Ainsi, dans un autre monde, il s’évanouit pour de bon devant son message, et ne se releva pas pendant que les élèves gribouillaient des dessins plus tarabiscotés les uns que les autres sur son visage. Il était forcé d’écrire un même mot inexistant et à l’orthographe fausse encore et encore jusqu’à ce que sa main ne tienne plus au bout de son bras. Antiticonstuticioneleuman, tiens. Ca devrait lui faire plaisir. Puis il tombait dans le vide du haut d’une falaise et se retrouvait en bas, dans une flaque gluante à la couleur douteuse. Finalement, elle l’imagina devant la classe avec des pantoufles fushia avec une tête de lapin souriant au bout. Il glissait, et se retrouvait étaler au milieu de la salle… Ah. Il avait de la chance qu’elle ne soit pas Dessinatrice. Il aurait bien pu se retrouver avec un crapaud baveux sur la tête, en plus. Finalement, elle quitta son ressentiment, sachant très bien que ce n’était pas le but du professeur de la faire passer pour un Raï au regard vide. Mais elle comptait bien se moquer de cette langue qu’il adorait, et c’est pince-sans-rire qu’elle déclara.

- Un t à ‘an droi’, un s à ‘a’ et un e à ‘cour’.

Bon. Elle aurait dû se taire. Surtout vu les rires qui commençaient à poindre du fond de la classe. Mais ces lettres inutiles, comme le s d’après ou le h d’habituel, l’exaspéraient au plus haut point. Ca n’avait aucun sens ? Et bien, ce qu’elle avait dit non plus, alors ca devait être tout juste. S’il suffisait de rajouter des lettres sans queue ni tête au bout des mots, et bien elle le ferait… Même si elle n’avait absolument aucune idée de ce qu’elle venait de dire.

Messages : 105 Inscription le : 03/09/2008

[Je fais comme si j'étais là dès le début... Rolling Eyes

]

Néo se mordilla rageusement la lèvre. Depuis le début du cours, elle n'avait encore rien dit. Elle avait effectué le premier exercice sans problème, écouté les avis des autres, soupiré légèrement devant la stupidité navrante des trois-lourdeaux-fond, mais n'avait rien énoncé.
Malgré cela, le cours lui plaisait, le professeur aussi. Assise entre une jeune fille aux cheveux noirs - qui avait renversé son encrier - et la fenêtre, la jeune fille s'était retenue de jeter un oeil à l'extérieur et s'intéressait à présent à sa voisine. Pas bavarde, de toute évidence...

Néo haussa légèrement les sourcils lorsqu'elle vit le morceau de papier arriver dans ses mains pâles. Amusée, quoique un peu perplexe, elle regarda le Maître le lui prendre et le lire devant la classe. Ce qui sembla lui causer un choc considérable. "Arrêt cardiaque pour cause de fautes d'orthographe", pensa-t-elle en souriant.

Une chasse à la faute s'engagea alors, et Néo regarda les élèves répondre, un par un. Elle savait bien sûr quoi répondre, mais il était injuste qu'elle rafle tous les points pour la seule et unique raison qu'elle était noble... Aussi, elle attendit que les autres donnent leur avis., jusqu'à ce que la phrase ressemble à cela : "Après les cours, as l’an droit habituel ?". Voyant que plus personne ne parlait, la jeune fille décida de signaler les deux-trois fautes qui restaient - d'après elle - et se leva pour prendre la parole.

- "An droit" s'écrit en un seul mot, et est orthographié e-n-d-r-o-i-t. Ensuite, d'après moi, il n'y a pas de "s" à "as", mais un accent grave.

"Après les cours, à l'endroit habituel ?"
Néo se rassit, attendant avec impatience la réponse du Maître Cil' Eternit.

Messages : 250 Inscription le : 13/07/2008 Age IRL : 31

Apparemment, cet exercice semblait plaire aux élèves, en tout cas il avait des réactions, et Elera ne semblait pas trop lui en vouloir d'utiliser son inattention pour faire avancer le cours. Et puis, il ne fallait pas le cacher, l'heure avançait tout de même et il faudrait qu'il songe à relâcher ses élèves harassés s'ils ne voulaient pas arriver en retard pour le déjeuner ; la preuve qu'il était bientôt l'heure, les estomacs rivalisaient d'inventivité sonore pour faire savoir leur mécontentement.
Reprenant son attention sur le cours qu'il était en train de donner plutôt que sur les prouesses gastronomiques de chacun, Duncan Cil' Eternit cochait chaque faute "exacte" qu'on lui donnait, marquant les points d'un coup de craie à côté. Elera avait relevé des fautes qui n'existaient pas, mais après tout, elle avait essayé et relevé d'autres fautes qui s'avéraient en être vraiment. D'ailleurs, il ne serait venu à l'idée de personne de se moquer de son prochain, dans cette classe.
Et si cela avait effleuré l'esprit de quelqu'un.. et bien Duncan lui aurait fait manger une pantoufle par la racine, voilà !

- Très bien, chers élèves, comptons donc les points de chacun, comme dans les jeux des enfants, puisque toutes les fautes ont été relevées.. ou presque. Mais la dernière n'est pas dramatique, puisque le mot qui la porte n'est pas parmi l'un de vos préférés. Car personne n'a corrigé Elera, qui songeait mettre un "e" à "cour". Après tout, ça fait joli, je trouve, pas vous ? Plus sérieusement, rajoutez un "s" et je serai déjà content que vous soyiez venus..
Donc ! Corbac rafle les 2 premiers points puisque Sÿa a eu le courage de se prononcer malgré son méfait impardonnable ; puis Lotra, grâce à ses deux camarades, grapille 6 points, bravo à eux ; enfin, Khelia donne 2 points à sa maison pour son courage à la pertinence parfaite !

Duncan s'arrêta un instant, laissant son regard bonhomme passer sur chaque tête de pipe qui composait sa classe pour le moins intéressante, et reprit, alors qu'il en voyait certains se trémousser sur leurs dossiers, au fond :

- Je pense que je ne vais pas vous retenir plus longtemps, mes chers élèves, j'entends déjà d'ici les protestations de votre organe nourriturien ! De plus, le cours prend effectivement fin à l'heure, cela fait un bout de temps que nous sommes ensemble, tout de même !
Vous pouvez filer vous remplir l'estomac, donc. Ou si certains souhaitent me solliciter, ils peuvent venir à mon bureau, mais je doute que ce soit votre priorité !

N'attendant pas que ses élèves réagissent, entendant déjà des sprinters sortir de classe pour se diriger vers la grande Salle, quelques bruits de conversation.. Duncan s'assit à son bureau, satisfait de sa journée. Cependant, quelque chose le dérangeait chez certains. Mais peu importait, il reparlerait à l'élève en question une autre fois..

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